. "Le dessin, sur cette laize, a \u00E9t\u00E9 con\u00E7u pour \u00EAtre raccord\u00E9, dans le cas de la confection d\u2019une robe de cour, notamment. Le d\u00E9cor est caract\u00E9ristique de l\u2019\u00E9volution dans l\u2019art de d\u00E9corer les \u00E9toffes vers 1730, o\u00F9 le traitement des motifs est plus vari\u00E9 et plus naturaliste, y compris dans le nombre et les nuances des couleurs employ\u00E9es. \nGr\u00E2ce \u00E0 l\u2019innovation introduite \u00E0 Lyon par Jean Revel (1684-1751) au d\u00E9but des ann\u00E9es 1730, appel\u00E9e \u00AB points rentr\u00E9s \u00BB ou encore \u00AB bercl\u00E9 \u00BB, qui consiste en un syst\u00E8me de s\u00E9paration des couleurs sous la forme de petites hachures horizontales qui s\u2019interp\u00E9n\u00E8trent, il est d\u00E9sormais possible de multiplier les effets. \n Le d\u00E9cor de cette laize est compos\u00E9 de deux motifs, r\u00E9p\u00E9t\u00E9s en alternance sur plusieurs registres et dispos\u00E9s en quinconce. Le premier est un cartouche rocaille form\u00E9 de concr\u00E9tions aquatiques qui \u00E9voquent des coquilles, de v\u00E9g\u00E9tation et d\u2019un vase d\u00E9versant les flots d\u2019un cours d\u2019eau glissant sous une passerelle de bois et le long d\u2019un aqueduc antique. Dans le cartouche, comme une perc\u00E9e, appara\u00EEt un paysage trait\u00E9 en cama\u00EFeu de bleu pour \u00E9voquer un lointain atmosph\u00E9rique : une maisonnette y occupe la place centrale, abrit\u00E9e par la frondaison d\u2019un arbre. \nLe second pr\u00E9sente une arche antique, habill\u00E9e de draperies et entour\u00E9e de fleurs de pavot, qui d\u00E9voile un paysage de montagnes avec une construction pourvue d\u2019une tour ronde. Compte tenu de l\u2019effet \u00AB bercl\u00E9 \u00BB identifiable sur cette laize, et au vu de son iconographie \u00E9voquant la qui\u00E9tude d\u2019une retraite (paysages sans habitants) et la r\u00E9flexion sur le temps qui passe (eau qui coule, ruines antiques, pavots presque fan\u00E9s), il est possible d\u2019attribuer sa production aux ateliers lyonnais des ann\u00E9es 1730-1735. \nOn appr\u00E9ciait, en effet, dans les premi\u00E8res ann\u00E9es du r\u00E8gne de Louis XV, les repr\u00E9sentations all\u00E9goriques traitant de la vanit\u00E9 du monde, notamment, et paradoxalement, comme un rappel destin\u00E9 aux \u00E9l\u00E9gantes, sur les \u00E9toffes de leurs \u00E9ph\u00E9m\u00E8res robes de cour.\nMaximilien Durand"@fr . . .