. . "Le portrait repr\u00E9sente l'Empereur Napol\u00E9on Ier, en buste, vers la gauche, v\u00EAtu de l'uniforme de colonel des chasseurs \u00E0 cheval de la Garde imp\u00E9riale et coiff\u00E9 du bicorne. La figure et la bordure d'encadrement, une guirlande form\u00E9e d'une tresse \u00E0 deux brins marqu\u00E9e \u00E0 ses quatre angles du chiffre imp\u00E9rial, sont ex\u00E9cut\u00E9es en velours cisel\u00E9 brun fonc\u00E9 sur un fond de satin ivoire. Les r\u00E9serves qui mat\u00E9rialisent les boutons de l'uniforme, et les oppositions de plages en velours boucl\u00E9 ou fris\u00E9 dessinent l'effigie imp\u00E9riale. Le portrait a \u00E9t\u00E9 appliqu\u00E9 par broderie au point oblique, ex\u00E9cut\u00E9e avec des lames de cuivre, sur un fond de taffetas blanc.\nLe livre d'inventaire du mus\u00E9e des Tissus, r\u00E9dig\u00E9 au moment de l'acquisition de la pi\u00E8ce en 1906, attribue ce velours \u00E0 un certain Richard, dans lequel il faut reconna\u00EEtre Joseph-Beno\u00EEt Richard, dit \u00AB Richard a\u00EEn\u00E9 \u00BB.\nD\u00E8s la fin des ann\u00E9es 1760, les fr\u00E8res Richard \u00E9tablirent \u00E0 Lyon un commerce d'\u00E9toffes, sp\u00E9cialis\u00E9 dans le chinage, \u00E9tabli quai de Retz.\u00A0Joseph-Beno\u00EEt (ou Beno\u00EEt) Richard\u00A0 est m\u00EAme consid\u00E9r\u00E9 comme \u00AB l'inventeur du chinage \u00BB \u00E0 Lyon. On lit, sous la plume de Jean-Antoine-Fran\u00E7ois Ozanam, dans\u00A0l'\u00E9tude intitul\u00E9e \u00AB Origine de la soie et des \u00E9toffes fabriqu\u00E9es avec cette mati\u00E8re \u00BB\u00A0publi\u00E9e dans\u00A0La Revue du Lyonnais en 1836\u00A0: \u00AB En 1776, le S(ieu)r Richard, habile fabricant de notre ville, ayant re\u00E7u de l'Inde des taffetas chin\u00E9s par impression, con\u00E7ut l'id\u00E9e de les imiter par un autre proc\u00E9d\u00E9 qu'il inventa et ce nouveau genre d'\u00E9toffes eut une grande vogue. Bient\u00F4t, on parvint par le m\u00EAme moyen \u00E0 ex\u00E9cuter des dessins r\u00E9guliers et m\u00EAme des portraits, non seulement sur le taffetas, mais encore sur le velours. Ce genre tomba au bout de quinze ans. \u00BB L'auteur ajoute : \u00AB M. Capelin \u00E9tait renomm\u00E9 pour la solidit\u00E9 et la beaut\u00E9 de ses couleurs, surtout pour le bleu. Ce fut lui qui, avec Richard, dont nous avons parl\u00E9, trouva le moyen de teindre les cha\u00EEnes de soie par parties pour fabriquer les \u00E9toffes chin\u00E9es. \u00BB Joseph-Beno\u00EEt Richard est ma\u00EEtre-garde de la Communaut\u00E9 des teinturiers en soie, laine, coton et fil, et chineurs, en 1779.\nPierre Richard, dit \u00AB cadet \u00BB, ancien grenadier au r\u00E9giment de Normandie pendant la guerre de Sept Ans (1757), revint \u00E0 Lyon, sa patrie, en 1767, pour s'occuper de l'important atelier de chinage pour la soie \u00E9tabli quai de Retz. Les connaissances qu'il avait acquises en g\u00E9om\u00E9trie et en m\u00E9canique lui fournirent les moyens de perfectionner\u00A0cet art, et bient\u00F4t l'atelier fut le plus c\u00E9l\u00E8bre de la fabrique lyonnaise. Il se maria en 1770 \u00E0 Jeanne Gondret. Le couple n'eut qu'un enfant, Cl\u00E9mence Richard, qui, apr\u00E8s avoir \u00E9pous\u00E9 Jean-Pierre Lortet en 1791, se fera conna\u00EEtre comme une c\u00E9l\u00E8bre botaniste apr\u00E8s la R\u00E9volution.\u00A0Pierre Richard\u00A0est ma\u00EEtre-garde de la Communaut\u00E9 des teinturiers en soie, laine, coton et fil et chineurs en 1790.\nOn conna\u00EEt mal la production des fr\u00E8res Richard avant la R\u00E9volution. Le mus\u00E9e des Tissus conserve, en revanche, un assignat en \u00AB tricot \u00E0 cha\u00EEne et chin\u00E9 \u00BB (inv. MT 10127), cr\u00E9\u00E9 en 1792 gr\u00E2ce \u00E0 l'association de Claude Jolivet, fabricant de bas de soie, et de Joseph-Beno\u00EEt Richard, chineur. Il a \u00E9t\u00E9 ex\u00E9cut\u00E9 d'apr\u00E8s un proc\u00E9d\u00E9 brevet\u00E9 le 28 juillet 1791 par les sieurs Jolivet et Cochet, am\u00E9lior\u00E9 par le chinage de Richard pour r\u00E9pondre \u00E0 un concours lanc\u00E9 en 1792 par\u00A0la Direction pour la fabrication des assignats cr\u00E9\u00E9e le 13 juin 1792.\u00A0\nEn 1793, apr\u00E8s le Si\u00E8ge de Lyon, Joseph-Beno\u00EEt Richard \u00E9migre en Suisse d'abord, puis en Prusse. Il\u00A0est \u00E0 Berlin en 1794 et y d\u00E9veloppe sa sp\u00E9cialit\u00E9, les \u00E9toffes chin\u00E9es, toujours en association avec son fr\u00E8re Pierre Richard. Joseph-Beno\u00EEt Richard a probablement choisi de s'\u00E9tablir en Prusse en raison de ses affinit\u00E9s avec la franc-ma\u00E7onnerie. En 1796, quand les fabricants lyonnais qui avaient fui la Terreur revinrent \u00E0 Lyon, Joseph-Beno\u00EEt Richard reprit son activit\u00E9 et ex\u00E9cuta les premiers portraits chin\u00E9s attest\u00E9s dans l'histoire de la Fabrique. Le mus\u00E9e des Tissus conserve toute la s\u00E9rie qui a \u00E9t\u00E9 r\u00E9alis\u00E9e vers 1798,\u00A0comprenant le portrait\u00A0de Fr\u00E9d\u00E9ric le Grand (inv. MT 2161 et MT 34274.1), de Fr\u00E9d\u00E9ric-Guillaume III (inv. MT 1148) et de Louise de Prusse (inv. MT 1149 et MT 34274.4). \nLe choix des sujets ne doit pas surprendre. Le chineur \u00E9tait membre de la Loge du Parfait-Silence, s\u00E9ante \u00E0 l'Orient de Lyon. La Loge, fond\u00E9e en 1763 selon le rite \u00E9cossais, s'\u00E9tablit en 1805 aux Brotteaux. L'engagement ma\u00E7onnique de Fr\u00E9d\u00E9ric le Grand et la protection apport\u00E9e aux Loges de Prusse par son successeur expliquent le choix de ces trois personnalit\u00E9s. Par un \u00E9dit du 20 octobre 1798, Fr\u00E9d\u00E9ric-Guillaume III d\u00E9fendait les soci\u00E9t\u00E9s secr\u00E8tes dans ses \u00C9tats except\u00E9 les trois Grandes Loges de la Vieille Prusse. C'est probablement pour comm\u00E9morer cette d\u00E9cision du souverain qu'on \u00E9t\u00E9 r\u00E9alis\u00E9s les trois effigies de Fr\u00E9d\u00E9ric II, Fr\u00E9d\u00E9ric-Guillaume III et Louise de Prusse. La jeunesse des deux derniers et la coiffure de la reine semblent confirmer cette datation dans les derni\u00E8res ann\u00E9es du XVIIIe si\u00E8cle.\nDans son ouvrage intitul\u00E9 Des manufactures de soie et du m\u00FBrier publi\u00E9 \u00E0 Paris en\u00A01810, \u00C9tienne Mayet, associ\u00E9 aux Acad\u00E9mies de Lyon et de Villefranche, ancien directeur des fabriques du roi de Prusse, ancien assesseur \u00E0 la Chambre royale de Commerce et de manufactures, s\u00E9ante \u00E0 Berlin,\u00A0mentionne tout sp\u00E9cialement ces portraits :\u00A0\u00AB (...) le sieur Richard, (...) par les combinaisons les plus adroites dans l'art du chinage, est parvenu r\u00E9cemment \u00E0 repr\u00E9senter sur du velours uni des portraits et des figures d'une v\u00E9rit\u00E9 frappante. \u00BB\n\u00C0 son retour \u00E0 Lyon, Joseph-Beno\u00EEt Richard conna\u00EEt cependant de graves difficult\u00E9s financi\u00E8res, comme en t\u00E9moigne une\u00A0p\u00E9tition du Bureau consultatif du Commerce pr\u00E9sent\u00E9e au ministre de l'Int\u00E9rieur Jean-Antoine Chaptal : \u00AB Citoyen Ministre, Beno\u00EEt richard, artiste industrieux, est le cr\u00E9ateur de l'art de chiner les \u00E9toffes de soie \u00E0 Lyon. Il l'a port\u00E9 au plus haut degr\u00E9 de perfection : c'est lui qui a instruit et form\u00E9 tous les ouvriers qui s'occupent de cette partie ; la plupart sont ses gendres ou ses enfants. Une fortune ais\u00E9e fut le fruit de son travail ; il en jouissait lorsque les remboursements en assignats des capitaux qu'il avait plac\u00E9s l'ont r\u00E9duit \u00E0 la derni\u00E8re mis\u00E8re. Cet homme essentiel qui, par son industrie, fit entrer en France plus de quinze \u00E0 vingt millions de num\u00E9raire, \u00E2g\u00E9 de 75 ans, retir\u00E9 \u00E0 la campagne, d\u00E9vide la soie pour vivre, et gagne \u00E0 peine, en quinze heures de travail, la modique somme de six sous par jour. L'aspect de sa mis\u00E8re \u00E9tonne et refroidit l'ouvrier tent\u00E9 d'imaginer et de produire. Nous vous pr\u00E9sentons, citoyen Ministre, ce tableau affligeant, bien convaincus qu'il est dans votre pouvoir, et plus encore dans votre c\u0153ur, de venir au secours du malheureux qui a \u00E9t\u00E9 utile \u00E0 son pays, et qui n'a ni m\u00E9rit\u00E9 ni pu pr\u00E9voir ses malheurs. Une pension de cinq cents francs ferait vivre cet homme. Il vous b\u00E9nirait, et nous serions flatt\u00E9s de vous avoir fourni cette occasion de satisfaire votre bienfaisance. Salut et respect. Sign\u00E9 Caminet, pr\u00E9sident ; F. Landoz ; K.-F. Baye ; Clle Pernon ; Bruyset a\u00EEn\u00E9. \u00BB\u00A0\nJean-Antoine Chaptal r\u00E9pondit sur-le-champ : \u00AB Je connaissais, Citoyens, les services rendus \u00E0 la fabrique de Lyon par le cit(oyen) Beno\u00EEt Richard ; je savais qu'il avait introduit dans cette ville l'art pr\u00E9cieux de chiner les \u00E9toffes de soie ; mais j'\u00E9tais loin de penser que cet artiste si estimable, apr\u00E8s avoir enrichi sa patrie, f\u00FBt r\u00E9duit, \u00E0 l'\u00E2ge de 75 ans, \u00E0 d\u00E9vider de la soie pour fournir une p\u00E9nible existence. Il appartient au Gouvernement de r\u00E9parer, autant qu'il est en lui, l'effet malheureux des circonstances qui ont pes\u00E9 sur le cit(oyen) Richard, et je le fais inscrire pour une gratification annuelle de six cents francs, \u00E0 compter du 1er vend\u00E9miare an 10.\nJe m'estime heureux de pouvoir acquitter cette dette nationale envers un artiste aussi utile, et vous remercie de m'avoir pr\u00E9sent\u00E9 cet acte de justice. Je d\u00E9sire que vous trouviez, dans mon empressement \u00E0 r\u00E9pondre \u00E0 vos vues, une nouvelle preuve de l'int\u00E9r\u00EAt que je porte \u00E0 la fabrique de Lyon, et aux artistes qui en nourrissent la prosp\u00E9rit\u00E9. Je vous salue. Sign\u00E9 Chaptal. \u00BB\nLe 4 pluvi\u00F4se an X, Jean-Antoine Chaptal, apr\u00E8s avoir assist\u00E9 \u00E0 une s\u00E9ance de l'Ath\u00E9n\u00E9e, \u00E0 Lyon, visita quelques manufactures. Il se rendit notamment \u00AB dans l'atelier du cit(oyen) Lasalle, il combla d'\u00E9loges et de marques d'affection ce respectable vieillard, encore plein de feu, de g\u00E9nie et de sensibilit\u00E9. Sur le v\u0153u du Bureau consultatif de commerce, il accorda une gratification annuelle de 600 fr(ancs) au cit(oyen) Beno\u00EEt Richard, inventeur de l'art de chiner les \u00E9toffes.\u00A0\u00BB\nEn 1802, Joseph-Beno\u00EEt Richard fut charg\u00E9 de chiner le meuble command\u00E9 \u00E0\u00A0Camille Pernon pour la Salle des Ambassadeurs du Palais de Saint-Cloud, sur un dessin de Jean-Fran\u00E7ois Bony. Le mus\u00E9e des tissus conserve la mise en carte de ce meuble (inv. MT 40478). Elle comporte une inscription indiquant : \u00AB Mise en carte/ donn\u00E9e par Mr Richard Fils /Cette Carte chin\u00E9e par/ Mr Richard perre (sic) lui a valu une pention (sic)/ de Napol\u00E9on premier/ en 1804 \u00BB. Les collections conservent aussi une laize de ce meuble (inv. MT 24808.1) et un \u00E9l\u00E9ment de bordure (inv. MT 24808.2).\nLa r\u00E9alisation de ce meuble valut \u00E0 Joseph-Beno\u00EEt Richard une nouvelle gratification de l'Empereur.\u00A0Un compte rendu, adress\u00E9 \u00E0\u00A0Napol\u00E9on Ier\u00A0au mois de germinal an XIII, indique : \u00AB Sire, en arr\u00EAtant ses regards sur les productions les plus distingu\u00E9es de l'industrie lyonnaise, Votre Majest\u00E9 l'a d\u00E9j\u00E0 puissamment encourag\u00E9e, lui a donn\u00E9 un nouvel essor et assur\u00E9 de nouveaux succ\u00E8s. Elle a daign\u00E9 cependant conserver cette journ\u00E9e par des bienfaits multipli\u00E9s. Elle a remarqu\u00E9 le\u00A0nouveau m\u00E9tier du sieur Jacquart, qui supprime dans la fabrication des\u00A0\u00E9toffes broch\u00E9es et fa\u00E7onn\u00E9es l'emploi de la tireuse, supprime aussi une\u00A0quantit\u00E9 consid\u00E9rable de cordages et rend la fabrication beaucoup plus \u00E9conomique, invention ing\u00E9nieuse de l'artiste m\u00E9canicien le plus habile que\u00A0Lyon poss\u00E8de aujourd'hui dans son sein. Elle a daign\u00E9 lui assurer une prime\u00A0de 50 francs par chaque m\u00E9tier qu'il livrerait sans fabriquer. J'ai pens\u00E9 justement que comme ce m\u00E9tier sera bient\u00F4t d'un usage g\u00E9n\u00E9ral, il convenait\u00A0de limiter \u00E0 six ann\u00E9es la d\u00E9livrance d'une prime qui pourrait s'\u00E9lever tr\u00E8s\u00A0haut si elle restait ind\u00E9termin\u00E9e pour sa dur\u00E9e. Votre Majest\u00E9 a annonc\u00E9\u00A0l'intention de remplacer les quatre ouvriers auxquels elle avait daign\u00E9 accorder des pensions lors de son dernier passage, et qui sont morts dans l'intervalle. J'ai pris, relativement \u00E0 ce choix, l'avis de la Chambre de Commerce. Elle m'a d\u00E9sign\u00E9 d'abord Mme Lasalle, veuve d'un m\u00E9canicien c\u00E9l\u00E8bre auquel\u00A0l'ancien gouvernement avait accord\u00E9 une pension de 1500 livres, dont les\u00A0d\u00E9couvertes furent de la plus haute importance pour les fabriques lyonnaises. Elle m'a d\u00E9sign\u00E9 ensuite les fr\u00E8res Richard et Gaillard, ouvriers distingu\u00E9s, le premier comme chineur; le second pour la fabrication des \u00E9toffes\u00A0broch\u00E9es et fa\u00E7onn\u00E9es, recommandables d'ailleurs par leur \u00E2ge ou leur caract\u00E8re. Enin elle m'a entretenu du sieur Gouin p\u00E8re, teinturier d'un grand talent, auteur d'un tr\u00E8s beau noir qui porte son nom, que l'\u00E9tranger ne peut imiter, qui est tr\u00E8s pr\u00E9cieux pour nos \u00E9toffes, et dont cet artiste conserve et veut ensevelir le secret. En accordant une pension \u00E0 cet artiste, il \u00E9tait n\u00E9cessaire de s'assurer, d'une part, que son proc\u00E9d\u00E9 serait conserv\u00E9 et transmis, de l'autre, qu'il ne serait point publi\u00E9...\u00A0\u00BB Le compte rendu de la visite de Napol\u00E9on Ier et de l'imp\u00E9ratrice Jos\u00E9phine \u00E0 Lyon, en 1805, indique, en effet, que, parmi les nombreuses lib\u00E9ralit\u00E9s conc\u00E9d\u00E9es par l'Empereur \u00E0 la ville et \u00E0 ses habitants le lundi de P\u00E2ques, il accorda \u00AB une pension de cinq cents francs \u00E0 la veuve de M. de la Salle, en r\u00E9compense des inventions de feu son \u00E9poux, comme tr\u00E8s avantageuses aux fabriques de soie ; une autre de trois cents fr(ancs) au sieur Richard, chineur ; une autre de trois cents francs \u00E0 Antoine Gaillard, ouvrier en \u00E9toffes broch\u00E9es ; une autre de quatre cents francs au sieur Gonin p\u00E8re, teinturier, pour son proc\u00E9d\u00E9 relatif \u00E0 la teinture en noir ; une prime de cinquante francs \u00E0 M. Jacquard, m\u00E9canicien, pour chaque m\u00E9tier de son invention qu'il montera et mettra en activit\u00E9, pendant l'espace de six ans. \u00BB\nLa sollicitude du Premier Consul, puis de l'Empereur, explique que Joseph-Beno\u00EEt Richard s'est attach\u00E9 \u00E0 repr\u00E9senter, \u00E0 plusieurs reprises, le portrait du souverain. Le Bulletin de Lyon n\u00B0 72 (10 septembre 1806) annonce que \u00AB M. Richard, chineur, pensionn\u00E9 du Gouvernement, vient de chiner et faire fabriquer en velours-soie le portrait de S. M. l'Empereur des Fran\u00E7ais et Roi d'Italie. Au bas du m\u00E9daillon est cette inscription chin\u00E9e : Napol\u00E9on le Grand. Les personnes qui voudraient acheter des exemplaires de ce m\u00E9daillon et voir la fabrication du velours peuvent s'adresser \u00E0 M. Richard, dans son atelier, quai du Rh\u00F4ne, n\u00B0 23, au 4e \u00E9tage.\u00A0\u00BB Le mus\u00E9e des Tissus conserve un exemplaire de ce portrait chin\u00E9 de Napol\u00E9on Ier, entour\u00E9 de symboles ma\u00E7onniques (inv. MT 34255).\nCette sollicitude est encore confirm\u00E9e en 1809. Le Bulletin de Lyon n\u00B0 44 (3 juin 1809) publiait : \u00AB On a re\u00E7u \u00E0 la Pr\u00E9fecture six brevets de pension viag\u00E8re sur l'\u00E9tat, en faveur de M. Joseph-Beno\u00EEt Richard, chineur ; de M. Laurent-Andr\u00E9-Just Fornier dit Colonge, ex-inspecteur des vivres ; de Mme. Granchant, veuve Moisson ; de Mme. Chalon, veuve Michaud ; de Mme. Chevalet, veuve Beno\u00EEt ; et de Mme. Nouvellet, veuve Faucher. Ces personnes, dont on ignore le domicile, sont invit\u00E9es \u00E0 se pr\u00E9senter \u00E0 la Pr\u00E9fecture, au bureau de l'int\u00E9rieur. La remise du Brevet qui les concerne leur sera faite en repr\u00E9sentant le certificat d'inscription de la pension qui leur a \u00E9t\u00E9 accord\u00E9e. \u00BB\nIl n'est pas improbable d'imaginer\u00A0que Joseph-Beno\u00EEt Richard\u00A0\u00E9tait attach\u00E9 \u00E0 la figure de Napol\u00E9on au point d'avoir fait r\u00E9aliser, \u00E0 c\u00F4t\u00E9 des \u00E9toffes chin\u00E9es dont il avait la sp\u00E9cialit\u00E9 et qu'il continue \u00E0 produire pour honorer l'Empereur, de petits velours cisel\u00E9 \u00E0 l'effigie du \u00AB R\u00E9parateur de la Fabrique \u00BB. Le mus\u00E9e des Tissus en conserve d'ailleurs un second exemplaire, en velours cisel\u00E9 grenat sur fond bleu fonc\u00E9 (inv. MT 34254), et le mus\u00E9e d'Art et d'Industrie de Saint-\u00C9tienne, un troisi\u00E8me (inv. 2006.85.17) en soie bleu p\u00E2le sur fond bleu fonc\u00E9.\nOn ignore la date de mort de Joseph-Beno\u00EEt Richard. En 1812, il est encore mentionn\u00E9 parmi les membres de\u00A0la Loge du Parfait Silence.\u00A0\nMaximilien Durand"@fr . . . . . . . . "7069" . "Portrait de Napol\u00E9on Ier"@fr . "0.6248"^^ . . "0.6648"^^ . . . . "0.705"^^ . . . . "Portrait de Napol\u00E9on Ier"@fr . . . . . . "Le portrait repr\u00E9sente l'Empereur Napol\u00E9on Ier, en buste, vers la gauche, v\u00EAtu de l'uniforme de colonel des chasseurs \u00E0 cheval de la Garde imp\u00E9riale et coiff\u00E9 du bicorne. La figure et la bordure d'encadrement, une guirlande form\u00E9e d'une tresse \u00E0 deux brins marqu\u00E9e \u00E0 ses quatre angles du chiffre imp\u00E9rial, sont ex\u00E9cut\u00E9es en velours cisel\u00E9 brun fonc\u00E9 sur un fond de satin ivoire. Les r\u00E9serves qui mat\u00E9rialisent les boutons de l'uniforme, et les oppositions de plages en velours boucl\u00E9 ou fris\u00E9 dessinent l'effigie imp\u00E9riale. Le portrait a \u00E9t\u00E9 appliqu\u00E9 par broderie au point oblique, ex\u00E9cut\u00E9e avec des lames de cuivre, sur un fond de taffetas blanc.\nLe livre d'inventaire du mus\u00E9e des Tissus, r\u00E9dig\u00E9 au moment de l'acquisition de la pi\u00E8ce en 1906, attribue ce velours \u00E0 un certain Richard, dans lequel il faut reconna\u00EEtre Joseph-Beno\u00EEt Richard, dit \u00AB Richard a\u00EEn\u00E9 \u00BB.\nD\u00E8s la fin des ann\u00E9es 1760, les fr\u00E8res Richard \u00E9tablirent \u00E0 Lyon un commerce d'\u00E9toffes, sp\u00E9cialis\u00E9 dans le chinage, \u00E9tabli quai de Retz.\u00A0Joseph-Beno\u00EEt (ou Beno\u00EEt) Richard\u00A0 est m\u00EAme consid\u00E9r\u00E9 comme \u00AB l'inventeur du chinage \u00BB \u00E0 Lyon. On lit, sous la plume de Jean-Antoine-Fran\u00E7ois Ozanam, dans\u00A0l'\u00E9tude intitul\u00E9e \u00AB Origine de la soie et des \u00E9toffes fabriqu\u00E9es avec cette mati\u00E8re \u00BB\u00A0publi\u00E9e dans\u00A0La Revue du Lyonnais en 1836\u00A0: \u00AB En 1776, le S(ieu)r Richard, habile fabricant de notre ville, ayant re\u00E7u de l'Inde des taffetas chin\u00E9s par impression, con\u00E7ut l'id\u00E9e de les imiter par un autre proc\u00E9d\u00E9 qu'il inventa et ce nouveau genre d'\u00E9toffes eut une grande vogue. Bient\u00F4t, on parvint par le m\u00EAme moyen \u00E0 ex\u00E9cuter des dessins r\u00E9guliers et m\u00EAme des portraits, non seulement sur le taffetas, mais encore sur le velours. Ce genre tomba au bout de quinze ans. \u00BB L'auteur ajoute : \u00AB M. Capelin \u00E9tait renomm\u00E9 pour la solidit\u00E9 et la beaut\u00E9 de ses couleurs, surtout pour le bleu. Ce fut lui qui, avec Richard, dont nous avons parl\u00E9, trouva le moyen de teindre les cha\u00EEnes de soie par parties pour fabriquer les \u00E9toffes chin\u00E9es. \u00BB Joseph-Beno\u00EEt Richard est ma\u00EEtre-garde de la Communaut\u00E9 des teinturiers en soie, laine, coton et fil, et chineurs, en 1779.\nPierre Richard, dit \u00AB cadet \u00BB, ancien grenadier au r\u00E9giment de Normandie pendant la guerre de Sept Ans (1757), revint \u00E0 Lyon, sa patrie, en 1767, pour s'occuper de l'important atelier de chinage pour la soie \u00E9tabli quai de Retz. Les connaissances qu'il avait acquises en g\u00E9om\u00E9trie et en m\u00E9canique lui fournirent les moyens de perfectionner\u00A0cet art, et bient\u00F4t l'atelier fut le plus c\u00E9l\u00E8bre de la fabrique lyonnaise. Il se maria en 1770 \u00E0 Jeanne Gondret. Le couple n'eut qu'un enfant, Cl\u00E9mence Richard, qui, apr\u00E8s avoir \u00E9pous\u00E9 Jean-Pierre Lortet en 1791, se fera conna\u00EEtre comme une c\u00E9l\u00E8bre botaniste apr\u00E8s la R\u00E9volution.\u00A0Pierre Richard\u00A0est ma\u00EEtre-garde de la Communaut\u00E9 des teinturiers en soie, laine, coton et fil et chineurs en 1790.\nOn conna\u00EEt mal la production des fr\u00E8res Richard avant la R\u00E9volution. Le mus\u00E9e des Tissus conserve, en revanche, un assignat en \u00AB tricot \u00E0 cha\u00EEne et chin\u00E9 \u00BB (inv. MT 10127), cr\u00E9\u00E9 en 1792 gr\u00E2ce \u00E0 l'association de Claude Jolivet, fabricant de bas de soie, et de Joseph-Beno\u00EEt Richard, chineur. Il a \u00E9t\u00E9 ex\u00E9cut\u00E9 d'apr\u00E8s un proc\u00E9d\u00E9 brevet\u00E9 le 28 juillet 1791 par les sieurs Jolivet et Cochet, am\u00E9lior\u00E9 par le chinage de Richard pour r\u00E9pondre \u00E0 un concours lanc\u00E9 en 1792 par\u00A0la Direction pour la fabrication des assignats cr\u00E9\u00E9e le 13 juin 1792.\u00A0\nEn 1793, apr\u00E8s le Si\u00E8ge de Lyon, Joseph-Beno\u00EEt Richard \u00E9migre en Suisse d'abord, puis en Prusse. Il\u00A0est \u00E0 Berlin en 1794 et y d\u00E9veloppe sa sp\u00E9cialit\u00E9, les \u00E9toffes chin\u00E9es, toujours en association avec son fr\u00E8re Pierre Richard. Joseph-Beno\u00EEt Richard a probablement choisi de s'\u00E9tablir en Prusse en raison de ses affinit\u00E9s avec la franc-ma\u00E7onnerie. En 1796, quand les fabricants lyonnais qui avaient fui la Terreur revinrent \u00E0 Lyon, Joseph-Beno\u00EEt Richard reprit son activit\u00E9 et ex\u00E9cuta les premiers portraits chin\u00E9s attest\u00E9s dans l'histoire de la Fabrique. Le mus\u00E9e des Tissus conserve toute la s\u00E9rie qui a \u00E9t\u00E9 r\u00E9alis\u00E9e vers 1798,\u00A0comprenant le portrait\u00A0de Fr\u00E9d\u00E9ric le Grand (inv. MT 2161 et MT 34274.1), de Fr\u00E9d\u00E9ric-Guillaume III (inv. MT 1148) et de Louise de Prusse (inv. MT 1149 et MT 34274.4). \nLe choix des sujets ne doit pas surprendre. Le chineur \u00E9tait membre de la Loge du Parfait-Silence, s\u00E9ante \u00E0 l'Orient de Lyon. La Loge, fond\u00E9e en 1763 selon le rite \u00E9cossais, s'\u00E9tablit en 1805 aux Brotteaux. L'engagement ma\u00E7onnique de Fr\u00E9d\u00E9ric le Grand et la protection apport\u00E9e aux Loges de Prusse par son successeur expliquent le choix de ces trois personnalit\u00E9s. Par un \u00E9dit du 20 octobre 1798, Fr\u00E9d\u00E9ric-Guillaume III d\u00E9fendait les soci\u00E9t\u00E9s secr\u00E8tes dans ses \u00C9tats except\u00E9 les trois Grandes Loges de la Vieille Prusse. C'est probablement pour comm\u00E9morer cette d\u00E9cision du souverain qu'on \u00E9t\u00E9 r\u00E9alis\u00E9s les trois effigies de Fr\u00E9d\u00E9ric II, Fr\u00E9d\u00E9ric-Guillaume III et Louise de Prusse. La jeunesse des deux derniers et la coiffure de la reine semblent confirmer cette datation dans les derni\u00E8res ann\u00E9es du XVIIIe si\u00E8cle.\nDans son ouvrage intitul\u00E9 Des manufactures de soie et du m\u00FBrier publi\u00E9 \u00E0 Paris en\u00A01810, \u00C9tienne Mayet, associ\u00E9 aux Acad\u00E9mies de Lyon et de Villefranche, ancien directeur des fabriques du roi de Prusse, ancien assesseur \u00E0 la Chambre royale de Commerce et de manufactures, s\u00E9ante \u00E0 Berlin,\u00A0mentionne tout sp\u00E9cialement ces portraits :\u00A0\u00AB (...) le sieur Richard, (...) par les combinaisons les plus adroites dans l'art du chinage, est parvenu r\u00E9cemment \u00E0 repr\u00E9senter sur du velours uni des portraits et des figures d'une v\u00E9rit\u00E9 frappante. \u00BB\n\u00C0 son retour \u00E0 Lyon, Joseph-Beno\u00EEt Richard conna\u00EEt cependant de graves difficult\u00E9s financi\u00E8res, comme en t\u00E9moigne une\u00A0p\u00E9tition du Bureau consultatif du Commerce pr\u00E9sent\u00E9e au ministre de l'Int\u00E9rieur Jean-Antoine Chaptal : \u00AB Citoyen Ministre, Beno\u00EEt richard, artiste industrieux, est le cr\u00E9ateur de l'art de chiner les \u00E9toffes de soie \u00E0 Lyon. Il l'a port\u00E9 au plus haut degr\u00E9 de perfection : c'est lui qui a instruit et form\u00E9 tous les ouvriers qui s'occupent de cette partie ; la plupart sont ses gendres ou ses enfants. Une fortune ais\u00E9e fut le fruit de son travail ; il en jouissait lorsque les remboursements en assignats des capitaux qu'il avait plac\u00E9s l'ont r\u00E9duit \u00E0 la derni\u00E8re mis\u00E8re. Cet homme essentiel qui, par son industrie, fit entrer en France plus de quinze \u00E0 vingt millions de num\u00E9raire, \u00E2g\u00E9 de 75 ans, retir\u00E9 \u00E0 la campagne, d\u00E9vide la soie pour vivre, et gagne \u00E0 peine, en quinze heures de travail, la modique somme de six sous par jour. L'aspect de sa mis\u00E8re \u00E9tonne et refroidit l'ouvrier tent\u00E9 d'imaginer et de produire. Nous vous pr\u00E9sentons, citoyen Ministre, ce tableau affligeant, bien convaincus qu'il est dans votre pouvoir, et plus encore dans votre c\u0153ur, de venir au secours du malheureux qui a \u00E9t\u00E9 utile \u00E0 son pays, et qui n'a ni m\u00E9rit\u00E9 ni pu pr\u00E9voir ses malheurs. Une pension de cinq cents francs ferait vivre cet homme. Il vous b\u00E9nirait, et nous serions flatt\u00E9s de vous avoir fourni cette occasion de satisfaire votre bienfaisance. Salut et respect. Sign\u00E9 Caminet, pr\u00E9sident ; F. Landoz ; K.-F. Baye ; Clle Pernon ; Bruyset a\u00EEn\u00E9. \u00BB\u00A0\nJean-Antoine Chaptal r\u00E9pondit sur-le-champ : \u00AB Je connaissais, Citoyens, les services rendus \u00E0 la fabrique de Lyon par le cit(oyen) Beno\u00EEt Richard ; je savais qu'il avait introduit dans cette ville l'art pr\u00E9cieux de chiner les \u00E9toffes de soie ; mais j'\u00E9tais loin de penser que cet artiste si estimable, apr\u00E8s avoir enrichi sa patrie, f\u00FBt r\u00E9duit, \u00E0 l'\u00E2ge de 75 ans, \u00E0 d\u00E9vider de la soie pour fournir une p\u00E9nible existence. Il appartient au Gouvernement de r\u00E9parer, autant qu'il est en lui, l'effet malheureux des circonstances qui ont pes\u00E9 sur le cit(oyen) Richard, et je le fais inscrire pour une gratification annuelle de six cents francs, \u00E0 compter du 1er vend\u00E9miare an 10.\nJe m'estime heureux de pouvoir acquitter cette dette nationale envers un artiste aussi utile, et vous remercie de m'avoir pr\u00E9sent\u00E9 cet acte de justice. Je d\u00E9sire que vous trouviez, dans mon empressement \u00E0 r\u00E9pondre \u00E0 vos vues, une nouvelle preuve de l'int\u00E9r\u00EAt que je porte \u00E0 la fabrique de Lyon, et aux artistes qui en nourrissent la prosp\u00E9rit\u00E9. Je vous salue. Sign\u00E9 Chaptal. \u00BB\nLe 4 pluvi\u00F4se an X, Jean-Antoine Chaptal, apr\u00E8s avoir assist\u00E9 \u00E0 une s\u00E9ance de l'Ath\u00E9n\u00E9e, \u00E0 Lyon, visita quelques manufactures. Il se rendit notamment \u00AB dans l'atelier du cit(oyen) Lasalle, il combla d'\u00E9loges et de marques d'affection ce respectable vieillard, encore plein de feu, de g\u00E9nie et de sensibilit\u00E9. Sur le v\u0153u du Bureau consultatif de commerce, il accorda une gratification annuelle de 600 fr(ancs) au cit(oyen) Beno\u00EEt Richard, inventeur de l'art de chiner les \u00E9toffes.\u00A0\u00BB\nEn 1802, Joseph-Beno\u00EEt Richard fut charg\u00E9 de chiner le meuble command\u00E9 \u00E0\u00A0Camille Pernon pour la Salle des Ambassadeurs du Palais de Saint-Cloud, sur un dessin de Jean-Fran\u00E7ois Bony. Le mus\u00E9e des tissus conserve la mise en carte de ce meuble (inv. MT 40478). Elle comporte une inscription indiquant : \u00AB Mise en carte/ donn\u00E9e par Mr Richard Fils /Cette Carte chin\u00E9e par/ Mr Richard perre (sic) lui a valu une pention (sic)/ de Napol\u00E9on premier/ en 1804 \u00BB. Les collections conservent aussi une laize de ce meuble (inv. MT 24808.1) et un \u00E9l\u00E9ment de bordure (inv. MT 24808.2).\nLa r\u00E9alisation de ce meuble valut \u00E0 Joseph-Beno\u00EEt Richard une nouvelle gratification de l'Empereur.\u00A0Un compte rendu, adress\u00E9 \u00E0\u00A0Napol\u00E9on Ier\u00A0au mois de germinal an XIII, indique : \u00AB Sire, en arr\u00EAtant ses regards sur les productions les plus distingu\u00E9es de l'industrie lyonnaise, Votre Majest\u00E9 l'a d\u00E9j\u00E0 puissamment encourag\u00E9e, lui a donn\u00E9 un nouvel essor et assur\u00E9 de nouveaux succ\u00E8s. Elle a daign\u00E9 cependant conserver cette journ\u00E9e par des bienfaits multipli\u00E9s. Elle a remarqu\u00E9 le\u00A0nouveau m\u00E9tier du sieur Jacquart, qui supprime dans la fabrication des\u00A0\u00E9toffes broch\u00E9es et fa\u00E7onn\u00E9es l'emploi de la tireuse, supprime aussi une\u00A0quantit\u00E9 consid\u00E9rable de cordages et rend la fabrication beaucoup plus \u00E9conomique, invention ing\u00E9nieuse de l'artiste m\u00E9canicien le plus habile que\u00A0Lyon poss\u00E8de aujourd'hui dans son sein. Elle a daign\u00E9 lui assurer une prime\u00A0de 50 francs par chaque m\u00E9tier qu'il livrerait sans fabriquer. J'ai pens\u00E9 justement que comme ce m\u00E9tier sera bient\u00F4t d'un usage g\u00E9n\u00E9ral, il convenait\u00A0de limiter \u00E0 six ann\u00E9es la d\u00E9livrance d'une prime qui pourrait s'\u00E9lever tr\u00E8s\u00A0haut si elle restait ind\u00E9termin\u00E9e pour sa dur\u00E9e. Votre Majest\u00E9 a annonc\u00E9\u00A0l'intention de remplacer les quatre ouvriers auxquels elle avait daign\u00E9 accorder des pensions lors de son dernier passage, et qui sont morts dans l'intervalle. J'ai pris, relativement \u00E0 ce choix, l'avis de la Chambre de Commerce. Elle m'a d\u00E9sign\u00E9 d'abord Mme Lasalle, veuve d'un m\u00E9canicien c\u00E9l\u00E8bre auquel\u00A0l'ancien gouvernement avait accord\u00E9 une pension de 1500 livres, dont les\u00A0d\u00E9couvertes furent de la plus haute importance pour les fabriques lyonnaises. Elle m'a d\u00E9sign\u00E9 ensuite les fr\u00E8res Richard et Gaillard, ouvriers distingu\u00E9s, le premier comme chineur; le second pour la fabrication des \u00E9toffes\u00A0broch\u00E9es et fa\u00E7onn\u00E9es, recommandables d'ailleurs par leur \u00E2ge ou leur caract\u00E8re. Enin elle m'a entretenu du sieur Gouin p\u00E8re, teinturier d'un grand talent, auteur d'un tr\u00E8s beau noir qui porte son nom, que l'\u00E9tranger ne peut imiter, qui est tr\u00E8s pr\u00E9cieux pour nos \u00E9toffes, et dont cet artiste conserve et veut ensevelir le secret. En accordant une pension \u00E0 cet artiste, il \u00E9tait n\u00E9cessaire de s'assurer, d'une part, que son proc\u00E9d\u00E9 serait conserv\u00E9 et transmis, de l'autre, qu'il ne serait point publi\u00E9...\u00A0\u00BB Le compte rendu de la visite de Napol\u00E9on Ier et de l'imp\u00E9ratrice Jos\u00E9phine \u00E0 Lyon, en 1805, indique, en effet, que, parmi les nombreuses lib\u00E9ralit\u00E9s conc\u00E9d\u00E9es par l'Empereur \u00E0 la ville et \u00E0 ses habitants le lundi de P\u00E2ques, il accorda \u00AB une pension de cinq cents francs \u00E0 la veuve de M. de la Salle, en r\u00E9compense des inventions de feu son \u00E9poux, comme tr\u00E8s avantageuses aux fabriques de soie ; une autre de trois cents fr(ancs) au sieur Richard, chineur ; une autre de trois cents francs \u00E0 Antoine Gaillard, ouvrier en \u00E9toffes broch\u00E9es ; une autre de quatre cents francs au sieur Gonin p\u00E8re, teinturier, pour son proc\u00E9d\u00E9 relatif \u00E0 la teinture en noir ; une prime de cinquante francs \u00E0 M. Jacquard, m\u00E9canicien, pour chaque m\u00E9tier de son invention qu'il montera et mettra en activit\u00E9, pendant l'espace de six ans. \u00BB\nLa sollicitude du Premier Consul, puis de l'Empereur, explique que Joseph-Beno\u00EEt Richard s'est attach\u00E9 \u00E0 repr\u00E9senter, \u00E0 plusieurs reprises, le portrait du souverain. Le Bulletin de Lyon n\u00B0 72 (10 septembre 1806) annonce que \u00AB M. Richard, chineur, pensionn\u00E9 du Gouvernement, vient de chiner et faire fabriquer en velours-soie le portrait de S. M. l'Empereur des Fran\u00E7ais et Roi d'Italie. Au bas du m\u00E9daillon est cette inscription chin\u00E9e : Napol\u00E9on le Grand. Les personnes qui voudraient acheter des exemplaires de ce m\u00E9daillon et voir la fabrication du velours peuvent s'adresser \u00E0 M. Richard, dans son atelier, quai du Rh\u00F4ne, n\u00B0 23, au 4e \u00E9tage.\u00A0\u00BB Le mus\u00E9e des Tissus conserve un exemplaire de ce portrait chin\u00E9 de Napol\u00E9on Ier, entour\u00E9 de symboles ma\u00E7onniques (inv. MT 34255).\nCette sollicitude est encore confirm\u00E9e en 1809. Le Bulletin de Lyon n\u00B0 44 (3 juin 1809) publiait : \u00AB On a re\u00E7u \u00E0 la Pr\u00E9fecture six brevets de pension viag\u00E8re sur l'\u00E9tat, en faveur de M. Joseph-Beno\u00EEt Richard, chineur ; de M. Laurent-Andr\u00E9-Just Fornier dit Colonge, ex-inspecteur des vivres ; de Mme. Granchant, veuve Moisson ; de Mme. Chalon, veuve Michaud ; de Mme. Chevalet, veuve Beno\u00EEt ; et de Mme. Nouvellet, veuve Faucher. Ces personnes, dont on ignore le domicile, sont invit\u00E9es \u00E0 se pr\u00E9senter \u00E0 la Pr\u00E9fecture, au bureau de l'int\u00E9rieur. La remise du Brevet qui les concerne leur sera faite en repr\u00E9sentant le certificat d'inscription de la pension qui leur a \u00E9t\u00E9 accord\u00E9e. \u00BB\nIl n'est pas improbable d'imaginer\u00A0que Joseph-Beno\u00EEt Richard\u00A0\u00E9tait attach\u00E9 \u00E0 la figure de Napol\u00E9on au point d'avoir fait r\u00E9aliser, \u00E0 c\u00F4t\u00E9 des \u00E9toffes chin\u00E9es dont il avait la sp\u00E9cialit\u00E9 et qu'il continue \u00E0 produire pour honorer l'Empereur, de petits velours cisel\u00E9 \u00E0 l'effigie du \u00AB R\u00E9parateur de la Fabrique \u00BB. Le mus\u00E9e des Tissus en conserve d'ailleurs un second exemplaire, en velours cisel\u00E9 grenat sur fond bleu fonc\u00E9 (inv. MT 34254), et le mus\u00E9e d'Art et d'Industrie de Saint-\u00C9tienne, un troisi\u00E8me (inv. 2006.85.17) en soie bleu p\u00E2le sur fond bleu fonc\u00E9.\nOn ignore la date de mort de Joseph-Beno\u00EEt Richard. En 1812, il est encore mentionn\u00E9 parmi les membres de\u00A0la Loge du Parfait Silence.\u00A0\nMaximilien Durand"@fr . . . . . . "0.817"^^ . . . .