. . "2021-02-10T00:00:00"^^ . "La bordure pour tenture brod\u00E9e est une des premi\u00E8res \u0153uvres de Jean-Fran\u00E7ois Bony (1754-1825) \u00E0 rejoindre les collections du jeune mus\u00E9e d'Art et d'Industrie fond\u00E9 par la Chambre de Commerce de Lyon, avant m\u00EAme son ouverture au public en 1864. Elle est acquise en 1862 avec l'ensemble du cabinet r\u00E9uni par Jules Reybaud (1807-1872), dans lequel figuraient, par ailleurs, plusieurs autres \u0153uvres de la main de l'artiste, issues de ses ateliers ou r\u00E9alis\u00E9es sur ses dessins, comme un grand projet de tenture \u00E0 la gouache (inv. MT 1125), une bordure fond carrel\u00E9 vert pomme \u00E0 d\u00E9cor de roses et de lilas command\u00E9e pour le meuble d'\u00E9t\u00E9 de la chambre de Marie-Antoinette \u00E0 Versailles, ex\u00E9cut\u00E9e par Marie-Olivier Desfarges (inv. MT 1404), un lampas, fond cannetill\u00E9, broch\u00E9 \u00E0 plusieurs lats, \u00E0 dessin de branches de roses (inv. MT 1391) ou encore un taffetas moir\u00E9 \u00E0 fond blanc, ombr\u00E9 le long des lisi\u00E8res, avec un d\u00E9cor broch\u00E9 \u00E0 liages repris de branches de prunier dans le go\u00FBt chinois (inv. MT 1403). La m\u00EAme ann\u00E9e 1862, la Chambre de Commerce faisait aussi l'acquisition d'une grande partie du cabinet r\u00E9uni par Fran\u00E7ois Bert, professeur de th\u00E9orie, qui comprenait aussi plusieurs \u0153uvres de Jean-Fran\u00E7ois Bony, parmi lesquelles de nombreuses broderies sortant de ses ateliers, tentures (inv. MT 2828, MT 2829, MT 2830 et MT 2832), tableaux (inv. MT 3019 et MT 3020) ou \u00E9chantillons pour gilets ou pour bas de robes (inv. MT 2831, MT 2948, MT 2949, MT 2950, MT 2952, MT 2953, MT 2955, MT 2956, MT 2957, MT 2959, MT 2960, MT 2961, MT 2962, MT 2964, MT 2965, MT 2966, MT 2967, MT 2969, MT 2999, MT 3000, MT 3001, MT 3002, MT 3003, MT 3006, MT 3007, MT 3008, MT 3009, MT 3023, MT 3024, MT 3025, MT 3026, MT 3027, MT 3030 et MT 3031). Elles montrent un go\u00FBt certain pour les d\u00E9cors en application, de tulle, de dentelle, de satin ou de velours peint, pour le trompe-l'\u0153il, l'usage conjoint de lames, de fil\u00E9s ou de cannetilles m\u00E9talliques, de soie nuanc\u00E9e et de chenille, brod\u00E9es au pass\u00E9 plat et au pass\u00E9 empi\u00E9tant et, plus occasionnellement, au point de tige et au point de n\u0153ud, ainsi que la juxtaposition de certaines couleurs pour rendre le volume des feuilles ou les coloris des p\u00E9tales des fleurs, et m\u00EAme l'usage de peinture, appliqu\u00E9e sur l'\u00E9toffe ou sur les cannetilles. \u00C0 partir de 1866, de nombreux autres \u00E9chantillons de broderie pour v\u00EAtements, issus des ateliers de Bony ou attribuables \u00E0 ces derniers, ont encore rejoint les collections, ainsi que des projets de robes \u00E0 la mine de plomb et \u00E0 la gouache permettant de mieux cerner l'activit\u00E9 de brodeur que Jean-Fran\u00E7ois Bony a exerc\u00E9e toute sa vie, parall\u00E8lement \u00E0 celle de dessinateur de fabrique, de fabricant et, plus occasionnellement, de peintre de fleurs. La bordure pour tenture brod\u00E9e est orn\u00E9e d'un courant d'\u00E9glantines (Rosa canina ou rosier sauvage), \u00E9panouies ou en boutons, sur des tiges dress\u00E9es, charg\u00E9es d'aiguillons, brod\u00E9es au point de tige et au pass\u00E9 plat. La corolle des fleurs, \u00E0 cinq p\u00E9tales, brod\u00E9e au pass\u00E9 plat et empi\u00E9tant en soie et chenille de soie, entoure un pistil en chenille dont les \u00E9tamines sont en fil\u00E9 m\u00E9tallique et en cannetille dor\u00E9s. Autour de ce bouquet d'\u00E9glantines s'enroule un ruban dor\u00E9, orn\u00E9 sur sa face externe d'un courant de laurier, en feuilles et en fruits, et sur sa face interne d'une grecque, brod\u00E9e sur une application de tulle. Le volume des spires est donn\u00E9 par l'usage des soies color\u00E9es, des fil\u00E9s et des cannetilles m\u00E9talliques, ainsi que par les points de broderie eux-m\u00EAmes. L'usage du tulle en application est particuli\u00E8rement caract\u00E9ristique des premi\u00E8res ann\u00E9es du XIXe si\u00E8cle. Lyon s'\u00E9tait, en effet, sp\u00E9cialis\u00E9e dans la production de ce type d'\u00E9toffe, d'origine anglaise. La consommation des tulles dans les ateliers de broderie de la ville \u00E9tait importante, comme en t\u00E9moigne, par exemple, un acte de notori\u00E9t\u00E9 en faveur de Claude Bonnard, adress\u00E9 en 1806 par le fabricant au ministre de l'Int\u00E9rieur, Jean-Baptiste Nomp\u00E8re de Champagny. Bonnard est l'inventeur du proc\u00E9d\u00E9 permettant de produire, depuis 1800, les tulles doubles, fond dentelle, nou\u00E9s, et\u00A0l'acte de notori\u00E9t\u00E9\u00A0est sign\u00E9 par la plupart des marchands brodeurs de Lyon. N\u00E9anmoins, le nom de Jean-Fran\u00E7ois Bony n'appara\u00EEt pas parmi les signataires du document. Pourtant, cette m\u00EAme ann\u00E9e 1806, il est un des seuls marchands brodeurs de Lyon \u00E0 obtenir une distinction \u00E0 l'Exposition des produits de l'industrie fran\u00E7aise,\u00A0pour \u00AB des broderies remarquables par leur beaut\u00E9. \u00BB L'atelier de Jean-Fran\u00E7ois Bony est, en effet, l'un des plus r\u00E9put\u00E9 sous l'Empire et jusqu'aux premi\u00E8res ann\u00E9es de la Restauration. En 1805, l'Empereur et l'Imp\u00E9ratrice s\u00E9journent \u00E0 Lyon et les produits de l'industrie lyonnaise leur sont pr\u00E9sent\u00E9s au Conservatoire des Arts, dans le Palais Saint-Pierre. Napol\u00E9on et Jos\u00E9phine remarquent \u00AB un \u00E9cran fond velours, brod\u00E9 en dorures et nuances, et un tapis de m\u00EAme sorte ; le tout ex\u00E9cut\u00E9 avec autant de go\u00FBt que de richesse dans les ateliers de M. Boni (sic) et d'apr\u00E8s ses dessins. \u00BB En 1810, c'est \u00E0 Jean-Fran\u00E7ois Bony que le Conseil municipal de la ville de Lyon commande un \u00AB manteau de satin blanc et une robe ronde de tissu argent fin \u00BB, les deux v\u00EAtements \u00AB brod\u00E9s richement en superbe dorure fine \u00BB de mod\u00E8le exclusif, pour \u00EAtre offerts \u00E0 la nouvelle imp\u00E9ratrice Marie-Louise \u00E0 l'occasion de son mariage avec Napol\u00E9on Ier. Le mus\u00E9e des Tissus conserve une gouache de l'artiste repr\u00E9sentant la robe et le manteau (inv. MT 18797.1), un projet \u00E0 la mine de plomb et \u00E0 la gouache pour les broderies du bas de cette robe (inv. MT 2014.0.1), un projet \u00E0 la mine de plomb pour les broderies du manteau (inv. MT 2014.0.2), deux gouaches \u00E0 l'\u00E9chelle 1 sur papier argent\u00E9 la de broderie de la robe (inv. MT 2014.0.3 et MT 2014.0.4) et un \u00E9chantillon or sur drap d'argent de cette derni\u00E8re (inv. MT 18797.2). Jean-Fran\u00E7ois Bony ex\u00E9cute plusieurs v\u00EAtements pour la cour, comme en t\u00E9moigne aussi le projet d'une robe brod\u00E9e pour Caroline Murat contenu au folio 11 d'un carnet de dessins conserv\u00E9 au mus\u00E9e des Tissus (inv. MT 27638). Apr\u00E8s 1814, il est toujours sollicit\u00E9 par le nouveau gouvernement. \u00C0 l'occasion de la r\u00E9ception \u00E0 Lyon de la duchesse d'Angoul\u00EAme, Jean-Fran\u00E7ois Bony est honor\u00E9 par Madame Royale d'une visite \u00E0 son atlier. Il s'engage \u00E0 lui remettre dans un d\u00E9lai de six semaines \u00AB une robe de cour \u00E0 grande queue sur une belle Levantine rose brod\u00E9e argent sur le dessin compos\u00E9 de fleurs naturelles li\u00E9es par des ornements recherch\u00E9s \u00BB et \u00AB une robe ronde sur tulle ray\u00E9 dont le dessin sera compos\u00E9 de roses, de renoncules et autres fleurs ex\u00E9cut\u00E9es dans les couleurs naturelles en soie unie, le fond de la robe sera \u00E0 colonnes et petits bouquets brod\u00E9s argent fin ; au bas de la robe sera un falbala brod\u00E9 aussi en argent. Prix convenu : 3000 francs. \u00BB Lors du s\u00E9jour \u00E0 Lyon, en 1816, de Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, \u00E0 l'occasion de son mariage avec Charles-Ferdinand d'Artois, duc de Berry, Jean-Fran\u00E7ois Bony est encore sollicit\u00E9 puisqu'il r\u00E9alise une \u00AB robe longue sur satin blanc, brod\u00E9e richement en or fin. \u00BB En 1817, encore, il est mentionn\u00E9 dans la Description historique de Lyon, ou Notice sur les monuments remarquables et sur tous les objets de curiosit\u00E9 que renferme cette ville publi\u00E9e par Nicolas-Fran\u00E7ois Cochard : \u00AB On voit chez M. Bony, dessinateur distingu\u00E9, plusieurs tableaux brod\u00E9s du meilleur go\u00FBt : celui qui repr\u00E9sente un coq renversant un panier de fleurs est un chef-d'\u0153uvre d'ex\u00E9cution. Son atelier de broderie, et celui de Madame veuve Perret, rue Sainte-Catherine, sont ordinairement tr\u00E8s occup\u00E9s \u00BB (p. 303). \nLes ateliers de Jean-Fran\u00E7ois Bony r\u00E9alisaient des meubles brod\u00E9s, des \u00E9crans ou des v\u00EAtements. Le dessin du courant d'\u00E9glantines autour duquel s'enroule un ruban d\u00E9cor\u00E9 fait apparemment partie des mod\u00E8les de l'artiste qui ont connu un certain succ\u00E8s. Le mus\u00E9e des Tissus conserve, par exemple, une bordure en lampas, fond satin blanc, broch\u00E9 de soie, de fil\u00E9 et de fris\u00E9 m\u00E9talliques dor\u00E9s, avec un courant de roses autour duquel s'enroule un ruban orn\u00E9 de feuilles de laurier, de palmettes et de culots (inv. MT 2841), acquise \u00E0 la vente Bert. Par ailleurs, des meubles fa\u00E7onn\u00E9s cr\u00E9\u00E9s sous l'Empire reprennent encore le m\u00EAme motif, comme le gros de Tours blanc broch\u00E9 soie nu\u00E9e avec attributs des Arts et des Sciences command\u00E9 en 1808 pour le deuxi\u00E8me salon des grands appartements du Palais de Meudon, ex\u00E9cut\u00E9 par Lacostat et Trollier (le mus\u00E9e des Tissus en conserve un \u00E9l\u00E9ment de bordure douze pouces pour tenture, avec un courant de roses entour\u00E9 d'un ruban, inv. MT 33791), ou le damas jaune et bleu \u00E0 guirlandes de marguerites et coupes de fruits, command\u00E9 en 1812 \u00E0 J.-P. Lacostat et Cie pour des appartements de ministres ou grands officiers au Palais de Versailles (bordure neuf pouces pour tenture, lit et rideaux, dessin de \u00AB Roze [sic] avec treillage tournant sculpt\u00E9 \u00E0 jour. Composition d'anciens desseins \u00BB, Paris, Mobilier national, inv. GMMP 1194/1). En avril 1970, la bordure pour tenture brod\u00E9e, qui \u00E9tait entr\u00E9e dans les collections sous le num\u00E9ro d'inventaire MT 1294, a \u00E9t\u00E9 r\u00E9inventori\u00E9e par erreur sous le num\u00E9ro MT 35127.2. C'est malheureusement ce num\u00E9ro erron\u00E9 qui a \u00E9t\u00E9 inscrit au revers de la pi\u00E8ce. Maximilien Durand"@fr .