. "2021-02-10T00:00:00"^^ . "Moins connu que le panneau avec des danseuses pomp\u00E9\u00EFennes (inv. MT 24804) ou les six panneaux pomp\u00E9\u00EFens aux satyres dansants (inv. MT 3063.1 \u00E0 MT 3063.6), eux aussi conserv\u00E9s au mus\u00E9e des Tissus, le panneau avec la repr\u00E9sentation de Jupiter\u00A0proc\u00E8de de\u00A0la m\u00EAme commande, ex\u00E9cut\u00E9e par Camille Pernon sur des dessins de Jean-D\u00E9mosth\u00E8ne Dugourc pour le Sal\u00F3n Principal ou Sala de Baile de la Real Casa del Labrador \u00E0 Aranjuez. Le roi Charles IV s'attacha tout particuli\u00E8rement \u00E0 la d\u00E9coration de cette r\u00E9sidence et de ses trois niveaux, dont premier et mansardes furent d\u00E9cor\u00E9es de soieries, tant lyonnaises qu'espagnoles.\nUne facture \u00E9tablie \u00E0 Lyon le 31 octobre 1797 pour plusieurs tissus destin\u00E9s aux maisons de campagne de Sa Majest\u00E9, parmi lesquels se trouvaient des \u00E9toffes jaunes et bleues de go\u00FBt \u00E9trusque, permet de dater pr\u00E9cis\u00E9ment les d\u00E9cors encore en place dans la Sala de Baile, les grands panneaux sur fond jaune avec cam\u00E9es appliqu\u00E9s par broderie, ocre sur fond noir, repr\u00E9sentant Jupiter et Junon en tr\u00F4ne, des m\u00E9nades et des satyres dansants et des Amours. Les mod\u00E8les grav\u00E9s utilis\u00E9s pour ces cam\u00E9es figurent dans\u00A0l'ouvrage d'Ottavio Antonio Bayardi, Le Antichit\u00E0 di Ercolano Esposte, publi\u00E9 en huit tomes \u00E0 Naples, entre 1757 et 1792, d'apr\u00E8s les d\u00E9couvertes faites sur le site d'Herculanum.\u00A0Pour l'ensemble du d\u00E9cor textile de cette Sala de Baile, Camille Pernon collabora avec Claudio (Claude) Bodoy, fran\u00E7ais \u00E9tabli \u00E0 Valence, \u00E0 la t\u00EAte de la manufacture Bodoy et Labat. Ce dernier pr\u00E9sentait, en effet, le 31 juillet 1799, une autre facture correspondant \u00E0 des soieries de description semblable, destin\u00E9es \u00E0 la Casa del Labrador de Aranjuez.\nDans la Sala del Torre de la Casita del Principe de l'Escurial, d'autres danseuses de type pomp\u00E9\u00EFen et des Amours ont \u00E9t\u00E9 rapport\u00E9s par broderie sur les \u00E9toffes garnissant les si\u00E8ges. Les m\u00E9daillons avec les Amours sont tiss\u00E9s sur fond bleu, comme en t\u00E9moigne, par exemple, l'exemplaire conserv\u00E9 au mus\u00E9e des Tissus (inv. 24801), alors que les danseuses sont sur fond noir, comme \u00E0 la Sala de Baile de la Real Casa del Labrador.\nLa version du Jupiter conserv\u00E9e par le mus\u00E9e des Tissus est \u00E9galement ex\u00E9cut\u00E9e sur fond bleu jasp\u00E9. Ses caract\u00E9ristiques techniques sont identiques \u00E0 celles des autres panneaux aux danseuses ou aux satyres : dans tous les cas, il s'agit d'un lampas fond satin de 8, cha\u00EEne (d\u00E9cochement 5), 1 lat de liser\u00E9 li\u00E9 en taffetas. Les \u00E9toffes comportent\u00A0des cha\u00EEnes (comptant chaque fois 8 fils pi\u00E8ce, 1 fil de liage) en\u00A0soie, organsin S de 2 bouts (pi\u00E8ce :\u00A0bleu clair jasp\u00E9 \u00E0 la flotte pour Jupiter, noire pour les autres ; liage : blanche pour Jupiter, saumon pour les autres ; d\u00E9coupure : 8 fils pi\u00E8ce ; r\u00E9duction : 142-148 fils pi\u00E8ce, 17-18 fils de liage par centim\u00E8tre). Les trames, qui travaillent par\u00A0un coup\u00A0du premier\u00A0lat (fond),\u00A0un coup\u00A0du second lat\u00A0liser\u00E9, sont en\u00A0soie, assembl\u00E9 faible S pour le fond (bleu ou noir) et assembl\u00E9\u00A0sans torsion apparente\u00A0ou faible S (blanc ou saumon ; d\u00E9coupure : 1 pass\u00E9e ; r\u00E9duction : 26 pass\u00E9es par centim\u00E8tre). Le d\u00E9cor\u00A0est r\u00E9alis\u00E9 par la trame liser\u00E9e\u00A0second lat li\u00E9e en taffetas par la cha\u00EEne de liage et qui repose sur la moiti\u00E9 du satin de 8, cha\u00EEne pi\u00E8ce et trame de fond\u00A0premier lat. Lorsque la trame liser\u00E9e n'est plus utilis\u00E9e pour le d\u00E9cor, elle retrouve sa place dans le fond satin de 8. Les lisi\u00E8res, quand elles sont conserv\u00E9es, pr\u00E9sentent des cordelines (6 ou 8) en cordonnet de soie S de\u00A0deux bouts cr\u00E8me, puis tiss\u00E9es en gros de Tours \u00E0 fils multiples\u00A0et natt\u00E9\u00A0ou cannel\u00E9.\nJupiter est figur\u00E9 assis sur une chaise curule, symbole de l'imperium qu'il exerce sur les immortels, dans l'Olympe, et les mortels, sur la Terre. Il est\u00A0nu, les hanches drap\u00E9es dans un linge, la musculature puissante bien dessin\u00E9e. Il croise la jambe gauche sur la droite, dont le pied repose sur un marchepied. Dans la main\u00A0droite\u00A0tendue, le roi des dieux brandit le foudre. Il est barbu et chevelu, conform\u00E9ment \u00E0 son iconographie traditionnelle, et son front est ceint d'un bandeau nou\u00E9 sur la nuque. Un aigle l'accompagne. La repr\u00E9sentation prend place sur une terrasse sobrement figur\u00E9e.\nD'autres variantes du d\u00E9cor dans le go\u00FBt \u00E9trusque imagin\u00E9 par Camille Pernon pour les r\u00E9sidences de Charles IV sont conserv\u00E9es au mus\u00E9e des Tissus (il s'agit de m\u00E9nades dansant, inv. MT 25729 et MT 27862).\nMaximilien Durand"@fr . .