"Vers 1839, les ch\u00E2les cachemires longs, qui avaient un temps disparu au profit des ch\u00E2les carr\u00E9s, reviennent \u00E0 la mode. L'album publi\u00E9 \u00E0 Paris par Fleury Chavant en 1840,\u00A0intitul\u00E9 Souvenir de l'Exposition des produits de l'industrie fran\u00E7aise de 1839. Reproduction exacte des principales \u00E9toffes fa\u00E7onn\u00E9es et imprim\u00E9es\u00A0(...), reproduit autant de ch\u00E2les carr\u00E9s que de longs. La planche 4 montre la\u00A0bordure transversale ext\u00E9rieure et les palmes\u00A0d'un ch\u00E2le expos\u00E9 par la maison parisienne Fr\u00E9d\u00E9ric H\u00E9bert et Cie qui pr\u00E9sente des similitudes avec l'exemplaire du mus\u00E9e des Tissus.\u00A0Sur les deux mod\u00E8les, la structure classique du ch\u00E2le indien est respect\u00E9e, avec bordure de grandes palmes, galerie de palmettes entourant la r\u00E9serve du fond, bordure transversale ext\u00E9rieure et bordure montante. Sur l'exemplaire du mus\u00E9e des Tissus, comme probablement sur le ch\u00E2le pr\u00E9sent\u00E9 \u00E0 l'Exposition de 1839, cependant, la bordure transversale int\u00E9rieure a disparu.\u00A0Son souvenir est, en quelque sorte, mat\u00E9rialis\u00E9 par le changement de couleur de la cha\u00EEne, teinte\u00A0de plusieurs couleurs sur la hauteur du fil et mont\u00E9e \u00E0 disposition, successivement arlequin\u00E9e (en vert, rouge, turquoise et jaune), puis rouge au niveau de la bordure de grandes palmes, puis bleue au niveau du champ central et \u00E0 nouveau rouge et arlequin\u00E9e \u00E0 disposition. Les grandes palmes\u00A0mordent sur la couleur bleue du champ central, formant un mince registre de d\u00E9cor plus sombre qui\u00A0est comme le fant\u00F4me de la bordure transversale int\u00E9rieure des ch\u00E2les indiens.\nDes\u00A0bordures arlequin\u00E9es\u00A0rehaussent les deux extr\u00E9mit\u00E9s, formant des rectangles color\u00E9s rouges, verts, jaunes et bleu turquoise. Les lisi\u00E8res, tiss\u00E9es en serg\u00E9 de 3 lie 1, trame, Z, sont en soie verte. Elles sont renforc\u00E9es par un point de feston cousu \u00E0 l'aiguille au moyen d'un fil vert. \nDeux paires de palmes adoss\u00E9es constituent le motif de la grande bordure. Les palmes externes, plus hautes que les deux palmes affront\u00E9es du centre, assurent la transition avec la galerie qui encadre la r\u00E9serve centrale, bleu fonc\u00E9. La cha\u00EEne teinte de plusieurs couleurs sur la hauteur du fil est en soie organsin (retors Z de deux bouts de faible torsion S ; r\u00E9duction : 35-36 fils par centim\u00E8tre ; d\u00E9coupure : 1 fil). Le tissage, en serg\u00E9 de 3 lie 1, trame, Z, lanc\u00E9 d\u00E9coup\u00E9 li\u00E9 en serg\u00E9 de 3 lie 1, trame, Z, \u00E0 liage repris, est ex\u00E9cut\u00E9 au moyen de trames de laine (fil\u00E9 de torsion Z) par un coup du premier lat de fond, rouge ou bleu, et un coup de lanc\u00E9-d\u00E9coup\u00E9, li\u00E9 en serg\u00E9 de 3 lie 1, Z, face trame, \u00E0 liage repris, comptant neuf couleurs (rouge, bleu moyen, bleu clair,\u00A0deux tons de jaune, vert, blanc, rose et violet ; r\u00E9duction : 21-22 pass\u00E9es par centim\u00E8tre ; d\u00E9coupure : 1 pass\u00E9e). Dans les bordures arlequin\u00E9es, les trames discontinues pr\u00E9sentent un simple crochetage. \nLes ch\u00E2les riches, \u00E0 cette date, pr\u00E9sentaient une cha\u00EEne en laine ou en soie et des trames en laine comptant au moins huit couleurs et jusqu'\u00E0 quinze. Le tissage de ce ch\u00E2le fran\u00E7ais, probablement parisien, a \u00E9t\u00E9 ex\u00E9cut\u00E9 au moyen d'un m\u00E9tier \u00E9quip\u00E9 de la m\u00E9canique Jacquard. L'usage de ce m\u00E9canisme a grandement contribu\u00E9 \u00E0 la complexification des motifs cachemires sur les ch\u00E2les produits en France.\nMaximilien Durand"@fr . . . .