. . . "0.96450001001358032227"^^ . "Laize de tenture dite \u00AB \u00E0 la corbeille de fleurs \u00BB ou \u00AB au panier fleuri \u00BB"@fr . "0.95859998464584350586"^^ . . . . . . "20040" . . . . . . "En 1771, la Fabrique lyonnaise subit une nouvelle crise, dont les causes et les effets sont rappel\u00E9s par le m\u00E9moire qu'adressent, en mars 1772, les ma\u00EEtres ouvriers\u00A0\u00E0 Jean-Charles-Philibert Trudaine de Montigny (1733-1777), car \u00AB les cris et les g\u00E9missements continuels d'un corps d'ouvriers le plus consid\u00E9rable du Royaume [...] ne leur permettent plus de garder le silence. \u00BB Tous les \u00AB maux \u00BB\u00A0qui accablent la Fabrique sont alors rappel\u00E9s : les deuils successifs qui ont affect\u00E9 les cours europ\u00E9ennes, la trop grande quantit\u00E9 d'\u00E9toffes fabriqu\u00E9es \u00E0 l'occasion du mariage du dauphin et rest\u00E9e invendue, la guerre dans les pays du Nord qui ferme les principaux d\u00E9bouch\u00E9s, les progr\u00E8s des manufactures \u00E9trang\u00E8res que l'\u00E9migration des ouvriers de Lyon \u00AB\u00A0fortifie et perfectionne tous les jours\u00A0\u00BB, les mauvaises r\u00E9coltes qui augmentent le prix des soies..., autant de causes qui expliquent \u00AB\u00A0une cessation presque g\u00E9n\u00E9rale dont la dur\u00E9e ne fut jamais si consid\u00E9rable en aucun temps\u00A0\u00BB (Paris, Archives nationales, F121441).\u00A0Philippe de Lasalle (1723-1804) est alors en train de perfectionner le m\u00E9tier qu'il a invent\u00E9 et qui lui permet, tout en renouvelant le dessin, d'abaisser les co\u00FBts de production.\u00A0Par ailleurs,\u00A0il imagine de produire des meubles en cannetill\u00E9, broch\u00E9s \u00E0 plusieurs lats li\u00E9s en taffetas, dont les trames de fond, peu visibles, sont en schappe de soie latt\u00E9e de coton et les trames broch\u00E9es en schappe, \u00E9galement, pour les couleurs les plus mates, afin de r\u00E9aliser des \u00E9toffes \u00E0 prix v\u00E9ritablement comp\u00E9titifs. Le premier exemple de ce type de meubles est tr\u00E8s probablement la tenture \u00AB aux Perdrix \u00BB (inv. MT 2882), qu'il est en train de tisser lorsqu'il invite, en 1772, les ma\u00EEtres-gardes de Lyon \u00E0 se rendre \u00E0 son domicile, rue Royale, au premier \u00E9tage, pour examiner le m\u00E9tier de son invention \u00E0 semple mobile, permettant de\u00A0produire ais\u00E9ment de grands rapports de dessin sur la hauteur d'une laize. Les deux semples amovibles divisent le d\u00E9cor en deux parties correspondant chacune \u00E0 plus de cinquante centim\u00E8tres d'\u00E9toffe. Les ma\u00EEtres-gardes sont impressionn\u00E9s par ce syst\u00E8me et par cette \u00AB\u00A0\u00E9toffe fond carrel\u00E9 bleu, broch\u00E9e soye, a plusieurs lats, dont le dessein contenoit soixante dizaines \u00BB (Paris, Archives nationales de France, F121444A, Proc\u00E8s-verbal dress\u00E9 par les ma\u00EEtres-gardes, 9 novembre 1772).\u00A0Cette tenture a \u00E9t\u00E9 livr\u00E9e \u00E0 Louis-Joseph de Bourbon, prince de Cond\u00E9, pour le Palais Bourbon, et elle a\u00A0\u00E9t\u00E9 utilis\u00E9e pour le Salon d'attente de Bathilde d'Orl\u00E9ans, duchesse de Bourbon, la fille du prince et l'\u00E9pouse de Louis-Henri de Bourbon-Cond\u00E9. En 1773, elle fut aussi livr\u00E9e \u00E0 l'imp\u00E9ratrice de toutes les Russies, Catherine II. Elle fut utilis\u00E9e pour le Boudoir au premier \u00E9tage du Grand Palais de Peterhof.\nCette m\u00EAme ann\u00E9e 1773, Philippe de Lasalle livre aussi \u00E0 l'imp\u00E9ratrice une autre\u00A0\u00E9toffe remarquable, la tenture dite \u00AB de Tchesm\u00E9 \u00BB (inv. MT 2886), elle aussi r\u00E9alis\u00E9e gr\u00E2ce au m\u00E9tier \u00E0 semple mobile au moyen de soie, de coton et de schappe. Le prix de cette tenture, consign\u00E9 dans les Archives de\u00A0la maison imp\u00E9riale (\u0420\u0413\u041D\u0410, \u0424 468, \u043E\u043F. I. \u0414. 3888, 1773 \u0433., \u043B. 156/RGIA, F. 468, liste 1, n\u00B0 3888, 1773, p. 156), para\u00EEt, en effet, d\u00E9risoire (dix roubles cinquante kopecks par archine) par rapport au co\u00FBt de la tenture dite \u00AB au Paon et au Faisan \u00BB (inv. MT 1278), livr\u00E9e en 1778 pour vingt-cinq roubles l'archine.\nCette capacit\u00E9 de Philippe de Lasalle \u00E0 maintenir son activit\u00E9 durant la grande crise de 1771-1772 gr\u00E2ce \u00E0 l'invention du semple mobile et \u00E0 la production d'\u00E9toffes m\u00E9lang\u00E9es, en soie,\u00A0coton et schappe, a peu \u00E9t\u00E9 soulign\u00E9e.\u00A0Au d\u00E9but de l'ann\u00E9e 1778, pourtant, Philippe de Lasalle fait rappeler l'\u00E9tat de ses travaux au Directeur g\u00E9n\u00E9ral des Finances (Archives nationales de France, F121444A, 6 janvier 1778). Parmi les services qu'il a rendus \u00E0 la Fabrique lyonnaise, il rappelle qu'\u00AB il a fait consid\u00E9rablement travailler les ouvriers de Lyon en \u00E9toffes pour meubles pour la Russie, ou il entrait tr\u00E8s peu de soye, beaucoup de main d'\u0153uvre et dont les fleurs s'ex\u00E9cutoient avec le rebus des cocons qu'il faisoit filer. \u00BB Il obtient peu de temps apr\u00E8s une gratification de six mille livres, dont Jacques Necker l'informe dans une lettre dat\u00E9e du 13 juin, o\u00F9 il pr\u00E9cise : \u00AB Je scais aussi que vous av\u00E9s cr\u00E9\u00E9 dans la partie des meubles une branche de Commerce qui dans des tems de cessation de travail a occup\u00E9 un grand nombre d'ouvriers et que vous av\u00E9s \u00E9t\u00E9 autoris\u00E9 \u00E0 cette occasion par le Conseil a sortir des r\u00E8gles prescrites par les Reglemens de la Fabrique en vous assujettissant a une marque distinctive ; les remerciemens que vous ont faits en 1772 les syndics et Mrs Gardes de la fabrique de Lyon \u00E0 l'occasion du portrait de Louis XV ex\u00E9cut\u00E9 en \u00E9toffes dont vous av\u00E9s faits pr\u00E9sent \u00E0 cette Comt\u00E9 prouvent jusqu'\u00E0 quel point vous av\u00E9s port\u00E9 l'art du dessein et de la fabrication. \u00BB Necker s'est pr\u00E9alablement fait remettre un rapport (Archives nationales de France, F121444A) sur Philippe de Lasalle, dans lequel on apprend que le fabricant fut autoris\u00E9 \u00E0 \u00AB s'\u00E9carter des m\u00E9thodes usit\u00E9es de fabriquer les \u00E9toffes, en mettant une marque distinctive, pour laisser \u00E0 son g\u00E9nie l'essort dont il avait besoin, et l'on a vu sortir de son pinceau des chefs-d'\u0153uvre dans le genre d'\u00E9toffes pour meubles, en mati\u00E8re de laine, fil et bourre de soye qu'il faisait pr\u00E9parer \u00E0 sa mani\u00E8re, ce qui a prodigieusement occup\u00E9 de bras dans des temps mesme de cessation d'ouvrages et ses \u00E9toffes ont orn\u00E9 les Palais des Rois et ceux de l'imp\u00E9ratrice de Russie qui a consid\u00E9rablement fait travailler la ville de Lyon dans cette nouvelle branche d'industrie. \u00BB\nLes livraisons de Philippe de Lasalle pour la Russie sont le r\u00E9sultat du cadeau que le fabricant a adress\u00E9 \u00E0 Catherine II, par l'interm\u00E9diaire de Voltaire, en 1771, de son portrait tiss\u00E9 en\u00A0cama\u00EFeu, sur un m\u00E9daillon rapport\u00E9 par broderie dans un entour de fleurs, dont le mus\u00E9e des Tissus conserve un exemplaire (inv. MT 2869), et du m\u00EAme entour de fleurs contenant une sc\u00E8ne all\u00E9gorique c\u00E9l\u00E9brant la victoire de Tchesm\u00E9.\u00A0Les deux tableaux tiss\u00E9s \u00E9taient accompagn\u00E9s de vers compos\u00E9s par Voltaire, \u00E0 la gloire de la souveraine, et brod\u00E9s sur l'\u00E9toffe.\u00A0Des\u00A0commandes de meubles fa\u00E7onn\u00E9s s'ensuivirent, et les livraisons de Philippe de Lasalle pour la Russie s'\u00E9chelonnent en 1773, 1776, 1778 et 1780.\nLa tenture \u00A0dite \u00AB \u00E0 la corbeille de fleurs \u00BB ou \u00AB au panier fleuri \u00BB a fait partie de la livraison de l'ann\u00E9e 1776, avec la tenture dite \u00AB\u00A0de Crim\u00E9e\u00A0\u00BB (inv. MT 24437, mise en carte ; MT 1280, tenture)\u00A0et celle dite\u00A0\u00AB aux\u00A0colombes \u00BB (inv. MT 29688). Elles ont toutes les trois d\u00E9crites dans les comptes des commandes imp\u00E9riales, \u00E0 l'occasion de leur inscription au Bureau du Kammer-Zahlmeister et co\u00FBtent, chacune, dix-huit roubles l'archine, soit pr\u00E8s du double de la fameuse Tenture de Tchesm\u00E9. Trois cent quarante deux archines de la tenture \u00A0dite \u00AB \u00E0 la corbeille de fleurs \u00BB ou \u00AB au panier fleuri \u00BB ont \u00E9t\u00E9 enregistr\u00E9s, soit environ deux cent quarante-trois m\u00E8tres, pour un montant total de six mille cent cinquante-six roubles (\u00AB\u00A0342 \u0430\u0440\u0448\u0438\u043D\u0430 \u043F\u043E\u00A0\u0431\u0435\u043B\u043E\u0439 \u0436\u0435 \u0437\u0435\u043C\u043B\u0435 \u0441 \u0440\u0430\u0437\u043D\u044B\u043C\u0438 \u0448\u043E\u043B\u043E\u0432\u044B\u043C\u0438 \u0432 \u043A\u0443\u0431\u0430\u0445 \u0446\u0432\u0435\u0442\u0430\u043C\u0438 \u0441 \u0431\u0430\u043D\u0442\u0430\u043C\u0438 \u0438 \u0441 \u0444\u0435\u0441\u0442\u043E\u043D\u0430\u043C\u0438 \u0448\u0438\u0440\u043E\u043A\u043E\u0433\u043E\u00A0\u043F\u043E 18 \u0440\u0443\u0431. \u0430\u0440\u0448\u0438\u043D -\u00A0\u0432\u0441\u0435\u0433\u043E 6156 \u0440\u0443\u0431.\u00A0\u00BB ; Archives de Saint-P\u00E9tersbourg).\nLa diff\u00E9rence de prix entre la\u00A0Tenture de Tchesm\u00E9\u00A0et la\u00A0Tenture au panier fleuri\u00A0s'explique ais\u00E9ment. La\u00A0Tenture de Tchesm\u00E9\u00A0a \u00E9t\u00E9 tiss\u00E9e dans une largeur de cinquante-cinq centim\u00E8tres environ, alors que la\u00A0Tenture au panier fleuri\u00A0mesure\u00A0pr\u00E8s de soixante-dix-neuf centim\u00E8tres de large. Il s'agit, dans les deux cas, de cannetill\u00E9 broch\u00E9s \u00E0 plusieurs lats li\u00E9s en taffetas, mais on a vu que les trames de fond de la\u00A0Tenture de Tchesm\u00E9, comme celles de la\u00A0Tenture aux Perdrix\u00A0tiss\u00E9e la m\u00EAme ann\u00E9e, \u00E9taient en coton et en schappe de soie, et que les trames broch\u00E9es contenaient \u00E9galement une grande quantit\u00E9 de schappe. Dans la\u00A0Tenture au panier fleuri, les trames de fond sont toutes en soie de belle qualit\u00E9, beige, de m\u00EAme que les trames broch\u00E9es, qui comportent vingt-deux couleurs (bleu fonc\u00E9, un bleu r\u00E9alis\u00E9 avec un fil moulin\u00E9 \u00E0 trois tons, trois tons de jaune,\u00A0quatre tons de rose, dont un r\u00E9alis\u00E9 avec un fil moulin\u00E9 \u00E0 trois tons,\u00A0six tons de vert, dont un r\u00E9alis\u00E9 avec un fil moulin\u00E9 \u00E0 trois tons, deux tons de brun, un brun-violet, un parme, trois tons de gris), plus le blanc et le noir. Une m\u00EAme pass\u00E9e peut contenir jusqu'\u00E0 quinze couleurs.\nLe d\u00E9cor pr\u00E9sente deux branches de lauriers, nou\u00E9es \u00E0 leur base par des rubans qui se prolongent pour former, lorsque les laizes \u00E9taient rabout\u00E9es par le tapissier, un large r\u00E9seau\u00A0losang\u00E9. Une guirlande de fleurs (pivoines, narcisses, oreilles d'ours et hibiscus blanc) est suspendue en feston aux branches de laurier. Chaque compartiment form\u00E9 par les rubans est occup\u00E9 par une corbeille en vannerie, qui contient un bouquet de pivoines, de roses, d'oreilles d'ours, de lilas, de tulipes perroquets et de pieds d'alouette. Pr\u00E8s de la base de la corbeille\u00A0reposent des roses coup\u00E9es et des guirlandes d'oreilles d'ours. Enfin, des guirlandes de bleuets forment des chutes verticales entre les compartiments. Elles s'entrem\u00EAlent avec les rubans et\u00A0s'accrochent \u00E0 la guirlande fleurie. Le rapport de dessin mesure soixante-dix-sept centim\u00E8tres de large, soit un chemin, pour cent-dix-huit centim\u00E8tres de haut. Il est ex\u00E9cut\u00E9, dans sa hauteur, au moyen de trois semples mobiles, correspondant\u00A0\u00E0 environ trente-neuf centim\u00E8tres et demi de hauteur, soit soixante dizaines (ou six cents cordes, soit dix-huit ou dix-neuf pass\u00E9es par centim\u00E8tre). La limite sup\u00E9rieure du\u00A0premier semple correspond au chef de pi\u00E8ce qui est visible sur la laize du mus\u00E9e des Tissus, dans le haut de la pi\u00E8ce. Il permettait d'ex\u00E9cuter le n\u0153ud \u00E0 la base des branches de laurier et ces deux derni\u00E8res, au complet. Le deuxi\u00E8me semple concernait la guirlande de fleurs et le haut de la branche de pieds d'alouette, dans la corbeille. Le troisi\u00E8me semple permettait de r\u00E9aliser la corbeille elle-m\u00EAme. La Fondation Abegg, \u00E0 Riggisberg, conserve un exemplaire de la\u00A0Tenture au panier fleuri\u00A0qui pr\u00E9sente un chef de pi\u00E8ce en partie inf\u00E9rieure (inv. Nr. 5287). Il correspond \u00E0 la fin du troisi\u00E8me semple. Les archives de la maison Tassinari et Chatel conservent un autre exemplaire de la tenture (inv. 860), ainsi que le Metropolitan Museum de New York (inv. 33.119, d\u00E9pouille de si\u00E8ge) et le Detroit Institute of Arts (inv. 48.18).\nPhilippe de Lasalle met ici en \u0153uvre le nouveau type de d\u00E9cor \u00E0 grand rapport de dessin qu'il a invent\u00E9 et que lui permet le semple mobile.\u00A0Le premier exemple de ce type de d\u00E9cor est probablement la Tenture aux perdrix, con\u00E7ue en 1771-1772, suivie de pr\u00E8s par la Tenture de Tchesm\u00E9,\u00A0puis, con\u00E7ues en 1775-1776,\u00A0la Tenture au panier fleuri, la Tenture de Crim\u00E9e et la Tenture aux colombes. Ces tentures dessinent toutes un majestueux r\u00E9seau losang\u00E9, enfermant le motif principal destin\u00E9 \u00E0 \u00EAtre r\u00E9p\u00E9t\u00E9 en quinconce sur les parois. Chaque laize contient ainsi ce motif, en son centre, et la moiti\u00E9 des c\u00F4t\u00E9s du losange, form\u00E9 par des rubans ou des guirlandes fleuries,\u00A0ainsi que les angles tangents des losanges sup\u00E9rieur et inf\u00E9rieur, marqu\u00E9s par des compositions v\u00E9g\u00E9tales, couronnes ou rameaux.\nSur la Tenture au panier fleuri, les fleurs repr\u00E9sent\u00E9es figurent toutes, d\u00E9j\u00E0,\u00A0dans l'entour de fleurs du\u00A0Portrait de Catherine II,\u00A0envoy\u00E9 \u00E0 l'imp\u00E9ratrice en 1771, entour de fleurs qui forme \u00E9galement le cadre du\u00A0Portrait de Louis XV\u00A0(inv. MT 45306 ; le mus\u00E9e des Tissus conserve aussi la mise en carte de cet entour de fleurs, inv. MT 1701), de celui de Louis-Stanislas-Xavier,\u00A0comte de Provence et de celui de Marie-Jos\u00E9phine-Louise de Savoie, comtesse de Provence (inv. MT 45307). Elles y sont r\u00E9unies \u00E0 d'autres vari\u00E9t\u00E9s de fleurs, dispos\u00E9es en couronne nou\u00E9e par un gros ruban.\nLes commandes de la Russie ont permis \u00E0\u00A0Philippe de Lasalle de surmonter les difficult\u00E9s de la crise de 1771-1772. M\u00EAme s'il \u00E9voque les difficult\u00E9s qu'il rencontre, en 1773, pour monter ses m\u00E9tiers, il obtient pour son invention une gratification et une pension.\u00A0Pour le sacre de Louis XVI, le 11 juin 1775, il re\u00E7oit une commande pour les ornements liturgiques de la c\u00E9r\u00E9monie. Il est invit\u00E9 par Emmanuel-F\u00E9licit\u00E9 de Durfort, duc de Duras, pair et mar\u00E9chal de France (1715-1789), \u00E0 \u00EAtre pr\u00E9sent quand l'\u00E9loge et la pr\u00E9sentation en sont faits au Roi, le 20 mai 1775. Le 29 novembre 1775, il est anobli et re\u00E7oit le Cordon de l'Ordre de Saint-Michel, ordre de chevalerie r\u00E9compensant les savants, \u00E9crivains et artistes. Le lendemain, 30 novembre 1775, Philippe de Lasalle perd son fils unique, \u00C9tienne (n\u00E9 le 13 septembre 1749 ; son \u00E9pouse, \u00C9lisabeth Charrier lui a par ailleurs donn\u00E9 cinq filles, Marie-\u00C9lisabeth, Didi\u00E8re, Marie-Fran\u00E7oise, Suzanne et \u00C9lisabeth-Sophie). Malgr\u00E9 cette \u00E9preuve, les affaires de Philippe de Lasalle sont florissantes. Les commandes pour la Russie contribuent \u00E0 l'\u00E9panouissement de ses affaires, comme en t\u00E9moigne une lettre du 11 mai 1775 o\u00F9\u00A0Philippe de Lasalle annonce qu'il a \u00AB trente-neuf m\u00E9tiers ou m\u00E9chaniques (sic) qui travaillent. \u00BB\nNotons que l'autoportrait conserv\u00E9 au mus\u00E9e des Arts d\u00E9coratifs de Lyon (inv. MAD 2274), o\u00F9 Philippe de Lasalle appara\u00EEt coiff\u00E9 d'une perruque, en habit bleu et chemise \u00E0 col de dentelle, en train d'arranger des fleurs \u00E0 sa table de travail, entour\u00E9 des attributs de l'artiste, date pr\u00E9cis\u00E9ment de\u00A0cette p\u00E9riode\u00A0o\u00F9 il rencontre plusieurs succ\u00E8s importants, puisqu'il est dat\u00E9 de 1776.\u00A0\nMaximilien Durand"@fr . . . "0.94419997930526733398"^^ . "Laize de tenture dite \u00AB \u00E0 la corbeille de fleurs \u00BB ou \u00AB au panier fleuri \u00BB"@fr . "En 1771, la Fabrique lyonnaise subit une nouvelle crise, dont les causes et les effets sont rappel\u00E9s par le m\u00E9moire qu'adressent, en mars 1772, les ma\u00EEtres ouvriers\u00A0\u00E0 Jean-Charles-Philibert Trudaine de Montigny (1733-1777), car \u00AB les cris et les g\u00E9missements continuels d'un corps d'ouvriers le plus consid\u00E9rable du Royaume [...] ne leur permettent plus de garder le silence. \u00BB Tous les \u00AB maux \u00BB\u00A0qui accablent la Fabrique sont alors rappel\u00E9s : les deuils successifs qui ont affect\u00E9 les cours europ\u00E9ennes, la trop grande quantit\u00E9 d'\u00E9toffes fabriqu\u00E9es \u00E0 l'occasion du mariage du dauphin et rest\u00E9e invendue, la guerre dans les pays du Nord qui ferme les principaux d\u00E9bouch\u00E9s, les progr\u00E8s des manufactures \u00E9trang\u00E8res que l'\u00E9migration des ouvriers de Lyon \u00AB\u00A0fortifie et perfectionne tous les jours\u00A0\u00BB, les mauvaises r\u00E9coltes qui augmentent le prix des soies..., autant de causes qui expliquent \u00AB\u00A0une cessation presque g\u00E9n\u00E9rale dont la dur\u00E9e ne fut jamais si consid\u00E9rable en aucun temps\u00A0\u00BB (Paris, Archives nationales, F121441).\u00A0Philippe de Lasalle (1723-1804) est alors en train de perfectionner le m\u00E9tier qu'il a invent\u00E9 et qui lui permet, tout en renouvelant le dessin, d'abaisser les co\u00FBts de production.\u00A0Par ailleurs,\u00A0il imagine de produire des meubles en cannetill\u00E9, broch\u00E9s \u00E0 plusieurs lats li\u00E9s en taffetas, dont les trames de fond, peu visibles, sont en schappe de soie latt\u00E9e de coton et les trames broch\u00E9es en schappe, \u00E9galement, pour les couleurs les plus mates, afin de r\u00E9aliser des \u00E9toffes \u00E0 prix v\u00E9ritablement comp\u00E9titifs. Le premier exemple de ce type de meubles est tr\u00E8s probablement la tenture \u00AB aux Perdrix \u00BB (inv. MT 2882), qu'il est en train de tisser lorsqu'il invite, en 1772, les ma\u00EEtres-gardes de Lyon \u00E0 se rendre \u00E0 son domicile, rue Royale, au premier \u00E9tage, pour examiner le m\u00E9tier de son invention \u00E0 semple mobile, permettant de\u00A0produire ais\u00E9ment de grands rapports de dessin sur la hauteur d'une laize. Les deux semples amovibles divisent le d\u00E9cor en deux parties correspondant chacune \u00E0 plus de cinquante centim\u00E8tres d'\u00E9toffe. Les ma\u00EEtres-gardes sont impressionn\u00E9s par ce syst\u00E8me et par cette \u00AB\u00A0\u00E9toffe fond carrel\u00E9 bleu, broch\u00E9e soye, a plusieurs lats, dont le dessein contenoit soixante dizaines \u00BB (Paris, Archives nationales de France, F121444A, Proc\u00E8s-verbal dress\u00E9 par les ma\u00EEtres-gardes, 9 novembre 1772).\u00A0Cette tenture a \u00E9t\u00E9 livr\u00E9e \u00E0 Louis-Joseph de Bourbon, prince de Cond\u00E9, pour le Palais Bourbon, et elle a\u00A0\u00E9t\u00E9 utilis\u00E9e pour le Salon d'attente de Bathilde d'Orl\u00E9ans, duchesse de Bourbon, la fille du prince et l'\u00E9pouse de Louis-Henri de Bourbon-Cond\u00E9. En 1773, elle fut aussi livr\u00E9e \u00E0 l'imp\u00E9ratrice de toutes les Russies, Catherine II. Elle fut utilis\u00E9e pour le Boudoir au premier \u00E9tage du Grand Palais de Peterhof.\nCette m\u00EAme ann\u00E9e 1773, Philippe de Lasalle livre aussi \u00E0 l'imp\u00E9ratrice une autre\u00A0\u00E9toffe remarquable, la tenture dite \u00AB de Tchesm\u00E9 \u00BB (inv. MT 2886), elle aussi r\u00E9alis\u00E9e gr\u00E2ce au m\u00E9tier \u00E0 semple mobile au moyen de soie, de coton et de schappe. Le prix de cette tenture, consign\u00E9 dans les Archives de\u00A0la maison imp\u00E9riale (\u0420\u0413\u041D\u0410, \u0424 468, \u043E\u043F. I. \u0414. 3888, 1773 \u0433., \u043B. 156/RGIA, F. 468, liste 1, n\u00B0 3888, 1773, p. 156), para\u00EEt, en effet, d\u00E9risoire (dix roubles cinquante kopecks par archine) par rapport au co\u00FBt de la tenture dite \u00AB au Paon et au Faisan \u00BB (inv. MT 1278), livr\u00E9e en 1778 pour vingt-cinq roubles l'archine.\nCette capacit\u00E9 de Philippe de Lasalle \u00E0 maintenir son activit\u00E9 durant la grande crise de 1771-1772 gr\u00E2ce \u00E0 l'invention du semple mobile et \u00E0 la production d'\u00E9toffes m\u00E9lang\u00E9es, en soie,\u00A0coton et schappe, a peu \u00E9t\u00E9 soulign\u00E9e.\u00A0Au d\u00E9but de l'ann\u00E9e 1778, pourtant, Philippe de Lasalle fait rappeler l'\u00E9tat de ses travaux au Directeur g\u00E9n\u00E9ral des Finances (Archives nationales de France, F121444A, 6 janvier 1778). Parmi les services qu'il a rendus \u00E0 la Fabrique lyonnaise, il rappelle qu'\u00AB il a fait consid\u00E9rablement travailler les ouvriers de Lyon en \u00E9toffes pour meubles pour la Russie, ou il entrait tr\u00E8s peu de soye, beaucoup de main d'\u0153uvre et dont les fleurs s'ex\u00E9cutoient avec le rebus des cocons qu'il faisoit filer. \u00BB Il obtient peu de temps apr\u00E8s une gratification de six mille livres, dont Jacques Necker l'informe dans une lettre dat\u00E9e du 13 juin, o\u00F9 il pr\u00E9cise : \u00AB Je scais aussi que vous av\u00E9s cr\u00E9\u00E9 dans la partie des meubles une branche de Commerce qui dans des tems de cessation de travail a occup\u00E9 un grand nombre d'ouvriers et que vous av\u00E9s \u00E9t\u00E9 autoris\u00E9 \u00E0 cette occasion par le Conseil a sortir des r\u00E8gles prescrites par les Reglemens de la Fabrique en vous assujettissant a une marque distinctive ; les remerciemens que vous ont faits en 1772 les syndics et Mrs Gardes de la fabrique de Lyon \u00E0 l'occasion du portrait de Louis XV ex\u00E9cut\u00E9 en \u00E9toffes dont vous av\u00E9s faits pr\u00E9sent \u00E0 cette Comt\u00E9 prouvent jusqu'\u00E0 quel point vous av\u00E9s port\u00E9 l'art du dessein et de la fabrication. \u00BB Necker s'est pr\u00E9alablement fait remettre un rapport (Archives nationales de France, F121444A) sur Philippe de Lasalle, dans lequel on apprend que le fabricant fut autoris\u00E9 \u00E0 \u00AB s'\u00E9carter des m\u00E9thodes usit\u00E9es de fabriquer les \u00E9toffes, en mettant une marque distinctive, pour laisser \u00E0 son g\u00E9nie l'essort dont il avait besoin, et l'on a vu sortir de son pinceau des chefs-d'\u0153uvre dans le genre d'\u00E9toffes pour meubles, en mati\u00E8re de laine, fil et bourre de soye qu'il faisait pr\u00E9parer \u00E0 sa mani\u00E8re, ce qui a prodigieusement occup\u00E9 de bras dans des temps mesme de cessation d'ouvrages et ses \u00E9toffes ont orn\u00E9 les Palais des Rois et ceux de l'imp\u00E9ratrice de Russie qui a consid\u00E9rablement fait travailler la ville de Lyon dans cette nouvelle branche d'industrie. \u00BB\nLes livraisons de Philippe de Lasalle pour la Russie sont le r\u00E9sultat du cadeau que le fabricant a adress\u00E9 \u00E0 Catherine II, par l'interm\u00E9diaire de Voltaire, en 1771, de son portrait tiss\u00E9 en\u00A0cama\u00EFeu, sur un m\u00E9daillon rapport\u00E9 par broderie dans un entour de fleurs, dont le mus\u00E9e des Tissus conserve un exemplaire (inv. MT 2869), et du m\u00EAme entour de fleurs contenant une sc\u00E8ne all\u00E9gorique c\u00E9l\u00E9brant la victoire de Tchesm\u00E9.\u00A0Les deux tableaux tiss\u00E9s \u00E9taient accompagn\u00E9s de vers compos\u00E9s par Voltaire, \u00E0 la gloire de la souveraine, et brod\u00E9s sur l'\u00E9toffe.\u00A0Des\u00A0commandes de meubles fa\u00E7onn\u00E9s s'ensuivirent, et les livraisons de Philippe de Lasalle pour la Russie s'\u00E9chelonnent en 1773, 1776, 1778 et 1780.\nLa tenture \u00A0dite \u00AB \u00E0 la corbeille de fleurs \u00BB ou \u00AB au panier fleuri \u00BB a fait partie de la livraison de l'ann\u00E9e 1776, avec la tenture dite \u00AB\u00A0de Crim\u00E9e\u00A0\u00BB (inv. MT 24437, mise en carte ; MT 1280, tenture)\u00A0et celle dite\u00A0\u00AB aux\u00A0colombes \u00BB (inv. MT 29688). Elles ont toutes les trois d\u00E9crites dans les comptes des commandes imp\u00E9riales, \u00E0 l'occasion de leur inscription au Bureau du Kammer-Zahlmeister et co\u00FBtent, chacune, dix-huit roubles l'archine, soit pr\u00E8s du double de la fameuse Tenture de Tchesm\u00E9. Trois cent quarante deux archines de la tenture \u00A0dite \u00AB \u00E0 la corbeille de fleurs \u00BB ou \u00AB au panier fleuri \u00BB ont \u00E9t\u00E9 enregistr\u00E9s, soit environ deux cent quarante-trois m\u00E8tres, pour un montant total de six mille cent cinquante-six roubles (\u00AB\u00A0342 \u0430\u0440\u0448\u0438\u043D\u0430 \u043F\u043E\u00A0\u0431\u0435\u043B\u043E\u0439 \u0436\u0435 \u0437\u0435\u043C\u043B\u0435 \u0441 \u0440\u0430\u0437\u043D\u044B\u043C\u0438 \u0448\u043E\u043B\u043E\u0432\u044B\u043C\u0438 \u0432 \u043A\u0443\u0431\u0430\u0445 \u0446\u0432\u0435\u0442\u0430\u043C\u0438 \u0441 \u0431\u0430\u043D\u0442\u0430\u043C\u0438 \u0438 \u0441 \u0444\u0435\u0441\u0442\u043E\u043D\u0430\u043C\u0438 \u0448\u0438\u0440\u043E\u043A\u043E\u0433\u043E\u00A0\u043F\u043E 18 \u0440\u0443\u0431. \u0430\u0440\u0448\u0438\u043D -\u00A0\u0432\u0441\u0435\u0433\u043E 6156 \u0440\u0443\u0431.\u00A0\u00BB ; Archives de Saint-P\u00E9tersbourg).\nLa diff\u00E9rence de prix entre la\u00A0Tenture de Tchesm\u00E9\u00A0et la\u00A0Tenture au panier fleuri\u00A0s'explique ais\u00E9ment. La\u00A0Tenture de Tchesm\u00E9\u00A0a \u00E9t\u00E9 tiss\u00E9e dans une largeur de cinquante-cinq centim\u00E8tres environ, alors que la\u00A0Tenture au panier fleuri\u00A0mesure\u00A0pr\u00E8s de soixante-dix-neuf centim\u00E8tres de large. Il s'agit, dans les deux cas, de cannetill\u00E9 broch\u00E9s \u00E0 plusieurs lats li\u00E9s en taffetas, mais on a vu que les trames de fond de la\u00A0Tenture de Tchesm\u00E9, comme celles de la\u00A0Tenture aux Perdrix\u00A0tiss\u00E9e la m\u00EAme ann\u00E9e, \u00E9taient en coton et en schappe de soie, et que les trames broch\u00E9es contenaient \u00E9galement une grande quantit\u00E9 de schappe. Dans la\u00A0Tenture au panier fleuri, les trames de fond sont toutes en soie de belle qualit\u00E9, beige, de m\u00EAme que les trames broch\u00E9es, qui comportent vingt-deux couleurs (bleu fonc\u00E9, un bleu r\u00E9alis\u00E9 avec un fil moulin\u00E9 \u00E0 trois tons, trois tons de jaune,\u00A0quatre tons de rose, dont un r\u00E9alis\u00E9 avec un fil moulin\u00E9 \u00E0 trois tons,\u00A0six tons de vert, dont un r\u00E9alis\u00E9 avec un fil moulin\u00E9 \u00E0 trois tons, deux tons de brun, un brun-violet, un parme, trois tons de gris), plus le blanc et le noir. Une m\u00EAme pass\u00E9e peut contenir jusqu'\u00E0 quinze couleurs.\nLe d\u00E9cor pr\u00E9sente deux branches de lauriers, nou\u00E9es \u00E0 leur base par des rubans qui se prolongent pour former, lorsque les laizes \u00E9taient rabout\u00E9es par le tapissier, un large r\u00E9seau\u00A0losang\u00E9. Une guirlande de fleurs (pivoines, narcisses, oreilles d'ours et hibiscus blanc) est suspendue en feston aux branches de laurier. Chaque compartiment form\u00E9 par les rubans est occup\u00E9 par une corbeille en vannerie, qui contient un bouquet de pivoines, de roses, d'oreilles d'ours, de lilas, de tulipes perroquets et de pieds d'alouette. Pr\u00E8s de la base de la corbeille\u00A0reposent des roses coup\u00E9es et des guirlandes d'oreilles d'ours. Enfin, des guirlandes de bleuets forment des chutes verticales entre les compartiments. Elles s'entrem\u00EAlent avec les rubans et\u00A0s'accrochent \u00E0 la guirlande fleurie. Le rapport de dessin mesure soixante-dix-sept centim\u00E8tres de large, soit un chemin, pour cent-dix-huit centim\u00E8tres de haut. Il est ex\u00E9cut\u00E9, dans sa hauteur, au moyen de trois semples mobiles, correspondant\u00A0\u00E0 environ trente-neuf centim\u00E8tres et demi de hauteur, soit soixante dizaines (ou six cents cordes, soit dix-huit ou dix-neuf pass\u00E9es par centim\u00E8tre). La limite sup\u00E9rieure du\u00A0premier semple correspond au chef de pi\u00E8ce qui est visible sur la laize du mus\u00E9e des Tissus, dans le haut de la pi\u00E8ce. Il permettait d'ex\u00E9cuter le n\u0153ud \u00E0 la base des branches de laurier et ces deux derni\u00E8res, au complet. Le deuxi\u00E8me semple concernait la guirlande de fleurs et le haut de la branche de pieds d'alouette, dans la corbeille. Le troisi\u00E8me semple permettait de r\u00E9aliser la corbeille elle-m\u00EAme. La Fondation Abegg, \u00E0 Riggisberg, conserve un exemplaire de la\u00A0Tenture au panier fleuri\u00A0qui pr\u00E9sente un chef de pi\u00E8ce en partie inf\u00E9rieure (inv. Nr. 5287). Il correspond \u00E0 la fin du troisi\u00E8me semple. Les archives de la maison Tassinari et Chatel conservent un autre exemplaire de la tenture (inv. 860), ainsi que le Metropolitan Museum de New York (inv. 33.119, d\u00E9pouille de si\u00E8ge) et le Detroit Institute of Arts (inv. 48.18).\nPhilippe de Lasalle met ici en \u0153uvre le nouveau type de d\u00E9cor \u00E0 grand rapport de dessin qu'il a invent\u00E9 et que lui permet le semple mobile.\u00A0Le premier exemple de ce type de d\u00E9cor est probablement la Tenture aux perdrix, con\u00E7ue en 1771-1772, suivie de pr\u00E8s par la Tenture de Tchesm\u00E9,\u00A0puis, con\u00E7ues en 1775-1776,\u00A0la Tenture au panier fleuri, la Tenture de Crim\u00E9e et la Tenture aux colombes. Ces tentures dessinent toutes un majestueux r\u00E9seau losang\u00E9, enfermant le motif principal destin\u00E9 \u00E0 \u00EAtre r\u00E9p\u00E9t\u00E9 en quinconce sur les parois. Chaque laize contient ainsi ce motif, en son centre, et la moiti\u00E9 des c\u00F4t\u00E9s du losange, form\u00E9 par des rubans ou des guirlandes fleuries,\u00A0ainsi que les angles tangents des losanges sup\u00E9rieur et inf\u00E9rieur, marqu\u00E9s par des compositions v\u00E9g\u00E9tales, couronnes ou rameaux.\nSur la Tenture au panier fleuri, les fleurs repr\u00E9sent\u00E9es figurent toutes, d\u00E9j\u00E0,\u00A0dans l'entour de fleurs du\u00A0Portrait de Catherine II,\u00A0envoy\u00E9 \u00E0 l'imp\u00E9ratrice en 1771, entour de fleurs qui forme \u00E9galement le cadre du\u00A0Portrait de Louis XV\u00A0(inv. MT 45306 ; le mus\u00E9e des Tissus conserve aussi la mise en carte de cet entour de fleurs, inv. MT 1701), de celui de Louis-Stanislas-Xavier,\u00A0comte de Provence et de celui de Marie-Jos\u00E9phine-Louise de Savoie, comtesse de Provence (inv. MT 45307). Elles y sont r\u00E9unies \u00E0 d'autres vari\u00E9t\u00E9s de fleurs, dispos\u00E9es en couronne nou\u00E9e par un gros ruban.\nLes commandes de la Russie ont permis \u00E0\u00A0Philippe de Lasalle de surmonter les difficult\u00E9s de la crise de 1771-1772. M\u00EAme s'il \u00E9voque les difficult\u00E9s qu'il rencontre, en 1773, pour monter ses m\u00E9tiers, il obtient pour son invention une gratification et une pension.\u00A0Pour le sacre de Louis XVI, le 11 juin 1775, il re\u00E7oit une commande pour les ornements liturgiques de la c\u00E9r\u00E9monie. Il est invit\u00E9 par Emmanuel-F\u00E9licit\u00E9 de Durfort, duc de Duras, pair et mar\u00E9chal de France (1715-1789), \u00E0 \u00EAtre pr\u00E9sent quand l'\u00E9loge et la pr\u00E9sentation en sont faits au Roi, le 20 mai 1775. Le 29 novembre 1775, il est anobli et re\u00E7oit le Cordon de l'Ordre de Saint-Michel, ordre de chevalerie r\u00E9compensant les savants, \u00E9crivains et artistes. Le lendemain, 30 novembre 1775, Philippe de Lasalle perd son fils unique, \u00C9tienne (n\u00E9 le 13 septembre 1749 ; son \u00E9pouse, \u00C9lisabeth Charrier lui a par ailleurs donn\u00E9 cinq filles, Marie-\u00C9lisabeth, Didi\u00E8re, Marie-Fran\u00E7oise, Suzanne et \u00C9lisabeth-Sophie). Malgr\u00E9 cette \u00E9preuve, les affaires de Philippe de Lasalle sont florissantes. Les commandes pour la Russie contribuent \u00E0 l'\u00E9panouissement de ses affaires, comme en t\u00E9moigne une lettre du 11 mai 1775 o\u00F9\u00A0Philippe de Lasalle annonce qu'il a \u00AB trente-neuf m\u00E9tiers ou m\u00E9chaniques (sic) qui travaillent. \u00BB\nNotons que l'autoportrait conserv\u00E9 au mus\u00E9e des Arts d\u00E9coratifs de Lyon (inv. MAD 2274), o\u00F9 Philippe de Lasalle appara\u00EEt coiff\u00E9 d'une perruque, en habit bleu et chemise \u00E0 col de dentelle, en train d'arranger des fleurs \u00E0 sa table de travail, entour\u00E9 des attributs de l'artiste, date pr\u00E9cis\u00E9ment de\u00A0cette p\u00E9riode\u00A0o\u00F9 il rencontre plusieurs succ\u00E8s importants, puisqu'il est dat\u00E9 de 1776.\u00A0\nMaximilien Durand"@fr . . . . . . . . .