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  • Ce panneau de taffetas, imprimé en noir par un procédé lithographique puis mis en couleurs à la planche, était destiné à constituer un écran de cheminée, monté ou « à rouleau » : un boîtier tubulaire, probablement en acajou ou tout autre bois précieux, pouvait alors former le réceptacle de l'étoffe, fixée par son extrémité supérieure à l'enrouleur dans le boîtier, tandis que son extrémité inférieure était attachée à une tige de déroulement. Le boîtier se posait sur le manteau de la cheminée, la soierie étant déroulée vers le bas pour cacher partiellement le foyer. Le décor, à motif placé, présente un riche encadrement de rais-de-cœur, dans lequel prend place la représentation en trompe-l'œil de panneaux de lambris. Le panneau supérieur contient une urne, dont le piédouche donne naissance à des enroulements de feuilles d'acanthe, contenant une rosette ou un phénix perché. En partie inférieure, les mêmes enroulements naissent d'un culot d'acanthe. Les phénix sont absents sur ce registre. Sur les côtés se dressent des torchères à l'antique, surmontées par un cygne aux ailes déployées qui repose sur un culot cantonné d'ornements. Dans les quatre angles apparaissent des instruments de musique antiques, un sistre, un cor, une lyre avec deux tibias, un autre sistre avec deux tibias. Le panneau central, cintré, présente un décor sur le fond en réserve du taffetas blanc. Dans les écoinçons apparaissent une flûte de Pan avec deux tibias, d'une part, et une couronne de laurier nouée par un ruban, d'autre part. Un vase à l'antique, bleu et or, dont la panse est ornée d'un dauphin, contient un bouquet de fleurs, roses, capucines, pensées, campanules et narcisses. En partie inférieure, le vase est encadré par deux branches de laurier, en feuilles et en fruits. Son piédouche est remplacé par des ornements, prolongés à gauche et à droite de la composition par de graciles termes à têtes féminines, supportant des corbeilles de fruits, d'où jaillissent des ornements qui terminent l'encadrement du vase de fleurs, en partie supérieure. Les motifs sont inspirés des décors dans le goût pompéien, diffusés par la gravure, et du travail des ornemanistes du Directoire, du Consulat et de l'Empire.  La soierie est un des rares témoignages d'impression lithographique sur étoffe, « enluminée » à la planche au moyen de couleurs éclatantes. Ce procédé, employé quelques années seulement par la manufacture des frères Haussmann, à Logelbach, près de Colmar, assura le succès de cette maison sous la Restauration. Cette manufacture a été créée par trois des fils de Chrétien Haussmann (1716-1790), pharmacien de Colmar. De son épouse Barbe Buob (1721-1793), ce dernier eut quinze enfants, dont neuf seulement ont atteint l'âge adulte : Chrétien (1738-1800), Jean (1740-1820), Marguerite-Barbe (1745-1828), Jean-Michel (1748-1824), Georges (1752-1828), Jean-Ulrich (1754-1836), Frédéric (1757-1847), Nicolas (1760-1846) et Marie-Madeleine (1763-1806). Le projet de création d'une manufacture d'indiennes revient aux deux aînés, Chrétien et Jean, et à leur cadet, Jean-Michel. Chrétien Haussmann étudia la pharmacie à Genève, puis se voua à la médecine. Il soutint sa thèse inaugurale à l'Université de Strasbourg en 1764 et exerça pendant quelques années comme docteur, avant de se consacrer aux affaires familiales. Son frère Jean était entré dans le négoce à Strasbourg, Berlin et Vienne, puis il s'établit à Augsbourg, où il travaillait pour la manufacture d'étoffes imprimées de Johann Heinrich, baron de Schüle, surnommé plus tard « l'Oberkampf de l'Allemagne ». Il épousa la fille de ce dernier, Barbara de Schüle, avant de revenir à Colmar. Jean-Michel s'était orienté vers la profession d'apothicaire pour reprendre l'officine de son père, et il s'instruisit d'abord à Genève, puis à Paris. Mais ses goût le poussèrent à suivre assiduement, à Paris, des cours de chimie et de physique, et plus particulièremFent ceux qui concernaient la chimie appliquée aux arts industriels. Il s'appliqua notamment au domaine de la teinture des étoffes. Les succès de ses recherches déterminèrent son frère Chrétien à l'envoyer en 1774 à Rouen se charger d'une manufacture de perses et d'indiennes en toiles de lin et de coton. La ville était devenue, en effet, un important centre de production de coton. Les succès de la manufacture nourrirent le projet de lui donner de l'extension. Mais la famille préféra développer cette nouvelle manufacture de perses et d'indiennes près de Colmar, à Logelbach. Le coût de la main-d'œuvre et la proximité du marché allemand, très prometteur et vers lequel s'orienteraient bientôt les deux tiers de la production, justifièrent ce transfert vers Alsace. La manufacture y fut établie, sur l'emplacement d'anciennes tanneries, en 1775, sous la raison commerciale Hausmann et Cie, avec, comme associés, les frères Chrétien, Jean et Jean-Michel Haussmann, Jean-Henri Riegé, peintre et coloriste d'Augsbourg, Giros de Gentilly (pseudonyme de George Palmer), teinturier et chimiste anglais installé à Paris, et Georg Adam Emmerich, banquier, également d'Augsbourg. Riegé et Emmerich étaient des relations de Jean Haussmann. Chrétien semble avoir été le promoteur de l'entreprise. Il était également le gendre de Jean-Jacques Buob, son oncle, l'un des plus riches négociants de la ville qui avait investi des capitaux à Wesserling. Jean-Michel apporta ses connaissances et le fruit de ses recherches, tout comme Jean-Henri Riegé et Giros de Gentilly. Georg Adam Emmerich était le bailleur de fonds et l'associé, à Augsbourg, de Jean Haussmann. Ils importèrent d'abord des toiles de Suisse, puis les firent tisser dans les campagnes vosgiennes. Ils obtinrent de Versailles, par lettres patentes d'août 1776, le privilège royal qui les garantissait de la concurrence immédiate : aucune autre fabrique du même genre ne pouvait s'établir à trois lieues à la ronde. Giros de Gentilly ne tarda pas à quitter la société. Il fut remplacé par le banquier berlinois Louis-André Jordan et l'entreprise fut constituée, le 3 octobre 1777, sous la raison commerciale Haussmann, Emmerich, Jordan et Cie. Jean-Henri Riegé, employé auparavant comme inspecteur pour l'impression à la manufacture de Frydau, en Autriche, qu'il avait laissée pour cause de différend, quitta aussi Logelbach pour la même raison le 20 octobre 1778. Il s'était, en effet, associé à André Hartmann (1746-1834) dans la fondation d'une manufacture de toiles imprimées à Munster, dans le Haut-Rhin également. En 1782, Louis-André Jordan épousait Marie-Madeleine Haussmann, la plus jeune sœur de la famille. Les affaires de la manufacture royale privilégiée de perses et d'indiennes Haussmann, Emmerich, Jordan et Cie devinrent florissantes. En 1788, mille deux cents personnes étaient employées dans la manufacture et produisaient plus de cinquante mille pièces imprimées. Nicolas Haussmann, frère de Chrétien, Jean et Jean-Michel, s'installa à Versailles en 1778 pour y fonder un important magasin de redistribution. Il devint sous la Révolution député de Seine-et-Oise à l'Assemblée législative puis à la Convention (1791-1795), siégeant à gauche. Représentant en mission à Mayence au moment du procès du roi, il soutint dans une lettre à l'Assemblée l'exécution de Louis XVI. Sorti de la Chambre en 1795, il devint commissaire du Directoire auprès de l'armée de Rhin-et-Moselle avant de faire une fructueuse carrière de fournisseur aux armées dont il se retira, fortune faite, en 1807. En janvier 1816, il fut contraint de s'exiler à Bâle comme régicide. Il fut rappelé quelques années plus tard et s'établit d'abord à Viroflay, puis dans sa propriété de Chaville dont il fut le maire de 1813 à 1815. Son fils, Nicolas-Valentin (1787-1876), commissaire des guerres et intendant militaire de Napoléon Ier, épousa Ève-Marie-Caroline Dentzel, fille du général et député de la Convention Georges-Frédéric, baron Dentzel. Ils sont les parents du célèbre préfet Georges-Eugène Haussmann (1809-1891). La manufacture de Logelbach fut très affectée par la Révolution. À partir de 1794, les établissements furent particulièrement touchés par le bouleversement des circuits commerciaux, la dépréciation des assignats et les réquisitions. La succursale de Paris fut supprimée en 1795. En 1798, le volume de la production et celui des effectifs avaient diminué des deux tiers. La société fut alors dissoute. Pour éviter la faillite, on s'associa, sous la très brève raison commerciale Haussmann, Wichelhausen et Cie, avec le négociant Peter Wichelhausen, originaire de Francfort, installé à Colmar en 1799 à l'occasion de son mariage avec Marie-Salomé Müssel, la fille du maire de la ville. Chrétien Haussmann mourut en 1800. En 1803, seulement, grâce à de nouvelles combinaisons et à un renouvellement de la direction de l'établissement, sous le nom de Haussmann frères, les affaires se relevèrent. Le rétablissement de la manufacture est dû aux recherches que Jean-Michel Haussmann n'avait jamais cesser de poursuivre sur les teintures — il était en relation avec Antoine-Laurent de Lavoisier (1743-1794), Antoine-François Fourcroy (1755-1809), Jean-Antoine Chaptal (1756-1832), Louis-Nicolas Vauquelin (1763-1829) et surtout Claude-Louis Berthollet (1748-1822) — tout autant qu'au renouvellement des dessins proposés par la maison. À l'Exposition des produits de l'industrie française de 1806, la manufacture présentait ses productions pour la première fois dans la catégorie des toiles peintes. Le jury décerna une médaille d'or à la manufacture fondée par Christophe-Philippe Oberkampf (1738-1815) à Jouy-en-Josas, et une médaille d'argent de première classe à « MM. Haussmann frères, de Logelbach près Colmar, qui, par leurs travaux chimiques, ont beaucoup contribué à l'avancement de l'art d'imprimer les toiles, et qui ont présenté des toiles d'une grande richesse de couleurs. » Le dessinateur de la manufacture était alors Jean-Georges Hirn (1776-1839), auquel on doit aussi le dessin de l'écran de cheminée du musée des Tissus. Jean-Georges Hirn était né à Mulhouse le 15 décembre 1777 d'Abraham Hirn, concierge au collège de la ville, et d'Anne-Catherine Heinrich. Il manifesta très précocement une vocation pour le dessin et reçut ses premières leçons de Johann Heinrich Lambert (1763-1834), neveu du célèbre mathématicien et physicien du même nom. À huit ou dix ans, il quittait sa ville natale et allait vivre à Constance en Brisgau, chez un de ses oncles, Peter Hirn. Il y travailla dans la manufacture d'indiennes que détenait ce dernier avec Samuel Vogel et son fils Alexander Vogel. Vers l'âge de quinze ans, en 1792, il fut engagé à la manufacture de Logelbach. Il y accomplit toute sa carrière, épousant, le 16 avril 1807, la fille aînée de Jean-Michel Haussmann et Marguerite-Élisabeth Hübschmann, Louise Haussmann (1780-1833). En 1817, il fut même associé à la gestion de l'entreprise. Cette année-là, en effet, Jean-Michel Haussmann, sentant le besoin de repos et affaibli par une intoxication au chlore, confia la gestion de sa manufacture à ses fils Chrétien (1781-1832), Jacques (1783-1832) et Balthasar (1791-1854), ainsi qu'à ses gendres Jean-Georges Hirn et Édouard Jordan (1789-1866), époux d'Henriette Haussmann (1790-1829), la sœur cadette de Louise, sans cesser de s'occuper pourtant des sciences chimiques et physiques. Il mourut à Strasbourg le 16 décembre 1824. Il a laissé de nombreux mémoires de chimie industrielle qui parurent dans les Annales de la chimie entre 1774 et 1824, dans le Journal de physique et de chimie entre 1785 et 1806, dans le Journal des mines entre 1810 et 1815. Peu de temps après la retraite de Jean-Michel Haussmann, la maison Haussmann frères participait à l'Exposition des produits de l'industrie française de 1819 : « MM. Haussmann frères, de Colmar. Ces fabricants ont appliqué les premiers, et avec un plein succès, la gravure lithographique à l'impression sur les étoffes de soie, de laine et de coton. Leurs toiles imprimées se sont fait remarquer par l'éclat et la solidité des couleurs, par la netteté et le bon goût des dessins. L'art de la teinture et celui de l'impression sur toiles ont dû des progrès aux travaux de MM. Haussmann. Le jury leur décerne une médaille d'or. » La lithographie s'impose alors tout juste en France, avec Godefroy Engelmann de Mulhouse, notamment, et son application à l'impression textile relève de l'exploit : le support de l'impression doit être lisse, l'encre doit être adaptée à la soie, les pierres doivent être juxtaposées avec soin pour éviter un mauvais raccord, les plis doivent être évités, et la mise en couleurs doit aussi pouvoir être réalisée. La lithographie ne permet pas d'imprimer des couleurs. Celles-ci sont donc appliquées selon les méthodes traditionnelles, à la planche et au pinceautage. Les couleurs doivent cependant être brillantes et elles nécessitent d'être fixées efficacement à la vapeur. Le procédé est donc complexe, difficile à mettre en œuvre et coûteux. Pourtant, il produit des chefs-d'œuvre d'exposition, de grandes laizes en couleurs ou « sans aucun enluminage pour faire connaître la perfection de la lithographie employée pour la fabrication (...) », ces vastes pièces « pour servir de tapisserie » (Mulhouse, Archives départementales du Haut-Rhin, 8 M 27, exposition de 1819). Le musée Unterlinden, à Colmar, conserve les panneaux envoyés à l'Exposition par la maison Haussmann frères, tandis que le Conservatoire national des Arts et Métiers, à Paris, possède un mémoire manuscrit de La Morinière intitulé Tableau des premiers essais de l'application de la lithographie à l'impression sur étoffes (1819), par MM. Haussmann frères, de Colmar (inv. 06209-0000). L'usage de la lithographie sur étoffe, cependant, semble avoir été restreint à des pièces de petites dimensions, comme en témoigne, par exemple, la description des produits vendus dans la boutique de la maison Haussmann frères à Paris, rue du Sentier, contenue dans le Bazar parisien ou Annuaire raisonné des premiers artistes et fabricans de Paris, offrant l'examen de leurs travaux, fabrications, découvertes, produits, inventions, etc. publié à Paris en 1821 (p. 266) : « Haussmann frères, Toiles de coton peintes, Mouchoirs, Schals, Impressions sur soie, rue du Sentier, n° 26. Leur manufacture est située à une demi-lieue de Colmar (Haut-Rhin) ; elle existe depuis 1774, où elle fut fondée par les pères des propriétaires d'aujourd'hui. L'un des fondateurs, chimiste très connu, M. J. M. Haussmann, qui vit retiré à Strasbourg, est le premier qui ait appliqué cette science à l'art de l'impression et de la teinture des toiles de coton. L'industrie, dans le département du Haut-Rhin, lui doit de nombreuses découvertes. La manufacture des frères Haussmann jouit, depuis nombre d'années, d'une réputation justement méritée ; elle a obtenu une médaille d'argent, à l'Exposition de 1806, et une médaille d'or à celle de 1819 ; on y a vu des impressions sur soie, laine et toiles de coton, produites par le moyen de la lithographie, d'après des procédés inconnus jusqu'alors, et inventés par eux. Leurs magasins, à Paris, offrent à l'acheteur des assortiments de très riches marchandises, rivalisant avec tout ce qui se fait de mieux, et notamment plusieurs articles remarquables par une perfection à laquelle aucune autre manufacture n'a encore pu atteindre. » C'est aussi ce que suggère, en 1835, Godefroy Engelmann, dessinateur, lithographe et l'un des inspirateurs de la Société industrielle de Mulhouse, dans son Traité théorique et pratique de lithographie publié à Mulhouse, lorsqu'il déplore l'abandon total de la lithographie sur étoffe inventée par les frères Haussmann (p. 41) : « Vers l'année 1818, l'art de l'impression sur pierre, non content de s'être emparé des ouvrages de tout genre sur papier, essaya d'accroître encore ses moyens de production. MM. Hausmann (sic) frères, fabricans de toiles peintes à Colmar, et déjà avantageusement connus par de nombreux perfectionnements apportés dans leur industrie, eurent l'idée ingénieuse d'employer la lithographie à l'application sur mouchoirs de soie, de sujets militaires, qu'ils coloriaient ensuite au moyen de planches de bois. Ces mouchoirs, d'une belle exécution, eurent une grande vogue, et j'ignore quel motif assez puissant a pu faire abandonner cette industrie nouvelle, après un aussi heureux essai. » Jules Persoz, dans son Traité théorique et pratique de l'impression des tissus, dans le quatrième volume publié à Paris en 1846 (p. 180), indique que les dessins de ces impressions lithographiques sont dus à Jean-Georges Hirn, secondé, pour le fonctionnement des machines, par le plus jeune fils de Jean-Michel Haussmann, Balthasar : « Les impressions par les encres grasses, qui furent presque abandonnées durant une assez longue période, ont été reprises à l'époque de l'invention de la lithographie ; la maison Haussmann a été une des premières à faire une heureuse application de cette belle découverte à l'impression des tissus. Qui ne se rappelle les sujets palpitants de nationalité qu'elle imprima de cette manière, avec le concours éclairé de M. Hirn pour les dessins, et de M. B. Haussmann pour la partie mécanique ? » On apprend aussi, de ces deux auteurs, que la production des impressions lithographiques enluminées sur soie de la maison Haussmann frères n'ont été produites que durant une période brève. Deux autres exemplaires d'écrans de cheminée imprimés à la lithographie pour les noirs et à la planche pour les couleurs, issus de la manufacture de Logelbach, semblent d'ailleurs avoir été préservés. Le premier est conservé au musée des Tissus (inv. MT 25840). Le second a été acquis par le musée de l'Impression sur étoffe de Mulhouse en 1993 et conserve encore son boîtier en acajou (inv. 993.7.4). Il est lui aussi orné d'un encadrement en trompe-l'œil au milieu duquel est un médaillon enfermant un paysage. Le médaillon est cantonné par des sphinx et des perroquets. L'impression, sur cet exemplaire, comporte quatorze couleurs. Comme les deux exemplaires lyonnais, il témoigne de la virtuosité d'une technique éphémère et particulièrement maîtrisée. Les trois écrans ont été produits par la manufacture de Logelbach entre 1819 et 1827, probablement, ces années correspondant au plus grands succès de la manufacture. En 1819, le duc d'Angoulême visita Logelbach. Charles X, en visite à Colmar, y envoya son ministre de l'Intérieur, Jean-Baptiste-Sylvère Gaye, vicomte de Martignac, en 1828, et Louis-Philippe vint la voir avec les ducs d'Orléans et de Nemours lors de son passage en Alsace en 1831. Pour fêter l'arrivée du roi, on fit porter ce jour-là des gants blancs à tous les ouvriers. Un rappel de médaille d'or leur fut attribué à l'Exposition des produits de l'industrie française de 1823 : « MM. Haussmann frères, à Logelbach (Haut-Rhin), qui obtinrent une médaille d'or à l'exposition de 1819, ont exposé des mousselines, des toiles de coton et des étoffes en lin imprimées, qui soutiennent l'excellente réputation de leur maison. Ces fabricants occupent 1800 ouvriers, et font un commerce d'exportation considérable. Le jury a reconnu avec satisfaction qu'ils étaient de plus en plus dignes de la distinction qui leur a été précédemment accordée. » La société, toujours sous la raison commerciale Haussmann frères, se renouvela en 1820 et l'acte spécifie les attributions de chacun : Édouard Jordan, fils du banquier berlinois associé aux Haussmann dès 1777 et gendre de Jean-Michel Haussmann, assure « la direction mercantile de toutes les affaires, achats et banque, consignations, appointements de commis » ; Chrétien Haussmann, second fils de Jean-Michel Haussmann, assure « la direction en chef des travaux de la fabrique et la fixation des salaires des ouvriers » ; Jean-Georges Hirn, dessinateur dans l'entreprise depuis 1792, beau-frère des Haussmann depuis 1807, intéressé pour un quinzième en 1817 et associé pour deux septièmes, assure « la direction du dessin et de la gravure, l'inspection des imprimeries, la fixation du salaire des graveurs » ; Balthasar Haussmann, dernier fils de Jean-Michel; intéressé pour un douzième en 1817, associé pour un septième tant qu'il n'est pas marié (ce qui se produit en 1822), assure « la direction de toutes les imprimeries au rouleau et l'inspection de tous les ouvrages en mécanique. » En 1825, un acte de renouvellement de la société conserve les mêmes fonctions aux mêmes personnes, mais intègre un associé supplémentaire, Jacques Haussmann (1783-1832), autre fils de Jean-Michel Haussmann.  En juillet 1822, l'explosion de la poudrerie de la manufacture permit l'établissement, au même endroit, d'une filature moderne, actionnée par le mouvement de l'eau, érigée de 1822 à 1824. À l'Exposition des produits de l'industrie française de 1827, « MM. Haussmann frères, à Logelbach (Haut-Rhin), ont exposé des cotons filés pour chaîne, dans les numéros 33 à 91, et pour trame dans les numéros 44 à 65. Ces filés proviennent d'une filature qui a été élevée récemment, et qui est disposée sur une très grande échelle » dans la section I, Filage du coton, et dans la section III, Impressions sur étoffes de coton, « des mousselines imprimées. » Le jury considérant qu'ils « ont encore accru l'ancienne réputation de leur maison par l'importance de leur fabrication, la perfection et la variété de leurs produits » leur rappela la médaille d'or obtenue en 1819 et confirmée en 1823. Ils occupaient alors  deux mille huit cent soixante ouvriers, dont neuf cents pour les indiennes seulement. Il n'est alors déjà plus question des impressions lithographiques enluminées. François-Pierre-Charles, baron Dupin, dans son ouvrage Forces productives et commerciales de la France, au tome premier, paru à Paris en 1827, rappelle l'étonnante prospérité de la maison Haussmann frères (note 1, p. 259-260) : « Cette fabrique, fondée depuis cinquante ans, a dû sa prospérité première à M. J. Michel Haussmann, l'un des savants artistes qui ont le plus contribué au progrès de l'industrie alsacienne. Il réforma les idées sur la combinaison et la composition des mordants ; fixa le premier avec succès, sur les toiles de coton, le rouge de cochenille et le prussiate de fer ou bleu de Berlin ; créa beaucoup de nuances nouvelles, en teinture ; employa le premier chez nous, en 1800, l'acide oxalique pour produire le blanc dans les indiennes, en enlevant par l'impression de cet acide, le mordant qui sert de base aux fonds de couleur, ce qui permit de donner plus de délicatesse aux parties blanches des dessins sur indiennes, parties qu'on ne produisait que par une découpure assez grossière des planches qui servaient pour imprimer le mordage du fond. Les fils et les gendres de Michel Haussmann ont établi successivement le filage et le tissage des toiles de coton, sur lesquelles ils font leurs impressions ; ils fabriquent des robes, des mouchoirs, des cravates et des châles, à tous les degrés de finesse. En 1815, ils avaient cinq cents ouvriers, occupés seulement aux impressions sur coton ; en 1817, ils commencèrent l'impression sur la laine et sur la soie, et produisirent de superbes foulards en soie. La lithographie leur servit pour imprimer le premier trait des grands dessins à sujets. En 1826, ils occupaient, pour leur manufacture d'indiennes du Logelbach, 900 ouvriers, dans leurs ateliers de tissage ; aux environs, 530 ; chez des entrepreneurs de tissage, 590 ; dans leur nouvelle filature construite d'après le plus nouveau système, mise en mouvement par la force de l'eau, 460 ; total 2480 : ils comptent sur 2900 en 1827. Dépenses annuelles : coton brut, 165 000 kilogrammes, valant 450 000 francs. Filage, main-d'œuvre seulement, 160 000 francs, pour produire 142 500 kilogrammes de fils en divers numéros, estimés 886 000 francs. Leur tissage donne 48 000 pièces, estimées 1 536 000 francs. Main-d'œuvre de tissage, sans compter les faux-frais, les frais de surveillance, etc., 500 000 francs ; 28 à 30 0000 pièces seulement sont imprimées, avec les toiles larges pour châles et les mousselines pour robes, valant un million. Frais de teinture, matériaux et combustible, 450 000 francs ; main-d'œuvre de 900 ouvriers, 300 000 francs : on ne compte pas les frais de direction, l'intérêt du matériel des établissements, etc. Vente définitive : 28 000 pièces teintes, 2 400 000 francs ; 20 000 pièces blanches, 650 000 francs ; total, au prix actuel, 5 050 000 francs. Ces résultats sont du plus haut intérêt, et nous serions trop heureux si nous avions pu nous en procurer de pareils pour les autres fabriques du Haut-Rhin, dont ils serviront du moins à mesurer la grandeur et l'opulence. On évalue à plus de 500 000 kilogrammes le coton brut filé par les manufactures de ce département. » La crise alsacienne de 1827-1828 marqua le commencement d'une série de difficultés, qui étaient à peine conjurées quand éclata la Révolution de 1830, cause de grandes perturbations commerciales. Les pertes furent considérables et on se vit dans la nécessité de recourir à la formation d'une société en commandite et par actions, sous la raison commerciale Haussmann frères et Cie. L'entreprise surmonta les difficultés, comme en témoigne le Rapport du jury central sur les produits de l'industrie française en 1834, publié par François-Pierre-Charles, baron Dupin, à Paris, en 1836 (tome II, p. 249) : « MM. Haussmann frères, à Logelbach (Haut-Rhin). Déjà, nous avons signalé l'éminence du mérite industriel de MM. Haussmann, lorsque nous avons proclamé les titres des fabricants, pour le filage et le tissage du coton ; comme imprimeurs, ils ne sont pas au-dessous du rang qu'ils ont conquis sous ces premiers rapports. Ils ont continué d'imprimer avec succès les fichus et le genre riche en aunage ; mais ils excellent surtout dans l'impression à double-rouleau. Nul fabricant ne réussit aussi bien qu'eux à produire de l'effet, par la combinaison de deux couleurs et de leurs dégradations. Au mérite d'un beau travail, MM. Haussmann joignent celui du bon marché, ce qui complète la solution du problème que se propose l'industrie. Le jury confirme de nouveau, pour 1834, la médaille d'or obtenue dès 1819, par MM. Haussmann, et deux fois confirmée aux expositions de 1823 et 1827. » En 1838, la raison commerciale devint Haussmann, Jordan, Hirn et Cie, et l'industrie de l'impression fut supprimée en 1842, l'entreprise ne conservant plus que la filature et le tissage. En 1880, la fabrique passa en des mains étrangères à la famille des fondateurs sous la raison commerciale Filature et Tissages Haussmann. Maximilien Durand (fr)
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