. "2021-02-10T00:00:00"^^ . "Jean Bachelard, \u00E0 la t\u00EAte de la maison J. Bachelard et Cie, \u00E9tait secr\u00E9taire du Bureau du groupe V \u00AB Tissus, v\u00EAtements et accessoires \u00BB, r\u00E9unissant les classes 15 \u00AB Soies et tissus de soie \u00BB et 16 \u00AB Tulles, dentelles, broderies et passementeries \u00BB pour l'organisation de l'Exposition universelle internationale et coloniale de Lyon en 1894. Il partageait cette fonction\u00A0avec\u00A0Joanny Pey, secr\u00E9taire de l'Union des Chambres syndicales lyonnaises, tandis que Gratien Armandy, de la maison G. Armandy et Cie,\u00A0\u00E9tait vice-pr\u00E9sident, et Jean-Martinon Piotet, de la maison Piotet et Roque, pr\u00E9sident. Jean Bachelard a donc grandement contribu\u00E9 \u00E0 l'installation des exposants, avec l'\u00E9talagiste Monge, comme le soulignent tous les commentateurs de l'\u00E9v\u00E9nement. C'est \u00E0 lui, notamment, qu'on doit l'id\u00E9e alors in\u00E9dite de pr\u00E9senter les meilleurs ouvrages de la Fabrique lyonnaise non pas seulement sous forme d'expositions individuelles, mais aussi diss\u00E9min\u00E9s afin de se faire valoir r\u00E9ciproquement au sein du \u00AB Salon mosa\u00EFque \u00BB. Le visiteur acc\u00E9dait au secteur consacr\u00E9 \u00E0 la soie par la porte principale de la Coupole. Apr\u00E8s avoir franchi un portique, il p\u00E9n\u00E9trait dans une premi\u00E8re salle affect\u00E9e \u00E0 la Monographie de la soie en action, qui comptait quatre groupes : la magnanerie, la filature et le moulinage, d'abord ; puis la teinture, le d\u00E9vidage, l'ourdissage et le pliage ; le troisi\u00E8me groupe, consacr\u00E9 au tissage, pr\u00E9sentait un m\u00E9tier \u00E0 taffetas ou faille unie, un m\u00E9tier \u00E0 bras pour fa\u00E7onn\u00E9s broch\u00E9s qui avaient fait la renomm\u00E9e de Lyon, un m\u00E9tier \u00E0 bras tissant un velours Gr\u00E9goire et trois m\u00E9tiers m\u00E9caniques tissant un velours double pi\u00E8ce, un fa\u00E7onn\u00E9 courant et une armure simple ; enfin, le quatri\u00E8me groupe, \u00E9galement consacr\u00E9 au tissage, montrait un m\u00E9tier de velours de G\u00EAnes triple corps, un m\u00E9tier \u00E0 rubans de Saint-\u00C9tienne, m\u00FB \u00E9lectriquement et tissant huit rubans \u00E0 la fois, un m\u00E9tier \u00E0 broder de Saint-Gall et un petit m\u00E9tier \u00E0 lacets de Saint-Chamond. Deux planisph\u00E8res de sept m\u00E8tres de longueur sur quatre m\u00E8tres de haut, dus \u00E0 Marius Morand, le secr\u00E9taire de la Chambre de Commerce de Lyon, \u00E9taient consacr\u00E9s \u00E0 la production, l'importation et l'exportation de la soie pour le premier, des soieries pour le second. C'est dans cette salle de la Monographie, aussi, que se tenait l'exposition de la Chambre de Commerce et des institutions cr\u00E9\u00E9es ou subventionn\u00E9es par elle, notamment le mus\u00E9e des Tissus. Puis le visiteur p\u00E9n\u00E9trait dans les salons de la soierie par une avenue aboutissant au centre de la Coupole. Cette avenue traversait trois salons, le premier consacr\u00E9 aux sp\u00E9cimens remarquables de soierie haute nouveaut\u00E9, en unis ou fa\u00E7onn\u00E9s, et \u00E0 l'exposition de l'\u00C9cole municipale de tissage. Le deuxi\u00E8me salon \u00E9tait le fameux \u00AB Salon mosa\u00EFque \u00BB, sur une id\u00E9e de Jean Bachelard. Quelques six cents pi\u00E8ces remarquables y avaient \u00E9t\u00E9 arrang\u00E9es par ses soins \u2013 taffetas, failles, moires, velours, fa\u00E7onn\u00E9s, tissus d'ameublement, tulles, dentelles, cr\u00EApes et foulard \u2013 autour d'une statue en bronze de Pierre Devaux, La Soie, coul\u00E9e sp\u00E9cialement pour le \u00AB Salon mosa\u00EFque \u00BB. Des objets d'art, bustes en marbre \u2013 La Rieuse de Devaux, La Belle Cordi\u00E8re et Cl\u00E9mence de Bourges d'Arthur Gravillon \u2212, bronzes d'art, vases de la fa\u00EFencerie Utzschneider et Cie de Sarreguemines et Digoin ou coffrets d'argent cisel\u00E9, par exemple, compl\u00E9taient la pr\u00E9sentation. Le \u00AB Salon mosa\u00EFque \u00BB constituait, en quelque sorte, le point d'orgue de l'exposition de la classe V.\u00A0\u00A0Le troisi\u00E8me salon, semblable au premier et consacr\u00E9 aux expositions individuelles, \u00E9tait r\u00E9serv\u00E9 aux ornements d'\u00E9glise, \u00E0 la broderie, main et m\u00E9canique,\u00A0\u00E0 la passementerie, mode et ameublement, \u00E0 la dentelle et \u00E0 la dorure. C'est encore \u00E0 l'implication de Jean Bachelard dans l'organisation de cette Exposition qu'on doit la r\u00E9alisation du panneau de velours avec Diane chasseresse. En effet, ce dernier a \u00E9t\u00E9 ex\u00E9cut\u00E9 sous les yeux des visiteurs, dans la salle de la Monographie de la soie en action, gr\u00E2ce \u00E0 une exp\u00E9rience men\u00E9e par la maison J. Bachelard et Cie pour\u00A0imiter une production originale et rare, mise au point par Gaspard Gr\u00E9goire dans les premi\u00E8res d\u00E9cennies du XIXe si\u00E8cle. Le m\u00E9tier en question, m\u00FB \u00E0 bras, permettait de tisser un velours sur la cha\u00EEne duquel avait \u00E9t\u00E9 peint un sujet en proportions calcul\u00E9es de sorte que le poil du velours, au fur et \u00E0 mesure du tissage, dessine la figure en grandeur normale. \u00C9tienne Charles, rapporteur de l'Exposition universelle internationale et coloniale de Lyon pour La grande dame. Revue de l'\u00E9l\u00E9gance et des arts, signale cette exp\u00E9rience hors du commun : \u00AB Sous le premier Empire, on fabriquait \u00E0 Lyon une \u00E9toffe dite velours Gr\u00E9goire, obtenue par impression sur cha\u00EEne ; c'\u00E9tait un tissu original et d'un art d\u00E9licat, dont la caract\u00E9ristique \u00E9tait une vari\u00E9t\u00E9 de couleurs qui le faisait ressembler \u00E0 un velours peint ; sa fabrication avait \u00E9t\u00E9 bient\u00F4t abandonn\u00E9e et le proc\u00E9d\u00E9 en avait m\u00EAme \u00E9t\u00E9 perdu. En ces derni\u00E8res ann\u00E9es, l'impression sur cha\u00EEne ayant \u00E9t\u00E9 reprise par la fabrique lyonnaise, le secret longtemps cherch\u00E9 du velours Gr\u00E9goire a pu \u00EAtre retrouv\u00E9 et l'on tisse \u00E0 l'Exposition une Diane chasseresse qui peut avantageusement \u00EAtre utilis\u00E9e en panneau, tant d'elle se d\u00E9gage une impression d'art. \u00BB Le mus\u00E9e des Tissus conserve d'autres tentatives de reproduction du proc\u00E9d\u00E9 mis au point par Gaspard Gr\u00E9goire, comme un tableau intitul\u00E9\u00A0Innocence d'apr\u00E8s Jean-Baptiste\u00A0Greuze r\u00E9alis\u00E9 par Hippolyte Erguez (1813-1887), ancien dessinateur de fabrique (inv. MT 24595 et MT 24595.2), ou le Portrait de Marie-Th\u00E9r\u00E8se-Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe (inv. CAT F 2724) et sa mise en carte (inv. CAT F 2708), dus \u00E0 un certain Garin, lui aussi dessinateur de fabrique, auteur \u00E9galement de deux petits tableaux en couleurs, un Bouquet de\u00A0roses dans un verre d'eau\u00A0(inv. MT\u00A020810 et\u00A0MT 25839). Joseph-Alphonse Henry a tent\u00E9 \u00E9galement une reconstitution du proc\u00E9d\u00E9 Gr\u00E9goire, en livrant une Heure d'apr\u00E8s Rapha\u00EBl. Enfin, Albert Martin, alors plieur pour la fabrique, avait lui aussi r\u00E9alis\u00E9 des essais dont les\u00A0r\u00E9sultats avaient \u00E9t\u00E9 pr\u00E9sent\u00E9s lors de la m\u00EAme Exposition universelle internationale et coloniale de Lyon en 1894. Gr\u00E2ce \u00E0 ses connaissances techniques et au concours de dessinateurs exp\u00E9riment\u00E9s, il avait pu exposer un Amour d'apr\u00E8s Boucher, acquis par le mus\u00E9e des Tissus\u00A0(inv. MT 25650), une Berg\u00E8re Louis XV et un Christ d'apr\u00E8s Flandrin. Henri Algoud, qui avait pu l'interroger, indique : \u00AB Il nous a confirm\u00E9 lui-m\u00EAme, en nous donnant fort obligeamment des d\u00E9tails sur la marche suivie par lui pour la peinture et le tissage, (...) combien il est peu facile d'obtenir un bon r\u00E9sultat et l'ingratitude de ce travail. \u00BB L'exp\u00E9rience men\u00E9e devant les visiteurs par la maison J. Bachelard et Cie est un v\u00E9ritable tour de force, et la Diane chasseresse est un chef-d'\u0153uvre d'exposition, qui n'avait pas vocation a \u00EAtre reproduit ni commercialis\u00E9. La pr\u00E9cision des d\u00E9tails et la taille impressionante de la laize en font un des plus grands velours Gr\u00E9goire jamais r\u00E9alis\u00E9s. Il faudra attendre 1910 et les exp\u00E9riences de Louis Tassinari avec le Portrait de Cleto Tassinari, dont le mus\u00E9e des Tissus poss\u00E8de un exemplaire (inv. MT 29577) et la mise en carte (inv. MT 2012.1.8), ou le Portrait d'H\u00E9l\u00E8ne de Mont\u00E9n\u00E9gro, reine d'Italie (inv. SN 5950), pour atteindre un tel degr\u00E9 de perfection technique dans le renouvellement du proc\u00E9d\u00E9 invent\u00E9 par Gaspard Gr\u00E9goire.\nMaximilien Durand"@fr . .