"Un\u00A0meuble en velours vert cisel\u00E9 fond satin formant r\u00E9serves pour \u00EAtre rebrod\u00E9es en or, chenille et soie de diverses couleurs, a \u00E9t\u00E9 command\u00E9 \u00E0 la maison Bissardon, Cousin et Bony pour le cabinet de repos de l'Imp\u00E9ratrice au Palais de Versailles par soumission du 8 juin 1811, accept\u00E9e par Alexandre Desmazis le 14 et approuv\u00E9e par Pierre Daru le 20. Douze \u00E0 quatorze mois \u00E9taient n\u00E9cessaires pour la fabrication du velours.\nLe dessin de la tenture\u00A0pr\u00E9sente un vase \u00E0 l'antique, contenu dans un hexagone, alternant avec une rosace dans des ornements et des couronnes de fleurs. Les \u00E9l\u00E9ments sont li\u00E9s entre eux par des culots et des fleurs, tandis que de gr\u00EAles rinceaux animent le fond. Le mus\u00E9e des Tissus conserve une laize et la bordure qui l'accompagnent, enti\u00E8rement brod\u00E9es de soie nuanc\u00E9e, de chenille de soie, de fris\u00E9 et de fil\u00E9 m\u00E9talliques dor\u00E9s (inv. MT 26959.1). Ce sont les seuls exemplaires connus qui comportent ce d\u00E9cor de broderie. Il s'agit tr\u00E8s certainement de l'essai qui a \u00E9t\u00E9 r\u00E9alis\u00E9 pour juger de l'effet des broderies sur les r\u00E9serves de satin. Le co\u00FBt trop important de l'op\u00E9ration et les d\u00E9lais d'ex\u00E9cution ont fait renoncer \u00E0 ce projet, et les \u00E9toffes envoy\u00E9es de Lyon le 15 octobre 1812 au Garde-Meuble ont \u00E9t\u00E9 simplement r\u00E9alis\u00E9e en velours cisel\u00E9, non brod\u00E9. Elles comportaient 86 m\u00E8tres 40 de tenture \u00E0 48 francs le m\u00E8tre ; 56 m\u00E8tres 20 pour bordure de tenture 9 pouces \u00E0 deux chemins (soit 112 m\u00E8tres 40 de bordure courante), \u00E0 dessin formant une suite de losanges \u00E0 palmettes li\u00E9s par des rosaces et des ornements, \u00E0 48 francs le m\u00E8tre ; 26 m\u00E8tres pour bordure de si\u00E8ges, deux de 3 pouces (soit 52 m\u00E8tres de bordure courante), quatre de 1 pouce 9 lignes (soit 104 m\u00E8tres de bordure courante), deux de 1 pouce 3 lignes (soit 52 m\u00E8tres de bordure courante), \u00E0 48 francs le m\u00E8tre ; 25 m\u00E8tres 20 d'\u00E9toffe pour 12 fauteuils et 12 chaises, dessin \u00E0 lyre pour dossiers, \u00E0 rosace et ornements de fleurs pour fonds de si\u00E8ges, \u00E0 48 francs le m\u00E8tre (Paris, Mobilier national, inv. GMMP 727 \u2014 tenture \u2014, GMMP 728 \u2014 si\u00E8ges \u2014, GMMP 3879 \u2014 bordures pour tentures \u2014, GMMP 729, GMMP 730 et GMMP 731 \u2014 bordures pour si\u00E8ges \u2014). \nLe mus\u00E9e des Tissus conserve \u00E9galement\u00A0cet \u00E9l\u00E9ment de bordure neuf pouces pour tenture, non brod\u00E9. Des losanges, prolong\u00E9s par des palmettes et soulign\u00E9s par des brindilles, contiennent une rosette. Ils alternent avec des bouquets de feuilles et de fleurs, auxquels ils sont li\u00E9s par des culots.\nLes \u00E9toffes ont \u00E9t\u00E9 expos\u00E9es \u00E0 l'air et au soleil avec succ\u00E8s du 5 novembre 1812 au 12 janvier 1813. La livraison fut enregistr\u00E9e au Journal du Garde-Meuble le 24 mars 1813. N\u00E9anmoins, le meuble en velours cisel\u00E9, fond satin, ne fut utilis\u00E9 ni sous l'Empire, ni sous la Restauration. Ce n'est qu'en 1838 que le tapissier Pr\u00E9vost utilisa pour la premi\u00E8re fois les bordures pour le Palais de l'\u00C9lys\u00E9e. C'est encore pour l'\u00C9lys\u00E9e, quand le palais devint la r\u00E9sidence du Prince-Pr\u00E9sident Louis-Napol\u00E9on Bonaparte, que le tapissier Ternisien utilisa tenture et bordures.\nLes \u00E9toffes avaient \u00E9galement servi en 1847 pour l'h\u00F4tel du Garde-Meuble (bordure 9 pouces) et pour le Service des Magasins (bordure 3 pouces). Entre 1850 et 1852, 53 m\u00E8tres 60 d'\u00E9toffe pour tenture ont \u00E9t\u00E9 utilis\u00E9s sans \u00EAtre port\u00E9s en sortie sur le livre d'inventaire du Garde-Meuble.\nL'essai de broderie pour tenture du cabinet de repos de l'Imp\u00E9ratrice et l'\u00E9l\u00E9ment de bordure neuf pouces non brod\u00E9\u00A0ont \u00E9t\u00E9 acquis \u00E0 l'issue de l'Exposition universelle de 1900, avec un ensemble d'\u00E9toffes r\u00E9alis\u00E9es par la maison Bissardon, Cousin et Bony ou par la maison Chuard et Cie sous l'Empire et les premi\u00E8res ann\u00E9es de la Restauration. On sait que Pierre-Toussaint D\u00E9chazelle avait c\u00E9d\u00E9 son fonds, \u00E0 une date inconnue, \u00E0 Charles Corderier qui s'associa sous l'Empire \u00E0 Marie-Jacques Lemire. Entre 1829 et 1834, Corderier et Lemire reprirent la fabrique de Chuard, qui lui-m\u00EAme avait repris le fonds Bissardon, enrichi des archives de Marie-Olivier Desfarges. Lemire poursuivit son activit\u00E9 sous la raison sociale Lemire et Cie, puis Lemire p\u00E8re et fils. En 1865, la manufacture connaissant des difficult\u00E9s, elle fut vendue, avec tout son fonds d'archives, \u00E0 Antoine Lamy et Auguste Giraud. En 1900, \u00C9douard Lamy, fils d'Antoine, s'associait \u00E0 Romain Gautier. On ne s'\u00E9tonnera donc pas que plusieurs \u00E9toffes cr\u00E9\u00E9es par la maison Bissardon, Cousin et Bony entre 1811 et 1815 aient rejoint les collections du mus\u00E9e des Tissus, par le truchement de la maison Lamy et Gautier. C'est le cas, par exemple, de la laize de velours cisel\u00E9 bleu lam\u00E9 or \u00E0 rosaces et plantes imp\u00E9riales command\u00E9e en 1811 pour le deuxi\u00E8me salon d'appartement d'honneur au Palais de Versailles (inv. MT 26957) acquis, lui aussi, apr\u00E8s l'Exposition universelle de 1900.\nLe mus\u00E9e des Tissus conserve un autre \u00E9l\u00E9ment de bordure neuf pouces, d\u00E9pos\u00E9 par le Mobilier national (inv. GMMP 3879).\nMaximilien Durand"@fr . "2021-02-10T00:00:00"^^ . . .