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| - Panneau de la tenture de la Chambre à coucher de Louis XVIII au Palais des Tuileries (fr)
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| - Les Lyonnais s'étant plaints, en 1816, de l'absence de commandes officielles depuis le retour du Roi, Louis XVIII décida, en 1817, de remeubler sa Chambre à coucher au Palais des Tuileries. Il s'agissait de l'ancienne chambre de Napoléon Ier, située au premier étage du Palais, côté jardin, dans le Pavillon de Bullant (ancien appartement de commodité de Louis XIV), à la suite de l'appartement intérieur de l'Empereur (ancien appartement de la reine Marie-Thérèse).
À l'avènement de la Restauration, elle comportait toujours le décor installé après les travaux de 1808, conduits par Pierre-François-Léonard Fontaine, architecte du Palais, c'est-à-dire un damas ponceau à décor de pavots et fritillaires avec une bordure ponceau brochée or pour la tenture, ainsi qu'un satin blanc broché or à motifs d'étoiles pour les rideaux du lit, réalisés par Bissardon et Cie, Bony et Cie et Grand frères. Ces mêmes étoffes avaient été utilisées pour le mobilier en bois doré livré par Jacob-Desmalter, à savoir un lit, un canapé, deux dormeuses, six fauteuils, deux tabourets de pied, six chaises, six pliants, un écran, un marchepied, un paravent et un fauteuil gondole. La tonalité générale était rouge et or, avec les rideaux des pentes du lit en blanc et or.
Bien que le décor ne comportât pas d'emblèmes choquants pour le nouveau régime, à l'exception des inflorescences de fritillaire, il fut décidé de le renouveler entièrement, ce qui donna lieu à l'une des plus importantes commandes textiles de la Restauration. C'est la maison Grand frères qui fut chargée de son exécution.
Grâce aux archives de la maison Tassinari et Chatel, successeurs de Grand frères à Lyon, on connaît bien les circonstances de cette commande, pour laquelle le dessinateur de fabrique Jean-François Bony (1754-1825) proposa différents dessins. Le musée des Tissus conserve plusieurs de ces études préparatoires pour la Chambre du Roi, à la mine de plomb et à l'encre sur papier calque, mais aussi à l'aquarelle et à la gouache sur papier (inv. MT 44027, MT 44028, MT 44032, MT 44053, MT 44054 et MT 2014.0.6).
L'ameublement de la chambre de Louis XVIII fit l'objet de trois soumissions de la maison Grand frères. La première, en date du 28 février 1817, ne fut pas acceptée. La seconde, du 28 février 1817, concernait un gros de Tours broché, soie nuée, dessins de groupes de fleurs au naturel, pour approvisionnement de bordures de tenture neuf pouces et de bordures de ployants quatre pouces, les dessins étant soumis « au choix de M. l'Intendant sur les 6 que nous présentons » et les couleurs « à arrêter » devant être réalisées sur les indications du directeur de la Manufacture royale des Gobelins. La troisième soumission, celle du 29 mai 1817, fut à l'origine de la commande portée sur le Livre des commissions de Grand frères le 6 juin 1817, dont l'ordre d'exécution fut donné le 18. Les fabricants s'engageaient à faire fabriquer et rebroder une étoffe de velours ciselé bleu, coupé sur fond frisé, avec les parties de broché or étant liseré en soie formant ombre portée, le tout rebrodé de plusieurs or en relief. La chaîne et la trame du velours devaient être en organsin du Piémont monté à deux et trois bouts. Toutes les soies devaient être teintes en bleu au prussiate ou « bleu Reymond », sous les yeux mêmes de l'inventeur de ce procédé. Les étoffes de la chambre de Louis XVIII sont donc les premières faisant l'objet d'une commande officielle de grande envergure où l'on voit l'emploi du procédé du chimiste Reymond pour remplacer l'indigo par le prussiate de fer dans la teinture de la soie. La dorure du broché et de la broderie était surdorée à soixante feuilles. Le temps nécessaire pour exécuter les étoffes et broderies était de dix-huit mois, la livraison pouvant être faite en deux parties, le paiement n'étant effectué que dans les deux à trois mois suivants la vérification de la solidité des couleurs éprouvées à l'air et au soleil.
La soumission du 29 mai décrit ainsi le dessin des panneaux de la tenture : « dans le milieu (...), un massif de feuilles d'acanthe et d'ornements, montants de la bordure transversale du bas à celle du haut, des rinceaux, de droite et de gauche, viendront enlacer des Cornes d'abondance surmontées de fleurs et de fruits de Pavots. Un très riche rinceau d'or partant du milieu ira de droite à gauche s'ajuster aux montants, il occupera tout le bas du panneau. Les montants représenteront des ornemens avec des Culots de feuilles d'acanthe et des bouquets de fleurs de lis d'or. La traverse du haut viendra couronner le panneau. Elle se composera de divers ornemens ajustés à des guirlandes de fruits avec le Chiffre de Sa Majesté. Dans le milieu sera la Couronne Royale entourée d'une branche d'olivier. Toutes les autres pièces de l'ameublement seront analogues à la tenture pour la Composition, l'Exécution du velours du Broché et de la broderie d'après le dessin de Mr. St Ange, dessinateur du Garde-Meuble de la Couronne. »
C'est cette mention de Jacques-Louis de La Hamayde de Saint-Ange dans les archives de la maison Tassinari et Chatel qui a fait attribuer au dessinateur du Garde-Meuble l'ensemble du projet. Mais l'idée originale en revient à Jean-François Bony. Ce dernier avait déjà fourni des dessins pour l'ameublement du Palais de Saint-Cloud commandé à la manufacture de Camille Pernon, prédécesseur de Grand frères. Sous l'Empire, il s'associe aux cousins Bissardon, ponctuellement d'abord (1808-1809) puis plus durablement (1811-1816) pour répondre aux grandes commandes de Napoléon Ier pour l'aménagement des Palais de Meudon et de Versailles, notamment. Il renouvelle ici sa collaboration avec les fabricants Grand frères, en fournissant les principes de la composition des décors de la tenture de la Chambre à coucher de Louis XVIII. C'est à lui que revient, notamment, le parti audacieux, jamais encore mis en œuvre dans les soieries d'ameublement, de repousser sur les bords tout le décor doré (montants et bordures), laissant les effets du velours jouer sur la partie centrale, le coupé sur le frisé. Deux esquisses à la mine de plomb et à la plume sur papier calque du musée des Tissus témoignent de la naissance progressive de ce partie. Sur la première (inv. MT 44028), on trouve deux rapports de dessin juxtaposés, correspondant à deux panneaux de tenture. Les montants comprennent, à la base, des palmes d'où jaillissent des bouquets de fleurs et de fruits de pavots. Dans le milieu, un massif de feuilles d'acanthe et d'ornement donne naissance à des branches d'olivier et à des fleurs de lys au naturel. Il supporte, en partie haute, une couronne de laurier contenant la couronne royale à gauche, et un coq à droite. La composition est encore très dense au centre du panneau, les montants permettant le raccord droit des laizes. Sur la seconde version (inv. MT 44027), déjà, l'idée de déplacer les éléments les plus riches vers les bords est mise en œuvre. Le champ central est totalement dépourvu de décor sur cette esquisse. Les massifs d'acanthe et d'ornement sont situés le long des lisières de la laize. Dans les enroulements médians des feuilles d'acanthe prennent place des lys héraldiques, tandis que des bouquets de lys au naturel, disposés en éventail, jaillissent des culots. Les enroulements supérieurs contiennent le chiffre du Roi, et soutiennent une guirlande de fleurs qui supporte le collier de l'ordre du Saint-Esprit surmonté par la couronne royale. En partie basse, l'écu fleurdelisé est encadré par une autre guirlande, soutenue par des ornements.
Les deux propositions sont combinées dans une gouache sur papier préparé bleu (inv. 2014.0.6) où les montants ont conservé leur décor riche, en or, formé de culots d'acanthe, d'ornement et de branches de lys au naturel. Ils forment un puissant encadrement, complété, en partie haute et basse, par des enroulements d'acanthe portant le lys héraldique. Au centre de la laize, un massif plus léger, traité dans les tons vert et cramoisi, supporte au centre l'écu fleurdelisé et en partie supérieure la couronne de laurier enfermant la couronne royale. Une autre version encore (inv. MT 44032), traitée à l'aquarelle et rehaussée de gouache, reprend le principe du second calque — montants riches avec lys au naturel, blason fleurdelisé en partie inférieure, encadré de branches d'olivier, guirlande supportant le collier de l'ordre du Saint-Esprit en partie haute, surmontée de la couronne royale —, mais le champ de la laize est occupé par un médaillon formé de deux cornes d'abondance et d'une couronne de laurier, enfermant le chiffre du Roi. Un médaillon enfermant le chiffre du Roi apparaît aussi sur le projet pour le fond de lit de la Chambre à coucher de Louis XVIII, également conservé au musée des Tissus (inv. MT 44053).
Ces dessins préparatoires, attribuables sans conteste à Jean-François Bony, présentent tous les éléments qui seront finalement utilisés pour le meuble de la Chambre à coucher de Louis XVIII, couronnes, lys, chiffres, branches d'olivier, cornes d'abondance, fleurs et fruits de pavots — sauf l'écu fleurdelisé et le collier de l'ordre du Saint-Esprit — mais le Garde-Meuble de la Couronne a cependant préféré introduire une somptuosité plus massive dans les compositions. Jacques-Louis de La Hamayde de Saint-Ange a remanié les projets de Jean-François Bony pour fournir le dessin définitif.
Le coût total de la soumission atteignit quatre-vingt-un mille sept cent cinquante francs. Elle fut approuvée par le baron Thierry de Ville-d'Avray, intendant du Garde-Meuble de la Couronne, le 6 juin 1817, ainsi que par le comte de Pradel, directeur général du ministère de la Maison du Roi, le 13 juin, l'ordre d'exécution étant donné le 18 juin. La tenture, adaptée à l'architecture de la pièce, comprenait quatre panneaux de un lé, un panneau de trois lés et un grand panneau de huit lés faisant tableau de chaque côté du lit, l'arrière du lit étant laissé en velours frisé uni. Les quatre portes étaient garnies de portières en velours avec broché à l'identique, les croisées recevant des rideaux formant bonnes grâces en velours avec du broché rebrodé, avec pentes à franges d'or du passementier Gobert. Le lit de Jacob-Desmalter, en bois doré, devait être garni de sept pentes, trois extérieures et quatre intérieures, et de cantonnières formant bonnes grâces en velours broché, d'une courtepointe et d'une tête de lit aussi en velours bleu broché, le ciel de lit étant brodé, sur le velours frisé uni, d'un soleil d'or rayonnant, avec en son centre les trois fleurs de lys héraldiques de France, entourées de branches de lys au naturel. L'ameublement, enfin, se composait de deux grands fauteuils et carreaux en velours broché rebrodé, seize ployants de même, un paravent à six feuilles et un écran, ainsi qu'un marchepied de deux marches couvert intérieurement et extérieurement de velours broché et rebrodé. La livraison et la mise en place des étoffes par le tapissier François-Louis-Castelneaux Darrac eurent lieu en juillet 1819, le délai de fabrication ayant été dépassé de quelques mois.
La plupart des éléments conservés de ce meuble riche sont aujourd'hui au musée du Louvre, au département des Objets d'art, depuis leur versement par le Mobilier national en 1965. Ils comprennent les soieries du lit (celui commandé par Charles X à Pierre-Gaston Brion, le lit de Louis XVIII ayant abrité la longue et pénible agonie du Roi ; inv. OA 10278), trois panneaux de tenture de trois lés et deux de un lé (inv. OA 10279), un paravent sans bois apparent, de six feuilles (inv. OA 10280), dont la commande, en supplément, a fait suite à une soumission du 23 juin 1819. Le Mobilier national possède encore une feuille pour paravent, état neuf, ainsi que du velours pour sièges, les carreaux et les rideaux des deux croisées à bonnes grâces avec leurs pentes brodées agrémentées de passementerie d'or. Le panneau de tenture du musée des Tissus a été acquis de la maison Tassinari et Chatel en 1889.
Maximilien Durand (fr)
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| - Les Lyonnais s'étant plaints, en 1816, de l'absence de commandes officielles depuis le retour du Roi, Louis XVIII décida, en 1817, de remeubler sa Chambre à coucher au Palais des Tuileries. Il s'agissait de l'ancienne chambre de Napoléon Ier, située au premier étage du Palais, côté jardin, dans le Pavillon de Bullant (ancien appartement de commodité de Louis XIV), à la suite de l'appartement intérieur de l'Empereur (ancien appartement de la reine Marie-Thérèse).
À l'avènement de la Restauration, elle comportait toujours le décor installé après les travaux de 1808, conduits par Pierre-François-Léonard Fontaine, architecte du Palais, c'est-à-dire un damas ponceau à décor de pavots et fritillaires avec une bordure ponceau brochée or pour la tenture, ainsi qu'un satin blanc broché or à motifs d'étoiles pour les rideaux du lit, réalisés par Bissardon et Cie, Bony et Cie et Grand frères. Ces mêmes étoffes avaient été utilisées pour le mobilier en bois doré livré par Jacob-Desmalter, à savoir un lit, un canapé, deux dormeuses, six fauteuils, deux tabourets de pied, six chaises, six pliants, un écran, un marchepied, un paravent et un fauteuil gondole. La tonalité générale était rouge et or, avec les rideaux des pentes du lit en blanc et or.
Bien que le décor ne comportât pas d'emblèmes choquants pour le nouveau régime, à l'exception des inflorescences de fritillaire, il fut décidé de le renouveler entièrement, ce qui donna lieu à l'une des plus importantes commandes textiles de la Restauration. C'est la maison Grand frères qui fut chargée de son exécution.
Grâce aux archives de la maison Tassinari et Chatel, successeurs de Grand frères à Lyon, on connaît bien les circonstances de cette commande, pour laquelle le dessinateur de fabrique Jean-François Bony (1754-1825) proposa différents dessins. Le musée des Tissus conserve plusieurs de ces études préparatoires pour la Chambre du Roi, à la mine de plomb et à l'encre sur papier calque, mais aussi à l'aquarelle et à la gouache sur papier (inv. MT 44027, MT 44028, MT 44032, MT 44053, MT 44054 et MT 2014.0.6).
L'ameublement de la chambre de Louis XVIII fit l'objet de trois soumissions de la maison Grand frères. La première, en date du 28 février 1817, ne fut pas acceptée. La seconde, du 28 février 1817, concernait un gros de Tours broché, soie nuée, dessins de groupes de fleurs au naturel, pour approvisionnement de bordures de tenture neuf pouces et de bordures de ployants quatre pouces, les dessins étant soumis « au choix de M. l'Intendant sur les 6 que nous présentons » et les couleurs « à arrêter » devant être réalisées sur les indications du directeur de la Manufacture royale des Gobelins. La troisième soumission, celle du 29 mai 1817, fut à l'origine de la commande portée sur le Livre des commissions de Grand frères le 6 juin 1817, dont l'ordre d'exécution fut donné le 18. Les fabricants s'engageaient à faire fabriquer et rebroder une étoffe de velours ciselé bleu, coupé sur fond frisé, avec les parties de broché or étant liseré en soie formant ombre portée, le tout rebrodé de plusieurs or en relief. La chaîne et la trame du velours devaient être en organsin du Piémont monté à deux et trois bouts. Toutes les soies devaient être teintes en bleu au prussiate ou « bleu Reymond », sous les yeux mêmes de l'inventeur de ce procédé. Les étoffes de la chambre de Louis XVIII sont donc les premières faisant l'objet d'une commande officielle de grande envergure où l'on voit l'emploi du procédé du chimiste Reymond pour remplacer l'indigo par le prussiate de fer dans la teinture de la soie. La dorure du broché et de la broderie était surdorée à soixante feuilles. Le temps nécessaire pour exécuter les étoffes et broderies était de dix-huit mois, la livraison pouvant être faite en deux parties, le paiement n'étant effectué que dans les deux à trois mois suivants la vérification de la solidité des couleurs éprouvées à l'air et au soleil.
La soumission du 29 mai décrit ainsi le dessin des panneaux de la tenture : « dans le milieu (...), un massif de feuilles d'acanthe et d'ornements, montants de la bordure transversale du bas à celle du haut, des rinceaux, de droite et de gauche, viendront enlacer des Cornes d'abondance surmontées de fleurs et de fruits de Pavots. Un très riche rinceau d'or partant du milieu ira de droite à gauche s'ajuster aux montants, il occupera tout le bas du panneau. Les montants représenteront des ornemens avec des Culots de feuilles d'acanthe et des bouquets de fleurs de lis d'or. La traverse du haut viendra couronner le panneau. Elle se composera de divers ornemens ajustés à des guirlandes de fruits avec le Chiffre de Sa Majesté. Dans le milieu sera la Couronne Royale entourée d'une branche d'olivier. Toutes les autres pièces de l'ameublement seront analogues à la tenture pour la Composition, l'Exécution du velours du Broché et de la broderie d'après le dessin de Mr. St Ange, dessinateur du Garde-Meuble de la Couronne. »
C'est cette mention de Jacques-Louis de La Hamayde de Saint-Ange dans les archives de la maison Tassinari et Chatel qui a fait attribuer au dessinateur du Garde-Meuble l'ensemble du projet. Mais l'idée originale en revient à Jean-François Bony. Ce dernier avait déjà fourni des dessins pour l'ameublement du Palais de Saint-Cloud commandé à la manufacture de Camille Pernon, prédécesseur de Grand frères. Sous l'Empire, il s'associe aux cousins Bissardon, ponctuellement d'abord (1808-1809) puis plus durablement (1811-1816) pour répondre aux grandes commandes de Napoléon Ier pour l'aménagement des Palais de Meudon et de Versailles, notamment. Il renouvelle ici sa collaboration avec les fabricants Grand frères, en fournissant les principes de la composition des décors de la tenture de la Chambre à coucher de Louis XVIII. C'est à lui que revient, notamment, le parti audacieux, jamais encore mis en œuvre dans les soieries d'ameublement, de repousser sur les bords tout le décor doré (montants et bordures), laissant les effets du velours jouer sur la partie centrale, le coupé sur le frisé. Deux esquisses à la mine de plomb et à la plume sur papier calque du musée des Tissus témoignent de la naissance progressive de ce partie. Sur la première (inv. MT 44028), on trouve deux rapports de dessin juxtaposés, correspondant à deux panneaux de tenture. Les montants comprennent, à la base, des palmes d'où jaillissent des bouquets de fleurs et de fruits de pavots. Dans le milieu, un massif de feuilles d'acanthe et d'ornement donne naissance à des branches d'olivier et à des fleurs de lys au naturel. Il supporte, en partie haute, une couronne de laurier contenant la couronne royale à gauche, et un coq à droite. La composition est encore très dense au centre du panneau, les montants permettant le raccord droit des laizes. Sur la seconde version (inv. MT 44027), déjà, l'idée de déplacer les éléments les plus riches vers les bords est mise en œuvre. Le champ central est totalement dépourvu de décor sur cette esquisse. Les massifs d'acanthe et d'ornement sont situés le long des lisières de la laize. Dans les enroulements médians des feuilles d'acanthe prennent place des lys héraldiques, tandis que des bouquets de lys au naturel, disposés en éventail, jaillissent des culots. Les enroulements supérieurs contiennent le chiffre du Roi, et soutiennent une guirlande de fleurs qui supporte le collier de l'ordre du Saint-Esprit surmonté par la couronne royale. En partie basse, l'écu fleurdelisé est encadré par une autre guirlande, soutenue par des ornements.
Les deux propositions sont combinées dans une gouache sur papier préparé bleu (inv. 2014.0.6) où les montants ont conservé leur décor riche, en or, formé de culots d'acanthe, d'ornement et de branches de lys au naturel. Ils forment un puissant encadrement, complété, en partie haute et basse, par des enroulements d'acanthe portant le lys héraldique. Au centre de la laize, un massif plus léger, traité dans les tons vert et cramoisi, supporte au centre l'écu fleurdelisé et en partie supérieure la couronne de laurier enfermant la couronne royale. Une autre version encore (inv. MT 44032), traitée à l'aquarelle et rehaussée de gouache, reprend le principe du second calque — montants riches avec lys au naturel, blason fleurdelisé en partie inférieure, encadré de branches d'olivier, guirlande supportant le collier de l'ordre du Saint-Esprit en partie haute, surmontée de la couronne royale —, mais le champ de la laize est occupé par un médaillon formé de deux cornes d'abondance et d'une couronne de laurier, enfermant le chiffre du Roi. Un médaillon enfermant le chiffre du Roi apparaît aussi sur le projet pour le fond de lit de la Chambre à coucher de Louis XVIII, également conservé au musée des Tissus (inv. MT 44053).
Ces dessins préparatoires, attribuables sans conteste à Jean-François Bony, présentent tous les éléments qui seront finalement utilisés pour le meuble de la Chambre à coucher de Louis XVIII, couronnes, lys, chiffres, branches d'olivier, cornes d'abondance, fleurs et fruits de pavots — sauf l'écu fleurdelisé et le collier de l'ordre du Saint-Esprit — mais le Garde-Meuble de la Couronne a cependant préféré introduire une somptuosité plus massive dans les compositions. Jacques-Louis de La Hamayde de Saint-Ange a remanié les projets de Jean-François Bony pour fournir le dessin définitif.
Le coût total de la soumission atteignit quatre-vingt-un mille sept cent cinquante francs. Elle fut approuvée par le baron Thierry de Ville-d'Avray, intendant du Garde-Meuble de la Couronne, le 6 juin 1817, ainsi que par le comte de Pradel, directeur général du ministère de la Maison du Roi, le 13 juin, l'ordre d'exécution étant donné le 18 juin. La tenture, adaptée à l'architecture de la pièce, comprenait quatre panneaux de un lé, un panneau de trois lés et un grand panneau de huit lés faisant tableau de chaque côté du lit, l'arrière du lit étant laissé en velours frisé uni. Les quatre portes étaient garnies de portières en velours avec broché à l'identique, les croisées recevant des rideaux formant bonnes grâces en velours avec du broché rebrodé, avec pentes à franges d'or du passementier Gobert. Le lit de Jacob-Desmalter, en bois doré, devait être garni de sept pentes, trois extérieures et quatre intérieures, et de cantonnières formant bonnes grâces en velours broché, d'une courtepointe et d'une tête de lit aussi en velours bleu broché, le ciel de lit étant brodé, sur le velours frisé uni, d'un soleil d'or rayonnant, avec en son centre les trois fleurs de lys héraldiques de France, entourées de branches de lys au naturel. L'ameublement, enfin, se composait de deux grands fauteuils et carreaux en velours broché rebrodé, seize ployants de même, un paravent à six feuilles et un écran, ainsi qu'un marchepied de deux marches couvert intérieurement et extérieurement de velours broché et rebrodé. La livraison et la mise en place des étoffes par le tapissier François-Louis-Castelneaux Darrac eurent lieu en juillet 1819, le délai de fabrication ayant été dépassé de quelques mois.
La plupart des éléments conservés de ce meuble riche sont aujourd'hui au musée du Louvre, au département des Objets d'art, depuis leur versement par le Mobilier national en 1965. Ils comprennent les soieries du lit (celui commandé par Charles X à Pierre-Gaston Brion, le lit de Louis XVIII ayant abrité la longue et pénible agonie du Roi ; inv. OA 10278), trois panneaux de tenture de trois lés et deux de un lé (inv. OA 10279), un paravent sans bois apparent, de six feuilles (inv. OA 10280), dont la commande, en supplément, a fait suite à une soumission du 23 juin 1819. Le Mobilier national possède encore une feuille pour paravent, état neuf, ainsi que du velours pour sièges, les carreaux et les rideaux des deux croisées à bonnes grâces avec leurs pentes brodées agrémentées de passementerie d'or. Le panneau de tenture du musée des Tissus a été acquis de la maison Tassinari et Chatel en 1889.
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