. . "Nicolas-Fran\u00E7ois Cochard, avocat en la cour royale de Lyon, de l'Acad\u00E9mie des sciences, belles-lettres et arts et de la Soci\u00E9t\u00E9 d'agriculture de Lyon, publie en 1817 \u00E0 Lyon une Description historique de Lyon, ou Notice sur les monuments remarquables et sur tous les objets de curiosit\u00E9 que renferme cette ville. Bien \u00E9videmment, parmi les \u00AB Objets particuliers qui m\u00E9ritent de fixer l'attention des curieux \u00BB, il mentionne les produits de la manufacture des \u00E9toffes de soie. Il recommande particuli\u00E8rement de se rendre dans les magasins des n\u00E9gociants qui s'occupent du riche fa\u00E7onn\u00E9, et parmi eux, \u00AB ceux de MM. Grand fr\u00E8res, quai de Retz ; fr\u00E8res Beauvais, place des P\u00E9nitens de la Croix ; veuve Monterrat (sic) et fils, rue S[ain]te-Catherine ; Choir (sic), et h\u00E9ritiers Bissardon, rue des Deux Angles ; Depouilly, rue des Capucins, et Dutilleul (sic), quai S[ain]t-Clair, n\u00B0 8, [qui] sont surtout recommandables par la perfection, la vari\u00E9t\u00E9 et le bon go\u00FBt des \u00E9toffes qu'on y voit. \u00BB L'auteur mentionne encore quatre visites qu'il ne faut pas manquer : \u00E0 la maison Seguin et Y\u00E9m\u00E9niz, chez Jean-Fran\u00E7ois Bony, chez Joseph-Marie Jacquard et dans l'atelier de fabrication de tulle de Bonnard. Chez Bony, l'auteur pr\u00E9cise qu'on peut y d\u00E9couvrir \u00AB plusieurs tableaux brod\u00E9s du meilleur go\u00FBt : celui qui repr\u00E9sente un coq renversant un panier de fleurs est un chef-d'\u0153uvre d'ex\u00E9cution. \u00BB Chez Seguin p\u00E8re et fils et Y\u00E9m\u00E9niz, \u00E9galement, le visiteur peut admirer une pi\u00E8ce remarquable : \u00AB MM. Seguin et Y\u00E9meniz jouissent aussi d'une r\u00E9putation justement m\u00E9rit\u00E9e. Le tableau qu'ils ont fait ex\u00E9cuter, sur les dessins de M. Revoil, repr\u00E9sentant l'\u00E9cusson des armes de France, recouvert \u00E0 moiti\u00E9 par celles de Russie, de Prusse et d'Autriche, est remarquable par le fini du travail, l'harmonie des couleurs, et principalement par l'heureux emploi de la dorure ; le fil\u00E9, le fris\u00E9, le lam\u00E9 et les canetilles, produisent les nuances les plus riches et les mieux assorties. Un de ces tableaux est dans le cabinet de M. Artaud, et un autre \u00E0 la biblioth\u00E8que de la ville. \u00BB Le mus\u00E9e des Tissus conserve un exemplaire de cette \u00E9toffe broch\u00E9e de soie nuanc\u00E9e et\u00A0de diff\u00E9rents fil\u00E9s m\u00E9talliques ou lames\u00A0or et argent, dont le motif aurait \u00E9t\u00E9 fourni par le c\u00E9l\u00E8bre peintre Pierre R\u00E9voil (1776-1842). Sur une \u00E9p\u00E9e en pal, un \u00E9cu azur broch\u00E9 blanc, \u00E0 trois fleurs de lys d'or, porte en fasce trois \u00E9cus aux armes de Russie, d'Autriche et de Prusse, avec le chiffre des trois souverains signataires de la Sainte Alliance, l'empereur Alexandre Ier, l'empereur Fran\u00E7ois Ier et le roi Fr\u00E9d\u00E9ric-Guillaume III de Prusse. Autour de l'\u00E9cu est une couronne de laurier, et, en dessous, un cartouche avec la l\u00E9gende : \u00AB Unis pour le bonheur du monde \u00BB.\u00A0L'ex\u00E9cution de cette \u00E9toffe \u00E0 sans doute \u00E9t\u00E9 mise en \u0153uvre en pr\u00E9vision d'un s\u00E9jour \u00E0 Lyon de l'empereur Fran\u00E7ois Ier, qui n'eut finalement pas lieu, ou \u00E0 l'occasion de celui,\u00A0en octobre 1815, des archiducs Ferdinand et Maximilien. Quoi qu'il en soit, l'empereur d'Autriche re\u00E7ut bien un exemplaire de cet \u00E9cran, dont il fit don \u00E0 l'Institut polytechnique imp\u00E9rial de Vienne, avec un autre \u00E9cran au chiffre des trois signataires de la Sainte Alliance r\u00E9alis\u00E9 par la maison Bissardon et Bony la m\u00EAme ann\u00E9e. Les annales de l\u2019Institut polytechnique imp\u00E9rial de Vienne mentionnent en 1823 les deux \u00E9toffes offertes par l'empereur, et consid\u00E8rent\u00A0qu\u2019il s\u2019agit de chefs-d\u2019\u0153uvre. Elles attribuent cependant les deux r\u00E9alisations au seul Bony\u00A0(Von ausl\u00E4ndischen Seidenwaaren, welche das Kabinet aufzuweisen hat, erw\u00E4hnen wir zweier sehr vorz\u00FCglicher St\u00FCcke aus der in Lyon unter der Firma Bissardon et Bony bestehenden Fabrik : beide ein Geschenk Sr. Majest\u00E4t des Kaisers. Das erste davon ist dunkelrother Sammt, in welchen mit, theils gl\u00E4nzenden theils matten, Goldf\u00E4den ein Kranz, und die verschlungenen Nahmensz\u00FCge der drei im Jahre 1815 zum Whole Europa\u2019s verbundenen Monarchen eingewebt sind. Das zweite St\u00FCck besteht aus braunem Seiden-Crois\u00E9, und enth\u00E4lt in Farben und Gold die Wappen der erw\u00E4hnten Monarchen, welche mittelst des Zuges auf eine \u00E4ufserst geschmackvolle Art einbroschirt sind. Beide St\u00FCcke k\u00F6nnen mit Recht als Meisterwerke der Webekunst angesehen werden, und d\u00FCrften \u00FCberhaupt wenige ihres Gleichen haben.\u00A0\u00AB Parmi les soieries \u00E9trang\u00E8res que compte le cabinet, nous mentionnons deux pi\u00E8ces exquises de la fabrique lyonnaise Bissardon et Bony : les deux sont un pr\u00E9sent de Sa Majest\u00E9 l\u2019Empereur. La premi\u00E8re est un velours rouge fonc\u00E9, dans lequel sont tiss\u00E9s \u2013 en fil d\u2019or tant\u00F4t brillant, tant\u00F4t mat \u2013 une couronne, et les monogrammes li\u00E9s des trois monarques alli\u00E9s en 1815 pour le bonheur de l\u2019Europe. La deuxi\u00E8me pi\u00E8ce consiste en un crois\u00E9 de soie brun, et contient \u2013 en couleurs et or \u2013 les armoiries des monarques mentionn\u00E9s, qui sont [?] broch\u00E9es avec \u00E9norm\u00E9ment de go\u00FBt. Les deux pi\u00E8ces peuvent \u00EAtre consid\u00E9r\u00E9es comme des chefs-d\u2019\u0153uvre de l\u2019art du tissage, et ont probablement peu d\u2019\u00E9gal. \u00BB)\u00A0L'ex\u00E9cution remarquable du panneau d'\u00E9cran aux blasons et aux chiffres des signataires de la Sainte Alliance avait valu \u00E0 Seguin et Y\u00E9m\u00E9niz d'obtenir des m\u00E9dailles d'encouragement de la fondation Lebrun dans la s\u00E9ance publique du 5 septembre 1816 de l'Acad\u00E9mie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon.\u00A0Apr\u00E8s l'obtention de cette distinction, les fabricants avaient fait don d'un exemplaire de ce tissage \u00E0 l'Acad\u00E9mie.\u00A0La liste des dons conc\u00E9d\u00E9s \u00E0 l'Acad\u00E9mie publi\u00E9e en 1839\u00A0dans l'Histoire de l'Acad\u00E9mie royale des sciences, belles-lettres et arts de Lyon par Jean-Baptiste Dumas, secr\u00E9taire perp\u00E9tuel, r\u00E9v\u00E8le que l'\u00E9toffe de la maison S\u00E9guin p\u00E8re et fils et Y\u00E9m\u00E9niz avait, par ailleurs, \u00AB fait partie de l'exposition qui eut lieu, dans le palais des Arts \u00E0 S[ain]t-Pierre, lors du passage \u00E0 Lyon de S. A. R. Mme la Duchesse de Berri (sic).\u00A0\u00BB Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, apr\u00E8s avoir quitt\u00E9 Naples pour \u00E9pouser Charles-Ferdinand d'Artois, duc de Berry, \u00E9tait arriv\u00E9e \u00E0 Marseille le 30 mai 1816. Le 8 juin, elle faisait son entr\u00E9e \u00E0 Lyon. Elle\u00A0y fut\u00A0accueillie triomphalement et conduite au Palais de l'Archev\u00EAch\u00E9 o\u00F9 des appartements avaient \u00E9t\u00E9 pr\u00E9par\u00E9s. Elle put y recevoir l'ensemble des d\u00E9putations qui avaient \u00E9t\u00E9 autoris\u00E9es \u00E0 lui rendre hommage avant d'assister, sur la grande terrasse du palais, \u00E0 un concert donn\u00E9 par la Garde nationale \u00E0 laquelle s'\u00E9tait joint un grand nombre d'amateurs. Le 9 juin, elle entendit la messe \u00E0 la primatiale Saint-Jean, se rendit, en cal\u00E8che, au confluent du Rh\u00F4ne et de la Sa\u00F4ne o\u00F9 elle se promena quelques instants sur le pont de la Mulati\u00E8re, revint en suivant les quais du Rh\u00F4ne jusqu'\u00E0 la place des Terreaux o\u00F9 elle fut re\u00E7ue \u00E0 l'H\u00F4tel de Ville. Elle se rendit ensuite au Palais des Arts et du Commerce, o\u00F9 elle fut accueillie par le maire, les adjoints, le directeur du Conservatoire et les professeurs de l'\u00C9cole de dessin. Dans la grande galerie du mus\u00E9e l'attendaient les membres de la Chambre de Commerce et les principaux n\u00E9gociants de Lyon, qui la pri\u00E8rent d'agr\u00E9er l'offre d'une corbeille garnie de robes de la Fabrique de Lyon. Puis elle s'est rendue dans l'atelier du peintre Fleury Richard o\u00F9 elle a particuli\u00E8rement admir\u00E9 le tableau de la duchesse de Montmorency pleurant sur le tombeau de son \u00E9poux, celui de Jacques Molay, grand-ma\u00EEtre des Templiers, allant \u00E0 la mort, et celui de Madame de La Valli\u00E8re aux Carm\u00E9lites. Apr\u00E8s le d\u00EEner, elle s'est rendue au Grand-Th\u00E9\u00E2tre. La duchesse de Berry quitta Lyon le 10 juin au matin, apr\u00E8s avoir entendu la messe et re\u00E7u les derniers hommages des Lyonnais.\u00A0Dans la liste des \u00E9toffes et des robes qui qui composaient la corbeille offerte \u00E0 Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, donn\u00E9e dans le Proc\u00E8s-verbal de l'arriv\u00E9e et du s\u00E9jour \u00E0 Lyon de Son Altesse Royale Madame la Duchesse de Berry publi\u00E9 \u00E0 Lyon en 1816, figure un \u00AB m\u00E9daillon riche, pour \u00E9cran, de la fabrique de MM. J.-P. S\u00E9guin et Cie \u00BB. Il s'agit de l'\u00E9cran aux armes et aux chiffres des signataires de la Sainte Alliance. Une s\u00E9rie de productions montrant l'all\u00E9geance des fabricants d'\u00E9toffes de Lyon aux opposants de Napol\u00E9on Ier est\u00A0inaugur\u00E9e, d\u00E8s 1814, par la maison Grand fr\u00E8res avec le Portrait de la duchesse d'Angoul\u00EAme (inv. MT 46440). Elle\u00A0culmine avec le triple portrait des signataires de la Sainte Alliance de la m\u00EAme maison (inv. MT 24825),\u00A0le panneau d\u00E9di\u00E9 \u00AB aux pacificateurs de l'Europe \u00BB par Bissardon et Bony (inv. MT 30931) et l'\u00E9cran, pr\u00E9cis\u00E9ment, de la maison Seguin p\u00E8re et fils et Y\u00E9m\u00E9niz, dont l'iconographie l\u00E9gitimiste explique qu'il fut offert \u00E0 Marie-Caroline de Bourbon-Siciles.\nMaximilien Durand"@fr . "2021-02-10T00:00:00"^^ .