. . . . . . . "La laize a conserv\u00E9 ses deux lisi\u00E8res, compos\u00E9es de cordelines et de mignonettes en satin de 8, cha\u00EEne. La lisi\u00E8re droite pr\u00E9sente cependant une particularit\u00E9 notable, puisqu'elle est ray\u00E9e de noir. Cette \u00AB marque \u00BB inhabituelle permet d'attribuer avec certitude la production de cette laize \u00E0 Philippe de Lasalle (1723-1804), c\u00E9l\u00E8bre dessinateur, ing\u00E9nieur et fabricant lyonnais, entre 1771 et 1773. Pour surmonter la crise qui frappait la Fabrique lyonnaise\u00A0durant ces ann\u00E9es,\u00A0et parce qu'il avait acquis une solide r\u00E9putation comme dessinateur et comme fabricant, Philippe de Lasalle avait obtenu de \u00AB s'\u00E9carter des m\u00E9thodes usit\u00E9es de fabriquer les \u00E9toffes, en mettant une marque distinctive, pour laisser \u00E0 son g\u00E9nie l'essort dont il avait besoin, et l'on a vu sortir de son pinceau des chefs-d'\u0153uvre dans le genre d'\u00E9toffes pour meubles, en mati\u00E8re de laine, fil et bourre de soye qu'il faisait pr\u00E9parer \u00E0 sa mani\u00E8re, ce qui a prodigieusement occup\u00E9 de bras dans des temps mesme de cessation d'ouvrages et ses \u00E9toffes ont orn\u00E9 les Palais des Rois et ceux de l'imp\u00E9ratrice de Russie qui a consid\u00E9rablement fait travailler la ville de Lyon dans cette nouvelle branche d'industrie \u00BB comme l'indique un rapport\u00A0r\u00E9dig\u00E9 en 1778 conserv\u00E9 aux Archives nationales de France (F121444A). Cette \u00AB marque distinctive \u00BB a pu \u00EAtre r\u00E9cemment identifi\u00E9e : il s'agit d'une rayure noire bien visible dans l'une des deux lisi\u00E8res.\u00A0\u00A0\nEt, en effet, l'analyse technique de la laize du mus\u00E9e des Tissus confirme bien qu'il s'agit ici d'une \u00E9toffe \u00AB\u00A0m\u00E9lang\u00E9e \u00BB, puisque la cha\u00EEne est en soie (organsin S de 2 bouts, cr\u00E8me pour les parties chin\u00E9e, et jaune pour la partie centrale a effet damass\u00E9 et d\u00E9cor broch\u00E9), tandis que la trame de\u00A0fond\u00A0est en\u00A0lin (fil\u00E9 de torsion Z, non teint, blanchi, tram\u00E9 de diff\u00E9rentes \u00E9paisseurs) et que les trames\u00A0broch\u00E9es\u00A0sont en\u00A0soie (fil continu, assembl\u00E9\u00A0sans torsion apparente\u00A0de 3 bouts, vert clair et\u00A0blanc) ou en schappe (assembl\u00E9\u00A0sans torsion apparente\u00A0de 3 bouts fil\u00E9 Z, vert, vert olive, brun-rouge, rouge, rose, rouge-violet, violet-brun, rose saumon et\u00A0noir). \nL'association de soie (en cha\u00EEne et en trame), de schappe de soie (trames broch\u00E9es) et de lin (trame de fond)\u00A0dans les \u00E9toffes produites par\u00A0Philippe de Lasalle dans les ann\u00E9es 1771-1773 lui permettait d'abaisser consid\u00E9rablement le prix de ses productions, sans sacrifier la qualit\u00E9 du d\u00E9cor. Cette autorisation de r\u00E9aliser des \u00E9toffes \u00AB\u00A0m\u00E9lang\u00E9es \u00BB lui avait \u00E9t\u00E9 accord\u00E9e par les ma\u00EEtres-gardes de Lyon au moment m\u00EAme o\u00F9\u00A0il ex\u00E9cutait ses premiers chefs-d'\u0153uvre au moyen du semple mobile, comme en t\u00E9moignent, dans la collection du mus\u00E9e des Tissus,\u00A0les fameuses tentures dites \u00AB\u00A0aux perdix \u00BB (inv. MT 2882)\u00A0et \u00AB\u00A0de Tchesm\u00E9\u00A0\u00BB (inv. MT 2886), ou celle dite \u00AB au faisan dor\u00E9 \u00BB (inv. MT 1286 et MT\u00A036453). Des lisi\u00E8res tr\u00E8s comparables, dont une ray\u00E9e de noir, sont aussi visibles sur une laize de satin jaune, broch\u00E9 de fleurs nuanc\u00E9es (inv. MT 2879), une autre \u00E0 d\u00E9cor de bouquet nou\u00E9 par un ruban sur fond sem\u00E9 de quintefeuilles (inv. MT 2866),\u00A0un\u00A0satin ponceau,\u00A0broch\u00E9 de fleurs nuanc\u00E9es (inv. MT 2867), sur la tenture dite \u00AB aux tourterelles dans des fleurs \u00BB sur fond de satin jaune (inv. MT 2871)\u00A0ou sur la tenture dite \u00AB\u00A0aux colombes\u00A0\u00BB, sur fond satin ponceau\u00A0(inv. MT 29688) et sur la laize pour si\u00E8ge orn\u00E9e d'un bouquet nou\u00E9 de roses, d'\u0153illets, de fraisier et de liseron (inv. MT 24591.2),\u00A0par exemple.\nCette derni\u00E8re pr\u00E9sente d'ailleurs un fond damass\u00E9 comparable \u00E0 celui de la laize \u00E0 fond jaune avec d\u00E9cor de roses et d'\u0153illets, et le dessin des fleurs, sur ces deux exemplaires, montre de grandes similitudes.\nCependant, l'\u00E9toffe \u00E0 fond jaune est aussi remarquable par le montage \u00E0 disposition de la cha\u00EEne, partiellement chin\u00E9e \u00E0 la branche d'un courant de fleurs le long des lisi\u00E8res, qui alterne avec la partie centrale o\u00F9 la cha\u00EEne, jaune, travaille en satin de 8, d\u00E9cochement 3, avec la trame de fond\u00A0premier lat (en lin), tandis que\u00A0chaque lat de broch\u00E9 est \u00E0 liage repris en serg\u00E9 de 3 lie 1, S, par 1/6 des fils et reposant sur le fond satin de 8 (\u00E0\u00A0l'envers, les trames broch\u00E9es flottent sans liage lorsqu'elles ne sont pas utilis\u00E9es\u00A0sur l'endroit). L'effet damass\u00E9 du fond est produit\u00A0en satin de 8, cha\u00EEne, et gros de Tours de\u00A0deux fils par tous les fils de cha\u00EEne et la trame de fond\u00A0premier lat.\nL'association d'un d\u00E9cor chin\u00E9 \u00E0 la branche avec un d\u00E9cor broch\u00E9 est inhabituelle. Elle montre la capacit\u00E9 d'innovation de Philippe de Lasalle au d\u00E9but de la d\u00E9cennie 1770. Un autre exemplaire de cette \u00E9toffe est aujourd'hui conserv\u00E9 au mus\u00E9e de la Mode et du Textile, aux Arts d\u00E9coratifs de Paris (inv. 43898).\nMaximilien Durand"@fr . . . . . . . . . . . . . . "0.51590001583099365234"^^ . . . "0.57319998741149902344"^^ . . . . . . . . . . . . . . . "0.90230000019073486328"^^ . . . "0.95329999923706054688"^^ . "0.51800000667572021484"^^ . "0.81540000438690185547"^^ . . . . . . . "Laize \u00E0 d\u00E9cor broch\u00E9 de roses et d'\u0153illets sur fond damass\u00E9, ray\u00E9e et partiellement chin\u00E9e"@fr . "Laize \u00E0 d\u00E9cor broch\u00E9 de roses et d'\u0153illets sur fond damass\u00E9, ray\u00E9e et partiellement chin\u00E9e"@fr . . "La laize a conserv\u00E9 ses deux lisi\u00E8res, compos\u00E9es de cordelines et de mignonettes en satin de 8, cha\u00EEne. La lisi\u00E8re droite pr\u00E9sente cependant une particularit\u00E9 notable, puisqu'elle est ray\u00E9e de noir. Cette \u00AB marque \u00BB inhabituelle permet d'attribuer avec certitude la production de cette laize \u00E0 Philippe de Lasalle (1723-1804), c\u00E9l\u00E8bre dessinateur, ing\u00E9nieur et fabricant lyonnais, entre 1771 et 1773. Pour surmonter la crise qui frappait la Fabrique lyonnaise\u00A0durant ces ann\u00E9es,\u00A0et parce qu'il avait acquis une solide r\u00E9putation comme dessinateur et comme fabricant, Philippe de Lasalle avait obtenu de \u00AB s'\u00E9carter des m\u00E9thodes usit\u00E9es de fabriquer les \u00E9toffes, en mettant une marque distinctive, pour laisser \u00E0 son g\u00E9nie l'essort dont il avait besoin, et l'on a vu sortir de son pinceau des chefs-d'\u0153uvre dans le genre d'\u00E9toffes pour meubles, en mati\u00E8re de laine, fil et bourre de soye qu'il faisait pr\u00E9parer \u00E0 sa mani\u00E8re, ce qui a prodigieusement occup\u00E9 de bras dans des temps mesme de cessation d'ouvrages et ses \u00E9toffes ont orn\u00E9 les Palais des Rois et ceux de l'imp\u00E9ratrice de Russie qui a consid\u00E9rablement fait travailler la ville de Lyon dans cette nouvelle branche d'industrie \u00BB comme l'indique un rapport\u00A0r\u00E9dig\u00E9 en 1778 conserv\u00E9 aux Archives nationales de France (F121444A). Cette \u00AB marque distinctive \u00BB a pu \u00EAtre r\u00E9cemment identifi\u00E9e : il s'agit d'une rayure noire bien visible dans l'une des deux lisi\u00E8res.\u00A0\u00A0\nEt, en effet, l'analyse technique de la laize du mus\u00E9e des Tissus confirme bien qu'il s'agit ici d'une \u00E9toffe \u00AB\u00A0m\u00E9lang\u00E9e \u00BB, puisque la cha\u00EEne est en soie (organsin S de 2 bouts, cr\u00E8me pour les parties chin\u00E9e, et jaune pour la partie centrale a effet damass\u00E9 et d\u00E9cor broch\u00E9), tandis que la trame de\u00A0fond\u00A0est en\u00A0lin (fil\u00E9 de torsion Z, non teint, blanchi, tram\u00E9 de diff\u00E9rentes \u00E9paisseurs) et que les trames\u00A0broch\u00E9es\u00A0sont en\u00A0soie (fil continu, assembl\u00E9\u00A0sans torsion apparente\u00A0de 3 bouts, vert clair et\u00A0blanc) ou en schappe (assembl\u00E9\u00A0sans torsion apparente\u00A0de 3 bouts fil\u00E9 Z, vert, vert olive, brun-rouge, rouge, rose, rouge-violet, violet-brun, rose saumon et\u00A0noir). \nL'association de soie (en cha\u00EEne et en trame), de schappe de soie (trames broch\u00E9es) et de lin (trame de fond)\u00A0dans les \u00E9toffes produites par\u00A0Philippe de Lasalle dans les ann\u00E9es 1771-1773 lui permettait d'abaisser consid\u00E9rablement le prix de ses productions, sans sacrifier la qualit\u00E9 du d\u00E9cor. Cette autorisation de r\u00E9aliser des \u00E9toffes \u00AB\u00A0m\u00E9lang\u00E9es \u00BB lui avait \u00E9t\u00E9 accord\u00E9e par les ma\u00EEtres-gardes de Lyon au moment m\u00EAme o\u00F9\u00A0il ex\u00E9cutait ses premiers chefs-d'\u0153uvre au moyen du semple mobile, comme en t\u00E9moignent, dans la collection du mus\u00E9e des Tissus,\u00A0les fameuses tentures dites \u00AB\u00A0aux perdix \u00BB (inv. MT 2882)\u00A0et \u00AB\u00A0de Tchesm\u00E9\u00A0\u00BB (inv. MT 2886), ou celle dite \u00AB au faisan dor\u00E9 \u00BB (inv. MT 1286 et MT\u00A036453). Des lisi\u00E8res tr\u00E8s comparables, dont une ray\u00E9e de noir, sont aussi visibles sur une laize de satin jaune, broch\u00E9 de fleurs nuanc\u00E9es (inv. MT 2879), une autre \u00E0 d\u00E9cor de bouquet nou\u00E9 par un ruban sur fond sem\u00E9 de quintefeuilles (inv. MT 2866),\u00A0un\u00A0satin ponceau,\u00A0broch\u00E9 de fleurs nuanc\u00E9es (inv. MT 2867), sur la tenture dite \u00AB aux tourterelles dans des fleurs \u00BB sur fond de satin jaune (inv. MT 2871)\u00A0ou sur la tenture dite \u00AB\u00A0aux colombes\u00A0\u00BB, sur fond satin ponceau\u00A0(inv. MT 29688) et sur la laize pour si\u00E8ge orn\u00E9e d'un bouquet nou\u00E9 de roses, d'\u0153illets, de fraisier et de liseron (inv. MT 24591.2),\u00A0par exemple.\nCette derni\u00E8re pr\u00E9sente d'ailleurs un fond damass\u00E9 comparable \u00E0 celui de la laize \u00E0 fond jaune avec d\u00E9cor de roses et d'\u0153illets, et le dessin des fleurs, sur ces deux exemplaires, montre de grandes similitudes.\nCependant, l'\u00E9toffe \u00E0 fond jaune est aussi remarquable par le montage \u00E0 disposition de la cha\u00EEne, partiellement chin\u00E9e \u00E0 la branche d'un courant de fleurs le long des lisi\u00E8res, qui alterne avec la partie centrale o\u00F9 la cha\u00EEne, jaune, travaille en satin de 8, d\u00E9cochement 3, avec la trame de fond\u00A0premier lat (en lin), tandis que\u00A0chaque lat de broch\u00E9 est \u00E0 liage repris en serg\u00E9 de 3 lie 1, S, par 1/6 des fils et reposant sur le fond satin de 8 (\u00E0\u00A0l'envers, les trames broch\u00E9es flottent sans liage lorsqu'elles ne sont pas utilis\u00E9es\u00A0sur l'endroit). L'effet damass\u00E9 du fond est produit\u00A0en satin de 8, cha\u00EEne, et gros de Tours de\u00A0deux fils par tous les fils de cha\u00EEne et la trame de fond\u00A0premier lat.\nL'association d'un d\u00E9cor chin\u00E9 \u00E0 la branche avec un d\u00E9cor broch\u00E9 est inhabituelle. Elle montre la capacit\u00E9 d'innovation de Philippe de Lasalle au d\u00E9but de la d\u00E9cennie 1770. Un autre exemplaire de cette \u00E9toffe est aujourd'hui conserv\u00E9 au mus\u00E9e de la Mode et du Textile, aux Arts d\u00E9coratifs de Paris (inv. 43898).\nMaximilien Durand"@fr . . . "0.55210000276565551758"^^ . . . . . . . "0.86860001087188720703"^^ . "35338" . .