. . . "Command\u00E9e \u00E0 Camille Pernon en 1806, en m\u00EAme temps que cinq autres meubles sans destination pr\u00E9cise, pour le palais de Versailles que l'Empereur envisageait de r\u00E9installer, la tenture de la Salle du Tr\u00F4ne, dont le mus\u00E9e des Tissus conserve une laize (inv. MT 24817)\u00A0fut livr\u00E9e en 1808 par les successeurs de Camille Pernon, Henry Ravy et Jean-Fran\u00E7ois-Zacharie Grand. Il s'agit d'un brocart or et cramoisi \u2014 fond satin cramoisi fin broch\u00E9 trois ors \u2014 avec une\u00A0composition de couronnes de feuilles de ch\u00EAne et de laurier entourant le chiffre imp\u00E9rial et la croix de la L\u00E9gion d'honneur, somm\u00E9es\u00A0d'un aigle aux ailes d\u00E9ploy\u00E9es et contenues\u00A0entre deux montants en forme de palmiers stylis\u00E9s. Le projet ayant \u00E9t\u00E9 abandonn\u00E9, le brocart resta au Garde-Meuble. En 1811, il \u00E9tait pr\u00E9vu d'utiliser un velours cramoisi pour la\u00A0Salle du Tr\u00F4ne et le meuble de brocart pour un salon de l'appartement d'honneur.\u00A0Un compl\u00E9ment d'\u00E9toffes fut alors demand\u00E9 \u00E0 \u00E0 Zacharie Grand, d\u00E9sormais associ\u00E9 \u00E0 son fr\u00E8re Jean-\u00C9tienne (dit parfois Jean-Baptiste), sous la raison commerciale \u00AB Grands fr\u00E8res \u00BB, dont la soumission du 6 juin fut accept\u00E9e par Alexandre Desmazis, administrateur du Mobilier imp\u00E9rial, et approuv\u00E9e par Pierre Daru le 16. La commande concernait\u00A0des porti\u00E8res, cantonni\u00E8res et bordures. Le mus\u00E9e des Tissus conserve le projet \u00E0 la gouache sur papier approuv\u00E9 par Alexandre\u00A0Desmazis (inv. MT 40472), ainsi que la bordure (inv. MT 24816).\u00A0La livraison eut lieu \u00E0 l'automne 1812. L'\u00E9toffe pour porti\u00E8res fut factur\u00E9e deux cent soixante quinze francs le m\u00E8tre, et celle des bordures trois cents francs, le montant total de la facture s'\u00E9levant \u00E0 trente trois mille sept cent cinquante francs. Le projet de r\u00E9installation de Versailles ayant \u00E9t\u00E9 abandonn\u00E9 \u00E0 nouveau, la totalit\u00E9 du brocart, tenture et porti\u00E8res, correspondant aux commandes de 1806 et 1811, demeura au Garde-Meuble. Les porti\u00E8res comportaient des couronnes de lauriers enfermant des abeilles pos\u00E9es sur des \u00E9toiles, avec des agrafes et des ornements, dans des compartiments form\u00E9s par des guirlandes de feuilles de ch\u00EAne. Le gouvernement de Louis XVIII, pour utiliser le meuble, souhaitait faire modifier les embl\u00E8mes imp\u00E9riaux. La maison Grand fr\u00E8res fournit un devis en 1817 pour des api\u00E8cements \u00E0 d\u00E9cor de rosaces rempla\u00E7ant le chiffre imp\u00E9rial\u00A0et les croix de la L\u00E9gion d'honneur ou de cornes d'abondance rempla\u00E7ant l'aigle, sur la tenture, de rosaces pour dissimuler les abeilles pos\u00E9es\u00A0sur des \u00E9toiles des porti\u00E8res et de feuilles de ch\u00EAne pour les abeilles des bordures.\u00A0Par ailleurs, un suppl\u00E9ment de commande, tiss\u00E9 directement avec les nouveaux motifs, fut demand\u00E9 \u00E0 Grand fr\u00E8res en 1819. Dans cette version Restauration, les bordures \u00E9taient utilis\u00E9es d\u00E8s 1820 dans la Salle des S\u00E9ances royales du Louvre, avec un damas cramoisi \u00E0 compartiments de feuilles de ch\u00EAne et \u00E9toiles. Le meuble fut\u00A0aussi utilis\u00E9 en partie aux Tuileries en 1821, dans le Pavillon de Marsan, pour le Grand Salon de la duchesse de Berry, puis en 1834, dans le Grand Salon du duc d'Orl\u00E9ans, et en 1855, dans la Salle du Tr\u00F4ne de Napol\u00E9on III.\u00A0La tenture fut aussi utilis\u00E9e au Palais archi\u00E9piscopal de Reims, en 1825, pour le Salon des Nobles de l'appartement du Roi, \u00E0 l'occasion du sacre de Charles X.\nMaximilien Durand"@fr .