. "R\u00E9alis\u00E9e au moyen de deux m\u00E9caniques Jacquard de mille deux cents crochets chacune et\u00A0de cinquante-cinq mille cartons, cette laize destin\u00E9e \u00E0 une grande robe de cour, au rapport de dessin exceptionnellement\u00A0important \u2014 cent dix centim\u00E8tres de haut sur soixante-cinq centim\u00E8tres de large\u00A0\u2014 a \u00E9t\u00E9 pr\u00E9sent\u00E9e par la maison B\u00E9rard et Ferrand \u00E0 l'Exposition universelle de Paris, en 1889. Elle est comment\u00E9e par Adrien Storck, qui livre un compte rendu d\u00E9taill\u00E9 de la repr\u00E9sentation des fabricants de soierie lyonnais \u00E0 l'\u00E9v\u00E9nement parisien : \u00AB\u00A0Le gla\u00EFeul avec sa multiplicit\u00E9 de tons passant de l'or p\u00E2le au grenat fonc\u00E9 par le rouge le plus \u00E9clatant courbera \u00E9l\u00E9gamment ses branches, comme agit\u00E9 par des vents contraires ou comme, plut\u00F4t encore, un bouquet d\u00E9li\u00E9 laissant aller ses \u00E9l\u00E9ments \u00E9pars au courant d'un ruisseau capricieux. \u00BB L'auteur \u00E9voque ensuite une autre laize pr\u00E9sent\u00E9e par la m\u00EAme maison,\u00A0intitul\u00E9e Phlox\u00A0(inv. MT 24998), qui pr\u00E9sente aussi une jonch\u00E9e de fleurs trait\u00E9es au naturel, sur un fond noir cette fois.\nLes deux \u00E9toffes r\u00E9v\u00E8lent la m\u00EAme science de la composition. Les tiges fleuries s'organisent sur le fond de satin selon les m\u00EAmes principes, qui sont ceux h\u00E9rit\u00E9s des dessinateurs de la Fabrique du XVIIIe si\u00E8cle. Mais la repr\u00E9sentation des fleurs au naturel, parfaitement ma\u00EEtris\u00E9e, donne une libert\u00E9 nouvelle \u00E0 ces \u00E9toffes, con\u00E7ues pour l'habillement, et donc pour \u00EAtre appr\u00E9ci\u00E9es en mouvement.\nElles t\u00E9moignent d'un profond renouvellement dans la production des \u00E9toffes fa\u00E7onn\u00E9es que saluent tous les commentateurs de l'Exposition universelle de 1889. La maison B\u00E9rard et Ferrand, qui existe sous cette raison commerciale depuis l'association, en 1870, d'Ernest B\u00E9rard et de Pierre-Joseph Ferrand, \u00E9tablie au 2, quai de Retz, avait d\u00E9j\u00E0 \u00E9t\u00E9 r\u00E9compens\u00E9e d'une M\u00E9daille de progr\u00E8s \u00E0 l'Exposition universelle de Vienne, en 1873, et d'un Dipl\u00F4me d'honneur \u00E0 celle d'Amsterdam, en 1883. Elle triomphe \u00E0 celle de Paris, en 1889, en recevant un Grand prix.\n\u00C0 l'issue de l'Exposition, \u00C9douard Aynard, alors vice-pr\u00E9sident de la Chambre de Commerce de Lyon,\u00A0adresse une lettre circulaire aux fabricants. Il leur indique que l'Exposition lui est apparue \u00AB comme une date m\u00E9morable dans les annales de la Fabrique lyonnaise, par l'\u00E9clat qu'elle a jet\u00E9 sur notre industrie et par les progr\u00E8s qu'elle a r\u00E9v\u00E9l\u00E9s soit dans l'art du tissage, soit dans l'art appliqu\u00E9 aux \u00E9toffes de soie \u00BB ; pour cette raison, il leur demande de r\u00E9server au mus\u00E9e d'Art et d'Industrie un ou plusieurs \u00E9chantillons, les plus remarquables qui y avaient figur\u00E9. La maison B\u00E9rard et Ferrand r\u00E9pond \u00E0 cette invitation en donnant au mus\u00E9e vingt-trois laizes (inv. MT 24987 \u00E0 MT 25009).\u00A0\nMaximilien Durand"@fr . . .