. "Le fragment pr\u00E9sente un d\u00E9cor rouge, jaune clair et bleu clair sur fond bleu fonc\u00E9 qui comporte une sc\u00E8ne de chasse imp\u00E9riale contenue dans un grand m\u00E9daillon. La couronne du m\u00E9daillon est orn\u00E9e de boutons floraux, et elle est ponctu\u00E9e par des rouelles contenant une fleur \u00E9panouie. Elles indiquent que,\u00A0sur l'\u00E9toffe d'origine, de grands m\u00E9daillons se r\u00E9p\u00E9taient, li\u00E9s \u00E0 leur points de tangence par ces rouelles. Dans les \u00E9coin\u00E7ons prennent place des motifs v\u00E9g\u00E9taux \u00E0 base d'acanthe et de fleurons. Au centre du m\u00E9daillon, l'Empereur byzantin, reconnaissable \u00E0 sa longue tunique rehauss\u00E9e de cabochons et de perles, appel\u00E9e scaramangion, est figur\u00E9 deux fois, autour d'un arbre qui marque l'axe de sym\u00E9trie de la sc\u00E8ne. Il est repr\u00E9sent\u00E9\u00A0sur un cheval richement capara\u00E7onn\u00E9 et\u00A0pourvu d'\u00E9triers. Le cavalier,\u00A0une lance dans la main, transperce la gueule d'un lion qui bondit entre les jambes du cheval. Un chien, en partie inf\u00E9rieure, attaque le fauve. La sc\u00E8ne de la chasse au lion, inspir\u00E9e par l'iconographie sassanide, trait\u00E9e ici sous la forme d'une double \u00E9piphanie imp\u00E9riale, de part et d'autre de l'arbre de vie\u00A0emprunt\u00E9 \u00E0\u00A0la Perse, est une image embl\u00E9matique de la puissance de l'Empereur des Romains d'Orient.\u00A0\nLe mus\u00E9e des Tissus a fait l'acquisition de cette pi\u00E8ce unique de l'art textile byzantin aupr\u00E8s de la Fabrique de l'\u00E9glise Saint-Pierre de Mozac, dans le Puy-de-D\u00F4me, en 1904. L'\u00E9toffe avait servi \u00E0 envelopper les reliques de saint Austremoine qu'avait obtenues l'abbaye de Mozac \u00E0 l'\u00E9poque carolingienne. Austremoine \u2014 Austremonius ou Stremonius \u2014 aurait \u00E9t\u00E9, d'apr\u00E8s Gr\u00E9goire de Tours\u00A0qui le mentionne avant 573 dans son\u00A0Historia Francorum (Histoire des Francs)\u00A0et vers 580 dans son ouvrage Gloria Confessorum (\u00C0 la gloire des Confesseurs), le premier \u00E9v\u00EAque de Clermont et l'un des \u00E9vang\u00E9lisateurs de la Gaule, o\u00F9 il subit le martyre. Il fut enterr\u00E9 dans l'\u00E9glise rurale d'Issoire\u00A0mais son culte demeura extr\u00EAmement local, avant de presque dispara\u00EEtre. Une nuit, le diacre Cautinus, qui devait devenir \u00E9v\u00EAque de Clermont en 551 et mourir en 571, s'imagina entendre des psalmodies provenant du lieu saint. En regardant par sa fen\u00EAtre, il aper\u00E7ut des hommes v\u00EAtus de blanc, tenant des cierges allum\u00E9s et chantant des psaumes autour de la tombe abandonn\u00E9e. D\u00E8s le lendemain, il la fit entourer d'une balustrade et le souvenir de saint Austremoine fut \u00E0 nouveau entretenu \u00E0 Issoire. Cent ans plus tard, un autre diacre du lieu, saint Priest (Praejectus), \u00E9lev\u00E9 en 650 \u00E0 l'\u00E9piscopat de Clermont, introduisit le culte de saint Austremoine dans la liturgie de son dioc\u00E8se. Il aurait aussi compos\u00E9 des gesta sancti Austremonii martyris (Passion de saint Austremoine, martyr). Ils constituent la base des vies plus tardives du\u00A0saint.\u00A0Son successeur, l'\u00E9v\u00EAque saint Avit II, vers 688, fit exhumer les restes de saint Austremoine \u00E0 Issoire et les fit transporter en grande pompe dans la basilique qu'il venait de faire \u00E9riger \u00E0 Volvic sur le tombeau de saint Priest, martyris\u00E9 en 676. Le corps fut ensuite transf\u00E9r\u00E9 \u00E0 Mozac et c'est \u00E0 cette occasion que les restes furent envelopp\u00E9s dans le fameux suaire conserv\u00E9 au mus\u00E9e des Tissus. \nLes circonstances de\u00A0cette ultime\u00A0translation de Volvic \u00E0 Mozac sont bien connues. Elles sont rapport\u00E9es dans les diff\u00E9rentes versions m\u00E9di\u00E9vales de la vie de saint Austremoine. La Vita sancti Austremonii prima est la source la plus pr\u00E9cise sur cet \u00E9v\u00E9nement. Elle est connue par deux manuscrits conserv\u00E9s \u00E0 la Biblioth\u00E8que municipale de Clermont-Ferrand (ms. 147, f\u00B0 1-8, datant du Xe si\u00E8cle ou de la premi\u00E8re moiti\u00E9 du XIe si\u00E8cle et provenant de Saint-Alyre de Clermont ; ms. 148, f\u00B0 195-202, datant du XIIIe si\u00E8cle). Elle rapporte\u00A0que l'abbaye des Saints-Pierre-et-Caprais de Mozac avait connu une p\u00E9riode de gloire mais l'action d'hommes mauvais (propter malorum hominum invastationem, et, plus loin dans le texte, propter oppressionem pravorum hominum) l'avait r\u00E9duite \u00E0 un \u00E9tat de faiblesse extr\u00EAme (isdem locus sub tanta debilitate erat adtritus, ut...). L'abb\u00E9 Lanfroid et la communaut\u00E9 de Mozac demand\u00E8rent donc au roi P\u00E9pin l'autorisation de transf\u00E9rer les restes de quelque saint afin de restaurer le prestige de l'abbaye. Lors d'une visite \u00E0 Volvic, le souverain se souvint de sa promesse. Accompagn\u00E9 de Joseph, d\u00E9sign\u00E9 comme\u00A0scriba et sacerdos regis, c'est-\u00E0-dire \u00AB scribe et pr\u00EAtre du roi \u00BB, il pr\u00E9sida \u00E0 l'\u00E9l\u00E9vation puis \u00E0 la translation des reliques de saint Austremoine, portant lui-m\u00EAme le corps saint sur ses \u00E9paules. C'est lui qui le fit envelopper dans des \u00E9toffes de lin et de soie.\nApr\u00E8s le transfert des restes sacr\u00E9s \u00E0 Mozac, gr\u00E2ce au roi P\u00E9pin, l'abbaye retrouva sa dignit\u00E9 et \u00E9gala en renomm\u00E9e les lieux les plus fameux d'Auvergne. La seconde partie de la Vita sancti Austremonii prima\u00A0est consacr\u00E9e aux miracles qui illustr\u00E8rent le tombeau du saint dans l'abbaye : gu\u00E9risons d'aveugles, de paralytiques, de l\u00E9preux et d\u00E9livrance de poss\u00E9d\u00E9s.\nUne Vita sancti Austremonii secunda, conserv\u00E9e dans un unique manuscrit de la fin du IXe si\u00E8cle ou du Xe si\u00E8cle (Bruxelles, Biblioth\u00E8que royale, ms. 8550, f\u00B0 11-17v\u00B0), ne fait que reprendre le r\u00E9cit pr\u00E9c\u00E9dent en le paraphrasant. Elle fournit aussi quelques d\u00E9tails nouveaux qui n'apportent rien d'essentiel au r\u00E9cit ant\u00E9rieur.\nUne Vita sancti Austremonii tertia est connue par trois manuscrits : le premier, provenant de L\u00E9rins, peut \u00EAtre dat\u00E9 du XIe si\u00E8cle (Vatican, Biblioth\u00E8que apostolique, Vat. reg. lat. 486, f\u00B0 1-53) ; le deuxi\u00E8me, du XIIe si\u00E8cle et de l'abbaye auvergnate de Mauriac (Clermont-Ferrand, Biblioth\u00E8que municipale, ms. 732, p. 57-59) ; la troisi\u00E8me est un manuscrit de Saint-Martial de Limoges (Paris, Biblioth\u00E8que nationale de France, lat. 5365, f\u00B0 117r\u00B0-122r\u00B0). Le manuscrit de Limoges comprend un prologue, la Vita proprement dite et un texte ampoul\u00E9, manifestement incomplet, relatif aux translations du corps de saint Austremoine d'Issoire \u00E0 Volvic, puis de Volvic \u00E0 Mozac (l'abbaye n'est pas nomm\u00E9e) ; les deux autres ajoutent \u00E0 cet ensemble une Revelatio, des Translationes et la copie, sans aucune modification, de l'ensemble des Miracula tel qu'il figurait dans la Vita secunda. La comparaison de cette Vita tertia avec les deux pr\u00E9c\u00E9dentes montre une amplification consid\u00E9rable du r\u00E9cit. La Revelatio concerne la mise en valeur du corps de saint Austremoine \u00E0 Issoire par Cautinus, futur \u00E9v\u00EAque de Clermont ;\u00A0la Prima Translatio, les \u00E9v\u00E9nements qui conduisent le corps d'Austremoine d'Issoire \u00E0 Volvic ; la Secunda Translatio (ou Revelatio corporis sancti Austremonii et ejusdem duplex translatio)\u00A0le transfert des restes vers Mozac. Ce dernier\u00A0r\u00E9cit semble bien \u00EAtre l'\u0153uvre de l'auteur de la Vita, et il pr\u00E9cise ce qu'il y avait d'incertain dans les deux r\u00E9cits ant\u00E9rieurs de la\u00A0m\u00EAme translation\u00A0dont\u00A0il reproduit le th\u00E8me. Il rappelle la fondation de l'abbaye par saint Calmin, en l'honneur de saint Pierre et saint Caprais, \u00E9voque le r\u00F4le de Lanfroid dans le transfert des restes et explique la d\u00E9cision favorable du roi P\u00E9pin par une vision. P\u00E9pin, qui se trouvait \u00E0 Clermont, aurait \u00E9t\u00E9 conduit en r\u00EAve dans la basilique Saint-Priest de Volvic. Devant un tribunal c\u00E9leste pr\u00E9sid\u00E9 par le Christ lui-m\u00EAme, il aurait rencontr\u00E9 Austremoine, v\u00EAtu en \u00E9v\u00EAque, mais en tenue de voyage. Austremoine lui aurait expliqu\u00E9 que l'abbaye de Mozac lui avait \u00E9t\u00E9 confi\u00E9e par Dieu pour qu'elle soit sous sa protection. La translation est effectu\u00E9e par le souverain lui-m\u00EAme et par Joseph, regis apocrisarius, dont il est pr\u00E9cis\u00E9 qu'il deviendrait abb\u00E9 de Thiers.\u00A0Puis le r\u00E9cit se termine par la date exacte de la translation des restes de saint Austremoine \u00E0 Mozac : Anno ab incarnatione Domini nostri Jesu Christi DCCLXIIII, indict. II, regnante vero domno Pippino anno XXIIII, acta est haec translatio. Eodem tempore imperabat Romanis Constantinus filius Leonis imp\u00E9ratoris, c'est-\u00E0-dire \u00AB Cette translation a eu lieu la sept cent soixante-quatri\u00E8me ann\u00E9e de l'Incarnation de Notre Seigneur J\u00E9sus-Christ, dans la deuxi\u00E8me indiction, dans la vingt-quatri\u00E8me ann\u00E9e du r\u00E8gne du seigneur P\u00E9pin. En ce temps, Constantin, fils de L\u00E9on, \u00E9tait Empereur des Romains.\u00A0\u00BB\nEnfin, un dernier texte s'ajoute \u00E0 ce dossier de la translation \u00E0 Mozac des restes de saint Austremoine, envelopp\u00E9s dans le suaire de soie. Il s'agit d'un texte bref, intitul\u00E9 Visio Lamfredi (ou Vision de Lanfroid), connu par un seul manuscrit du XIIe si\u00E8cle, provenant de Saint-Alyre de Clermont\u00A0(Clermont-Ferrand, Biblioth\u00E8que municipale, ms. 147, f\u00B0 147 v\u00B0). Pendant la nuit de No\u00EBl, l'abb\u00E9 Lanfroid voit un cerf blanc entrer dans le monast\u00E8re de Mozac et dessiner, de ses\u00A0bois et de ses sabots, dans le sol du cimeti\u00E8re situ\u00E9 au nord de l'\u00E9glise des Saints-Pierre-et-Caprais, le plan d'une \u00E9glise. Huit jours plus tard, Lanfroid r\u00EAve qu'il se trouve aux c\u00F4t\u00E9s de P\u00E9pin (d'abord qualifi\u00E9 de dompnus, \u00AB seigneur \u00BB, puis de rex, \u00AB roi \u00BB)\u00A0dans son palais d'Orl\u00E9ans. Lanfroid raconte l'histoire du cerf \u00E0 P\u00E9pin. P\u00E9pin, \u00E0 son tour, raconte \u00E0 Lanfroid un songe qu'il a eu dans la basilique Sainte-Croix d'Orl\u00E9ans : il avait \u00E9t\u00E9 conduit devant les ruines d'un monast\u00E8re par un vieillard resplendissant qui lui avait enjoint de construire-l\u00E0 une basilique pour rendre son honneur au monast\u00E8re, qui lui avait \u00E9t\u00E9 confi\u00E9 par Dieu.\u00A0Peu de temps apr\u00E8s, de retour d'une campagne contre le duc Waifre, P\u00E9pin se trouve en Auvergne et assi\u00E8ge la ville de Clermont. Il se souvient alors de son r\u00EAve et d\u00E9cide d'aller prier \u00E0 Mozac. Lanfroid et la communaut\u00E9 viennent \u00E0 sa rencontre. Lanfroid et P\u00E9pin se racontent leurs visions respectives et Lanfroid lui montre les traces\u00A0laiss\u00E9es par le cerf dans le cimeti\u00E8re. P\u00E9pin d\u00E9cide la construction d'une superbe basilique, donne l'or et l'argent n\u00E9cessaires et fait\u00A0porter \u00E0 Mozac, par chariots tir\u00E9s par des paires de b\u0153ufs, de grandes pierres taill\u00E9es provenant de la cit\u00E9 de Clermont qu'il venait de d\u00E9truire en grande partie. P\u00E9pin nomme Adelbert (ou Adebert) comme successeur de l'\u00E9v\u00EAque \u00C9tienne de Clermont, d\u00E9c\u00E9d\u00E9 depuis peu. C'est Adelbert qui conduit de Volvic \u00E0 Mozac les restes de saint Austremoine avec l'appui de P\u00E9pin qui avait b\u00E9n\u00E9fici\u00E9 d'une nouvelle vision \u00E0 ce propos. Adelbert d\u00E9cide de se faire enterrer \u00E0 Mozac.\u00A0\nSur la foi de ces r\u00E9cits, et notamment de la date annonc\u00E9e dans la Vita sancti Austremonii tertia, le suaire de saint Austremoine a souvent \u00E9t\u00E9 consid\u00E9r\u00E9 comme un pr\u00E9sent de P\u00E9pin le Bref \u00E0 l'abbaye de Mozac, fait \u00E0 l'occasion de la translation. On a m\u00EAme imagin\u00E9 qu'il avait pu \u00EAtre offert au premier roi carolingien par l'empereur iconoclaste Constantin V Copronyme, nomm\u00E9 dans le r\u00E9cit de la translation comme empereur r\u00E9gnant en Orient, et qu'il avait \u00E9t\u00E9 tiss\u00E9 dans les ateliers imp\u00E9riaux de Constantinople dans la premi\u00E8re moiti\u00E9 du VIIIe si\u00E8cle. On sait aujourd'hui, gr\u00E2ce aux travaux de L\u00E9on Levillain, en 1904 et en 1926, notamment, que la translation, telle qu'elle est racont\u00E9e dans la Vita tertia, a fait l'objet d'un travestissement historique, probablement imagin\u00E9 au XIe si\u00E8cle, visant \u00E0 inscrire la renaissance de l'abbaye de Mozac dans la geste carolingienne la plus prestigieuse. Ce travestissement repose\u00A0sur l'homonymie du premier roi carolingien, P\u00E9pin le Bref, et de son arri\u00E8re-petit-fils, P\u00E9pin II d'Aquitaine, v\u00E9ritable auteur de la translation des restes de saint Austremoine. Cette l\u00E9gende, forg\u00E9e peu avant 1095, a pour origine un acte faussement dat\u00E9 du 1er f\u00E9vrier 764, par lequel \u00AB P\u00E9pin le Bref, roi d'Aquitaine, \u00E0 la requ\u00EAte de Lanfroid, abb\u00E9 de Mozac, confirme \u00E0 l'abbaye de Mozac fond\u00E9e et dot\u00E9e par le s\u00E9nateur romain Calmin et par sa femme Namadie avec le consentement des rois Thierry III et Clovis III dont les actes et dipl\u00F4mes lui ont \u00E9t\u00E9 pr\u00E9sent\u00E9s, les nombreuses donations qui avaient \u00E9t\u00E9 faites par ces rois tant \u00E0 Calmin et \u00E0 Namadie qu'\u00E0 l'abb\u00E9 Euterius et \u00E0 la congr\u00E9gation de Saint-Pierre-et-Saint-Caprais ; \u00E0 l'occasion de la translation des reliques de saint Austremoine de Volvic \u00E0 Mozac qu'il a lui-m\u00EAme accomplie, le roi donne au monast\u00E8re deux domaines en Auvergne. \u00BB L\u00E9on Levillain a pu d\u00E9montrer que l'acte est bien un faux, mais surtout qu'il repose sur un document indiscutablement vrai : la charte plac\u00E9e sous le nom de P\u00E9pin le Bref doit \u00EAtre restitu\u00E9e \u00E0 P\u00E9pin II d'Aquitaine et dat\u00E9e du 1er f\u00E9vrier 847 ou, plus vraisemblablement, du 1er f\u00E9vrier 848. Par ce document, aujourd'hui disparu, \u00AB P\u00E9pin II, roi d'Aquitaine, \u00E0 la requ\u00EAte de Lanfroid, abb\u00E9 de Mozac, conc\u00E8de audit monast\u00E8re des domaines situ\u00E9s en Auvergne, \u00E0 l'occasion de la translation des reliques de saint Austremoine, \u00E0 laquelle il a pr\u00E9sid\u00E9. \u00BB Depuis, d'autres \u00E9tudes ont montr\u00E9 les enjeux politiques et religieux de cette falsification et de la revendication du patronage de P\u00E9pin le Bref, plut\u00F4t que de P\u00E9pin II d'Aquitaine, sur l'abbaye de Mozac.\nUn acte de janvier 864, conserv\u00E9 dans le cartulaire de Saint-Julien de Brioude, qui concerne un \u00E9change de biens entre le comte Bernard et sa femme Ermengarde, d'une part, et l'abb\u00E9 Lanfroid et la communaut\u00E9 de Mozac, d'autre part, confirme que la translation des restes de saint Austremoine a bien eu lieu sous le r\u00E8gne de P\u00E9pin II. Cet acte\u00A0mentionne Lanfroid comme abbas e coenobio Mausiaco, quod est patria Arvernica [...] constructum in honorem beati Petri apostolorum principis et Caprasii martyris, ubi moderno tempore beatus Stremonius martyr, primus Arvernorum episcopus et praedicator, corpore requiescit, c'est-\u00E0-dire \u00AB abb\u00E9 au monast\u00E8re de Mozac, qui est construit dans la patrie des Arvernes en l'honneur du bienheureux Pierre, prince des ap\u00F4tres, et du bienheureux Caprais, martyr, o\u00F9 saint Stremoine, premier \u00E9v\u00EAque des Arvernes et leur \u00E9vang\u00E9lisateur, repose en corps depuis peu \u00BB.\nLe cas de l'abbaye de Mozac rel\u00E8ve donc d'un ph\u00E9nom\u00E8ne bien connu de la politique religieuse carolingienne au IXe si\u00E8cle. Un \u00E9tablissement monastique d\u00E9laiss\u00E9 b\u00E9n\u00E9ficie de mesures destin\u00E9es \u00E0 lui rendre son importance : confirmation de biens, nouvelles donations, translation de reliques, don d'\u00E9toffes orientales pr\u00E9cieuses pour les envelopper, toutes ces actions \u00E9tant suivies de la r\u00E9daction de la Vita du saint r\u00E9cemment transf\u00E9r\u00E9 et du recensement de ses miracles.\nUn autre texte, publi\u00E9 sous le titre Additamentum de reliquiis sancti Austremonii, a \u00E9t\u00E9 r\u00E9dig\u00E9 \u00E0 l'occasion de la reconnaissance officielle des restes de saint Austremoine, en 1197, par l'\u00E9v\u00EAque de Clermont, Robert. Un certain Gaubert, moine de Mozac, avait esp\u00E9r\u00E9 pouvoir acc\u00E9der au poste d'abb\u00E9 de son monast\u00E8re. Il en fut d\u00E9cid\u00E9 autrement. Gaubert, devenu abb\u00E9 d'Issoire, pr\u00E9tendit pour se venger que les reliques de saint Austremoine se trouvaient toujours \u00E0 Issoire. \u00C0 Mozac, l'abb\u00E9 Guillaume demanda \u00E0 l'\u00E9v\u00EAque de Clermont de proc\u00E9der \u00E0 une reconnaissance des reliques de son abbaye. L'\u00E9v\u00EAque Robert vint \u00E0 Mozac, fit ouvrir le reliquaire d'Austremoine, sous l'autel majeur, dans la crypte appel\u00E9e \u00AB confession \u00BB. L'\u00E9v\u00EAque d\u00E9couvrit le corps saint prot\u00E9g\u00E9 par les tissus de soie et de lin qui remontaient \u00E0 la translation de P\u00E9pin. Trois sceaux, dont le sceau royal, \u00E9taient encore en place et l'\u00E9v\u00EAque ne voulut pas les briser pour conserver intact ce v\u00E9n\u00E9rable signe d'authenticit\u00E9. Il fit ouvrir le paquet par le c\u00F4t\u00E9 et proc\u00E9da \u00E0 une inspection manuelle des ossements. Puis il fit replacer les reliques dans son ancien reliquaire, en attendant d'avoir l'occasion de faire r\u00E9aliser une ch\u00E2sse plus pr\u00E9cieuse. Les circonstances de la translation \u00E0 Mozac des reliques, sous l'abbatiat de Lanfroid et en pr\u00E9sence de l'\u00E9v\u00EAque Adebert, sont encore rappel\u00E9es.\nAu vu de ce dossier historique et litt\u00E9raire complexe, le \u00AB suaire de Mozac \u00BB a \u00E9t\u00E9 dat\u00E9 diversement du VIIIe si\u00E8cle (r\u00E8gne de P\u00E9pin le Bref) ou\u00A0du IXe si\u00E8cle (r\u00E8gne de P\u00E9pin II d'Aquitaine), y compris dans la bibliographie la plus r\u00E9cente de l'\u0153uvre (Guide des collections du mus\u00E9e des Tissus, 2010, p. 32), voire m\u00EAme du Xe ou du XIe si\u00E8cle. Cette derni\u00E8re datation repose sur une comparaison purement iconographique. La sc\u00E8ne\u00A0singuli\u00E8re qui orne le suaire de saint Austremoine, avec la double repr\u00E9sentation de l'Empereur (basileus) byzantin en grand costume de parade, a\u00A0en effet\u00A0\u00E9t\u00E9 rapproch\u00E9e de la figure imp\u00E9riale pr\u00E9sente sur une exceptionnelle tapisserie de soie, appel\u00E9e Gunthertuch et conserv\u00E9e au Di\u00F6zesanmuseum de Bamberg, qui a \u00E9t\u00E9 retrouv\u00E9e en 1830 enveloppant les restes de l'\u00E9v\u00EAque de cette ville, Gunther, mort en juillet 1065 au retour d'un p\u00E8lerinage \u00E0 J\u00E9rusalem.\u00A0Cette tapisserie\u00A0montre probablement\u00A0les\u00A0victoires de l'empereur Nic\u00E9phore Phocas contre\u00A0les Arabes \u00E0 Tarse et \u00E0 Mopsueste, en 965,\u00A0ou le double triomphe de\u00A0l'empereur Basile II c\u00E9l\u00E9br\u00E9 apr\u00E8s sa victoire sur les Bulgares (1017) \u00E0 Ath\u00E8nes, puis \u00E0 Constantinople. \u00C9videmment cette hypoth\u00E8se a \u00E9t\u00E9 peu suivie.\nAujourd'hui, l'analyse technique du suaire de saint Austremoine semble bien attacher sa pr\u00E9sence dans la ch\u00E2sse du saint \u00E0 la lib\u00E9ralit\u00E9 du roi P\u00E9pin II d'Aquitaine. Le suaire de saint Austremoine pr\u00E9sente, en effet,\u00A0une particularit\u00E9 qui confirme une attribution de la pi\u00E8ce \u00E0 la premi\u00E8re\u00A0moiti\u00E9 du IXe si\u00E8cle. La cha\u00EEne, en soie rouge de torsion Z, a une proportion de une cha\u00EEne pi\u00E8ce pour une cha\u00EEne de liage, conforme \u00E0 la tradition de tissage des samits m\u00E9diterran\u00E9ens, mais l'\u00E9toffe est ex\u00E9cut\u00E9e avec des pass\u00E9es paires \u00E0 retour. Cette mise en \u0153uvre\u00A0r\u00E9v\u00E8le une importante diff\u00E9rence de savoir-faire par rapport aux \u00E9toffes produites\u00A0entre le milieu du Ve si\u00E8cle et\u00A0la fin du VIIIe si\u00E8cle dans les grands centres du Bassin m\u00E9diterran\u00E9en. Un autre samit exceptionnel\u00A0offre la m\u00EAme particularit\u00E9, extr\u00EAmement rare dans le corpus des \u00E9toffes de l'Orient\u00A0du haut Moyen \u00C2ge. Il s'agit du fameux \u00AB suaire de Charlemagne \u00BB, conserv\u00E9 au mus\u00E9e national du Moyen \u00C2ge-Thermes et h\u00F4tel de Cluny, \u00E0 Paris (inv. Cl. 13289), lui aussi tiss\u00E9 sur des fils pi\u00E8ce simples et teints en rouge, de torsion Z, avec des pass\u00E9es paires \u00E0 retour et un fond bleu profond, pourpr\u00E9 par les points de liage. Il provient du tr\u00E9sor de la cath\u00E9drale d'Aix-la-Chapelle, et la tradition pr\u00E9tend qu'il aurait envelopp\u00E9 les restes de Charlemagne. L'iconographie de cette \u00E9toffe \u2014\u00A0un cocher conduisant un quadrige\u00A0de face, encadr\u00E9 par deux jubilatores, dont le r\u00F4le, \u00E0 l'hippodrome, consistait \u00E0 exciter le d\u00E9sir du conducteur de char de remporter la course, et accompagn\u00E9s par deux autres personnages versant des pi\u00E8ces,\u00A0le prix de la victoire, dans\u00A0un r\u00E9cipient en forme de cylindre\u00A0\u2014 et la composition en rang\u00E9es de m\u00E9daillons tangents li\u00E9s par des rouelles, entre lesquels s'affrontent des bouquetins, sont caract\u00E9ristiques du renouvellement de l'art byzantin durant la crise iconoclaste (726-843). La Vie de saint \u00C9tienne le Jeune, le plus c\u00E9l\u00E8bre, sans doute, des martyrs iconodoules, \u00E9crite en 806, rappelle que suite au concile des Hi\u00E9r\u00E9ia, tenu \u00E0 la demande de l'empereur Constantin V Copronyme, seules \u00AB furent \u00E9pargn\u00E9es et m\u00EAme pris\u00E9es les images d'arbres peupl\u00E9s d'oiseaux, les repr\u00E9sentations de courses hippiques, de chasses, de sc\u00E8nes de th\u00E9\u00E2tre et d'hippodrome. \u00BB Les images religieuses, en revanche, furent proscrites, et elles firent l'objet des destructions que l'on conna\u00EEt. \nComme le \u00AB suaire de Charlemagne \u00BB conserv\u00E9 au mus\u00E9e national du Moyen \u00C2ge-Thermes et h\u00F4tel de Cluny, avec lequel il partage des caract\u00E9ristiques techniques d\u00E9terminantes, le suaire de saint Austremoine rel\u00E8ve de cette iconographie iconoclaste qui promeut l'\u00E9dilit\u00E9 imp\u00E9riale (sc\u00E8nes d'hippodrome) ou la puissance de l'Empereur (chasse). Le tissage sur des fils de cha\u00EEne rouges de torsion Z, avec des pass\u00E9es paires \u00E0 retour, semble d'ailleurs se g\u00E9n\u00E9raliser dans\u00A0les productions constantinopolitaines des IXe-Xe si\u00E8cles, comme en t\u00E9moigne, par exemple, la fameuse soierie aux lions passants provenant de la ch\u00E2sse de saint Annon\u00A0\u00E0 Siegburg (L\u00F6wenstoff), inscrite aux noms de l'empereur Romain Ier L\u00E9cap\u00E8ne et de son fils Christophe (921-931), conserv\u00E9e au Textilmuseum de Krefeld. Sur cet exemple, n\u00E9anmoins, plus tardif, la proportion des cha\u00EEnes est de deux\u00A0fils de cha\u00EEne pi\u00E8ce pour un liage, plus adapt\u00E9e au tissage \u00E0 pass\u00E9es paires \u00E0 retour. Le suaire de saint Austremoine et le \u00AB suaire de Charlemagne \u00BB pourraient donc \u00EAtre parmi les plus anciens samits m\u00E9diterran\u00E9ens \u00E0 grand d\u00E9cor t\u00E9moignant de cette \u00E9volution d\u00E9terminante. Leur iconographie, qui les rattache l'un et l'autre \u00E0 l'iconoclasme byzantin, en font aussi de pr\u00E9cieux t\u00E9moins de l'art constantinopolitain de cette p\u00E9riode.\nLa pr\u00E9sence en Occident du suaire de saint Austremoine peut alors \u00EAtre le r\u00E9sultat d'un cadeau diplomatique fait par l'empereur iconoclaste Th\u00E9ophile (829-842) \u00E0 Louis le Pieux (814-840) pour son aide dans la lutte contre les Arabes. Il l'aurait transmis \u00E0 son\u00A0h\u00E9ritier P\u00E9pin Ier d'Aquitaine\u00A0(797-838), qui l'aurait\u00A0l\u00E9gu\u00E9 \u00E0 son fils P\u00E9pin II.\nHenri d'Hennezel, directeur du mus\u00E9e des Tissus, rapporte en 1943 une \u00E9trange anecdote qu'il tenait de son pr\u00E9d\u00E9cesseur, Raymond Cox, relative \u00E0 l'acquisition du suaire de saint Austremoine, imm\u00E9diatement identifi\u00E9 comme un chef-d'\u0153uvre. \u00AB La Fabrique de Mozac \u00E9prouvait sans doute quelque peine \u00E0 fixer un prix correspondant \u00E0 la valeur de l'objet. Il y avait \u00E0 cette \u00E9poque des louis et ils \u00E9taient en or vrai. Il fut convenu que l'on recouvrirait la surface du tissu d'autant de louis qu'elle pourrait en contenir et que la somme ainsi obtenue serait vers\u00E9e en paiement par la Chambre de Commerce. On aligna, les uns contre les autres, quatre cents louis. Huit mille francs ne paieraient pas aujourd'hui, m\u00EAme de loin, cette soierie inestimable ; mais il y a quarante ans, c'\u00E9tait une somme. L'acquisition une fois faite, le tissu vint chez nous dans l'\u00E9tat o\u00F9\u00A0il se trouvait \u00E0 Mozac. Il s'en fallait qu'il f\u00FBt intact. Si l'on jette les yeux sur le tissu, dont aucune photographie n'a pu \u00EAtre reproduite jusqu'ici, on constate que des coupures tr\u00E8s nettes qui ne sont pas le fait de l'usure apparaissent \u00E0 la partie sup\u00E9rieure, \u00E0 droite, le long du cavalier, et \u00E0 gauche, suivant un d\u00E9coupage qui a enlev\u00E9 jusqu'aux \u00E9paules la t\u00EAte du second cavalier. Le tr\u00E9sor de Mozac (...) n'\u00E9tait peut-\u00EAtre pas surveill\u00E9 autrefois de tr\u00E8s pr\u00E8s par ceux qui en avaient la charge. Toujours est-il que des ciseaux complaisants et, je veux le croire, ignorants, enlevaient \u00E0 l'occasion des parties du tissu en les distribuant aux amateurs et aux marchands.\u00A0\u00BB En effet, l'ouvrage d'Hippolyte Gomot, consacr\u00E9 \u00E0 l'abbaye de Mozac en 1872, signale, dans la partie consacr\u00E9e aux ch\u00E2sses abbatiales : \u00AB Nous avons remarqu\u00E9, dans une de ces ch\u00E2sses, l'ossement entier d'une jambe envelopp\u00E9 dans un morceau d'\u00E9toffe tr\u00E8s ancienne sur laquelle sont dessin\u00E9s quatre hommes d'armes \u00E0 cheval et quatre lions. On y voit aussi des courroies coup\u00E9es qui ont d\u00FB servir \u00E0 envelopper le corps d'un martyr ; elles portent l'empreinte de plusieurs sceaux repr\u00E9sentant un b\u0153uf en relief et l'extr\u00E9mit\u00E9 d'une clef. \u00BB Des fragments, soustraits \u00E0 l'\u00E9toffe avant son acquisition par le mus\u00E9e des Tissus, sont aujourd'hui conserv\u00E9s \u00E0 Florence, au mus\u00E9e du Bargello (inv. 2293 C) et \u00E0 Riggisberg, \u00E0 la Fondation Abegg (inv. Nr. 1416). Ils appartiennent manifestement\u00A0\u00E0 une seconde paire de cavaliers, affront\u00E9s autour d'un arbre, et ne sont pas jointifs avec le grand fragment conserv\u00E9 par le mus\u00E9e des Tissus. Ils confirment bien la description du tissu faite par Hippolyte Gomot qui avait vu deux paires de cavaliers.\nLe Livre des d\u00E9lib\u00E9rations du Conseil municipal de Mozac conserve le compte rendu de la\u00A0s\u00E9ance extraordinaire\u00A0du 20 mars 1904 concernant l'\u00AB ali\u00E9nation d'une pi\u00E8ce d'\u00E9toffe appartenant \u00E0 la fabrique de l'\u00E9glise de Mozac \u00BB. Cette pi\u00E8ce indique les circonstances dans lesquelles le suaire de saint Austremoine a pu \u00EAtre acquis par le mus\u00E9e des Tissus : \u00AB Le Pr\u00E9sident (Coste, maire de Mozac) a communiqu\u00E9 au Conseil et lui a donn\u00E9 lecture des pi\u00E8ces suivantes : 1 - Lettre adress\u00E9e \u00E0 Mr le Pr\u00E9fet du Puy de D\u00F4me par Mr Cox directeur du mus\u00E9e historique des Tissus de Lyon, qui demande \u00E0 \u00EAtre autoris\u00E9 \u00E0 acqu\u00E9rir, au prix de huit mille francs, prix offert avec l'adh\u00E9sion de l'administration des Beaux-Arts, une pi\u00E8ce d'\u00E9toffe du IXe si\u00E8cle faisant partie du tr\u00E9sor de l'\u00E9glise de Mozac et class\u00E9e Monument historique. 2 - Lettre de Mr le Sous-Pr\u00E9fet de Riom en date du 8 mars courant adress\u00E9e pour lui faire part de la proposition ci-dessus et l'inviter \u00E0 la soumettre tant \u00E0 la d\u00E9lib\u00E9ration du Conseil de Fabrique qu'\u00E0 celle du Conseil municipal. Ces deux assembl\u00E9es ont \u00E0 donner leur avis sur l'ali\u00E9nation de la pi\u00E8ce pr\u00E9cieuse dont il s'agit et sur l'emploi du prix de vente. Mr le Sous-Pr\u00E9fet explique que, par d\u00E9cision du 25 f\u00E9vrier dernier, Mr le ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts a donn\u00E9 l'autorisation n\u00E9cessaire. 3 - Exp\u00E9dition d'une d\u00E9lib\u00E9ration \u00E9mise par le Conseil de Fabrique de l'\u00E9glise de Mozac, conform\u00E9ment \u00E0 l'invitation de Mr le Sous-Pr\u00E9fet, le 13 mars courant. Par cette d\u00E9lib\u00E9ration, le Conseil de Fabrique dit qu'il y a lieu de vendre la pi\u00E8ce d'\u00E9toffe demand\u00E9e par le mus\u00E9e historique des Tissus de Lyon, moyennant le prix offert de huit mille francs et \u00E0 la condition que mention de sa provenance sera faite au catalogue du mus\u00E9e. Cette somme devra \u00EAtre vers\u00E9e au tr\u00E9sor de la Fabrique et employ\u00E9e \u00E0 des r\u00E9parations estim\u00E9es n\u00E9cessaires soit \u00E0 l'\u00E9glise soit au b\u00E2timent contigu du presbyt\u00E8re, monuments historiques class\u00E9s. Apr\u00E8s ces lectures suivies d'explications, et apr\u00E8s discussion, le Conseil, \u00E0 l'unanimit\u00E9, adh\u00E9rant aux motifs d\u00E9velopp\u00E9s dans la d\u00E9lib\u00E9ration du Conseil de Fabrique, d\u00E9clare approuver et autoriser, si besoin est, l'ali\u00E9nation de la pi\u00E8ce d'\u00E9toffe dont il s'agit, au prix et aux conditions \u00E9nonc\u00E9es dans ladite d\u00E9lib\u00E9ration du Conseil de Fabrique, ainsi que l'emploi des fonds qui s'y trouve indiqu\u00E9, le tout sans exception ni r\u00E9serve. \u00BB\nQuelques mois seulement apr\u00E8s l'acquisition du suaire de saint Austremoine, Raymond Cox obtenait encore, pour les collections du mus\u00E9e, des fragments du suaire de saint Lazare d'Autun (inv. MT 27600), chef-d'\u0153uvre de l'art islamique m\u00E9di\u00E9val, lui aussi utilis\u00E9 pour envelopper des reliques. Ils constituaient un don d'Adolphe, cardinal Perraut, \u00E9v\u00EAque d'Autun.\u00A0\nMaximilien Durand"@fr . . .