. . "\u00AB Le dais est le plus ostensible des objets du culte. C'est la tente mobile qui abrite le Saint-Sacrement hors des murs de l'\u00E9glise. Il a donc paru naturel que son ornementation exalt\u00E2t le sentiment chr\u00E9tien en mettant sous les yeux l'\u0153uvre si \u00E9tonnante, si grande, si glorieuse du christianisme dans notre pays \u00BB (Henry J.-A., ancienne maison A. Henry & Jouve, fabricant, 3, rue du Garet, \u00E0 Lyon. Dais artistique tiss\u00E9 \u00E0 Lyon au point des Gobelins 1874-1876, Lyon, 1876, p. 4).\u00A0Ainsi s'expliquait en 1876 le fabricant Joseph-Alphonse Henry (1836-1913), justifiant son id\u00E9e d'amener autour de la Piet\u00E0 et du pape Pie IX, qui symbolise alors une \u00C9glise forte et souveraine, les personnages remarquables de l'histoire de la France chr\u00E9tienne.\nDestin\u00E9 au sanctuaire marial de La Salette, en Is\u00E8re, le dais venait compl\u00E9ter le mobilier liturgique de la toute nouvelle \u00E9glise \u00E9rig\u00E9e entre 1852 et 1867 sur les lieux de l'apparition, en 1846, de la Vierge Marie \u00E0 deux bergers. Tr\u00E8s vite, les dons avaient afflu\u00E9 de toutes parts et permis l'enrichissement des d\u00E9cors et de son tr\u00E9sor : on y trouve notamment un autel absidial offert en 1855-1856 par le comte de Chambord et deux pi\u00E8ces remarquables d'orf\u00E8vrerie de Thomas-Joseph Armand-Caillat (1822-1901) : un calice en or massif incrust\u00E9 de diamants et un ostensoir dessin\u00E9 par Pierre Bossan (1814-1888). Le dais lui-m\u00EAme, extr\u00EAmement co\u00FBteux, fut en partie offert par le fabricant, le reste \u00E9tant financ\u00E9 \u00E0 la discr\u00E9tion de tr\u00E8s nombreux p\u00E8lerins (\u00AB Monsieur Henry affirme avoir d\u00E9pens\u00E9 25.000 francs pour la confection de ce chef-d'\u0153uvre dont la copie figure avec honneur au Palais de l'Industrie de Lyon \u00BB, dans Souvenir du p\u00E8lerinage de Notre-Dame de La Salette, Nancy, 1900, p. 46 ; les livres de cartons de la maison Henry, conserv\u00E9s dans les archives de la maison Prelle, \u00E0 Lyon, indiquent, sous le num\u00E9ro de patron 1067 correspondant au dais : \u00AB dessin : 1500 francs ; mis en carte par Leroudier : 2400 francs ; lisage \u00E0 3 francs le 100 en 600 tout compris corrections : 500 francs... \u00BB et le co\u00FBt d\u00E9taill\u00E9 des cartons de chacune des pentes, pour un total de 11780, 11 francs, auxquels doivent s'ajouter les sommes des mati\u00E8res premi\u00E8res et de toute la mise en \u0153uvre du tissage). Le dais fut inaugur\u00E9 lors de la procession solennelle de la F\u00EAte-Dieu, le 15 juin 1876 (\u00AB Le dais de Notre-Dame de La Salette \u00BB, Annales de Notre-Dame de La Salette, 1876-1877, p. 597-598).\nL'ambitieux programme iconographique, qui illustre la Gesta Dei per Francos (vocation divine de la France), selon les propres termes de Joseph-Alphonse Henry, traduit la d\u00E9votion nouvelle et fortifi\u00E9e des fid\u00E8les de Notre-Dame, tout en insistant sur l'importance de l'\u00C9glise de France alors \u00E9branl\u00E9e par la diminution du pouvoir temporel du pape et la progression de la pens\u00E9e lib\u00E9rale et la\u00EFque. Ainsi d\u00E9filent les premiers \u00E9v\u00EAques, les martyrs, les souverains chr\u00E9tiens, les fondateurs des grands ordres monastiques, certains opposants aux h\u00E9r\u00E9siarques, les protagonistes des croisades, des Guerres de Cent Ans et de Religion, puis quelques hautes figures des XVIIe, XVIIIe et XIXe si\u00E8cles, Louis XVI et Madame \u00C9lisabeth, enfin, martyrs de la R\u00E9volution, venant illustrer l'espoir d'un retour \u00E0 une royaut\u00E9 de droit divin.\nLe dais, de forme rectangulaire, est frang\u00E9 d'or et de violet au bas des quatre c\u00F4t\u00E9s, que le fabricant intitule pentes \u00AB d'Orient, d'Occident, du Nord et du Sud. \u00BB Quatre-vingt-dix personnages, tiss\u00E9s en polychromie, cheminent vers\u00A0la Piet\u00E0 et vers Pie IX situ\u00E9s respectivement au centre des pentes d'Orient et d'Occident. Les processionnaires sont guid\u00E9s sur les pentes Nord et Sud par quatre anges portant des offrandes b\u00E9nites ou \u00AB eulogies \u00BB, selon les termes du fabricant, qui symbolisent ici l'eucharistie. On note aussi la pr\u00E9sence de deux tr\u00E8s jeunes enfants sur les pentes d'Occident et Nord. L'ensemble forme une frise de plus de sept m\u00E8tres de long, au bas de laquelle sont tiss\u00E9s dans un listel en accolades tous les noms des processionnaires. La sc\u00E8ne est limit\u00E9e en haut et en bas par deux frises d'acanthe et couronn\u00E9e, en lettres d'or de go\u00FBt gothique sur fond gris perle, par les versets du Magnificat, le chant de louange\u00A0que Marie\u00A0pronon\u00E7a lors de sa visite \u00E0 sa cousine \u00C9lisabeth.\nMarie retient son fils d\u00E9pos\u00E9 au pied de la Croix et pr\u00E9sente de la main gauche la Couronne d'\u00E9pines. Sur la face oppos\u00E9e, Pie IX si\u00E8ge sous un portique n\u00E9ogothique finement ouvrag\u00E9 qui repose sur d'\u00E9troites colonnettes rappelant l'architecture m\u00E9tallique alors en pleine expansion. Rev\u00EAtu pontificalement et coiff\u00E9 de la tiare \u00E0 trois couronnes, il b\u00E9nit de la main droite et tient de l'autre le volume de la bulle Ineffabilis qui avait d\u00E9fini en 1854 le dogme de l'Immacul\u00E9e Conception.\nOn peut s'interroger sur le sens de la lecture de cette longue procession car les versets du Magnificat ne sont pas pr\u00E9sent\u00E9s dans leur ordre initial. Pour une lecture pertinente, on adoptera le sens propos\u00E9 par Joseph-Alphonse Henry lui-m\u00EAme dans son opuscule de 1876.\nLa pente d'Orient (inv. MT 49287.4) est domin\u00E9e, au centre, par la Vierge de Douleurs, accompagn\u00E9e\u00A0de l'inscription : Pro peccatis suae gentis vidit Jesum in tormentis, c'est-\u00E0-dire \u00AB Pour les p\u00E9ch\u00E9s de son peuple, elle vit J\u00E9sus dans les souffrances \u00BB, tir\u00E9e du Stabat Mater (strophe 7). Le dessinateur, Th\u00E9odore-Nicolas-Pierre\u00A0Maillot, propose une figure de Piet\u00E0 originale, qui sera reprise par Joseph-Alphonse Henry sur la face ant\u00E9rieure de la chasuble Salvatoris tiss\u00E9e en 1897 au \u00AB point de Gobelins. \u00BB\n\u00C0 droite de la Croix, huit personnages illustrent la p\u00E9riode du haut Moyen \u00C2ge et le r\u00E8gne des premiers rois chr\u00E9tiens. En partie sup\u00E9rieure appara\u00EEt l'inscription : fecit + mihi + magna + qui + potens + est, c'est-\u00E0-dire \u00AB le Puissant fit pour moi des merveilles \u00BB (Magnificat, strophe 1). De gauche \u00E0 droite se tiennent les hautes figures de l'\u00E9poque m\u00E9rovingienne : sainte Genevi\u00E8ve de Nanterre (420-vers 500/510), Clovis Ier\u00A0(vers 466-511), sainte Clotilde (vers 474-vers 545), saint R\u00E9mi (vers 437-533) et saint Cloud (522-560). Nimb\u00E9e, les pieds nus et en costume de berg\u00E8re, Genevi\u00E8ve (S. GENOVEFA), patronne de Paris, est suivie de Clovis (CLODOVEVS), couronn\u00E9 et \u00E0 genoux, \u00AB en tenue consulaire, tenant de la main gauche l'aigle romaine \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 7 ; ces attributs rappellent l'alliance de Clovis avec les Romains apr\u00E8s la victoire sur les Wisigoths en 508 et la remise que lui fit, \u00E0 cette occasion, Anastase Ier, empereur d'Orient, des attributs consulaires). Par son bapt\u00EAme avec ses guerriers de la main de l'\u00E9v\u00EAque de Reims saint R\u00E9mi vers 499, Clovis \u00E9tait devenu le premier roi chr\u00E9tien du royaume des Francs et un puissant prince catholique. En convoquant le premier concile d'Orl\u00E9ans en 511, il posait les bases religieuses de la royaut\u00E9 franque. Debout derri\u00E8re lui se tient\u00A0son \u00E9pouse sainte Clotilde (SANCTA CLOTILDIS) :\u00A0princesse burgonde et premi\u00E8re reine chr\u00E9tienne, elle restaura notamment l'abbaye de Saint-Germain d'Auxerre. Elle est nimb\u00E9e, les mains jointes, en \u00AB costume de princesse byzantine qu'adoptaient les femmes des Barbares devenus souverains des pays conquis\u00A0\u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 7). Faisant un geste de b\u00E9n\u00E9diction, saint R\u00E9mi (SANCTVS REMIGIVS) s\u00E9pare Clovis de son petit-fils saint Cloud (S. CLODOALDVS), le premier prince royal\u00A0\u00E0 avoir acc\u00E9d\u00E9 \u00E0 la vie monacale et \u00E9r\u00E9mitique, puis \u00E0 la pr\u00EAtrise. Ayant utilis\u00E9\u00A0ses biens familiaux dans la construction d'un monast\u00E8re \u00E0 l'emplacement de la future ville de Saint-Cloud, il y fut inhum\u00E9 et v\u00E9n\u00E9r\u00E9 comme saint \u00E0 la suite de miracles accomplis aupr\u00E8s de son tombeau. Ici en habit de moine et nimb\u00E9, il est suivi de saint Gr\u00E9goire de Tours (539-594), \u00E9v\u00EAque et historien du Royaume et de l'\u00C9glise, auteur des Dix Livres d'Histoire et du Livre des Miracles, qui retrace des hagiographies de saints.\u00A0Nimb\u00E9 et mitr\u00E9, rev\u00EAtu d'un riche pluvial et tenant un manuscrit, Gr\u00E9goire de Tours (S. GREGORIVS TVRONICVS) est d\u00E9crit par Henry comme \u00AB la plus grande figure de son temps et l'historien le plus autoris\u00E9 de cette \u00E9poque \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 7). Suivent enfin Charlemagne (742-814) et son neveu l\u00E9gendaire Roland de Roncevaux (736-778). Le premier, protecteur fid\u00E8le de l'\u00C9glise, avait pris part aux d\u00E9bats th\u00E9ologiques sur les sujets sensibles du moment comme celui de l'iconoclasme byzantin ou de la querelle du Filioque. Sacr\u00E9 empereur en 800 par le pape \u00E0 Rome, Charlemagne (S. CAROLVS MAGNVS), il s'appuya sur le christianisme pour pacifier et unifier son Empire. Sa canonisation, intervenue dans un contexte conflictuel par l'antipape Pascal III en 1165, reste contest\u00E9e. Il est n\u00E9anmoins repr\u00E9sent\u00E9 nimb\u00E9, en costume imp\u00E9rial, \u00AB\u00A0d'apr\u00E8s d'anciens manuscrits\u00A0\u00BB\u00A0 (Dais artistique..., op. cit., p. 8). Quant \u00E0 Roland (ROLANDVS), rest\u00E9 c\u00E9l\u00E8bre par la Chanson \u00E9ponyme qui fit de lui un h\u00E9ros et un symbole de l'affrontement entre chr\u00E9tiens et musulmans, il ferme la marche de cette partie droite de la pente, en tenue de chevalier, prot\u00E9g\u00E9 par \u00AB\u00A0l'\u00E9cu des douze pairs\u00A0\u00BB\u00A0(Dais artistique..., op. cit., p. 8 ; notons que la mort du personnage est ant\u00E9rieure \u00E0 l'apparition de l'h\u00E9raldique... Cet \u00E9cu est une invention du dessinateur).\n\u00C0 gauche de la Croix, la procession, domin\u00E9e par l'inscription Magnificat + anima + mea + Dominum, c'est-\u00E0-dire \u00AB\u00A0Mon \u00E2me exalte le Seigneur\u00A0\u00BB (Magnificat, strophe 1), symbolise le temps des premi\u00E8res croisades et de l'expansion du monachisme m\u00E9di\u00E9val. Au plus pr\u00E8s de la Croix se tient\u00A0Pierre l'Ermite (1053-1115), religieux fran\u00E7ais et pr\u00E9dicateur de la premi\u00E8re croisade en 1096. Il aurait disparu lors de la prise de J\u00E9rusalem en 1099 mais serait r\u00E9apparu vers 1100 \u00E0 Huy o\u00F9 il fonda l'abbaye de Neufmoustier dans laquelle il mourut. Repr\u00E9sent\u00E9 ici en pr\u00E9dicateur enthousiaste, Pierre l'Ermite (PETRVS EREMITA) brandit un crucifix de la main droite. Pr\u00E8s de lui se trouve Philippe-Auguste (1165-1223), qui avait entrepris en 1191 la troisi\u00E8me croisade et, en 1208, celle contre les Albigeois. Sa victoire \u00E0 Bouvines en 1214 posait les premi\u00E8res bases de l'unit\u00E9 fran\u00E7aise. Premier souverain \u00E0 se donner officiellement le titre de roi de France,\u00A0Philippe-Auguste (PHILIPPVS AVGVSTVS)\u00A0est ici le seul personnage \u00E0 genoux avec Clovis qui lui fait face, de l'autre c\u00F4t\u00E9 de la Vierge de Douleurs. Arm\u00E9, l'\u00E9cu \u00E0 son c\u00F4t\u00E9, les mains jointes en direction de Marie, il est rev\u00EAtu du manteau bleu royal fleurdelis\u00E9 doubl\u00E9 d'hermine.\u00A0Il est dessin\u00E9 \u00AB d\u2019apr\u00E8s des documents de la Biblioth\u00E8que Richelieu \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 8), comme saint Dominique (1170-1221), Suger de Saint-Denis (1080/1081-1151) et saint Bernard de Clairvaux (1090-1153) qui le suivent. Saint Dominique (S. DOMINICVS), fondateur de l'ordre des Dominicains, est nimb\u00E9, rev\u00EAtu du costume blanc de l\u2019ordre et de la chape monacale grise. Il tient de la main gauche un livre ouvert et de l'autre une plume. Suger (SVGERIVS), dont on ne voit que le visage et le haut du costume, fut l\u2019historien officiel de la monarchie (Grandes Chroniques de France). \u00C9galement abb\u00E9 de Saint-Denis depuis 1122 jusqu\u2019\u00E0 sa mort, il s\u2019\u00E9tait oppos\u00E9 \u00E0 saint Bernard de Clairvaux, r\u00E9formateur cistercien qui r\u00E9prouvait toute solennit\u00E9 et toute richesse dans le d\u00E9roulement des c\u00E9r\u00E9monies religieuses. Tonsur\u00E9 et nimb\u00E9, saint Bernard (S. BERNARDVS) est rev\u00EAtu de la coule cistercienne blanche, et tient, serr\u00E9e sur la poitrine, la r\u00E8gle b\u00E9n\u00E9dictine des Cisterciens r\u00E9form\u00E9s. Le fondateur de Clairvaux, d\u00E9clar\u00E9 docteur de l\u2019\u00C9glise en 1830, aspirait \u00E0 une vie simple et retir\u00E9e du monde, mais ses fonctions l\u2019oblig\u00E8rent \u00E0 prendre des positions officielles contre les ing\u00E9rences du pouvoir civil dans l\u2019\u00C9glise, contre le schisme initi\u00E9 par l\u2019antipape Anaclet II, et aussi \u00E0 pr\u00EAcher la seconde croisade. Il est s\u00E9par\u00E9 de saint Dominique par une haute branche de lys, symbole de leur abandon \u00E0 la volont\u00E9 divine.\u00A0\u00C0 leur suite se tient\u00A0un groupe de quatre personnages : Blanche de Castille (1188-1252), son fils Louis IX ou saint Louis (1214-1270), Jean de Joinville (vers 1224-1317) et la Bienheureuse Isabelle de France (1225-1270). M\u00E8re de Louis IX et d\u2019Isabelle de France, Blanche de Castille (S. BLANCA A CASTILIA) b\u00E9n\u00E9ficia tout au long de sa vie d'une r\u00E9putation de saintet\u00E9. Elle fonda les abbayes de Royaumont, du Lys et de Maubuisson o\u00F9 elle est inhum\u00E9e, et, bien qu\u2019elle ne f\u00FBt pas m\u00EAme b\u00E9atifi\u00E9e, Maillot la repr\u00E9sente nimb\u00E9e et couronn\u00E9e, dans son v\u00EAtement bleu royal doubl\u00E9 d\u2019hermine (la source de la repr\u00E9sentation n'est pas mentionn\u00E9e par Joseph-Alphonse Henry). Son fils, Louis IX (S. LVDOVICVS IX) , voulait faire de la France \u00AB la fille a\u00EEn\u00E9e de l\u2019\u00C9glise \u00BB et \u00E9riger Paris en haut lieu de la chr\u00E9tient\u00E9. Ayant acquis en 1235 la Couronne d\u2019\u00E9pines puis d\u2019autres reliques de la Passion, il fit construire la Sainte-Chapelle pour les abriter. D'une foi in\u00E9branlable et soutenant l\u2019\u00C9glise de Rome de fa\u00E7on ind\u00E9fectible,\u00A0saint Louis\u00A0fut le premier roi de France \u00E0 avoir \u00E9t\u00E9 canonis\u00E9 en 1297. Nimb\u00E9 et couronn\u00E9, rev\u00EAtu du costume de crois\u00E9, l\u2019\u00E9p\u00E9e au c\u00F4t\u00E9, et envelopp\u00E9 dans son manteau bleu royal fleurdelis\u00E9 doubl\u00E9 d\u2019hermine, il pr\u00E9sente devant lui la Couronne d\u2019\u00E9pines d\u00E9pos\u00E9e sur un linge immacul\u00E9 (\u00AB\u00A0portrait du temps, d'apr\u00E8s des documents de la Sainte-Chapelle\u00A0\u00BB ;\u00A0Dais artistique..., op. cit., p. 8). Son biographe, Joinville (JOINVILLA), conseiller et ami, qui l'avait suivi et soutenu en \u00C9gypte lors de la septi\u00E8me croisade et durant son s\u00E9jour en Terre Sainte, devint un t\u00E9moin essentiel dans l\u2019enqu\u00EAte de sa canonisation. Soucieux d\u2019id\u00E9aliser son roi, Joinville le montrera dans son Livre des saintes paroles et des bons faiz de nostre saint roy Lou\u00FF (vers 1309) fort pieux et par\u00E9 de toutes les qualit\u00E9s humaines que l\u2019on peut attendre d\u2019un souverain. Joinville, qui porte ici \u00E9p\u00E9e et crucifix \u00AB d\u2019apr\u00E8s sa statue \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 8 ; il s'agit de la statue par Jean-Esprit Marcellin, dat\u00E9e de 1857, sur l'aile Henri IV de la cour Napol\u00E9on, au mus\u00E9e du Louvre), s\u00E9pare saint Louis de sa s\u0153ur cadette Isabelle de France (S. ISABELLA A FRANCIA) qui ferme la marche. Morte sans post\u00E9rit\u00E9 et fondatrice du monast\u00E8re des Clarisses urbanistes de Longchamp dont elle partagea la vie sans \u00EAtre consacr\u00E9e, Isabelle, b\u00E9atifi\u00E9e en 1521, est nimb\u00E9e, couronn\u00E9e et rev\u00EAtue d\u2019un v\u00EAtement fleurdelis\u00E9 d\u2019apr\u00E8s \u00AB un manuscrit du temps \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 8).\nLa pente Nord (inv. MT 49287.1)\u00A0pr\u00E9sente deux anges portant\u00A0la grappe de Canaan\u00A0(l'inscription dans le listel inf\u00E9rieur indique VVAE VITIS CHANAAN, c'est-\u00E0-dire \u00AB le raisin de la vigne de\u00A0Canaan \u00BB) et deux processions couvrant les XIe-XVe si\u00E8cles puis les XVIe-XVIIe si\u00E8cles. \u00C0 gauche et pr\u00E9c\u00E9dant les anges se tiennent treize personnages,\u00A0des ordres contemplatifs et mendiants, du Royaume de J\u00E9rusalem ou\u00A0\u00E9voquant\u00A0le Grand Schisme d\u2019Occident et la Guerre de Cent Ans. En couronne, on lit :\u00A0Fecit + potentiam + in + brachio + suo +\u00A0dispersit + superbos + mente + cordis + sui.\u00A0Deposuit + potentes + de + sede +\u00A0et + exaltavit + humiles, c'est-\u00E0-dire \u00AB D\u00E9ployant la force de son bras, il disperse les superbes \u00BB (Magnificat, strophes 4 ; 5) \u00AB Il renverse les puissants de leurs tr\u00F4nes, il \u00E9l\u00E8ve les humbles \u00BB\u00A0(Magnificat, strophe 6). Saint Bruno (vers 1030-1101) et saint Hugues (1053-1132), \u00E9v\u00EAque de Grenoble, ouvrent le cort\u00E8ge \u00E0 gauche. Le premier fondait en 1084 l\u2019ordre des Chartreux gr\u00E2ce au don du D\u00E9sert que lui avait fait en Chartreuse Hugues de Grenoble. Retir\u00E9 en Calabre, il y mourut au sein d'une nouvelle communaut\u00E9 qu'il avait fond\u00E9e.\u00A0Saint Bruno (S. BRVNO)\u00A0est ici nimb\u00E9 et rev\u00EAtu du costume blanc de l\u2019ordre \u00AB tenant \u00E0 sa main une branche d\u2019olivier en forme de croix, car une antienne de son Office Br\u00E9viaire des Chartreux le compare \u00E0 l\u2019olivier \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p.\u00A09 ; la source utilis\u00E9e est l'ouvrage du p\u00E8re Charles Cahier, Caract\u00E9ristiques des saints dans l'art populaire, volume 1, Paris, 1867, p. 146). Derri\u00E8re lui, saint Hugues (S. HVGO), qui resta un fid\u00E8le soutien aux ordres monastiques, B\u00E9n\u00E9dictins et Chartreux notamment, fut canonis\u00E9 en 1134. La ch\u00E2sse d\u2019argent qui abritait sa d\u00E9pouille mortelle fut br\u00FBl\u00E9e en 1562 par les troupes du baron des Adrets. Il est ici nimb\u00E9 et mitr\u00E9 tenant la crosse \u00E9piscopale. Vient ensuite Godefroy de Bouillon (vers 1058-1100). Chevalier originaire de Basse Lotharingie, il avait tr\u00E8s vite r\u00E9pondu \u00E0 l\u2019appel d\u2019Urbain II en 1095 et aux pr\u00EAches de Pierre l\u2019Ermite pour participer \u00E0 la premi\u00E8re croisade. Par la suite, il refusa la couronne de J\u00E9rusalem, la jugeant trop pr\u00E9cieuse et se jugeant lui-m\u00EAme indigne de la porter \u00E0 l\u2019\u00E9gard du Christ. Il accepta cependant le titre d\u2019Avou\u00E9 du Saint S\u00E9pulcre qui lui conf\u00E9rait tout de m\u00EAme la souverainet\u00E9 de la Ville sainte dont il porte ici le drapeau. V\u00EAtu en crois\u00E9,\u00A0Godefroy de Bouillon (GODOFRIDVS . REX . HIER/OSOLIMAE)\u00A0tient de la main gauche son \u00E9cu aux armes qui furent donn\u00E9es au royaume de J\u00E9rusalem en 1100 par le pape Pascal II : d'argent, \u00E0 la croix potenc\u00E9e et contre potenc\u00E9e d'or, cantonn\u00E9e de quatre croisettes de m\u00EAme, et non celles de la Maison de Boulogne dont Godefroy de Bouillon \u00E9tait issu (\u00AB\u00A0[...] Premier roi de J\u00E9rusalem [...]. Les portraits qu'on a de lui sont mauvais et ingrats. Les plus anciens le repr\u00E9sentent avec une couronne d'\u00E9pines, une croix d'or sur son casque et cinq croix sur sa cotte hardie ou sur l'\u00E9cu. Son costume est copi\u00E9 sur celui d'un personnage mort en 1109\u00A0\u00BB ;\u00A0Dais artistique..., op. cit., p. 9). Par ailleurs, Henry lui donne le titre de roi de J\u00E9rusalem de fa\u00E7on inexacte. Puis vient Pierre de Montboissier (1092-1156)\u00A0dit \u00AB Pierre le V\u00E9n\u00E9rable \u00BB\u00A0(PETRVS . VENERABILIS). Fid\u00E8le \u00E0 la primitive observance de la R\u00E8gle, il fut l\u2019un des derniers grands abb\u00E9s de Cluny et lutta activement contre le courant vaudois. Ici, son visage et le haut du buste laissent deviner une coule \u00E0 capuche blanche (il est repr\u00E9sent\u00E9\u00A0 \u00AB\u00A0d'apr\u00E8s les donn\u00E9es du p\u00E8re Cahier, p. 283\u00A0\u00BB ; Dais artistique..., op. cit., p. 9). \u00C0 sa suite, on trouve saint Jean de Matha (S. JOANNES . A . MATHA ; 1160-1213), religieux d\u2019origine proven\u00E7ale,\u00A0qui fut le cofondateur avec saint F\u00E9lix de Valois de l\u2019ordre des Trinitaires dont la charge consistait \u00E0 racheter aux Barbaresques les captifs destin\u00E9s \u00E0 l\u2019esclavage. Il est ici nimb\u00E9 et en costume de l\u2019ordre \u00AB exact, mais figure de fantaisie, aucun portrait n\u2019existant de lui \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 10). Suivent des personnages dont la plupart \u00E9voquent la Guerre de Cent Ans (1337-1388 et 1411-1453) : Eustache de Saint-Pierre (EVSTACHIVS . A . S . PETRO ; vers 1287-1371), le plus connu des \u00AB Six Bourgeois de Calais \u00BB, vieillard pr\u00E9sentant les cl\u00E9s de la ville et v\u00EAtu \u00AB d\u2019un costume de 1364 \u00BB selon le fabricant (Dais artistique..., op. cit., p. 10) ;\u00A0puis le pape Jean XXII (JOANNES . XXII . P . M .\u00A0; 1244-1334), chronologiquement ant\u00E9rieur \u00E0 la Guerre de Cent Ans,\u00A0premier souverain pontife \u00E0 r\u00E9sider en Avignon au cours d\u2019un long et prosp\u00E8re pontificat\u00A0(sa d\u00E9pouille mortelle repose en l\u2019\u00E9glise Notre-Dame-des-Doms qu\u2019il avait fait agrandir et restaurer), rev\u00EAtu du costume pontifical, coiff\u00E9 de la tiare \u00E0 deux couronnes (Joseph-Alphonse Henry pr\u00E9cise : \u00AB\u00A0d'apr\u00E8s le livre du p\u00E8re Cahier, la tiare n'a que deux couronnes\u00A0\u00BB, Dais artistique..., op. cit., p. 10 ; l'usage de la tiare \u00E0 trois couronnes, la troisi\u00E8me symbolisant l'autorit\u00E9 morale sur les souverains civils, a pu s'imposer sous le r\u00E8gne de Jean XXII ou peut-\u00EAtre seulement \u00E0 partir de 1342 avec le r\u00E8gne de Beno\u00EEt XII) ;\u00A0enfin Bertrand Du Guesclin (1320/1330-1380), Charles V dit Charles le Sage (1338-1380), Jean Charlier de Gerson (1363-Lyon 1429), Jeanne d'Arc (1412-1431), Arthur III de Richemont (1393-1458) et Charles VII (1403-1461). Tous, except\u00E9 Jeanne d\u2019Arc, sont dessin\u00E9s d\u2019apr\u00E8s des portraits conserv\u00E9s dans le fonds Roger de Gaigni\u00E8res (1642-1715)\u00A0de la Biblioth\u00E8que Richelieu (Dais artistique..., op. cit., p. 10 et 11). Le conn\u00E9table Du Guesclin (BERTRAM/MVS . DE . CLIKINO) s\u2019\u00E9tait illustr\u00E9 en r\u00E9ussissant \u00E0 expulser les Anglais de l\u2019Ouest de la France. Maillot, fid\u00E8le \u00E0 l\u2019original de Saint-Denis, le repr\u00E9sente en chevalier, arm\u00E9 d\u2019une \u00E9p\u00E9e fleurdelis\u00E9e et d\u2019un \u00E9cu armori\u00E9, d\u2019apr\u00E8s le gisant de son tombeau dans la chapelle royale de Charles V d\u00E9crit par Gaigni\u00E8res. Derri\u00E8re lui, Charles V (CAROLVS . V), souverain victorieux des Anglais, avait obtenu en 1360 la lib\u00E9ration de son p\u00E8re Jean le Bon. Son autorit\u00E9 et sa politique avaient raviv\u00E9 en France un r\u00E9el sentiment national. Puis Gerson (GERSONIVS), chancelier de l\u2019Universit\u00E9, \u00E9tait aussi chanoine de Notre-Dame de Paris. Homme d\u2019\u00C9tat et \u00AB docteur tr\u00E8s chr\u00E9tien \u00BB, il avait d\u00E9nonc\u00E9 et fait condamner les h\u00E9r\u00E9siarques Jean Hus et J\u00E9r\u00F4me de Prague lors du Concile de Constance (1414-1418) qui mettait un terme au Grand Schisme d\u2019Occident.\u00A0\u00C0 sa gauche, Jeanne d'Arc (JOHANNA . DARCIA), br\u00FBl\u00E9e comme sorci\u00E8re et relapse, puis\u00A0r\u00E9habilit\u00E9e en 1456, fut d\u00E9clar\u00E9e \u00AB V\u00E9n\u00E9rable \u00BB en 1894, b\u00E9atifi\u00E9e en 1909\u00A0et canonis\u00E9e en 1920. En\u00A01922, Pie XI la proclama \u00AB seconde patronne de la Fille premi\u00E8re n\u00E9e de l\u2019\u00C9glise romaine \u00BB.\u00A0Joseph-Alphonse Henry pr\u00E9cise, \u00E0 son propos :\u00A0\u00AB ses portraits tous de fantaisie sont souvent ridicules, l'historien Andr\u00E9 Th\u00E9vet en donne un qui ne semble pas plus exact que les autres. \"Le pourtraict de laquelle, monsieur notre maistre, Hilaire Hilaret, docteur de Paris, pr\u00E9dicateur ordinaire de la ville d'Orl\u00E9ans, & l'un des s\u00E7avants hommes aux langues de notre aage, m'a envoy\u00E9 de la dite ville tel que je vous la repr\u00E9sente & comme jadis il \u00E9tait au tr\u00E9sor de\u00A0ville. Le corps de cuirasse de laquelle, tr\u00E8s-vertueux prince Charles de Lorraine, duc d'Aumale, m'estant venu visiter en mon logis le quinzi\u00E8me janvier mil cinq cents octante-deux, me dit avoir en son chasteau d'Annet o\u00F9 il la conserve entre ses autres plus rares singularit\u00E9s, etc., etc.\"\u00A0(Portraits et Vies des Hommes illustres, par Andr\u00E9 Th\u00E9vet, 1584). La figure que nous donnons de notre h\u00E9ro\u00EFne est donc id\u00E9ale ; il n'y a d'exact que le costume. Nous savons qu'elle \u00E9tait belle, bien prise et d'une nature vigoureuse \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p.\u00A010 et 11).\u00A0Elle est ici en armure, l\u2019\u00E9p\u00E9e dans la main droite, l\u2019\u00E9tendard royal fleurdelis\u00E9 dans l\u2019autre et non nimb\u00E9e, n\u2019ayant \u00E9t\u00E9 b\u00E9atifi\u00E9e puis canonis\u00E9e qu\u2019au XXe si\u00E8cle. Devan\u00E7ant Charles VII, Arthur de Richemont\u00A0(ARTHVRVS DE RICOMONT) est un autre conn\u00E9table de France. Moins c\u00E9l\u00E8bre que son pr\u00E9d\u00E9cesseur Du Guesclin, il avait pourtant repris Paris sous le r\u00E8gne de Charles VII. Ce dernier enfin (CAROLVS . VII), ayant d\u00E9finitivement bout\u00E9 les Anglais hors de France, s\u2019attacha \u00E0 redresser avec Jacques C\u0153ur l\u2019\u00E9conomie du Royaume. Maillot nous propose de lui un portrait officiel, conforme \u00E0 celui d\u2019une miniature conserv\u00E9e par Gaigni\u00E8res. \n \u00C0 droite, suivant les anges porteurs de la grappe de Canaan,\u00A0se succ\u00E8dent\u00A0onze\u00A0grandes figures des\u00A0ordres contemplatifs, charitables et enseignants entre le XVIe et le XIXe si\u00E8cle, auxquels s'ajoutent un vieillard et un nourrisson.\u00A0Les deux premiers sont\u00A0saint Fran\u00E7ois de Sales (1567-1622) et sainte Jeanne-Fran\u00E7oise de Chantal (1572-1641). \u00C9v\u00EAque de Gen\u00E8ve, Fran\u00E7ois de Sales (S. FRANCISCVS SALESIVS) fonda l\u2019ordre de la Visitation Sainte-Marie en 1610 avec Jeanne de Chantal et Charlotte Br\u00E9chard. Son esprit doux et \u0153cum\u00E9nique suscita de nombreuses conversions, et ses ouvrages, Introduction \u00E0 la vie d\u00E9vote et Trait\u00E9 de l\u2019Amour de Dieu, publi\u00E9s respectivement en 1608 et 1615, connurent un grand succ\u00E8s de son vivant comme apr\u00E8s sa mort. B\u00E9atifi\u00E9 en 1661, canonis\u00E9 en 1665, il demeure une figure marquante de la renaissance catholique et fut reconnu docteur de l\u2019\u00C9glise en 1877. En t\u00EAte de la procession, il est repr\u00E9sent\u00E9 les mains jointes \u00AB d\u2019apr\u00E8s un portrait du livre du p\u00E8re Cahier \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 12 ; Charles Cahier, op. cit., p. 450) et pr\u00E9c\u00E8de sainte Jeanne de Chantal (S. J. F. DE CHANTAL) qui cr\u00E9a dans les vingt ann\u00E9es qui suivirent soixante-quatorze maisons de la Visitation et en dirigea treize. Apr\u00E8s la mort de Fran\u00E7ois de Sales, Jeanne de Chantal s\u2019attacha \u00E0 acc\u00E9l\u00E9rer son proc\u00E8s en canonisation. Elle fut elle-m\u00EAme b\u00E9atifi\u00E9e en 1751 et canonis\u00E9e en 1767. Son corps repose aupr\u00E8s de Fran\u00E7ois de Sales dans la basilique de la Visitation \u00E0 Annecy. Nimb\u00E9e ici, en costume de Visitandine, les bras crois\u00E9s sur la poitrine, elle tient un crucifix \u00AB d\u2019apr\u00E8s les portraits de la Biblioth\u00E8que Richelieu \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 12). Puis saint Jean-Fran\u00E7ois R\u00E9gis (S. F. REGIS ; 1597-1640), j\u00E9suite missionnaire des campagnes, surnomm\u00E9 \u00AB l'Ap\u00F4tre du Velay et du Vivarais \u00BB,\u00A0dessin\u00E9 d\u2019apr\u00E8s l'ouvrage du p\u00E8re Cahier (op. cit., p. 144), est rev\u00EAtu du manteau romain sans manches, \u00AB le manteau de p\u00E8lerin, souvent port\u00E9 par les missionnaires j\u00E9suites \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 12) et tient le bourdon du p\u00E8lerin en haut duquel on devine un gourde en peau. Il est nimb\u00E9, ayant \u00E9t\u00E9 canonis\u00E9 en 1737, et ses reliques sont v\u00E9n\u00E9r\u00E9es dans la basilique de La Louvesc b\u00E2tie et achev\u00E9e par Pierre Bossan en 1877. Le groupe qui suit est constitu\u00E9 de trois personnages autour de la figure de saint Vincent de Paul (1581-1660) : un nourrisson, Louise de Marillac, veuve Le Gras\u00A0(1591-1660) et un vieillard. Aum\u00F4nier g\u00E9n\u00E9ral des gal\u00E8res en 1619, Vincent de Paul (S. VINCENTIVS A PAULO) fondait en 1625 l\u2019ordre des Pr\u00EAtres de la Mission (Lazaristes) et, en 1633, la Soci\u00E9t\u00E9 de vie apostolique des Filles de la Charit\u00E9 ou S\u0153urs de Saint Vincent de Paul. B\u00E9atifi\u00E9 en 1729 et canonis\u00E9 en 1737, il repr\u00E9sente le renouveau spirituel et apostolique du XVIIIe si\u00E8cle fran\u00E7ais. Il est en costume cl\u00E9rical \u00AB d\u2019apr\u00E8s un bon portrait grav\u00E9 en 1660 (Biblioth\u00E8que Richelieu) \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p.\u00A012 ; il s'agit du portrait publi\u00E9 dans les Hommes illustres de Charles Perrault), portant la\u00A0soutane noire, le\u00A0col blanc et la\u00A0calotte noire. Il pr\u00E9sente un jeune enfant \u00E0 Louise de Marillac en r\u00E9f\u00E9rence \u00E0 l'Hospice des Treize Maisons, le futur H\u00F4pital des Enfants Trouv\u00E9s qu\u2019il avait cr\u00E9\u00E9 en 1645 et dont il avait confi\u00E9 la gestion aux Filles de la Charit\u00E9. Louise de Marillac, \u00E9pouse d\u2019Antoine Le Gras (LEGRAS), \u00E9tait devenue apr\u00E8s son veuvage la premi\u00E8re sup\u00E9rieure de la Soci\u00E9t\u00E9 de vie apostolique des Filles de la Charit\u00E9. Ici non nimb\u00E9e (elle ne sera b\u00E9atifi\u00E9e qu'en 1920 et canonis\u00E9e en 1934), elle est rev\u00EAtue du costume de s\u0153ur Saint-Vincent de Paul avec la cornette blanche caract\u00E9ristique, ce qui est inhabituel car la sainte est le plus souvent repr\u00E9sent\u00E9e en veuve de la noblesse voil\u00E9e de noir. Le vieillard enfin devrait plut\u00F4t faire r\u00E9f\u00E9rence \u00E0 l\u2019ouverture en 1653 de l\u2019Hospice du Saint-Nom de J\u00E9sus par Louise de Marillac et non \u00E0 celle des Quinze-Vingts que mentionne Henry (Dais artistique..., op. cit., p. 12 : \u00ABMlle GRAS - Premi\u00E8re sup\u00E9rieure des S\u0153urs de Saint-Vincent-de-Paul, suivie d'un vieillard, rappelant la fondation de l'Hospice des Quinze-Vingt\u00A0\u00BB). Derri\u00E8re lui, sainte Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690), visitandine mystique de Paray-Le Monial, avait fait la demande \u00E0 Louis XIV de consacrer la France au Sacr\u00E9-C\u0153ur apr\u00E8s les apparitions qu\u2019elle avait eues du C\u0153ur supplici\u00E9 du Christ. Un culte qui fut finalement institu\u00E9 en 1765 \u00E0 la demande de la reine Marie Leszczynska et \u00E9tendu \u00E0 toute l\u2019\u00C9glise par Pie IX en 1856.\u00A0\u00C0 Paris, la basilique du Sacr\u00E9-C\u0153ur dite du \u00AB V\u0153u national \u00BB, \u00E9rig\u00E9e apr\u00E8s la guerre de 1870, allait confirmer la dimension qu\u2019avait prise cette d\u00E9votion. B\u00E9atifi\u00E9e en 1864 et canonis\u00E9e en 1920, Marguerite-Marie Alacoque (S. M. MARIA ALACOQUE) est ici en costume de l\u2019ordre et nimb\u00E9e d\u2019apr\u00E8s un portrait \u00AB donn\u00E9 par sa famille et reconnu authentique par l\u2019\u00E9v\u00EAch\u00E9 d\u2019Autun. Lithographie unique de la Biblioth\u00E8que Richelieu \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 12 : il s'agit de l'estampe grav\u00E9e par S\u00E9bastien Leclerc [1637-1714] intitul\u00E9e \u00AB Le vray portrait de la v\u00E9n\u00E9rable s\u0153ur Marguerite-Marie de Paroy \u00E2g\u00E9e de 42 ans, en pied, agenouill\u00E9e \u00BB dans la collection Michel Hennin). Des cinq personnages qui ferment la marche de la pente Nord, on identifie Armand-Jean Le Bouthillier de Ranc\u00E9 (1626-1700), Louis-Marie Grignion de Montfort (1673-1716), Jean-Baptiste de La Salle (1651-1719), le R\u00E9v\u00E9rend P\u00E8re Jacques Bridaine (1701-1767) et dom Abb\u00E9 Charles-Michel de l\u2019\u00C9p\u00E9e (1712-1789), tous repr\u00E9sent\u00E9s d\u2019apr\u00E8s des documents conserv\u00E9s \u00E0 la Biblioth\u00E8que Richelieu. Ranc\u00E9 (D . ABBAS . B . RANC\u00C6VS), seigneur libertin devenu religieux cistercien, r\u00E9forma l\u2019abbaye de Notre-Dame de la Trappe en proposant aux moines une vie plus proche de la r\u00E8gle initiale de saint Beno\u00EEt : son \u00C9troite observance puis la Stricte observance, qui furent largement suivies, pr\u00E9lud\u00E8rent \u00E0 l\u2019ordre des cisterciens r\u00E9form\u00E9s de Notre-Dame de la Trappe cr\u00E9\u00E9 en 1892. Ici, il est en costume blanc de Trappiste. Grignion de Montfort (D . GRINIO DE MONTEFORTI), non nimb\u00E9 ayant \u00E9t\u00E9 b\u00E9atifi\u00E9 en 1888 et\u00A0canonis\u00E9 en 1947, et dont on ne voit que le buste et le haut de soutane claire, avait fond\u00E9 trois compagnies enseignantes pour jeunes gens et jeunes filles dont celle des Fr\u00E8res de l\u2019instruction chr\u00E9tienne de saint Gabriel. Vient ensuite Jean-Baptiste de La Salle (J . B . DE LA SALLE), chanoine de Reims, et fondateur de l\u2019Institut des Fr\u00E8res des \u00C9coles chr\u00E9tiennes. Son \u0153uvre est \u00E0 l\u2019origine de douze Congr\u00E9gations enseignantes de Fr\u00E8res fran\u00E7ais entre 1816 et 1842. Rev\u00EAtu ici d\u2019un costume cl\u00E9rical clair \u00E0 rabat blanc et du manteau romain, il n\u2019est pas nimb\u00E9, ayant \u00E9t\u00E9 b\u00E9atifi\u00E9 en 1888 et canonis\u00E9 en 1900. Il tient une plume de la main droite et de l\u2019autre, un manuscrit. Le R\u00E9v\u00E9rend P\u00E8re\u00A0Bridaine (D . P . BRIDAINE), pr\u00E9dicateur inlassable, auteur de cinq volumes de sermons \u00E9dit\u00E9s en 1821, fut le \u00AB missionnaire le plus \u00E9loquent et le plus ardent pr\u00E9dicateur du XVIIIe si\u00E8cle \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 13 ; le fabricant ajoute : \u00AB d'apr\u00E8s un v\u00E9ritable portrait de M. Jacques Bridaine, pr\u00EAtre missionnaire royal, n\u00E9 \u00E0 Chuzelan, dioc\u00E8se d'Uz\u00E8s, 30 mars 1701, dessin\u00E9 lorsqu'il finissait son sermon \u00E0 Avignon dans l'\u00E9glise Saint-Didier en avril 1734. [Bibl. Richelieu]\u00BB). Il est ici en action de pr\u00EAche, le bras droit lev\u00E9 et un crucifix dans la main gauche. L\u2019abb\u00E9 de l\u2019\u00C9p\u00E9e (D . A . DE L'ESPEE),\u00A0enfin, proclam\u00E9 en 1791 \u00AB bienfaiteur de l\u2019humanit\u00E9 \u00BB pour avoir \u00E9labor\u00E9 une m\u00E9thode de communication et d\u2019enseignement pour les malentendants, est ici \u00E0 demi cach\u00E9 par le geste ample du r\u00E9v\u00E9rend Bridaine, mais on reconna\u00EEt son costume cl\u00E9rical \u00E0 rabat et calot noirs. Il tient un rouleau ouvert sur lequel sont inscrits des signes de la main. Il a \u00E9t\u00E9 dessin\u00E9 \u00AB d'apr\u00E8s un portrait de Jacob (Bibl. Richelieu) \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 13).\u00A0\nSur la pente Sud (inv. MT 49287.2), ce sont deux anges portant les \u00AB eulogies \u00BB (deux pains) qui conduisent la procession. Ils sont accompagn\u00E9s de l'inscription ECCE + PANIS + ANGELORVM, c'est-\u00E0-dire \u00AB Voici le pain des anges \u00BB ; en couronne, on lit : et + exultavit + spiritus + meus + in + Deo + salutari + meo + et + misericordia + ejus + a + progenie + in + progenies + timentibus + eum, c'est-\u00E0-dire \u00AB Exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !\u00A0\u00BB (Magnificat, strophe 1) et \u00AB Sa mis\u00E9ricorde s'\u00E9tend d'\u00E2ge en \u00E2ge sur ceux qui le craignent \u00BB\u00A0(Magnificat, strophe 4).\u00A0La procession compte quatorze personnages, du XVe au XVIIIe si\u00E8cle, issus de l'entourage de Louis XI ou ayant \u00E9t\u00E9 actifs dans la d\u00E9fense du cathjolicisme au moment des Guerres de Religion. De droite \u00E0 gauche, pr\u00E9c\u00E9dant les anges, on trouve Louis XI (1423-1483) lui-m\u00EAme suivi de ses proches, sainte Jeanne de Valois ou de France (1464 -1505), Philippe de Commynes (1447-1511), Anne de France dite aussi Anne de Beaujeu (1461-1522), Louis II de La Tr\u00E9moille (1460-1525), Anne de Bretagne (1477-1514), Louis XII (1462-1515) et le cardinal Georges d\u2019Amboise (1460-1510). R\u00E9put\u00E9 fourbe et cruel, Louis XI (LVDOVICVS XI) se montra toutefois un monarque essentiel dans l\u2019\u0153uvre de centralisation de la France. Roi tr\u00E8s pieux, il s\u2019\u00E9tait rendu, lors d\u2019un passage \u00E0 Lyon en 1476, en la chapelle de Fourvi\u00E8re afin de prier Notre-Dame du Bon Conseil. En t\u00EAte de cort\u00E8ge, il est tiss\u00E9 \u00AB d\u2019apr\u00E8s une miniature copi\u00E9e sur un portrait original peint de son temps dans le cabinet de M. de Gaigni\u00E8res (Gaigni\u00E8res, Bibl. Richelieu) \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 14 : Portrait de Louis XI \u00E0 la gouache sur parchemin, \u00AB copi\u00E9 sur son portrait original peint de son temps dans le cabinet de Mr. de Gaigni\u00E8res\u00A0\u00BB, Gaig. 704). Il est suivi de sa seconde fille, sainte Jeanne de France (S. JOHANNA VALESIA) qui, apr\u00E8s l\u2019annulation de son mariage avec Louis XII, fondait \u00E0 Bourges l\u2019ordre contemplatif des Annonciades. B\u00E9atifi\u00E9e en 1742 et canonis\u00E9e en 1950, elle est nimb\u00E9e, couronn\u00E9e et rev\u00EAtue du costume de son ordre, tenant un crucifix \u00AB d\u2019apr\u00E8s une bonne et ancienne gravure de la Bibl. Richelieu.\u00A0Portrait unique \u00BB pr\u00E9cise Henry (Dais artistique..., op. cit., p. 14). On identifie ensuite, copi\u00E9 sur un portrait d\u2019Andr\u00E9 Th\u00E9vet (1504-1592)\u00A0(Dais artistique..., op. cit., p. 14 : \u00AB J'ayme par trop mieux icy vous repr\u00E9senter le pourtraict de seigneur d'Argentan tel qu'il est en bosse, tir\u00E9 de son vivant deux ans avant sa mort en sa chapelle qu'il a faict faire & bastir en l'\u00E9glise des Augustins de cette ville de Paris \u00BB [Bibl. Richelieu]), le haut du buste de Philippe de Commynes (COMIN\u00C6VS), diplomate flamand qui, apr\u00E8s l\u2019entrevue de P\u00E9ronne en 1468, avait quitt\u00E9 Charles le T\u00E9m\u00E9raire pour se rallier \u00E0 Louis XI dont il devint l\u2019ami et le conseiller. Entour\u00E9 d\u2019honneurs, il dut accepter la rel\u00E9gation apr\u00E8s la mort de Louis XI en raison de ses choix politiques. Bien qu\u2019amnisti\u00E9, il resta sur ses terres o\u00F9 il mourut apr\u00E8s avoir servi trois souverains et r\u00E9dig\u00E9 les m\u00E9moires des r\u00E8gnes de Louis XI et de Charles VIII. Sa vision d\u2019une Europe soud\u00E9e et unie par la chr\u00E9tient\u00E9 justifie sans doute ici sa place. \u00C0 sa droite, Anne de Beaujeu (ANNA . BELLOJOVIENCIS), fille a\u00EEn\u00E9e de Louis XI, fut r\u00E9gente de France \u00E0 la mort de son p\u00E8re pendant la minorit\u00E9 royale de son fr\u00E8re Charles VIII : \u00AB La biblioth\u00E8que ne poss\u00E8de qu\u2019un mauvais portrait moderne ; le costume est exactement du temps \u00BB selon Henry (Dais artistique..., op. cit., p. 14). Puis vient Louis II de La Tr\u00E9moille (D . DE TREMOLIO), grand Commis de l\u2019\u00C9tat, qui servit successivement Charles VIII, Louis XII, et Fran\u00E7ois Ier et mourut \u00E0 la bataille de Pavie. Tiss\u00E9 d\u2019apr\u00E8s Th\u00E9vet, il porte une tunique aux armes de la maison de La Tr\u00E9moille \u00E0 chevron d\u2019or et aigrettes becqu\u00E9es et membr\u00E9es d\u2019or sur fond azur (les teintes sont ici fantaisistes). Anne de Bretagne (ANNA A BRITAN :) qui suit fut l\u2019une des princesses les plus titr\u00E9es du temps, \u00E9tant devenue notamment reine de France par ses mariages avec Charles VIII puis Louis XII. Elle fit toujours preuve, dans ses nombreuses fonctions, de force, de temp\u00E9rance et de justice. Son profil, tiss\u00E9 d\u2019apr\u00E8s \u00AB Erlinger dans son m\u00E9daillon du temps \u00BB, est tr\u00E8s proche de celui d\u2019une m\u00E9daille frapp\u00E9e \u00E0 Lyon lors de son passage avec Louis XII dans cette ville en 1499 (les consuls de Lyon avaient charg\u00E9 Nicolas Leclerc et Jean de Saint-Priest, ma\u00EEtres tailleurs d'images, d'en faire les mod\u00E8les d'apr\u00E8s Jean Perr\u00E9al, et les joaillers Jean et Colin Lep\u00E8re, aid\u00E9s par un fondeur, de l'ex\u00E9cuter). \u00C0 c\u00F4t\u00E9 d\u2019elle, son \u00E9poux Louis XII (LVDOVICVS XII), qui manifesta \u00E9galement toujours une grande mod\u00E9ration, r\u00E9gna en s\u2019appuyant sur le d\u00E9bat parlementaire plut\u00F4t qu\u2019en monarque absolu. On reconna\u00EEt son portrait officiel tiss\u00E9 ici \u00AB d\u2019apr\u00E8s son m\u00E9daillon du temps (Gaigni\u00E8res) \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 15). Quant au cardinal d\u2019Amboise (G . CARDINALIS . DE/ AMBACIA), premier ministre de Louis XII, il avait obtenu l\u2019annulation du mariage de ce dernier avec Jeanne de Valois afin que le roi puisse \u00E9pouser Anne de Bretagne. Amboise, qui fut candidat \u00E0 la papaut\u00E9 en face de Jules II, poss\u00E9dait une biblioth\u00E8que riche de plus de deux cent cinquante manuscrits. Son corps repose en la cath\u00E9drale de Rouen dont il occupa la cath\u00E8dre. \u00C0 la suite de son d\u00E9c\u00E8s survenu \u00E0 Lyon, son c\u0153ur avait \u00E9t\u00E9 conserv\u00E9 au couvent des C\u00E9lestins jusqu\u2019\u00E0 la destruction du b\u00E2timent en 1785. Il chemine ici, rev\u00EAtu du costume cardinalice : soutane, mozette et barrette pourpres \u00AB d\u2019apr\u00E8s une ancienne gravure de la Biblioth\u00E8que Nationale \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 15). On note ensuite la pr\u00E9sence de deux hommes de guerre : Gaston de Foix (1489-1512) et Pierre Terrail, chevalier Bayard (1476-1524). Gaston de Foix (GASTO A FUXIO), neveu de Louis XII, comte d\u2019\u00C9tampes, duc de Nemours et gouverneur du Dauphin\u00E9, qui mourut \u00E0 Ravenne apr\u00E8s avoir remport\u00E9 la victoire, est tiss\u00E9 \u00AB d\u2019apr\u00E8s une miniature prise sur une tapisserie qui repr\u00E9sente son histoire. (Gaigni\u00E8res) \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 15 : \u00AB Gaston de Foix, duc de Nemours, pris sur une tapisserie qui repr\u00E9sente son histoire, tu\u00E9 \u00E0 la bataille de Ravenne \u00BB, Gaig. 805). Il est suivi du dauphinois Bayard (BAYARDVS), qui devait s\u2019illustrer durant les guerres d\u2019Italie et symboliser les valeurs de la chevalerie m\u00E9di\u00E9vale fran\u00E7aise. Son portrait serait inspir\u00E9 d\u2019un portrait de Palma l\u2019Ancien et \u00AB l'armure a \u00E9t\u00E9 copi\u00E9e au Mus\u00E9e d\u2019artillerie \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 15). Les quatre personnages qui cl\u00F4turent ce groupe r\u00E9sument les Guerres de Religion : Fran\u00E7ois Ier de Lorraine, deuxi\u00E8me duc de Guise (1520-1563), Michel de L'Hospital (vers 1505-1573), Marie Stuart (1542-1587) et Henri IV (1553-1610). Principal chef catholique, Fran\u00E7ois de Guise (FRANCISCVS GVISIVS) avait fait r\u00E9primer dans le sang la conjuration d\u2019Amboise organis\u00E9e par des gentilshommes protestants et le Prince de Cond\u00E9, ce qui provoqua en 1562 le massacre des Protestants champenois et marqua les d\u00E9buts des Guerres de Religion (1562-1598). Assassin\u00E9 en 1563, Fran\u00E7ois de Guise figure sur ce dais comme porte-drapeau de la foi catholique. Henry indique que l'image a \u00E9t\u00E9 \u00E9labor\u00E9e\u00A0\u00AB d'apr\u00E8s son portrait par Jacob (mus\u00E9e du Louvre) \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 15).\u00A0Le Chancelier de France d\u2019origine huguenote, Michel de L\u2019Hospital (M. HOSPITALIVS), grand Commis de l\u2019\u00C9tat et ambassadeur au Concile de Trente (1545-1563), reste un symbole de tol\u00E9rance civile et religieuse. Il figure ici \u00AB d\u2019apr\u00E8s une miniature de Gaigni\u00E8res selon un portrait du temps (Bibl. Richelieu) \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 15 : Gaig. 1012). Marie Stuart (MARIA . STVARDA), reine d\u2019\u00C9cosse puis reine de France (1559-1560) par son mariage avec le futur Fran\u00E7ois II, \u00E9tait d\u2019origine et d\u2019\u00E9ducation catholiques du c\u00F4t\u00E9 maternel, mais elle dut affronter, apr\u00E8s son veuvage et son retour en \u00C9cosse, sa cousine Elisabeth I\u00E8re qui la fit emprisonner et ex\u00E9cuter alors qu\u2019elle ne cessait de proclamer sa foi catholique. Sa d\u00E9pouille mortelle repose depuis 1612 en l\u2019abbaye de Westminster. Pour repr\u00E9senter la Souveraine, Maillot a pu s\u2019inspirer de diff\u00E9rents portraits, Henry disant simplement qu'elle est repr\u00E9sent\u00E9e d'apr\u00E8s un \u00AB portrait du temps \u00BB. Henri IV (HENRICVS IV),\u00A0enfin, signataire en 1598 de l\u2019\u00C9dit de Nantes qui mit fin \u00E0 vingt ann\u00E9es de conflit religieux, est pr\u00E9sent sur ce dais par cet acte et par celui d\u2019avoir abandonn\u00E9 le protestantisme pour adh\u00E9rer au catholicisme afin d\u2019acc\u00E9der au tr\u00F4ne de France. Rev\u00EAtu de son armure et portant la croix du Saint-Esprit, il est tiss\u00E9 \u00AB d\u2019apr\u00E8s un m\u00E9daillon en bois sculpt\u00E9 du temps \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 15). \u00C0 gauche, apr\u00E8s les anges porteurs de pains, la suite de la procession compte\u00A0quatorze personnages\u00A0personnages, hautes figures des XVIIe et XVIIIe si\u00E8cles\u00A0et deux martyrs embl\u00E9matiques de la R\u00E9volution. En ouverture du cort\u00E8ge se tiennent\u00A0Louis XIII (1601-1643) et Armand-Jean du Plessis de Richelieu (1585-1642). Surnomm\u00E9 le \u00AB Juste \u00BB, Louis XIII (LVDOVICVS . XIII) s\u2019\u00E9tait montr\u00E9 au d\u00E9but de son r\u00E8gne tol\u00E9rant \u00E0 l\u2019\u00E9gard des Huguenots. Fervent catholique et tr\u00E8s pieux, il pla\u00E7a la France sous la protection de la Vierge et ne cessa de soutenir les fondateurs de congr\u00E9gations comme celle de saint Vincent de Paul venue au secours des plus pauvres. Il r\u00E9ussit \u00E0 s\u2019adjoindre la fid\u00E9lit\u00E9 du clerg\u00E9 tout en tentant des rapprochements politiques avec des puissances protestantes. Son ministre Richelieu (ARMANDVS . PLESS\u00C6VS), qui essaya de concilier l\u2019\u00E9volution d\u2019une France moderne tout en privil\u00E9giant le pouvoir royal, \u00E9tait aussi \u00E9v\u00EAque de Luchon. Il tenta \u00E0 ce titre d\u2019influencer Louis XIII sur la conduite \u00E0 tenir envers les Protestants : face \u00E0 la menace de plus en plus pr\u00E9gnante de certaines cit\u00E9s huguenotes, il organisa en 1627 le Si\u00E8ge de la Rochelle, haut lieu de la religion r\u00E9form\u00E9e. L\u2019un des premiers \u00E0 suivre les prescriptions du Concile de Trente, il c\u00E9l\u00E9bra, en soutien aux J\u00E9suites, la premi\u00E8re messe en leur \u00E9glise Saint-Louis \u00E0 Paris. Henry pr\u00E9cise que les deux portraits sont tiss\u00E9s d\u2019apr\u00E8s ceux de Philippe de Champaigne (1602-1674) \u00AB conserv\u00E9s au Louvre \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 15 et 16 : Paris, mus\u00E9e du Louvre, d\u00E9partement des Peintures, Louis XIII couronn\u00E9 par la Victoire, 1635, inv. 1135, et Le cardinal de Richelieu, inv. 1136). \u00C0 leur suite se tiennent\u00A0Eustache Le Sueur (1616-1655), Pierre Corneille (1606-1684) et dom Jean Mabillon (1632-1707). Le peintre Lesueur (LESVEVR), l'un des fondateurs du classicisme fran\u00E7ais, est l\u2019auteur de la Vie de Saint Bruno dont les vingt-deux tableaux destin\u00E9s \u00E0 la Chartreuse de Paris, visibles aujourd\u2019hui au Louvre, \u00E9taient entr\u00E9s en 1776 dans les collections royales. Lesueur est repr\u00E9sent\u00E9 ici d\u2019apr\u00E8s une des tapisseries des Gobelins, sur un dessin de Victor Biennoury (1823-1893), appartenant \u00E0 une suite r\u00E9alis\u00E9e dans les ann\u00E9es 1850 pour la Galerie d\u2019Apollon du Louvre en l\u2019honneur des grands hommes qui avaient \u0153uvr\u00E9 pour ce palais (Dais artistique..., op. cit., p. 16). Quant \u00E0 Corneille (CORNEILLE), tiss\u00E9 d\u2019apr\u00E8s \u00AB son m\u00E9daillon \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 16 : c'est-\u00E0-dire d'apr\u00E8s la m\u00E9daille en bronze \u00E0 l'effigie de Pierre Corneille par Alfred Borel [1836-1927], grav\u00E9e en 1873 \u00E0 l'occasion du bicentenaire de la mort del'artiste d'apr\u00E8s les estampes du XVIIe si\u00E8cle),\u00A0il porte le bonnet rond, la moustache et la pointe \u00E0 la Richelieu. Il avait fait en 1656 une traduction \u00E0 grand succ\u00E8s de L\u2019Imitation de J\u00E9sus-Christ, \u0153uvre anonyme de la fin du XIVe si\u00E8cleou du d\u00E9but XVe. Mabillon (il n'est pas nomm\u00E9 dans la frise inf\u00E9rieure...) qui le suit, historien et moine b\u00E9n\u00E9dictin r\u00E9form\u00E9, donna un nouvel \u00E9lan \u00E0 l\u2019ex\u00E9g\u00E8se en \u00E9tudiant et \u00E9ditant d\u2019une mani\u00E8re critique et rigoureuse les textes des P\u00E8res de l\u2019\u00C9glise. Le dessinateur l\u2019aurait repr\u00E9sent\u00E9 \u00AB d\u2019apr\u00E8s un portrait du temps \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 16). Viennent ensuite Henri de La Tour d'Auvergne-Bouillon dit Turenne (1611-1675), Jacques-B\u00E9nigne Bossuet (1627-1704), S\u00E9bastien Le Prestre, marquis de Vauban (1633-1707), Fran\u00E7ois de Salignac de La Mothe-F\u00E9nelon dit F\u00E9nelon (1651-1715) et Jean Racine (1639-1699). Turenne (TVRENNIVS), mar\u00E9chal de France, dont la d\u00E9pouille mortelle repose aujourd\u2019hui aux Invalides, est copi\u00E9 \u00AB d\u2019apr\u00E8s un pastel de Robert Nanteuil (Louvre) \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 16 : Paris, mus\u00E9e du Louvre, d\u00E9partement des Arts graphiques, Portrait de Turenne en buste, portant une cuirasse par Robert Nanteuil [1623-1678], inv. 31368). \u00C0 c\u00F4t\u00E9 de lui, on reconna\u00EEt Bossuet (BOSSVETIVS), pr\u00E9lat et \u00E9crivain, qui, outre sa r\u00E9putation d\u2019orateur exceptionnel, se rendit c\u00E9l\u00E8bre pour ses violentes prises de position antis\u00E9mites et celles de consid\u00E9rer, dans le courant gallican, la supr\u00E9matie de l'Assembl\u00E9e des \u00E9v\u00EAques de France sur le pape en mati\u00E8re d'autorit\u00E9 et d'enseignement. Bossuet pr\u00EAcha en l\u2019Eglise Saint-Louis des J\u00E9suites \u00E0 Paris inaugur\u00E9e quelques d\u00E9cennies auparavant par Richelieu. Son portrait est r\u00E9alis\u00E9 \u00AB d\u2019apr\u00E8s une terre cuite de Pajou \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 16 : Paris, mus\u00E9e du Louvre, d\u00E9partement des Sculptures, Jacques-B\u00E9nigne Bossuet par Augustin Pajou [1730-1809], inv. L 93474). Vauban (VAVBAN), ing\u00E9nieur, essayiste, et mar\u00E9chal de France, s\u2019\u00E9tait \u00E9lev\u00E9 contre Louis XIV lors de la R\u00E9vocation de l\u2019\u00C9dit de Nantes en 1685 dont il entrevoyait de graves cons\u00E9quences sur le commerce et les manufactures. Repr\u00E9sent\u00E9 avec la cicatrice ronde sur la joue gauche due \u00E0 une blessure au si\u00E8ge de Douai, il est tiss\u00E9 ici \u00AB d\u2019apr\u00E8s un portrait du temps \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 16). F\u00E9nelon (FENELON), archev\u00EAque de Cambrai et acad\u00E9micien, est rest\u00E9 c\u00E9l\u00E8bre pour ses Sermons, ses Lettres spirituelles et ses Trait\u00E9s sur la vie des saints (1697) ou sur l\u2019existence de Dieu (1712). Il est tiss\u00E9 ici d\u2019apr\u00E8s une gravure de Alexandre-Denis-Joseph Pujol de Mortry (1737-1816) d\u2019apr\u00E8s un tableau de Joseph-Marie Vien (1716-1809)\u00A0(Dais artistique..., op. cit., p. 16). Racine (RACINE), enfin, qui avait \u00E9t\u00E9 \u00E9duqu\u00E9 dans le courant jans\u00E9niste par les Solitaires de Port-Royal, \u00E9crivit \u00E0 la demande de Madame de Maintenon deux trag\u00E9dies \u00E0 sujet biblique pour les jeunes filles de Saint-Cyr : Esther (1689) et Athalie (1691). En partie cach\u00E9 par la silhouette de Marie Leszczynska, le dramaturge ne montre que son visage de profil qui aurait \u00E9t\u00E9 tiss\u00E9 d\u2019apr\u00E8s son buste sculpt\u00E9 (Dais artistique..., op. cit., p. 16 : Louis Boizot [1743-1809], Jean Racine, buste en marbre dans le Foyer de la Com\u00E9die Fran\u00E7aise). Ferment la marche Marie Leszczynska (1703-1768) et l\u2019\u00E9v\u00EAque Henri-Fran\u00E7ois-Xavier de Belsunce de Castelmoron (1671-1755) qui \u0153uvr\u00E8rent en faveur du culte du Sacr\u00E9-C\u0153ur, puis Louis XVI (1754-1793) et \u00C9lisabeth de France (1764-1794). La reine Marie Leszczynska (MARIA ./ LEZINZKA)\u00A0avait re\u00E7u une fervente \u00E9ducation religieuse \u00E0 Varsovie et notamment \u00E9t\u00E9 initi\u00E9e \u00E0 la d\u00E9votion au Sacr\u00E9-C\u0153ur qu\u2019elle instaura en France d\u00E8s 1765 par une lettre qu\u2019elle adressa \u00E0 tous les \u00E9v\u00EAques. Elle est repr\u00E9sent\u00E9e ici couronn\u00E9e, dans une robe d\u2019apparat et \u00E0 demi envelopp\u00E9e dans le manteau bleu royal fleurdelis\u00E9 doubl\u00E9 d\u2019hermine \u00AB d\u2019apr\u00E8s une gravure de la Biblioth\u00E8que Richelieu \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 16). \u00C0 sa suite, on aper\u00E7oit Belsunce (BELZVNCIVS) dont le portrait serait tiss\u00E9 \u00AB d\u2019apr\u00E8s une gravure de Pilau \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 16). Protestant converti \u00E0 seize ans au catholicisme, Belsunce avait choisi la voie eccl\u00E9siastique. Devenu \u00E9v\u00EAque de Marseille en 1710, charge qu\u2019il occupa durant quarante-cinq ans, il s\u2019illustra dans la lutte contre la grande peste de 1720 en consacrant la ville au Sacr\u00E9-C\u0153ur et dans ses querelles avec les jans\u00E9nistes d\u2019Aix-en-Provence. Louis XVI (LVDOVICVS XVI), enfin,est rev\u00EAtu du costume du sacre et par\u00E9 du collier de l\u2019Ordre du Saint-Esprit et de celui de la Toison d\u2019or, d\u2019apr\u00E8s le portrait officiel d\u2019Antoine-Fran\u00E7ois Callet en 1779 (ou celui d\u2019une r\u00E9plique grav\u00E9e, comme semble le sugg\u00E9rer Henry : \u00AB d'apr\u00E8s une bonne gravure du temps \u00BB). La composition, emprunt\u00E9e \u00E0 celle de Hyacinthe Rigaud (1659-1743) pour Louis XIV en costume de sacre (1701), p\u00E9rennise la repr\u00E9sentation id\u00E9ale de la fonction r\u00E9galienne. Louis XVI, accompagn\u00E9 de sa s\u0153ur, Madame \u00C9lisabeth (ELISABETH), tient de la main droite la palme du martyre. \u00C9lisabeth \u00E0 demi cach\u00E9e par le roi est rev\u00EAtue d\u2019une sombre redingote \u00E0 p\u00E8lerine et coiff\u00E9e d\u2019une \u00AB charlotte \u00BB selon la mode de la derni\u00E8re d\u00E9cennie du XVIIIe si\u00E8cle. Elle est figur\u00E9e d'apr\u00E8s un \u00AB portrait du temps, sans signature, \"\u00C9lisabeth-Marie-H\u00E9l\u00E8ne Capet\" (sic). (Bibl. Richelieu) \u00BB\u00A0(Dais artistique..., op. cit., p. 16). \nLa pente d\u2019Occident (inv. MT 49287.3), enfin,\u00A0est organis\u00E9e autour de\u00A0la figure centrale du pape Pie IX (1792-1878). Elle pr\u00E9sente l\u2019\u00C9glise\u00A0primitive, du\u00A0IIe\u00A0au VIe si\u00E8cle, avec les premiers \u00E9v\u00EAques h\u00E9ritiers de l'autorit\u00E9 pontificale et les martyrs de la Gaule. La partie inf\u00E9rieure, en dessous du listel, est timbr\u00E9e du blason aux armes de Pie IX : \u00E9cartel\u00E9, au premier et au quatri\u00E8me d\u2019azur \u00E0 un lion d\u2019or ; au deuxi\u00E8me et troisi\u00E8me d\u2019argent \u00E0 deux barres de gueules. En 1874, au moment du tissage du dais, Pie IX \u00E9tait dans la vingt-septi\u00E8me ann\u00E9e de son pontificat qui deviendra, en 1878 \u00E0 sa mort, le plus long de l\u2019histoire. Le souverain pontife avait promulgu\u00E9 en 1854, dans la bulle Ineffabilis, le dogme de l\u2019Immacul\u00E9e Conception de Marie et, en 1870, l\u2019infaillibilit\u00E9 du pape en terme de doctrine et de dogme.\u00A0En partie sup\u00E9rieure, on lit l'inscription : respexit . humilitatem . ancill\u00E6 . su\u00E6 . ecce . enim . ex . hoc . beatam . me . dicent . omnes . generationes, c'est-\u00E0-dire \u00AB Il s'est pench\u00E9 sur son humble servante ; d\u00E9sormais, tous les \u00E2ges me diront bienheureuse \u00BB (Magnificat, strophe 2). \u00C0 la gauche du tr\u00F4ne pontifical se tiennent dix personnages, avec, de gauche \u00E0 droite, en t\u00EAte, trois figures essentielles des racines chr\u00E9tiennes lyonnaises : saint Pothin premier \u00E9v\u00EAque de Lyon (+ 177), saint Ir\u00E9n\u00E9e, deuxi\u00E8me \u00E9v\u00EAque de Lyon (vers 130-vers 208) et\u00A0sainte Blandine (+ 177) vierge et martyre. L\u2019\u00E9v\u00EAque de Lyon Pothin (S. POTHINVS) mourut sur la colline de Fourvi\u00E8re \u00E0 plus de quatre-vingt-dix ans \u00E0 la suite de maltraitances en prison lors de la grande pers\u00E9cution des chr\u00E9tiens de Lyon sous Marc-Aur\u00E8le en 177. Premier \u00E9v\u00EAque des Gaules, il eut pour successeur Ir\u00E9n\u00E9e (S. IREN\u00C6VS), qui \u00E9tait arriv\u00E9 en Gaule vers 157 et qui poursuivit l\u2019\u0153uvre th\u00E9ologique de Pothin. Ir\u00E9n\u00E9e lutta notamment contre les h\u00E9r\u00E9sies d\u2019origine moyen-orientale pr\u00F4n\u00E9es par les gnostiques et les valentiniens en proposant de nouveaux crit\u00E8res d\u2019interpr\u00E9tation des \u00C9critures et en s\u2019appuyant sur leur inspiration divine et sur l\u2019\u00C9glise, garante de la v\u00E9rit\u00E9 et de la foi des ap\u00F4tres. P\u00E8re de l\u2019\u00C9glise, il fut aussi le cr\u00E9ateur des dioc\u00E8ses de Besan\u00E7on et de Valence et serait mort vers 208 pendant la pers\u00E9cution de Septime S\u00E9v\u00E8re. Ses reliques sont d\u00E9pos\u00E9es depuis le Ve si\u00E8cle dans l\u2019\u00E9glise Saint-Ir\u00E9n\u00E9e de Lyon. Th\u00E9odore Maillot dessine ici Pothin en homme d\u2019\u00E2ge mur \u00E0 barbe blanche et Ir\u00E9n\u00E9e, \u00E0 barbe brune. Tous deux sont v\u00EAtus pontificalement avec un long pallium, mitr\u00E9s et cross\u00E9s. Ir\u00E9n\u00E9e porte un flambeau dans la main droite. Sainte Blandine (S. BLANDINA), membre de la premi\u00E8re communaut\u00E9 chr\u00E9tienne lyonnaise, fut martyris\u00E9e en 177 avec quarante-sept chr\u00E9tiens dont Pothin. D\u2019abord incarc\u00E9r\u00E9e, elle fut, livr\u00E9e aux b\u00EAtes qui l\u2019ignor\u00E8rent dans l\u2019amphith\u00E9\u00E2tre des Trois Gaules. Elle fut ensuite tortur\u00E9e et dut assister \u00E0 la mort de ses compagnons, puis flagell\u00E9e, plac\u00E9e sur un si\u00E8ge incandescent, livr\u00E9e dans un filet \u00E0 un taureau, elle surv\u00E9cut et fut finalement achev\u00E9e par le glaive. Patronne de la ville de Lyon, elle est aussi, avec sainte Marthe, patronne des servantes. Ici, pieds nus et v\u00EAtue d\u2019une tunique blanche, elle est debout sur un gril en flamme, ce qui n\u2019est pas tout \u00E0 fait conforme au r\u00E9cit de sa pers\u00E9cution : une confusion du dessinateur qui pourrait \u00EAtre due \u00E0 la traduction m\u00EAme de la lettre d\u2019Eus\u00E8be de C\u00E9sar\u00E9e : \u00AB Apr\u00E8s les fouets, apr\u00E8s les b\u00EAtes, apr\u00E8s le gril (en r\u00E9alit\u00E9 une chaise de fer br\u00FBlante), on finit par la jeter dans un filet et l\u2019exposer ainsi \u00E0 un taureau. [\u2026] On l\u2019\u00E9gorgea, elle aussi, et les pa\u00EFens eux-m\u00EAmes reconnaissaient que jamais chez eux une femme n\u2019avait support\u00E9 autant de pareils tourments. \u00BB\u00A0\u00C0 leur suite\u00A0se tiennent\u00A0saint Sidoine Apollinaire \u00E9v\u00EAque de Clermont (431-486/489), saint Mamert (selon la publication de Henry, Dais artistique..., op. cit., p. 17) archev\u00EAque de Vienne (+ 475) [ou saint Paul-Serge premier \u00E9v\u00EAque de Narbonne au IIIe si\u00E8cle selon l\u2019inscription sur le dais], saint Victor de Marseille (+ 290), saint Eucher \u00E9v\u00EAque de Lyon (370-449), saint Trophime, sans doute le premier \u00E9v\u00EAque d\u2019Arles (IIIe si\u00E8cle ?), saint C\u00E9saire, \u00E9v\u00EAque d\u2019Arles (vers 470/471-543), saint Symphorien d'Autun (+ vers 178-180). Saint Sidoine Apollinaire (S. SIDONIVS APOLLINARIS), homme de lettres, n\u00E9 \u00E0 Lyon d\u2019une famille patricienne gallo-romaine, devint pr\u00E9fet de Rome avant d\u2019\u00EAtre nomm\u00E9 \u00E9v\u00EAque d\u2019Auvergne en 471. Il participa \u00E0 la d\u00E9fense de Clermont face aux Wisigoths mais fut emprisonn\u00E9 apr\u00E8s la chute de la ville. \u00C0 sa lib\u00E9ration deux ans plus tard, il v\u00E9cut saintement et discr\u00E8tement, loin de la politique, et fut \u00E0 l\u2019origine d\u2019un ou plusieurs miracles. Il est ici v\u00EAtu pontificalement, et figur\u00E9 d'apr\u00E8s l'ouvrage du p\u00E8re Cahier (Dais artistique..., op. cit., p. 17 : \u00AB D'apr\u00E8s le p\u00E8re Cahier, page 60 \u00BB). Derri\u00E8re lui, on aper\u00E7oit saint Mamert ou saint Paul-Serge (S. PAVLVS SERGIVS). Le premier fut archev\u00EAque de Vienne en 452 et son corps, retrouv\u00E9 au XIXe si\u00E8cle dans un sarcophage, est conserv\u00E9 dans l\u2019ancienne \u00E9glise Saint-Pierre de Vienne, aujourd\u2019hui mus\u00E9e arch\u00E9ologique. Le second, Paul-Serge fut au IIIe si\u00E8cle le premier \u00E9v\u00EAque de Narbonne qu\u2019il \u00E9vang\u00E9lisa apr\u00E8s les pers\u00E9cutions de D\u00E8ce. Sur le dais, le personnage repr\u00E9sent\u00E9 est barbu, nimb\u00E9 et envelopp\u00E9 dans un manteau de p\u00E8lerin. Puis saint Victor (S. VICTOR), en costume d\u2019officier romain le bras droit lev\u00E9. Il aurait subi le martyre pour avoir refus\u00E9 de sacrifier aux dieux et d\u00E9truit d\u2019un coup de pied un autel pa\u00EFen. Apr\u00E8s sa mort survenue \u00E0 la suite de nombreux s\u00E9vices, les Marseillais cach\u00E8rent son corps pour l\u2019ensevelir \u00E0 l\u2019emplacement de la future abbaye de Saint-Victor de Marseille qui devint alors un haut lieu du catholicisme. Ici en \u00AB tribun militaire, il renverse l\u2019autel de Jupiter devant l\u2019empereur Maximien \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 17). Saint Eucher (S. EVCHERIVS), issu d'une famille patricienne gallo-romaine, se fit moine \u00E0 L\u00E9rins puis ermite dans le Luberon. Nomm\u00E9 contre son gr\u00E9 \u00E9v\u00EAque de Lyon, il conserva cette fonction jusqu\u2019\u00E0 sa mort. Ex\u00E9g\u00E8te et p\u00E8re de l\u2019\u00C9glise de grande influence, il poussa sa femme sainte Tulle et ses enfants sainte Consorce et saint V\u00E9ran \u00E0 adopter une vie sainte et recluse. Leur\u00A0v\u00E9n\u00E9ration sera \u00E0 l\u2019origine de diff\u00E9rents toponymes. On n\u2019aper\u00E7oit ici que la t\u00EAte nimb\u00E9e et mitr\u00E9e du saint \u00E9v\u00EAque. Par ailleurs on constate dans la notice de Henry une confusion entre Eucher de Lyon, qui v\u00E9cut au IVe si\u00E8cle, et Eucher, \u00E9v\u00EAque d\u2019Orl\u00E9ans au VIIIe (Dais artistique..., op. cit., p. 17 : \u00AB D'apr\u00E8s son image au tombeau de Charles-Martel [p\u00E8re Cahier, p. 742] \u00BB). Saint Trophime (S. TROPHIMVS) aurait \u00E9t\u00E9 le premier \u00E9v\u00EAque d\u2019Arles au IIIe si\u00E8cle, l\u2019un des sept missionnaires, d\u2019apr\u00E8s saint Gr\u00E9goire de Tours, envoy\u00E9s par Rome pour \u00E9vang\u00E9liser la Gaule durant les pers\u00E9cutions de D\u00E8ce en 250. \u00AB \u00C9v\u00EAque d\u2019Arles, disciple de saint Paul \u00BB d\u2019apr\u00E8s Henry, Trophime est assis sur une base de colonne en pierre et rev\u00EAtu d\u2019un ample manteau, le cou ceint du pallium. Il montre son pied gauche band\u00E9 en r\u00E9f\u00E9rence \u00E0 ses dons de gu\u00E9risseur de la goutte. Saint C\u00E9saire (S. CESARIVS), \u00E9v\u00EAque d\u2019Arles durant quarante ans et p\u00E8re de l\u2019\u00C9glise, fut moine \u00E0 L\u00E9rins avant d\u2019\u00EAtre nomm\u00E9 \u00E9v\u00EAque, contre son gr\u00E9, au d\u00E9but du VIe si\u00E8cle. Il participa aux diff\u00E9rents conciles et d\u00E9bats th\u00E9ologiques dans une p\u00E9riode particuli\u00E8rement troubl\u00E9e (il v\u00E9cut trois invasions barbares et connut la prison et l\u2019exil). Il est ici v\u00EAtu pontificalement. Saint Symphorien (S. SYMPHORIANUS), enfin, originaire d\u2019une famille chr\u00E9tienne, subit le martyre \u00E0 vingt ans, ayant refus\u00E9 de sacrifier aux dieux pendant la pers\u00E9cution de Marc-Aur\u00E8le vers 180. On \u00E9rigea au Ve si\u00E8cle sur le lieu de son martyre l\u2019abbaye Saint-Symphorien d\u2019Autun o\u00F9 il fut v\u00E9n\u00E9r\u00E9 comme un saint national. Henry indique que son image est inspir\u00E9e du c\u00E9l\u00E8bre tableau de Jean-Auguste-Dominique Ingres\u00A0(1780-1867),\u00A0Le martyre de saint Symphorien, conserv\u00E9 \u00E0 la cath\u00E9drale d'Autun. \n\u00C0 la droite de Pie IX figurent dix personnages nimb\u00E9s et un jeune enfant. De droite \u00E0 gauche, en t\u00EAte, se trouvent\u00A0saint Denis, premier \u00E9v\u00EAque de Paris (IIIe si\u00E8cle), saint Germain \u00E9v\u00EAque d\u2019Auxerre (vers 380-448), et saint Martin, \u00E9v\u00EAque de Tours (vers 335-397). Saint Denis (S. DYONISIVS [sic]), qui mourut d\u00E9capit\u00E9 vers 258, aurait, selon la l\u00E9gende, ramass\u00E9 sa t\u00EAte avant de s\u2019effondrer sur le lieu o\u00F9 s'\u00E9l\u00E8ve aujourd\u2019hui la n\u00E9cropole royale de Saint-Denis. Saint c\u00E9phalophore, Denis est v\u00EAtu ici pontificalement et nimb\u00E9 d\u2019un halo vide (rare repr\u00E9sentation) car il tient sa t\u00EAte devant lui de la main gauche. Saint Germain (S. GERMANVS), \u00E9v\u00EAque d\u2019Auxerre depuis 418, remplit durant quarante ans ses fonctions et mourut dans la capitale imp\u00E9riale d\u2019Occident, Ravenne, o\u00F9 il \u00E9tait venu plaider la cause des Bretons secou\u00E9s par le p\u00E9lagianisme. Son corps, ramen\u00E9 \u00E0 Auxerre, fut inhum\u00E9 dans l\u2019oratoire de l\u2019abbaye qu\u2019il avait cr\u00E9\u00E9e. V\u00EAtu pontificalement, selon le dessin que reproduit Cahier (p. 31), il pr\u00E9sente ici la m\u00E9daille qu\u2019il avait remise \u00E0 la jeune sainte Genevi\u00E8ve, future patronne de Paris. Saint Martin (S. MARTINVS), ancien tribun militaire romain, fut choisi contre son gr\u00E9 comme \u00E9v\u00EAque de Tours en 371. Ayant fond\u00E9 auparavant, le premier monast\u00E8re des Gaules \u00E0 Ligug\u00E9, il s\u2019\u00E9tait attach\u00E9 \u00E0 d\u00E9velopper la vie monastique en formant de nombreux clercs qui eux-m\u00EAmes essaim\u00E8rent. Ici, il est rev\u00EAtu pontificalement et accompagn\u00E9 d\u2019une oie : \u00AB La pratique populaire lui attribue une oie bien que l\u2019on ne sache au juste ce qu\u2019\u00E9tait l\u2019oiseau de saint Martin \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 18 ; Cahier, op. cit., vol. 2, p. 580 : \u00AB On place pr\u00E8s de lui une oie pr\u00E9tendant que le cri de ces oiseaux le trahirent lorsqu'il se cacha pour ne pas \u00EAtre \u00E9lev\u00E9 \u00E0 l'\u00E9piscopat. D'autres pensent qu'il a pu faire ob\u00E9ir des oiseaux p\u00EAcheurs repr\u00E9sentant le d\u00E9mon : d'o\u00F9 l'appellation de martin-p\u00EAcheur. \u00C0 moins que ce ne soit tout simplement une r\u00E9f\u00E9rence \u00E0 la saison de la chasse : Martin est f\u00EAt\u00E9 le 11 novembre\u00BB). Vient ensuite, sym\u00E9triquement par rapport \u00E0 Pie IX et Blandine, sainte Colombe de Sens (S. COLVMBA), vierge et martyre (+ vers 273-274). R\u00E9fugi\u00E9e en Bourgogne pour fuir les pers\u00E9cutions en Espagne dont elle \u00E9tait originaire, elle subit le martyre en 274 apr\u00E8s avoir refus\u00E9 de renoncer \u00E0 sa foi et \u00E0 sa virginit\u00E9. Plac\u00E9e sur un b\u00FBcher dont les flammes furent \u00E9teintes par la pluie, elle fut d\u00E9capit\u00E9e. \u00C0 l\u2019emplacement de son tombeau, on \u00E9rigea au VIIe si\u00E8cle l\u2019abbaye Sainte-Colombe de Saint-Denis-l\u00E8s-Sens qui devint un haut lieu de p\u00E8lerinage. V\u00EAtue \u00E0 l\u2019antique, ligot\u00E9e \u00E0 un pieu, elle est ici debout pieds nus sur un b\u00FBcher fumant. Suivent deux \u00E9v\u00EAques : saint Martial, premier \u00E9v\u00EAque de Limoges (IIIe si\u00E8cle), et saint Hilaire, \u00E9v\u00EAque de Poitiers (vers 315-367/368). Martial (S. MARTIALIS), mentionn\u00E9 par saint Sidoine Apollinaire et saint Gr\u00E9goire de Tours comme le premier \u00E9vang\u00E9lisateur du Limousin, aurait \u00E9t\u00E9 l\u2019un des sept \u00E9v\u00EAques envoy\u00E9s de Rome en Gaule vers les ann\u00E9es 250. Il est v\u00EAtu pontificalement et porte une haute croix (symbole de r\u00E9demption) au lieu d\u2019une crosse \u00AB d\u2019apr\u00E8s une vieille estampe \u00BB \u00E9crit Henry (Dais artistique..., op. cit., p. 18). Saint Hilaire combattit en Orient l\u2019arianisme et le sabellianisme avant d\u2019\u00EAtre nomm\u00E9 \u00E9v\u00EAque de Poitiers en 350 o\u00F9 il favorisa l\u2019instauration du monachisme en soutenant notamment saint Martin \u00E0 Ligug\u00E9. \u00C9lev\u00E9 au rang de docteur de l\u2019\u00C9glise par Pie IX en 1851, il est ici v\u00EAtu pontificalement. Selon la tradition, un serpent entoure la base de sa crosse pour symboliser les forces du mal, basses et obscures, contre lesquelles le saint a lutt\u00E9. Saint Quentin (S. QVINTINVS ; 285-305), chevalier romain converti, participa \u00E0 l\u2019\u00E9vang\u00E9lisation du Beauvaisis et de la Picardie. Les Romains l\u2019arr\u00EAt\u00E8rent \u00E0 Soissons et le supplici\u00E8rent alors qu\u2019il avait vingt ans. La ville de Saint-Quentin s\u2019\u00E9l\u00E8ve sur le lieu de son martyre. Puis saint Honorat (S. HONORATVS), \u00E9v\u00EAque d\u2019Arles (+ vers 429-430), saint Didier de Langres (S. DESIDERIVS),\u00A0premier \u00E9v\u00EAque de Langres et martyr (+ 407), et saint Claude (S. CLAVDIVS), \u00E9v\u00EAque de Besan\u00E7on au VIe si\u00E8cle, ferment la marche. Honorat dont la saintet\u00E9 et la vigueur dans la d\u00E9fense de la foi avaient \u00E9mu jusqu\u2019au monde romain environnant, fonda le monast\u00E8re de l\u2019\u00EEle de L\u00E9rins qui devint un important centre spirituel et une p\u00E9pini\u00E8re d\u2019\u00E9v\u00EAques et de saints. Il est v\u00EAtu pontificalement, et, selon une repr\u00E9sentation traditionnelle, accompagn\u00E9 d\u2019un palmier qui symbolise ici l\u2019immortalit\u00E9 de l\u2019\u00E2me. Didier dont la pr\u00E9sence est attest\u00E9e au concile de Sardique (actuelle Sofia) en 343 destin\u00E9 \u00E0 apaiser les conflits entre l\u2019\u00C9glise d\u2019Occident et celle d\u2019Orient notamment touch\u00E9e par l\u2019arianisme, mourut \u00E9gorg\u00E9 en d\u00E9fendant son dioc\u00E8se contre les envahisseurs Vandales. Il est v\u00EAtu pontificalement, Henry ajoutant : \u00AB Nous n\u2019avons os\u00E9 lui mettre, ce qui se fait souvent comme \u00E0 saint Denis, la t\u00EAte dans les mains \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 19). Claude enfin, \u00E9v\u00EAque de Besan\u00E7on, assista au concile de Lyon en 529. Retir\u00E9 dans son monast\u00E8re de Condat o\u00F9 il mourut, il serait \u00E0 l\u2019origine de plusieurs miracles, et son corps, parfaitement conserv\u00E9 cinq cents ans apr\u00E8s sa mort, suscita l\u2019empressement des p\u00E8lerins. Il est v\u00EAtu pontificalement, un enfant \u00E0 ses pieds, puisqu\u2019il aurait sauv\u00E9 une m\u00E8re infanticide du d\u00E9mon et \u00AB ressuscit\u00E9 son enfant retir\u00E9 d\u2019un puits (p\u00E8re Cahier, p. 154) \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p. 19). Le dessin de Maillot est inspir\u00E9 de celui de Cahier qui reproduit, dit-il, une \u00AB peinture sur bois n\u00E9erlandaise dont des fragments seraient visibles \u00E0 Douai \u00BB. Maillot a pu \u00E9galement s\u2019inspirer de l\u2019effigie du saint avec l\u2019enfant \u00E0 ses pieds, grav\u00E9e sur la Croix pectorale des premiers chanoines de Saint-Claude au XVIIIe si\u00E8cle.\nEn regard de Marie pleurant sur les p\u00E9ch\u00E9s et les violences du monde, Pie IX illustre la d\u00E9fense de l\u2019autorit\u00E9 universelle de l\u2019\u00C9glise catholique et t\u00E9moigne des relations entre la R\u00E9publique fran\u00E7aise et le Saint-Si\u00E8ge. Le souverain pontife, alors en lutte contre la franc-ma\u00E7onnerie et le gallicanisme, ouvrait en 1869 le premier Concile \u0153cum\u00E9nique au Vatican au cours duquel il proclamait en 1870 son infaillibilit\u00E9 en terme de dogme. Dans le courant conservateur, il renouvelait aussi son refus d\u2019un monde moderne, entra\u00EEn\u00E9 dans des \u00AB erreurs \u00BB qu\u2019il avait d\u00E9j\u00E0 d\u00E9nonc\u00E9es en 1864 dans la bulle Syllabus ou \u00AB Catalogue des erreurs du si\u00E8cle \u00BB. Afin de r\u00E9affirmer les principes m\u00EAmes de la soci\u00E9t\u00E9 fran\u00E7aise, catholique et monarchique, Joseph-Alphonse Henry repr\u00E9sente les grandes figures des dynasties qui ont fait le royaume : m\u00E9rovingiens, carolingiens et cap\u00E9tiens se succ\u00E8dent, tel Charlemagne, couronn\u00E9 \u00E0 Rome en 800 en signe d\u2019all\u00E9geance au pape, ou Charles VII, admettant du Saint-Si\u00E8ge une primaut\u00E9 spirituelle mais se r\u00E9servant la mainmise sur le clerg\u00E9 fran\u00E7ais, tandis qu\u2019en contrepoint, sur la face du dais consacr\u00E9e au XVIIe si\u00E8cle, Bossuet repr\u00E9sente la d\u00E9fense du gallicanisme. Le dais du sanctuaire de Notre-Dame de\u00A0La Salette, tout en demeurant, par son programme et par sa richesse d\u2019ex\u00E9cution le t\u00E9moignage pr\u00E9cieux d\u2019une chr\u00E9tient\u00E9 forte et rayonnante, transmet aussi, \u00E0 travers certains personnages et dans une vision coh\u00E9rente des \u00E9v\u00E9nements replac\u00E9s dans leur contexte, l\u2019id\u00E9e d\u2019une \u00C9glise fermement camp\u00E9e sur ses convictions : violences des croisades (Saint-Louis n\u2019affirmait-il pas que la foi ne peut-\u00EAtre d\u00E9fendue \u00AB qu'avec l'\u00E9p\u00E9e, et [que] l\u2019on doit donner de l'\u00E9p\u00E9e dans le ventre autant qu'elle peut y entrer \u00BB !), violence des Guerres de Religion, intol\u00E9rance \u00E0 l\u2019\u00E9gard des communaut\u00E9s et confessions non catholiques\u2026 Dans un registre plus pacifique, Henry insiste aussi sur l\u2019influence et le rayonnement des grands fondateurs d\u2019ordres religieux, mettant en avant l\u2019importance des \u00E9coles congr\u00E9gationistes auxquelles s\u2019opposaient les vues humanitaires de la Troisi\u00E8me R\u00E9publique dont l\u2019\u00E9ducation et l\u2019enseignement la\u00EFcs devaient rivaliser avec la morale et les principes religieux.\u00A0\u00A0\u00A0 \nPour porter ce discours fortement engag\u00E9, il s'adresse \u00E0 Th\u00E9odore-Pierre-Nicolas Maillot (1826-1888), peintre parisien d\u2019histoire et de sujets religieux, nomm\u00E9 chevalier de la L\u00E9gion d\u2019honneur en 1870. \u00C9l\u00E8ve \u00E0 l\u2019\u00C9cole des Beaux-Arts de Paris dans la classe de Fran\u00E7ois-\u00C9douard Picot (1786-1868), il fut aussi l\u2019\u00E9l\u00E8ve de L\u00E9on Cogniet (1794-1880). Second prix de Rome en 1850, il exposa aux Salons de 1852 \u00E0 1876. Il re\u00E7ut le Premier prix de Rome en 1854 avec Abraham lavant les pieds des trois anges\u00A0(Paris, \u00C9cole nationale sup\u00E9rieure des Beaux-Arts, inv. PRP 101 ; n\u00B0 d'entr\u00E9e MU 2988)\u00A0et resta pensionnaire de l\u2019\u00C9cole fran\u00E7aise \u00E0 la Villa M\u00E9dicis \u00E0 Rome entre 1855 et 1858. \nDans le registre religieux, on conna\u00EEt de lui notamment plusieurs compositions \u00E0 l\u2019huile sur toile maroufl\u00E9e : L\u2019incr\u00E9dulit\u00E9 de saint Thomas (1851-1852), tableau de l\u2019\u00E9glise de M\u00E9r\u00E9 dans les Yvelines, Le Christ mort (1856), dans l\u2019\u00E9glise Saint-Nicolas de Meaux, Saint Remi\u00A0fait distribuer aux pauvres apr\u00E8s une f\u00EAte les restes du festin au lieu de les abandonner aux baladins et aux jongleurs qui \u00E9taient pr\u00E9sents, comme c'\u00E9tait la coutume en ce temps-l\u00E0 (1859-1860), au mus\u00E9e Ingres de Montauban (inv. MID 862.1), Le Christ et la Samaritaine (1860-1862), visible dans la chapelle de la Pr\u00E9sentation de la cath\u00E9drale Saint-Louis de Versailles, puis, entre 1875 et 1885, quatre panneaux du cycle des Miracles de sainte Genevi\u00E8ve dont seuls les deux premiers furent install\u00E9s avant le d\u00E9c\u00E8s de l\u2019artiste dans l\u2019\u00E9glise Sainte-Genevi\u00E8ve \u00E0 Paris (actuel Panth\u00E9on), alors rendue au culte catholique. Le carton pour La Procession de la ch\u00E2sse de Sainte Genevi\u00E8ve \u00E0 Paris en 1496 fut expos\u00E9 au Salon de 1876. On conna\u00EEt \u00E9galement de Maillot quelques \u0153uvres profanes, et le mus\u00E9e des Tissus de Lyon conserve quatre mises en carte dessin\u00E9es par lui pour un dossier de canap\u00E9 de la maison Henry J.-A., o\u00F9 les sc\u00E8nes de danse et une sc\u00E8ne galante illustrent tout \u00E0 fait le go\u00FBt n\u00E9o-renaissance alors en vogue dans la seconde moiti\u00E9 du XIXe si\u00E8cle (inv. MT 49272.1 \u00E0 MT 49272.4). Afin de satisfaire au programme \u00E0 la fois politique et religieux projet\u00E9 par Joseph-Alphonse\u00A0Henry, l\u2019artiste aurait puis\u00E9 la plupart de ses sources iconographiques \u00E0 la Biblioth\u00E8que Richelieu (Biblioth\u00E8que nationale de France) : manuscrits, cahiers de dessins et d\u2019estampes, en particulier ceux du fonds rassembl\u00E9 par le collectionneur Roger de Gaigni\u00E8res, ou, pour la vie des saints, dans l\u2019ouvrage tr\u00E8s consult\u00E9 au XIXe si\u00E8cle du p\u00E8re Charles Cahier (1807-1882), de la Compagnie de J\u00E9sus. \u00C0 ceux-ci s\u2019ajoutent quelques portraits c\u00E9l\u00E8bres ou officiels, peints ou sculpt\u00E9s. Le choix des personnages n\u2019est pas justifi\u00E9 par le fabricant mais celui-ci pr\u00E9cise tr\u00E8s succinctement dans son opuscule de 1876 les sources qui ont conduit \u00E0 leur repr\u00E9sentation. Celles-ci ont \u00E9t\u00E9, dans la mesure du possible, identifi\u00E9es. Quant \u00E0 la composition, une longue th\u00E9orie autour de la Piet\u00E0 et de Pie IX, elle trouve son origine dans la litanie des saints mais aussi dans l\u2019id\u00E9e d\u2019un programme iconographique ambitieux o\u00F9 s\u2019illustre une vision id\u00E9alis\u00E9e de l\u2019Homme. Une composition fr\u00E9quente au XIXe si\u00E8cle tant en art civil que religieux. \nMaillot, de retour de Rome est impr\u00E9gn\u00E9 de l\u2019Italie mais aussi instruit de l\u2019esprit de l\u2019\u00C9cole lyonnaise dans la veine catholique initi\u00E9e notamment par Hippolyte Flandrin (1809-1864), une veine \u00AB quelque peu onirique [\u2026], un id\u00E9alisme g\u00E9n\u00E9ral, une vision personnelle et la r\u00E9f\u00E9rence italienne [\u2026] qui sont quelques unes des caract\u00E9ristiques de cette \u00E9cole de Lyon \u00BB, selon Gilles Chomer (Gilles Chomer, \u00AB Quelques traits de la vie artistique \u00BB, Le Rh\u00F4ne, naissance d'un d\u00E9partement, Archives d\u00E9partementales du Rh\u00F4ne, 1990, p. 267-280). \nEnfin, le cadre ornemental que propose Maillot, fait de rinceaux d\u2019acanthes et de culots de v\u00E9g\u00E9taux d\u2019inspiration gothique, renforce ce souci d\u2019un id\u00E9al religieux m\u00E9di\u00E9val trop souvent oubli\u00E9 ou perdu en cette Troisi\u00E8me R\u00E9publique. Dans le m\u00EAme esprit et \u00E0 la suite de Flandrin, le peintre breton Alphonse-Fran\u00E7ois le H\u00E9naff (1821-1884) r\u00E9alisait \u00E0 la peinture \u00E0 la cire\u00A0entre 1871 et 1876 la fresque de La\u00A0procession des saints de Bretagne pour le d\u00E9ambulatoire du ch\u0153ur de la cath\u00E9drale Saint-Pierre de Rennes. \u00C0 Lyon, quelques ann\u00E9es plus tard, Gaspard Poncet (1820-1892), qui apporta d\u2019ailleurs brillamment sa collaboration \u00E0 partir de 1889 \u00E0 la manufacture Henry J.-A.\u00A0avec les dessins de l'ornement ang\u00E9lique, livrera les cartons des mosa\u00EFques du cachot de saint Pothin \u00E0 l\u2019Antiquaille et de la crypte de Saint-Nizier o\u00F9 cheminent de la m\u00EAme mani\u00E8re, palmes \u00E0 la main, les saints martyrs de 177.\nSur le plan de la r\u00E9alisation, Joseph-Alphonse Henry innovait, en produisant le dais de La Salette,\u00A0avec l\u2019utilisation de ce qu\u2019il appelait le \u00AB point des Gobelins \u00BB, pour la \u00AB premi\u00E8re fois, disait-il, en usage dans la fabrique lyonnaise \u00BB (Dais artistique..., op. cit., p.\u00A06). Un proc\u00E9d\u00E9 de fa\u00E7onn\u00E9 qu\u2019il aurait \u00AB d\u00E9pos\u00E9 \u00E0 Lyon pour quinze ans \u00BB autour de 1870 dans les premi\u00E8res ann\u00E9es de la direction de la manufacture (J. A. H. Livre des Patrons n\u00B0 1 ; ann\u00E9es 1871-1875, Pon 1001, Lyon, archives de la manufacture Prelle) : un tissu \u00E0 fond taffetas dont les trames compl\u00E9mentaires dominent en couvrant enti\u00E8rement la cha\u00EEne, comme dans la technique de la tapisserie, alors que la r\u00E9duction cha\u00EEne est tr\u00E8s peu \u00E9lev\u00E9e. On rel\u00E8ve, outre des effets de hachures et de relais, un effet de relief qui se rapproche esth\u00E9tiquement des d\u00E9cors histori\u00E9s brod\u00E9s d\u2019or, tels qu\u2019il s\u2019en fit \u00E0 la Renaissance dans l\u2019art des tissus de luxe. Ici, les fils d\u2019or et d\u2019argent, les fils de soie et de soie chin\u00E9e, leur finesse et la multiplication des nuances subtilement agenc\u00E9es dans une technique parfaitement ma\u00EEtris\u00E9e, conf\u00E8rent \u00E0 l\u2019\u0153uvre, construite avec une minutie arch\u00E9ologique et un souci figuratif proche de l\u2019art du portrait, une qualit\u00E9 exceptionnelle, servie par l\u2019excellence des mises en carte de Jean Leroudier (1837-1916) notamment. \n L\u2019entreprise lyonnaise, Henry J.-A., puis Truchot J. et Grassis, puis Truchot J. et Cie, fabricant de dorures et d\u2019\u00E9toffes pour ornements d\u2019\u00C9glise et tissus d\u2019ameublement, connut entre 1870 et 1940 une p\u00E9riode particuli\u00E8rement prosp\u00E8re. Elle fut r\u00E9guli\u00E8rement r\u00E9compens\u00E9e lors des Expositions nationales et internationales. Ce dais n\u2019a \u00E9t\u00E9 r\u00E9alis\u00E9 qu\u2019en deux exemplaires : celui que le fabricant tissa pour le sanctuaire de La Salette dont la pr\u00E9sence est attest\u00E9e dans la presse locale et dans les r\u00E9cits illustr\u00E9s des processions qui se sont d\u00E9roul\u00E9es sur le site m\u00EAme des apparitions. On peut lire notamment que le dais, inaugur\u00E9 lors de la F\u00EAte-Dieu le 15 juin 1876, aurait comport\u00E9 \u00E0 l\u2019int\u00E9rieur (non accessible aujourd\u2019hui), inscrites en lettres n\u00E9ogothiques, les paroles de Marie aux enfants de La Salette (\u00AB Le dais de Notre-Dame de La Salette\u00BB, op. cit., p. 597). Par ailleurs les archives Henry nous apprennent la pr\u00E9sence d\u2019un ciel de dais et d\u2019une bordure interm\u00E9diaire qui semblent, \u00E0 ce jour, avoir disparu (J. A. H. Livre des Patrons n\u00B0 1 ; ann\u00E9es 1871-1875,\u00A0Pon 1146, Lyon, archives de la manufacture Prelle : \u00AB 10 f\u00E9vrier 1876. Bordure broch\u00E9e du dais Pon 1067 : la bordure est lue en 400 ; le ciel de dais est lu en 632. Dessinateur (non renseign\u00E9) ; liseur Lespinasse ; tisseur ma\u00EEtre Folliet \u00BB). On reconna\u00EEt aussi la pi\u00E8ce, photographi\u00E9e en 1900 sur l\u2019un des opuscules \u00E9dit\u00E9s en souvenir d'un p\u00E8lerinage \u00E0 Notre-Dame de La Salette, mont\u00E9e sur des hampes sculpt\u00E9es, lanc\u00E9ol\u00E9es et empanach\u00E9es, en souvenir de l'\u00E9tablissement de la F\u00EAte-Dieu. L\u2019auteur de l\u2019article pr\u00E9cise que, dans le courant de l\u2019ann\u00E9e, les panneaux d\u00E9mont\u00E9s \u00E9taient expos\u00E9s au fond des basses nefs de la basilique du site (Souvenir du p\u00E8lerinage, op. cit., p. 45 : \u00AB Quatre \u00E9normes lances, surmont\u00E9es chacune d'un riche panache, soutiennent les quatre pentes en souvenir des riches draperies que le roi Philippe le Bel et les principaux seigneurs de sa cour tinrent suspendues au bout de leurs hallebardes [...] \u00BB). Aujourd\u2019hui les quatre pentes aux teintes passablement ternies, encadr\u00E9es de bois noirci, figurent au mus\u00E9e du Sanctuaire. L\u2019exemplaire de Lyon, identique \u00E0 celui de La Salette hormis quelques rares variantes de coloris, avait \u00E9t\u00E9 acquis par la Chambre de Commerce de Lyon en 1879, \u00E0 l\u2019\u00E9tat neuf, apr\u00E8s l\u2019Exposition universelle de 1878 o\u00F9 il avait figur\u00E9 et permis \u00E0 Henry d\u2019obtenir la M\u00E9daille d\u2019Or (\u00AB Lettre du Pr\u00E9sident de la Chambre de Commerce de Lyon au conservateur du mus\u00E9e d'Art et d'Industrie en date du 8 f\u00E9vrier 1879 \u00BB, archives du mus\u00E9e des Tissus). \nLe mus\u00E9e des Tissus conserve \u00E9galement les vingt-deux mises en carte de l\u2019\u0153uvre, ce qui la pr\u00E9servait depuis sa cr\u00E9ation de toute forme de copie ou de pastiche ult\u00E9rieurs (inv. MT 49271.1 \u00E0 MT 49271.22). Nagu\u00E8re, enfin, le\u00A0mus\u00E9e des Tissus a obtenu en don de la famille Truchot un tissage de la pente d\u2019Orient (inv. MT 2015.5.10), sp\u00E9cimen de \u00AB pr\u00E9sentation \u00BB qui a figur\u00E9, notamment, au Salon des Arts d\u00E9coratifs de Lyon en 1884.\nL\u2019art religieux qui s\u2019\u00E9tait \u00E9panoui et exalt\u00E9 dans les r\u00EAves humanitaires de la premi\u00E8re moiti\u00E9 du XIXe si\u00E8cle, se teinte dans les ann\u00E9es 1870 des ambitions l\u00E9gitimistes du comte de Chambord et s\u2019oppose \u00E0 l\u2019anticl\u00E9ricalisme militant qui s\u00E9vit depuis les derni\u00E8res ann\u00E9es du Second Empire. Le Dais de Notre-Dame de La Salette illustre parfaitement le souci de la manufacture Henry J.-A. de mettre g\u00E9n\u00E9reusement au service d\u2019un programme iconographique particuli\u00E8rement riche de sens un savoir-faire exceptionnel. L\u2019\u0153uvre, sur laquelle se d\u00E9roule la longue th\u00E9orie qui exalte le culte de la Vierge et des saints incarn\u00E9s, mod\u00E8les de foi et de d\u00E9votion, met en relief l\u2019importance chez les chr\u00E9tiens catholiques de ces \u00AB intercesseurs \u00BB entre l\u2019Homme et le Cr\u00E9ateur et celle de rendre visible, dans une vision \u00E9clectique et id\u00E9ale, le sens ultime de la destin\u00E9e humaine. Dans la poursuite de cette d\u00E9marche de foi qui s\u2019inscrit dans la mati\u00E8re au service de la liturgie, et au-del\u00E0 de l\u2019aspect commercial \u00E9vident, l\u2019art de la paramentique connut \u00E0 Lyon au XIXe si\u00E8cle un \u00E2ge d\u2019or in\u00E9gal\u00E9.\nMarie Bouzard"@fr . "2021-02-10T00:00:00"^^ .