"2021-02-10T00:00:00"^^ . "Les fabricants Mathevon et Bouvard s'illustrent aussi dans le genre du portrait tiss\u00E9 \u00E0 l'Exposition universelle de Londres en 1851. Alors que Michel-Marie Carquillat semblait avoir impos\u00E9 une unique mani\u00E8re, imitant la gravure en taille-douce, cette maison qui pr\u00E9sente, \u00E0 son habitude, \u00AB des \u00E9toffes de soie fa\u00E7onn\u00E9es et broch\u00E9es pour meubles, ornements d'\u00E9glise, robes et gilets ; des brocatelles, des damas, des lampas, des reps, des brocarts or et argent, des gros de Tours, des moires antiques, etc... \u00BB, expose aussi \u00AB des tableaux tiss\u00E9s en soie, parmi lesquels le portrait de la reine d'Angleterre, tiss\u00E9 en gros de Tours et ayant exig\u00E9 40 000 cartons. Que dire de cette exposition ? Nous ne croyons pas trop dire en avan\u00E7ant qu'elle semble ajouter \u00E0 la r\u00E9putation de Lyon ; tous ces tissus portent un air de vie qui charme et qui promet \u00BB (La Gazette de Lyon, cit\u00E9 dans Annales de la Soci\u00E9t\u00E9 s\u00E9ricicole pour la propagation de l'industrie de la soie en France, vol. 15, 1852, p. 252). Les rapports anglais sont \u00E9galement enthousiastes. Ils mentionnent les splendides sp\u00E9cimens de riches soieries pour l'\u00C9glise et les v\u00EAtements eccl\u00E9siastiques, et les \u00E9toffes en lampas, damas, brocatelle et reps, d\u00E9cor\u00E9es de fleurs et broch\u00E9es d'or qui font la r\u00E9putation de la maison. Bien s\u00FBr, ils remarquent le \u00AB m\u00E9daillon tiss\u00E9 de Sa Majest\u00E9, dans une guirlande de fleurs naturelles, merveilleusement dessin\u00E9 et ex\u00E9cut\u00E9 \u00BB (Reports by the Juries on the Subjects in the Thirty Classes into which the Exhibition was divided, 1852, p. 306). Les traits de la souveraine sont issus du profil grav\u00E9 par William Wyon en 1834 et utilis\u00E9s pour la r\u00E9alisation de la City Medal, en 1837, qui comm\u00E9more l'entr\u00E9e de la jeune reine \u00E0 Londres. Cette effigie a aussi \u00E9t\u00E9 choisie pour orner les premiers timbres britanniques. En se r\u00E9f\u00E9rant \u00E0 l'art de la m\u00E9daille, Mathevon et Bouvard renouent avec le grand genre du portrait tiss\u00E9, celui invent\u00E9 par Philippe de Lasalle. C'est parce que la dignit\u00E9 du mod\u00E8le s'y pr\u00EAte naturellement. C'est aussi dans le genre des grands fa\u00E7onn\u00E9s qu'excelle la maison Mathevon et Bouvard. D\u00E9j\u00E0 en 1834, ils avaient livr\u00E9 des tentures avec les portraits de Louis Philippe (inv. MT 30792) et Marie-Am\u00E9lie (inv. MT 51092). Le Portrait de la reine Victoria est un lampas broch\u00E9, fond satin, rehauss\u00E9 de fil\u00E9 m\u00E9tallique dor\u00E9. La reine, trait\u00E9e \u00E0 l'antique, en buste et de profil, dans un subtil cama\u00EFeu de gris et de beige, s'enl\u00E8ve sur un fond beige ros\u00E9, trait\u00E9 en m\u00E9daillon. La couronne de saint \u00C9douard, avec ses quatre croix patt\u00E9es alternant avec des lys, ses arches serties de perles surmont\u00E9es d'une croix patt\u00E9e et sa toque de velours rouge, est pos\u00E9e sur un caduc\u00E9e qui \u00E9voque Mercure, le dieu de ce\u00A0commerce et de cette industrie que l'on c\u00E9l\u00E8bre \u00E0 l'Exposition universelle. Aux deux extr\u00E9mit\u00E9s du caduc\u00E9e est suspendue une couronne de fleurs polychromes, nou\u00E9e par des rubans, qui rappelle \u00E9videmment l'entour de fleurs du portrait de Catherine II par Philippe de Lasalle (inv. MT 2869). La r\u00E9f\u00E9rence \u00E9tait clairement lisible au Palais de Cristal, puisque le mod\u00E8le de Lasalle et le portrait de Victoria y \u00E9taient tous deux expos\u00E9s. La reine Victoria et le prince Albert compt\u00E8rent parmi les visiteurs les plus illustres et les plus assidus de l'Exposition universelle. Mais le roi des Belges, oncle du prince, la reine Marie-Am\u00E9lie, la duchesse d'Orl\u00E9ans et ses fils, Adolphe Thiers vinrent \u00E9galement admirer les productions des arts et de l'industrie \u00E0 Hyde Park. Ce n'est que r\u00E9cemment, \u00E0 l'occasion de l'exposition La Fabrique des grands hommes au mus\u00E9e des Tissus, que le Portrait de la reine Victoria a pu \u00EAtre \u00E0 nouveau redonn\u00E9 \u00E0 la maison Mathevon et Bouvard et mis en relation avec les exceptionnelles circonstances de sa cr\u00E9ation. \nMaximilien Durand"@fr . . .