. "La maison Henry J.-A., qui avait succ\u00E9d\u00E9 en 1867 \u00E0 la maison Henry Fr\u00E8res (Alphonse et Charles) et Jouve (Hippolyte),\u00A0sp\u00E9cialis\u00E9e dans les ornements d'\u00E9glises, dorure et soieries pour ameublement, avait \u00E9t\u00E9 distingu\u00E9e d'une m\u00E9daille d'or \u00E0 l'Exposition maritime internationale du Havre en 1868 et\u00A0d'une m\u00E9daille d'honneur \u00E0 l'Exposition religieuse de Rome en 1870, lorsqu'elle \u00E9labora le mod\u00E8le de cette chasuble.\u00A0\nLa croix et l'orfroi (inv. MT 2015.5.23) repr\u00E9sentant les Sept Sacrements\u00A0forment le premier ornement consign\u00E9 dans les livres de cartons de la maison Henry, conserv\u00E9s dans les archives de la maison Prelle, \u00E0 Lyon, tiss\u00E9 au \u00AB point de Gobelins \u00BB ; il porte le num\u00E9ro de patron 1001, et il est dat\u00E9 de janvier 1871. Le \u00AB point de Gobelins \u00BB\u00A0d\u00E9signe un\u00A0type de tissage \u00E9labor\u00E9 par Joseph-Alphonse Henry afin d'imiter, par un tissu fa\u00E7onn\u00E9, les effets des tapisseries anciennes et surtout, des broderies \u00E0 l'or nu\u00E9 des XVe et XVIe si\u00E8cles. Le mus\u00E9e des Tissus conserve \u00E9galement une chasuble mont\u00E9e, orn\u00E9e de ces orfrois, confectionn\u00E9e dans un lampas fond satin, deux lats de lanc\u00E9 (et trame d'accompagnement), li\u00E9s en serg\u00E9 et \u00E0 plusieurs effets, en soie et fil\u00E9 or, inspir\u00E9 par les \u00E9toffes du XVe si\u00E8cle (inv. MT 2015.5.7). Comme la croix de chasuble et l'orfroi avec la repr\u00E9sentation des Sept Sacrements, elle a \u00E9t\u00E9 g\u00E9n\u00E9reusement\u00A0donn\u00E9e au mus\u00E9e par les h\u00E9ritiers de la maison Henry.\nL'eucharistie est figur\u00E9e, naturellement, par la C\u00E8ne, qui occupe toute la branche horizontale de la croix sur le dos de la chasuble. Juste en dessous figure l'ordination, avec la sc\u00E8ne de la Remise des clefs \u00E0 saint Pierre, puis le bapt\u00EAme, avec le Bapt\u00EAme du Christ, et le mariage, avec le mariage de Marie et Joseph. Sur le devant de la chasuble, sainte Marie-Madeleine p\u00E9nitente symbolise le sacrement de r\u00E9conciliation, les missions apostoliques, la confirmation, et saint Pierre assistant un mourant, l'onction des malades.\nLa chasuble est pr\u00E9sent\u00E9e pour la premi\u00E8re fois lors de l'Exposition internationale de Lyon, en 1872, comme en t\u00E9moigne le Journal officiel de la R\u00E9publique fran\u00E7aise du 19 novembre 1872, qui indique : \u00AB Dans l'exposition de M. J.-A. Henry, qui comprend passementerie, dorure, broderie et ornements d'\u00E9glise, on admire surtout une Vierge \"au point fin des Gobelins\" et une chasuble sur laquelle sont tiss\u00E9s, par le m\u00EAme proc\u00E9d\u00E9 nouveau, la C\u00E8ne et plusieurs sujets religieux, irr\u00E9prochables d'ex\u00E9cution \u00BB (p. 7120).\u00A0Elle est \u00E0 nouveau pr\u00E9sent\u00E9e, avec la pente orientale du Dais de la Salette, au Salon des Arts d\u00E9coratifs de Lyon, en 1884. Le journal L'\u00C9clair. Journal catholique, politique et litt\u00E9raire paraissant \u00E0 Lyon le samedi, cinqui\u00E8me ann\u00E9e, n\u00B0 223, dat\u00E9 du\u00A02 f\u00E9vrier 1884, dans son compte rendu du Salon lyonnais, mentionne la chasuble dans l'exposition de la maison Henry J.-A. : \u00AB Les autres fabricants, les artistes ceux-l\u00E0, s'appliquent \u00E0 reproduire les meilleures \u0153uvres du Moyen \u00C2ge, et se livrent \u00E0 leurs propres inspirations pour cr\u00E9er d'harmonieux dessins et des embl\u00EAmes de style. C'est ainsi que la maison Henry J.-A., de la rue Lafont, expose cette ann\u00E9e un dais splendide, tiss\u00E9 au point des Gobelins et repr\u00E9sentant un sujet symbolique trait\u00E9 de main de ma\u00EEtre. Les deux chasubles, J\u00E9sus eucharistique, d'apr\u00E8s Flandrin, et les Sept Sacrements (XVe si\u00E8cle), vaudront s\u00FBrement aux exposants l'admiration de tous les connaisseurs. M. Henry expose aussi des \u00E9toffes d'ameublement Louis XVI, Louis XV, Louis XIV, Henri II, et deux \u00E9chantillons de satin cr\u00E8me et or, Louis XV, et vieux rouge or et argent, d'un go\u00FBt exquis. \u00BB Au m\u00EAme Salon des Arts d\u00E9coratifs, la maison Tassinari et Chatel exposait une \u00AB chasuble forme Moyen \u00C2ge fond satin blanc, croix tiss\u00E9e au point de Gobelins de style roman, \u00E0 figures d'ap\u00F4tres et ornements or et soie \u00BB, Marie-Anne Leroudier, un \u00AB Christ brod\u00E9 au point de satin \u00BB, d'apr\u00E8s Van Dyck, aujourd'hui dans les collections du mus\u00E9e des Tissus (inv. MT 23954), et\u00A0Marie Bardey, la s\u0153ur de Louis Bardey, un \u00AB grand panneau d\u00E9coratif, style Renaissance, composition et dessin de Louis Bardey, broderies en appliques et \u00E0 l'aiguille\u00A0\u00BB, aussi conserv\u00E9 au mus\u00E9e des Tissus\u00A0(inv. MT 23948).\u00A0\nLa chasuble des Sept Sacrements aujourd'hui au mus\u00E9e des Tissus est cet exemplaire de pr\u00E9sentation qui a figur\u00E9 \u00E0 ces deux expositions. Le mod\u00E8le est d'ailleurs fort rare : \u00E0 ce jour, un seul autre exemplaire a \u00E9t\u00E9 recens\u00E9, dans l'\u00E9glise Saint-Cl\u00E9ment de Rouen (inv. ASSM 76 540 04 84 ; Florence Valantin, \u00AB De la maison Henry \u00E0 la maison Truchot : un si\u00E8cle de production liturgique lyonnaise \u00BB, Vue sur le Paradis. La soie, le pr\u00EAtre, les anges, Saint-L\u00F4, Archives d\u00E9partementales de la Manche, 2002, note 43, p. 21 et Florence Valantin, \u00AB Tisser des portraits religieux : quels enjeux ? L'exemple de la maison Henry-Truchot \u00BB,\u00A0La Fabrique des grands hommes, Lyon, mus\u00E9e des Tissus, 2011,\u00A0note 25, p. 183).\nLe fameux \u00AB point de Gobelins \u00BB \u00E9labor\u00E9 par Joseph-Alphonse Henry (1836-1913) au d\u00E9but des ann\u00E9es 1870 d\u00E9signe \u00E0 cette date un taffetas fa\u00E7onn\u00E9, dominante trame, \u00E0 d\u00E9cor par trame compl\u00E9mentaire en soie polychrome et fil\u00E9s m\u00E9talliques or et argent. Dans le livre de cartons, au patron 1001, Joseph-Alphonse Henry pr\u00E9cise : \u00AB Ce tissu qui ne s'est jamais [fait] \u00E0 Lyon avant ce jour est d\u00E9pos\u00E9 [au Conseil des Prud'hommes] pour 15 ans. \u00BB On ne retrouve pas, cependant, trace de ce d\u00E9p\u00F4t dans les registres des Prud'hommes d\u00E9pos\u00E9s au mus\u00E9e des Tissus.\nC'est avec l'exceptionnel dais ex\u00E9cut\u00E9 pour le sanctuaire de Notre-Dame de la Salette entre 1874 et 1876 que le \u00AB point de Gobelins \u00BB invent\u00E9 par Joseph-Alphonse Henry trouve son accomplissement le plus remarquable. Ce dais pr\u00E9sente, sur ces quatre pentes, quatre-vingt-huit figures de l'Histoire chr\u00E9tienne de la France. Elles avancent en cort\u00E8ges conduits par les anges portant les eulogies ou la grappe du raisin de Canaan. Les cort\u00E8ges convergent, sur la pente d'Orient, autour de la Vierge douloureuse, soutenant le corps de son Fils au pied de la Croix, et, sur la pente d'Occident, autour du tr\u00F4ne du pape Pie IX. Les dessins ont \u00E9t\u00E9 fournis par Th\u00E9odore-Nicolas-Pierre Maillot. Le mus\u00E9e des Arts d\u00E9coratifs de Lyon conserve le dessin pr\u00E9paratoire pour la figure de Pie IX (inv. MAD 3431). La mise en carte du dais a \u00E9t\u00E9 ex\u00E9cut\u00E9e par Jean Leroudier. Les cartes sont conserv\u00E9es au mus\u00E9e des Tissus (inv. MT 49271.1 \u00E0 MT 49271.22). Dans le fascicule publi\u00E9 \u00E0 Lyon en 1876 par Joseph-Alphonse Henry pour pr\u00E9senter son dais artistique, le fabricant indique que le \u00AB point des Gobelins en soie et or fin est celui employ\u00E9 dans cet ouvrage. Le proc\u00E9d\u00E9 est nouveau et pour la premi\u00E8re fois en usage dans notre fabrique lyonnaise.\u00A0\u00BB\nLe \u00AB point de Gobelins \u00BB \u00E9voluera avec le temps. En 1897, quand le fabricant met en production l'ornement Salvatoris, tiss\u00E9 selon ce proc\u00E9d\u00E9, il s'agit d\u00E9sormais d'un lampas dont la cha\u00EEne pi\u00E8ce est en coton (elle est dissimul\u00E9e par les trames), la cha\u00EEne de liage en soie rouge, lanc\u00E9 de soie polychrome (schappe et soie tussah), de fil\u00E9s m\u00E9talliques et de lames or et argent. Le liage vertical accentue le \u00AB\u00A0trompe-l'\u0153il \u00BB de broderie cr\u00E9\u00E9 par le tissage, de m\u00EAme que le model\u00E9 des figures, soulign\u00E9 par des effets de \u00AB\u00A0bercl\u00E9 \u00BB (voir MT 2015.5.8, MT 2015.5.9, MT 2015.5.12, MT 2015.5.13, MT 2015.5.14, MT 2015.5.15\u00A0et MT 2015.5.16).\n\u00C0 l'Exposition internationale de Lyon en 1872, durant laquelle la chasuble est pr\u00E9sent\u00E9e pour la premi\u00E8re fois, la maison Henry J.-A. obtient une m\u00E9daille d'honneur. L'ann\u00E9e suivante, \u00E0 l'Exposition universelle de Vienne, elle est gratifi\u00E9e d'une m\u00E9daille de progr\u00E8s, puis d'une m\u00E9daille d'or \u00E0 celle de Paris, en 1878. La maison obtient un Grand Prix \u00E0 l'Exposition universelle de Paris, en 1889, Joseph-Alphonse Henry \u00E9tant d\u00E9cor\u00E9 de la croix de la L\u00E9gion d'honneur, et\u00A0un autre Grand Prix \u00E0 celle de 1900. En 1907, Joseph-Alphonse Henry c\u00E8de l'entreprise \u00E0 ses neveux, Jean Truchot et Andr\u00E9 Grassis.\u00A0Ils la dirigent ensemble, selon les axes d\u00E9velopp\u00E9s par Joseph-Alphonse Henry (la maison utilise l'appellation \u00AB\u00A0ancienne maison Henry J.-A.\u00A0\u00BB dans ses documents administratifs et commerciaux et continue de fournir les patrons qui ont assur\u00E9 le succ\u00E8s de l'entreprise) jusqu'en 1919, Jean Truchot restant alors seul \u00E0 la t\u00EAte de l'\u00E9tablissement sous la raison commerciale Truchot J., puis, en 1925, Truchot J. et Cie. La maison continue d'accumuler les r\u00E9compenses sous la raison Truchot J. et Grassis puis Truchot J. En 1914, elle est membre du jury de l'Expoistion internationale de Lyon. Elle obtient un Grand Prix \u00E0 l'Exposition nationale de Strasbourg en 1919, un dipl\u00F4me d'honneur \u00E0 l'Exposition internationale des Arts d\u00E9coratifs et industriels modernes de Paris en 1925, un Grand Prix \u00E0 l'Exposition internationale de Leipzig et \u00E0 l'Exposition fran\u00E7aise de Madrid en 1927 (elle participe la m\u00EAme ann\u00E9e aux Expositions de Francfort et de Prague), \u00E0 l'Exposition internationale de Barcelone en 1919, \u00E0 celle de Li\u00E8ge et Anvers en 1930, un dipl\u00F4me d'honneur \u00E0 celle de Bruxelles en 1935. Jean Truchot est alors d\u00E9cor\u00E9 de la L\u00E9gion d'honneur. La Seconde Guerre mondiale, et plus encore le Concile de Vatican II, r\u00E9duisent consid\u00E9rablement les commandes d'ornements liturgiques. La maison Truchot J. et\u00A0Cie ferme d\u00E9finitivement en 1977.\nMaximilien Durand"@fr . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . "0.6153"^^ . . . . . . "0.4958"^^ . . . "87441" . "0.6455"^^ . . . "0.5986"^^ . "0.4671"^^ . . . . . . "0.4056"^^ . . . . . . "La maison Henry J.-A., qui avait succ\u00E9d\u00E9 en 1867 \u00E0 la maison Henry Fr\u00E8res (Alphonse et Charles) et Jouve (Hippolyte),\u00A0sp\u00E9cialis\u00E9e dans les ornements d'\u00E9glises, dorure et soieries pour ameublement, avait \u00E9t\u00E9 distingu\u00E9e d'une m\u00E9daille d'or \u00E0 l'Exposition maritime internationale du Havre en 1868 et\u00A0d'une m\u00E9daille d'honneur \u00E0 l'Exposition religieuse de Rome en 1870, lorsqu'elle \u00E9labora le mod\u00E8le de cette chasuble.\u00A0\nLa croix et l'orfroi (inv. MT 2015.5.23) repr\u00E9sentant les Sept Sacrements\u00A0forment le premier ornement consign\u00E9 dans les livres de cartons de la maison Henry, conserv\u00E9s dans les archives de la maison Prelle, \u00E0 Lyon, tiss\u00E9 au \u00AB point de Gobelins \u00BB ; il porte le num\u00E9ro de patron 1001, et il est dat\u00E9 de janvier 1871. Le \u00AB point de Gobelins \u00BB\u00A0d\u00E9signe un\u00A0type de tissage \u00E9labor\u00E9 par Joseph-Alphonse Henry afin d'imiter, par un tissu fa\u00E7onn\u00E9, les effets des tapisseries anciennes et surtout, des broderies \u00E0 l'or nu\u00E9 des XVe et XVIe si\u00E8cles. Le mus\u00E9e des Tissus conserve \u00E9galement une chasuble mont\u00E9e, orn\u00E9e de ces orfrois, confectionn\u00E9e dans un lampas fond satin, deux lats de lanc\u00E9 (et trame d'accompagnement), li\u00E9s en serg\u00E9 et \u00E0 plusieurs effets, en soie et fil\u00E9 or, inspir\u00E9 par les \u00E9toffes du XVe si\u00E8cle (inv. MT 2015.5.7). Comme la croix de chasuble et l'orfroi avec la repr\u00E9sentation des Sept Sacrements, elle a \u00E9t\u00E9 g\u00E9n\u00E9reusement\u00A0donn\u00E9e au mus\u00E9e par les h\u00E9ritiers de la maison Henry.\nL'eucharistie est figur\u00E9e, naturellement, par la C\u00E8ne, qui occupe toute la branche horizontale de la croix sur le dos de la chasuble. Juste en dessous figure l'ordination, avec la sc\u00E8ne de la Remise des clefs \u00E0 saint Pierre, puis le bapt\u00EAme, avec le Bapt\u00EAme du Christ, et le mariage, avec le mariage de Marie et Joseph. Sur le devant de la chasuble, sainte Marie-Madeleine p\u00E9nitente symbolise le sacrement de r\u00E9conciliation, les missions apostoliques, la confirmation, et saint Pierre assistant un mourant, l'onction des malades.\nLa chasuble est pr\u00E9sent\u00E9e pour la premi\u00E8re fois lors de l'Exposition internationale de Lyon, en 1872, comme en t\u00E9moigne le Journal officiel de la R\u00E9publique fran\u00E7aise du 19 novembre 1872, qui indique : \u00AB Dans l'exposition de M. J.-A. Henry, qui comprend passementerie, dorure, broderie et ornements d'\u00E9glise, on admire surtout une Vierge \"au point fin des Gobelins\" et une chasuble sur laquelle sont tiss\u00E9s, par le m\u00EAme proc\u00E9d\u00E9 nouveau, la C\u00E8ne et plusieurs sujets religieux, irr\u00E9prochables d'ex\u00E9cution \u00BB (p. 7120).\u00A0Elle est \u00E0 nouveau pr\u00E9sent\u00E9e, avec la pente orientale du Dais de la Salette, au Salon des Arts d\u00E9coratifs de Lyon, en 1884. Le journal L'\u00C9clair. Journal catholique, politique et litt\u00E9raire paraissant \u00E0 Lyon le samedi, cinqui\u00E8me ann\u00E9e, n\u00B0 223, dat\u00E9 du\u00A02 f\u00E9vrier 1884, dans son compte rendu du Salon lyonnais, mentionne la chasuble dans l'exposition de la maison Henry J.-A. : \u00AB Les autres fabricants, les artistes ceux-l\u00E0, s'appliquent \u00E0 reproduire les meilleures \u0153uvres du Moyen \u00C2ge, et se livrent \u00E0 leurs propres inspirations pour cr\u00E9er d'harmonieux dessins et des embl\u00EAmes de style. C'est ainsi que la maison Henry J.-A., de la rue Lafont, expose cette ann\u00E9e un dais splendide, tiss\u00E9 au point des Gobelins et repr\u00E9sentant un sujet symbolique trait\u00E9 de main de ma\u00EEtre. Les deux chasubles, J\u00E9sus eucharistique, d'apr\u00E8s Flandrin, et les Sept Sacrements (XVe si\u00E8cle), vaudront s\u00FBrement aux exposants l'admiration de tous les connaisseurs. M. Henry expose aussi des \u00E9toffes d'ameublement Louis XVI, Louis XV, Louis XIV, Henri II, et deux \u00E9chantillons de satin cr\u00E8me et or, Louis XV, et vieux rouge or et argent, d'un go\u00FBt exquis. \u00BB Au m\u00EAme Salon des Arts d\u00E9coratifs, la maison Tassinari et Chatel exposait une \u00AB chasuble forme Moyen \u00C2ge fond satin blanc, croix tiss\u00E9e au point de Gobelins de style roman, \u00E0 figures d'ap\u00F4tres et ornements or et soie \u00BB, Marie-Anne Leroudier, un \u00AB Christ brod\u00E9 au point de satin \u00BB, d'apr\u00E8s Van Dyck, aujourd'hui dans les collections du mus\u00E9e des Tissus (inv. MT 23954), et\u00A0Marie Bardey, la s\u0153ur de Louis Bardey, un \u00AB grand panneau d\u00E9coratif, style Renaissance, composition et dessin de Louis Bardey, broderies en appliques et \u00E0 l'aiguille\u00A0\u00BB, aussi conserv\u00E9 au mus\u00E9e des Tissus\u00A0(inv. MT 23948).\u00A0\nLa chasuble des Sept Sacrements aujourd'hui au mus\u00E9e des Tissus est cet exemplaire de pr\u00E9sentation qui a figur\u00E9 \u00E0 ces deux expositions. Le mod\u00E8le est d'ailleurs fort rare : \u00E0 ce jour, un seul autre exemplaire a \u00E9t\u00E9 recens\u00E9, dans l'\u00E9glise Saint-Cl\u00E9ment de Rouen (inv. ASSM 76 540 04 84 ; Florence Valantin, \u00AB De la maison Henry \u00E0 la maison Truchot : un si\u00E8cle de production liturgique lyonnaise \u00BB, Vue sur le Paradis. La soie, le pr\u00EAtre, les anges, Saint-L\u00F4, Archives d\u00E9partementales de la Manche, 2002, note 43, p. 21 et Florence Valantin, \u00AB Tisser des portraits religieux : quels enjeux ? L'exemple de la maison Henry-Truchot \u00BB,\u00A0La Fabrique des grands hommes, Lyon, mus\u00E9e des Tissus, 2011,\u00A0note 25, p. 183).\nLe fameux \u00AB point de Gobelins \u00BB \u00E9labor\u00E9 par Joseph-Alphonse Henry (1836-1913) au d\u00E9but des ann\u00E9es 1870 d\u00E9signe \u00E0 cette date un taffetas fa\u00E7onn\u00E9, dominante trame, \u00E0 d\u00E9cor par trame compl\u00E9mentaire en soie polychrome et fil\u00E9s m\u00E9talliques or et argent. Dans le livre de cartons, au patron 1001, Joseph-Alphonse Henry pr\u00E9cise : \u00AB Ce tissu qui ne s'est jamais [fait] \u00E0 Lyon avant ce jour est d\u00E9pos\u00E9 [au Conseil des Prud'hommes] pour 15 ans. \u00BB On ne retrouve pas, cependant, trace de ce d\u00E9p\u00F4t dans les registres des Prud'hommes d\u00E9pos\u00E9s au mus\u00E9e des Tissus.\nC'est avec l'exceptionnel dais ex\u00E9cut\u00E9 pour le sanctuaire de Notre-Dame de la Salette entre 1874 et 1876 que le \u00AB point de Gobelins \u00BB invent\u00E9 par Joseph-Alphonse Henry trouve son accomplissement le plus remarquable. Ce dais pr\u00E9sente, sur ces quatre pentes, quatre-vingt-huit figures de l'Histoire chr\u00E9tienne de la France. Elles avancent en cort\u00E8ges conduits par les anges portant les eulogies ou la grappe du raisin de Canaan. Les cort\u00E8ges convergent, sur la pente d'Orient, autour de la Vierge douloureuse, soutenant le corps de son Fils au pied de la Croix, et, sur la pente d'Occident, autour du tr\u00F4ne du pape Pie IX. Les dessins ont \u00E9t\u00E9 fournis par Th\u00E9odore-Nicolas-Pierre Maillot. Le mus\u00E9e des Arts d\u00E9coratifs de Lyon conserve le dessin pr\u00E9paratoire pour la figure de Pie IX (inv. MAD 3431). La mise en carte du dais a \u00E9t\u00E9 ex\u00E9cut\u00E9e par Jean Leroudier. Les cartes sont conserv\u00E9es au mus\u00E9e des Tissus (inv. MT 49271.1 \u00E0 MT 49271.22). Dans le fascicule publi\u00E9 \u00E0 Lyon en 1876 par Joseph-Alphonse Henry pour pr\u00E9senter son dais artistique, le fabricant indique que le \u00AB point des Gobelins en soie et or fin est celui employ\u00E9 dans cet ouvrage. Le proc\u00E9d\u00E9 est nouveau et pour la premi\u00E8re fois en usage dans notre fabrique lyonnaise.\u00A0\u00BB\nLe \u00AB point de Gobelins \u00BB \u00E9voluera avec le temps. En 1897, quand le fabricant met en production l'ornement Salvatoris, tiss\u00E9 selon ce proc\u00E9d\u00E9, il s'agit d\u00E9sormais d'un lampas dont la cha\u00EEne pi\u00E8ce est en coton (elle est dissimul\u00E9e par les trames), la cha\u00EEne de liage en soie rouge, lanc\u00E9 de soie polychrome (schappe et soie tussah), de fil\u00E9s m\u00E9talliques et de lames or et argent. Le liage vertical accentue le \u00AB\u00A0trompe-l'\u0153il \u00BB de broderie cr\u00E9\u00E9 par le tissage, de m\u00EAme que le model\u00E9 des figures, soulign\u00E9 par des effets de \u00AB\u00A0bercl\u00E9 \u00BB (voir MT 2015.5.8, MT 2015.5.9, MT 2015.5.12, MT 2015.5.13, MT 2015.5.14, MT 2015.5.15\u00A0et MT 2015.5.16).\n\u00C0 l'Exposition internationale de Lyon en 1872, durant laquelle la chasuble est pr\u00E9sent\u00E9e pour la premi\u00E8re fois, la maison Henry J.-A. obtient une m\u00E9daille d'honneur. L'ann\u00E9e suivante, \u00E0 l'Exposition universelle de Vienne, elle est gratifi\u00E9e d'une m\u00E9daille de progr\u00E8s, puis d'une m\u00E9daille d'or \u00E0 celle de Paris, en 1878. La maison obtient un Grand Prix \u00E0 l'Exposition universelle de Paris, en 1889, Joseph-Alphonse Henry \u00E9tant d\u00E9cor\u00E9 de la croix de la L\u00E9gion d'honneur, et\u00A0un autre Grand Prix \u00E0 celle de 1900. En 1907, Joseph-Alphonse Henry c\u00E8de l'entreprise \u00E0 ses neveux, Jean Truchot et Andr\u00E9 Grassis.\u00A0Ils la dirigent ensemble, selon les axes d\u00E9velopp\u00E9s par Joseph-Alphonse Henry (la maison utilise l'appellation \u00AB\u00A0ancienne maison Henry J.-A.\u00A0\u00BB dans ses documents administratifs et commerciaux et continue de fournir les patrons qui ont assur\u00E9 le succ\u00E8s de l'entreprise) jusqu'en 1919, Jean Truchot restant alors seul \u00E0 la t\u00EAte de l'\u00E9tablissement sous la raison commerciale Truchot J., puis, en 1925, Truchot J. et Cie. La maison continue d'accumuler les r\u00E9compenses sous la raison Truchot J. et Grassis puis Truchot J. En 1914, elle est membre du jury de l'Expoistion internationale de Lyon. Elle obtient un Grand Prix \u00E0 l'Exposition nationale de Strasbourg en 1919, un dipl\u00F4me d'honneur \u00E0 l'Exposition internationale des Arts d\u00E9coratifs et industriels modernes de Paris en 1925, un Grand Prix \u00E0 l'Exposition internationale de Leipzig et \u00E0 l'Exposition fran\u00E7aise de Madrid en 1927 (elle participe la m\u00EAme ann\u00E9e aux Expositions de Francfort et de Prague), \u00E0 l'Exposition internationale de Barcelone en 1919, \u00E0 celle de Li\u00E8ge et Anvers en 1930, un dipl\u00F4me d'honneur \u00E0 celle de Bruxelles en 1935. Jean Truchot est alors d\u00E9cor\u00E9 de la L\u00E9gion d'honneur. La Seconde Guerre mondiale, et plus encore le Concile de Vatican II, r\u00E9duisent consid\u00E9rablement les commandes d'ornements liturgiques. La maison Truchot J. et\u00A0Cie ferme d\u00E9finitivement en 1977.\nMaximilien Durand"@fr . . "0.4537"^^ . . . . "Bande d'orfroi au \u00AB point des Gobelins \u00BB du mod\u00E8le des Sept Sacrements (patron\u00A01001)"@fr . . . . . . . . "Bande d'orfroi au \u00AB point des Gobelins \u00BB du mod\u00E8le des Sept Sacrements (patron\u00A01001)"@fr . . . "0.6347"^^ .