. . . . . . . . "0.7717"^^ . . . . . "67900" . . . . . . . . . . . "0.535"^^ . . . . . . . . "0.5689"^^ . . . . . . "0.677"^^ . "0.4235"^^ . . . . "0.4338"^^ . "Dans la neuvi\u00E8me vitrine de l'exposition organis\u00E9e au mus\u00E9e Guimet entre mai et juin 1898 pour pr\u00E9senter le produit de la troisi\u00E8me campagne de fouilles \u00E0 Antino\u00E9, Albert Gayet exposa un \u00AB manteau d'homme, \u00E0 longues manches, en bourre de soie pourpre d'Orient. Revers garnis de soie bleue, broch\u00E9e de losanges, m\u00E9daillons quadrilob\u00E9s, pois et carr\u00E9s orneman\u00E9s. \u00BB L'arch\u00E9ologue pr\u00E9cise que \u00AB le linceul a laiss\u00E9 une trace sur ce manteau. \u00BB Le v\u00EAtement \u00E9tait accompagn\u00E9 de\u00A0\u00AB galons de devant de chemise et de poignets gris-jaune, losanges jaunes et verts, motifs ornementaux verts et roses \u00BB, pr\u00E9sent\u00E9s dans la m\u00EAme vitrine, et d'une\u00A0\u00AB fleur polychrome, applique du linceul. \u00BB \u00C0 l'issue de l'\u00E9v\u00E9nement parisien, conform\u00E9ment aux accords pass\u00E9s entre la Chambre de Commerce de Lyon qui finan\u00E7ait une partie des fouilles et \u00C9mile Guimet, le commanditaire de la campagne arch\u00E9ologique, le manteau a \u00E9t\u00E9 envoy\u00E9 \u00E0 Lyon avec les galons de la chemise (inv. MT 2013.0.19) et probablement la fleur du linceul. Seule cette derni\u00E8re, dont la description est trop impr\u00E9cise, n'a pas pu \u00EAtre identifi\u00E9e formellement dans la collection du mus\u00E9e des Tissus.\nEn janvier 1902, le manteau \u00E9tait pr\u00E9sent\u00E9 dans la galerie consacr\u00E9e \u00E0 la \u00AB p\u00E9riode dite byzantine \u00BB au second \u00E9tage du Palais de la Bourse et du Commerce, puisqu'il est mentionn\u00E9 dans le premier guide de la collection du mus\u00E9e des Tissus publi\u00E9 par Raymond Cox\u00A0: \u00AB N\u00B0 126 - Manteau bourre de soie pourpre avec bande de soie \u00E0 semis de figures g\u00E9om\u00E9triques d\u00E9cor\u00E9es, art byzantin, Antino\u00E9, VIIe si\u00E8cle. \u00BB En 1929, il n'appara\u00EEt d\u00E9j\u00E0 plus dans le Catalogue des principales pi\u00E8ces expos\u00E9es publi\u00E9 par Henri d'Hennezel. Seuls quelques fragments de la soierie semblaient avoir \u00E9t\u00E9 pr\u00E9serv\u00E9s (inv. MT 2013.0.18 et MT 26812.38, ce dernier d\u00E9pos\u00E9 au mus\u00E9e du Louvre). Ils ont, par erreur, \u00E9t\u00E9 publi\u00E9s comme provenant de la tombe B 106, o\u00F9 reposait l'\u00AB Amazone pa\u00EFenne \u00BB dont le costume complet, \u00E0 l'exception du bonnet (Paris, mus\u00E9e du Louvre, inv. E 29498) et des bottes (non localis\u00E9es), est aussi parvenu au mus\u00E9e des Tissus (manteau : inv. MT 2013.0.35 ; bourrelet : inv. MT 47556 ; robe : inv. MT 28520.43 ; ceinture : inv. MT 2013.0.36 ; chemise : inv. MT 24400.615.1 et MT 24400.615.2). D'autres vestiges de cette soierie ont aussi \u00E9t\u00E9 dispers\u00E9s, sans doute d\u00E8s la fin de l'exposition de 1898, et sont aujourd'hui conserv\u00E9s au mus\u00E9e du Louvre (inv. E 29225) et au mus\u00E9e des Arts d\u00E9coratifs \u00E0 Paris (inv. D 15367).\nLa d\u00E9couverte et la publication d'un dessin in\u00E9dit de Jules-Paul G\u00E9rard (1874-1953) conserv\u00E9 dans une collection priv\u00E9e\u00A0ont permis de lever tout doute sur l'attribution des soieries \u00E0 la tombe B 114. Jules-Paul G\u00E9rard reproduit fid\u00E8lement deux d\u00E9tails des ornements, le premier concernant l'organisation losang\u00E9e du d\u00E9cor, le second, les \u00E9l\u00E9ments distincts qui le composent. Des quadrilobes, timbr\u00E9s d'une fleur de marguerite \u00E0 huit p\u00E9tales, sont dispos\u00E9s entre quatre losanges pos\u00E9s sur la pointe, dispos\u00E9s en carr\u00E9. Au c\u0153ur des losanges appara\u00EEt un m\u00E9daillon contenant une rosette \u00E0 quatre p\u00E9tales. Tout autour du quadrilobe, \u00E0 l'int\u00E9rieur du cadre d\u00E9fini par les c\u00F4t\u00E9s des losanges, appara\u00EEt un autre losange, form\u00E9 par des petits m\u00E9daillons inscrivant une \u00E9toile \u00E0 huit branches et des carr\u00E9s contenant une svastika.\nDu manteau, en revanche, il ne semblait plus exister aucun vestige. Pourtant, la description d'Albert Gayet, le dessin de Jules-Paul G\u00E9rard et la mention de Raymond Cox montrent qu'il \u00E9tait bien pr\u00E9serv\u00E9, au moment de sa mise au jour, de son exposition \u00E0 Paris et de son arriv\u00E9e dans les collections lyonnaises.\nMalgr\u00E9 la rapidit\u00E9 de son\u00A0croquis, Jules-Paul G\u00E9rard donne des indications pr\u00E9cieuses sur l'aspect de ce large manteau, \u00E0 l'encolure arrondie, garni de parement de soieries sur toutes ses bordures. Une indication manuscrite sur le dessin pr\u00E9cise qu'\u00AB un ourlet borde les parties assembl\u00E9es par les coutures. Les 2 ourlets sont cousus face \u00E0 face. \u00BB\n\u00C0 l'occasion de l'exposition Antino\u00E9, \u00E0 la vie, \u00E0 la mode. Visions d'\u00E9l\u00E9gnace dans les solitudes, qui s'est tenue au mus\u00E9e des Tissus \u00E0 partir de septembre 2013, trois fragments de ce manteau, un grand et deux petits (inv. MT 2013.0.17) ont \u00E9t\u00E9 red\u00E9couverts et identifi\u00E9s avec certitude. Le plus grand fragment correspond \u00E0 la partie sup\u00E9rieure de la manche gauche, sur laquelle des macules blanches confirment que \u00AB le linceul a laiss\u00E9 une trace sur ce manteau \u00BB, comme le pr\u00E9cisait Albert Gayet. Les deux petits fragments, malheureusement, sont trop infimes pour pouvoir \u00EAtre localis\u00E9s avec certitude.\nApr\u00E8s l'exposition, d'autres \u00E9l\u00E9ments importants du manteau ont encore \u00E9t\u00E9 identifi\u00E9s. Ils avaient \u00E9t\u00E9 d\u00E9pos\u00E9s \u00E0 Stockholm quelques d\u00E9cennies auparavant, et y demeuraient toujours. En 1965, en effet, Agn\u00E8s Geijer, qui s'int\u00E9ressait aux v\u00EAtements en laine gratt\u00E9e d\u00E9couverts \u00E0 Antino\u00E9, consulta les nombreux fragments du mus\u00E9e des Tissus et convainquit l'institution de les d\u00E9poser, pour \u00E9tude et restauration, \u00E0 l'atelier du Riksantikvarie\u00E4mbetet och Statens historiska museet de Stockholm. L'op\u00E9ration s'est faite sans inventaire pr\u00E9alable des fragments ni identification des vestiges. Les manteaux du \u00AB haut dignitaire \u00BB Achille (tombe B 281 ; inv. MT 34872) et du \u00AB scribe \u00BB Pamias (tombe C 395 ; inv. MT 34872 bis) purent \u00EAtre isol\u00E9s de ce lot. Ils\u00A0firent l'objet d'une remarquable restauration. Le premier revint au mus\u00E9e des Tissus en 1968, le second resta en d\u00E9p\u00F4t \u00E0 Stockholm, en d\u00E9dommagement de la restauration, jusqu'en 1993. \nLors de la restauration, en 1989, du manteau de couleur turquoise de l'occupant de la tombe B 288 (inv. MT 47554), d'autres fragments turquoise et carmin furent restitu\u00E9s par le mus\u00E9e de Stockholm au mus\u00E9e des Tissus. Parmi eux se trouvait le grand revers droit du manteau du \u00AB haut fonctionnaire \u00BB de la tombe B 148 (inv. MT 2013.0.33), identifiable gr\u00E2ce \u00E0 ses parements appliqu\u00E9s et aux restes de la soierie qui le garnissait, identique aux fragments qui \u00E9taient conserv\u00E9s s\u00E9par\u00E9ment du v\u00EAtement (inv. MT 40315). Le manteau complet de ce \u00AB haut fonctionnaire \u00BB (inv. MT 2014.0.22), celui du d\u00E9funt de la tombe B 114 (2014.0.23), des fragments du manteau de la tombe C 322 (inv. MT 2014.0.24) et la jambi\u00E8re droite du \u00AB scribe \u00BB Pamias (inv. MT 2014.0.21) ont nagu\u00E8re \u00E9t\u00E9 red\u00E9couverts \u00E0 Stockholm, o\u00F9 ils \u00E9taient rest\u00E9s, sans qu'aucun acte de d\u00E9p\u00F4t ne signale leur pr\u00E9sence. Ils avaient donc totalement \u00E9chapp\u00E9 \u00E0 l'attention des chercheurs. Ils ont heureusement pu rejoindre les collections du mus\u00E9e des Tissus en 2014, qui est ainsi rentr\u00E9 en possession de l'ensemble des vestiges antino\u00EFtes d\u00E9pos\u00E9s \u00E0 Stockholm.\nDu manteau de l'occupant de la tombe B 114 ont ainsi pu \u00EAtre identifi\u00E9s la manche droite compl\u00E8te, en trois fragments, et son emmanchure, un fragment de l'encolure, situ\u00E9e en partie sup\u00E9rieure du grand revers droit, avec l'amorce du col, un fragment du pan droit avant, le pan avant gauche presque complet, deux fragments cons\u00E9quents de la manche gauche et plusieurs petits fragments non localis\u00E9s avec certitude sur le v\u00EAtement. Beaucoup de ces fragments comportent encore des traces de soierie, plus ou moins cons\u00E9quentes. Lorsqu'elle a disparu, les piq\u00FBres de la couture et l'\u00E9tat de conservation des poils de la laine gratt\u00E9e indiquent sans conteste l'emplacement original des parements.\nApr\u00E8s\u00A0les manteaux du \u00AB haut dignitaire \u00BB Achille (B 281), du \u00AB scribe \u00BB Pamias (tombe C 395), du \u00AB haut fonctionnaire \u00BB\u00A0(B 148) et les deux exemplaires qui rev\u00EAtent encore la d\u00E9pouille du \u00AB Patricien \u00BB du mus\u00E9e de l'H\u00F4tel Bertrand de Ch\u00E2teauroux (inv. D 1218) et celle du \u00AB fonctionnaire \u00E0 la pourpre \u00BB du Palais des Beaux-Arts de Lille (inv. D.2011.0.2), c'est le v\u00EAtement de ce type, en laine gratt\u00E9e de couleur carmin, \u00E0 longues manches et parements de soie, le mieux conserv\u00E9. Outre les quatre exemplaires d\u00E9j\u00E0 mentionn\u00E9s, le mus\u00E9e des Tissus conserve \u00E9galement d'importants fragments du manteau C 322 (inv. MT 44321 et MT 2014.0.24), carmin, et deux autres manteaux complets de m\u00EAme typologie, mais de couleur bleu turquoise, provenant des tombes B 139 (inv. MT 2013.0.6) et B 288 (inv. MT 47554).\nLe manteau de l'occupant de la tombe B 114 pr\u00E9sente plusieurs particularit\u00E9s par rapport \u00E0 ceux\u00A0exhum\u00E9s des tombes B 281 (Achille) et C 395 (Pamias). Tout d'abord, la stature de son propri\u00E9taire \u00E9tait nettement plus imposante que celle de ses concitoyens. Le tisserand et le tailleur\u00A0ont donc adapt\u00E9 le patron du v\u00EAtement \u00E0 l'embonpoint du commanditaire. La laize dans laquelle le manteau a \u00E9t\u00E9 d\u00E9coup\u00E9 mesurait, en effet,\u00A0environ cent cinquante centim\u00E8tres de large. Le manteau d'Achille a \u00E9t\u00E9 taill\u00E9 dans une laize de cent vingt-sept centim\u00E8tres de large, celui de Pamias, dans une laize d'environ cent trente centim\u00E8tres, pour une hauteur comprise entre deux cent soixante et deux cent soixante-dix centim\u00E8tres. La hauteur de la laize utilis\u00E9e pour le manteau de l'occupant de la tombe B 114, en revanche,\u00A0devait \u00EAtre conforme \u00E0 celle des autres exemplaires. Le manteau r\u00E9cemment red\u00E9couvert \u00E0 Stockholm introduit donc un \u00E9l\u00E9ment nouveau dans la connaissance que nous avons de ces v\u00EAtements exceptionnels : la notion de \u00AB sur mesure \u00BB, d\u00E8s le tissage de la laize n\u00E9cessaire \u00E0 la confection du v\u00EAtement, qui apporte un argument suppl\u00E9mentaire \u00E0 l'hypoth\u00E8se d'une production totalement locale de ces manteaux.\nPar ailleurs, le\u00A0v\u00EAtement pr\u00E9sente une autre particularit\u00E9 que sugg\u00E8re le dessin de Jules-Paul G\u00E9rard et les\u00A0vestiges conserv\u00E9s : l'encolure n'\u00E9tait pas taill\u00E9e en carr\u00E9, comme pour les exemplaires d'Achille et de Pamias, mais en arrondi. Elle \u00E9tait compl\u00E9t\u00E9e par un mince col, cousu bord \u00E0 bord, dont subsiste un infime fragment qui a pu \u00EAtre identifi\u00E9 comme tel sans doute possible gr\u00E2ce aux directions contradictoires de\u00A0la cha\u00EEne sur le morceau provenant du manteau et sur celui correspondant au col rapport\u00E9, et gr\u00E2ce \u00E0 la pr\u00E9sence de soie couvrant les deux parties. Ce col, probablement haut de quelques centim\u00E8tres\u00A0seulement, par comparaison avec celui d'Achille, devait tourner autour de l'encolure puis venir mourir, du c\u00F4t\u00E9 droit,\u00A0\u00E0 l'endroit o\u00F9 le grand revers,\u00A0en se rabattant vers l'\u00E9paule, formait un pli pour d\u00E9couvrir sa partie interne, et, du c\u00F4t\u00E9 gauche, \u00E0 la naissance du petit revers.\nPour le reste, les modes de patronage, de d\u00E9coupe, de confection et de d\u00E9coration du manteau sont conformes \u00E0 ce qui a pu \u00EAtre observ\u00E9 sur les exemplaires les plus complets. Lui aussi a \u00E9t\u00E9 taill\u00E9 dans une toile fine (7-8 fils au centim\u00E8tre pour 30-32 coups au centim\u00E8tre). Les manteaux d'Achille et de Pamias sont taill\u00E9s dans des toiles encore plus fines (Achille : 11-14 fils au centim\u00E8tre, 30-40 coups au centim\u00E8tre ; Pamias : 13-16 fils au centim\u00E8tre, 26-30 coups au centim\u00E8tre). Seul le manteau de l'occupante de la tombe B 417 (inv. MT 2013.0.22) pr\u00E9sente une qualit\u00E9 encore sup\u00E9rieure (18-19 fils au centim\u00E8tre, 48 coups au centim\u00E8tre). La laize a \u00E9t\u00E9 teinte en pi\u00E8ce, et gratt\u00E9e sur les deux faces, probablement \u00E0 l'aide de chardons.\nLes longues manches, qui pendaient de part et d'autre du corps une fois le manteau pos\u00E9 sur les \u00E9paules, ont \u00E9t\u00E9 taill\u00E9es dans le droit fil de l'\u00E9toffe. En r\u00E9alisant son plan de d\u00E9coupe, le tailleur les a situ\u00E9es dans la place lib\u00E9r\u00E9e par les \u00E9chancrures concaves du dos, afin d'\u00E9conomiser les chutes de tissu.\u00A0Il a plac\u00E9 les emmanchures le long des lisi\u00E8res, en centrant l'encolure au milieu de la laize. Il a trac\u00E9 le patron du manteau, en trois pi\u00E8ces principales, la premi\u00E8re comprenant l'avant, l'\u00E9paulement et l'arri\u00E8re du manteau, les deux autres constituant les manches. Les deux pans avant du manteau, sous l'emmanchure, pr\u00E9sentent une \u00E9chancrure convexe qui \u00E9tait destin\u00E9e \u00E0 se rabattre sur les \u00E9chancrures concaves du dos.\u00A0Ainsi, le manteau \u00E9tait-il ajust\u00E9 aux \u00E9paules, cintr\u00E9 \u00E0 la taille et \u00E9vas\u00E9 dans le bas.\nLe tailleur proc\u00E9dait alors \u00E0 la d\u00E9coupe de ce patron. L'ouverture avant et l'encolure, en revanche, n'\u00E9taient pas encore d\u00E9coup\u00E9es, afin de faciliter l'assemblage des diff\u00E9rentes parties du v\u00EAtement.\nUn repli de couture de quelques millim\u00E8tres\u00A0permettait d'ourler les parties destin\u00E9es \u00E0 \u00EAtre assembl\u00E9es.\u00A0Sur la courbe convexe des pans avant, il est tourn\u00E9 vers l'int\u00E9rieur, tandis qu'il\u00A0devait \u00EAtre tourn\u00E9 vers l'ext\u00E9rieur sur la courbe concave des pans arri\u00E8re. L'assemblage \u00E9tait r\u00E9alis\u00E9 \u00E9toffe contre \u00E9toffe, au moyen d'un point de surjet, au fil de lin retors Z de deux bouts S. Les assemblages, volumineux du fait des replis de couture, \u00E9taient dissimul\u00E9s par l'application de bandes de soieries que l'arch\u00E9ologue appelle \u00AB cache-coutures \u00BB dans ses publications.\u00A0Le grand pan avant gauche du manteau\u00A0en a conserv\u00E9 des traces importantes.\nUne fois le v\u00EAtement assembl\u00E9 dans le dos, les manches pouvaient \u00EAtre mont\u00E9es.\nLes tubes des manches \u00E9taient referm\u00E9s par une couture \u00E9toffe contre \u00E9toffe, dissimulant dans l'assemblage le rentr\u00E9 tourn\u00E9 vers l'ext\u00E9rieur d'un c\u00F4t\u00E9, vers l'int\u00E9rieur de l'autre. Le tube des emmanchures, \u00E9galement \u00E9tait referm\u00E9 de la m\u00EAme mani\u00E8re, afin de permettre l'ajustement des manches. Ces derni\u00E8res comportaient, sur le bord qui se fixait \u00E0 l'emmanchure, un repli plus large.\u00A0Les emmanchures, elles, ne poss\u00E9daient pas de repli, puisqu'elles int\u00E9graient les lisi\u00E8res renforc\u00E9es de la laize, compos\u00E9es de deux cordelines. Les manches \u00E9taient cousues aux emmanchures, bord \u00E0 bord, au moyen d'un point de surjet. C'est ce que tente de d\u00E9crire Jules-Paul G\u00E9rard par l'indication \u00AB un ourlet borde les parties assembl\u00E9es par les coutures. Les 2 ourlets sont cousus face \u00E0 face. \u00BB\nLe tailleur proc\u00E9dait alors \u00E0 la grande d\u00E9coupe avant, le pan gauche ne comportant pas de revers, celui de droite, un grand revers destin\u00E9 \u00E0 s'ouvrir naturellement quand le manteau \u00E9tait port\u00E9. Il terminait par l'encolure arrondie. Les bords de cette d\u00E9coupe avant \u00E9taient ourl\u00E9s d'un repli tourn\u00E9 vers l'ext\u00E9rieur. Le col,\u00A0une languette d\u00E9coup\u00E9e dans les chutes de la laize, \u00E9tait cousu bord \u00E0 bord le long de l'ouverture circulaire de l'encolure.\nLa derni\u00E8re op\u00E9ration consistait\u00A0\u00E0 appliquer les soieries sur le manteau. Elles \u00E9taient d\u00E9coup\u00E9es en bandes plus ou moins larges, en fonction de leur emplacement. Le long des bords du manteau, les bandes mesuraient environ\u00A0huit centim\u00E8tres de large. Elles \u00E9taient mont\u00E9es \u00E0 cheval, emprisonnant le repli de couture. La partie la plus large \u00E9tait situ\u00E9e \u00E0 l'ext\u00E9rieur (cinq centim\u00E8tres environ), le reste (trois centim\u00E8tres environ), vers l'int\u00E9rieur. Sur le pan gauche, au niveau du buste, une large application de soierie dessinait sur la poitrine, en miroir, la forme du revers oppos\u00E9 quand il \u00E9tait ouvert. La bande de soierie mesurait alors environ onze centim\u00E8tres de large, dix centim\u00E8tres \u00E9tant appliqu\u00E9s\u00A0sur la partie externe du manteau, un centim\u00E8tre,\u00A0en retour, sur la partie interne, qui n'avait pas vocation \u00E0 s'ouvrir et n'\u00E9tait donc pas visible. Sur la partie droite du v\u00EAtement, une bande de soierie galonnait \u00E0 l'ext\u00E9rieur toute l'ouverture, y compris le grand revers dont elle suivait la d\u00E9coupe, avec environ dix centim\u00E8tres de soie visible sous la d\u00E9coupe du revers et cinq centim\u00E8tre le long de ce dernier et jusqu'au d\u00E9part de l'encolure. Mais ce revers devait s'ouvrir quand le manteau \u00E9tait port\u00E9, en se rabattant vers l'\u00E9paule. C'est donc sa face interne qui comportait la plus large application de soierie. On trouvait \u00E9galement de larges applications de soierie en bas des manches (environ dix centim\u00E8tres), mont\u00E9e elle aussi \u00E0 cheval, et autour de l'encolure (environ quatre centim\u00E8tres). Des bandes plus \u00E9troites, enfin, \u00E9taient cousues sur les coutures du dos et des manches, pour les dissimuler.\u00A0\nComme sur les deux autres manteaux d'hommes taill\u00E9s dans des toiles fines (Achille et Pamias), la souplesse de la toile ne n\u00E9cessitait pas de lester les bords du grand revers droit de cordelettes de lin. Les exemplaires en toile plus \u00E9paisse, en laine gratt\u00E9e carmin (inv. MT 2013.0.33 et MT 2014.0.22), issu de la tombe B 148, ou en laine gratt\u00E9e turquoise, issus des tombes B 139 (inv. MT 2013.0.6)\u00A0et B 288 (inv. MT 47554), en comportent. Albert Gayet pr\u00E9cise alors que les\u00A0manteaux ont un col et des revers \u00AB gans\u00E9s et couliss\u00E9s. \u00BB Sur le manteau de l'occupant de la tombe B 114, la soierie \u00E9tait simplement appliqu\u00E9e par couture, au moyen d'un\u00A0fil de lin retors Z de 2 bouts, au point de surjet, essentiellement.\nLa datation au radiocarbone de la soierie conserv\u00E9e au mus\u00E9e du Louvre (E 29225 et MT 26812.38, cette derni\u00E8re d\u00E9pos\u00E9e\u00A0par le mus\u00E9e des Tissus) a donn\u00E9 un \u00E2ge compris entre 420 et 580. La production des manteaux en laine gratt\u00E9e s'\u00E9chelonne, en effet, majoritairement ente le Ve si\u00E8cle et le milieu du VIIe si\u00E8cle. C'est ce qu'ont r\u00E9v\u00E9l\u00E9 les datations au radiocarbone r\u00E9alis\u00E9es sur la toile du manteau d'Achille et sur les soieries qui le garnissaient\u00A0ou sur les d\u00E9pouilles du \u00AB Patricien \u00BB de Ch\u00E2teauroux et du \u00AB fonctionnaire \u00E0 la pourpre \u00BB du Palais des Beaux-Arts de Lille.\nMaximilien Durand"@fr . . . . . . "0.5298"^^ . "0.4925"^^ . . . . "0.4816"^^ . "0.5675"^^ . . "0.5106"^^ . . . . "0.5668"^^ . . "0.7736"^^ . . . . . . . . . . . . . . "0.7736"^^ . . . . . "0.6374"^^ . "0.5417"^^ . . . . . . . . . . . . . "0.4505"^^ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . "0.3935"^^ . . . . . . . . . "0.4761"^^ . "0.5342"^^ . . "Manteau d'homme"@fr . . . . . . . . . . . "0.4296"^^ . . "Dans la neuvi\u00E8me vitrine de l'exposition organis\u00E9e au mus\u00E9e Guimet entre mai et juin 1898 pour pr\u00E9senter le produit de la troisi\u00E8me campagne de fouilles \u00E0 Antino\u00E9, Albert Gayet exposa un \u00AB manteau d'homme, \u00E0 longues manches, en bourre de soie pourpre d'Orient. Revers garnis de soie bleue, broch\u00E9e de losanges, m\u00E9daillons quadrilob\u00E9s, pois et carr\u00E9s orneman\u00E9s. \u00BB L'arch\u00E9ologue pr\u00E9cise que \u00AB le linceul a laiss\u00E9 une trace sur ce manteau. \u00BB Le v\u00EAtement \u00E9tait accompagn\u00E9 de\u00A0\u00AB galons de devant de chemise et de poignets gris-jaune, losanges jaunes et verts, motifs ornementaux verts et roses \u00BB, pr\u00E9sent\u00E9s dans la m\u00EAme vitrine, et d'une\u00A0\u00AB fleur polychrome, applique du linceul. \u00BB \u00C0 l'issue de l'\u00E9v\u00E9nement parisien, conform\u00E9ment aux accords pass\u00E9s entre la Chambre de Commerce de Lyon qui finan\u00E7ait une partie des fouilles et \u00C9mile Guimet, le commanditaire de la campagne arch\u00E9ologique, le manteau a \u00E9t\u00E9 envoy\u00E9 \u00E0 Lyon avec les galons de la chemise (inv. MT 2013.0.19) et probablement la fleur du linceul. Seule cette derni\u00E8re, dont la description est trop impr\u00E9cise, n'a pas pu \u00EAtre identifi\u00E9e formellement dans la collection du mus\u00E9e des Tissus.\nEn janvier 1902, le manteau \u00E9tait pr\u00E9sent\u00E9 dans la galerie consacr\u00E9e \u00E0 la \u00AB p\u00E9riode dite byzantine \u00BB au second \u00E9tage du Palais de la Bourse et du Commerce, puisqu'il est mentionn\u00E9 dans le premier guide de la collection du mus\u00E9e des Tissus publi\u00E9 par Raymond Cox\u00A0: \u00AB N\u00B0 126 - Manteau bourre de soie pourpre avec bande de soie \u00E0 semis de figures g\u00E9om\u00E9triques d\u00E9cor\u00E9es, art byzantin, Antino\u00E9, VIIe si\u00E8cle. \u00BB En 1929, il n'appara\u00EEt d\u00E9j\u00E0 plus dans le Catalogue des principales pi\u00E8ces expos\u00E9es publi\u00E9 par Henri d'Hennezel. Seuls quelques fragments de la soierie semblaient avoir \u00E9t\u00E9 pr\u00E9serv\u00E9s (inv. MT 2013.0.18 et MT 26812.38, ce dernier d\u00E9pos\u00E9 au mus\u00E9e du Louvre). Ils ont, par erreur, \u00E9t\u00E9 publi\u00E9s comme provenant de la tombe B 106, o\u00F9 reposait l'\u00AB Amazone pa\u00EFenne \u00BB dont le costume complet, \u00E0 l'exception du bonnet (Paris, mus\u00E9e du Louvre, inv. E 29498) et des bottes (non localis\u00E9es), est aussi parvenu au mus\u00E9e des Tissus (manteau : inv. MT 2013.0.35 ; bourrelet : inv. MT 47556 ; robe : inv. MT 28520.43 ; ceinture : inv. MT 2013.0.36 ; chemise : inv. MT 24400.615.1 et MT 24400.615.2). D'autres vestiges de cette soierie ont aussi \u00E9t\u00E9 dispers\u00E9s, sans doute d\u00E8s la fin de l'exposition de 1898, et sont aujourd'hui conserv\u00E9s au mus\u00E9e du Louvre (inv. E 29225) et au mus\u00E9e des Arts d\u00E9coratifs \u00E0 Paris (inv. D 15367).\nLa d\u00E9couverte et la publication d'un dessin in\u00E9dit de Jules-Paul G\u00E9rard (1874-1953) conserv\u00E9 dans une collection priv\u00E9e\u00A0ont permis de lever tout doute sur l'attribution des soieries \u00E0 la tombe B 114. Jules-Paul G\u00E9rard reproduit fid\u00E8lement deux d\u00E9tails des ornements, le premier concernant l'organisation losang\u00E9e du d\u00E9cor, le second, les \u00E9l\u00E9ments distincts qui le composent. Des quadrilobes, timbr\u00E9s d'une fleur de marguerite \u00E0 huit p\u00E9tales, sont dispos\u00E9s entre quatre losanges pos\u00E9s sur la pointe, dispos\u00E9s en carr\u00E9. Au c\u0153ur des losanges appara\u00EEt un m\u00E9daillon contenant une rosette \u00E0 quatre p\u00E9tales. Tout autour du quadrilobe, \u00E0 l'int\u00E9rieur du cadre d\u00E9fini par les c\u00F4t\u00E9s des losanges, appara\u00EEt un autre losange, form\u00E9 par des petits m\u00E9daillons inscrivant une \u00E9toile \u00E0 huit branches et des carr\u00E9s contenant une svastika.\nDu manteau, en revanche, il ne semblait plus exister aucun vestige. Pourtant, la description d'Albert Gayet, le dessin de Jules-Paul G\u00E9rard et la mention de Raymond Cox montrent qu'il \u00E9tait bien pr\u00E9serv\u00E9, au moment de sa mise au jour, de son exposition \u00E0 Paris et de son arriv\u00E9e dans les collections lyonnaises.\nMalgr\u00E9 la rapidit\u00E9 de son\u00A0croquis, Jules-Paul G\u00E9rard donne des indications pr\u00E9cieuses sur l'aspect de ce large manteau, \u00E0 l'encolure arrondie, garni de parement de soieries sur toutes ses bordures. Une indication manuscrite sur le dessin pr\u00E9cise qu'\u00AB un ourlet borde les parties assembl\u00E9es par les coutures. Les 2 ourlets sont cousus face \u00E0 face. \u00BB\n\u00C0 l'occasion de l'exposition Antino\u00E9, \u00E0 la vie, \u00E0 la mode. Visions d'\u00E9l\u00E9gnace dans les solitudes, qui s'est tenue au mus\u00E9e des Tissus \u00E0 partir de septembre 2013, trois fragments de ce manteau, un grand et deux petits (inv. MT 2013.0.17) ont \u00E9t\u00E9 red\u00E9couverts et identifi\u00E9s avec certitude. Le plus grand fragment correspond \u00E0 la partie sup\u00E9rieure de la manche gauche, sur laquelle des macules blanches confirment que \u00AB le linceul a laiss\u00E9 une trace sur ce manteau \u00BB, comme le pr\u00E9cisait Albert Gayet. Les deux petits fragments, malheureusement, sont trop infimes pour pouvoir \u00EAtre localis\u00E9s avec certitude.\nApr\u00E8s l'exposition, d'autres \u00E9l\u00E9ments importants du manteau ont encore \u00E9t\u00E9 identifi\u00E9s. Ils avaient \u00E9t\u00E9 d\u00E9pos\u00E9s \u00E0 Stockholm quelques d\u00E9cennies auparavant, et y demeuraient toujours. En 1965, en effet, Agn\u00E8s Geijer, qui s'int\u00E9ressait aux v\u00EAtements en laine gratt\u00E9e d\u00E9couverts \u00E0 Antino\u00E9, consulta les nombreux fragments du mus\u00E9e des Tissus et convainquit l'institution de les d\u00E9poser, pour \u00E9tude et restauration, \u00E0 l'atelier du Riksantikvarie\u00E4mbetet och Statens historiska museet de Stockholm. L'op\u00E9ration s'est faite sans inventaire pr\u00E9alable des fragments ni identification des vestiges. Les manteaux du \u00AB haut dignitaire \u00BB Achille (tombe B 281 ; inv. MT 34872) et du \u00AB scribe \u00BB Pamias (tombe C 395 ; inv. MT 34872 bis) purent \u00EAtre isol\u00E9s de ce lot. Ils\u00A0firent l'objet d'une remarquable restauration. Le premier revint au mus\u00E9e des Tissus en 1968, le second resta en d\u00E9p\u00F4t \u00E0 Stockholm, en d\u00E9dommagement de la restauration, jusqu'en 1993. \nLors de la restauration, en 1989, du manteau de couleur turquoise de l'occupant de la tombe B 288 (inv. MT 47554), d'autres fragments turquoise et carmin furent restitu\u00E9s par le mus\u00E9e de Stockholm au mus\u00E9e des Tissus. Parmi eux se trouvait le grand revers droit du manteau du \u00AB haut fonctionnaire \u00BB de la tombe B 148 (inv. MT 2013.0.33), identifiable gr\u00E2ce \u00E0 ses parements appliqu\u00E9s et aux restes de la soierie qui le garnissait, identique aux fragments qui \u00E9taient conserv\u00E9s s\u00E9par\u00E9ment du v\u00EAtement (inv. MT 40315). Le manteau complet de ce \u00AB haut fonctionnaire \u00BB (inv. MT 2014.0.22), celui du d\u00E9funt de la tombe B 114 (2014.0.23), des fragments du manteau de la tombe C 322 (inv. MT 2014.0.24) et la jambi\u00E8re droite du \u00AB scribe \u00BB Pamias (inv. MT 2014.0.21) ont nagu\u00E8re \u00E9t\u00E9 red\u00E9couverts \u00E0 Stockholm, o\u00F9 ils \u00E9taient rest\u00E9s, sans qu'aucun acte de d\u00E9p\u00F4t ne signale leur pr\u00E9sence. Ils avaient donc totalement \u00E9chapp\u00E9 \u00E0 l'attention des chercheurs. Ils ont heureusement pu rejoindre les collections du mus\u00E9e des Tissus en 2014, qui est ainsi rentr\u00E9 en possession de l'ensemble des vestiges antino\u00EFtes d\u00E9pos\u00E9s \u00E0 Stockholm.\nDu manteau de l'occupant de la tombe B 114 ont ainsi pu \u00EAtre identifi\u00E9s la manche droite compl\u00E8te, en trois fragments, et son emmanchure, un fragment de l'encolure, situ\u00E9e en partie sup\u00E9rieure du grand revers droit, avec l'amorce du col, un fragment du pan droit avant, le pan avant gauche presque complet, deux fragments cons\u00E9quents de la manche gauche et plusieurs petits fragments non localis\u00E9s avec certitude sur le v\u00EAtement. Beaucoup de ces fragments comportent encore des traces de soierie, plus ou moins cons\u00E9quentes. Lorsqu'elle a disparu, les piq\u00FBres de la couture et l'\u00E9tat de conservation des poils de la laine gratt\u00E9e indiquent sans conteste l'emplacement original des parements.\nApr\u00E8s\u00A0les manteaux du \u00AB haut dignitaire \u00BB Achille (B 281), du \u00AB scribe \u00BB Pamias (tombe C 395), du \u00AB haut fonctionnaire \u00BB\u00A0(B 148) et les deux exemplaires qui rev\u00EAtent encore la d\u00E9pouille du \u00AB Patricien \u00BB du mus\u00E9e de l'H\u00F4tel Bertrand de Ch\u00E2teauroux (inv. D 1218) et celle du \u00AB fonctionnaire \u00E0 la pourpre \u00BB du Palais des Beaux-Arts de Lille (inv. D.2011.0.2), c'est le v\u00EAtement de ce type, en laine gratt\u00E9e de couleur carmin, \u00E0 longues manches et parements de soie, le mieux conserv\u00E9. Outre les quatre exemplaires d\u00E9j\u00E0 mentionn\u00E9s, le mus\u00E9e des Tissus conserve \u00E9galement d'importants fragments du manteau C 322 (inv. MT 44321 et MT 2014.0.24), carmin, et deux autres manteaux complets de m\u00EAme typologie, mais de couleur bleu turquoise, provenant des tombes B 139 (inv. MT 2013.0.6) et B 288 (inv. MT 47554).\nLe manteau de l'occupant de la tombe B 114 pr\u00E9sente plusieurs particularit\u00E9s par rapport \u00E0 ceux\u00A0exhum\u00E9s des tombes B 281 (Achille) et C 395 (Pamias). Tout d'abord, la stature de son propri\u00E9taire \u00E9tait nettement plus imposante que celle de ses concitoyens. Le tisserand et le tailleur\u00A0ont donc adapt\u00E9 le patron du v\u00EAtement \u00E0 l'embonpoint du commanditaire. La laize dans laquelle le manteau a \u00E9t\u00E9 d\u00E9coup\u00E9 mesurait, en effet,\u00A0environ cent cinquante centim\u00E8tres de large. Le manteau d'Achille a \u00E9t\u00E9 taill\u00E9 dans une laize de cent vingt-sept centim\u00E8tres de large, celui de Pamias, dans une laize d'environ cent trente centim\u00E8tres, pour une hauteur comprise entre deux cent soixante et deux cent soixante-dix centim\u00E8tres. La hauteur de la laize utilis\u00E9e pour le manteau de l'occupant de la tombe B 114, en revanche,\u00A0devait \u00EAtre conforme \u00E0 celle des autres exemplaires. Le manteau r\u00E9cemment red\u00E9couvert \u00E0 Stockholm introduit donc un \u00E9l\u00E9ment nouveau dans la connaissance que nous avons de ces v\u00EAtements exceptionnels : la notion de \u00AB sur mesure \u00BB, d\u00E8s le tissage de la laize n\u00E9cessaire \u00E0 la confection du v\u00EAtement, qui apporte un argument suppl\u00E9mentaire \u00E0 l'hypoth\u00E8se d'une production totalement locale de ces manteaux.\nPar ailleurs, le\u00A0v\u00EAtement pr\u00E9sente une autre particularit\u00E9 que sugg\u00E8re le dessin de Jules-Paul G\u00E9rard et les\u00A0vestiges conserv\u00E9s : l'encolure n'\u00E9tait pas taill\u00E9e en carr\u00E9, comme pour les exemplaires d'Achille et de Pamias, mais en arrondi. Elle \u00E9tait compl\u00E9t\u00E9e par un mince col, cousu bord \u00E0 bord, dont subsiste un infime fragment qui a pu \u00EAtre identifi\u00E9 comme tel sans doute possible gr\u00E2ce aux directions contradictoires de\u00A0la cha\u00EEne sur le morceau provenant du manteau et sur celui correspondant au col rapport\u00E9, et gr\u00E2ce \u00E0 la pr\u00E9sence de soie couvrant les deux parties. Ce col, probablement haut de quelques centim\u00E8tres\u00A0seulement, par comparaison avec celui d'Achille, devait tourner autour de l'encolure puis venir mourir, du c\u00F4t\u00E9 droit,\u00A0\u00E0 l'endroit o\u00F9 le grand revers,\u00A0en se rabattant vers l'\u00E9paule, formait un pli pour d\u00E9couvrir sa partie interne, et, du c\u00F4t\u00E9 gauche, \u00E0 la naissance du petit revers.\nPour le reste, les modes de patronage, de d\u00E9coupe, de confection et de d\u00E9coration du manteau sont conformes \u00E0 ce qui a pu \u00EAtre observ\u00E9 sur les exemplaires les plus complets. Lui aussi a \u00E9t\u00E9 taill\u00E9 dans une toile fine (7-8 fils au centim\u00E8tre pour 30-32 coups au centim\u00E8tre). Les manteaux d'Achille et de Pamias sont taill\u00E9s dans des toiles encore plus fines (Achille : 11-14 fils au centim\u00E8tre, 30-40 coups au centim\u00E8tre ; Pamias : 13-16 fils au centim\u00E8tre, 26-30 coups au centim\u00E8tre). Seul le manteau de l'occupante de la tombe B 417 (inv. MT 2013.0.22) pr\u00E9sente une qualit\u00E9 encore sup\u00E9rieure (18-19 fils au centim\u00E8tre, 48 coups au centim\u00E8tre). La laize a \u00E9t\u00E9 teinte en pi\u00E8ce, et gratt\u00E9e sur les deux faces, probablement \u00E0 l'aide de chardons.\nLes longues manches, qui pendaient de part et d'autre du corps une fois le manteau pos\u00E9 sur les \u00E9paules, ont \u00E9t\u00E9 taill\u00E9es dans le droit fil de l'\u00E9toffe. En r\u00E9alisant son plan de d\u00E9coupe, le tailleur les a situ\u00E9es dans la place lib\u00E9r\u00E9e par les \u00E9chancrures concaves du dos, afin d'\u00E9conomiser les chutes de tissu.\u00A0Il a plac\u00E9 les emmanchures le long des lisi\u00E8res, en centrant l'encolure au milieu de la laize. Il a trac\u00E9 le patron du manteau, en trois pi\u00E8ces principales, la premi\u00E8re comprenant l'avant, l'\u00E9paulement et l'arri\u00E8re du manteau, les deux autres constituant les manches. Les deux pans avant du manteau, sous l'emmanchure, pr\u00E9sentent une \u00E9chancrure convexe qui \u00E9tait destin\u00E9e \u00E0 se rabattre sur les \u00E9chancrures concaves du dos.\u00A0Ainsi, le manteau \u00E9tait-il ajust\u00E9 aux \u00E9paules, cintr\u00E9 \u00E0 la taille et \u00E9vas\u00E9 dans le bas.\nLe tailleur proc\u00E9dait alors \u00E0 la d\u00E9coupe de ce patron. L'ouverture avant et l'encolure, en revanche, n'\u00E9taient pas encore d\u00E9coup\u00E9es, afin de faciliter l'assemblage des diff\u00E9rentes parties du v\u00EAtement.\nUn repli de couture de quelques millim\u00E8tres\u00A0permettait d'ourler les parties destin\u00E9es \u00E0 \u00EAtre assembl\u00E9es.\u00A0Sur la courbe convexe des pans avant, il est tourn\u00E9 vers l'int\u00E9rieur, tandis qu'il\u00A0devait \u00EAtre tourn\u00E9 vers l'ext\u00E9rieur sur la courbe concave des pans arri\u00E8re. L'assemblage \u00E9tait r\u00E9alis\u00E9 \u00E9toffe contre \u00E9toffe, au moyen d'un point de surjet, au fil de lin retors Z de deux bouts S. Les assemblages, volumineux du fait des replis de couture, \u00E9taient dissimul\u00E9s par l'application de bandes de soieries que l'arch\u00E9ologue appelle \u00AB cache-coutures \u00BB dans ses publications.\u00A0Le grand pan avant gauche du manteau\u00A0en a conserv\u00E9 des traces importantes.\nUne fois le v\u00EAtement assembl\u00E9 dans le dos, les manches pouvaient \u00EAtre mont\u00E9es.\nLes tubes des manches \u00E9taient referm\u00E9s par une couture \u00E9toffe contre \u00E9toffe, dissimulant dans l'assemblage le rentr\u00E9 tourn\u00E9 vers l'ext\u00E9rieur d'un c\u00F4t\u00E9, vers l'int\u00E9rieur de l'autre. Le tube des emmanchures, \u00E9galement \u00E9tait referm\u00E9 de la m\u00EAme mani\u00E8re, afin de permettre l'ajustement des manches. Ces derni\u00E8res comportaient, sur le bord qui se fixait \u00E0 l'emmanchure, un repli plus large.\u00A0Les emmanchures, elles, ne poss\u00E9daient pas de repli, puisqu'elles int\u00E9graient les lisi\u00E8res renforc\u00E9es de la laize, compos\u00E9es de deux cordelines. Les manches \u00E9taient cousues aux emmanchures, bord \u00E0 bord, au moyen d'un point de surjet. C'est ce que tente de d\u00E9crire Jules-Paul G\u00E9rard par l'indication \u00AB un ourlet borde les parties assembl\u00E9es par les coutures. Les 2 ourlets sont cousus face \u00E0 face. \u00BB\nLe tailleur proc\u00E9dait alors \u00E0 la grande d\u00E9coupe avant, le pan gauche ne comportant pas de revers, celui de droite, un grand revers destin\u00E9 \u00E0 s'ouvrir naturellement quand le manteau \u00E9tait port\u00E9. Il terminait par l'encolure arrondie. Les bords de cette d\u00E9coupe avant \u00E9taient ourl\u00E9s d'un repli tourn\u00E9 vers l'ext\u00E9rieur. Le col,\u00A0une languette d\u00E9coup\u00E9e dans les chutes de la laize, \u00E9tait cousu bord \u00E0 bord le long de l'ouverture circulaire de l'encolure.\nLa derni\u00E8re op\u00E9ration consistait\u00A0\u00E0 appliquer les soieries sur le manteau. Elles \u00E9taient d\u00E9coup\u00E9es en bandes plus ou moins larges, en fonction de leur emplacement. Le long des bords du manteau, les bandes mesuraient environ\u00A0huit centim\u00E8tres de large. Elles \u00E9taient mont\u00E9es \u00E0 cheval, emprisonnant le repli de couture. La partie la plus large \u00E9tait situ\u00E9e \u00E0 l'ext\u00E9rieur (cinq centim\u00E8tres environ), le reste (trois centim\u00E8tres environ), vers l'int\u00E9rieur. Sur le pan gauche, au niveau du buste, une large application de soierie dessinait sur la poitrine, en miroir, la forme du revers oppos\u00E9 quand il \u00E9tait ouvert. La bande de soierie mesurait alors environ onze centim\u00E8tres de large, dix centim\u00E8tres \u00E9tant appliqu\u00E9s\u00A0sur la partie externe du manteau, un centim\u00E8tre,\u00A0en retour, sur la partie interne, qui n'avait pas vocation \u00E0 s'ouvrir et n'\u00E9tait donc pas visible. Sur la partie droite du v\u00EAtement, une bande de soierie galonnait \u00E0 l'ext\u00E9rieur toute l'ouverture, y compris le grand revers dont elle suivait la d\u00E9coupe, avec environ dix centim\u00E8tres de soie visible sous la d\u00E9coupe du revers et cinq centim\u00E8tre le long de ce dernier et jusqu'au d\u00E9part de l'encolure. Mais ce revers devait s'ouvrir quand le manteau \u00E9tait port\u00E9, en se rabattant vers l'\u00E9paule. C'est donc sa face interne qui comportait la plus large application de soierie. On trouvait \u00E9galement de larges applications de soierie en bas des manches (environ dix centim\u00E8tres), mont\u00E9e elle aussi \u00E0 cheval, et autour de l'encolure (environ quatre centim\u00E8tres). Des bandes plus \u00E9troites, enfin, \u00E9taient cousues sur les coutures du dos et des manches, pour les dissimuler.\u00A0\nComme sur les deux autres manteaux d'hommes taill\u00E9s dans des toiles fines (Achille et Pamias), la souplesse de la toile ne n\u00E9cessitait pas de lester les bords du grand revers droit de cordelettes de lin. Les exemplaires en toile plus \u00E9paisse, en laine gratt\u00E9e carmin (inv. MT 2013.0.33 et MT 2014.0.22), issu de la tombe B 148, ou en laine gratt\u00E9e turquoise, issus des tombes B 139 (inv. MT 2013.0.6)\u00A0et B 288 (inv. MT 47554), en comportent. Albert Gayet pr\u00E9cise alors que les\u00A0manteaux ont un col et des revers \u00AB gans\u00E9s et couliss\u00E9s. \u00BB Sur le manteau de l'occupant de la tombe B 114, la soierie \u00E9tait simplement appliqu\u00E9e par couture, au moyen d'un\u00A0fil de lin retors Z de 2 bouts, au point de surjet, essentiellement.\nLa datation au radiocarbone de la soierie conserv\u00E9e au mus\u00E9e du Louvre (E 29225 et MT 26812.38, cette derni\u00E8re d\u00E9pos\u00E9e\u00A0par le mus\u00E9e des Tissus) a donn\u00E9 un \u00E2ge compris entre 420 et 580. La production des manteaux en laine gratt\u00E9e s'\u00E9chelonne, en effet, majoritairement ente le Ve si\u00E8cle et le milieu du VIIe si\u00E8cle. C'est ce qu'ont r\u00E9v\u00E9l\u00E9 les datations au radiocarbone r\u00E9alis\u00E9es sur la toile du manteau d'Achille et sur les soieries qui le garnissaient\u00A0ou sur les d\u00E9pouilles du \u00AB Patricien \u00BB de Ch\u00E2teauroux et du \u00AB fonctionnaire \u00E0 la pourpre \u00BB du Palais des Beaux-Arts de Lille.\nMaximilien Durand"@fr . . . . . "0.5934"^^ . "0.5934"^^ . . . . . . . . "0.528"^^ . . . . . . "0.4033"^^ . . "0.6654"^^ . . . . "0.591"^^ . . . . "0.5026"^^ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . "0.4048"^^ . "Manteau d'homme"@fr . . . . . . . . . . .