"Les manchettes elles-m\u00EAmes ne sont pas d\u00E9crites par Albert Gayet dans son petit catalogue de l'exposition de 1898 au mus\u00E9e Guimet ; seule la soierie, qui \u00E9tait expos\u00E9e dans le grand meuble \u00E0 volets, a fait l'objet de toute son attention.\nLe mus\u00E9e du Louvre conserve plusieurs fragments de ces manchettes : le support en laine gratt\u00E9e (inv. E 29377 ; curieusement, la premi\u00E8re manchette est pli\u00E9e en deux dans le sens cha\u00EEne, alors que la seconde manchette est pli\u00E9e en deux dans le sens trame), une manchette de cuir, qui \u00E9tait cousue \u00E0 l'extr\u00E9mit\u00E9 de chaque manche \u00E0 l'origine, ainsi que les fragments du d\u00E9cor en soierie, d\u00E9pos\u00E9s au Louvre par le mus\u00E9e des Tissus de Lyon, appliqu\u00E9 \u00E0 l'origine sur les manchettes. Cet ensemble est tout \u00E0 fait unique par la pr\u00E9sence en particulier des manchettes de cuir dont c'est la seule attestation.\nLa manchette est de forme tubulaire (27 centim\u00E8tres de circonf\u00E9rence) avec un l\u00E9ger repli du cuir \u00E0 son extr\u00E9mit\u00E9 (sur 1,1 centim\u00E8tre) ; le mat\u00E9riau est devenu extr\u00EAmement cassant. Les traces de points de couture sont encore visibles, faiblement espac\u00E9s et tr\u00E8s r\u00E9guliers ; ils maintenaient la soierie. Le cuir pouvait en effet recevoir des applications de soierie en ornement : Albert Gayet d\u00E9crit notamment ce proc\u00E9d\u00E9 pour des chaussures ou des jambi\u00E8res (Albert Gayet, Minist\u00E8re de l'Instruction publique et des Beaux-Arts. Mus\u00E9e Guimet. Catalogue des objets recueillis \u00E0 Antino\u00E9 pendant les fouilles de 1898 et expos\u00E9s au mus\u00E9e Guimet du 22 mai au 30 juin 1898, Paris, 1898, p. 11 : \u00AB D'autres fois encore, la mule est [...] doubl\u00E9e \u00E0 l'int\u00E9rieur de soieries broch\u00E9es, ou plus modestement d'une toile de lin \u00BB ; ibid., p. 35 : \u00AB Houzeaux (sic) de cuir, brun-rouge, ayant \u00E9t\u00E9 orn\u00E9s d'une bande de soierie, dont on voit encore la trace sur le bas \u00BB).\nLe d\u00E9cor de la soierie se compose de plusieurs registres horizontaux superpos\u00E9s, sur fond bleu ou jaune fonc\u00E9 : les motifs v\u00E9g\u00E9taux ou g\u00E9om\u00E9triques (palmettes \u00E0 deux branches, losanges, cercles, \u00E9toiles \u00E0 huit branches, rosettes \u00E0 quatre p\u00E9tales) y alternent avec des motifs figur\u00E9s (f\u00E9lins assis et cravat\u00E9s, adoss\u00E9s ou affront\u00E9s, et canards). Ce r\u00E9pertoire, comme la composition, sont d'inspiration sassanide plus que byzantine, sans que le produit manufactur\u00E9 soit forc\u00E9ment d'origine \u00E9trang\u00E8re.\nDes analyses au radiocarbone sur la manchette en toile de laine et le manchon de cuir ont donn\u00E9 pour r\u00E9sultats deux fourchettes chronologiques : 430 \u00E0 590 et 400 \u00E0 550, soit une moyenne pour les deux comprise entre 420 et 550 de notre \u00E8re.\nFlorence Calament"@fr . . . .