"En 1806, l'Empereur songeait \u00E0 r\u00E9am\u00E9nager le palais de Versailles. La fabrication de ce brocart avait \u00E9t\u00E9 pr\u00E9vue dans le budget de 1806, en m\u00EAme temps que cinq autres meubles sans affectation pr\u00E9cise. Dans une lettre du 2 mars 1807, Camille Pernon proposait un\u00A0: \u00AB brocard en or surdor\u00E9, sur fond cramoisi fin pourpre, en double corp et double fond, destin\u00E9 \u00E0 d\u00E9corer la Salle du Tr\u00F4ne \u00E0 Versailles. L'esquisse du dessin [...] repr\u00E9sentant des renom\u00E9es avec un encha\u00EEnement de guirlandes. \u00BB Le mus\u00E9e des Tissus conserve un carnet de dessins de Jean-Fran\u00E7ois Bony, dans lequel sont contenues, aux folios 105 et 107, deux esquisses de cette premi\u00E8re id\u00E9e qui ne fut finalement pas retenue. Les meubles en soieries fa\u00E7onn\u00E9es command\u00E9es pour l'ameublement des Palais du Premier Consul, puis de l'Empereur, ne comportaient, en effet, jamais de figures.\nLa soumission du 1er avril 1807 fut accept\u00E9e par Alexandre Desmazis, administrateur du Mobilier imp\u00E9rial, le 5 et approuv\u00E9e par Pierre Daru le 31 mai suivant. Le mus\u00E9e des Tissus conserve l'esquisse \u00E0 la gouache du projet de tenture, de la main de Jean-Fran\u00E7ois Bony (inv. MT 44301). Les livraisons furent effectu\u00E9es par Henry Ravy et Jean-Fran\u00E7ois-Zacharie Grand, les successeurs de Pernon. Ce dernier avait \u00E9t\u00E9 gravement affect\u00E9 par un incident survenu sur les tentures de la Salle de la Biblioth\u00E8que du Premier Consul, livr\u00E9es entre 1804 et 1805 pour Saint-Cloud, dont les couleurs avaient pass\u00E9. Il \u00E9tait tomb\u00E9 gravement malade, m\u00EAme si la renomm\u00E9e de sa maison n'en fut pas ternie, car l'incident fut bien vite imput\u00E9 \u00E0 un teinturier ind\u00E9licat. Il \u00E9tait mort en octobre 1808. Les livraisons eurent lieu le 21 novembre et le 27 d\u00E9cembre 1808. Un panneau, expos\u00E9 dans la Galerie de Diane, aux Tuileries, obtint \u00AB l'enti\u00E8re approbation de Sa Majest\u00E9 \u00BB. L'Empereur renon\u00E7a cependant momentan\u00E9ment \u00E0 meubler Versailles et les \u00E9toffes rest\u00E8rent dans les magasins du Mobilier imp\u00E9rial. En 1811, un nouveau projet d'ameublement du palais pr\u00E9voyait d'utiliser le brocart or, fond satin cramoisi de Camille Pernon pour le quatri\u00E8me salon \u00E0 deux crois\u00E9es de l'appartement d'honneur. Pour ce faire, un compl\u00E9ment d'\u00E9toffes fut command\u00E9 \u00E0 Grand fr\u00E8res en juin 1811, comprenant des porti\u00E8res et cantonni\u00E8res et des bordures, dont le mus\u00E9e des Tissus conserve le projet gouach\u00E9 approuv\u00E9 (inv. MT 40472) et des exemplaires (inv. MT 24817 et MT 24816).\u00A0Elles furent livr\u00E9es \u00E0 l'automne 1812. Mais le projet d'am\u00E9nagement\u00A0ne fut pas ex\u00E9cut\u00E9, et les deux commandes, celle de 1806 et celle de 1811, demeur\u00E8rent dans les magasins du Mobilier imp\u00E9rial. \u00C0 la Restauration, les embl\u00E8mes imp\u00E9riaux qui y figuraient n\u00E9cessitaient de le transformer, comme l'indique un rapport de Joseph-Michel Veytard, premier inspecteur du mobilier de la Couronne\u00A0: \u00AB Ce meuble est compos\u00E9 d'une riche \u00E9toffe pour tenture et si\u00E8ges, en brocard or fond cramoisi, il est de la plus grande beaut\u00E9, il a \u00E9t\u00E9 fait pour la Salle du Tr\u00F4ne de Versailles, il est charg\u00E9 des embl\u00E8mes de l'ancien gouvernement. La maison de Lyon qui a fabriqu\u00E9 cette \u00E9toffe offre de les faire dispara\u00EEtre enti\u00E8rement et sans nuire au m\u00E9rite de l'ouvrage et \u00E0 sa valeur, en les d\u00E9brochant et en les rempla\u00E7ant par des appi\u00E8cements en brocard broch\u00E9 de plusieurs parties d'or ex\u00E9cut\u00E9es avec les m\u00EAmes mati\u00E8res et sur les m\u00EAmes m\u00E9tiers qui ont servi \u00E0 la confection du meuble. Il serait f\u00E2cheux de ne pas restaurer cette \u00E9toffe qui, dans la supposition o\u00F9 Versailles ne serait pas remeubl\u00E9 de longtemps, pourrait \u00EAtre employ\u00E9 dans un salon de repr\u00E9sentation de quelque ch\u00E2teau. \u00BB Les \u00E9toffes furent transform\u00E9es d\u00E8s 1817 par la maison Grand fr\u00E8res. Des cornes d'abondance remplac\u00E8rent l'aigle imp\u00E9rial ;\u00A0le chiffre de Napol\u00E9on et les croix de la L\u00E9gion d'honneur, ainsi que les abeilles des porti\u00E8res et de la bordure, furent dissimul\u00E9s par des rosaces. Un compl\u00E9ment d'\u00E9toffes, r\u00E9alis\u00E9es suivant le nouveau dessin, fut command\u00E9 en 1819. D\u00E8s 1820, le meuble \u00E9tait en partie utilis\u00E9 pour la Salle des S\u00E9ances royales du Louvre. En 1821 et en 1834, il participait \u00E0 l'ameublement des appartements de la duchesse de Berry puis du duc d'Orl\u00E9ans au Pavillon de Marsan du palais des Tuileries. En 1825, il servit \u00E0 celui du Salon des Nobles du Palais archi\u00E9piscopal de Reims, \u00E0 l'occasion du sacre de Charles X. \nLa laize du mus\u00E9e des Tissus a conserv\u00E9 le d\u00E9cor initial, command\u00E9 par l'Empereur. Il s'agit d'un lampas fond satin, lanc\u00E9 et broch\u00E9, et rebrod\u00E9 de cannetille et de fils m\u00E9talliques. Il pr\u00E9sente une succession de couronnes de feuilles de ch\u00EAne ou de laurier, enfermant le chiffre imp\u00E9rial ou la croix de la L\u00E9gion d'honneur, entre deux montants en forme de palmiers stylis\u00E9s. Au sommet de la composition se trouvent une guirlande et un aigle aux ailes d\u00E9ploy\u00E9es.\nMaximilien Durand"@fr . . "2021-02-10T00:00:00"^^ . .