. "2021-02-10T00:00:00"^^ . . "Henri Algoud, dans sa monographie sur les velours peints sur cha\u00EEne invent\u00E9s par Gaspard Gr\u00E9goire, parue en 1908, mentionne quelques tentatives d'imitations de cette technique particuli\u00E8rement difficile \u00E0 mettre en \u0153uvre et \u00E0 ma\u00EEtriser. En premier lieu, il cite les exp\u00E9riences d'Hippolyte Erguez, \u00AB vieux dessinateur de fabrique \u00BB, qui, vers 1850, r\u00E9alisa \u00AB para\u00EEt-il, un saint Jean-Baptiste, m\u00E9daillon ovale, et un portrait de femme ; ces deux essais ne sortant pas de la m\u00E9diocrit\u00E9 \u00BB. \nLe m\u00E9daillon avec saint Jean-Baptiste (en r\u00E9alit\u00E9, la reproduction du tableau Innocence de Jean-Baptiste Greuze, conserv\u00E9 \u00E0 la Wallace Collection, \u00E0 Londres, inv. P384), qu'Algoud ne semble pas avoir connu, est aujourd'hui conserv\u00E9 au mus\u00E9e des Tissus, en deux exemplaires(inv. MT 24595 et MT 24595.2) et un Portrait de Joseph-Marie Jacquard d'apr\u00E8s le tableau de Jean-Claude Bonnefond r\u00E9v\u00E9l\u00E9 en 1834 (inv. MT 2014.0.27). \nLe Portrait de Joseph-Marie Jacquard par Jean-Claude Bonnefond avait \u00E9t\u00E9 rendu tr\u00E8s populaire, chez les fabricants lyonnais, par le tableau tiss\u00E9 en imitation de gravure en taille-douce pr\u00E9sent\u00E9 par la maison Didier-Petit et Cie \u00E0 l'Exposition des produits de l'industrie fran\u00E7aise de 1839. Le mus\u00E9e des Tissus conserve deux exemplaires originaux de ce portrait (inv. MT 2264 et MT 42157). Apr\u00E8s la faillite de la maison en 1843, Michel-Marie Carquillat, qui avait tiss\u00E9 le portrait pour le compte de la maison Didier-Petit et Cie et qui avait conserv\u00E9 la mise en carte, continua \u00E0 produire le fameux tableau tiss\u00E9 (inv. MT 49086). Il en proposa aussi des versions r\u00E9duites au seul buste de l'inventeur, plus petites et donc moins co\u00FBteuses,\u00A0apr\u00E8s le milieu du si\u00E8cle (inv. MT 28362.6 et MT 33396). En 1855, l'\u00E9dition de la gravure du tableau par Joseph-Victor Vibert (1799-1860)\u00A0donna une nouvelle actualit\u00E9 \u00E0 l'image de l'inventeur (inv. MT 7917). La m\u00EAme ann\u00E9e, d'ailleurs, la maison Furnion p\u00E8re et fils a\u00EEn\u00E9 pr\u00E9sentait \u00E0 l'Exposition universelle de Paris\u00A0un chef-d'\u0153uvre d'exposition, le Portrait de Joseph-Marie Jacquard d'apr\u00E8s Bonnefond tiss\u00E9 en velours triple corps cisel\u00E9 (inv. MT 34320). \nC'est probablement dans le m\u00EAme temps que se situe l'exp\u00E9rience d'Hippolyte Erguez. Pour reproduire la technique mise au point par Gaspard Gr\u00E9goire, le dessinateur de fabrique choisit les images cr\u00E9\u00E9es par Greuze, qui avaient inspir\u00E9 d\u00E9j\u00E0 son illustre pr\u00E9d\u00E9cesseur, et le c\u00E9l\u00E8bre portrait. Gaspard Gr\u00E9goire, d\u00E9j\u00E0, avait transcrit en velours des portraits peints du Premier Consul, de l'Empereur ou des figures de la famille royale, sous la Restauration. Ici, le choix qui est fait de reproduire le tableau de Bonnefond est probablement justifi\u00E9 par la nature m\u00EAme de l'exp\u00E9rience et son caract\u00E8re technique remarquable : comme la maison Didier-Petit et Cie avait choisi l'imitation de taille-douce ex\u00E9cut\u00E9e selon le proc\u00E9d\u00E9 Maisiat, comme la maison Furnion p\u00E8re et fils a\u00EEn\u00E9 avait ex\u00E9cut\u00E9 la m\u00EAme image en velours cisel\u00E9 triple corps, Hippolyte Erguez, en tentant de retrouver le secret de Gaspard Gr\u00E9goire, choisi lui aussi cette ic\u00F4ne de la Fabrique lyonnaise pour mettre en image sa prouesse. Le caract\u00E8re technique de l'exp\u00E9rience est d'ailleurs bien visible, puisque Erguez a pris soin de faire figurer, dans les quatre angles, son \u00AB nuancier \u00BB, c'est-\u00E0-dire les teintes qui lui ont servi \u00E0 \u00E9laborer son cama\u00EFeu de gris et de brun.\nHenri Algoud indique encore quelques autres essais d'imitation de la technique de Gaspard Gr\u00E9goire, ceux de Garin, notamment, \u00AB ancien dessinateur de fabrique, qui a ex\u00E9cut\u00E9 d'abord dans la mani\u00E8re noire, imitation de gravure, de petits sujets : portrait de la princesse de Lamballe, portrait de femme du Second Empire, etc., qui ne sont pas d\u00E9nu\u00E9s de m\u00E9rite sous le rapport composition et ex\u00E9cution. \u00BB Le mus\u00E9e des Tissus conserve le Portrait de Marie-Th\u00E9r\u00E8se-Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe (inv. CAT F 2724) et sa mise en carte (inv. CAT F 2708), ainsi que deux autres pi\u00E8ces \u00E9galement mentionn\u00E9es par Algoud : \u00AB Il a fait beaucoup mieux encore avec les deux petits tableaux de fleurs qui sont au Mus\u00E9e de Lyon, celui surtout du verre d'eau avec les roses ; ces deux compositions sont assez parfaitement r\u00E9ussies et proportionn\u00E9es comme \u00E9toffe, peinture, etc., pour qu'on puisse les consid\u00E9rer comme se rapprochant de pr\u00E8s des velours authentiques de Gr\u00E9goire, quoique, \u00E0 l'examen, le type de leur dessin et leur coloris les classent indubitablement en dehors et \u00E0 l'\u00E9poque bien post\u00E9rieure de leur production. \u00BB Les deux compositions sont toujours conserv\u00E9es au mus\u00E9e des Tissus (inv. MT\u00A020810 et MT 25839). Algoud \u00E9voque encore l'essai r\u00E9alis\u00E9 pour Joseph-Alphonse Henry par Camille D\u00E9tanger, qui reproduisit une Heure d'apr\u00E8s Rapha\u00EBl, pr\u00E9sent\u00E9e en 1906 au mus\u00E9e Galli\u00E9ra, \u00E0 Paris. Il d\u00E9crit surtout les exp\u00E9riences d'Albert Martin, le fabricant de soieries, qui furent pr\u00E9sent\u00E9es \u00E0 l'Exposition universelle internationale et coloniale de Lyon en 1894. \u00AB En 1894, lors de l'Exposition de Lyon, M. Martin, alors plieur pour la fabrique, tira parti de ses connaissances techniques, avec le concours de dessinateurs exp\u00E9riment\u00E9s, pour un nouvel essai dont les r\u00E9sultats parurent \u00E0 cette Exposition ; il avait fait : un Amour d'apr\u00E8s Boucher, dont un exemplaire se trouve au mus\u00E9e des Tissus de Lyon ; une Berg\u00E8re Louis XV ; un Christ d'apr\u00E8s Flandrin. Il nous a confirm\u00E9 lui-m\u00EAme, en nous donnant fort obligeamment des d\u00E9tails sur la marche suivie par lui pour la peinture et le tissage, identique \u00E0 celle que nous avons expos\u00E9e, combien il est peu facile d'obtenir un bon r\u00E9sultat et l'ingratitude de ce travail. \u00BB Le velours Gr\u00E9goire r\u00E9alis\u00E9 par Martin, acquis par le mus\u00E9e des Tissus, y est toujours conserv\u00E9 (inv. MT 25650). En revanche, Algoud ne parle pas d'une autre exp\u00E9rience, tout \u00E0 fait remarquable, qui a \u00E9t\u00E9 men\u00E9e au sein m\u00EAme de l'Exposition de 1894, o\u00F9 un m\u00E9tier \u00E0 velours Gr\u00E9goire avait \u00E9t\u00E9 mont\u00E9 par la maison J. Bachelard et Cie pour r\u00E9aliser une grande pi\u00E8ce, Diane chasseresse, elle aussi conserv\u00E9e au mus\u00E9e des Tissus (inv. MT 29117), qui reste la plus extraordinaire imitation de velours Gr\u00E9goire jamais entreprise, avec le Portrait de Cleto Tassinari et le Portrait d'H\u00E9l\u00E8ne de Mont\u00E9n\u00E9gro, reine d'Italie, r\u00E9alis\u00E9s par Louis Tassinari en 1910 et 1911. Le mus\u00E9e des Tissus conserve un exemplaire de chaque (inv. MT 29577 et SN 5950), ainsi que la mise en carte du Portrait de Cleto Tassinari (inv. MT 2012.1.8).\nMaximilien Durand"@fr .