"2021-02-10T00:00:00"^^ . "L'\u00E9chantillon de broderie pour gilet provient d'un grand\u00A0livre de patrons, reli\u00E9\u00A0in folio, acquis par la Chambre de Commerce\u00A0de Lyon pour son jeune mus\u00E9e d'Art et d'Industrie en avril 1866 aupr\u00E8s du \u00AB S(ieu)r Gallot, passage des Terreaux \u00BB, qui contenait \u00AB cent trente-trois \u00E9chantillons de broderies soie nuanc\u00E9e, paillettes, dorures et pierreries pour v\u00EAtements, d'une belle conservation. [...] Travail du commencement du XIXe si\u00E8cle. \u00BB\nLe livre d'inventaire ne mentionne pas le nom de la maison d'o\u00F9 proviennent ces \u00E9chantillons. Cependant, la plupart des mod\u00E8les sont attribuables avec certitude \u00E0 Jean-Fran\u00E7ois Bony (1754-1825), c\u00E9l\u00E8bre dessinateur de fabrique, brodeur, fabricant et occasionnellement peintre de fleurs. C'est le cas, notamment des \u00E9chantillons de broderie pour robes de cour (inv. MT 18511, MT 18514, MT 18614 et MT 18620, par exemple) ou pour manteaux de cour (inv. MT 18572, MT 18577 et MT 18602, par exemple).\u00A0Il est tr\u00E8s probable, d'ailleurs, que le mod\u00E8le de broderie or sur drap d'argent de la robe command\u00E9e \u00E0 Jean-Fran\u00E7ois Bony par le Conseil municipal de Lyon en avril 1810 pour l'imp\u00E9ratrice Marie-Louise (inv. MT 18797.2) provienne de ce livre de patrons, qui a \u00E9t\u00E9 d\u00E9mont\u00E9 \u00E0 son entr\u00E9e dans les collections. Cet \u00E9chantillon de broderie, en effet, a perdu son num\u00E9ro d'inventaire d'origine et il a \u00E9t\u00E9 r\u00E9inventori\u00E9 a posteriori sous le num\u00E9ro 18797.2 qui ne correspond \u00E0 aucune\u00A0entr\u00E9e du livre d'inventaire. On a seulement d\u00E9doubl\u00E9 le num\u00E9ro MT 18797 correspondant au projet gouach\u00E9 de la robe, acquis cette m\u00EAme ann\u00E9e 1866 de Paul Desq, fabricant de soieries lyonnais, avec dix-huit autres projets de robes (inv. MT 18794 \u00E0\u00A0MT 18812) de la main de Jean-Fran\u00E7ois Bony. Le mus\u00E9e des Tissus conserve par ailleurs plusieurs autres documents relatifs \u00E0 cette commande pour l'imp\u00E9ratrice Marie-Louise (inv. MT 2014.0.1, MT 2014.0.2, MT 2014.0.3 et MT 2014.0.4) pr\u00E9parant la\u00A0broderie.\nDu livre de patrons d'origine, le mus\u00E9e des Tissus a peut-\u00EAtre conserv\u00E9 une double page, elle aussi r\u00E9inventori\u00E9e a posteriori,\u00A0contenant un \u00E9chantillon de broderie d'argent et soie,\u00A0et, sur la page en regard, des indications \u00E0 l'encre comme le num\u00E9ro de patron\u00A0et\u00A0le nom du mod\u00E8le de\u00A0robe, intitul\u00E9\u00A0La Pr\u00EAtresse (inv. MT 35142). Le mus\u00E9e des Tissus conserve plusieurs documents manuscrits de Jean-Fran\u00E7ois Bony, et notamment un carnet de dessins qu'il a utilis\u00E9 entre 1802 et 1816 (inv. MT 27638). C'est bien son \u00E9criture qui figure sur la double page contenant l'\u00E9chantillon de La Pr\u00EAtresse.\nL'\u00E9chantillon de broderie pour gilet a \u00E9t\u00E9 ex\u00E9cut\u00E9 sur un fond de taffetas,\u00A0un lat de lanc\u00E9 lam\u00E9, latt\u00E9, li\u00E9 en serg\u00E9 de 2 lie 1, trame, Z, par une cha\u00EEne de liage. La cha\u00EEne pi\u00E8ce et la cha\u00EEne de liage sont en\u00A0organsin de deux bouts, faiblement tordus en S, de soie jaune (proportion : 3 fils pi\u00E8ce pour un fil de liage ; r\u00E9duction\u00A0:\u00A060 fils pi\u00E8ce, 20 fils de liage au centim\u00E8tre).\u00A0Les trames du fond lanc\u00E9 latt\u00E9 sont en soie jaune pour le premier lat, en lame m\u00E9tallique dor\u00E9e, fris\u00E9 riant (lame enroul\u00E9e en Z \u00E0 demi-couvert sur une \u00E2me d'ond\u00E9 de soie en soie S jaune enroul\u00E9e en Z sur une \u00E2me de soie de forte torsion, marron\u00A0fonc\u00E9) pour le deuxi\u00E8me lat (proportion :\u00A0un coup de fond,\u00A0premier lat,\u00A0un coup de lanc\u00E9 latt\u00E9, deuxi\u00E8me lat ; r\u00E9duction : 17 pass\u00E9es au centim\u00E8tre). La broderie est doubl\u00E9e au revers de l'\u00E9chantillon par une toile de lin. Elle est ex\u00E9cut\u00E9e au moyen de soie blanche, prune et mauve, vert\u00A0tendre et vert moyen, de chenille de soie verte et de fil guip\u00E9 de soie blanche, ainsi que de fil\u00E9s et cannetilles argent,\u00A0au point lanc\u00E9, au point de tige, au point de n\u0153ud, au pass\u00E9 plat et empi\u00E9tant, en couchure simple et en treillis losang\u00E9. Elle est compl\u00E9t\u00E9e par des applications de paillettes argent de\u00A0deux tailles, de paillons en cupule \u00E9galement argent et de cabochons de verroterie taill\u00E9s \u00E0 facettes.\nLa bordure inf\u00E9rieure, soulign\u00E9e par un cordon argent et un motif ond\u00E9 trait\u00E9 en treillis losang\u00E9 imitant le tricot-dentelle, rehauss\u00E9 de cabochons, sert de ligne de base \u00E0 un courant de feuilles et de fleurs de fantaisie. Les diff\u00E9rents points de broderie et les mat\u00E9riaux employ\u00E9s servent l'efficacit\u00E9 du dessin. La chenille de soie verte, par exemple, forme de petits tapis de mousse, o\u00F9 reposent les cabochons de verroterie, et donnent naissance \u00E0 des bouquets de feuilles trait\u00E9s en broderie de soie prune, mauve, vert tendre et vert moyen. Les feuilles sont sem\u00E9es de paillettes argent, et leur nervure centrale et leur contour sont soulign\u00E9s par des paillettes cousues en rivi\u00E8re. Des palmes et des tiges, form\u00E9es par des paillettes cousues en rivi\u00E8re, jaillissent de ce bouquet. Les tiges supportent des fleurs trait\u00E9es en paillettes, en cabochons et en broderie de soie polychrome.\nOn reconna\u00EEt dans l'agencement des \u00E9l\u00E9ments d\u00E9coratifs le travail caract\u00E9ristique de Jean-Fran\u00E7ois Bony, tel qu'il appara\u00EEt, par exemple, sur les croquis contenus dans le carnet de dessin conserv\u00E9 au mus\u00E9e des Tissus, aux folios 8 et 12. Les mat\u00E9riaux employ\u00E9s et leur association (soie et chenille de soie, fil guip\u00E9, cannetilles et fil\u00E9s m\u00E9talliques, paillettes et paillons, cabochons de verre), ainsi que les points de broderie mis en \u0153uvre d\u00E9signent le travail de ses ateliers.\nUn gilet coup\u00E9 dans une \u00E9toffe lam\u00E9e d'or et orn\u00E9 de broderie et d'applications de cabochons de verre et de paillettes est conserv\u00E9 au Kunstgewerbemuseum de Berlin (inv. 2003, KR 118), par exemple.\nMaximilien Durand"@fr . . .