. . "Jules Reybaud, \u00E9l\u00E8ve de Pierre R\u00E9voil et d'Augustin Thierriat \u00E0 l'\u00C9cole des Beaux-Arts de Lyon, est dessinateur de fabrique et metteur en carte. Il travaille, notamment, pour la maison Champagne et Rougier, distingu\u00E9e, \u00E0 l'Exposition universelle de Paris en 1855 d'une m\u00E9daille d'honneur pour ses \u00AB beaux tissus de soie fa\u00E7onn\u00E9s ou broch\u00E9s \u00E0 disposition \u00BB et pour le \u00AB d\u00E9veloppement consid\u00E9rable de la fabrication d'\u00E9toffes pour robes pour la grande consommation \u00BB. Joseph G\u00E9rard, le s\u00E9v\u00E8re auteur des Lettres d'un marchand de Paris sur l'exposition universelle des soieries suivies de nouvelles lettres sur la fabrique de Lyon, publi\u00E9es en 1855, souligne d'ailleurs surtout ce dernier aspect lorsqu'il aborde la production de la maison. Mais quand il \u00E9voque les portraits que Jules Reybaud pr\u00E9sente sous son propre nom, c'est pour les opposer au Portrait du Pape Pie IX de Michel-Marie Carquillat, dont le mus\u00E9e des Tissus poss\u00E8de une \u00E9dition originale de 1848 (inv. DET 438) et un retissage de 1865 (inv. MT 24579), non plus seulement avec le cynisme qu'il r\u00E9serve \u00E0 Champagne et Rougier, mais avec un franc m\u00E9pris : \u00AB M. Carquillat, ce laur\u00E9at de la gravure \u00E0 la Jacquard, a effectivement fait le portrait de Sa Saintet\u00E9 Pie IX. Cette \u0153uvre a d\u00E9j\u00E0 \u00E9t\u00E9 expos\u00E9e \u00E0 Londres ; elle est remarquable par la simplicit\u00E9 avec laquelle elle est ex\u00E9cut\u00E9e. C'est un trait, pour ainsi dire ; les ombres sont indiqu\u00E9es avec une sobri\u00E9t\u00E9 de ton qui m'avait d\u00E9j\u00E0 frapp\u00E9, et qui m'a de nouveau \u00E9tonn\u00E9. Les portraits de M. Reybaud sont moins heureusement trait\u00E9s. L'emploi du liser\u00E9 et le m\u00E9lange du broch\u00E9 couleur rappellent le genre de l'ombrelle d'exportation, sur laquelle s'\u00E9panouissent un berger enrubann\u00E9 et Perrette avec son pot au lait oblig\u00E9. \u00BB Ces portraits, des taffetas fa\u00E7onn\u00E9s double-cha\u00EEne, \u00E0 d\u00E9cor par flott\u00E9s de cha\u00EEne, liser\u00E9 et lanc\u00E9, n'ont rien de commun avec la complexit\u00E9 des velours cisel\u00E9s quadruple corps pr\u00E9sent\u00E9s par la maison Furnion p\u00E8re et fils \u00E0 cette m\u00EAme Exposition (inv. MT 42745, Portrait de Napol\u00E9on Ier ; MT 42746, Portrait de Napol\u00E9on III ; MT 34320, Portrait de Joseph-Marie Jacquard d'apr\u00E8s Jean-Claude Bonnefond). Pourtant, ils marquent aussi une \u00E9tape dans l'histoire du portrait tiss\u00E9 de la Fabrique lyonnaise. Le premier repr\u00E9sente Philippe de Lasalle. Une inscription dans l'angle inf\u00E9rieur droit indique \u00AB LYON/ 18JR54 \u00BB, c'est-\u00E0-dire \u00AB Fait \u00E0 Lyon en 1854 par Jules Reybaud \u00BB. Dans l'angle inf\u00E9rieur gauche, on lit : \u00AB A-LA MEMOIRE/ DE/ PHPE-DE-LA-SALLE/ DESSINATEUR/ XVIIIE-Si\u00E8cle \u00BB. Lasalle est figur\u00E9 en buste, sur un fond l\u00E9g\u00E8rement ombr\u00E9, tourn\u00E9 de trois-quarts vers la droite. Il porte en \u00E9charpe le ruban de l'Ordre de Saint-Michel. De la main droite, il tient un porte-mine au moyen duquel il note des indications sur une mise en carte. Le portrait est inscrit dans un entour de fleurs qui soutient, \u00E0 gauche, pr\u00E8s du coude de l'artiste, un carnet ouvert, et \u00E0 droite, pr\u00E8s de sa main, deux perdrix, allusion \u00E0 la c\u00E9l\u00E8bre tenture dite \u00AB aux perdrix \u00BB r\u00E9alis\u00E9e pour Catherine II de Russie (inv. MT 2882, MT 22035 et MT 32812). Sur le deuxi\u00E8me (inv. MT 7910), l'inscription \u00AB LYON/ 18JR54 \u00BB est situ\u00E9e dans l'angle inf\u00E9rieur gauche, le droit portant : \u00AB A/ BERJON/ DESSINATEUR/ ET/ PROFESSEUR/ XVIIIE-ET-XIXE/ Si\u00E8cle \u00BB. Antoine Berjon est figur\u00E9 en buste, sur un fond uni sombre, tourn\u00E9 de trois-quarts vers la gauche, le visage presque de face. Une palette et des pinceaux reposent au centre de l'entour de fleurs, o\u00F9 sont suspendus des rangs de perles. Les raisins et le panier empli de fleurs qui compl\u00E8tent la guirlande sont des allusions \u00E0 ses natures mortes peintes \u00E0 l'huile. Le dernier portrait repr\u00E9sente Jean-Fran\u00E7ois Bony (inv. MT 7911). Dans l'angle inf\u00E9rieur gauche appara\u00EEt l'inscription \u00AB LYON/ 18JR55 \u00BB ; \u00E0 droite, on lit : \u00AB A/ J.-F. BONY/ DESSINATEUR/ AU/ XVIII-et-XIX/ Si\u00E8cle \u00BB. L'artiste est figur\u00E9 sur un fond de paysage, avec un muret supportant une vasque fleurie, et un jardin arbor\u00E9 auquel on acc\u00E8de par une porte ouverte en ferronnerie. Bony, en buste, tourn\u00E9 vers la gauche, le visage de trois-quarts, porte un haut couvre-chef, une cravate nou\u00E9e et une redingote. Il appuie son bras gauche sur une margelle o\u00F9 est pos\u00E9e une feuille de papier. L'entour de fleurs, plus l\u00E9ger que dans les compositions pr\u00E9c\u00E9dentes, est soutenu par un espalier en treillage. Depuis l'origine du portrait tiss\u00E9, les dessinateurs s'inspirent d'\u0153uvres largement diffus\u00E9es. Le mod\u00E8le \u00E9tant connu de tous, le sujet en est imm\u00E9diatement reconnu et il contribue \u00E0 la promotion des images tiss\u00E9es. Mais les gravures choisies pour les portraits d'au moins deux des dessinateurs de la Fabrique lyonnaise connaissent une audience bien locale : Philippe de Lasalle est ex\u00E9cut\u00E9 d'apr\u00E8s un dessin de Jean-Jacques de Boissieu, aujourd'hui conserv\u00E9 au mus\u00E9e des Arts d\u00E9coratifs de Lyon (inv. MAD 2308), grav\u00E9 par Joseph-Paul-Marius Soumy pour le concours de la Soci\u00E9t\u00E9 des Amis des Arts de Lyon dont il fut laur\u00E9at en 1850 ; Antoine Berjon est r\u00E9alis\u00E9 d'apr\u00E8s son autoportrait grav\u00E9 par Auguste Lehmann, laur\u00E9at du concours de 1851. Aucun portrait de Jean-Fran\u00E7ois Bony n'\u00E9tant alors disponible, il semble qu'on forgea une iconographie r\u00E9trospective, imagin\u00E9e pour l'occasion d'apr\u00E8s l'autoportrait grav\u00E9 de Jean-Jacques de Boissieu, autre Lyonnais c\u00E9l\u00E8bre et auteur du portrait de Lasalle. Cette particularit\u00E9 s'explique par l'identit\u00E9 m\u00EAme des sujets. La maison Didier-Petit et Cie avait c\u00E9l\u00E9br\u00E9 l'invention de Jacquard en ex\u00E9cutant son portrait en 1839 (inv. MT 445 pour le dessin pr\u00E9paratoire de Bonnefond et MT 2264, MT 28362.6, MT 33396, MT 42157 pour les exemplaires tiss\u00E9s en 1839 de ce portrait). Mais Jacquard, dont on avait fait un h\u00E9ros national apr\u00E8s sa mort, m\u00E9ritait bien qu'on lui consacr\u00E2t ces honneurs. Il \u00E9tait le seul Fran\u00E7ais illustre, cependant, qui, sans \u00EAtre une personnalit\u00E9 du r\u00E9gime en place, avait \u00E9t\u00E9 figur\u00E9 par les fabricants de Lyon. Voici qu'avec la s\u00E9rie de Reybaud trois nouvelles personnalit\u00E9s rejoignent Jacquard au sanctuaire des grands hommes dignes d'\u00EAtre portraitur\u00E9s dans la soie. On aurait tort de penser, avec certains auteurs, que \u00AB la soierie lyonnaise s'autoc\u00E9l\u00E8bre \u00BB avec cette s\u00E9rie. Elle fait bien plus, en r\u00E9alit\u00E9. Elle proclame le dessinateur comme un artiste \u00E0 part enti\u00E8re et revient, pour l'affirmer, \u00E0 la formule de l'entour de fleurs inaugur\u00E9e par Philippe de Lasalle en 1771 (inv. MT 1701, MT 2869, MT 45306 et MT 45307). Comme sur leurs mod\u00E8les, les guirlandes sont trait\u00E9es avec davantage de couleurs cependant que le sujet principal est figur\u00E9 en cama\u00EFeu. S'ils ne reprennent pas la formule du profil trait\u00E9 \u00E0 l'antique, c'est parce qu'ils sont tous express\u00E9ment qualifi\u00E9s de \u00AB dessinateurs \u00BB et figur\u00E9s dans la plus pure tradition du portrait d'artiste, arborant les attributs des beaux-arts, porte-mine, carnet de croquis, palette et pinceaux, feuille de papier \u00E0 dessin. Lorsque se cl\u00F4ture l'Exposition universelle de 1855, le portrait tiss\u00E9, n\u00E9 moins de quatre-vingt-cinq ans auparavant, s'est \u00E9rig\u00E9 en v\u00E9ritable \u00AB genre \u00BB. Il a fix\u00E9 les caract\u00E9ristiques qui le d\u00E9finissent et structur\u00E9 sa propre rh\u00E9torique. Reybaud, par ailleurs grand collectionneur d'\u00E9toffes et de mod\u00E8les de fabrique, est donc en mesure de proposer trois \u0153uvres qui ma\u00EEtrisent pleinement les r\u00E9f\u00E9rences acad\u00E9miques. Lasalle avait d\u00E9montr\u00E9 que le tissage pouvait imiter la peinture, sinon l'\u00E9galer. Il avait instaur\u00E9 le mod\u00E8le du portrait monarchique, un profil de m\u00E9daille exalt\u00E9 par un entour de fleurs trait\u00E9es au naturel. C'est lui aussi qui \u00E9tablit la tradition de la signature, le plus souvent appos\u00E9e en latin \u2013 fecit pour Lasalle, dessinateur, ing\u00E9nieur et fabricant, texuit pour Carquillat, tisseur, delineauit pour Malpertuy, dessinateur \u2013. Sous le Consulat et l'Empire, le portrait tiss\u00E9 s'emparait de nouveaux symboles du pouvoir, et il int\u00E9grait de nouvelles formules, inspir\u00E9es par les estampes en circulation qui reproduisaient les dessins faits d'apr\u00E8s nature, avec le mod\u00E8le en buste, posant de trois-quarts. Il \u00E9tait l\u00E9gitime que cet int\u00E9r\u00EAt pour la gravure conduis\u00EEt \u00E0 imiter la technique de la taille-douce. Gr\u00E2ce au proc\u00E9d\u00E9 d'\u00C9tienne Maisiat, l'imitation \u00E9tait parfaite. Elle est popularis\u00E9e par le succ\u00E8s du Portrait de Joseph-Marie Jacquard r\u00E9alis\u00E9 par Michel-Marie Carquillat pour la maison Didier-Petit et Cie. Carquillat invente en 1844 le portrait collectif, avec La Visite du duc d'Aumale \u00E0 la Croix-Rousse dans l'atelier de M. Carquillat \u00E0 Lyon (inv. MT 24735). Jules Reybaud introduit, lors de l'Exposition universelle de 1855, le portrait r\u00E9trospectif avec sa s\u00E9rie, techniquement moins remarquable que les portraits broch\u00E9s de Philippe de Lasalle, mais \u00E9rigeant le dessinateur de fabrique comme un artiste \u00E0 part enti\u00E8re, digne de figurer aux c\u00F4t\u00E9s des grands hommes immortalis\u00E9s, de leur vivant, par la fabrique lyonnaise.\nDans une lettre adress\u00E9e par Jules Reybaud au Pr\u00E9fet du d\u00E9partement du Rh\u00F4ne en 1864, dans laquelle l'artiste rappelle les principales \u00E9tapes de sa carri\u00E8re, ce dernier rappelle les circonstances qui ont pr\u00E9sid\u00E9 \u00E0 la cr\u00E9ation des trois portraits : \u00AB\u00A0M\u00FB par un sentiment patriotique qui, chez moi, ne s'\u00E9teindra jamais, je reproduisis en \u00E9toffe les portraits des grands artistes lyonnais qui, au 18me si\u00E8cle, donn\u00E8rent par leurs \u0153uvres cette r\u00E9putation universelle \u00E0 nos produits. Leurs noms \u00E9taient presque inconnus comme le sont encore les noms de ceux qui leur ont succ\u00E9d\u00E9s, et je voulais r\u00E9parer un oubli injuste en repr\u00E9sentant ces faces ennoblies par le talent et les services qu'ils ont rendus \u00E0 l'industrie de leur pays. J'obtins une m\u00E9daille de 2me classe \u00E0 l'Exposition universelle, et une lettre tr\u00E8s aimable de la Chambre de Commerce. L'ann\u00E9e suivante, je fis le portrait d'Alexandre de Humboldt, de qui je re\u00E7us une lettre de remerciement\u00A0des plus flatteuses. Le Roi de Prusse m'envoya la Grande M\u00E9daille d'or\u00A0\u00BB (archives du mus\u00E9e des Tissus).\nMaximilien Durand"@fr . "Jules Reybaud, \u00E9l\u00E8ve de Pierre R\u00E9voil et d'Augustin Thierriat \u00E0 l'\u00C9cole des Beaux-Arts de Lyon, est dessinateur de fabrique et metteur en carte. Il travaille, notamment, pour la maison Champagne et Rougier, distingu\u00E9e, \u00E0 l'Exposition universelle de Paris en 1855 d'une m\u00E9daille d'honneur pour ses \u00AB beaux tissus de soie fa\u00E7onn\u00E9s ou broch\u00E9s \u00E0 disposition \u00BB et pour le \u00AB d\u00E9veloppement consid\u00E9rable de la fabrication d'\u00E9toffes pour robes pour la grande consommation \u00BB. Joseph G\u00E9rard, le s\u00E9v\u00E8re auteur des Lettres d'un marchand de Paris sur l'exposition universelle des soieries suivies de nouvelles lettres sur la fabrique de Lyon, publi\u00E9es en 1855, souligne d'ailleurs surtout ce dernier aspect lorsqu'il aborde la production de la maison. Mais quand il \u00E9voque les portraits que Jules Reybaud pr\u00E9sente sous son propre nom, c'est pour les opposer au Portrait du Pape Pie IX de Michel-Marie Carquillat, dont le mus\u00E9e des Tissus poss\u00E8de une \u00E9dition originale de 1848 (inv. DET 438) et un retissage de 1865 (inv. MT 24579), non plus seulement avec le cynisme qu'il r\u00E9serve \u00E0 Champagne et Rougier, mais avec un franc m\u00E9pris : \u00AB M. Carquillat, ce laur\u00E9at de la gravure \u00E0 la Jacquard, a effectivement fait le portrait de Sa Saintet\u00E9 Pie IX. Cette \u0153uvre a d\u00E9j\u00E0 \u00E9t\u00E9 expos\u00E9e \u00E0 Londres ; elle est remarquable par la simplicit\u00E9 avec laquelle elle est ex\u00E9cut\u00E9e. C'est un trait, pour ainsi dire ; les ombres sont indiqu\u00E9es avec une sobri\u00E9t\u00E9 de ton qui m'avait d\u00E9j\u00E0 frapp\u00E9, et qui m'a de nouveau \u00E9tonn\u00E9. Les portraits de M. Reybaud sont moins heureusement trait\u00E9s. L'emploi du liser\u00E9 et le m\u00E9lange du broch\u00E9 couleur rappellent le genre de l'ombrelle d'exportation, sur laquelle s'\u00E9panouissent un berger enrubann\u00E9 et Perrette avec son pot au lait oblig\u00E9. \u00BB Ces portraits, des taffetas fa\u00E7onn\u00E9s double-cha\u00EEne, \u00E0 d\u00E9cor par flott\u00E9s de cha\u00EEne, liser\u00E9 et lanc\u00E9, n'ont rien de commun avec la complexit\u00E9 des velours cisel\u00E9s quadruple corps pr\u00E9sent\u00E9s par la maison Furnion p\u00E8re et fils \u00E0 cette m\u00EAme Exposition (inv. MT 42745, Portrait de Napol\u00E9on Ier ; MT 42746, Portrait de Napol\u00E9on III ; MT 34320, Portrait de Joseph-Marie Jacquard d'apr\u00E8s Jean-Claude Bonnefond). Pourtant, ils marquent aussi une \u00E9tape dans l'histoire du portrait tiss\u00E9 de la Fabrique lyonnaise. Le premier repr\u00E9sente Philippe de Lasalle. Une inscription dans l'angle inf\u00E9rieur droit indique \u00AB LYON/ 18JR54 \u00BB, c'est-\u00E0-dire \u00AB Fait \u00E0 Lyon en 1854 par Jules Reybaud \u00BB. Dans l'angle inf\u00E9rieur gauche, on lit : \u00AB A-LA MEMOIRE/ DE/ PHPE-DE-LA-SALLE/ DESSINATEUR/ XVIIIE-Si\u00E8cle \u00BB. Lasalle est figur\u00E9 en buste, sur un fond l\u00E9g\u00E8rement ombr\u00E9, tourn\u00E9 de trois-quarts vers la droite. Il porte en \u00E9charpe le ruban de l'Ordre de Saint-Michel. De la main droite, il tient un porte-mine au moyen duquel il note des indications sur une mise en carte. Le portrait est inscrit dans un entour de fleurs qui soutient, \u00E0 gauche, pr\u00E8s du coude de l'artiste, un carnet ouvert, et \u00E0 droite, pr\u00E8s de sa main, deux perdrix, allusion \u00E0 la c\u00E9l\u00E8bre tenture dite \u00AB aux perdrix \u00BB r\u00E9alis\u00E9e pour Catherine II de Russie (inv. MT 2882, MT 22035 et MT 32812). Sur le deuxi\u00E8me (inv. MT 7910), l'inscription \u00AB LYON/ 18JR54 \u00BB est situ\u00E9e dans l'angle inf\u00E9rieur gauche, le droit portant : \u00AB A/ BERJON/ DESSINATEUR/ ET/ PROFESSEUR/ XVIIIE-ET-XIXE/ Si\u00E8cle \u00BB. Antoine Berjon est figur\u00E9 en buste, sur un fond uni sombre, tourn\u00E9 de trois-quarts vers la gauche, le visage presque de face. Une palette et des pinceaux reposent au centre de l'entour de fleurs, o\u00F9 sont suspendus des rangs de perles. Les raisins et le panier empli de fleurs qui compl\u00E8tent la guirlande sont des allusions \u00E0 ses natures mortes peintes \u00E0 l'huile. Le dernier portrait repr\u00E9sente Jean-Fran\u00E7ois Bony (inv. MT 7911). Dans l'angle inf\u00E9rieur gauche appara\u00EEt l'inscription \u00AB LYON/ 18JR55 \u00BB ; \u00E0 droite, on lit : \u00AB A/ J.-F. BONY/ DESSINATEUR/ AU/ XVIII-et-XIX/ Si\u00E8cle \u00BB. L'artiste est figur\u00E9 sur un fond de paysage, avec un muret supportant une vasque fleurie, et un jardin arbor\u00E9 auquel on acc\u00E8de par une porte ouverte en ferronnerie. Bony, en buste, tourn\u00E9 vers la gauche, le visage de trois-quarts, porte un haut couvre-chef, une cravate nou\u00E9e et une redingote. Il appuie son bras gauche sur une margelle o\u00F9 est pos\u00E9e une feuille de papier. L'entour de fleurs, plus l\u00E9ger que dans les compositions pr\u00E9c\u00E9dentes, est soutenu par un espalier en treillage. Depuis l'origine du portrait tiss\u00E9, les dessinateurs s'inspirent d'\u0153uvres largement diffus\u00E9es. Le mod\u00E8le \u00E9tant connu de tous, le sujet en est imm\u00E9diatement reconnu et il contribue \u00E0 la promotion des images tiss\u00E9es. Mais les gravures choisies pour les portraits d'au moins deux des dessinateurs de la Fabrique lyonnaise connaissent une audience bien locale : Philippe de Lasalle est ex\u00E9cut\u00E9 d'apr\u00E8s un dessin de Jean-Jacques de Boissieu, aujourd'hui conserv\u00E9 au mus\u00E9e des Arts d\u00E9coratifs de Lyon (inv. MAD 2308), grav\u00E9 par Joseph-Paul-Marius Soumy pour le concours de la Soci\u00E9t\u00E9 des Amis des Arts de Lyon dont il fut laur\u00E9at en 1850 ; Antoine Berjon est r\u00E9alis\u00E9 d'apr\u00E8s son autoportrait grav\u00E9 par Auguste Lehmann, laur\u00E9at du concours de 1851. Aucun portrait de Jean-Fran\u00E7ois Bony n'\u00E9tant alors disponible, il semble qu'on forgea une iconographie r\u00E9trospective, imagin\u00E9e pour l'occasion d'apr\u00E8s l'autoportrait grav\u00E9 de Jean-Jacques de Boissieu, autre Lyonnais c\u00E9l\u00E8bre et auteur du portrait de Lasalle. Cette particularit\u00E9 s'explique par l'identit\u00E9 m\u00EAme des sujets. La maison Didier-Petit et Cie avait c\u00E9l\u00E9br\u00E9 l'invention de Jacquard en ex\u00E9cutant son portrait en 1839 (inv. MT 445 pour le dessin pr\u00E9paratoire de Bonnefond et MT 2264, MT 28362.6, MT 33396, MT 42157 pour les exemplaires tiss\u00E9s en 1839 de ce portrait). Mais Jacquard, dont on avait fait un h\u00E9ros national apr\u00E8s sa mort, m\u00E9ritait bien qu'on lui consacr\u00E2t ces honneurs. Il \u00E9tait le seul Fran\u00E7ais illustre, cependant, qui, sans \u00EAtre une personnalit\u00E9 du r\u00E9gime en place, avait \u00E9t\u00E9 figur\u00E9 par les fabricants de Lyon. Voici qu'avec la s\u00E9rie de Reybaud trois nouvelles personnalit\u00E9s rejoignent Jacquard au sanctuaire des grands hommes dignes d'\u00EAtre portraitur\u00E9s dans la soie. On aurait tort de penser, avec certains auteurs, que \u00AB la soierie lyonnaise s'autoc\u00E9l\u00E8bre \u00BB avec cette s\u00E9rie. Elle fait bien plus, en r\u00E9alit\u00E9. Elle proclame le dessinateur comme un artiste \u00E0 part enti\u00E8re et revient, pour l'affirmer, \u00E0 la formule de l'entour de fleurs inaugur\u00E9e par Philippe de Lasalle en 1771 (inv. MT 1701, MT 2869, MT 45306 et MT 45307). Comme sur leurs mod\u00E8les, les guirlandes sont trait\u00E9es avec davantage de couleurs cependant que le sujet principal est figur\u00E9 en cama\u00EFeu. S'ils ne reprennent pas la formule du profil trait\u00E9 \u00E0 l'antique, c'est parce qu'ils sont tous express\u00E9ment qualifi\u00E9s de \u00AB dessinateurs \u00BB et figur\u00E9s dans la plus pure tradition du portrait d'artiste, arborant les attributs des beaux-arts, porte-mine, carnet de croquis, palette et pinceaux, feuille de papier \u00E0 dessin. Lorsque se cl\u00F4ture l'Exposition universelle de 1855, le portrait tiss\u00E9, n\u00E9 moins de quatre-vingt-cinq ans auparavant, s'est \u00E9rig\u00E9 en v\u00E9ritable \u00AB genre \u00BB. Il a fix\u00E9 les caract\u00E9ristiques qui le d\u00E9finissent et structur\u00E9 sa propre rh\u00E9torique. Reybaud, par ailleurs grand collectionneur d'\u00E9toffes et de mod\u00E8les de fabrique, est donc en mesure de proposer trois \u0153uvres qui ma\u00EEtrisent pleinement les r\u00E9f\u00E9rences acad\u00E9miques. Lasalle avait d\u00E9montr\u00E9 que le tissage pouvait imiter la peinture, sinon l'\u00E9galer. Il avait instaur\u00E9 le mod\u00E8le du portrait monarchique, un profil de m\u00E9daille exalt\u00E9 par un entour de fleurs trait\u00E9es au naturel. C'est lui aussi qui \u00E9tablit la tradition de la signature, le plus souvent appos\u00E9e en latin \u2013 fecit pour Lasalle, dessinateur, ing\u00E9nieur et fabricant, texuit pour Carquillat, tisseur, delineauit pour Malpertuy, dessinateur \u2013. Sous le Consulat et l'Empire, le portrait tiss\u00E9 s'emparait de nouveaux symboles du pouvoir, et il int\u00E9grait de nouvelles formules, inspir\u00E9es par les estampes en circulation qui reproduisaient les dessins faits d'apr\u00E8s nature, avec le mod\u00E8le en buste, posant de trois-quarts. Il \u00E9tait l\u00E9gitime que cet int\u00E9r\u00EAt pour la gravure conduis\u00EEt \u00E0 imiter la technique de la taille-douce. Gr\u00E2ce au proc\u00E9d\u00E9 d'\u00C9tienne Maisiat, l'imitation \u00E9tait parfaite. Elle est popularis\u00E9e par le succ\u00E8s du Portrait de Joseph-Marie Jacquard r\u00E9alis\u00E9 par Michel-Marie Carquillat pour la maison Didier-Petit et Cie. Carquillat invente en 1844 le portrait collectif, avec La Visite du duc d'Aumale \u00E0 la Croix-Rousse dans l'atelier de M. Carquillat \u00E0 Lyon (inv. MT 24735). Jules Reybaud introduit, lors de l'Exposition universelle de 1855, le portrait r\u00E9trospectif avec sa s\u00E9rie, techniquement moins remarquable que les portraits broch\u00E9s de Philippe de Lasalle, mais \u00E9rigeant le dessinateur de fabrique comme un artiste \u00E0 part enti\u00E8re, digne de figurer aux c\u00F4t\u00E9s des grands hommes immortalis\u00E9s, de leur vivant, par la fabrique lyonnaise.\nDans une lettre adress\u00E9e par Jules Reybaud au Pr\u00E9fet du d\u00E9partement du Rh\u00F4ne en 1864, dans laquelle l'artiste rappelle les principales \u00E9tapes de sa carri\u00E8re, ce dernier rappelle les circonstances qui ont pr\u00E9sid\u00E9 \u00E0 la cr\u00E9ation des trois portraits : \u00AB\u00A0M\u00FB par un sentiment patriotique qui, chez moi, ne s'\u00E9teindra jamais, je reproduisis en \u00E9toffe les portraits des grands artistes lyonnais qui, au 18me si\u00E8cle, donn\u00E8rent par leurs \u0153uvres cette r\u00E9putation universelle \u00E0 nos produits. Leurs noms \u00E9taient presque inconnus comme le sont encore les noms de ceux qui leur ont succ\u00E9d\u00E9s, et je voulais r\u00E9parer un oubli injuste en repr\u00E9sentant ces faces ennoblies par le talent et les services qu'ils ont rendus \u00E0 l'industrie de leur pays. J'obtins une m\u00E9daille de 2me classe \u00E0 l'Exposition universelle, et une lettre tr\u00E8s aimable de la Chambre de Commerce. L'ann\u00E9e suivante, je fis le portrait d'Alexandre de Humboldt, de qui je re\u00E7us une lettre de remerciement\u00A0des plus flatteuses. Le Roi de Prusse m'envoya la Grande M\u00E9daille d'or\u00A0\u00BB (archives du mus\u00E9e des Tissus).\nMaximilien Durand"@fr . . . . . . . "16016" . . "Portrait de Philippe de Lasalle"@fr . . "Portrait de Philippe de Lasalle"@fr . . "0.94450002908706665039"^^ .