. . . . . . "Phlox"@fr . . . "0.86860001087188720703"^^ . . . . . . . . . . "0.69569998979568481445"^^ . . . . "Phlox"@fr . . . "Les pr\u00E9sentations des fabricants lyonnais de soierie \u00E0 l'Exposition universelle de Paris, en 1889,\u00A0ont unanimement suscit\u00E9 l'admiration des commentateurs. \u00C9douard Aynard, alors vice-pr\u00E9sident de la Chambre de Commerce de Lyon, indique dans une lettre circulaire adress\u00E9e aux fabricants ayant particip\u00E9 \u00E0 l'\u00E9v\u00E9nement que l'Exposition lui est apparue \u00AB comme une date m\u00E9morable dans les annales de la Fabrique lyonnaise, par l'\u00E9clat qu'elle a jet\u00E9 sur notre industrie et par les progr\u00E8s qu'elle a r\u00E9v\u00E9l\u00E9s soit dans l'art du tissage, soit dans l'art appliqu\u00E9 aux \u00E9toffes de soie. \u00BB\u00A0Adrien Storck, l'auteur d'un compte rendu d\u00E9taill\u00E9 sur la repr\u00E9sentation lyonnaise \u00E0 l'Exposition parisienne indique que\u00A0l'\u00E9v\u00E9nement \u00AB peut \u00EAtre consid\u00E9r\u00E9 comme un manifeste de la science ornementale nouvelle. Se pr\u00E9occupant des formes du v\u00EAtement et de l'emploi des tissus, l'art fait de r\u00E9els progr\u00E8s. Il demeure l\u00E9ger et gracieux. \u00C0 des besoins nouveaux, il a r\u00E9pondu par des produits nouveaux, remplissant les conditions impos\u00E9es ; il a su s'affranchir et des \u00E9l\u00E9gances hors d'usage actuellement, et des fautes de go\u00FBt que l'on constate dans le milieu de notre si\u00E8cle. (...) Les cr\u00E9ateurs de cette d\u00E9coration nouvelle n'ont point cherch\u00E9 les fleurs impossibles, les feuillages fantastiques, les ornements bizarres. Ils ont regard\u00E9 autour d'eux et trouv\u00E9, dans les fleurs de nos jardins, les gracieux mod\u00E8les que la nature mettait sous leurs yeux. C'est cette simplicit\u00E9 et ce go\u00FBt d\u00E9licat qui ont frapp\u00E9 dans la d\u00E9coration de la plus grande partie de nos \u00E9toffes \u00E0 l'Exposition de 1889. La nature est prise sur le vif avec une sinc\u00E9rit\u00E9, une v\u00E9racit\u00E9 qui font illusion parfois. Si nous en exceptons les \u00E9toffes d'ameublement et quelques pentes de grande allure et de style noble, destin\u00E9es \u00E0 des tra\u00EEnes ou des manteaux de cour, nous retrouvons presque partout la flore qui nous charme chaque jour par sa vari\u00E9t\u00E9 infinie de formes et de tons ; cette flore dont les allures changeantes, capricieuses, dont les aspects, si divers dans les phases successives des saisons, sont une mine in\u00E9puiable de documents et de motifs. \u00BB\nL'un des acteurs majeurs de ce renouvellement, notamment dans le domaine de la fleur, est assur\u00E9ment Ernest B\u00E9rard, le fondateur de la maison B\u00E9rard et Ferrand. N\u00E9 \u00E0\u00A0Lyon le 20\u00A0octobre 1829, d'un p\u00E8re commis n\u00E9gociant \u00E0 Lyon,\u00A0Denis-Joseph-Ernest B\u00E9rard \u00E9tudie \u00E0 l'\u00C9cole des Beaux-Arts de Lyon, puis aupr\u00E8s du peintre\u00A0Louis-Jean-Baptiste Guy (1824-1888). Il travaille comme dessinateur de fabrique,\u00A0notamment pour des \u00E9toffes d'ameublement, des ornements d'\u00E9glise et des articles pour le Levant, sous diverses raisons commerciales, B\u00E9rard, puis\u00A0B\u00E9rard, Poncet et Cie puis Poncet, Papillon et Girodon, et ses productions sont remarqu\u00E9es aux Expositions universelles ou internationales de Paris, en 1855, de Londres, en 1862, de Paris, en 1867 et du Havre, en 1868. En 1870, il s'associe \u00E0 Pierre-Joseph Ferrand, sous la raison sociale B\u00E9rard et Ferrand, maison \u00E9tablie au 2, quai de Retz. La maison obtient une m\u00E9daille de progr\u00E8s \u00E0 l'Exposition universelle de Vienne en 1873 pour ses\u00A0\u00AB soieries de nouveaut\u00E9 et articles pour le Levant. \u00BB Elle s'impose ensuite comme une des plus importantes maisons de soieries lyonnaises.\nAdrien Storck indique : \u00AB D\u00E8s 1872, d\u00E8s l'\u00E9poque o\u00F9 la mode parisienne revint aux \u00E9toffes fa\u00E7onn\u00E9es, la maison B\u00E9rard et Ferrand prit la t\u00EAte du mouvement qui ouvrit une \u00E8re nouvelle pour l'industrie lyonnaise. D\u00E9sormais, elle se consacre \u00E0 la confection d'\u00E9toffes merveilleuses, \u0153uvres d'un go\u00FBt exquis, qui ont \u00E9t\u00E9 successivement admir\u00E9es dans toutes les Expositions universelles. Robes magnifiques port\u00E9es par les reines et les imp\u00E9ratrices, dans les c\u00E9r\u00E9monies de leurs couronnements, robes de nos grandes actrices, qui ont \u00E9tincel\u00E9 au feu de la rampe dans des cr\u00E9ations c\u00E9l\u00E8bres, ces \u00E9toffes sont quelquefois de v\u00E9ritables tableaux d'art, et, il faut l'ajouter, des tableaux d'un prix \u00E9lev\u00E9 : quelques-unes de ces robes ont co\u00FBt\u00E9 de trois \u00E0 cinq cents francs le m\u00E8tre. Pour tisser ces \u00E9toffes merveilleuses, il faut un outillage industriel de premier ordre et, \u00E0 c\u00F4t\u00E9 des dessinateurs de grand talent, des ouvriers qui, eux aussi, sont de v\u00E9ritables artistes. Il est quelques-unes des \u00E9toffes sorties de la maison B\u00E9rard et Ferrand qui ont exig\u00E9, tant des patrons que de tous leurs collaborateurs, la solution des difficult\u00E9s qui paraissent au premier abord insurmontables. \u00BB\nErnest B\u00E9rard avait d\u00E9j\u00E0, sous la raison commerciale B\u00E9rard, Poncet et Cie, r\u00E9alis\u00E9 une pr\u00E9cieuse \u00E9toffe pour une robe destin\u00E9e en 1861 \u00E0 la reine Victoria (inv. MT 21805). En 1883 la maison B\u00E9rard et Ferrand tisse le riche manteau broch\u00E9 d'or de Maria Feodorovna, n\u00E9e princesse Dagmar de Danemark, pour la c\u00E9r\u00E9monie de son couronnement et de celui du tsar Alexandre III. La m\u00EAme ann\u00E9e, les fabricants sont gratifi\u00E9s d'un dipl\u00F4me d'honneur \u00E0 l'Exposition d'Amsterdam, et, par d\u00E9cret du 26 septembre 1883, Ernest B\u00E9rard est\u00A0nomm\u00E9 chevalier de la L\u00E9gion d'Honneur.\u00A0\u00A0\n\u00C0 l'Exposition des Arts d\u00E9coratifs de Lyon, en 1884,\u00A0la maison B\u00E9rard et Ferrand pr\u00E9sente plusieurs \u00E9toffes fa\u00E7onn\u00E9es qui annoncent\u00A0d\u00E9j\u00E0 le grand renouvellement applaudi\u00A0par les commentateurs de l'Exposition universelle de 1889.\u00A0Les visiteurs peuvent notamment admirer des compositions florales\u00A0remarquables, trait\u00E9es en velours ou en satin lanc\u00E9 et broch\u00E9, dont certaines figureront \u00E9galement \u00E0 l'Exposition universelle de 1889. C'est le cas notamment des\u00A0Cactus (inv. MT 24988), des Roses mousseuses (inv. MT 25005), des Fleurs de p\u00EAcher (inv. MT 25006), des Roses tr\u00E9mi\u00E8res (inv. MT 25008) et des Pivoines (inv. MT 25009).\n\u00C0 l'Exposition de 1889, la maison B\u00E9rard et Ferrand est r\u00E9compens\u00E9e d'un Grand prix. Adrien Storck, encore, commente la grande ma\u00EEtrise que les fabricants ont r\u00E9v\u00E9l\u00E9 dans l'art de repr\u00E9senter les fleurs, notamment \u00E0 propos des Gla\u00EFeuls (inv. MT 24997) et des Phlox (inv. MT 24998)\u00A0aujourd'hui conserv\u00E9s au mus\u00E9e des Tissus\u00A0: \u00AB Le gla\u00EFeul avec sa multiplicit\u00E9 de tons passant de l'or p\u00E2le au grenat fonc\u00E9 par le rouge le plus \u00E9clatant courbera \u00E9l\u00E9gamment ses branches, comme agit\u00E9 par des vents contraires ou comme, plut\u00F4t encore, un bouquet d\u00E9li\u00E9 laissant aller ses \u00E9l\u00E9ments \u00E9pars au courant d'un ruisseau capricieux ; ou bien le phlox aussi riche de nuances sera m\u00E9thodiquement attach\u00E9 au fond noir de l'\u00E9toffe qui le fait d\u00E9tacher en relief, comme autrefois aux processions les poign\u00E9es de fleurs s'enlevaient sur les draps immacul\u00E9s tapissant les murailles. \u00BB La laize avec les phlox est reproduite \u00E0 la planche X du m\u00EAme ouvrage, avec l'indication que le mod\u00E8le a \u00E9t\u00E9 \u00AB tiss\u00E9 sur Jacquard de 1100 crochets, 7000 cartons, fleurs de couleurs naturelles obtenues par 4 trames lanc\u00E9es et 15 trames broch\u00E9es. \u00BB\nElle est donn\u00E9e, avec\u00A0vingt-deux autres \u00E9toffes ayant particip\u00E9 \u00E0 l'Exposition universelle de 1889, au mus\u00E9e d'Art et d'Industrie de la Chambre de Commerce de Lyon, \u00E0 la demande d'\u00C9douard Aynard. Toutes sont conserv\u00E9es au mus\u00E9e des Tissus (inv. MT 24987 \u00E0 MT 25009). \nLe fond noir sur lequel se d\u00E9tachent les inflorescences en ombelle des phlox r\u00E9v\u00E8le aussi que l'influence du Japon commence \u00E0 rayonner sur les productions de la Fabrique lyonnaise. D'autres fabricants repr\u00E9sent\u00E9s \u00E0 l'Exposition universelle de 1889 y sont particuli\u00E8rement sensibles, comme la\u00A0tr\u00E8s jeune maison Atuyer, Bianchini et F\u00E9rier (inv. MT 24839) ou les\u00A0maisons Gourd et Cie (inv. MT 24894), Lamy et Giraud (inv. MT 24949)\u00A0et Brunet-Lecomte, Mo\u00EFse et Cie (inv. MT 25021), par exemple. Mais c'est la science de la composition qui caract\u00E9rise ici les Phlox :\u00A0gr\u00E2ce \u00E0 un rapport de dessin de quarante-neuf centim\u00E8tres de haut, la jonch\u00E9e de branches fleuries s'organise pour\u00A0former une\u00A0guirlande sinueuse qui s'inscrit dans la continuit\u00E9 des exemples du XVIIIe si\u00E8cle. La ma\u00EEtrise du rendu des fleurs au naturel et les nombreuses nuances qui forment le dessin conf\u00E8rent une libert\u00E9 nouvelle au motif. Destin\u00E9e \u00E0 l'habillement, cette laize\u00A0a \u00E9t\u00E9 envisag\u00E9e\u00A0comme une \u00E9toffe en mouvement, anim\u00E9e par les ondulations d'une jupe et\u00A0les variations de la lumi\u00E8re sur la soie.\nErnest B\u00E9rard est certainement une personnalit\u00E9 hors du commun, qui contribua grandement \u00E0 renouveler la production des \u00E9toffes fa\u00E7onn\u00E9es \u00E0 Lyon dans la seconde moiti\u00E9 du XIXe si\u00E8cle. Il \u00E9pousa, en 1858, Antoinette-Victoire-Blanche Pagany, dont il eut un fils, Alexandre (1859-1923), puis, en 1876, Marie-Philom\u00E8ne Roux, dont il n'eut pas d'enfant.\u00A0Parall\u00E8lement \u00E0 son activit\u00E9 de dessinateur et de fabricant, il\u00A0exposa r\u00E9guli\u00E8rement des toiles aux Salons lyonnais, entre 1878 et 1903, qui repr\u00E9sentent essentiellement des\u00A0vues de l'Ain, du Dauphin\u00E9 ou des pays orientaux dans lesquels il accomplit de nombreux voyages commerciaux,\u00A0pour d\u00E9velopper le march\u00E9 du Levant, cr\u00E9ant\u00A0des succursales \u00E0 Bagdad, Smyrne et Bombay. \u00C0 plusieurs reprises, il fut m\u00EAme charg\u00E9 par le Gouvernement fran\u00E7ais de missions dans les pays qu'il parcourait. Il consigna les r\u00E9sultats de la derni\u00E8re de ces missions, accomplie en 1892, dans un rapport portant sur l'\u00E9tat du commerce europ\u00E9en en \u00C9gypte et en Turquie et sur la situation des \u00E9cole fran\u00E7aise en Syrie. R\u00E9publicain en 1848, il milita \u00E0 Lyon sous l'Empire comme membre de l'association phalanst\u00E9rienne et, sous la R\u00E9publique, fut \u00E9lu Conseiller municipal du sixi\u00E8me arrondissement de Lyon en 1884 et en 1888, d\u00E9put\u00E9 du Rh\u00F4ne en 1889, r\u00E9\u00E9lu en 1893. Il si\u00E9gea \u00E0 la gauche radicale et\u00A0fit partie de diverses Commissions, notamment de la Commission d'enqu\u00EAte sur l'affaire de Panama (en 1892 et 1893), de la Commission de r\u00E9vision de la loi sur les prot\u00EAts, de la Commission d'examen des propositions sur la participation des ouvriers aux b\u00E9n\u00E9fices, enfin de la Commission charg\u00E9e d'examiner les projets relatifs aux colonies.\u00A0Il d\u00E9posa en 1890 une proposition de loi sur la retraite des ouvriers de l'agriculture et de l'industrie et, en 1898, une proposition de loi relative \u00E0 la cr\u00E9ation de livrets de travail et d'\u00E9pargne. Il r\u00E9clama aussi la bonification des pensions et retraites liquid\u00E9es pour incapacit\u00E9 de travail pr\u00E9matur\u00E9e. Il intervint dans la discussion de projets relatifs aux expositions internationales de Lyon, d'Anvers, de Bruxelles et d'un projet concernant des encouragements sp\u00E9ciaux accord\u00E9s \u00E0 la s\u00E9riciculture et \u00E0 la filature de la soie. Il ne fut pas r\u00E9\u00E9lu en 1898. Il mourut \u00E0 Lyon le 8 f\u00E9vrier 1914. \nSon fils, Alexandre B\u00E9rard, collabora au Courrier de Lyon, au Progr\u00E8s de Lyon, et \u00E0 Lyon r\u00E9publicain, avant d'\u00EAtre re\u00E7u avocat en 1877. Il\u00A0devint chef de cabinet du Maire de Lyon et, en 1880, entra dans la magistrature comme attach\u00E9 au parquet du procureur de la R\u00E9publique, puis \u00E0 celui du procureur g\u00E9n\u00E9ral. Docteur en droit en 1882, il fut, en 1883, nomm\u00E9 substitut du procureur g\u00E9n\u00E9ral \u00E0 Grenoble. Il d\u00E9missionna apr\u00E8s avoir \u00E9t\u00E9 \u00E9lu, en 1893, d\u00E9put\u00E9 de l'Ain. R\u00E9\u00E9lu en 1902, il devint sous-secr\u00E9taire d'\u00C9tat aux Postes et T\u00E9l\u00E9graphes, de 1902 \u00E0 1906, dans les cabinets Combes, Rouvier et Sarrien, obtint un troisi\u00E8me mandat en 1906 et entra au S\u00E9nat en 1908. R\u00E9\u00E9lu \u00E0 la Chambre haute en 1912, il ne se repr\u00E9senta pas en 1922. Il mourut en 1923.\nMaximilien Durand"@fr . . . . "0.9368000030517578125"^^ . . . . . . . "0.90479999780654907227"^^ . . . . . . . . "0.85960000753402709961"^^ . "Les pr\u00E9sentations des fabricants lyonnais de soierie \u00E0 l'Exposition universelle de Paris, en 1889,\u00A0ont unanimement suscit\u00E9 l'admiration des commentateurs. \u00C9douard Aynard, alors vice-pr\u00E9sident de la Chambre de Commerce de Lyon, indique dans une lettre circulaire adress\u00E9e aux fabricants ayant particip\u00E9 \u00E0 l'\u00E9v\u00E9nement que l'Exposition lui est apparue \u00AB comme une date m\u00E9morable dans les annales de la Fabrique lyonnaise, par l'\u00E9clat qu'elle a jet\u00E9 sur notre industrie et par les progr\u00E8s qu'elle a r\u00E9v\u00E9l\u00E9s soit dans l'art du tissage, soit dans l'art appliqu\u00E9 aux \u00E9toffes de soie. \u00BB\u00A0Adrien Storck, l'auteur d'un compte rendu d\u00E9taill\u00E9 sur la repr\u00E9sentation lyonnaise \u00E0 l'Exposition parisienne indique que\u00A0l'\u00E9v\u00E9nement \u00AB peut \u00EAtre consid\u00E9r\u00E9 comme un manifeste de la science ornementale nouvelle. Se pr\u00E9occupant des formes du v\u00EAtement et de l'emploi des tissus, l'art fait de r\u00E9els progr\u00E8s. Il demeure l\u00E9ger et gracieux. \u00C0 des besoins nouveaux, il a r\u00E9pondu par des produits nouveaux, remplissant les conditions impos\u00E9es ; il a su s'affranchir et des \u00E9l\u00E9gances hors d'usage actuellement, et des fautes de go\u00FBt que l'on constate dans le milieu de notre si\u00E8cle. (...) Les cr\u00E9ateurs de cette d\u00E9coration nouvelle n'ont point cherch\u00E9 les fleurs impossibles, les feuillages fantastiques, les ornements bizarres. Ils ont regard\u00E9 autour d'eux et trouv\u00E9, dans les fleurs de nos jardins, les gracieux mod\u00E8les que la nature mettait sous leurs yeux. C'est cette simplicit\u00E9 et ce go\u00FBt d\u00E9licat qui ont frapp\u00E9 dans la d\u00E9coration de la plus grande partie de nos \u00E9toffes \u00E0 l'Exposition de 1889. La nature est prise sur le vif avec une sinc\u00E9rit\u00E9, une v\u00E9racit\u00E9 qui font illusion parfois. Si nous en exceptons les \u00E9toffes d'ameublement et quelques pentes de grande allure et de style noble, destin\u00E9es \u00E0 des tra\u00EEnes ou des manteaux de cour, nous retrouvons presque partout la flore qui nous charme chaque jour par sa vari\u00E9t\u00E9 infinie de formes et de tons ; cette flore dont les allures changeantes, capricieuses, dont les aspects, si divers dans les phases successives des saisons, sont une mine in\u00E9puiable de documents et de motifs. \u00BB\nL'un des acteurs majeurs de ce renouvellement, notamment dans le domaine de la fleur, est assur\u00E9ment Ernest B\u00E9rard, le fondateur de la maison B\u00E9rard et Ferrand. N\u00E9 \u00E0\u00A0Lyon le 20\u00A0octobre 1829, d'un p\u00E8re commis n\u00E9gociant \u00E0 Lyon,\u00A0Denis-Joseph-Ernest B\u00E9rard \u00E9tudie \u00E0 l'\u00C9cole des Beaux-Arts de Lyon, puis aupr\u00E8s du peintre\u00A0Louis-Jean-Baptiste Guy (1824-1888). Il travaille comme dessinateur de fabrique,\u00A0notamment pour des \u00E9toffes d'ameublement, des ornements d'\u00E9glise et des articles pour le Levant, sous diverses raisons commerciales, B\u00E9rard, puis\u00A0B\u00E9rard, Poncet et Cie puis Poncet, Papillon et Girodon, et ses productions sont remarqu\u00E9es aux Expositions universelles ou internationales de Paris, en 1855, de Londres, en 1862, de Paris, en 1867 et du Havre, en 1868. En 1870, il s'associe \u00E0 Pierre-Joseph Ferrand, sous la raison sociale B\u00E9rard et Ferrand, maison \u00E9tablie au 2, quai de Retz. La maison obtient une m\u00E9daille de progr\u00E8s \u00E0 l'Exposition universelle de Vienne en 1873 pour ses\u00A0\u00AB soieries de nouveaut\u00E9 et articles pour le Levant. \u00BB Elle s'impose ensuite comme une des plus importantes maisons de soieries lyonnaises.\nAdrien Storck indique : \u00AB D\u00E8s 1872, d\u00E8s l'\u00E9poque o\u00F9 la mode parisienne revint aux \u00E9toffes fa\u00E7onn\u00E9es, la maison B\u00E9rard et Ferrand prit la t\u00EAte du mouvement qui ouvrit une \u00E8re nouvelle pour l'industrie lyonnaise. D\u00E9sormais, elle se consacre \u00E0 la confection d'\u00E9toffes merveilleuses, \u0153uvres d'un go\u00FBt exquis, qui ont \u00E9t\u00E9 successivement admir\u00E9es dans toutes les Expositions universelles. Robes magnifiques port\u00E9es par les reines et les imp\u00E9ratrices, dans les c\u00E9r\u00E9monies de leurs couronnements, robes de nos grandes actrices, qui ont \u00E9tincel\u00E9 au feu de la rampe dans des cr\u00E9ations c\u00E9l\u00E8bres, ces \u00E9toffes sont quelquefois de v\u00E9ritables tableaux d'art, et, il faut l'ajouter, des tableaux d'un prix \u00E9lev\u00E9 : quelques-unes de ces robes ont co\u00FBt\u00E9 de trois \u00E0 cinq cents francs le m\u00E8tre. Pour tisser ces \u00E9toffes merveilleuses, il faut un outillage industriel de premier ordre et, \u00E0 c\u00F4t\u00E9 des dessinateurs de grand talent, des ouvriers qui, eux aussi, sont de v\u00E9ritables artistes. Il est quelques-unes des \u00E9toffes sorties de la maison B\u00E9rard et Ferrand qui ont exig\u00E9, tant des patrons que de tous leurs collaborateurs, la solution des difficult\u00E9s qui paraissent au premier abord insurmontables. \u00BB\nErnest B\u00E9rard avait d\u00E9j\u00E0, sous la raison commerciale B\u00E9rard, Poncet et Cie, r\u00E9alis\u00E9 une pr\u00E9cieuse \u00E9toffe pour une robe destin\u00E9e en 1861 \u00E0 la reine Victoria (inv. MT 21805). En 1883 la maison B\u00E9rard et Ferrand tisse le riche manteau broch\u00E9 d'or de Maria Feodorovna, n\u00E9e princesse Dagmar de Danemark, pour la c\u00E9r\u00E9monie de son couronnement et de celui du tsar Alexandre III. La m\u00EAme ann\u00E9e, les fabricants sont gratifi\u00E9s d'un dipl\u00F4me d'honneur \u00E0 l'Exposition d'Amsterdam, et, par d\u00E9cret du 26 septembre 1883, Ernest B\u00E9rard est\u00A0nomm\u00E9 chevalier de la L\u00E9gion d'Honneur.\u00A0\u00A0\n\u00C0 l'Exposition des Arts d\u00E9coratifs de Lyon, en 1884,\u00A0la maison B\u00E9rard et Ferrand pr\u00E9sente plusieurs \u00E9toffes fa\u00E7onn\u00E9es qui annoncent\u00A0d\u00E9j\u00E0 le grand renouvellement applaudi\u00A0par les commentateurs de l'Exposition universelle de 1889.\u00A0Les visiteurs peuvent notamment admirer des compositions florales\u00A0remarquables, trait\u00E9es en velours ou en satin lanc\u00E9 et broch\u00E9, dont certaines figureront \u00E9galement \u00E0 l'Exposition universelle de 1889. C'est le cas notamment des\u00A0Cactus (inv. MT 24988), des Roses mousseuses (inv. MT 25005), des Fleurs de p\u00EAcher (inv. MT 25006), des Roses tr\u00E9mi\u00E8res (inv. MT 25008) et des Pivoines (inv. MT 25009).\n\u00C0 l'Exposition de 1889, la maison B\u00E9rard et Ferrand est r\u00E9compens\u00E9e d'un Grand prix. Adrien Storck, encore, commente la grande ma\u00EEtrise que les fabricants ont r\u00E9v\u00E9l\u00E9 dans l'art de repr\u00E9senter les fleurs, notamment \u00E0 propos des Gla\u00EFeuls (inv. MT 24997) et des Phlox (inv. MT 24998)\u00A0aujourd'hui conserv\u00E9s au mus\u00E9e des Tissus\u00A0: \u00AB Le gla\u00EFeul avec sa multiplicit\u00E9 de tons passant de l'or p\u00E2le au grenat fonc\u00E9 par le rouge le plus \u00E9clatant courbera \u00E9l\u00E9gamment ses branches, comme agit\u00E9 par des vents contraires ou comme, plut\u00F4t encore, un bouquet d\u00E9li\u00E9 laissant aller ses \u00E9l\u00E9ments \u00E9pars au courant d'un ruisseau capricieux ; ou bien le phlox aussi riche de nuances sera m\u00E9thodiquement attach\u00E9 au fond noir de l'\u00E9toffe qui le fait d\u00E9tacher en relief, comme autrefois aux processions les poign\u00E9es de fleurs s'enlevaient sur les draps immacul\u00E9s tapissant les murailles. \u00BB La laize avec les phlox est reproduite \u00E0 la planche X du m\u00EAme ouvrage, avec l'indication que le mod\u00E8le a \u00E9t\u00E9 \u00AB tiss\u00E9 sur Jacquard de 1100 crochets, 7000 cartons, fleurs de couleurs naturelles obtenues par 4 trames lanc\u00E9es et 15 trames broch\u00E9es. \u00BB\nElle est donn\u00E9e, avec\u00A0vingt-deux autres \u00E9toffes ayant particip\u00E9 \u00E0 l'Exposition universelle de 1889, au mus\u00E9e d'Art et d'Industrie de la Chambre de Commerce de Lyon, \u00E0 la demande d'\u00C9douard Aynard. Toutes sont conserv\u00E9es au mus\u00E9e des Tissus (inv. MT 24987 \u00E0 MT 25009). \nLe fond noir sur lequel se d\u00E9tachent les inflorescences en ombelle des phlox r\u00E9v\u00E8le aussi que l'influence du Japon commence \u00E0 rayonner sur les productions de la Fabrique lyonnaise. D'autres fabricants repr\u00E9sent\u00E9s \u00E0 l'Exposition universelle de 1889 y sont particuli\u00E8rement sensibles, comme la\u00A0tr\u00E8s jeune maison Atuyer, Bianchini et F\u00E9rier (inv. MT 24839) ou les\u00A0maisons Gourd et Cie (inv. MT 24894), Lamy et Giraud (inv. MT 24949)\u00A0et Brunet-Lecomte, Mo\u00EFse et Cie (inv. MT 25021), par exemple. Mais c'est la science de la composition qui caract\u00E9rise ici les Phlox :\u00A0gr\u00E2ce \u00E0 un rapport de dessin de quarante-neuf centim\u00E8tres de haut, la jonch\u00E9e de branches fleuries s'organise pour\u00A0former une\u00A0guirlande sinueuse qui s'inscrit dans la continuit\u00E9 des exemples du XVIIIe si\u00E8cle. La ma\u00EEtrise du rendu des fleurs au naturel et les nombreuses nuances qui forment le dessin conf\u00E8rent une libert\u00E9 nouvelle au motif. Destin\u00E9e \u00E0 l'habillement, cette laize\u00A0a \u00E9t\u00E9 envisag\u00E9e\u00A0comme une \u00E9toffe en mouvement, anim\u00E9e par les ondulations d'une jupe et\u00A0les variations de la lumi\u00E8re sur la soie.\nErnest B\u00E9rard est certainement une personnalit\u00E9 hors du commun, qui contribua grandement \u00E0 renouveler la production des \u00E9toffes fa\u00E7onn\u00E9es \u00E0 Lyon dans la seconde moiti\u00E9 du XIXe si\u00E8cle. Il \u00E9pousa, en 1858, Antoinette-Victoire-Blanche Pagany, dont il eut un fils, Alexandre (1859-1923), puis, en 1876, Marie-Philom\u00E8ne Roux, dont il n'eut pas d'enfant.\u00A0Parall\u00E8lement \u00E0 son activit\u00E9 de dessinateur et de fabricant, il\u00A0exposa r\u00E9guli\u00E8rement des toiles aux Salons lyonnais, entre 1878 et 1903, qui repr\u00E9sentent essentiellement des\u00A0vues de l'Ain, du Dauphin\u00E9 ou des pays orientaux dans lesquels il accomplit de nombreux voyages commerciaux,\u00A0pour d\u00E9velopper le march\u00E9 du Levant, cr\u00E9ant\u00A0des succursales \u00E0 Bagdad, Smyrne et Bombay. \u00C0 plusieurs reprises, il fut m\u00EAme charg\u00E9 par le Gouvernement fran\u00E7ais de missions dans les pays qu'il parcourait. Il consigna les r\u00E9sultats de la derni\u00E8re de ces missions, accomplie en 1892, dans un rapport portant sur l'\u00E9tat du commerce europ\u00E9en en \u00C9gypte et en Turquie et sur la situation des \u00E9cole fran\u00E7aise en Syrie. R\u00E9publicain en 1848, il milita \u00E0 Lyon sous l'Empire comme membre de l'association phalanst\u00E9rienne et, sous la R\u00E9publique, fut \u00E9lu Conseiller municipal du sixi\u00E8me arrondissement de Lyon en 1884 et en 1888, d\u00E9put\u00E9 du Rh\u00F4ne en 1889, r\u00E9\u00E9lu en 1893. Il si\u00E9gea \u00E0 la gauche radicale et\u00A0fit partie de diverses Commissions, notamment de la Commission d'enqu\u00EAte sur l'affaire de Panama (en 1892 et 1893), de la Commission de r\u00E9vision de la loi sur les prot\u00EAts, de la Commission d'examen des propositions sur la participation des ouvriers aux b\u00E9n\u00E9fices, enfin de la Commission charg\u00E9e d'examiner les projets relatifs aux colonies.\u00A0Il d\u00E9posa en 1890 une proposition de loi sur la retraite des ouvriers de l'agriculture et de l'industrie et, en 1898, une proposition de loi relative \u00E0 la cr\u00E9ation de livrets de travail et d'\u00E9pargne. Il r\u00E9clama aussi la bonification des pensions et retraites liquid\u00E9es pour incapacit\u00E9 de travail pr\u00E9matur\u00E9e. Il intervint dans la discussion de projets relatifs aux expositions internationales de Lyon, d'Anvers, de Bruxelles et d'un projet concernant des encouragements sp\u00E9ciaux accord\u00E9s \u00E0 la s\u00E9riciculture et \u00E0 la filature de la soie. Il ne fut pas r\u00E9\u00E9lu en 1898. Il mourut \u00E0 Lyon le 8 f\u00E9vrier 1914. \nSon fils, Alexandre B\u00E9rard, collabora au Courrier de Lyon, au Progr\u00E8s de Lyon, et \u00E0 Lyon r\u00E9publicain, avant d'\u00EAtre re\u00E7u avocat en 1877. Il\u00A0devint chef de cabinet du Maire de Lyon et, en 1880, entra dans la magistrature comme attach\u00E9 au parquet du procureur de la R\u00E9publique, puis \u00E0 celui du procureur g\u00E9n\u00E9ral. Docteur en droit en 1882, il fut, en 1883, nomm\u00E9 substitut du procureur g\u00E9n\u00E9ral \u00E0 Grenoble. Il d\u00E9missionna apr\u00E8s avoir \u00E9t\u00E9 \u00E9lu, en 1893, d\u00E9put\u00E9 de l'Ain. R\u00E9\u00E9lu en 1902, il devint sous-secr\u00E9taire d'\u00C9tat aux Postes et T\u00E9l\u00E9graphes, de 1902 \u00E0 1906, dans les cabinets Combes, Rouvier et Sarrien, obtint un troisi\u00E8me mandat en 1906 et entra au S\u00E9nat en 1908. R\u00E9\u00E9lu \u00E0 la Chambre haute en 1912, il ne se repr\u00E9senta pas en 1922. Il mourut en 1923.\nMaximilien Durand"@fr . "0.7870000004768371582"^^ . . . "7349" . .