. "Fond de si\u00E8ge : All\u00E9gorie de la fid\u00E9lit\u00E9"@fr . "En octobre 1868, la Chambre de Commerce de Lyon faisait l'acquisition, aupr\u00E8s du n\u00E9gociant Hubert Barioz,\u00A0de trois pi\u00E8ces provenant du fonds d'atelier de la maison Placy et Cie :\u00A0\u00AB un morceau de satin broch\u00E9 pour gu\u00E9ridon, dessin de Placy, dessinateur chez Bony, 1786 \u00BB (inv. MT 20851), \u00AB\u00A0un morceau de bas d'une robe avec broderie, soie, chenille, dorure, etc., ex\u00E9cut\u00E9e pour l'imp\u00E9ratrice de Russie, 1801\u00A0\u00BB (inv. MT 20852) et un \u00AB autre morceau, bas d'une robe brod\u00E9e pour la cour, 1807 \u00BB (inv. MT 20853)\u00A0; l'inventaire pr\u00E9cise : \u00AB ces deux broderies sortant de l'atelier de Placy fr\u00E8re et s\u0153ur, rue Royale, \u00E0 Lyon. \u00BB\nLe fond de si\u00E8ge\u00A0est r\u00E9alis\u00E9 dans une laize de presque soixante-et-onze centim\u00E8tres de large, aux lisi\u00E8res ray\u00E9es, en satin bleu, broch\u00E9 soie nu\u00E9e. Le m\u00E9daillon central est\u00A0encadr\u00E9 par une couronne \u00E0 fond jaune p\u00E2le, orn\u00E9e de rinceaux de myrte auquel est suspendu\u00A0un anneau d'or.\u00A0Un ruban rose est nou\u00E9 \u00E0 cet anneau. Il\u00A0retient\u00A0deux bouquets de narcisses, de roses\u00A0blanches et de girofl\u00E9es qui s'\u00E9panouissent de part et d'autre du m\u00E9daillon. Le champ central, tiss\u00E9 \u00E0 part, a \u00E9t\u00E9 incrust\u00E9 par broderie au pass\u00E9 plat et au point fendu dans le\u00A0tissu de fond. Il a aussi \u00E9t\u00E9 r\u00E9alis\u00E9 en satin\u00A0broch\u00E9 soie nu\u00E9e. Dans un paysage \u00E9voqu\u00E9 par deux arbres soutenant une branche \u00E0 laquelle s'enroule une guirlande de fleurs\u00A0est dress\u00E9 un cippe surmont\u00E9 d'un c\u0153ur enflamm\u00E9 transperc\u00E9 par deux fl\u00E8ches. Une guirlande de roses,\u00A0pos\u00E9e sur le monument fun\u00E9raire, se d\u00E9ploie devant lui et vient s'enrouler autour du cou d'un chien, assis, le museau dress\u00E9 vers le c\u0153ur. Au pied de la s\u00E9pulture reposent un chapeau de paille et une houlette, d\u00E9cor\u00E9e d'un ruban bleu. Un rosier, des feuilles et des fleurs\u00A0jaillissent de\u00A0la terrasse o\u00F9 la sc\u00E8ne prend place.\nL'iconographie de ce fond de si\u00E8ge est explicite : il s'agit d'une All\u00E9gorie de la fid\u00E9lit\u00E9. Les branches de myrte, les narcisses, les roses et les girofl\u00E9es symbolisent l'amour fid\u00E8le, tout comme l'anneau nuptial ou\u00A0le chien qui\u00A0refuse d'abandonner la tombe de sa ma\u00EEtresse. Le th\u00E8me de la fid\u00E9lit\u00E9 para\u00EEt avoir \u00E9t\u00E9 particuli\u00E8rement en vogue sous le r\u00E8gne de Louis XVI, comme en t\u00E9moigne, par exemple, une laize conserv\u00E9e au mus\u00E9e des Tissus (inv. MT 2887), ex\u00E9cut\u00E9e vers 1785, qui pr\u00E9sente, au milieu d'un d\u00E9cor de guirlandes fleuries et de bouquets, habit\u00E9 par des perdrix, un m\u00E9daillon tiss\u00E9 \u00E0 part et appliqu\u00E9 par broderie figurant l'Amour, sous les traits d'une jeune femme v\u00EAtue \u00E0 l'antique, couronnant la Fid\u00E9lit\u00E9,\u00A0symbolis\u00E9e par un chien faisant le beau.\nIl semble que la pratique consistant \u00E0 tisser \u00E0 part des m\u00E9daillons au d\u00E9cor particuli\u00E8rement raffin\u00E9, puis \u00E0 les appliquer par broderie sur un fond ex\u00E9cut\u00E9 au pr\u00E9alable ait \u00E9t\u00E9 inaugur\u00E9e par Philippe de Lasalle (1723-1804), c\u00E9l\u00E8bre dessinateur, fabricant et n\u00E9gociant mais aussi m\u00E9canicien et inventeur. Le premier t\u00E9moin de cette innovation semble \u00EAtre le fameux Portrait de Catherine II, cr\u00E9\u00E9 en 1771 pour Voltaire et l'imp\u00E9ratrice de toutes les Russies, dont le mus\u00E9e des Tissus\u00A0conserve un exemplaire (inv. MT 2869). Il inaugure une s\u00E9rie enti\u00E8rement repr\u00E9sent\u00E9e au mus\u00E9e des Tissus\u00A0comprenant le Portrait de Louis XV (inv. MT 45306) et celui du comte de Provence (inv. MT 2856), le portrait de la comtesse de Provence (inv. MT 45307) et celui du comte d'Artois (inv. MT 2857). La m\u00E9thode pr\u00E9sente plusieurs avantages : outre qu'elle magnifie le m\u00E9daillon central par le seul jeu de r\u00E9flexion de la lumi\u00E8re, elle permet aussi de faire varier le m\u00E9daillon en fonction du sujet repr\u00E9sent\u00E9, tout en laissant l'\u00E9toffe de fond inchang\u00E9e. cette derni\u00E8re peut donc \u00EAtre tiss\u00E9e de mani\u00E8re rationnelle, en r\u00E9alisant plusieurs exemplaires sur la longueur d'une seule laize pour faciliter le montage du m\u00E9tier et r\u00E9duire les co\u00FBts de productions. Philippe de Lasalle a\u00A0\u00E9galement contribu\u00E9 \u00E0 diffuser le go\u00FBt pour les d\u00E9cors all\u00E9goriques dans les\u00A0\u00E9toffes d'ameublement, comme en t\u00E9moigne, par exemple, la laize avec l'All\u00E9gorie de la musique conserv\u00E9e au mus\u00E9e des Tissus (inv. MT 2868) destin\u00E9e \u00E0 la garniture d'un si\u00E8ge.\nLe fond de si\u00E8ge avec l'All\u00E9gorie de la fid\u00E9lit\u00E9\u00A0offre, de fait, de nombreuses similitudes avec les \u00E9toffes produites par Philippe de Lasalle.\u00A0Il\u00A0a m\u00EAme \u00E9t\u00E9, un temps, attribu\u00E9 \u00E0 cet artiste par Raymond Cox, alors attach\u00E9 au mus\u00E9e d'Art et d'Industrie et charg\u00E9 du cours de d\u00E9coration des \u00E9toffes, dans son ouvrage Le mus\u00E9e historique des Tissus de la Chambre de Commerce de Lyon. Pr\u00E9cis historique de l'art de d\u00E9corer les \u00E9toffes et catalogue sommaire, publi\u00E9 \u00E0 Lyon en 1902 [n\u00B0 837, p. 224 : \u00AB Philippe de Lasalle : tissu de si\u00E8ge avec m\u00E9daillon broch\u00E9 soies polychromes (aux embl\u00E8mes de la fid\u00E9lit\u00E9), Lyon, \u00E9poque de Louis XVI \u00BB]. Il se distingue cependant des productions\u00A0de Philippe de Lasalle par le fait que le m\u00E9daillon a \u00E9t\u00E9 incrust\u00E9, et non pas appliqu\u00E9, dans l'\u00E9toffe de fond, mais surtout par la nature m\u00EAme du dessin.\nLe livre d'inventaire du mus\u00E9e attribue ce dernier \u00E0 Pierre Placy. Il y a tout lieu de faire confiance \u00E0 cette mention puisque deux autres \u0153uvres\u00A0provenant du fonds de la maison Placy et Cie ont \u00E9t\u00E9 acquises en m\u00EAme temps, chacune \u00E9tant accompagn\u00E9e d'indications pr\u00E9cises sur la date d'ex\u00E9cution et\u00A0parfois la destination des \u00E9toffes.\nPierre Placy, n\u00E9 \u00E0 Lyon en 1755 et mort dans cette ville le 26 avril 1826, \u00E0 l'\u00E2ge de soixante-et-onze ans, est presque l'exact contemporain d'une autre figure remarquable de la Fabrique lyonnaise, Jean-Fran\u00E7ois Bony (1754-1825) avec lequel il r\u00E9v\u00E8le de nombreux traits communs. Le livre d'inventaire du mus\u00E9e indique d'ailleurs que le dessin du fond de si\u00E8ge a \u00E9t\u00E9 r\u00E9alis\u00E9 en 1786, alors que les deux hommes collaboraient. Comme Jean-Fran\u00E7ois Bony, Pierre Placy est d'abord dessinateur, et c'est un titre sous lequel il appara\u00EEt dans diverses sources jusqu'\u00E0 sa mort. Son \u00E9pitaphe au cimeti\u00E8re de Loyasse, r\u00E9dig\u00E9e par sa s\u0153ur Marguerite-Antoinette Placy, le mentionne comme \u00AB dessinateur distingu\u00E9 \u00BB. \nSous la raison commerciale Placy et Cie, il exerce une activit\u00E9 de brodeur et de n\u00E9gociant, ses locaux \u00E9tant situ\u00E9s au 112, rue Royale et au 15, rue des Deux-Angles. Il participe \u00E0 l'Exposition des produits de l'industrie fran\u00E7aise de 1806, en pr\u00E9sentant \u00AB des \u00E9chantillons d'habits brod\u00E9s, et un \u00E9chantillon de robe sur satin blanc brod\u00E9e, soie nu\u00E9e \u00BB mais il n'obtient aucune distinction \u00E0 cette manifestation. Jean-Fran\u00E7ois Bony, qui participe \u00E9galement \u00E0 l'\u00E9v\u00E9nement, obtient une m\u00E9daille d'argent dans le groupe \u00AB Broderie et passementerie \u00BB,\u00A0tout comme le Parisien\u00A0Fleury Delorme qui a invent\u00E9 un point imitant le velours dont le mus\u00E9e des Tissus conserve un exemplaire (inv. MT 26321) et la veuve Vitte, de Lyon.\nLors du s\u00E9jour \u00E0 Lyon, en 1816, de Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, \u00E0 l'occasion de son mariage avec Charles-Ferdinand d'Artois, duc de Berry, la maison Placy et Cie r\u00E9alise deux robes qui sont remises \u00E0 la duchesse avec la corbeille\u00A0offerte par la Chambre de Commerce de la ville. La premi\u00E8re est une \u00AB\u00A0robe tulle, mailles fixes ; le fond de la robe glac\u00E9 argent fin, la bordure form\u00E9e d'une guirlande de roses, brod\u00E9es soie avec feuillage ; au-dessous de la guirlande, une broderie en argent mate, le bas de la robe termin\u00E9 par une frange nuanc\u00E9e, la ceinture assortie \u00E0 la robe, la doublure est en satin blanc\u00A0\u00BB ; la seconde, \u00AB\u00A0une robe tulle, mailles fixes, brod\u00E9e soie blanche, le dessin compos\u00E9 d'une plante de muguet et de petites cloches, le fond de la robe \u00E0 colonnes se r\u00E9unissant dans le haut, compos\u00E9 d'un courant de cloches se liant dans le bas \u00E0 la plante de muguet.\u00A0\u00BB Jean-Fran\u00E7ois Bony est aussi sollicit\u00E9 : il r\u00E9alise une \u00AB\u00A0robe longue sur satin blanc, brod\u00E9e richement en or fin.\u00A0\u00BB La duchesse de Berry, invit\u00E9e \u00E0 assister \u00E0 un spectacle le soir m\u00EAme au Grand-Th\u00E9\u00E2tre, choisit la premi\u00E8re des deux robes de Placy pour para\u00EEtre en public.\nPierre Placy a donc exerc\u00E9 une carri\u00E8re aux activit\u00E9s diverses, \u00E0 la fois comme dessinateur de fabrique, brodeur et n\u00E9gociant. Il a constitu\u00E9 une collection personnelle de tableaux, de dessins et de gravures qui lui servaient de source d'inspiration, comme le r\u00E9v\u00E8le le testament qu'il a r\u00E9dig\u00E9 le 9 avril 1824. Avec Philippe de Lasalle, Jean-Fran\u00E7ois Bony, Joseph Bourne (1740-1808)\u00A0et Joseph-Gaspard Picard (1748-1818), Pierre Placy appara\u00EEt donc comme un des rares dessinateurs de fabrique\u00A0ayant exerc\u00E9 sous\u00A0l'Ancien R\u00E9gime\u00A0dont le nom ait \u00E9t\u00E9 conserv\u00E9, et auquel on puisse attribuer avec certitude la paternit\u00E9 d'une \u00E9toffe. Les deux bas de robe conserv\u00E9s au mus\u00E9e des Tissus illustrent par chance \u00E9galement son activit\u00E9 comme brodeur.\nMaximilien Durand"@fr . . . . . "0.94789999723434448242"^^ . . "0.97509998083114624023"^^ . . . . . "En octobre 1868, la Chambre de Commerce de Lyon faisait l'acquisition, aupr\u00E8s du n\u00E9gociant Hubert Barioz,\u00A0de trois pi\u00E8ces provenant du fonds d'atelier de la maison Placy et Cie :\u00A0\u00AB un morceau de satin broch\u00E9 pour gu\u00E9ridon, dessin de Placy, dessinateur chez Bony, 1786 \u00BB (inv. MT 20851), \u00AB\u00A0un morceau de bas d'une robe avec broderie, soie, chenille, dorure, etc., ex\u00E9cut\u00E9e pour l'imp\u00E9ratrice de Russie, 1801\u00A0\u00BB (inv. MT 20852) et un \u00AB autre morceau, bas d'une robe brod\u00E9e pour la cour, 1807 \u00BB (inv. MT 20853)\u00A0; l'inventaire pr\u00E9cise : \u00AB ces deux broderies sortant de l'atelier de Placy fr\u00E8re et s\u0153ur, rue Royale, \u00E0 Lyon. \u00BB\nLe fond de si\u00E8ge\u00A0est r\u00E9alis\u00E9 dans une laize de presque soixante-et-onze centim\u00E8tres de large, aux lisi\u00E8res ray\u00E9es, en satin bleu, broch\u00E9 soie nu\u00E9e. Le m\u00E9daillon central est\u00A0encadr\u00E9 par une couronne \u00E0 fond jaune p\u00E2le, orn\u00E9e de rinceaux de myrte auquel est suspendu\u00A0un anneau d'or.\u00A0Un ruban rose est nou\u00E9 \u00E0 cet anneau. Il\u00A0retient\u00A0deux bouquets de narcisses, de roses\u00A0blanches et de girofl\u00E9es qui s'\u00E9panouissent de part et d'autre du m\u00E9daillon. Le champ central, tiss\u00E9 \u00E0 part, a \u00E9t\u00E9 incrust\u00E9 par broderie au pass\u00E9 plat et au point fendu dans le\u00A0tissu de fond. Il a aussi \u00E9t\u00E9 r\u00E9alis\u00E9 en satin\u00A0broch\u00E9 soie nu\u00E9e. Dans un paysage \u00E9voqu\u00E9 par deux arbres soutenant une branche \u00E0 laquelle s'enroule une guirlande de fleurs\u00A0est dress\u00E9 un cippe surmont\u00E9 d'un c\u0153ur enflamm\u00E9 transperc\u00E9 par deux fl\u00E8ches. Une guirlande de roses,\u00A0pos\u00E9e sur le monument fun\u00E9raire, se d\u00E9ploie devant lui et vient s'enrouler autour du cou d'un chien, assis, le museau dress\u00E9 vers le c\u0153ur. Au pied de la s\u00E9pulture reposent un chapeau de paille et une houlette, d\u00E9cor\u00E9e d'un ruban bleu. Un rosier, des feuilles et des fleurs\u00A0jaillissent de\u00A0la terrasse o\u00F9 la sc\u00E8ne prend place.\nL'iconographie de ce fond de si\u00E8ge est explicite : il s'agit d'une All\u00E9gorie de la fid\u00E9lit\u00E9. Les branches de myrte, les narcisses, les roses et les girofl\u00E9es symbolisent l'amour fid\u00E8le, tout comme l'anneau nuptial ou\u00A0le chien qui\u00A0refuse d'abandonner la tombe de sa ma\u00EEtresse. Le th\u00E8me de la fid\u00E9lit\u00E9 para\u00EEt avoir \u00E9t\u00E9 particuli\u00E8rement en vogue sous le r\u00E8gne de Louis XVI, comme en t\u00E9moigne, par exemple, une laize conserv\u00E9e au mus\u00E9e des Tissus (inv. MT 2887), ex\u00E9cut\u00E9e vers 1785, qui pr\u00E9sente, au milieu d'un d\u00E9cor de guirlandes fleuries et de bouquets, habit\u00E9 par des perdrix, un m\u00E9daillon tiss\u00E9 \u00E0 part et appliqu\u00E9 par broderie figurant l'Amour, sous les traits d'une jeune femme v\u00EAtue \u00E0 l'antique, couronnant la Fid\u00E9lit\u00E9,\u00A0symbolis\u00E9e par un chien faisant le beau.\nIl semble que la pratique consistant \u00E0 tisser \u00E0 part des m\u00E9daillons au d\u00E9cor particuli\u00E8rement raffin\u00E9, puis \u00E0 les appliquer par broderie sur un fond ex\u00E9cut\u00E9 au pr\u00E9alable ait \u00E9t\u00E9 inaugur\u00E9e par Philippe de Lasalle (1723-1804), c\u00E9l\u00E8bre dessinateur, fabricant et n\u00E9gociant mais aussi m\u00E9canicien et inventeur. Le premier t\u00E9moin de cette innovation semble \u00EAtre le fameux Portrait de Catherine II, cr\u00E9\u00E9 en 1771 pour Voltaire et l'imp\u00E9ratrice de toutes les Russies, dont le mus\u00E9e des Tissus\u00A0conserve un exemplaire (inv. MT 2869). Il inaugure une s\u00E9rie enti\u00E8rement repr\u00E9sent\u00E9e au mus\u00E9e des Tissus\u00A0comprenant le Portrait de Louis XV (inv. MT 45306) et celui du comte de Provence (inv. MT 2856), le portrait de la comtesse de Provence (inv. MT 45307) et celui du comte d'Artois (inv. MT 2857). La m\u00E9thode pr\u00E9sente plusieurs avantages : outre qu'elle magnifie le m\u00E9daillon central par le seul jeu de r\u00E9flexion de la lumi\u00E8re, elle permet aussi de faire varier le m\u00E9daillon en fonction du sujet repr\u00E9sent\u00E9, tout en laissant l'\u00E9toffe de fond inchang\u00E9e. cette derni\u00E8re peut donc \u00EAtre tiss\u00E9e de mani\u00E8re rationnelle, en r\u00E9alisant plusieurs exemplaires sur la longueur d'une seule laize pour faciliter le montage du m\u00E9tier et r\u00E9duire les co\u00FBts de productions. Philippe de Lasalle a\u00A0\u00E9galement contribu\u00E9 \u00E0 diffuser le go\u00FBt pour les d\u00E9cors all\u00E9goriques dans les\u00A0\u00E9toffes d'ameublement, comme en t\u00E9moigne, par exemple, la laize avec l'All\u00E9gorie de la musique conserv\u00E9e au mus\u00E9e des Tissus (inv. MT 2868) destin\u00E9e \u00E0 la garniture d'un si\u00E8ge.\nLe fond de si\u00E8ge avec l'All\u00E9gorie de la fid\u00E9lit\u00E9\u00A0offre, de fait, de nombreuses similitudes avec les \u00E9toffes produites par Philippe de Lasalle.\u00A0Il\u00A0a m\u00EAme \u00E9t\u00E9, un temps, attribu\u00E9 \u00E0 cet artiste par Raymond Cox, alors attach\u00E9 au mus\u00E9e d'Art et d'Industrie et charg\u00E9 du cours de d\u00E9coration des \u00E9toffes, dans son ouvrage Le mus\u00E9e historique des Tissus de la Chambre de Commerce de Lyon. Pr\u00E9cis historique de l'art de d\u00E9corer les \u00E9toffes et catalogue sommaire, publi\u00E9 \u00E0 Lyon en 1902 [n\u00B0 837, p. 224 : \u00AB Philippe de Lasalle : tissu de si\u00E8ge avec m\u00E9daillon broch\u00E9 soies polychromes (aux embl\u00E8mes de la fid\u00E9lit\u00E9), Lyon, \u00E9poque de Louis XVI \u00BB]. Il se distingue cependant des productions\u00A0de Philippe de Lasalle par le fait que le m\u00E9daillon a \u00E9t\u00E9 incrust\u00E9, et non pas appliqu\u00E9, dans l'\u00E9toffe de fond, mais surtout par la nature m\u00EAme du dessin.\nLe livre d'inventaire du mus\u00E9e attribue ce dernier \u00E0 Pierre Placy. Il y a tout lieu de faire confiance \u00E0 cette mention puisque deux autres \u0153uvres\u00A0provenant du fonds de la maison Placy et Cie ont \u00E9t\u00E9 acquises en m\u00EAme temps, chacune \u00E9tant accompagn\u00E9e d'indications pr\u00E9cises sur la date d'ex\u00E9cution et\u00A0parfois la destination des \u00E9toffes.\nPierre Placy, n\u00E9 \u00E0 Lyon en 1755 et mort dans cette ville le 26 avril 1826, \u00E0 l'\u00E2ge de soixante-et-onze ans, est presque l'exact contemporain d'une autre figure remarquable de la Fabrique lyonnaise, Jean-Fran\u00E7ois Bony (1754-1825) avec lequel il r\u00E9v\u00E8le de nombreux traits communs. Le livre d'inventaire du mus\u00E9e indique d'ailleurs que le dessin du fond de si\u00E8ge a \u00E9t\u00E9 r\u00E9alis\u00E9 en 1786, alors que les deux hommes collaboraient. Comme Jean-Fran\u00E7ois Bony, Pierre Placy est d'abord dessinateur, et c'est un titre sous lequel il appara\u00EEt dans diverses sources jusqu'\u00E0 sa mort. Son \u00E9pitaphe au cimeti\u00E8re de Loyasse, r\u00E9dig\u00E9e par sa s\u0153ur Marguerite-Antoinette Placy, le mentionne comme \u00AB dessinateur distingu\u00E9 \u00BB. \nSous la raison commerciale Placy et Cie, il exerce une activit\u00E9 de brodeur et de n\u00E9gociant, ses locaux \u00E9tant situ\u00E9s au 112, rue Royale et au 15, rue des Deux-Angles. Il participe \u00E0 l'Exposition des produits de l'industrie fran\u00E7aise de 1806, en pr\u00E9sentant \u00AB des \u00E9chantillons d'habits brod\u00E9s, et un \u00E9chantillon de robe sur satin blanc brod\u00E9e, soie nu\u00E9e \u00BB mais il n'obtient aucune distinction \u00E0 cette manifestation. Jean-Fran\u00E7ois Bony, qui participe \u00E9galement \u00E0 l'\u00E9v\u00E9nement, obtient une m\u00E9daille d'argent dans le groupe \u00AB Broderie et passementerie \u00BB,\u00A0tout comme le Parisien\u00A0Fleury Delorme qui a invent\u00E9 un point imitant le velours dont le mus\u00E9e des Tissus conserve un exemplaire (inv. MT 26321) et la veuve Vitte, de Lyon.\nLors du s\u00E9jour \u00E0 Lyon, en 1816, de Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, \u00E0 l'occasion de son mariage avec Charles-Ferdinand d'Artois, duc de Berry, la maison Placy et Cie r\u00E9alise deux robes qui sont remises \u00E0 la duchesse avec la corbeille\u00A0offerte par la Chambre de Commerce de la ville. La premi\u00E8re est une \u00AB\u00A0robe tulle, mailles fixes ; le fond de la robe glac\u00E9 argent fin, la bordure form\u00E9e d'une guirlande de roses, brod\u00E9es soie avec feuillage ; au-dessous de la guirlande, une broderie en argent mate, le bas de la robe termin\u00E9 par une frange nuanc\u00E9e, la ceinture assortie \u00E0 la robe, la doublure est en satin blanc\u00A0\u00BB ; la seconde, \u00AB\u00A0une robe tulle, mailles fixes, brod\u00E9e soie blanche, le dessin compos\u00E9 d'une plante de muguet et de petites cloches, le fond de la robe \u00E0 colonnes se r\u00E9unissant dans le haut, compos\u00E9 d'un courant de cloches se liant dans le bas \u00E0 la plante de muguet.\u00A0\u00BB Jean-Fran\u00E7ois Bony est aussi sollicit\u00E9 : il r\u00E9alise une \u00AB\u00A0robe longue sur satin blanc, brod\u00E9e richement en or fin.\u00A0\u00BB La duchesse de Berry, invit\u00E9e \u00E0 assister \u00E0 un spectacle le soir m\u00EAme au Grand-Th\u00E9\u00E2tre, choisit la premi\u00E8re des deux robes de Placy pour para\u00EEtre en public.\nPierre Placy a donc exerc\u00E9 une carri\u00E8re aux activit\u00E9s diverses, \u00E0 la fois comme dessinateur de fabrique, brodeur et n\u00E9gociant. Il a constitu\u00E9 une collection personnelle de tableaux, de dessins et de gravures qui lui servaient de source d'inspiration, comme le r\u00E9v\u00E8le le testament qu'il a r\u00E9dig\u00E9 le 9 avril 1824. Avec Philippe de Lasalle, Jean-Fran\u00E7ois Bony, Joseph Bourne (1740-1808)\u00A0et Joseph-Gaspard Picard (1748-1818), Pierre Placy appara\u00EEt donc comme un des rares dessinateurs de fabrique\u00A0ayant exerc\u00E9 sous\u00A0l'Ancien R\u00E9gime\u00A0dont le nom ait \u00E9t\u00E9 conserv\u00E9, et auquel on puisse attribuer avec certitude la paternit\u00E9 d'une \u00E9toffe. Les deux bas de robe conserv\u00E9s au mus\u00E9e des Tissus illustrent par chance \u00E9galement son activit\u00E9 comme brodeur.\nMaximilien Durand"@fr . . . "0.99279999732971191406"^^ . . . . . . "Fond de si\u00E8ge : All\u00E9gorie de la fid\u00E9lit\u00E9"@fr . . . "20058" . . . . .