. "Le d\u00E9cor de cette soierie est aujourd'hui lacunaire. Une aquarelle de Jules-Paul G\u00E9rard et une gouache d'\u00C9mile Chazot, publi\u00E9es en 1906 et en 1912, en restituent les d\u00E9tails qui manquent aujourd'hui sur l'exemplaire lyonnais. De couleur ivoire, ocre et verte, le d\u00E9cor s'\u00E9panouit sur un fond bleu fonc\u00E9. Des bordures encadrent le registre principal de cette soierie, compos\u00E9es d'un ruban ocre orn\u00E9 de losanges et de croix cr\u00E9nel\u00E9es s\u00E9par\u00E9s par des pois. Il supporte un feston, aux \u00E9coin\u00E7ons timbr\u00E9s d'un petit c\u0153ur et aux pendentifs fleuronn\u00E9s, qui abrite un alignement de palmettes. Le d\u00E9cor prncipal pr\u00E9sente, en partie inf\u00E9rieure, une frise de b\u0153ufs \u00E0 bosse \u2014 d\u00E9crits comme des \u00AB b\u0153ufs de l'Inde \u00BB par Albert Gayet\u00A0\u2014, alternativement tourn\u00E9s vers la gauche et la droite, ceints d'un harnachement perl\u00E9. Au-dessus de cette frise sont dispos\u00E9s des arbres stylis\u00E9s. Leur frondaison adoptait l'aspect d'une grande palmette stylis\u00E9e. De part et d'autre du tronc jaillissaient des rinceaux feuillus, charg\u00E9s d'un lourd r\u00E9gime de fruits, penchant vers le mufle des animaux. Dans l'article de Maurice P\u00E9zard publi\u00E9 dans L'Art d\u00E9coratif, revue mensuelle d'art contemporain et illustr\u00E9 de l'aquarelle de Jules-Paul G\u00E9rard, la soierie est qualifi\u00E9e de \u00AB galon de manche et bas de manteau \u00BB. Sa composition est pourtant identique \u00E0 celle des exemplaires exhum\u00E9s dans les tombes B 158 (inv. MT 26812.12), B 218 (inv. MT 26812.15), B 264 (inv. MT 26812.6) et B 289 (inv. MT 26812.7), dont Albert Gayet pr\u00E9cise qu'il s'agit de \u00AB manchette(s) \u00BB, terme qu'il n'utilise jamais pour d\u00E9signer les manteaux \u00E0 longues manches, rehauss\u00E9s de parements de soie. Il l'emploie pour la premi\u00E8re fois, semble-t-il, dans la recension qu'il publie, en mai 1897, dans la Revue de l'Art ancien et moderne, des fouilles qu'il accomplit cette ann\u00E9e-l\u00E0 dans les n\u00E9cropoles d'Antino\u00E9 pour le compte du mus\u00E9e Guimet. \u00C0 propos des costumes des hommes, il indique : \u00AB Les soieries surtout sont int\u00E9ressantes ; j'ai trouv\u00E9 trois ou quatre variantes d'un type de taureau assyrien ail\u00E9, d'excellent style. Ces soieries sont appliqu\u00E9es sur des sortes de larges manchettes de cuir. Sur d'autres, il y a des arbres, des oiseaux et des t\u00EAtes d'hommes et de femmes dans des m\u00E9daillons. \u00BB Dans un courrier qu'il adresse \u00E0 \u00C9mile Guimet depuis Rodah, le 25 mars 1898, le fouilleur annonce le r\u00E9sultat de sa nouvelle campagne. Il dit qu'il a d\u00E9couvert \u00AB dix paires de manchettes de cuir avec applications de soieries (des taureaux ail\u00E9s et des oiseaux, style assyrien) \u00BB qu'il distingue des \u00AB vingt manteaux d'hommes avec splendides soieries broch\u00E9es \u00BB exhum\u00E9s durant la m\u00EAme campagne. Aujourd'hui, seule la soierie extraite de la tombe B 264 est conserv\u00E9e avec son support de cuir (Paris, mus\u00E9e du Louvre, inv. E 29377). La question de l'origine de ces soieries d\u00E9couvertes \u00E0 Antino\u00E9 a \u00E9t\u00E9 maintes fois d\u00E9battue. Elles ont \u00E9t\u00E9 longtemps consid\u00E9r\u00E9es comme des importations, \u00E0 l'instar des autres \u00E9l\u00E9ments du costume dit \u00AB sassanide \u00BB qui semblaient caract\u00E9riser certaines tombes masculines d'Antino\u00E9 r\u00E9v\u00E9l\u00E9es par Carl Schmidt, en 1896, et par Albert Gayet, en 1897, 1898, 1903 et 1904. Mais la soierie mise au jour dans la tombe B 253 pr\u00E9sente des traits communs, techniques et stylistiques, avec d'autres exemplaires d\u00E9couverts dans les n\u00E9cropoles antino\u00EFtes qui permettent aujourd'hui de r\u00E9\u00E9valuer la question de l'origine orientale de ces parements. Dans sa composition, elle est tout \u00E0 fait comparable aux exemplaires exhum\u00E9s, pr\u00E9cis\u00E9ment, des s\u00E9pultures B 158, B 218, B 264 et B 289, mais aussi \u00E0 une derni\u00E8re soierie, conserv\u00E9e au mus\u00E9e national du Moyen \u00C2ge-Thermes et h\u00F4tel de Cluny, \u00E0 Paris (inv. Cl. 21959), malheureusement sans provenance av\u00E9r\u00E9e. Tous pr\u00E9sentent une composition en cinq registres avec un champ central et des bordures doubles, avec ornements g\u00E9om\u00E9triques et lignes de festons abritant des palmettes. Sur le registre principal, des animaux, b\u0153ufs, lions, oiseaux, d\u00E9filent, en dessous de larges palmettes. Le d\u00E9cor est ivoire, ocre, vert et bleu fonc\u00E9, et il t\u00E9moigne d'un go\u00FBt certain pour le r\u00E9pertoire d\u00E9coratif de la Perse sassanide, r\u00E9interpr\u00E9t\u00E9 au filtre des habitudes byzantines. La proportion entre la cha\u00EEne pi\u00E8ce te la cha\u00EEne de liage sur tous ces exemplaires, de une pour une, exclut une production d'Asie Centrale, et les rattache \u00E0 la tradition m\u00E9diterran\u00E9enne de tissage de fa\u00E7onn\u00E9s de soie dans l'Antiquit\u00E9 tardive, et plus particuli\u00E8rement \u00E0 la tradition \u00E9gyptienne. La r\u00E9duction de leurs cha\u00EEnes est presque identique d'un exemplaire \u00E0 l'autre, ainsi que le nombre tr\u00E8s \u00E9lev\u00E9 des pass\u00E9es, la direction du serg\u00E9 et jusqu'aux irr\u00E9gularit\u00E9s dans le tissage de ces samits polychromes \u00E0 pass\u00E9es suivies. Il convient bien d'y reconna\u00EEtre un groupe coh\u00E9rent et une production probablement localis\u00E9e \u00E0 Antino\u00E9 m\u00EAme, \u00E0 destination d'une population locale raffin\u00E9e.\nMaximilien Durand"@fr . . "2021-02-10T00:00:00"^^ .