"Sp\u00E9cialis\u00E9e dans les \u00AB soieries fa\u00E7onn\u00E9es et imprim\u00E9es, nouveaut\u00E9s en carr\u00E9s et m\u00E9trages \u00BB, la maison Ogier, Duplan et Cie, \u00E9tablie 31, rue Puits-Gaillot avait \u00E9t\u00E9 fond\u00E9e en 1852 par Claude Jandin et Antonin Duval, et continu\u00E9e, depuis 1880, par Victor Ogier, associ\u00E9 \u00E0 Paul Noyer sous la raison commerciale V. Ogier, P. Noyer et Cie. En 1887, Paul Noyer se retire, et Victor Ogier choisit de nouveaux associ\u00E9s : L\u00E9opold Duplan le rejoint comme associ\u00E9 en nom collectif, tandis que trois commanditaires, ses confr\u00E8res Emmanuel Brosset-Heckel, Alfred Girodon et l'ancien notaire Paul Messimy, acceptent de fournir un demi million de francs. Membre de l'Association de la Fabrique lyonnaise de 1882 \u00E0 1885, il en devient le tr\u00E9sorier pendant la derni\u00E8re ann\u00E9e de son mandat. \nLa maison s'est surtout distingu\u00E9e dans le domaine de l'impression, tout en cr\u00E9ant les nouveaut\u00E9s les plus vari\u00E9es, mettant \u00E0 contribution toutes les ressources du tissage, de la teinture et de l'appr\u00EAt. Depuis 1867, la maison a organis\u00E9 un cabinet de dessin pour l'ex\u00E9cution de ses planches d'impression, puis en 1873, \u00E0 Vizille (Is\u00E8re), une usine de tissage pour la fabrication des articles nouveaux ou sp\u00E9ciaux, demandant une ex\u00E9cution particuli\u00E8rement soign\u00E9e ou rapide. En 1873, elle a \u00E9tabli une maison de vente \u00E0 Londres, et une autre \u00E0 Paris en 1886. D\u00E8s 1855, elle obtenait une M\u00E9daille d'argent \u00E0 l'Exposition universelle de Paris, confirm\u00E9e \u00E0 Londres en 1862, \u00E0 Paris en 1867 et \u00E0 Vienne en 1873. En 1876, \u00E0 Philadelphie, elle \u00E9tait gratifi\u00E9e d'une M\u00E9daille de progr\u00E8s. En 1878, \u00E0 Paris, elle obtenait finalement une M\u00E9daille d'or, confirm\u00E9e \u00E0 Amsterdam en 1883 et \u00E0 Anvers en 1885. En 1889, \u00E0 l'Exposition universelle de Paris, elle recevait \u00E0 nouveau une m\u00E9daille d'or, confirm\u00E9e en 1894 \u00E0 l'Exposition universelle internationale et coloniale de Lyon.\nPour cet \u00E9v\u00E9nement, la maison Ogier, Duplan et Cie avait accept\u00E9 de participer \u00E0 une exp\u00E9rience nouvelle, imagin\u00E9e par Jean Bachelard. Ce dernier,\u00A0\u00E0 la t\u00EAte de la maison J. Bachelard et Cie, \u00E9tait secr\u00E9taire du Bureau du groupe V \u00AB Tissus, v\u00EAtements et accessoires \u00BB, r\u00E9unissant les classes 15 \u00AB Soies et tissus de soie \u00BB et 16 \u00AB Tulles, dentelles, broderies et passementeries \u00BB pour l'organisation de l'Exposition universelle internationale et coloniale. Il partageait cette fonction avec Joanny Pey, secr\u00E9taire de l'Union des Chambres syndicales lyonnaises, tandis que Gratien Armandy, de la maison G. Armandy et Cie, \u00E9tait vice-pr\u00E9sident, et Jean-Martinon Piotet, de la maison Piotet et Roque, pr\u00E9sident. Jean Bachelard a donc grandement contribu\u00E9 \u00E0 l'installation des exposants, avec l'\u00E9talagiste Monge, comme le soulignent tous les commentateurs de l'\u00E9v\u00E9nement. C'est \u00E0 lui, notamment, qu'on doit l'id\u00E9e alors in\u00E9dite de pr\u00E9senter les meilleurs ouvrages de la Fabrique lyonnaise non pas seulement sous forme d'expositions individuelles, mais aussi diss\u00E9min\u00E9s afin de se faire valoir r\u00E9ciproquement au sein du \u00AB Salon mosa\u00EFque \u00BB. C'est l\u00E0 qu'\u00E9tait repr\u00E9sent\u00E9e la maison Ogier, Duplan et Cie.\nLe visiteur de l'Exposition universelle internationale et coloniale de Lyon acc\u00E9dait au secteur consacr\u00E9 \u00E0 la soie par la porte principale de la Coupole. Apr\u00E8s avoir franchi un portique, il p\u00E9n\u00E9trait dans une premi\u00E8re salle affect\u00E9e \u00E0 la Monographie de la soie en action, qui comptait quatre groupes : la magnanerie, la filature et le moulinage, d'abord ; puis la teinture, le d\u00E9vidage, l'ourdissage et le pliage ; le troisi\u00E8me groupe, consacr\u00E9 au tissage, pr\u00E9sentait un m\u00E9tier \u00E0 taffetas ou faille unie, un m\u00E9tier \u00E0 bras pour fa\u00E7onn\u00E9s broch\u00E9s qui avaient fait la renomm\u00E9e de Lyon, un m\u00E9tier \u00E0 bras tissant un velours Gr\u00E9goire (l'\u00E9tonnante Diane chasseresse de la maison J. Bachelard et Cie, conserv\u00E9e au mus\u00E9e des Tissus, inv. MT 29117) et trois m\u00E9tiers m\u00E9caniques tissant un velours double pi\u00E8ce, un fa\u00E7onn\u00E9 courant et une armure simple ; enfin, le quatri\u00E8me groupe, \u00E9galement consacr\u00E9 au tissage, montrait un m\u00E9tier de velours de G\u00EAnes triple corps, un m\u00E9tier \u00E0 rubans de Saint-\u00C9tienne, m\u00FB \u00E9lectriquement et tissant huit rubans \u00E0 la fois, un m\u00E9tier \u00E0 broder de Saint-Gall et un petit m\u00E9tier \u00E0 lacets de Saint-Chamond. Deux planisph\u00E8res de sept m\u00E8tres de longueur sur quatre m\u00E8tres de haut, dus \u00E0 Marius Morand, le secr\u00E9taire de la Chambre de Commerce de Lyon, \u00E9taient consacr\u00E9s \u00E0 la production, l'importation et l'exportation de la soie pour le premier, des soieries pour le second. C'est dans cette salle de la Monographie, aussi, que se tenait l'exposition de la Chambre de Commerce et des institutions cr\u00E9\u00E9es ou subventionn\u00E9es par elle, notamment le mus\u00E9e des Tissus. \nPuis le visiteur p\u00E9n\u00E9trait dans les salons de la soierie par une avenue aboutissant au centre de la Coupole. Cette avenue traversait trois salons, le premier consacr\u00E9 aux sp\u00E9cimens remarquables de soierie haute nouveaut\u00E9, en unis ou fa\u00E7onn\u00E9s, et \u00E0 l'exposition de l'\u00C9cole municipale de tissage. Le deuxi\u00E8me salon \u00E9tait le fameux \u00AB Salon mosa\u00EFque \u00BB, sur une id\u00E9e de Jean Bachelard. Quelques six cents pi\u00E8ces remarquables y avaient \u00E9t\u00E9 arrang\u00E9es par ses soins \u2013 taffetas, failles, moires, velours, fa\u00E7onn\u00E9s, tissus d'ameublement, tulles, dentelles, cr\u00EApes et foulard \u2013 autour d'une statue en bronze de Pierre Devaux, La Soie, coul\u00E9e sp\u00E9cialement pour le \u00AB Salon mosa\u00EFque \u00BB. Des objets d'art, bustes en marbre \u2013 La Rieuse de Devaux, La Belle Cordi\u00E8re et Cl\u00E9mence de Bourges d'Arthur Gravillon \u2212, bronzes d'art, vases de la fa\u00EFencerie Utzschneider et Cie de Sarreguemines et Digoin ou coffrets d'argent cisel\u00E9, par exemple, compl\u00E9taient la pr\u00E9sentation. Le \u00AB Salon mosa\u00EFque \u00BB constituait, en quelque sorte, le point d'orgue de l'exposition de la classe V. Parmi les importantes maisons de fabrique qui avaient apport\u00E9 leur concours pour assurer le succ\u00E8s du Salon mosa\u00EFque figuraient : MM. Adam et Cie, L. Audibert et Cie, J. Bachelard et Cie, Bardon et Ritton, Barral p\u00E8re, fils et Cie, Bascans et Cie, B\u00E9raud et Cie, Bonnetain, Bayle et Cie, J.-B. Bonnet, Bouffier et Pravaz fils, Bouvard et Mathevon fils, Brondel et Cie, Brouillet et Cie, Chatel et Tassinari, V. Chatilon, Chavent p\u00E8re et fils, Dognin et Cie, Ducot\u00E9 et C\u00F4te, Gauthier-P\u00E9ju, Gautier, Bellon et Cie, Genin p\u00E8re et fils, Jullien p\u00E8re, fils et Juillard, Lamy et Giraud, Larue et Combe, Laval et Manger, Mantelier et Cie, Marion a\u00EEn\u00E9 et Cie, J.-B. Martin, Nemoz, Bertrand et Van-Doren, Ogier, Duplan et Cie, L. Permezel et Cie, J. Perrin, Piotet et Roque, Perret, Charpenel et Dupont, Ponchon, Bonvalot, Bessi\u00E8res et Cie, Riboud fr\u00E8res, Roche et Cie, A. Rosset, E. Rousseau, Schulz et Cie, Tresca fr\u00E8res et Cie, Varenne, Pointet et Cie, E. Vial et Cie ainsi que Wies Valet et Cie.\u00A0\u00A0\nLe troisi\u00E8me salon, semblable au premier et consacr\u00E9 aux expositions individuelles, \u00E9tait r\u00E9serv\u00E9 aux ornements d'\u00E9glise, \u00E0 la broderie, main et m\u00E9canique, \u00E0 la passementerie, mode et ameublement, \u00E0 la dentelle et \u00E0 la dorure.\u00A0\n\u00C9tienne Charles, rapporteur de l'Exposition universelle internationale et coloniale de Lyon pour La grande dame. Revue de l'\u00E9l\u00E9gance et des arts, d\u00E9crit ainsi le Salon mosa\u00EFque : \u00AB Dans le salon du milieu, le Salon mosa\u00EFque, ce syst\u00E8me \u00E9galitaire et de bonne confraternit\u00E9 qui prohibe le succ\u00E8s de mauvais aloi et n'autorise que l'\u00E9mulation est pouss\u00E9 plus loin encore et \u00E0 ses extr\u00EAmes limites : l\u00E0, chaque exposant n'a plus \u00E0 sa disposition une surface qui lui soit personnelle ; la prodigieuse vari\u00E9t\u00E9 de tissus que produit la fabrique lyonnaise se trouve r\u00E9unie. Dans un d\u00E9cor dont le fond est form\u00E9 de bandes de peluches bleu clair tendues en hauteur et encadrant de larges panneaux, stores ou rideaux de lampas, de brocard, de velours de G\u00EAnes, et dont le plafond supporte des guirlandes de dentelles noires ou blanches, sont rang\u00E9es, comme au hasard, les \u00E9toffes les plus diverses, mais, en r\u00E9alit\u00E9, pr\u00E9sent\u00E9es aux yeux avec un art savant ; les peluches voisinent avec les damas, la matit\u00E9 des dentelles contraste avec le luisant des moires et des satins, le poult de soie fastueux c\u00F4toie l'humble mousseline, les velours tout soie font bon m\u00E9nage avec le teint en pi\u00E8ce, les manteaux somptueux n'ont pas honte de fraterniser avec les voilettes timides, les impressions \u00E0 bas prix s'\u00E9talent tout contre les robes de bal \u00E0 la co\u00FBteuse splendeur, et le cr\u00EApe aust\u00E8re ne rougit pas de se marier \u00E0 la gaze voluptueuse. Les qualit\u00E9s de chacun s'effacent pour se fondre dans l'ensemble et concourir \u00E0 une admirable synth\u00E8se de la fabrication lyonnaise, depuis les mousselines et les articles l\u00E9gers, \u00E0 quelques centimes le m\u00E8tre, jusqu'aux magiques \u00E9toffes, qu'en des temps plus classiques on e\u00FBt dit \u201Ctiss\u00E9es par les doigts des f\u00E9es\u201D et qui valent presque leur pesant d'or. Les couleurs vives, les tons crus sont m\u00EAl\u00E9s aux nuances t\u00E9nues, d\u00E9licates, fuyantes quasi ; les compositions nettement accus\u00E9es, marqu\u00E9es d'un relief hardi, d'un contour ferme, un peintre dirait \u201Cmodel\u00E9es en pleine p\u00E2te\u201D, sont group\u00E9es avec les dessins frais et riants, aux traits insaisissables, d'une gracilit\u00E9 s\u00E9duisante, qui ont quelque chose de f\u00E9minin et d'ind\u00E9cis ;\u00A0pourtant, du contraste ne na\u00EEt pas de heurt, et l'on admire vraiment l'art de l'\u00E9talagiste, M. Monge, qui a su combiner des effets d'une si merveilleuse harmonie. Tamis\u00E9e par un vaste v\u00E9lum, \u00E0 larges rayures blanches et jaunes, enguirland\u00E9es et bord\u00E9es de feuillage, la lumi\u00E8re tombe douce et p\u00E2le et se joue avec le chatoiement des moires froufroutants et des velours moelleux. Assis sur les sofas dress\u00E9s au centre des salons, les hommes go\u00FBtent cette exquisit\u00E9 d'art et pr\u00E9f\u00E8rent la jouissance de l'ensemble ; mais les femmes, le front coll\u00E9 aux vitrines, impatientes de ne pouvoir s'approcher davantage de ces tissus tentateurs, admirent et s'extasient et, dans le tout, cherchent \u00E0 d\u00E9gager le d\u00E9tail. M. Piotet, pr\u00E9sident, et M. Bachelard, secr\u00E9taire du comit\u00E9 organisateur de l'Exposition des Soieries, m\u00E9ritent d'\u00EAtre justement f\u00E9licit\u00E9s pour le succ\u00E8s absolu auquel ont abouti leurs efforts, leur comp\u00E9tence et leur d\u00E9vouement. \u00BB \n\u00C0 l'issue de l'Exposition, plusieurs fabricants ont fait don au mus\u00E9e des Tissus des pi\u00E8ces les plus remarquables pr\u00E9sent\u00E9es dans le Salon mosa\u00EFque, notamment Bardon et Ritton (inv. MT 25820), J. Bachelard et Cie (inv. MT 25821, MT 25822, MT 25823 et MT 25824)\u00A0B\u00E9raud et Cie (inv. MT 25825), Chavent p\u00E8re et fils (inv. MT 25826)\u00A0ou Ogier, Duplan et Cie (inv. MT 25829),\u00A0ou dans les expositions individuelles, comme Maire (inv. MT 25827), Les petits-fils de C.-J. Bonnet et Cie (inv. MT 25819), Poncet p\u00E8re et fils (inv. MT 25828.1 et MT 25828.2)\u00A0ou Atuyer, Bianchini et F\u00E9rier (inv. MT25830.1, MT 25830.2 et MT 25830.3).\nLa laize Soleil imprim\u00E9 sur fond satin noir,\u00A0un satin cha\u00EEne \u00E0 liage redoubl\u00E9 imprim\u00E9 ad hoc et d\u00E9coup\u00E9 au sabre, est caract\u00E9ristique des sp\u00E9cificit\u00E9s de la maison dans la ma\u00EEtrise du dessin et de l'impression et dans la mise en \u0153uvre de techniques d\u00E9licates, comme le velours au sabre. \u00C0 l'Exposition universelle de Paris, en 1889, d\u00E9j\u00E0, elle s'\u00E9tait distingu\u00E9e par ses velours au sabre imprim\u00E9s et parfois surteints. Elle avait alors fait don au mus\u00E9e de plusieurs exemplaires de cette technique particuli\u00E8re, comme un panneau Couronne de roses aux armes de Lyon fond vieil or (inv. MT 24981) compar\u00E9 \u00E0 une peinture de Simon Saint-Jean (1808-1860), un velours au sabre imprim\u00E9 et surteint en pi\u00E8ce et d\u00E9coup\u00E9 apr\u00E8s l'impression avec des plumes de paon sur fond cr\u00E8me (inv. MT 24984), ou un autre velours au sabre imprim\u00E9 surteint en pi\u00E8ce et d\u00E9coup\u00E9 apr\u00E8s l'impression avec des palmes cachemire sur fond pourpre (inv. MT 24985). Elle marquait aussi, \u00E0 cette Exposition, un int\u00E9r\u00EAt \u00E9vident pour l'esth\u00E9tique japonisante (laize avec des roses japonaises sur fond noir, sur une faille fran\u00E7aise teinte en pi\u00E8ce, inv. MT 24983) qui se traduit encore ici par la disposition du motif sur le fond et par la couleur m\u00EAme du satin.\nMaximilien Durand"@fr . . . "0.8215"^^ . . . "0.8668"^^ . . . . . "Soleil imprim\u00E9 sur fond satin noir"@fr . "1309" . . "Soleil imprim\u00E9 sur fond satin noir"@fr . . . . . "Sp\u00E9cialis\u00E9e dans les \u00AB soieries fa\u00E7onn\u00E9es et imprim\u00E9es, nouveaut\u00E9s en carr\u00E9s et m\u00E9trages \u00BB, la maison Ogier, Duplan et Cie, \u00E9tablie 31, rue Puits-Gaillot avait \u00E9t\u00E9 fond\u00E9e en 1852 par Claude Jandin et Antonin Duval, et continu\u00E9e, depuis 1880, par Victor Ogier, associ\u00E9 \u00E0 Paul Noyer sous la raison commerciale V. Ogier, P. Noyer et Cie. En 1887, Paul Noyer se retire, et Victor Ogier choisit de nouveaux associ\u00E9s : L\u00E9opold Duplan le rejoint comme associ\u00E9 en nom collectif, tandis que trois commanditaires, ses confr\u00E8res Emmanuel Brosset-Heckel, Alfred Girodon et l'ancien notaire Paul Messimy, acceptent de fournir un demi million de francs. Membre de l'Association de la Fabrique lyonnaise de 1882 \u00E0 1885, il en devient le tr\u00E9sorier pendant la derni\u00E8re ann\u00E9e de son mandat. \nLa maison s'est surtout distingu\u00E9e dans le domaine de l'impression, tout en cr\u00E9ant les nouveaut\u00E9s les plus vari\u00E9es, mettant \u00E0 contribution toutes les ressources du tissage, de la teinture et de l'appr\u00EAt. Depuis 1867, la maison a organis\u00E9 un cabinet de dessin pour l'ex\u00E9cution de ses planches d'impression, puis en 1873, \u00E0 Vizille (Is\u00E8re), une usine de tissage pour la fabrication des articles nouveaux ou sp\u00E9ciaux, demandant une ex\u00E9cution particuli\u00E8rement soign\u00E9e ou rapide. En 1873, elle a \u00E9tabli une maison de vente \u00E0 Londres, et une autre \u00E0 Paris en 1886. D\u00E8s 1855, elle obtenait une M\u00E9daille d'argent \u00E0 l'Exposition universelle de Paris, confirm\u00E9e \u00E0 Londres en 1862, \u00E0 Paris en 1867 et \u00E0 Vienne en 1873. En 1876, \u00E0 Philadelphie, elle \u00E9tait gratifi\u00E9e d'une M\u00E9daille de progr\u00E8s. En 1878, \u00E0 Paris, elle obtenait finalement une M\u00E9daille d'or, confirm\u00E9e \u00E0 Amsterdam en 1883 et \u00E0 Anvers en 1885. En 1889, \u00E0 l'Exposition universelle de Paris, elle recevait \u00E0 nouveau une m\u00E9daille d'or, confirm\u00E9e en 1894 \u00E0 l'Exposition universelle internationale et coloniale de Lyon.\nPour cet \u00E9v\u00E9nement, la maison Ogier, Duplan et Cie avait accept\u00E9 de participer \u00E0 une exp\u00E9rience nouvelle, imagin\u00E9e par Jean Bachelard. Ce dernier,\u00A0\u00E0 la t\u00EAte de la maison J. Bachelard et Cie, \u00E9tait secr\u00E9taire du Bureau du groupe V \u00AB Tissus, v\u00EAtements et accessoires \u00BB, r\u00E9unissant les classes 15 \u00AB Soies et tissus de soie \u00BB et 16 \u00AB Tulles, dentelles, broderies et passementeries \u00BB pour l'organisation de l'Exposition universelle internationale et coloniale. Il partageait cette fonction avec Joanny Pey, secr\u00E9taire de l'Union des Chambres syndicales lyonnaises, tandis que Gratien Armandy, de la maison G. Armandy et Cie, \u00E9tait vice-pr\u00E9sident, et Jean-Martinon Piotet, de la maison Piotet et Roque, pr\u00E9sident. Jean Bachelard a donc grandement contribu\u00E9 \u00E0 l'installation des exposants, avec l'\u00E9talagiste Monge, comme le soulignent tous les commentateurs de l'\u00E9v\u00E9nement. C'est \u00E0 lui, notamment, qu'on doit l'id\u00E9e alors in\u00E9dite de pr\u00E9senter les meilleurs ouvrages de la Fabrique lyonnaise non pas seulement sous forme d'expositions individuelles, mais aussi diss\u00E9min\u00E9s afin de se faire valoir r\u00E9ciproquement au sein du \u00AB Salon mosa\u00EFque \u00BB. C'est l\u00E0 qu'\u00E9tait repr\u00E9sent\u00E9e la maison Ogier, Duplan et Cie.\nLe visiteur de l'Exposition universelle internationale et coloniale de Lyon acc\u00E9dait au secteur consacr\u00E9 \u00E0 la soie par la porte principale de la Coupole. Apr\u00E8s avoir franchi un portique, il p\u00E9n\u00E9trait dans une premi\u00E8re salle affect\u00E9e \u00E0 la Monographie de la soie en action, qui comptait quatre groupes : la magnanerie, la filature et le moulinage, d'abord ; puis la teinture, le d\u00E9vidage, l'ourdissage et le pliage ; le troisi\u00E8me groupe, consacr\u00E9 au tissage, pr\u00E9sentait un m\u00E9tier \u00E0 taffetas ou faille unie, un m\u00E9tier \u00E0 bras pour fa\u00E7onn\u00E9s broch\u00E9s qui avaient fait la renomm\u00E9e de Lyon, un m\u00E9tier \u00E0 bras tissant un velours Gr\u00E9goire (l'\u00E9tonnante Diane chasseresse de la maison J. Bachelard et Cie, conserv\u00E9e au mus\u00E9e des Tissus, inv. MT 29117) et trois m\u00E9tiers m\u00E9caniques tissant un velours double pi\u00E8ce, un fa\u00E7onn\u00E9 courant et une armure simple ; enfin, le quatri\u00E8me groupe, \u00E9galement consacr\u00E9 au tissage, montrait un m\u00E9tier de velours de G\u00EAnes triple corps, un m\u00E9tier \u00E0 rubans de Saint-\u00C9tienne, m\u00FB \u00E9lectriquement et tissant huit rubans \u00E0 la fois, un m\u00E9tier \u00E0 broder de Saint-Gall et un petit m\u00E9tier \u00E0 lacets de Saint-Chamond. Deux planisph\u00E8res de sept m\u00E8tres de longueur sur quatre m\u00E8tres de haut, dus \u00E0 Marius Morand, le secr\u00E9taire de la Chambre de Commerce de Lyon, \u00E9taient consacr\u00E9s \u00E0 la production, l'importation et l'exportation de la soie pour le premier, des soieries pour le second. C'est dans cette salle de la Monographie, aussi, que se tenait l'exposition de la Chambre de Commerce et des institutions cr\u00E9\u00E9es ou subventionn\u00E9es par elle, notamment le mus\u00E9e des Tissus. \nPuis le visiteur p\u00E9n\u00E9trait dans les salons de la soierie par une avenue aboutissant au centre de la Coupole. Cette avenue traversait trois salons, le premier consacr\u00E9 aux sp\u00E9cimens remarquables de soierie haute nouveaut\u00E9, en unis ou fa\u00E7onn\u00E9s, et \u00E0 l'exposition de l'\u00C9cole municipale de tissage. Le deuxi\u00E8me salon \u00E9tait le fameux \u00AB Salon mosa\u00EFque \u00BB, sur une id\u00E9e de Jean Bachelard. Quelques six cents pi\u00E8ces remarquables y avaient \u00E9t\u00E9 arrang\u00E9es par ses soins \u2013 taffetas, failles, moires, velours, fa\u00E7onn\u00E9s, tissus d'ameublement, tulles, dentelles, cr\u00EApes et foulard \u2013 autour d'une statue en bronze de Pierre Devaux, La Soie, coul\u00E9e sp\u00E9cialement pour le \u00AB Salon mosa\u00EFque \u00BB. Des objets d'art, bustes en marbre \u2013 La Rieuse de Devaux, La Belle Cordi\u00E8re et Cl\u00E9mence de Bourges d'Arthur Gravillon \u2212, bronzes d'art, vases de la fa\u00EFencerie Utzschneider et Cie de Sarreguemines et Digoin ou coffrets d'argent cisel\u00E9, par exemple, compl\u00E9taient la pr\u00E9sentation. Le \u00AB Salon mosa\u00EFque \u00BB constituait, en quelque sorte, le point d'orgue de l'exposition de la classe V. Parmi les importantes maisons de fabrique qui avaient apport\u00E9 leur concours pour assurer le succ\u00E8s du Salon mosa\u00EFque figuraient : MM. Adam et Cie, L. Audibert et Cie, J. Bachelard et Cie, Bardon et Ritton, Barral p\u00E8re, fils et Cie, Bascans et Cie, B\u00E9raud et Cie, Bonnetain, Bayle et Cie, J.-B. Bonnet, Bouffier et Pravaz fils, Bouvard et Mathevon fils, Brondel et Cie, Brouillet et Cie, Chatel et Tassinari, V. Chatilon, Chavent p\u00E8re et fils, Dognin et Cie, Ducot\u00E9 et C\u00F4te, Gauthier-P\u00E9ju, Gautier, Bellon et Cie, Genin p\u00E8re et fils, Jullien p\u00E8re, fils et Juillard, Lamy et Giraud, Larue et Combe, Laval et Manger, Mantelier et Cie, Marion a\u00EEn\u00E9 et Cie, J.-B. Martin, Nemoz, Bertrand et Van-Doren, Ogier, Duplan et Cie, L. Permezel et Cie, J. Perrin, Piotet et Roque, Perret, Charpenel et Dupont, Ponchon, Bonvalot, Bessi\u00E8res et Cie, Riboud fr\u00E8res, Roche et Cie, A. Rosset, E. Rousseau, Schulz et Cie, Tresca fr\u00E8res et Cie, Varenne, Pointet et Cie, E. Vial et Cie ainsi que Wies Valet et Cie.\u00A0\u00A0\nLe troisi\u00E8me salon, semblable au premier et consacr\u00E9 aux expositions individuelles, \u00E9tait r\u00E9serv\u00E9 aux ornements d'\u00E9glise, \u00E0 la broderie, main et m\u00E9canique, \u00E0 la passementerie, mode et ameublement, \u00E0 la dentelle et \u00E0 la dorure.\u00A0\n\u00C9tienne Charles, rapporteur de l'Exposition universelle internationale et coloniale de Lyon pour La grande dame. Revue de l'\u00E9l\u00E9gance et des arts, d\u00E9crit ainsi le Salon mosa\u00EFque : \u00AB Dans le salon du milieu, le Salon mosa\u00EFque, ce syst\u00E8me \u00E9galitaire et de bonne confraternit\u00E9 qui prohibe le succ\u00E8s de mauvais aloi et n'autorise que l'\u00E9mulation est pouss\u00E9 plus loin encore et \u00E0 ses extr\u00EAmes limites : l\u00E0, chaque exposant n'a plus \u00E0 sa disposition une surface qui lui soit personnelle ; la prodigieuse vari\u00E9t\u00E9 de tissus que produit la fabrique lyonnaise se trouve r\u00E9unie. Dans un d\u00E9cor dont le fond est form\u00E9 de bandes de peluches bleu clair tendues en hauteur et encadrant de larges panneaux, stores ou rideaux de lampas, de brocard, de velours de G\u00EAnes, et dont le plafond supporte des guirlandes de dentelles noires ou blanches, sont rang\u00E9es, comme au hasard, les \u00E9toffes les plus diverses, mais, en r\u00E9alit\u00E9, pr\u00E9sent\u00E9es aux yeux avec un art savant ; les peluches voisinent avec les damas, la matit\u00E9 des dentelles contraste avec le luisant des moires et des satins, le poult de soie fastueux c\u00F4toie l'humble mousseline, les velours tout soie font bon m\u00E9nage avec le teint en pi\u00E8ce, les manteaux somptueux n'ont pas honte de fraterniser avec les voilettes timides, les impressions \u00E0 bas prix s'\u00E9talent tout contre les robes de bal \u00E0 la co\u00FBteuse splendeur, et le cr\u00EApe aust\u00E8re ne rougit pas de se marier \u00E0 la gaze voluptueuse. Les qualit\u00E9s de chacun s'effacent pour se fondre dans l'ensemble et concourir \u00E0 une admirable synth\u00E8se de la fabrication lyonnaise, depuis les mousselines et les articles l\u00E9gers, \u00E0 quelques centimes le m\u00E8tre, jusqu'aux magiques \u00E9toffes, qu'en des temps plus classiques on e\u00FBt dit \u201Ctiss\u00E9es par les doigts des f\u00E9es\u201D et qui valent presque leur pesant d'or. Les couleurs vives, les tons crus sont m\u00EAl\u00E9s aux nuances t\u00E9nues, d\u00E9licates, fuyantes quasi ; les compositions nettement accus\u00E9es, marqu\u00E9es d'un relief hardi, d'un contour ferme, un peintre dirait \u201Cmodel\u00E9es en pleine p\u00E2te\u201D, sont group\u00E9es avec les dessins frais et riants, aux traits insaisissables, d'une gracilit\u00E9 s\u00E9duisante, qui ont quelque chose de f\u00E9minin et d'ind\u00E9cis ;\u00A0pourtant, du contraste ne na\u00EEt pas de heurt, et l'on admire vraiment l'art de l'\u00E9talagiste, M. Monge, qui a su combiner des effets d'une si merveilleuse harmonie. Tamis\u00E9e par un vaste v\u00E9lum, \u00E0 larges rayures blanches et jaunes, enguirland\u00E9es et bord\u00E9es de feuillage, la lumi\u00E8re tombe douce et p\u00E2le et se joue avec le chatoiement des moires froufroutants et des velours moelleux. Assis sur les sofas dress\u00E9s au centre des salons, les hommes go\u00FBtent cette exquisit\u00E9 d'art et pr\u00E9f\u00E8rent la jouissance de l'ensemble ; mais les femmes, le front coll\u00E9 aux vitrines, impatientes de ne pouvoir s'approcher davantage de ces tissus tentateurs, admirent et s'extasient et, dans le tout, cherchent \u00E0 d\u00E9gager le d\u00E9tail. M. Piotet, pr\u00E9sident, et M. Bachelard, secr\u00E9taire du comit\u00E9 organisateur de l'Exposition des Soieries, m\u00E9ritent d'\u00EAtre justement f\u00E9licit\u00E9s pour le succ\u00E8s absolu auquel ont abouti leurs efforts, leur comp\u00E9tence et leur d\u00E9vouement. \u00BB \n\u00C0 l'issue de l'Exposition, plusieurs fabricants ont fait don au mus\u00E9e des Tissus des pi\u00E8ces les plus remarquables pr\u00E9sent\u00E9es dans le Salon mosa\u00EFque, notamment Bardon et Ritton (inv. MT 25820), J. Bachelard et Cie (inv. MT 25821, MT 25822, MT 25823 et MT 25824)\u00A0B\u00E9raud et Cie (inv. MT 25825), Chavent p\u00E8re et fils (inv. MT 25826)\u00A0ou Ogier, Duplan et Cie (inv. MT 25829),\u00A0ou dans les expositions individuelles, comme Maire (inv. MT 25827), Les petits-fils de C.-J. Bonnet et Cie (inv. MT 25819), Poncet p\u00E8re et fils (inv. MT 25828.1 et MT 25828.2)\u00A0ou Atuyer, Bianchini et F\u00E9rier (inv. MT25830.1, MT 25830.2 et MT 25830.3).\nLa laize Soleil imprim\u00E9 sur fond satin noir,\u00A0un satin cha\u00EEne \u00E0 liage redoubl\u00E9 imprim\u00E9 ad hoc et d\u00E9coup\u00E9 au sabre, est caract\u00E9ristique des sp\u00E9cificit\u00E9s de la maison dans la ma\u00EEtrise du dessin et de l'impression et dans la mise en \u0153uvre de techniques d\u00E9licates, comme le velours au sabre. \u00C0 l'Exposition universelle de Paris, en 1889, d\u00E9j\u00E0, elle s'\u00E9tait distingu\u00E9e par ses velours au sabre imprim\u00E9s et parfois surteints. Elle avait alors fait don au mus\u00E9e de plusieurs exemplaires de cette technique particuli\u00E8re, comme un panneau Couronne de roses aux armes de Lyon fond vieil or (inv. MT 24981) compar\u00E9 \u00E0 une peinture de Simon Saint-Jean (1808-1860), un velours au sabre imprim\u00E9 et surteint en pi\u00E8ce et d\u00E9coup\u00E9 apr\u00E8s l'impression avec des plumes de paon sur fond cr\u00E8me (inv. MT 24984), ou un autre velours au sabre imprim\u00E9 surteint en pi\u00E8ce et d\u00E9coup\u00E9 apr\u00E8s l'impression avec des palmes cachemire sur fond pourpre (inv. MT 24985). Elle marquait aussi, \u00E0 cette Exposition, un int\u00E9r\u00EAt \u00E9vident pour l'esth\u00E9tique japonisante (laize avec des roses japonaises sur fond noir, sur une faille fran\u00E7aise teinte en pi\u00E8ce, inv. MT 24983) qui se traduit encore ici par la disposition du motif sur le fond et par la couleur m\u00EAme du satin.\nMaximilien Durand"@fr . . . . .