. . "2021-02-10T00:00:00"^^ . "La laize, un satin broch\u00E9 \u00E0 liage repris, pr\u00E9sente un grand rapport de dessin, haut de cent vingt-et-un centim\u00E8tres environ, sur fond serg\u00E9 ciel o\u00F9 s'enl\u00E8vent des cartouches et des m\u00E9daillons fond satin cr\u00E8me.\u00A0Le cartouche principal est abrit\u00E9 sous un dais form\u00E9 par des draperies en peau de l\u00E9opard doubl\u00E9e de rose.\u00A0Les c\u00F4t\u00E9s du dais sont relev\u00E9s par des guirlandes de roses, tandis que sa partie sup\u00E9rieure est nou\u00E9e par un ruban rose soutenu par un oiseau en vol. Sous le dais\u00A0apparaissent, dans un paysage fleuri, un faisan dor\u00E9 (Chrysolophus pictus), un canard colvert (Anas platyrhynchos) et\u00A0un couple de\u00A0lapins. De part et d'autre de l'oiseau en vol, deux vases cornets enguirland\u00E9s contiennent chacun un grand bouquet de fleurs. Un ruban rose, suspendu \u00E0 la partie inf\u00E9rieure du cartouche, soutient une couronne de fleurs formant un m\u00E9daillon fond satin cr\u00E8me. Lorsque les laizes \u00E9taient rabout\u00E9es par le tapissier, elles formaient une large composition en quinconce, divis\u00E9e en compartiments mat\u00E9rialis\u00E9s par les guirlandes de roses, suspendues en festons aux vases cornets et glissant sur les dais, o\u00F9 cartouches et m\u00E9daillons alternaient.\nLe mus\u00E9e des Tissus conserve la mise en carte originale de la sc\u00E8ne contenue dans le cartouche, sous le dais, avec le faisan dor\u00E9, pour dossier de fauteuil\u00A0(inv. MT 22047), le fond de si\u00E8ge avec un paon et d'autres oiseaux, dans un cartouche fond satin\u00A0cr\u00E8me contenu dans un entour de fleurs sur fond serg\u00E9 ciel (inv. MT 2880), un \u00E9l\u00E9ment de bordure avec des cartouches fond satin cr\u00E8me, dans des entours de fleurs nou\u00E9s de draperies l\u00E9opard, contenant\u00A0un faisan ou des oiseaux sur fond\u00A0serg\u00E9 ciel (inv. MT 2895),\u00A0ainsi qu'un autre exemplaire de la tenture, fond serg\u00E9 jaune (inv. MT 1286). Comme la laize, ce dernier a \u00E9t\u00E9 tiss\u00E9 dans une largeur inhabituelle de soixante-et-un centim\u00E8tres. La laize \u00AB au faisan dor\u00E9 \u00BB, par ailleurs,\u00A0a conserv\u00E9 ses deux lisi\u00E8res. Elles pr\u00E9sentent la particularit\u00E9 d'\u00EAtre diff\u00E9rentes sur le c\u00F4t\u00E9 gauche et sur le c\u00F4t\u00E9 droit. Elles comportent toutes deux\u00A0six cordelines compos\u00E9es chacune d'un gros cordonnet de soie cr\u00E8me (retors S de deux bouts de faible torsion S), \u00E0 gauche, et du m\u00EAme cordonnet pour quatre d'entre elles \u00E0 droite, les deux suivantes \u00E9tant en fils de cha\u00EEne multiples de soie cr\u00E8me, rouge, bleu et\u00A0vert fonc\u00E9. Elles sont tiss\u00E9es en cannel\u00E9, \u00E0 gauche, et en taffetas, \u00E0 droite. Elles sont suivies d'une mignonnette en satin (de 8, cha\u00EEne, d\u00E9cochement 3) avec une cha\u00EEne en organsin de soie noire (fil double), \u00E0 gauche, et en organsin de soie \u00E0 dominante cr\u00E8me, avec des fils de couleur rouge, jaune, vert clair, bleu et brun, \u00E0 droite. Lorsqu'on regarde la laize, la lisi\u00E8re gauche attire donc l'attention, puisqu'elle est ray\u00E9e d'une bande noire. Cette particularit\u00E9 est une marque que Philippe de Lasalle \u00E9tait tenu d'utiliser pour distinguer les \u00E9toffes m\u00E9lang\u00E9es qu'il avait obtenu le droit de fabriquer dans des circonstances exceptionnelles. \nEn 1771, en effet, la Fabrique lyonnaise subissait une nouvelle crise, dont les causes et les effets sont rappel\u00E9s par le m\u00E9moire qu'adressent, en mars 1772, les ma\u00EEtres ouvriers\u00A0\u00E0 Jean-Charles-Philibert Trudaine de Montigny (1733-1777), car \u00AB les cris et les g\u00E9missements continuels d'un corps d'ouvriers le plus consid\u00E9rable du Royaume [...] ne leur permettent plus de garder le silence. \u00BB Tous les \u00AB maux \u00BB\u00A0qui accablent la Fabrique sont alors rappel\u00E9s : les deuils successifs qui ont affect\u00E9 les cours europ\u00E9ennes, la trop grande quantit\u00E9 d'\u00E9toffes fabriqu\u00E9es \u00E0 l'occasion du mariage du dauphin et rest\u00E9e invendue, la guerre dans les pays du Nord qui ferme les principaux d\u00E9bouch\u00E9s, les progr\u00E8s des manufactures \u00E9trang\u00E8res que l'\u00E9migration des ouvriers de Lyon \u00AB\u00A0fortifie et perfectionne tous les jours\u00A0\u00BB, les mauvaises r\u00E9coltes qui augmentent le prix des soies..., autant de causes qui expliquent \u00AB\u00A0une cessation presque g\u00E9n\u00E9rale dont la dur\u00E9e ne fut jamais si consid\u00E9rable en aucun temps\u00A0\u00BB (Paris, Archives nationales, F121441).\nPhilippe de Lasalle est alors en train de perfectionner le m\u00E9tier \u00E0 semple amovible qu'il a invent\u00E9 et qui lui permet, tout en renouvelant le dessin, d'abaisser les co\u00FBts de production. Par ailleurs, il imagine de produire des meubles en satin\u00A0ou en cannetill\u00E9, broch\u00E9s \u00E0 plusieurs lats, dont les trames de\u00A0fond, peu visibles, sont en mat\u00E9riaux moins chers que la soie (schappe latt\u00E9e de coton, coton ou lin), et les trames broch\u00E9es en schappe, pour les couleurs les plus mates, afin de r\u00E9aliser des \u00E9toffes \u00E0 prix v\u00E9ritablement comp\u00E9titif. Le premier exemple de ce type de meubles est vraisemblablement la tenture dite \u00AB Les Perdrix \u00BB (inv. MT 2882), qu'il est en train de tisser lorsqu'il invite, en 1772, les ma\u00EEtres-gardes de Lyon \u00E0 se rendre \u00E0 son domicile, rue Royale, au premier \u00E9tage, pour examiner le m\u00E9tier de son invention \u00E0 semple mobile, permettant de\u00A0produire ais\u00E9ment de grands rapports de dessin sur la hauteur d'une laize. Les deux semples amovibles divisent le d\u00E9cor en deux parties correspondant chacune \u00E0 plus de cinquante centim\u00E8tres d'\u00E9toffe. Les ma\u00EEtres-gardes sont impressionn\u00E9s par ce syst\u00E8me et par cette \u00AB\u00A0\u00E9toffe fond carrel\u00E9 bleu, broch\u00E9e soye, a plusieurs lats, dont le dessein contenoit soixante dizaines \u00BB (Paris, Archives nationales de France, F121444A, Proc\u00E8s-verbal dress\u00E9 par les ma\u00EEtres-gardes, 9 novembre 1772).\u00A0Cette tenture a \u00E9t\u00E9 livr\u00E9e \u00E0 Louis-Joseph de Bourbon, prince de Cond\u00E9, pour le Palais Bourbon, et elle a\u00A0\u00E9t\u00E9 utilis\u00E9e pour le Salon d'attente de Bathilde d'Orl\u00E9ans, duchesse de Bourbon, la fille du prince et l'\u00E9pouse de Louis-Henri de Bourbon-Cond\u00E9. En 1773, elle fut aussi livr\u00E9e \u00E0 l'imp\u00E9ratrice de toutes les Russies, Catherine II. Elle fut utilis\u00E9e pour le Boudoir au premier \u00E9tage du Grand Palais de Peterhof.\nCette m\u00EAme ann\u00E9e 1773, Philippe de Lasalle livre aussi \u00E0 l'imp\u00E9ratrice une autre\u00A0\u00E9toffe remarquable, la tenture dite \u00AB de Tchesm\u00E9 \u00BB (inv. MT 2886), elle aussi r\u00E9alis\u00E9e gr\u00E2ce au m\u00E9tier \u00E0 semple mobile au moyen de soie, de coton et de schappe. Le prix de cette tenture, consign\u00E9 dans les Archives de\u00A0la maison imp\u00E9riale (\u0420\u0413\u041D\u0410, \u0424 468, \u043E\u043F. I. \u0414. 3888, 1773 \u0433., \u043B. 156/RGIA, F. 468, liste 1, n\u00B0 3888, 1773, p. 156), para\u00EEt, en effet, d\u00E9risoire (dix roubles cinquante kopecks par archine) par rapport au co\u00FBt de la tenture dite \u00AB au Paon et au Faisan \u00BB (inv. MT 1278), livr\u00E9e en 1778 pour vingt-cinq roubles l'archine.\nCette capacit\u00E9 de Philippe de Lasalle \u00E0 maintenir son activit\u00E9 durant la grande crise de 1771-1772 gr\u00E2ce \u00E0 l'invention du semple\u00A0amovible et \u00E0 la production d'\u00E9toffes m\u00E9lang\u00E9es, en soie,\u00A0coton ou lin\u00A0et schappe, a peu \u00E9t\u00E9 soulign\u00E9e.\u00A0Au d\u00E9but de l'ann\u00E9e 1778, pourtant, Philippe de Lasalle fait rappeler l'\u00E9tat de ses travaux au Directeur g\u00E9n\u00E9ral des Finances (Archives nationales de France, F121444A, 6 janvier 1778). Parmi les services qu'il a rendus \u00E0 la Fabrique lyonnaise, il rappelle qu'\u00AB il a fait consid\u00E9rablement travailler les ouvriers de Lyon en \u00E9toffes pour meubles pour la Russie, ou il entrait tr\u00E8s peu de soye, beaucoup de main d'\u0153uvre et dont les fleurs s'ex\u00E9cutoient avec le rebus des cocons qu'il faisoit filer. \u00BB Il obtient peu de temps apr\u00E8s une gratification de six mille livres, dont Jacques Necker l'informe dans une lettre dat\u00E9e du 13 juin, o\u00F9 il pr\u00E9cise : \u00AB Je s\u00E7ais aussi que vous av\u00E9s cr\u00E9\u00E9 dans la partie des meubles une branche de Commerce qui dans des tems de cessation de travail a occup\u00E9 un grand nombre d'ouvriers et que vous av\u00E9s \u00E9t\u00E9 autoris\u00E9 \u00E0 cette occasion par le Conseil a sortir des r\u00E8gles prescrites par les Reglemens de la Fabrique en vous assujettissant a une marque distinctive ; les remerciemens que vous ont faits en 1772 les syndics et Mrs Gardes de la fabrique de Lyon \u00E0 l'occasion du portrait de Louis XV ex\u00E9cut\u00E9 en \u00E9toffes dont vous av\u00E9s faits pr\u00E9sent \u00E0 cette Com(munau)t\u00E9 prouvent jusqu'\u00E0 quel point vous av\u00E9s port\u00E9 l'art du dessein et de la fabrication. \u00BB Necker s'est pr\u00E9alablement fait remettre un rapport (Archives nationales de France, F121444A) sur Philippe de Lasalle, dans lequel on apprend que le fabricant fut autoris\u00E9 \u00E0 \u00AB s'\u00E9carter des m\u00E9thodes usit\u00E9es de fabriquer les \u00E9toffes, en mettant une marque distinctive, pour laisser \u00E0 son g\u00E9nie l'essort dont il avait besoin, et l'on a vu sortir de son pinceau des chefs-d'\u0153uvre dans le genre d'\u00E9toffes pour meubles, en mati\u00E8re de laine, fil et bourre de soye qu'il faisait pr\u00E9parer \u00E0 sa mani\u00E8re, ce qui a prodigieusement occup\u00E9 de bras dans des temps mesme de cessation d'ouvrages et ses \u00E9toffes ont orn\u00E9 les Palais des Rois et ceux de l'imp\u00E9ratrice de Russie qui a consid\u00E9rablement fait travailler la ville de Lyon dans cette nouvelle branche d'industrie. \u00BB\nEn effet, la tenture \u00AB\u00A0au faisan dor\u00E9\u00A0\u00BB,\u00A0ex\u00E9cut\u00E9e sur une cha\u00EEne en organsin de soie cr\u00E8me (S de deux bouts, 144 fils pi\u00E8ce par centim\u00E8tre, dont 24 repris par 2 fils), a \u00E9t\u00E9 tiss\u00E9e par un coup du premier lat de fond, en lin non teint (fil\u00E9 en Z), et un coup de chaque lat de broch\u00E9 selon le d\u00E9cor (20 pass\u00E9es par centim\u00E8tre ; d\u00E9coupure de une cha\u00EEne et une pass\u00E9e), en soie (assembl\u00E9 de\u00A0trois ou quatre bouts de faible torsion S), avec dix-sept couleurs (trois tons de bleu dont un chin\u00E9, trois tons de vert dont un chin\u00E9, jaune, vert kaki,\u00A0trois tons de gris-brun, deux tons de rouge-brun, deux tons de beige ros\u00E9 dont un chin\u00E9, deux tons de rose) plus le noir et le blanc, et en ond\u00E9 de soie\u00A0cr\u00E8me (poil de soie, faible torsion S, enroul\u00E9 en Z sur une \u00E2me de soie de forte torsion Z).\nOutre la tenture dite \u00AB Les Perdrix \u00BB et celle dite \u00AB de Tchesm\u00E9 \u00BB, plusieurs autres \u00E9toffes produites par Philippe de Lasalle vers 1771-1772 et conserv\u00E9es au mus\u00E9e des Tissus comportent cette \u00AB marque distinctive \u00BB, une des deux lisi\u00E8res ray\u00E9e de noir, qui d\u00E9signe les \u00E9toffes m\u00E9lang\u00E9es : une laize de satin jaune, broch\u00E9 de fleurs nuanc\u00E9es (inv. MT 2879), une\u00A0autre en damas gros de Tours, fond cr\u00E8me, broch\u00E9 d'un bouquet nuanc\u00E9 nou\u00E9 par un ruban bleu (inv. MT 2866), un autre damas gros de Tours, fond bleu, broch\u00E9 d'un bouquet nuanc\u00E9 nou\u00E9 par un ruban rose (inv. MT 24591.2),\u00A0un\u00A0satin ponceau,\u00A0broch\u00E9 de fleurs nuanc\u00E9es (inv. MT 2867), la tenture dite \u00AB aux tourterelles dans des fleurs \u00BB sur fond de satin jaune (inv. MT 2871)\u00A0ou la tenture dite \u00AB\u00A0aux colombes\u00A0\u00BB, sur fond satin ponceau\u00A0(inv. MT 29688), par exemple. Toutes ont \u00E9t\u00E9 tiss\u00E9es sur une cha\u00EEne en soie avec une trame de fond en lin et des trames broch\u00E9es en soie, incluant de la schappe pour les couleurs mates.\nCertaines ont fait l'objet de livraisons en Russie en 1773, par l'interm\u00E9diaire du marchand Johann Weynacht, et ont \u00E9t\u00E9\u00A0enregistr\u00E9es au Bureau du Kammer-Zahlmeister avec leur prix, en roubles par archine. En 1776, les comptes imp\u00E9riaux de Catherine II consignent de nouvelles livraisons de Philippe de Lasalle, comme la fameuse tenture dite \u00AB \u00E0 la corbeille de fleurs \u00BB ou \u00AB au panier fleuri \u00BB (inv. MT 1279) ou la\u00A0 tenture dite \u00AB de Crim\u00E9e \u00BB (inv. 1280). Elles sont tiss\u00E9es tout en soie, et ne comportent plus la \u00AB marque distinctive \u00BB aux lisi\u00E8res. Elles sont aussi toutes deux tiss\u00E9es en grande largeur, environ soixante-dix-sept centim\u00E8tres, alors que les meubles livr\u00E9s en 1773\u00A0comptaient cinquante-cinq centim\u00E8tres de large environ.\nToutes ces tentures ex\u00E9cut\u00E9es pour Catherine II ont \u00E9t\u00E9 r\u00E9alis\u00E9es au moyen du semple\u00A0amovible, l'invention que Philippe de Lasalle rend op\u00E9rationnelle d\u00E8s 1771-1772, et qui lui permet de programmer plusieurs dessins sur une m\u00EAme cha\u00EEne. Dans le nouveau syst\u00E8me invent\u00E9 par Philippe de Lasalle, le semple accroch\u00E9 au m\u00E9tier s'enl\u00E8ve et peut \u00EAtre remplac\u00E9 promptement, au fur et \u00E0 mesure que le dessin progresse. Les parties du dessin, contenues dans le semple charg\u00E9 de lacs, peuvent donc \u00EAtre programm\u00E9es \u00E0 l'avance et conserv\u00E9es, faisant gagner\u00A0un temps consid\u00E9rable \u00E0 l'ouvrier et permettant l'ex\u00E9cution de grands rapports r\u00E9partis sur deux ou trois semples au moins. Le fait d'adapter le syst\u00E8me du semple amovible \u00E0 de grandes largeurs constitue \u00E9videmment un indice de progr\u00E8s dans la ma\u00EEtrise de l'outil.\u00A0\u00A0\u00A0\u00A0\u00A0\nLa tenture dite \u00AB au faisan dor\u00E9 \u00BB peut donc \u00EAtre consid\u00E9r\u00E9e comme un jalon dans l'exp\u00E9rience de Philippe de Lasalle. Puisqu'elle comporte une lisi\u00E8re ray\u00E9e de noir et une trame de fond en lin, elle appartient \u00E0 la s\u00E9rie des \u00E9toffes fa\u00E7onn\u00E9es ex\u00E9cut\u00E9es pendant la crise de 1771-1772. D\u00E8s 1774, apparemment, Philippe de Lasalle ne tisse plus d'\u00E9toffes m\u00E9lang\u00E9es. Elle a probablement \u00E9t\u00E9 con\u00E7ue apr\u00E8s la tenture dite \u00AB Les Perdrix \u00BB et celle dite \u00AB de Tchesm\u00E9 \u00BB ; elle adopte comme elle le nouveau syst\u00E8me d\u00E9coratif consistant \u00E0 envisager le meuble dans sa globalit\u00E9, une fois les laizes rabout\u00E9es, comme un r\u00E9seau de compartiments en quinconce form\u00E9s par des guirlandes fleuries. Elle est tiss\u00E9e au moyen du m\u00E9tier \u00E0 la tire \u00E9quip\u00E9 du syst\u00E8me de semples amovibles, mais dans une largeur sup\u00E9rieure \u00E0 celle des deux\u00A0\u00E9toffes livr\u00E9es \u00E0 Catherine II. Elle pr\u00E9c\u00E8de donc\u00A0les \u00E9toffes en grande largeur (soixante-dix-sept centim\u00E8tre)\u00A0de la livraison de 1776.\nElle est aussi la premi\u00E8re occurrence, dans l'\u0153uvre de Philippe de Lasalle, du motif du faisan dor\u00E9, qui annonce son grand chef-d'\u0153uvre, la tenture dite \u00AB au\u00A0paon et au faisan\u00A0\u00BB\u00A0(inv. MT 1278 et MT 2870), livr\u00E9e \u00E0 Catherine II en 1778. Il est fr\u00E9quent, dans la pratique de Philippe de Lasalle, de voir le m\u00EAme motif (draperies de fourrure, guirlande de fleurs, bouquets, groupes d'animaux, figures all\u00E9goriques) constituer l'ornement de tentures diff\u00E9rentes, produites entre 1771 et 1780.\nLa collection du mus\u00E9e des Tissus, qui conserve un fonds exceptionnel d'\u0153uvres de Philippe de Lasalle (tentures, fond ou dossier de si\u00E8ge, bordures, \u00E9toffes, mises en carte) permet de repr\u00E9ciser, par son analyse et son \u00E9tude syst\u00E9matique, la chronologie et les \u00E9tapes de la carri\u00E8re de celui qui fut l'un des plus fameux dessinateurs, des plus habiles fabricants et des plus inventifs n\u00E9gociants des r\u00E8gnes de Louis XV et de Louis XVI.\nMaximilien Durand"@fr .