"20388" . . "Geai des ch\u00EAnes"@fr . . . "Geai des ch\u00EAnes"@fr . "La repr\u00E9sentation de ce geai des ch\u00EAnes (Garrulus glandarius) sur fond cr\u00E8me fait pendant \u00E0 celle d'un chardonneret \u00E9l\u00E9gant, \u00E9galement conserv\u00E9 au mus\u00E9e des Tissus (inv. MT 26813.1). L'oiseau, un passereau comme le chardonneret,\u00A0est reconnaissable \u00E0 son plumage color\u00E9 sur le corps, brun ros\u00E9 sur le dessus et brun plus clair sur le ventre, la queue fonc\u00E9e\u00A0et surtout les r\u00E9miges primaires des ailes bleu vif et noir.\u00A0Les deux tableautins ont \u00E9t\u00E9 donn\u00E9s au mus\u00E9e des Tissus en 1901 par son directeur, Antonin Terme. Par leur fond cr\u00E8me et surtout par leur sujet, ces velours sont relativement originaux dans la production de Gaspard Gr\u00E9goire (1751-1846). Ils s'inspirent des planches d'ornithologie qui furent diffus\u00E9es dans la seconde moiti\u00E9 du XVIIIe si\u00E8cle. \nGaspard Gr\u00E9goire naquit dans une famille de marchands et de fabricants d'\u00E9toffes de soie d'Aix-en-Provence. Le dessin et la gravure constituent ses premi\u00E8res activit\u00E9s artistiques connues, puisqu'il r\u00E9alise un portrait du roi Ren\u00E9 destin\u00E9 au frontispice de l'ouvrage r\u00E9dig\u00E9 par Gaspard Gr\u00E9goire p\u00E8re, intitul\u00E9 Explication des c\u00E9r\u00E9monies de la F\u00EAte-Dieu d'Aix-en-Provence, publi\u00E9 en 1777. Il grave au burin treize planches d'illustrations pour ce m\u00EAme ouvrage, d'apr\u00E8s les dessins de son fr\u00E8re Paul, tandis que son autre fr\u00E8re Louis-Denis transcrit les airs jou\u00E9s et chant\u00E9s. Le 4 juin 1777, il est admis avec deux de ses fr\u00E8res, Louis-Denis et Dominique-Alexandre, comme ma\u00EEtre, en qualit\u00E9 de fils de ma\u00EEtre, dans la corporation des marchands d'Aix, et signe parfois \u00AB Gr\u00E9goire cadet \u00BB comme mandataire de la raison sociale de la maison Gr\u00E9goire p\u00E8re et fils sur les registres de d\u00E9lib\u00E9ration du corps des marchands.\nC'est vers 1782 qu'il a l'id\u00E9e de proposer des petits tableaux de velours. Il se rend \u00E0 Lyon, vraisemblablement, pour initier les essais de son invention, consistant \u00E0 peindre sur les fils de cha\u00EEne avant le tissage afin de rendre parfaitement le model\u00E9 et les nuances du mod\u00E8le, ce que les proc\u00E9d\u00E9s de tissage ne permettaient pas d'obtenir. L'application de peinture sur les fils servant \u00E0 r\u00E9aliser le tissu lui a \u00E9t\u00E9 sugg\u00E9r\u00E9e par le proc\u00E9d\u00E9 du chinage. Elle repr\u00E9sente un exploit technique. Elle n\u00E9cessita de nombreuses tentatives avant d'atteindre la perfection qu'on lui conna\u00EEt. Gr\u00E9goire gagne donc Paris en 1785, aid\u00E9 dans ses d\u00E9marches par son ami Toussaint-Bernard \u00C9meric-David (1755-1839), juriste, homme politique et critique d'art aixois. Ce dernier avait d\u00E9j\u00E0 accueilli en 1776 le fr\u00E8re de Gaspard, Paul Gr\u00E9goire (1755-1842), jeune dessinateur et peintre sourd-muet.\nDu comte d'Angiviller, directeur et ordonnateur g\u00E9n\u00E9ral des b\u00E2timents de Sa Majest\u00E9, jardins, arts, acad\u00E9mies et manufactures royales, Gaspard Gr\u00E9goire obtient une pension et un logement dans la Galerie du Louvre. La nouveaut\u00E9 et la qualit\u00E9 des premiers velours avaient bien su convaincre le comte d'Angiviller d'encourager leur perfectionnement. Aucune autre forme de textile n'\u00E9tait parvenue \u00E0 imiter aussi parfaitement la peinture.\nMais d'Angiviller avait impos\u00E9 une condition \u00E0 son soutien : que les tableaux fussent ex\u00E9cut\u00E9s en grande taille. Gaspard Gr\u00E9goire fait venir des ouvriers de Lyon pour r\u00E9aliser le portrait de Marie-Antoinette et le tableau de fleurs qu'il s'est engag\u00E9 \u00E0 fournir. Le 22 ao\u00FBt 1786, Gr\u00E9goire adresse un m\u00E9moire \u00E0 d'Angiviller dans lequel il r\u00E9v\u00E8le que le portrait de la reine \u00AB a mal r\u00E9ussi \u00BB, et que les fleurs qui devaient suivre n'ont pas \u00E9t\u00E9 ex\u00E9cut\u00E9es. Il s'en excuse, en expliquant les difficult\u00E9s techniques et financi\u00E8res qui ont emp\u00EAch\u00E9 le succ\u00E8s de l'exp\u00E9rience. Il a alors abandonn\u00E9 le commerce familial pour se consacrer uniquement \u00E0 ce projet, et il doit r\u00E9mun\u00E9rer les ouvriers qui travaillent pour lui, payer les soies qui viennent de Lyon et du Pi\u00E9mont, les m\u00E9tiers et leur entretien. Il sollicite une somme de trois mille livres pour poursuivre ses exp\u00E9riences, qui furent infructueuses pour les tableaux en grand. Le logement dont il avait \u00E9t\u00E9 gratifi\u00E9 au Louvre lui est cependant retir\u00E9 en 1787 au profit du peintre Louis-Jean-Fran\u00E7ois Lagren\u00E9e.\nC'est \u00E0 Jean-Fran\u00E7ois de Tolozan, intendant du Commerce, que Gr\u00E9goire s'adresse d\u00E9sormais. Dans la s\u00E9ance du 28 f\u00E9vrier 1788 des d\u00E9lib\u00E9rations du Bureau du Commerce, Tolozan indique que le sieur Gr\u00E9goire a demand\u00E9 \u00AB une autorisation et des encouragements pour exercer l'art de faire en velours de petits tableaux, repr\u00E9sentant des fleurs, des paysages, des animaux et des figures \u00BB, soit, \u00AB en d\u00E9dommagement de ses d\u00E9penses consid\u00E9rables, un privil\u00E8ge exclusif de quinze ann\u00E9es pour la fabrication de ses tableaux et une somme de trente mille livres, avec en plus l'exemption de droits, tant \u00E0 la sortie qu'\u00E0 la circulation des tableaux en velours qu'il fabriquera. \u00BB Nicolas Desmarets, de l'Acad\u00E9mie royale des Sciences, et le sieur de Lausel, inspecteur ambulant des manufactures, charg\u00E9s d'examiner la nature du travail et des proc\u00E9d\u00E9s de Gr\u00E9goire, ont d\u00E9pos\u00E9 un rapport favorable, disant \u00AB que par la correction des contours et l'insensible d\u00E9gradation des nuances, le travail du sieur Gr\u00E9goire \u00E9tait, sans aucune proportion, sup\u00E9rieur \u00E0 tout ce que les fabricants de Lyon avaient fabriqu\u00E9 jusqu'\u00E0 pr\u00E9sent pour ex\u00E9cuter des fleurs et des figures en velours \u00E0 trois et quatre couleurs. \u00BB\nUn autre expert, le sieur Mathurin-Jacques Brisson, lui aussi inspecteur ambulant des manufactures, \u00E9met au contraire un rapport d\u00E9favorable. L'assembl\u00E9e soumet les divers rapports aux d\u00E9put\u00E9s du Commerce. Ceux-ci font conna\u00EEtre leur avis le 27 mai 1788, avis rappel\u00E9 \u00E0 la s\u00E9ance du 26 juin du Bureau pr\u00E9sid\u00E9 par Tolozan. Les d\u00E9put\u00E9s ne se prononcent pas affirmativement sur les proc\u00E9d\u00E9s qu'emploie Gr\u00E9goire, et pensent que son invention \u00AB tient absolument aux Arts comme la gravure et la peinture et ne peut faire article de commerce, ni \u00EAtre d'aucun secours \u00E0 nos manufactures ; qu'on ne peut accorder ce privil\u00E8ge pour neuf ans seulement, et qu'\u00E0 l'\u00E9gard des trente mille livres que demande le sieur Gr\u00E9goire, ils ne sont point d'avis de les lui accorder. \u00BB\nDans cette m\u00EAme s\u00E9ance, Desmarets soutient que ce proc\u00E9d\u00E9 : \u00AB 1 - N'est pas le chin\u00E9, puisqu'on nue. 2 - Ce n'est pas la tire, puisque l'envers pr\u00E9sente des couleurs pareilles. 3 - Ce n'est pas un simple dessin, puisqu'il ne faut que le temps de fabriquer le velours pour passer d'une grandeur \u00E0 une autre. 4 - Ce n'est pas impression, car pour imprimer il faut des couleurs emp\u00E2t\u00E9es qui arr\u00EAteraient l'ex\u00E9cution des tissus. Ce n'est donc pas ce qu'on conna\u00EEt d\u00E9j\u00E0, mais une invention heureuse, \u00E0 en juger par les r\u00E9sultats. \u00BB L'Assembl\u00E9e d\u00E9cide donc d'accorder le privil\u00E8ge de quinze ans et douze mille livres, sous condition pour Gr\u00E9goire de faire la preuve qu'il n'emploie ni la tire ni le chin\u00E9, \u00E0 l'effet de quoi il sera tenu d'ex\u00E9cuter en pr\u00E9sence des sieurs Desmarets et Abeille, inspecteurs g\u00E9n\u00E9raux du Commerce et des Manufactures, la fabrication de ses ouvrages et de donner par \u00E9crit son proc\u00E9d\u00E9, pour \u00AB ledit proc\u00E9d\u00E9 \u00EAtre rendu public \u00E0 l'expiration des quinze ann\u00E9es. \u00BB Le 12 juillet 1788 est rendu en sa faveur l'arr\u00EAt d\u00E9finitif lui accordant le privil\u00E8ge et les douze mille livres.\nGr\u00E9goire, parall\u00E8lement \u00E0 sa production de velours, m\u00E8ne des recherches sur les couleurs, dont les premiers r\u00E9sultats sont publi\u00E9s dans un opuscule intitul\u00E9 M\u00E9moire sur la couleur des bulles de savon suivi de quelques observations particuli\u00E8res sur l'\u00E9vaporation de l'eau et sur les propri\u00E9t\u00E9s des couleurs, qui concourut pour le prix propos\u00E9 par l'Acad\u00E9mie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, publi\u00E9 \u00E0 Londres et Paris en janvier 1789. Pour donner plus de diffusion \u00E0 ses velours peints et en tirer quelque b\u00E9n\u00E9fice, il fait para\u00EEtre quelques encarts publicitaires dans le Journal de Paris et la Gazette de France en janvier 1790. Les velours ornent alors le couvercle de bibelots, bo\u00EEtes ou bonbonni\u00E8res, ou sont mont\u00E9s en m\u00E9daillons. La Gazette de France du 5 janvier 1790 indique, par exemple : \u00AB Nous nous empressons d'annoncer une d\u00E9couverte tr\u00E8s int\u00E9ressante du sieur Gr\u00E9goire ; elle consiste \u00E0 ex\u00E9cuter, sur les m\u00E9tiers, des tableaux en velours de soie dont le fini \u00E9gale celui des peintures les plus soign\u00E9es. La perfection de ce nouveau genre est faite pour surprendre \u00E9galement les amateurs de m\u00E9canique et de peinture. On observera ais\u00E9ment que les sujets de ces tableaux sont ex\u00E9cut\u00E9s en m\u00EAme temps que l'\u00E9toffe ; les couleurs en sont tr\u00E8s solides, elles craindraient seulement d'\u00EAtre mouill\u00E9es, mais elles supportent le frottement m\u00EAme tr\u00E8s fort d'un linge sur l'\u00E9toffe sans \u00EAtre enlev\u00E9es. Le sieur Gr\u00E9goire a \u00E9t\u00E9 admis \u00E0 faire hommage \u00E0 Leurs Majest\u00E9s des premiers ouvrages qu'il a perfectionn\u00E9s depuis l'\u00E9poque o\u00F9 il a re\u00E7u du Roi et du Gouvernement des faveurs qui l'ont encourag\u00E9. Ces nouveaux objets seront vendus au Palais-Royal, au prix fixe n\u00B0 9, o\u00F9 on les verra. Ils sont mont\u00E9s en bo\u00EEtes, bonbonni\u00E8res et m\u00E9daillons. \u00BB\nEn ao\u00FBt 1790, Gaspard Gr\u00E9goire fait partie du groupe d'artistes et d'inventeurs qui se r\u00E9unissent pour solliciter de l'Assembl\u00E9e nationale quelque d\u00E9cret favorable aux propri\u00E9t\u00E9s industrielles, et une l\u00E9gislation \u00E0 peu pr\u00E8s conforme \u00E0 celle des patentes anglaises. Ils adressent une p\u00E9tition au Comit\u00E9 d'agriculture et de commerce de la Constituante, qui d\u00E9boucha sur l'adoption par l'Assembl\u00E9e d'un d\u00E9cret, le 30 d\u00E9cembre 1790, consacrant la propri\u00E9t\u00E9 des inventeurs et promulgu\u00E9 le 7 janvier 1791 comme \u00AB loi relative aux d\u00E9couvertes utiles et aux moyens d'en assurer la propri\u00E9t\u00E9 \u00E0 ceux qui seront reconnus en \u00EAtre les auteurs. \u00BB Le m\u00EAme jour, avec quarante-six autres, Gaspard Gr\u00E9goire est signataire de l'acte de constitution de la Soci\u00E9t\u00E9 nationale des inventions et d\u00E9couvertes. La Soci\u00E9t\u00E9, \u00E0 la fin de l'ann\u00E9e 1793, r\u00E9pond \u00E0 la circulaire du Comit\u00E9 de Salut public du 23 brumaire an II (13 novembre 1793) qui demandait aux soci\u00E9t\u00E9s populaires d'indiquer \u00AB la liste des citoyens qui sont les plus propres \u00E0 remplir les fonctions publiques dans tous les genres. \u00BB Gaspard Gr\u00E9goire, alors domicili\u00E9 au 33, rue Grenelle Saint-Honor\u00E9, \u00AB m\u00E9chanicien \u00BB de son \u00E9tat, \u00AB inventeur des tableaux en velours ; auteur d'un m\u00E9moire imprim\u00E9 sur les couleurs des bulles de savon \u00BB, se d\u00E9clare \u00AB propre \u00E0 la fabrication des \u00E9toffes de soye, ou \u00E0 des parties d'administration relatives \u00E0 la comptabilit\u00E9. \u00BB\nCette m\u00EAme ann\u00E9e 1793, il fait para\u00EEtre une r\u00E9clame pour ses velours dans L'Almanach sous verre. En 1798, il se pr\u00E9sente comme \u00AB fabricant de portraits en velours \u00BB, et il est domicili\u00E9 12, rue Neuve-des-Petits-Champs. Pendant le Directoire et le Consulat, la famille Gr\u00E9goire ayant vu sa fortune tr\u00E8s \u00E9branl\u00E9e par la R\u00E9volution \u2014 la maison de commerce n'existait plus, la famille \u00E9tait dispers\u00E9e et Gaspard Gr\u00E9goire p\u00E8re \u00E9tait mort en 1795 \u2014, Gaspard Gr\u00E9goire s'associe \u00E0 son fr\u00E8re Dominique pour des affaires financi\u00E8res, men\u00E9es en collaboration avec leur ami \u00C9meric-David. Mais il n'abandonne pas ses recherches et d\u00E9pose en 1800 une demande de brevet de quinze ans pour une nouvelle d\u00E9couverte \u00AB d'\u00E9toffes ou tissus circulaires, plans et autres formes \u00E0 lisi\u00E8res ou \u00E0 fonds in\u00E9gaux, qu'il nomme tournoises. Lesdites \u00E9toffes applicables \u00E0 beaucoup d'objets, principalement de parures et ornements pour hommes et pour femmes, de m\u00EAme que pour meubles. \u00BB Le brevet en r\u00E8gle lui est d\u00E9livr\u00E9 en 1801 (le 2 niv\u00F4se an IX ; il est proclam\u00E9 \u00E0 la date du 23 prairial an IX). Gr\u00E9goire d\u00E9pose en 1802 une demande de certificat d'addition et de perfectionnement (le 22 vent\u00F4se an X), et un second brevet de quinze ans en 1806 pour la fabrication des tournoises, accord\u00E9 \u00E9galement (le 2 niv\u00F4se an XIV). En 1802, il fonde la soci\u00E9t\u00E9 Gr\u00E9goire et Cie avec les consorts Huard, qui exploite la fabrication des tournoises, dont un exemplaire, seulement, semble avoir \u00E9t\u00E9 identifi\u00E9. Il est conserv\u00E9 au mus\u00E9e des Tissus (inv. MT 37125).\nLes cr\u00E9ations de Gr\u00E9goire int\u00E9ressent le gouvernement imp\u00E9rial. \u00C0 partir de 1804, Gaspard Gr\u00E9goire obtient de Jean-Antoine Chaptal, ministre de l'Int\u00E9rieur, un logement qu'il occupera jusqu'\u00E0 la fin de ses jours \u00E0 l'H\u00F4tel de Mortagne au 47, rue de Charonne, annexe du Conservatoire des Arts et M\u00E9tiers. Il le partage avec le fileur John Milne. \u00C0 partir de 1806, Gaspard Gr\u00E9goire obtient les distinctions qu'il avait tant esp\u00E9r\u00E9es. Ses velours, pr\u00E9sent\u00E9s \u00E0 la Soci\u00E9t\u00E9 d'encouragement pour l'industrie nationale, font l'objet d'un rapport \u00E9logieux. \u00AB Pour tenter une pareille entreprise, il ne suffisait pas de conna\u00EEtre \u00E0 fond les divers syst\u00E8mes des machines \u00E0 tisser, il fallait encore \u00EAtre instruit des proc\u00E9d\u00E9s de la teinture et pouvoir assez bien peindre pour juger de l'exactitude d'une imitation ; M. Gr\u00E9goire poss\u00E8de ces divers talents, et ses succ\u00E8s prouvent combien la r\u00E9union des arts et des sciences exactes est favorable aux progr\u00E8s de l'industrie. \u00BB S'ensuit une lettre flatteuse du ministre de l'Int\u00E9rieur, qui lui fait part de son int\u00E9r\u00EAt pour ses inventions. En juillet 1807, la Soci\u00E9t\u00E9 d'encouragement pour l'industrie nationale d\u00E9cerne une m\u00E9daille d'argent de premi\u00E8re classe \u00E0 \u00AB Monsieur Gr\u00E9goire, \u00E0 Paris, (qui) est parvenu \u00E0 tisser des tableaux en velours avec une correction et une perfection qu'il ne paraissait pas possible d'atteindre ; l'imitation est plus parfaite que dans aucun autre tissu. \u00BB Mais Gr\u00E9goire ne fut jamais honor\u00E9 que d'une seule commande du Garde-Meuble, pass\u00E9e en 1813 : il s'agit de velours pour une garniture de si\u00E8ge pr\u00E9vue pour le Roi de Rome \u2014 de petites dimensions, donc \u2014 \u00E0 Rambouillet. Livr\u00E9s apr\u00E8s la chute de l'Empire, en 1816, ils ne furent jamais utilis\u00E9s. Ils sont conserv\u00E9s au Mobilier national et au mus\u00E9e des Tissus (inv. GMMP 773).\nEn 1813, \u00E9galement, la Soci\u00E9t\u00E9 d'encouragement pour l'industrie nationale salue le travail qu'il a accompli en publiant, en 1812, une Table des Couleurs qui pr\u00E9sente mille trois cent cinquante teintes gradu\u00E9es dispos\u00E9es en cercle chromatique et obtenues par le m\u00E9lange et la combinaison des couleurs \u00AB primitives \u00BB ou \u00AB franches. \u00BB La Soci\u00E9t\u00E9 souligne aussi la qualit\u00E9 d'un \u00AB portrait de Sa Majest\u00E9 l'Empereur ex\u00E9cut\u00E9 en velours, un des ouvrages les plus remarquables qui soient sortis des ateliers de ce fabricant ; on ne sait ce que l'on doit le plus admirer dans ce portrait, ou de la parfaite ressemblance, ou de la mani\u00E8re ing\u00E9nieuse dont les couleurs y sont m\u00E9lang\u00E9es. \u00BB\n\u00C0 l'Exposition des produits de l'industrie fran\u00E7aise de 1819, il obtient une m\u00E9daille d'argent pour la reproduction en velours de la nature morte de Jan Van Huysum Corbeille de fleurs sur une table de marbre (inv. MT 1146). La Soci\u00E9t\u00E9 pour l'encouragement de l'industrie nationale, le 18 avril 1821, trouve le tableau de fleurs \u00AB d'une rare perfection. \u00BB Gr\u00E9goire le pr\u00E9sente donc \u00E0 l'Exposition de 1823. Il obtient un rappel de m\u00E9daille d'argent. En 1839, Gr\u00E9goire publie ou r\u00E9\u00E9dite plusieurs ouvrages sur les couleurs. Il meurt en 1846, \u00E2g\u00E9 de quatre-vingt-quinze ans. La l\u00E9gende veut qu'il ait br\u00FBl\u00E9, quelques jours avant de mourir, tous les documents relatifs \u00E0 son proc\u00E9d\u00E9 de fabrication des velours.\nEn 1908, l'\u00E9tude d'Henri Algoud sur les velours Gr\u00E9goire a permis de lever une partie du myst\u00E8re qui entourait leur mise en \u0153uvre. On sait gr\u00E2ce \u00E0 elle comment l'inventeur int\u00E9grait la notion de production de petite s\u00E9rie pour assurer la diffusion de ses pi\u00E8ces. L'\u00E9tude syst\u00E9matique de l'importante collection du mus\u00E9e des Tissus a permis de pr\u00E9ciser encore les \u00E9tapes de la fabrication de ces velours.\nIl s'agit de velours unis simple corps. C'est la cha\u00EEne poil qui porte la couleur. La pr\u00E9paration de cette cha\u00EEne avant le tissage exige plusieurs \u00E9tapes longues et minutieuses. Tout d'abord, on ex\u00E9cute un \u00AB premier tiss\u00E9 \u00BB, soit un taffetas tr\u00E8s peu serr\u00E9 en trame, avec la cha\u00EEne poil d'une tr\u00E8s forte densit\u00E9 et une trame de fond non d\u00E9finitive (de cinq \u00E0 six coups au centim\u00E8tre). La cha\u00EEne poil mesure cinq \u00E0 sept fois plus que le tissu d\u00E9finitif, puisqu'elle sera diminu\u00E9e, au cours du tissage, par l'introduction des fers qui constituent le velours. Afin d'\u00E9viter de peindre un motif trop anamorphos\u00E9, Gaspard Gr\u00E9goire a l'id\u00E9e de multiplier le nombre de fils de cha\u00EEne en largeur en les groupant par quatre \u00E0 six. Ainsi pr\u00E9pare-t-il en une fois les cha\u00EEnes de quatre \u00E0 six tableaux identiques.\nLe premier tiss\u00E9 est ensuite tendu sur un ch\u00E2ssis. Le peintre fait ensuite des rep\u00E9rages du contour du dessin sur les fils de cha\u00EEne en pla\u00E7ant son esquisse initiale derri\u00E8re, comme pour un carton de tapisserie. L'image est peinte, en partant des tons les plus fonc\u00E9s vers les tons les plus clairs. Le pinceau doit \u00EAtre assez mouill\u00E9 pour bien faire p\u00E9n\u00E9trer la couleur. En effet, une fois le velours coup\u00E9, c'est la coupe transversale de la fibre qui va appara\u00EEtre \u00E0 la surface du tissu. Elle doit \u00EAtre r\u00E9guli\u00E8rement color\u00E9e pour \u00E9viter l'effet de blanchiment. Les fils de soie devaient \u00EAtre pr\u00E9par\u00E9s pour s'impr\u00E9gner plus facilement de la couleur. De la m\u00EAme mani\u00E8re, la peinture devait ensuite \u00EAtre fix\u00E9e, mais on ignore les recettes du fabricant. Le mus\u00E9e des Tissus conserve un \u00AB premier tiss\u00E9 \u00BB de la main de Gr\u00E9goire (inv. MT 1150), qui montre une partie de ces \u00E9tapes pr\u00E9paratoires.\nLe \u00AB premier tiss\u00E9 \u00BB \u00E9tait ensuite d\u00E9tiss\u00E9 pour permettre le montage de la cha\u00EEne poil sur le m\u00E9tier \u00E0 velours. La plupart des velours de Gaspard Gr\u00E9goire sont tiss\u00E9s en serg\u00E9 de 3 lie 1, cha\u00EEne, direction Z, par un et deux coups, mais quelques-uns pr\u00E9sentent \u00E9galement un fond taffetas. La proportion des cha\u00EEnes est g\u00E9n\u00E9ralement de deux \u00E0 quatre fils pi\u00E8ces pour un fil poil multiple. On ne conna\u00EEt qu'un seul exemplaire de velours fris\u00E9 (inv. MT 25424), tous les autres sont des velours coup\u00E9s, qui se distinguent par une tr\u00E8s forte densit\u00E9 de poil, puisqu'on compte dix-huit \u00E0 vingt-et-un fers velours au centim\u00E8tre, ce qui est consid\u00E9rable. Les plus denses sont des portraits, celui de Napol\u00E9on Ier en uniforme de colonel des chasseurs \u00E0 cheval de la Garde imp\u00E9riale (inv. MT 25713 et MT 30978) et celui du duc d'Angoul\u00EAme (inv. MT 26983). Gr\u00E9goire devait utiliser des fers particuli\u00E8rement fins pour \u00EAtre ins\u00E9r\u00E9s en si grand nombre. Ils \u00E9taient aussi peu \u00E9lev\u00E9s pour \u00E9viter un trop grand embuvage de la cha\u00EEne poil.\nLe choix des sujets trait\u00E9s par Gaspard Gr\u00E9goire r\u00E9v\u00E8le surtout la volont\u00E9 de s\u00E9duire une client\u00E8le. Les inspirations du fabricant se laissent facilement cerner : elles correspondent aux images en vogue sous l'Empire et la Restauration, surtout. Elles \u00E9taient toutes largement connues par le biais de la gravure. Les dimensions des velours cantonnaient le fabricant \u00E0 des sujets anecdotiques, emprunt\u00E9s \u00E0 Greuze (inv. MT 1145, SN Ua 18, MT 44237 et MT 44238), \u00E0 de petits tableaux religieux d'apr\u00E8s Rapha\u00EBl (inv. MT 1142, MT 27114 et MT 30221), Giovanni Battista Salvi (Il Sassoferrato) (inv. MT 1141) ou Philippe de Champaigne (inv. MT 27095 et MT 30021), ou \u00E0 des natures mortes d'apr\u00E8s Jan Van Huysum ou Antoine Berjon (inv. MT 2899). Gr\u00E9goire traita aussi de nombreux sujets dans le go\u00FBt pomp\u00E9ien (inv. MT 14601, MT 14602, MT 30220 et MT 50694). La Marchande d'Amours (inv. MT 1147 et MT 30979) fut ex\u00E9cut\u00E9e d'apr\u00E8s une fresque d\u00E9couverte \u00E0 Stabies en 1759, qui inspira le c\u00E9l\u00E8bre tableau de Joseph-Marie Vien en 1763. La gracieuse s\u00E9rie des Heures d'apr\u00E8s Rapha\u00EBl (inv. MT 27392, MT 26270.2, MT 26270.1, MT 1144, MAD 2303.2, MT 1143, MT 30004, MAD 2303.1, MT 30219 et MT 29981), pastiche n\u00E9oclassique des compositions de Rapha\u00EBl ou de son \u00E9cole et de motifs arch\u00E9ologiques, a probablement \u00E9t\u00E9 ex\u00E9cut\u00E9e d'apr\u00E8s les gravures en couleur de Philibert-Louis Debucourt, publi\u00E9es en 1804. \nEnfin, il s'illustre tout particuli\u00E8rement dans le genre du portrait, et il s'adapte \u00E0 l'actualit\u00E9 politique. S'il est ais\u00E9 de reconna\u00EEtre les mod\u00E8les trait\u00E9s par Gr\u00E9goire, il est plus difficile d'\u00E9tablir avec certitude la chronologie des velours. Seules la commande pour Rambouillet, pass\u00E9e en 1813 et livr\u00E9e en 1816, et la Corbeille de fleurs pr\u00E9sent\u00E9e \u00E0 l'Exposition de 1819 sont pr\u00E9cis\u00E9ment dat\u00E9es. La s\u00E9rie des portraits \u2014 Louis XVI (inv. MT 24584), Napol\u00E9on Bonaparte puis Napol\u00E9on Ier (inv. MT 27993, MT 25713, MT 30978, MT 23189 et MT 26982), Pie VII (inv. MT 26623), la duchesse (inv. MT 2074) et le duc d'Angoul\u00EAme (inv. MT 26983), Louis XVIII (inv. MT 25687) \u2014 fournit pourtant quelques jalons dans sa production.\nGaspard Gr\u00E9goire employa une grande partie de son existence \u00E0 perfectionner et \u00E0 promouvoir son proc\u00E9d\u00E9. Paradoxalement, on reprocha tout \u00E0 la fois \u00E0 ses velours de ne pouvoir s'inscrire dans le champ de la production artistique, \u00E0 cause de leurs dimensions, et de tenir \u00AB absolument aux Arts comme la gravure et la peinture et (de) ne (pouvoir) faire article de commerce, ni d'\u00EAtre d'aucun secours \u00E0 nos manufactures. \u00BB\nMaximilien Durand"@fr . . . . . . . . "0.61449998617172241211"^^ . . . . . "La repr\u00E9sentation de ce geai des ch\u00EAnes (Garrulus glandarius) sur fond cr\u00E8me fait pendant \u00E0 celle d'un chardonneret \u00E9l\u00E9gant, \u00E9galement conserv\u00E9 au mus\u00E9e des Tissus (inv. MT 26813.1). L'oiseau, un passereau comme le chardonneret,\u00A0est reconnaissable \u00E0 son plumage color\u00E9 sur le corps, brun ros\u00E9 sur le dessus et brun plus clair sur le ventre, la queue fonc\u00E9e\u00A0et surtout les r\u00E9miges primaires des ailes bleu vif et noir.\u00A0Les deux tableautins ont \u00E9t\u00E9 donn\u00E9s au mus\u00E9e des Tissus en 1901 par son directeur, Antonin Terme. Par leur fond cr\u00E8me et surtout par leur sujet, ces velours sont relativement originaux dans la production de Gaspard Gr\u00E9goire (1751-1846). Ils s'inspirent des planches d'ornithologie qui furent diffus\u00E9es dans la seconde moiti\u00E9 du XVIIIe si\u00E8cle. \nGaspard Gr\u00E9goire naquit dans une famille de marchands et de fabricants d'\u00E9toffes de soie d'Aix-en-Provence. Le dessin et la gravure constituent ses premi\u00E8res activit\u00E9s artistiques connues, puisqu'il r\u00E9alise un portrait du roi Ren\u00E9 destin\u00E9 au frontispice de l'ouvrage r\u00E9dig\u00E9 par Gaspard Gr\u00E9goire p\u00E8re, intitul\u00E9 Explication des c\u00E9r\u00E9monies de la F\u00EAte-Dieu d'Aix-en-Provence, publi\u00E9 en 1777. Il grave au burin treize planches d'illustrations pour ce m\u00EAme ouvrage, d'apr\u00E8s les dessins de son fr\u00E8re Paul, tandis que son autre fr\u00E8re Louis-Denis transcrit les airs jou\u00E9s et chant\u00E9s. Le 4 juin 1777, il est admis avec deux de ses fr\u00E8res, Louis-Denis et Dominique-Alexandre, comme ma\u00EEtre, en qualit\u00E9 de fils de ma\u00EEtre, dans la corporation des marchands d'Aix, et signe parfois \u00AB Gr\u00E9goire cadet \u00BB comme mandataire de la raison sociale de la maison Gr\u00E9goire p\u00E8re et fils sur les registres de d\u00E9lib\u00E9ration du corps des marchands.\nC'est vers 1782 qu'il a l'id\u00E9e de proposer des petits tableaux de velours. Il se rend \u00E0 Lyon, vraisemblablement, pour initier les essais de son invention, consistant \u00E0 peindre sur les fils de cha\u00EEne avant le tissage afin de rendre parfaitement le model\u00E9 et les nuances du mod\u00E8le, ce que les proc\u00E9d\u00E9s de tissage ne permettaient pas d'obtenir. L'application de peinture sur les fils servant \u00E0 r\u00E9aliser le tissu lui a \u00E9t\u00E9 sugg\u00E9r\u00E9e par le proc\u00E9d\u00E9 du chinage. Elle repr\u00E9sente un exploit technique. Elle n\u00E9cessita de nombreuses tentatives avant d'atteindre la perfection qu'on lui conna\u00EEt. Gr\u00E9goire gagne donc Paris en 1785, aid\u00E9 dans ses d\u00E9marches par son ami Toussaint-Bernard \u00C9meric-David (1755-1839), juriste, homme politique et critique d'art aixois. Ce dernier avait d\u00E9j\u00E0 accueilli en 1776 le fr\u00E8re de Gaspard, Paul Gr\u00E9goire (1755-1842), jeune dessinateur et peintre sourd-muet.\nDu comte d'Angiviller, directeur et ordonnateur g\u00E9n\u00E9ral des b\u00E2timents de Sa Majest\u00E9, jardins, arts, acad\u00E9mies et manufactures royales, Gaspard Gr\u00E9goire obtient une pension et un logement dans la Galerie du Louvre. La nouveaut\u00E9 et la qualit\u00E9 des premiers velours avaient bien su convaincre le comte d'Angiviller d'encourager leur perfectionnement. Aucune autre forme de textile n'\u00E9tait parvenue \u00E0 imiter aussi parfaitement la peinture.\nMais d'Angiviller avait impos\u00E9 une condition \u00E0 son soutien : que les tableaux fussent ex\u00E9cut\u00E9s en grande taille. Gaspard Gr\u00E9goire fait venir des ouvriers de Lyon pour r\u00E9aliser le portrait de Marie-Antoinette et le tableau de fleurs qu'il s'est engag\u00E9 \u00E0 fournir. Le 22 ao\u00FBt 1786, Gr\u00E9goire adresse un m\u00E9moire \u00E0 d'Angiviller dans lequel il r\u00E9v\u00E8le que le portrait de la reine \u00AB a mal r\u00E9ussi \u00BB, et que les fleurs qui devaient suivre n'ont pas \u00E9t\u00E9 ex\u00E9cut\u00E9es. Il s'en excuse, en expliquant les difficult\u00E9s techniques et financi\u00E8res qui ont emp\u00EAch\u00E9 le succ\u00E8s de l'exp\u00E9rience. Il a alors abandonn\u00E9 le commerce familial pour se consacrer uniquement \u00E0 ce projet, et il doit r\u00E9mun\u00E9rer les ouvriers qui travaillent pour lui, payer les soies qui viennent de Lyon et du Pi\u00E9mont, les m\u00E9tiers et leur entretien. Il sollicite une somme de trois mille livres pour poursuivre ses exp\u00E9riences, qui furent infructueuses pour les tableaux en grand. Le logement dont il avait \u00E9t\u00E9 gratifi\u00E9 au Louvre lui est cependant retir\u00E9 en 1787 au profit du peintre Louis-Jean-Fran\u00E7ois Lagren\u00E9e.\nC'est \u00E0 Jean-Fran\u00E7ois de Tolozan, intendant du Commerce, que Gr\u00E9goire s'adresse d\u00E9sormais. Dans la s\u00E9ance du 28 f\u00E9vrier 1788 des d\u00E9lib\u00E9rations du Bureau du Commerce, Tolozan indique que le sieur Gr\u00E9goire a demand\u00E9 \u00AB une autorisation et des encouragements pour exercer l'art de faire en velours de petits tableaux, repr\u00E9sentant des fleurs, des paysages, des animaux et des figures \u00BB, soit, \u00AB en d\u00E9dommagement de ses d\u00E9penses consid\u00E9rables, un privil\u00E8ge exclusif de quinze ann\u00E9es pour la fabrication de ses tableaux et une somme de trente mille livres, avec en plus l'exemption de droits, tant \u00E0 la sortie qu'\u00E0 la circulation des tableaux en velours qu'il fabriquera. \u00BB Nicolas Desmarets, de l'Acad\u00E9mie royale des Sciences, et le sieur de Lausel, inspecteur ambulant des manufactures, charg\u00E9s d'examiner la nature du travail et des proc\u00E9d\u00E9s de Gr\u00E9goire, ont d\u00E9pos\u00E9 un rapport favorable, disant \u00AB que par la correction des contours et l'insensible d\u00E9gradation des nuances, le travail du sieur Gr\u00E9goire \u00E9tait, sans aucune proportion, sup\u00E9rieur \u00E0 tout ce que les fabricants de Lyon avaient fabriqu\u00E9 jusqu'\u00E0 pr\u00E9sent pour ex\u00E9cuter des fleurs et des figures en velours \u00E0 trois et quatre couleurs. \u00BB\nUn autre expert, le sieur Mathurin-Jacques Brisson, lui aussi inspecteur ambulant des manufactures, \u00E9met au contraire un rapport d\u00E9favorable. L'assembl\u00E9e soumet les divers rapports aux d\u00E9put\u00E9s du Commerce. Ceux-ci font conna\u00EEtre leur avis le 27 mai 1788, avis rappel\u00E9 \u00E0 la s\u00E9ance du 26 juin du Bureau pr\u00E9sid\u00E9 par Tolozan. Les d\u00E9put\u00E9s ne se prononcent pas affirmativement sur les proc\u00E9d\u00E9s qu'emploie Gr\u00E9goire, et pensent que son invention \u00AB tient absolument aux Arts comme la gravure et la peinture et ne peut faire article de commerce, ni \u00EAtre d'aucun secours \u00E0 nos manufactures ; qu'on ne peut accorder ce privil\u00E8ge pour neuf ans seulement, et qu'\u00E0 l'\u00E9gard des trente mille livres que demande le sieur Gr\u00E9goire, ils ne sont point d'avis de les lui accorder. \u00BB\nDans cette m\u00EAme s\u00E9ance, Desmarets soutient que ce proc\u00E9d\u00E9 : \u00AB 1 - N'est pas le chin\u00E9, puisqu'on nue. 2 - Ce n'est pas la tire, puisque l'envers pr\u00E9sente des couleurs pareilles. 3 - Ce n'est pas un simple dessin, puisqu'il ne faut que le temps de fabriquer le velours pour passer d'une grandeur \u00E0 une autre. 4 - Ce n'est pas impression, car pour imprimer il faut des couleurs emp\u00E2t\u00E9es qui arr\u00EAteraient l'ex\u00E9cution des tissus. Ce n'est donc pas ce qu'on conna\u00EEt d\u00E9j\u00E0, mais une invention heureuse, \u00E0 en juger par les r\u00E9sultats. \u00BB L'Assembl\u00E9e d\u00E9cide donc d'accorder le privil\u00E8ge de quinze ans et douze mille livres, sous condition pour Gr\u00E9goire de faire la preuve qu'il n'emploie ni la tire ni le chin\u00E9, \u00E0 l'effet de quoi il sera tenu d'ex\u00E9cuter en pr\u00E9sence des sieurs Desmarets et Abeille, inspecteurs g\u00E9n\u00E9raux du Commerce et des Manufactures, la fabrication de ses ouvrages et de donner par \u00E9crit son proc\u00E9d\u00E9, pour \u00AB ledit proc\u00E9d\u00E9 \u00EAtre rendu public \u00E0 l'expiration des quinze ann\u00E9es. \u00BB Le 12 juillet 1788 est rendu en sa faveur l'arr\u00EAt d\u00E9finitif lui accordant le privil\u00E8ge et les douze mille livres.\nGr\u00E9goire, parall\u00E8lement \u00E0 sa production de velours, m\u00E8ne des recherches sur les couleurs, dont les premiers r\u00E9sultats sont publi\u00E9s dans un opuscule intitul\u00E9 M\u00E9moire sur la couleur des bulles de savon suivi de quelques observations particuli\u00E8res sur l'\u00E9vaporation de l'eau et sur les propri\u00E9t\u00E9s des couleurs, qui concourut pour le prix propos\u00E9 par l'Acad\u00E9mie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, publi\u00E9 \u00E0 Londres et Paris en janvier 1789. Pour donner plus de diffusion \u00E0 ses velours peints et en tirer quelque b\u00E9n\u00E9fice, il fait para\u00EEtre quelques encarts publicitaires dans le Journal de Paris et la Gazette de France en janvier 1790. Les velours ornent alors le couvercle de bibelots, bo\u00EEtes ou bonbonni\u00E8res, ou sont mont\u00E9s en m\u00E9daillons. La Gazette de France du 5 janvier 1790 indique, par exemple : \u00AB Nous nous empressons d'annoncer une d\u00E9couverte tr\u00E8s int\u00E9ressante du sieur Gr\u00E9goire ; elle consiste \u00E0 ex\u00E9cuter, sur les m\u00E9tiers, des tableaux en velours de soie dont le fini \u00E9gale celui des peintures les plus soign\u00E9es. La perfection de ce nouveau genre est faite pour surprendre \u00E9galement les amateurs de m\u00E9canique et de peinture. On observera ais\u00E9ment que les sujets de ces tableaux sont ex\u00E9cut\u00E9s en m\u00EAme temps que l'\u00E9toffe ; les couleurs en sont tr\u00E8s solides, elles craindraient seulement d'\u00EAtre mouill\u00E9es, mais elles supportent le frottement m\u00EAme tr\u00E8s fort d'un linge sur l'\u00E9toffe sans \u00EAtre enlev\u00E9es. Le sieur Gr\u00E9goire a \u00E9t\u00E9 admis \u00E0 faire hommage \u00E0 Leurs Majest\u00E9s des premiers ouvrages qu'il a perfectionn\u00E9s depuis l'\u00E9poque o\u00F9 il a re\u00E7u du Roi et du Gouvernement des faveurs qui l'ont encourag\u00E9. Ces nouveaux objets seront vendus au Palais-Royal, au prix fixe n\u00B0 9, o\u00F9 on les verra. Ils sont mont\u00E9s en bo\u00EEtes, bonbonni\u00E8res et m\u00E9daillons. \u00BB\nEn ao\u00FBt 1790, Gaspard Gr\u00E9goire fait partie du groupe d'artistes et d'inventeurs qui se r\u00E9unissent pour solliciter de l'Assembl\u00E9e nationale quelque d\u00E9cret favorable aux propri\u00E9t\u00E9s industrielles, et une l\u00E9gislation \u00E0 peu pr\u00E8s conforme \u00E0 celle des patentes anglaises. Ils adressent une p\u00E9tition au Comit\u00E9 d'agriculture et de commerce de la Constituante, qui d\u00E9boucha sur l'adoption par l'Assembl\u00E9e d'un d\u00E9cret, le 30 d\u00E9cembre 1790, consacrant la propri\u00E9t\u00E9 des inventeurs et promulgu\u00E9 le 7 janvier 1791 comme \u00AB loi relative aux d\u00E9couvertes utiles et aux moyens d'en assurer la propri\u00E9t\u00E9 \u00E0 ceux qui seront reconnus en \u00EAtre les auteurs. \u00BB Le m\u00EAme jour, avec quarante-six autres, Gaspard Gr\u00E9goire est signataire de l'acte de constitution de la Soci\u00E9t\u00E9 nationale des inventions et d\u00E9couvertes. La Soci\u00E9t\u00E9, \u00E0 la fin de l'ann\u00E9e 1793, r\u00E9pond \u00E0 la circulaire du Comit\u00E9 de Salut public du 23 brumaire an II (13 novembre 1793) qui demandait aux soci\u00E9t\u00E9s populaires d'indiquer \u00AB la liste des citoyens qui sont les plus propres \u00E0 remplir les fonctions publiques dans tous les genres. \u00BB Gaspard Gr\u00E9goire, alors domicili\u00E9 au 33, rue Grenelle Saint-Honor\u00E9, \u00AB m\u00E9chanicien \u00BB de son \u00E9tat, \u00AB inventeur des tableaux en velours ; auteur d'un m\u00E9moire imprim\u00E9 sur les couleurs des bulles de savon \u00BB, se d\u00E9clare \u00AB propre \u00E0 la fabrication des \u00E9toffes de soye, ou \u00E0 des parties d'administration relatives \u00E0 la comptabilit\u00E9. \u00BB\nCette m\u00EAme ann\u00E9e 1793, il fait para\u00EEtre une r\u00E9clame pour ses velours dans L'Almanach sous verre. En 1798, il se pr\u00E9sente comme \u00AB fabricant de portraits en velours \u00BB, et il est domicili\u00E9 12, rue Neuve-des-Petits-Champs. Pendant le Directoire et le Consulat, la famille Gr\u00E9goire ayant vu sa fortune tr\u00E8s \u00E9branl\u00E9e par la R\u00E9volution \u2014 la maison de commerce n'existait plus, la famille \u00E9tait dispers\u00E9e et Gaspard Gr\u00E9goire p\u00E8re \u00E9tait mort en 1795 \u2014, Gaspard Gr\u00E9goire s'associe \u00E0 son fr\u00E8re Dominique pour des affaires financi\u00E8res, men\u00E9es en collaboration avec leur ami \u00C9meric-David. Mais il n'abandonne pas ses recherches et d\u00E9pose en 1800 une demande de brevet de quinze ans pour une nouvelle d\u00E9couverte \u00AB d'\u00E9toffes ou tissus circulaires, plans et autres formes \u00E0 lisi\u00E8res ou \u00E0 fonds in\u00E9gaux, qu'il nomme tournoises. Lesdites \u00E9toffes applicables \u00E0 beaucoup d'objets, principalement de parures et ornements pour hommes et pour femmes, de m\u00EAme que pour meubles. \u00BB Le brevet en r\u00E8gle lui est d\u00E9livr\u00E9 en 1801 (le 2 niv\u00F4se an IX ; il est proclam\u00E9 \u00E0 la date du 23 prairial an IX). Gr\u00E9goire d\u00E9pose en 1802 une demande de certificat d'addition et de perfectionnement (le 22 vent\u00F4se an X), et un second brevet de quinze ans en 1806 pour la fabrication des tournoises, accord\u00E9 \u00E9galement (le 2 niv\u00F4se an XIV). En 1802, il fonde la soci\u00E9t\u00E9 Gr\u00E9goire et Cie avec les consorts Huard, qui exploite la fabrication des tournoises, dont un exemplaire, seulement, semble avoir \u00E9t\u00E9 identifi\u00E9. Il est conserv\u00E9 au mus\u00E9e des Tissus (inv. MT 37125).\nLes cr\u00E9ations de Gr\u00E9goire int\u00E9ressent le gouvernement imp\u00E9rial. \u00C0 partir de 1804, Gaspard Gr\u00E9goire obtient de Jean-Antoine Chaptal, ministre de l'Int\u00E9rieur, un logement qu'il occupera jusqu'\u00E0 la fin de ses jours \u00E0 l'H\u00F4tel de Mortagne au 47, rue de Charonne, annexe du Conservatoire des Arts et M\u00E9tiers. Il le partage avec le fileur John Milne. \u00C0 partir de 1806, Gaspard Gr\u00E9goire obtient les distinctions qu'il avait tant esp\u00E9r\u00E9es. Ses velours, pr\u00E9sent\u00E9s \u00E0 la Soci\u00E9t\u00E9 d'encouragement pour l'industrie nationale, font l'objet d'un rapport \u00E9logieux. \u00AB Pour tenter une pareille entreprise, il ne suffisait pas de conna\u00EEtre \u00E0 fond les divers syst\u00E8mes des machines \u00E0 tisser, il fallait encore \u00EAtre instruit des proc\u00E9d\u00E9s de la teinture et pouvoir assez bien peindre pour juger de l'exactitude d'une imitation ; M. Gr\u00E9goire poss\u00E8de ces divers talents, et ses succ\u00E8s prouvent combien la r\u00E9union des arts et des sciences exactes est favorable aux progr\u00E8s de l'industrie. \u00BB S'ensuit une lettre flatteuse du ministre de l'Int\u00E9rieur, qui lui fait part de son int\u00E9r\u00EAt pour ses inventions. En juillet 1807, la Soci\u00E9t\u00E9 d'encouragement pour l'industrie nationale d\u00E9cerne une m\u00E9daille d'argent de premi\u00E8re classe \u00E0 \u00AB Monsieur Gr\u00E9goire, \u00E0 Paris, (qui) est parvenu \u00E0 tisser des tableaux en velours avec une correction et une perfection qu'il ne paraissait pas possible d'atteindre ; l'imitation est plus parfaite que dans aucun autre tissu. \u00BB Mais Gr\u00E9goire ne fut jamais honor\u00E9 que d'une seule commande du Garde-Meuble, pass\u00E9e en 1813 : il s'agit de velours pour une garniture de si\u00E8ge pr\u00E9vue pour le Roi de Rome \u2014 de petites dimensions, donc \u2014 \u00E0 Rambouillet. Livr\u00E9s apr\u00E8s la chute de l'Empire, en 1816, ils ne furent jamais utilis\u00E9s. Ils sont conserv\u00E9s au Mobilier national et au mus\u00E9e des Tissus (inv. GMMP 773).\nEn 1813, \u00E9galement, la Soci\u00E9t\u00E9 d'encouragement pour l'industrie nationale salue le travail qu'il a accompli en publiant, en 1812, une Table des Couleurs qui pr\u00E9sente mille trois cent cinquante teintes gradu\u00E9es dispos\u00E9es en cercle chromatique et obtenues par le m\u00E9lange et la combinaison des couleurs \u00AB primitives \u00BB ou \u00AB franches. \u00BB La Soci\u00E9t\u00E9 souligne aussi la qualit\u00E9 d'un \u00AB portrait de Sa Majest\u00E9 l'Empereur ex\u00E9cut\u00E9 en velours, un des ouvrages les plus remarquables qui soient sortis des ateliers de ce fabricant ; on ne sait ce que l'on doit le plus admirer dans ce portrait, ou de la parfaite ressemblance, ou de la mani\u00E8re ing\u00E9nieuse dont les couleurs y sont m\u00E9lang\u00E9es. \u00BB\n\u00C0 l'Exposition des produits de l'industrie fran\u00E7aise de 1819, il obtient une m\u00E9daille d'argent pour la reproduction en velours de la nature morte de Jan Van Huysum Corbeille de fleurs sur une table de marbre (inv. MT 1146). La Soci\u00E9t\u00E9 pour l'encouragement de l'industrie nationale, le 18 avril 1821, trouve le tableau de fleurs \u00AB d'une rare perfection. \u00BB Gr\u00E9goire le pr\u00E9sente donc \u00E0 l'Exposition de 1823. Il obtient un rappel de m\u00E9daille d'argent. En 1839, Gr\u00E9goire publie ou r\u00E9\u00E9dite plusieurs ouvrages sur les couleurs. Il meurt en 1846, \u00E2g\u00E9 de quatre-vingt-quinze ans. La l\u00E9gende veut qu'il ait br\u00FBl\u00E9, quelques jours avant de mourir, tous les documents relatifs \u00E0 son proc\u00E9d\u00E9 de fabrication des velours.\nEn 1908, l'\u00E9tude d'Henri Algoud sur les velours Gr\u00E9goire a permis de lever une partie du myst\u00E8re qui entourait leur mise en \u0153uvre. On sait gr\u00E2ce \u00E0 elle comment l'inventeur int\u00E9grait la notion de production de petite s\u00E9rie pour assurer la diffusion de ses pi\u00E8ces. L'\u00E9tude syst\u00E9matique de l'importante collection du mus\u00E9e des Tissus a permis de pr\u00E9ciser encore les \u00E9tapes de la fabrication de ces velours.\nIl s'agit de velours unis simple corps. C'est la cha\u00EEne poil qui porte la couleur. La pr\u00E9paration de cette cha\u00EEne avant le tissage exige plusieurs \u00E9tapes longues et minutieuses. Tout d'abord, on ex\u00E9cute un \u00AB premier tiss\u00E9 \u00BB, soit un taffetas tr\u00E8s peu serr\u00E9 en trame, avec la cha\u00EEne poil d'une tr\u00E8s forte densit\u00E9 et une trame de fond non d\u00E9finitive (de cinq \u00E0 six coups au centim\u00E8tre). La cha\u00EEne poil mesure cinq \u00E0 sept fois plus que le tissu d\u00E9finitif, puisqu'elle sera diminu\u00E9e, au cours du tissage, par l'introduction des fers qui constituent le velours. Afin d'\u00E9viter de peindre un motif trop anamorphos\u00E9, Gaspard Gr\u00E9goire a l'id\u00E9e de multiplier le nombre de fils de cha\u00EEne en largeur en les groupant par quatre \u00E0 six. Ainsi pr\u00E9pare-t-il en une fois les cha\u00EEnes de quatre \u00E0 six tableaux identiques.\nLe premier tiss\u00E9 est ensuite tendu sur un ch\u00E2ssis. Le peintre fait ensuite des rep\u00E9rages du contour du dessin sur les fils de cha\u00EEne en pla\u00E7ant son esquisse initiale derri\u00E8re, comme pour un carton de tapisserie. L'image est peinte, en partant des tons les plus fonc\u00E9s vers les tons les plus clairs. Le pinceau doit \u00EAtre assez mouill\u00E9 pour bien faire p\u00E9n\u00E9trer la couleur. En effet, une fois le velours coup\u00E9, c'est la coupe transversale de la fibre qui va appara\u00EEtre \u00E0 la surface du tissu. Elle doit \u00EAtre r\u00E9guli\u00E8rement color\u00E9e pour \u00E9viter l'effet de blanchiment. Les fils de soie devaient \u00EAtre pr\u00E9par\u00E9s pour s'impr\u00E9gner plus facilement de la couleur. De la m\u00EAme mani\u00E8re, la peinture devait ensuite \u00EAtre fix\u00E9e, mais on ignore les recettes du fabricant. Le mus\u00E9e des Tissus conserve un \u00AB premier tiss\u00E9 \u00BB de la main de Gr\u00E9goire (inv. MT 1150), qui montre une partie de ces \u00E9tapes pr\u00E9paratoires.\nLe \u00AB premier tiss\u00E9 \u00BB \u00E9tait ensuite d\u00E9tiss\u00E9 pour permettre le montage de la cha\u00EEne poil sur le m\u00E9tier \u00E0 velours. La plupart des velours de Gaspard Gr\u00E9goire sont tiss\u00E9s en serg\u00E9 de 3 lie 1, cha\u00EEne, direction Z, par un et deux coups, mais quelques-uns pr\u00E9sentent \u00E9galement un fond taffetas. La proportion des cha\u00EEnes est g\u00E9n\u00E9ralement de deux \u00E0 quatre fils pi\u00E8ces pour un fil poil multiple. On ne conna\u00EEt qu'un seul exemplaire de velours fris\u00E9 (inv. MT 25424), tous les autres sont des velours coup\u00E9s, qui se distinguent par une tr\u00E8s forte densit\u00E9 de poil, puisqu'on compte dix-huit \u00E0 vingt-et-un fers velours au centim\u00E8tre, ce qui est consid\u00E9rable. Les plus denses sont des portraits, celui de Napol\u00E9on Ier en uniforme de colonel des chasseurs \u00E0 cheval de la Garde imp\u00E9riale (inv. MT 25713 et MT 30978) et celui du duc d'Angoul\u00EAme (inv. MT 26983). Gr\u00E9goire devait utiliser des fers particuli\u00E8rement fins pour \u00EAtre ins\u00E9r\u00E9s en si grand nombre. Ils \u00E9taient aussi peu \u00E9lev\u00E9s pour \u00E9viter un trop grand embuvage de la cha\u00EEne poil.\nLe choix des sujets trait\u00E9s par Gaspard Gr\u00E9goire r\u00E9v\u00E8le surtout la volont\u00E9 de s\u00E9duire une client\u00E8le. Les inspirations du fabricant se laissent facilement cerner : elles correspondent aux images en vogue sous l'Empire et la Restauration, surtout. Elles \u00E9taient toutes largement connues par le biais de la gravure. Les dimensions des velours cantonnaient le fabricant \u00E0 des sujets anecdotiques, emprunt\u00E9s \u00E0 Greuze (inv. MT 1145, SN Ua 18, MT 44237 et MT 44238), \u00E0 de petits tableaux religieux d'apr\u00E8s Rapha\u00EBl (inv. MT 1142, MT 27114 et MT 30221), Giovanni Battista Salvi (Il Sassoferrato) (inv. MT 1141) ou Philippe de Champaigne (inv. MT 27095 et MT 30021), ou \u00E0 des natures mortes d'apr\u00E8s Jan Van Huysum ou Antoine Berjon (inv. MT 2899). Gr\u00E9goire traita aussi de nombreux sujets dans le go\u00FBt pomp\u00E9ien (inv. MT 14601, MT 14602, MT 30220 et MT 50694). La Marchande d'Amours (inv. MT 1147 et MT 30979) fut ex\u00E9cut\u00E9e d'apr\u00E8s une fresque d\u00E9couverte \u00E0 Stabies en 1759, qui inspira le c\u00E9l\u00E8bre tableau de Joseph-Marie Vien en 1763. La gracieuse s\u00E9rie des Heures d'apr\u00E8s Rapha\u00EBl (inv. MT 27392, MT 26270.2, MT 26270.1, MT 1144, MAD 2303.2, MT 1143, MT 30004, MAD 2303.1, MT 30219 et MT 29981), pastiche n\u00E9oclassique des compositions de Rapha\u00EBl ou de son \u00E9cole et de motifs arch\u00E9ologiques, a probablement \u00E9t\u00E9 ex\u00E9cut\u00E9e d'apr\u00E8s les gravures en couleur de Philibert-Louis Debucourt, publi\u00E9es en 1804. \nEnfin, il s'illustre tout particuli\u00E8rement dans le genre du portrait, et il s'adapte \u00E0 l'actualit\u00E9 politique. S'il est ais\u00E9 de reconna\u00EEtre les mod\u00E8les trait\u00E9s par Gr\u00E9goire, il est plus difficile d'\u00E9tablir avec certitude la chronologie des velours. Seules la commande pour Rambouillet, pass\u00E9e en 1813 et livr\u00E9e en 1816, et la Corbeille de fleurs pr\u00E9sent\u00E9e \u00E0 l'Exposition de 1819 sont pr\u00E9cis\u00E9ment dat\u00E9es. La s\u00E9rie des portraits \u2014 Louis XVI (inv. MT 24584), Napol\u00E9on Bonaparte puis Napol\u00E9on Ier (inv. MT 27993, MT 25713, MT 30978, MT 23189 et MT 26982), Pie VII (inv. MT 26623), la duchesse (inv. MT 2074) et le duc d'Angoul\u00EAme (inv. MT 26983), Louis XVIII (inv. MT 25687) \u2014 fournit pourtant quelques jalons dans sa production.\nGaspard Gr\u00E9goire employa une grande partie de son existence \u00E0 perfectionner et \u00E0 promouvoir son proc\u00E9d\u00E9. Paradoxalement, on reprocha tout \u00E0 la fois \u00E0 ses velours de ne pouvoir s'inscrire dans le champ de la production artistique, \u00E0 cause de leurs dimensions, et de tenir \u00AB absolument aux Arts comme la gravure et la peinture et (de) ne (pouvoir) faire article de commerce, ni d'\u00EAtre d'aucun secours \u00E0 nos manufactures. \u00BB\nMaximilien Durand"@fr . . . . . "0.57870000600814819336"^^ .