. . . . . . . . . "0.70090001821517944336"^^ . "21706" . . . . . "0.42120000720024108887"^^ . . . . . . . . . . "0.76359999179840087891"^^ . . . . . . . "0.59490001201629638672"^^ . . . . . . . "0.42539998888969421387"^^ . . . . . . . "0.35460001230239868164"^^ . . "Les Lyonnais s'\u00E9tant plaints, en 1816, de l'absence de commandes officielles depuis le retour du Roi, Louis XVIII d\u00E9cida, en 1817, de remeubler sa Chambre \u00E0 coucher au Palais des Tuileries. Il s'agissait de l'ancienne chambre de Napol\u00E9on Ier, situ\u00E9e au premier \u00E9tage du Palais, c\u00F4t\u00E9 jardin, dans le Pavillon de Bullant (ancien appartement de commodit\u00E9 de Louis XIV), \u00E0 la suite de l'appartement int\u00E9rieur de l'Empereur (ancien appartement de la reine Marie-Th\u00E9r\u00E8se).\n\u00C0 l'av\u00E8nement de la Restauration, elle comportait toujours le d\u00E9cor install\u00E9 apr\u00E8s les travaux de 1808, conduits par Pierre-Fran\u00E7ois-L\u00E9onard Fontaine, architecte du Palais, c'est-\u00E0-dire un damas ponceau \u00E0 d\u00E9cor de pavots et fritillaires avec une bordure ponceau broch\u00E9e or pour la tenture, ainsi qu'un satin blanc broch\u00E9 or \u00E0 motifs d'\u00E9toiles pour les rideaux du lit, r\u00E9alis\u00E9s par Bissardon et Cie, Bony et Cie et Grand fr\u00E8res. Ces m\u00EAmes \u00E9toffes avaient \u00E9t\u00E9 utilis\u00E9es pour le mobilier en bois dor\u00E9 livr\u00E9 par Jacob-Desmalter, \u00E0 savoir un lit, un canap\u00E9, deux dormeuses, six fauteuils, deux tabourets de pied, six chaises, six pliants, un \u00E9cran, un marchepied, un paravent et un fauteuil gondole. La tonalit\u00E9 g\u00E9n\u00E9rale \u00E9tait rouge et or, avec les rideaux des pentes du lit en blanc et or.\nBien que le d\u00E9cor ne comport\u00E2t pas d'embl\u00E8mes choquants pour le nouveau r\u00E9gime, \u00E0 l'exception des inflorescences de fritillaire, il fut d\u00E9cid\u00E9 de le renouveler enti\u00E8rement, ce qui donna lieu \u00E0 l'une des plus importantes commandes textiles de la Restauration. C'est la maison Grand fr\u00E8res qui fut charg\u00E9e de son ex\u00E9cution.\nGr\u00E2ce aux archives de la maison Tassinari et Chatel, successeurs de Grand fr\u00E8res \u00E0 Lyon, on conna\u00EEt bien les circonstances de cette commande, pour laquelle le dessinateur de fabrique Jean-Fran\u00E7ois Bony (1754-1825) proposa diff\u00E9rents dessins. Le mus\u00E9e des Tissus conserve plusieurs de ces \u00E9tudes pr\u00E9paratoires pour la Chambre du Roi, \u00E0 la mine de plomb et \u00E0 l'encre sur papier calque,\u00A0mais aussi\u00A0\u00E0 l'aquarelle et \u00E0 la gouache sur papier (inv. MT 44027, MT 44028, MT 44032, MT 44053, MT 44054 et MT 2014.0.6).\nL'ameublement de la chambre de Louis XVIII fit l'objet de trois soumissions de la maison Grand fr\u00E8res. La premi\u00E8re, en date du 28 f\u00E9vrier 1817, ne fut pas accept\u00E9e. La seconde, du 28 f\u00E9vrier 1817, concernait un gros de Tours broch\u00E9, soie nu\u00E9e, dessins de groupes de fleurs au naturel, pour approvisionnement de bordures de tenture neuf pouces et de bordures de ployants quatre pouces, les dessins \u00E9tant soumis \u00AB au choix de M. l'Intendant sur les 6 que nous pr\u00E9sentons \u00BB et les couleurs \u00AB \u00E0 arr\u00EAter \u00BB devant \u00EAtre r\u00E9alis\u00E9es sur les indications du directeur de la Manufacture royale des Gobelins. La troisi\u00E8me soumission, celle du 29 mai 1817, fut \u00E0 l'origine de la commande port\u00E9e sur le Livre des commissions de Grand fr\u00E8res le 6 juin 1817, dont l'ordre d'ex\u00E9cution fut donn\u00E9 le 18. Les fabricants s'engageaient \u00E0 faire fabriquer et rebroder une \u00E9toffe de velours cisel\u00E9 bleu, coup\u00E9 sur fond fris\u00E9, avec les parties de broch\u00E9 or \u00E9tant liser\u00E9 en soie formant ombre port\u00E9e, le tout rebrod\u00E9 de plusieurs or en relief. La cha\u00EEne et la trame du velours devaient \u00EAtre en organsin du Pi\u00E9mont mont\u00E9 \u00E0 deux et trois bouts. Toutes les soies devaient \u00EAtre teintes en bleu au prussiate ou \u00AB bleu Reymond \u00BB, sous les yeux m\u00EAmes de l'inventeur de ce proc\u00E9d\u00E9. Les \u00E9toffes de la chambre de Louis XVIII sont donc les premi\u00E8res faisant l'objet d'une commande officielle de grande envergure o\u00F9 l'on voit l'emploi du proc\u00E9d\u00E9 du chimiste Reymond pour remplacer l'indigo par le prussiate de fer dans la teinture de la soie. La dorure du broch\u00E9 et de la broderie \u00E9tait surdor\u00E9e \u00E0 soixante feuilles. Le temps n\u00E9cessaire pour ex\u00E9cuter les \u00E9toffes et broderies \u00E9tait de dix-huit mois, la livraison pouvant \u00EAtre faite en deux parties, le paiement n'\u00E9tant effectu\u00E9 que dans les deux \u00E0 trois mois suivants la v\u00E9rification de la solidit\u00E9 des couleurs \u00E9prouv\u00E9es \u00E0 l'air et au soleil.\nLa soumission du 29 mai d\u00E9crit ainsi le dessin des panneaux de la tenture : \u00AB dans le milieu (...), un massif de feuilles d'acanthe et d'ornements, montants de la bordure transversale du bas \u00E0 celle du haut, des rinceaux, de droite et de gauche, viendront enlacer des Cornes d'abondance surmont\u00E9es de fleurs et de fruits de Pavots. Un tr\u00E8s riche rinceau d'or partant du milieu ira de droite \u00E0 gauche s'ajuster aux montants, il occupera tout le bas du panneau. Les montants repr\u00E9senteront des ornemens avec des Culots de feuilles d'acanthe et des bouquets de fleurs de lis d'or. La traverse du haut viendra couronner le panneau. Elle se composera de divers ornemens ajust\u00E9s \u00E0 des guirlandes de fruits avec le Chiffre de Sa Majest\u00E9. Dans le milieu sera la Couronne Royale entour\u00E9e d'une branche d'olivier. Toutes les autres pi\u00E8ces de l'ameublement seront analogues \u00E0 la tenture pour la Composition, l'Ex\u00E9cution du velours du Broch\u00E9 et de la broderie d'apr\u00E8s le dessin de Mr. St Ange, dessinateur du Garde-Meuble de la Couronne. \u00BB\nC'est cette mention de Jacques-Louis de La Hamayde de Saint-Ange dans les archives de la maison Tassinari et Chatel qui a fait attribuer au dessinateur du Garde-Meuble l'ensemble du projet. Mais l'id\u00E9e originale en revient \u00E0 Jean-Fran\u00E7ois Bony. Ce dernier avait d\u00E9j\u00E0 fourni des dessins pour l'ameublement du Palais de Saint-Cloud command\u00E9 \u00E0 la manufacture de Camille Pernon, pr\u00E9d\u00E9cesseur de Grand fr\u00E8res. Sous l'Empire, il s'associe aux cousins Bissardon, ponctuellement d'abord (1808-1809) puis plus durablement (1811-1816) pour\u00A0r\u00E9pondre aux grandes commandes de Napol\u00E9on Ier pour l'am\u00E9nagement des Palais de Meudon et de Versailles, notamment. Il\u00A0renouvelle ici sa collaboration avec les fabricants Grand fr\u00E8res, en fournissant les principes de la composition des d\u00E9cors de la tenture de la Chambre \u00E0 coucher de Louis XVIII. C'est \u00E0 lui que revient, notamment, le parti audacieux, jamais encore mis en \u0153uvre dans les soieries d'ameublement, de repousser sur les bords tout le d\u00E9cor dor\u00E9 (montants et bordures), laissant les effets du velours jouer sur la partie centrale, le coup\u00E9 sur le fris\u00E9.\u00A0Deux\u00A0esquisses \u00E0 la mine de plomb et \u00E0 la plume\u00A0sur papier calque du mus\u00E9e des Tissus t\u00E9moignent de la naissance progressive de ce partie. Sur la premi\u00E8re (inv. MT 44028), on trouve deux rapports de dessin juxtapos\u00E9s, correspondant \u00E0 deux panneaux de tenture. Les montants comprennent, \u00E0 la base, des palmes d'o\u00F9 jaillissent des bouquets de fleurs et de fruits de pavots. Dans le milieu, un massif de feuilles d'acanthe et d'ornement donne naissance \u00E0 des branches d'olivier et \u00E0 des fleurs de lys au naturel. Il supporte, en partie haute, une couronne de laurier contenant la couronne royale \u00E0 gauche, et un coq \u00E0 droite. La composition est encore tr\u00E8s dense au centre du panneau, les montants\u00A0permettant le raccord droit des laizes. Sur la seconde version (inv. MT 44027), d\u00E9j\u00E0, l'id\u00E9e de d\u00E9placer les \u00E9l\u00E9ments les plus riches vers les bords est mise en \u0153uvre. Le champ central est totalement d\u00E9pourvu de d\u00E9cor sur cette esquisse. Les massifs d'acanthe et d'ornement sont\u00A0situ\u00E9s le long des lisi\u00E8res de la laize.\u00A0Dans les enroulements m\u00E9dians des feuilles d'acanthe prennent place des lys h\u00E9raldiques, tandis que des bouquets de lys au naturel, dispos\u00E9s en \u00E9ventail, jaillissent des culots. Les enroulements sup\u00E9rieurs contiennent le chiffre du Roi, et soutiennent une guirlande de fleurs qui supporte le collier de l'ordre du Saint-Esprit surmont\u00E9 par la couronne royale. En partie basse, l'\u00E9cu\u00A0fleurdelis\u00E9 est encadr\u00E9 par une autre guirlande, soutenue par des ornements.\nLes deux propositions sont combin\u00E9es dans une gouache sur papier pr\u00E9par\u00E9 bleu (inv. 2014.0.6) o\u00F9 les montants ont conserv\u00E9 leur d\u00E9cor riche, en or, form\u00E9 de culots d'acanthe, d'ornement et de branches de lys au naturel. Ils forment un puissant encadrement, compl\u00E9t\u00E9, en partie haute et basse, par des enroulements d'acanthe portant le lys h\u00E9raldique. Au centre de la laize, un massif plus l\u00E9ger, trait\u00E9 dans les tons vert et cramoisi, supporte au centre l'\u00E9cu fleurdelis\u00E9 et en partie sup\u00E9rieure la couronne de laurier enfermant la couronne royale. Une autre version encore (inv. MT 44032), trait\u00E9e \u00E0 l'aquarelle et rehauss\u00E9e de gouache,\u00A0reprend le principe du second calque \u2014 montants riches avec lys au naturel, blason fleurdelis\u00E9 en partie inf\u00E9rieure, encadr\u00E9 de branches d'olivier, guirlande supportant le collier de l'ordre du Saint-Esprit en partie haute, surmont\u00E9e de la couronne royale \u2014, mais le champ de la laize est occup\u00E9 par un m\u00E9daillon form\u00E9 de deux cornes d'abondance et d'une couronne de laurier, enfermant le chiffre du Roi. Un m\u00E9daillon enfermant le chiffre du Roi appara\u00EEt aussi sur le projet pour le fond de lit de la Chambre \u00E0 coucher de Louis XVIII, \u00E9galement conserv\u00E9 au mus\u00E9e des Tissus (inv. MT 44053).\u00A0\nCes dessins pr\u00E9paratoires, attribuables sans conteste \u00E0 Jean-Fran\u00E7ois Bony, pr\u00E9sentent tous les \u00E9l\u00E9ments qui seront finalement utilis\u00E9s pour le meuble de la Chambre \u00E0 coucher de Louis XVIII, couronnes, lys, chiffres, branches d'olivier, cornes d'abondance, fleurs et fruits de pavots \u2014 sauf l'\u00E9cu fleurdelis\u00E9 et le collier de l'ordre du Saint-Esprit \u2014 mais le Garde-Meuble de la Couronne a cependant pr\u00E9f\u00E9r\u00E9 introduire\u00A0une somptuosit\u00E9 plus massive dans les compositions. Jacques-Louis de La Hamayde de Saint-Ange a remani\u00E9 les projets de Jean-Fran\u00E7ois Bony pour fournir le dessin d\u00E9finitif.\nLe co\u00FBt total de la soumission atteignit quatre-vingt-un mille sept cent cinquante francs. Elle fut approuv\u00E9e par le baron Thierry de Ville-d'Avray, intendant du Garde-Meuble de la Couronne, le 6 juin 1817, ainsi que par le comte de Pradel, directeur g\u00E9n\u00E9ral du minist\u00E8re de la Maison du Roi, le 13 juin, l'ordre d'ex\u00E9cution \u00E9tant donn\u00E9 le 18 juin. La tenture, adapt\u00E9e \u00E0 l'architecture de la pi\u00E8ce, comprenait quatre panneaux de un l\u00E9, un panneau de trois l\u00E9s et un grand panneau de huit l\u00E9s faisant tableau de chaque c\u00F4t\u00E9 du lit, l'arri\u00E8re du lit \u00E9tant laiss\u00E9 en velours fris\u00E9 uni. Les quatre portes \u00E9taient garnies de porti\u00E8res en velours avec broch\u00E9 \u00E0 l'identique, les crois\u00E9es recevant des rideaux formant bonnes gr\u00E2ces en velours avec du broch\u00E9 rebrod\u00E9, avec pentes \u00E0 franges d'or du passementier Gobert. Le lit de Jacob-Desmalter, en bois dor\u00E9, devait \u00EAtre garni de sept pentes, trois ext\u00E9rieures et quatre int\u00E9rieures, et de cantonni\u00E8res formant bonnes gr\u00E2ces en velours broch\u00E9, d'une courtepointe et d'une t\u00EAte de lit aussi en velours bleu broch\u00E9, le ciel de lit \u00E9tant brod\u00E9, sur le velours fris\u00E9 uni, d'un soleil d'or rayonnant, avec en son centre les trois fleurs de lys h\u00E9raldiques de France, entour\u00E9es de branches de lys au naturel. L'ameublement, enfin, se composait de deux grands fauteuils et carreaux en velours broch\u00E9 rebrod\u00E9, seize ployants de m\u00EAme, un paravent \u00E0 six feuilles et un \u00E9cran, ainsi qu'un marchepied de deux marches couvert int\u00E9rieurement et ext\u00E9rieurement de velours broch\u00E9 et rebrod\u00E9. La livraison et la mise en place des \u00E9toffes par le tapissier Fran\u00E7ois-Louis-Castelneaux Darrac eurent lieu en juillet 1819, le d\u00E9lai de fabrication ayant \u00E9t\u00E9 d\u00E9pass\u00E9 de quelques mois.\nLa plupart des \u00E9l\u00E9ments conserv\u00E9s de ce meuble riche sont aujourd'hui au mus\u00E9e du Louvre, au d\u00E9partement des Objets d'art, depuis leur versement par le Mobilier national en 1965. Ils comprennent les soieries du lit (celui command\u00E9 par Charles X \u00E0 Pierre-Gaston Brion, le lit de Louis XVIII ayant abrit\u00E9 la longue et p\u00E9nible agonie du Roi ; inv. OA 10278), trois panneaux de tenture de trois l\u00E9s et deux de un l\u00E9 (inv. OA 10279), un paravent sans bois apparent, de six feuilles (inv. OA 10280), dont la commande, en suppl\u00E9ment, a fait suite \u00E0 une soumission du 23 juin 1819. Le Mobilier national poss\u00E8de encore une feuille pour paravent, \u00E9tat neuf, ainsi que du velours pour si\u00E8ges, les carreaux et les rideaux des deux crois\u00E9es \u00E0 bonnes gr\u00E2ces avec leurs pentes brod\u00E9es agr\u00E9ment\u00E9es de passementerie d'or.\u00A0Le panneau de tenture du mus\u00E9e des Tissus a \u00E9t\u00E9 acquis de la maison Tassinari et Chatel en 1889.\nMaximilien Durand"@fr . . "Les Lyonnais s'\u00E9tant plaints, en 1816, de l'absence de commandes officielles depuis le retour du Roi, Louis XVIII d\u00E9cida, en 1817, de remeubler sa Chambre \u00E0 coucher au Palais des Tuileries. Il s'agissait de l'ancienne chambre de Napol\u00E9on Ier, situ\u00E9e au premier \u00E9tage du Palais, c\u00F4t\u00E9 jardin, dans le Pavillon de Bullant (ancien appartement de commodit\u00E9 de Louis XIV), \u00E0 la suite de l'appartement int\u00E9rieur de l'Empereur (ancien appartement de la reine Marie-Th\u00E9r\u00E8se).\n\u00C0 l'av\u00E8nement de la Restauration, elle comportait toujours le d\u00E9cor install\u00E9 apr\u00E8s les travaux de 1808, conduits par Pierre-Fran\u00E7ois-L\u00E9onard Fontaine, architecte du Palais, c'est-\u00E0-dire un damas ponceau \u00E0 d\u00E9cor de pavots et fritillaires avec une bordure ponceau broch\u00E9e or pour la tenture, ainsi qu'un satin blanc broch\u00E9 or \u00E0 motifs d'\u00E9toiles pour les rideaux du lit, r\u00E9alis\u00E9s par Bissardon et Cie, Bony et Cie et Grand fr\u00E8res. Ces m\u00EAmes \u00E9toffes avaient \u00E9t\u00E9 utilis\u00E9es pour le mobilier en bois dor\u00E9 livr\u00E9 par Jacob-Desmalter, \u00E0 savoir un lit, un canap\u00E9, deux dormeuses, six fauteuils, deux tabourets de pied, six chaises, six pliants, un \u00E9cran, un marchepied, un paravent et un fauteuil gondole. La tonalit\u00E9 g\u00E9n\u00E9rale \u00E9tait rouge et or, avec les rideaux des pentes du lit en blanc et or.\nBien que le d\u00E9cor ne comport\u00E2t pas d'embl\u00E8mes choquants pour le nouveau r\u00E9gime, \u00E0 l'exception des inflorescences de fritillaire, il fut d\u00E9cid\u00E9 de le renouveler enti\u00E8rement, ce qui donna lieu \u00E0 l'une des plus importantes commandes textiles de la Restauration. C'est la maison Grand fr\u00E8res qui fut charg\u00E9e de son ex\u00E9cution.\nGr\u00E2ce aux archives de la maison Tassinari et Chatel, successeurs de Grand fr\u00E8res \u00E0 Lyon, on conna\u00EEt bien les circonstances de cette commande, pour laquelle le dessinateur de fabrique Jean-Fran\u00E7ois Bony (1754-1825) proposa diff\u00E9rents dessins. Le mus\u00E9e des Tissus conserve plusieurs de ces \u00E9tudes pr\u00E9paratoires pour la Chambre du Roi, \u00E0 la mine de plomb et \u00E0 l'encre sur papier calque,\u00A0mais aussi\u00A0\u00E0 l'aquarelle et \u00E0 la gouache sur papier (inv. MT 44027, MT 44028, MT 44032, MT 44053, MT 44054 et MT 2014.0.6).\nL'ameublement de la chambre de Louis XVIII fit l'objet de trois soumissions de la maison Grand fr\u00E8res. La premi\u00E8re, en date du 28 f\u00E9vrier 1817, ne fut pas accept\u00E9e. La seconde, du 28 f\u00E9vrier 1817, concernait un gros de Tours broch\u00E9, soie nu\u00E9e, dessins de groupes de fleurs au naturel, pour approvisionnement de bordures de tenture neuf pouces et de bordures de ployants quatre pouces, les dessins \u00E9tant soumis \u00AB au choix de M. l'Intendant sur les 6 que nous pr\u00E9sentons \u00BB et les couleurs \u00AB \u00E0 arr\u00EAter \u00BB devant \u00EAtre r\u00E9alis\u00E9es sur les indications du directeur de la Manufacture royale des Gobelins. La troisi\u00E8me soumission, celle du 29 mai 1817, fut \u00E0 l'origine de la commande port\u00E9e sur le Livre des commissions de Grand fr\u00E8res le 6 juin 1817, dont l'ordre d'ex\u00E9cution fut donn\u00E9 le 18. Les fabricants s'engageaient \u00E0 faire fabriquer et rebroder une \u00E9toffe de velours cisel\u00E9 bleu, coup\u00E9 sur fond fris\u00E9, avec les parties de broch\u00E9 or \u00E9tant liser\u00E9 en soie formant ombre port\u00E9e, le tout rebrod\u00E9 de plusieurs or en relief. La cha\u00EEne et la trame du velours devaient \u00EAtre en organsin du Pi\u00E9mont mont\u00E9 \u00E0 deux et trois bouts. Toutes les soies devaient \u00EAtre teintes en bleu au prussiate ou \u00AB bleu Reymond \u00BB, sous les yeux m\u00EAmes de l'inventeur de ce proc\u00E9d\u00E9. Les \u00E9toffes de la chambre de Louis XVIII sont donc les premi\u00E8res faisant l'objet d'une commande officielle de grande envergure o\u00F9 l'on voit l'emploi du proc\u00E9d\u00E9 du chimiste Reymond pour remplacer l'indigo par le prussiate de fer dans la teinture de la soie. La dorure du broch\u00E9 et de la broderie \u00E9tait surdor\u00E9e \u00E0 soixante feuilles. Le temps n\u00E9cessaire pour ex\u00E9cuter les \u00E9toffes et broderies \u00E9tait de dix-huit mois, la livraison pouvant \u00EAtre faite en deux parties, le paiement n'\u00E9tant effectu\u00E9 que dans les deux \u00E0 trois mois suivants la v\u00E9rification de la solidit\u00E9 des couleurs \u00E9prouv\u00E9es \u00E0 l'air et au soleil.\nLa soumission du 29 mai d\u00E9crit ainsi le dessin des panneaux de la tenture : \u00AB dans le milieu (...), un massif de feuilles d'acanthe et d'ornements, montants de la bordure transversale du bas \u00E0 celle du haut, des rinceaux, de droite et de gauche, viendront enlacer des Cornes d'abondance surmont\u00E9es de fleurs et de fruits de Pavots. Un tr\u00E8s riche rinceau d'or partant du milieu ira de droite \u00E0 gauche s'ajuster aux montants, il occupera tout le bas du panneau. Les montants repr\u00E9senteront des ornemens avec des Culots de feuilles d'acanthe et des bouquets de fleurs de lis d'or. La traverse du haut viendra couronner le panneau. Elle se composera de divers ornemens ajust\u00E9s \u00E0 des guirlandes de fruits avec le Chiffre de Sa Majest\u00E9. Dans le milieu sera la Couronne Royale entour\u00E9e d'une branche d'olivier. Toutes les autres pi\u00E8ces de l'ameublement seront analogues \u00E0 la tenture pour la Composition, l'Ex\u00E9cution du velours du Broch\u00E9 et de la broderie d'apr\u00E8s le dessin de Mr. St Ange, dessinateur du Garde-Meuble de la Couronne. \u00BB\nC'est cette mention de Jacques-Louis de La Hamayde de Saint-Ange dans les archives de la maison Tassinari et Chatel qui a fait attribuer au dessinateur du Garde-Meuble l'ensemble du projet. Mais l'id\u00E9e originale en revient \u00E0 Jean-Fran\u00E7ois Bony. Ce dernier avait d\u00E9j\u00E0 fourni des dessins pour l'ameublement du Palais de Saint-Cloud command\u00E9 \u00E0 la manufacture de Camille Pernon, pr\u00E9d\u00E9cesseur de Grand fr\u00E8res. Sous l'Empire, il s'associe aux cousins Bissardon, ponctuellement d'abord (1808-1809) puis plus durablement (1811-1816) pour\u00A0r\u00E9pondre aux grandes commandes de Napol\u00E9on Ier pour l'am\u00E9nagement des Palais de Meudon et de Versailles, notamment. Il\u00A0renouvelle ici sa collaboration avec les fabricants Grand fr\u00E8res, en fournissant les principes de la composition des d\u00E9cors de la tenture de la Chambre \u00E0 coucher de Louis XVIII. C'est \u00E0 lui que revient, notamment, le parti audacieux, jamais encore mis en \u0153uvre dans les soieries d'ameublement, de repousser sur les bords tout le d\u00E9cor dor\u00E9 (montants et bordures), laissant les effets du velours jouer sur la partie centrale, le coup\u00E9 sur le fris\u00E9.\u00A0Deux\u00A0esquisses \u00E0 la mine de plomb et \u00E0 la plume\u00A0sur papier calque du mus\u00E9e des Tissus t\u00E9moignent de la naissance progressive de ce partie. Sur la premi\u00E8re (inv. MT 44028), on trouve deux rapports de dessin juxtapos\u00E9s, correspondant \u00E0 deux panneaux de tenture. Les montants comprennent, \u00E0 la base, des palmes d'o\u00F9 jaillissent des bouquets de fleurs et de fruits de pavots. Dans le milieu, un massif de feuilles d'acanthe et d'ornement donne naissance \u00E0 des branches d'olivier et \u00E0 des fleurs de lys au naturel. Il supporte, en partie haute, une couronne de laurier contenant la couronne royale \u00E0 gauche, et un coq \u00E0 droite. La composition est encore tr\u00E8s dense au centre du panneau, les montants\u00A0permettant le raccord droit des laizes. Sur la seconde version (inv. MT 44027), d\u00E9j\u00E0, l'id\u00E9e de d\u00E9placer les \u00E9l\u00E9ments les plus riches vers les bords est mise en \u0153uvre. Le champ central est totalement d\u00E9pourvu de d\u00E9cor sur cette esquisse. Les massifs d'acanthe et d'ornement sont\u00A0situ\u00E9s le long des lisi\u00E8res de la laize.\u00A0Dans les enroulements m\u00E9dians des feuilles d'acanthe prennent place des lys h\u00E9raldiques, tandis que des bouquets de lys au naturel, dispos\u00E9s en \u00E9ventail, jaillissent des culots. Les enroulements sup\u00E9rieurs contiennent le chiffre du Roi, et soutiennent une guirlande de fleurs qui supporte le collier de l'ordre du Saint-Esprit surmont\u00E9 par la couronne royale. En partie basse, l'\u00E9cu\u00A0fleurdelis\u00E9 est encadr\u00E9 par une autre guirlande, soutenue par des ornements.\nLes deux propositions sont combin\u00E9es dans une gouache sur papier pr\u00E9par\u00E9 bleu (inv. 2014.0.6) o\u00F9 les montants ont conserv\u00E9 leur d\u00E9cor riche, en or, form\u00E9 de culots d'acanthe, d'ornement et de branches de lys au naturel. Ils forment un puissant encadrement, compl\u00E9t\u00E9, en partie haute et basse, par des enroulements d'acanthe portant le lys h\u00E9raldique. Au centre de la laize, un massif plus l\u00E9ger, trait\u00E9 dans les tons vert et cramoisi, supporte au centre l'\u00E9cu fleurdelis\u00E9 et en partie sup\u00E9rieure la couronne de laurier enfermant la couronne royale. Une autre version encore (inv. MT 44032), trait\u00E9e \u00E0 l'aquarelle et rehauss\u00E9e de gouache,\u00A0reprend le principe du second calque \u2014 montants riches avec lys au naturel, blason fleurdelis\u00E9 en partie inf\u00E9rieure, encadr\u00E9 de branches d'olivier, guirlande supportant le collier de l'ordre du Saint-Esprit en partie haute, surmont\u00E9e de la couronne royale \u2014, mais le champ de la laize est occup\u00E9 par un m\u00E9daillon form\u00E9 de deux cornes d'abondance et d'une couronne de laurier, enfermant le chiffre du Roi. Un m\u00E9daillon enfermant le chiffre du Roi appara\u00EEt aussi sur le projet pour le fond de lit de la Chambre \u00E0 coucher de Louis XVIII, \u00E9galement conserv\u00E9 au mus\u00E9e des Tissus (inv. MT 44053).\u00A0\nCes dessins pr\u00E9paratoires, attribuables sans conteste \u00E0 Jean-Fran\u00E7ois Bony, pr\u00E9sentent tous les \u00E9l\u00E9ments qui seront finalement utilis\u00E9s pour le meuble de la Chambre \u00E0 coucher de Louis XVIII, couronnes, lys, chiffres, branches d'olivier, cornes d'abondance, fleurs et fruits de pavots \u2014 sauf l'\u00E9cu fleurdelis\u00E9 et le collier de l'ordre du Saint-Esprit \u2014 mais le Garde-Meuble de la Couronne a cependant pr\u00E9f\u00E9r\u00E9 introduire\u00A0une somptuosit\u00E9 plus massive dans les compositions. Jacques-Louis de La Hamayde de Saint-Ange a remani\u00E9 les projets de Jean-Fran\u00E7ois Bony pour fournir le dessin d\u00E9finitif.\nLe co\u00FBt total de la soumission atteignit quatre-vingt-un mille sept cent cinquante francs. Elle fut approuv\u00E9e par le baron Thierry de Ville-d'Avray, intendant du Garde-Meuble de la Couronne, le 6 juin 1817, ainsi que par le comte de Pradel, directeur g\u00E9n\u00E9ral du minist\u00E8re de la Maison du Roi, le 13 juin, l'ordre d'ex\u00E9cution \u00E9tant donn\u00E9 le 18 juin. La tenture, adapt\u00E9e \u00E0 l'architecture de la pi\u00E8ce, comprenait quatre panneaux de un l\u00E9, un panneau de trois l\u00E9s et un grand panneau de huit l\u00E9s faisant tableau de chaque c\u00F4t\u00E9 du lit, l'arri\u00E8re du lit \u00E9tant laiss\u00E9 en velours fris\u00E9 uni. Les quatre portes \u00E9taient garnies de porti\u00E8res en velours avec broch\u00E9 \u00E0 l'identique, les crois\u00E9es recevant des rideaux formant bonnes gr\u00E2ces en velours avec du broch\u00E9 rebrod\u00E9, avec pentes \u00E0 franges d'or du passementier Gobert. Le lit de Jacob-Desmalter, en bois dor\u00E9, devait \u00EAtre garni de sept pentes, trois ext\u00E9rieures et quatre int\u00E9rieures, et de cantonni\u00E8res formant bonnes gr\u00E2ces en velours broch\u00E9, d'une courtepointe et d'une t\u00EAte de lit aussi en velours bleu broch\u00E9, le ciel de lit \u00E9tant brod\u00E9, sur le velours fris\u00E9 uni, d'un soleil d'or rayonnant, avec en son centre les trois fleurs de lys h\u00E9raldiques de France, entour\u00E9es de branches de lys au naturel. L'ameublement, enfin, se composait de deux grands fauteuils et carreaux en velours broch\u00E9 rebrod\u00E9, seize ployants de m\u00EAme, un paravent \u00E0 six feuilles et un \u00E9cran, ainsi qu'un marchepied de deux marches couvert int\u00E9rieurement et ext\u00E9rieurement de velours broch\u00E9 et rebrod\u00E9. La livraison et la mise en place des \u00E9toffes par le tapissier Fran\u00E7ois-Louis-Castelneaux Darrac eurent lieu en juillet 1819, le d\u00E9lai de fabrication ayant \u00E9t\u00E9 d\u00E9pass\u00E9 de quelques mois.\nLa plupart des \u00E9l\u00E9ments conserv\u00E9s de ce meuble riche sont aujourd'hui au mus\u00E9e du Louvre, au d\u00E9partement des Objets d'art, depuis leur versement par le Mobilier national en 1965. Ils comprennent les soieries du lit (celui command\u00E9 par Charles X \u00E0 Pierre-Gaston Brion, le lit de Louis XVIII ayant abrit\u00E9 la longue et p\u00E9nible agonie du Roi ; inv. OA 10278), trois panneaux de tenture de trois l\u00E9s et deux de un l\u00E9 (inv. OA 10279), un paravent sans bois apparent, de six feuilles (inv. OA 10280), dont la commande, en suppl\u00E9ment, a fait suite \u00E0 une soumission du 23 juin 1819. Le Mobilier national poss\u00E8de encore une feuille pour paravent, \u00E9tat neuf, ainsi que du velours pour si\u00E8ges, les carreaux et les rideaux des deux crois\u00E9es \u00E0 bonnes gr\u00E2ces avec leurs pentes brod\u00E9es agr\u00E9ment\u00E9es de passementerie d'or.\u00A0Le panneau de tenture du mus\u00E9e des Tissus a \u00E9t\u00E9 acquis de la maison Tassinari et Chatel en 1889.\nMaximilien Durand"@fr . . "0.51660001277923583984"^^ . . . . . . . . . . . . . . . "Panneau de la tenture\u00A0de\u00A0la Chambre \u00E0 coucher de Louis XVIII au Palais des\u00A0Tuileries"@fr . . . "0.59119999408721923828"^^ . . . . . . . . "Panneau de la tenture\u00A0de\u00A0la Chambre \u00E0 coucher de Louis XVIII au Palais des\u00A0Tuileries"@fr . 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