. . "2021-02-10T00:00:00"^^ . "Ce panneau de taffetas, imprim\u00E9 en noir\u00A0par un proc\u00E9d\u00E9 lithographique puis mis en couleurs \u00E0 la planche, \u00E9tait destin\u00E9 \u00E0 constituer un \u00E9cran de chemin\u00E9e,\u00A0mont\u00E9\u00A0ou\u00A0\u00AB \u00E0 rouleau \u00BB : un bo\u00EEtier tubulaire,\u00A0probablement en acajou ou tout autre bois pr\u00E9cieux,\u00A0pouvait alors former le r\u00E9ceptacle de l'\u00E9toffe, fix\u00E9e par son extr\u00E9mit\u00E9 sup\u00E9rieure \u00E0 l'enrouleur dans le bo\u00EEtier, tandis que son extr\u00E9mit\u00E9 inf\u00E9rieure \u00E9tait attach\u00E9e \u00E0 une tige de d\u00E9roulement. Le bo\u00EEtier se posait sur le manteau de la chemin\u00E9e, la soierie \u00E9tant d\u00E9roul\u00E9e vers le bas pour cacher partiellement le foyer. Le d\u00E9cor, \u00E0 motif plac\u00E9, pr\u00E9sente un riche encadrement de\u00A0rais-de-c\u0153ur, dans lequel prend place la repr\u00E9sentation en trompe-l'\u0153il de panneaux de lambris. Le panneau sup\u00E9rieur contient une urne, dont le pi\u00E9douche donne naissance \u00E0 des enroulements de feuilles d'acanthe, contenant une rosette ou un ph\u00E9nix perch\u00E9. En partie inf\u00E9rieure, les m\u00EAmes enroulements naissent d'un culot d'acanthe. Les ph\u00E9nix sont absents sur ce registre. Sur les c\u00F4t\u00E9s se dressent des torch\u00E8res \u00E0 l'antique, surmont\u00E9es par un cygne aux ailes d\u00E9ploy\u00E9es qui repose sur un culot cantonn\u00E9 d'ornements. Dans les quatre angles apparaissent des instruments de musique antiques, un sistre, un cor, une lyre avec deux tibias, un autre sistre avec deux tibias.\u00A0Le panneau central, cintr\u00E9, pr\u00E9sente un d\u00E9cor sur le fond en r\u00E9serve du taffetas blanc. Dans les \u00E9coin\u00E7ons apparaissent une fl\u00FBte de Pan avec deux tibias, d'une part, et une couronne de laurier nou\u00E9e par un ruban, d'autre part. Un vase \u00E0 l'antique, bleu et or, dont la panse est orn\u00E9e d'un dauphin, contient un bouquet de fleurs, roses, capucines, pens\u00E9es, campanules et narcisses. En partie inf\u00E9rieure, le vase est encadr\u00E9\u00A0par deux branches de laurier, en feuilles et en fruits. Son pi\u00E9douche est remplac\u00E9 par des ornements, prolong\u00E9s \u00E0 gauche et \u00E0 droite de la composition par de graciles termes \u00E0 t\u00EAtes f\u00E9minines, supportant des corbeilles de fruits, d'o\u00F9 jaillissent des ornements qui\u00A0terminent l'encadrement du vase de fleurs, en partie sup\u00E9rieure. Les motifs sont inspir\u00E9s des d\u00E9cors dans le go\u00FBt pomp\u00E9ien, diffus\u00E9s par la gravure, et du travail des ornemanistes du Directoire, du Consulat et de l'Empire.\u00A0\nLa soierie est un des rares t\u00E9moignages d'impression lithographique sur \u00E9toffe, \u00AB enlumin\u00E9e \u00BB \u00E0 la planche au moyen de couleurs \u00E9clatantes. Ce proc\u00E9d\u00E9, employ\u00E9 quelques ann\u00E9es seulement par la manufacture des fr\u00E8res Haussmann, \u00E0 Logelbach, pr\u00E8s de Colmar,\u00A0assura le succ\u00E8s de cette maison sous la Restauration. \nCette manufacture a \u00E9t\u00E9 cr\u00E9\u00E9e par trois des fils de Chr\u00E9tien Haussmann (1716-1790), pharmacien de Colmar. De son \u00E9pouse Barbe Buob (1721-1793), ce dernier eut quinze enfants, dont neuf seulement ont atteint l'\u00E2ge adulte : Chr\u00E9tien (1738-1800), Jean (1740-1820), Marguerite-Barbe (1745-1828), Jean-Michel (1748-1824), Georges (1752-1828), Jean-Ulrich (1754-1836), Fr\u00E9d\u00E9ric (1757-1847), Nicolas (1760-1846) et Marie-Madeleine (1763-1806).\u00A0Le projet de cr\u00E9ation d'une manufacture d'indiennes revient aux deux a\u00EEn\u00E9s, Chr\u00E9tien et Jean, et \u00E0 leur cadet, Jean-Michel.\nChr\u00E9tien Haussmann \u00E9tudia la pharmacie \u00E0 Gen\u00E8ve, puis se voua \u00E0 la m\u00E9decine. Il soutint sa th\u00E8se inaugurale \u00E0 l'Universit\u00E9 de Strasbourg en 1764 et\u00A0exer\u00E7a pendant quelques ann\u00E9es comme docteur, avant de se consacrer aux affaires familiales. Son fr\u00E8re Jean \u00E9tait\u00A0entr\u00E9 dans le n\u00E9goce \u00E0 Strasbourg, Berlin et Vienne, puis il s'\u00E9tablit \u00E0 Augsbourg,\u00A0o\u00F9 il travaillait pour\u00A0la manufacture d'\u00E9toffes imprim\u00E9es de Johann Heinrich, baron de Sch\u00FCle, surnomm\u00E9 plus tard \u00AB l'Oberkampf de l'Allemagne \u00BB. Il \u00E9pousa la fille de ce dernier, Barbara de Sch\u00FCle, avant de revenir \u00E0 Colmar. Jean-Michel s'\u00E9tait orient\u00E9 vers la profession d'apothicaire pour reprendre l'officine de son p\u00E8re, et il s'instruisit d'abord \u00E0 Gen\u00E8ve, puis \u00E0 Paris. Mais ses go\u00FBt le pouss\u00E8rent \u00E0 suivre assiduement, \u00E0 Paris, des cours de chimie et de physique, et plus particuli\u00E8remFent ceux qui concernaient la chimie appliqu\u00E9e aux arts industriels. Il s'appliqua notamment\u00A0au domaine de la teinture des \u00E9toffes. Les succ\u00E8s de ses recherches d\u00E9termin\u00E8rent son fr\u00E8re Chr\u00E9tien \u00E0 l'envoyer en 1774\u00A0\u00E0 Rouen se charger d'une manufacture de perses et d'indiennes en toiles de lin et de coton.\u00A0La ville \u00E9tait devenue, en effet, un important centre de production de coton. Les succ\u00E8s de la manufacture nourrirent le projet de lui donner de l'extension. Mais la famille pr\u00E9f\u00E9ra d\u00E9velopper cette nouvelle manufacture de perses et d'indiennes pr\u00E8s de Colmar, \u00E0 Logelbach. Le co\u00FBt de la main-d'\u0153uvre et la proximit\u00E9 du march\u00E9 allemand, tr\u00E8s prometteur et vers lequel s'orienteraient bient\u00F4t les deux tiers de la production, justifi\u00E8rent ce transfert vers Alsace.\u00A0La manufacture\u00A0y fut \u00E9tablie, sur l'emplacement d'anciennes tanneries, en 1775,\u00A0sous la raison commerciale Hausmann et Cie, avec, comme associ\u00E9s, les fr\u00E8res Chr\u00E9tien, Jean\u00A0et Jean-Michel Haussmann, Jean-Henri Rieg\u00E9,\u00A0peintre et coloriste d'Augsbourg, Giros de Gentilly (pseudonyme de George Palmer), teinturier et chimiste anglais install\u00E9 \u00E0 Paris, et\u00A0Georg Adam Emmerich, banquier, \u00E9galement\u00A0d'Augsbourg. Rieg\u00E9 et Emmerich\u00A0\u00E9taient des\u00A0relations de Jean Haussmann.\u00A0Chr\u00E9tien semble avoir \u00E9t\u00E9 le promoteur de l'entreprise. Il \u00E9tait \u00E9galement le gendre de Jean-Jacques Buob, son oncle, l'un des plus riches n\u00E9gociants de la ville qui avait investi des capitaux \u00E0 Wesserling. Jean-Michel apporta ses connaissances et le fruit de ses recherches, tout comme Jean-Henri Rieg\u00E9 et Giros de Gentilly. Georg Adam Emmerich \u00E9tait le bailleur de fonds et l'associ\u00E9, \u00E0 Augsbourg, de Jean Haussmann.\u00A0Ils import\u00E8rent d'abord des toiles de Suisse, puis les firent tisser dans les campagnes vosgiennes. Ils obtinrent\u00A0de Versailles,\u00A0par lettres patentes d'ao\u00FBt 1776, le privil\u00E8ge royal qui les garantissait de la concurrence imm\u00E9diate :\u00A0aucune autre fabrique du m\u00EAme genre ne pouvait s'\u00E9tablir \u00E0 trois lieues \u00E0 la ronde.\u00A0Giros de Gentilly ne tarda pas \u00E0 quitter la soci\u00E9t\u00E9. Il fut remplac\u00E9 par le banquier berlinois Louis-Andr\u00E9 Jordan et l'entreprise fut constitu\u00E9e, le 3 octobre 1777, sous la raison commerciale Haussmann, Emmerich, Jordan et Cie. Jean-Henri Rieg\u00E9, employ\u00E9 auparavant comme inspecteur pour l'impression \u00E0 la manufacture de Frydau, en Autriche, qu'il avait laiss\u00E9e pour cause de diff\u00E9rend, quitta aussi Logelbach pour la m\u00EAme raison le 20 octobre 1778. Il s'\u00E9tait, en effet, associ\u00E9 \u00E0 Andr\u00E9 Hartmann (1746-1834) dans la fondation d'une manufacture de toiles imprim\u00E9es \u00E0 Munster, dans le Haut-Rhin \u00E9galement.\nEn 1782, Louis-Andr\u00E9 Jordan \u00E9pousait Marie-Madeleine Haussmann, la plus jeune s\u0153ur de la famille.\u00A0Les affaires de la manufacture royale privil\u00E9gi\u00E9e de perses et d'indiennes Haussmann, Emmerich, Jordan et Cie devinrent florissantes. En 1788, mille deux cents personnes \u00E9taient employ\u00E9es dans la manufacture et produisaient plus de cinquante mille pi\u00E8ces imprim\u00E9es. Nicolas Haussmann, fr\u00E8re de Chr\u00E9tien, Jean et Jean-Michel, s'installa \u00E0 Versailles en 1778\u00A0pour y fonder\u00A0un important magasin de redistribution. Il devint sous la R\u00E9volution d\u00E9put\u00E9 de Seine-et-Oise \u00E0 l'Assembl\u00E9e l\u00E9gislative puis \u00E0 la Convention (1791-1795), si\u00E9geant \u00E0 gauche. Repr\u00E9sentant en mission \u00E0 Mayence au moment du proc\u00E8s du roi, il soutint dans une lettre \u00E0 l'Assembl\u00E9e l'ex\u00E9cution de Louis XVI. Sorti de la Chambre en 1795, il devint commissaire du Directoire aupr\u00E8s de l'arm\u00E9e de Rhin-et-Moselle avant de faire une fructueuse carri\u00E8re de fournisseur aux arm\u00E9es dont il se retira, fortune faite, en 1807. En janvier 1816, il fut contraint de s'exiler \u00E0 B\u00E2le comme r\u00E9gicide. Il fut rappel\u00E9 quelques ann\u00E9es plus tard et s'\u00E9tablit d'abord \u00E0 Viroflay, puis dans sa propri\u00E9t\u00E9 de Chaville dont il\u00A0fut le maire de 1813 \u00E0 1815. Son fils, Nicolas-Valentin (1787-1876), commissaire des guerres et intendant militaire de Napol\u00E9on Ier, \u00E9pousa \u00C8ve-Marie-Caroline Dentzel, fille du g\u00E9n\u00E9ral et d\u00E9put\u00E9 de la Convention Georges-Fr\u00E9d\u00E9ric, baron Dentzel. Ils sont les\u00A0parents du c\u00E9l\u00E8bre pr\u00E9fet Georges-Eug\u00E8ne Haussmann (1809-1891).\nLa manufacture de Logelbach fut tr\u00E8s affect\u00E9e par la R\u00E9volution. \u00C0 partir de 1794, les \u00E9tablissements furent particuli\u00E8rement touch\u00E9s par le bouleversement des circuits commerciaux, la d\u00E9pr\u00E9ciation des assignats et les r\u00E9quisitions. La succursale de Paris fut supprim\u00E9e en 1795. En 1798, le volume de la production et celui des effectifs avaient diminu\u00E9 des deux tiers. La soci\u00E9t\u00E9 fut alors dissoute. Pour \u00E9viter la faillite, on s'associa, sous\u00A0la tr\u00E8s br\u00E8ve\u00A0raison commerciale Haussmann, Wichelhausen et Cie, avec le n\u00E9gociant Peter Wichelhausen, originaire de Francfort, install\u00E9 \u00E0 Colmar en 1799 \u00E0 l'occasion de son mariage avec Marie-Salom\u00E9 M\u00FCssel, la fille du maire de la ville.\nChr\u00E9tien Haussmann mourut en 1800. En\u00A01803, seulement, gr\u00E2ce \u00E0 de nouvelles combinaisons et \u00E0 un renouvellement de la direction de l'\u00E9tablissement, sous le nom de Haussmann fr\u00E8res, les affaires se relev\u00E8rent. Le r\u00E9tablissement de la manufacture est d\u00FB aux recherches que Jean-Michel\u00A0Haussmann\u00A0n'avait jamais\u00A0cesser de poursuivre\u00A0sur les teintures \u2014 il \u00E9tait en relation avec Antoine-Laurent de Lavoisier (1743-1794), Antoine-Fran\u00E7ois Fourcroy (1755-1809), Jean-Antoine Chaptal (1756-1832), Louis-Nicolas Vauquelin (1763-1829) et surtout Claude-Louis Berthollet (1748-1822)\u00A0\u2014\u00A0tout autant qu'au renouvellement des dessins propos\u00E9s par la maison. \n\u00C0 l'Exposition des produits de l'industrie fran\u00E7aise de 1806, la manufacture pr\u00E9sentait ses productions pour la premi\u00E8re fois dans la cat\u00E9gorie des toiles peintes. Le jury d\u00E9cerna une m\u00E9daille d'or \u00E0 la manufacture fond\u00E9e par Christophe-Philippe Oberkampf (1738-1815) \u00E0 Jouy-en-Josas, et une m\u00E9daille d'argent de premi\u00E8re classe \u00E0 \u00AB MM. Haussmann fr\u00E8res, de Logelbach pr\u00E8s Colmar, qui, par leurs travaux chimiques, ont beaucoup contribu\u00E9 \u00E0 l'avancement de l'art d'imprimer les toiles, et qui ont pr\u00E9sent\u00E9 des toiles d'une grande richesse de couleurs. \u00BB\nLe dessinateur de la manufacture\u00A0\u00E9tait alors Jean-Georges Hirn (1776-1839), auquel on doit aussi le dessin de l'\u00E9cran de chemin\u00E9e du mus\u00E9e des Tissus. Jean-Georges Hirn \u00E9tait n\u00E9\u00A0\u00E0 Mulhouse le 15 d\u00E9cembre 1777 d'Abraham Hirn, concierge au coll\u00E8ge de la ville,\u00A0et d'Anne-Catherine Heinrich. Il manifesta tr\u00E8s\u00A0pr\u00E9cocement une vocation pour le dessin et re\u00E7ut ses premi\u00E8res le\u00E7ons de Johann Heinrich Lambert\u00A0(1763-1834),\u00A0neveu du c\u00E9l\u00E8bre math\u00E9maticien et physicien du m\u00EAme nom. \u00C0 huit ou dix ans, il quittait sa ville natale et allait vivre \u00E0 Constance en Brisgau, chez un de ses oncles, Peter Hirn. Il y travailla dans la manufacture d'indiennes que d\u00E9tenait ce dernier avec Samuel Vogel et son fils Alexander Vogel.\u00A0Vers l'\u00E2ge de quinze ans, en 1792, il\u00A0fut engag\u00E9\u00A0\u00E0 la manufacture de Logelbach.\u00A0Il y accomplit toute sa carri\u00E8re, \u00E9pousant, le 16 avril 1807, la fille a\u00EEn\u00E9e de Jean-Michel Haussmann et Marguerite-\u00C9lisabeth H\u00FCbschmann, Louise Haussmann (1780-1833). En 1817, il fut m\u00EAme associ\u00E9 \u00E0 la gestion de l'entreprise. Cette ann\u00E9e-l\u00E0, en effet, Jean-Michel Haussmann, sentant le besoin de repos et affaibli par une intoxication au chlore,\u00A0confia la gestion de sa manufacture \u00E0 ses fils Chr\u00E9tien (1781-1832), Jacques (1783-1832)\u00A0et Balthasar (1791-1854), ainsi qu'\u00E0 ses gendres Jean-Georges Hirn et \u00C9douard Jordan (1789-1866), \u00E9poux d'Henriette Haussmann (1790-1829), la s\u0153ur cadette de Louise,\u00A0sans cesser de s'occuper pourtant des sciences chimiques et physiques. Il mourut \u00E0 Strasbourg le 16 d\u00E9cembre 1824. Il a laiss\u00E9 de nombreux m\u00E9moires de chimie industrielle qui parurent dans les Annales de la chimie entre 1774 et 1824, dans le Journal de physique et de\u00A0chimie entre 1785 et 1806, dans le Journal des mines entre 1810 et 1815.\nPeu de temps apr\u00E8s la retraite de Jean-Michel Haussmann, la maison Haussmann fr\u00E8res participait \u00E0 l'Exposition des produits de l'industrie fran\u00E7aise de 1819\u00A0: \u00AB MM. Haussmann fr\u00E8res, de Colmar. Ces fabricants ont appliqu\u00E9 les premiers, et avec un plein succ\u00E8s, la gravure lithographique \u00E0 l'impression sur les \u00E9toffes de soie, de laine et de coton. Leurs toiles imprim\u00E9es se sont fait remarquer par l'\u00E9clat et la solidit\u00E9 des couleurs, par la nettet\u00E9 et le bon go\u00FBt des dessins. L'art de la teinture et celui de l'impression sur toiles ont d\u00FB des progr\u00E8s aux travaux de MM. Haussmann. Le jury leur d\u00E9cerne une m\u00E9daille d'or. \u00BB La lithographie s'impose alors tout juste en France, avec Godefroy Engelmann de Mulhouse, notamment, et son application \u00E0 l'impression textile rel\u00E8ve de l'exploit : le support de l'impression doit \u00EAtre lisse, l'encre doit \u00EAtre adapt\u00E9e \u00E0 la soie, les pierres doivent \u00EAtre juxtapos\u00E9es avec soin pour \u00E9viter un mauvais raccord, les plis doivent \u00EAtre \u00E9vit\u00E9s, et la mise en couleurs doit aussi pouvoir \u00EAtre r\u00E9alis\u00E9e. La lithographie ne permet pas d'imprimer des couleurs. Celles-ci sont donc appliqu\u00E9es selon les m\u00E9thodes traditionnelles, \u00E0 la planche et au pinceautage. Les couleurs doivent cependant \u00EAtre brillantes et elles n\u00E9cessitent d'\u00EAtre fix\u00E9es efficacement \u00E0 la vapeur. Le proc\u00E9d\u00E9 est donc complexe, difficile \u00E0 mettre en \u0153uvre et co\u00FBteux. Pourtant, il produit des chefs-d'\u0153uvre d'exposition, de grandes laizes en couleurs ou \u00AB sans aucun enluminage pour faire conna\u00EEtre la perfection de la lithographie employ\u00E9e pour la fabrication (...) \u00BB,\u00A0ces vastes pi\u00E8ces \u00AB pour servir de tapisserie \u00BB (Mulhouse, Archives d\u00E9partementales du Haut-Rhin, 8 M 27, exposition de 1819). Le mus\u00E9e Unterlinden, \u00E0 Colmar, conserve les panneaux envoy\u00E9s \u00E0 l'Exposition par la maison Haussmann fr\u00E8res, tandis\u00A0que le\u00A0Conservatoire national des Arts et M\u00E9tiers, \u00E0 Paris, poss\u00E8de un m\u00E9moire manuscrit de La Morini\u00E8re\u00A0intitul\u00E9 Tableau des premiers essais de l'application de la lithographie \u00E0 l'impression sur \u00E9toffes (1819), par MM. Haussmann fr\u00E8res, de Colmar (inv. 06209-0000).\nL'usage de la lithographie sur \u00E9toffe, cependant, semble avoir \u00E9t\u00E9 restreint \u00E0 des pi\u00E8ces de petites dimensions, comme en t\u00E9moigne, par exemple, la description des produits vendus dans la boutique de la maison Haussmann fr\u00E8res \u00E0 Paris, rue du Sentier, contenue dans le\u00A0Bazar parisien ou Annuaire raisonn\u00E9 des premiers artistes et fabricans de Paris, offrant l'examen de leurs travaux, fabrications, d\u00E9couvertes, produits, inventions, etc. publi\u00E9 \u00E0 Paris en\u00A01821 (p. 266) : \u00AB Haussmann fr\u00E8res, Toiles de coton peintes, Mouchoirs, Schals, Impressions sur soie, rue du Sentier, n\u00B0 26. Leur manufacture est situ\u00E9e \u00E0 une demi-lieue de Colmar (Haut-Rhin) ; elle existe depuis 1774, o\u00F9 elle fut fond\u00E9e par les p\u00E8res des propri\u00E9taires d'aujourd'hui. L'un des fondateurs, chimiste tr\u00E8s connu, M. J. M. Haussmann, qui vit retir\u00E9 \u00E0 Strasbourg, est le premier qui ait appliqu\u00E9 cette science \u00E0 l'art de l'impression et de la teinture des toiles de coton. L'industrie, dans le d\u00E9partement du Haut-Rhin, lui doit de nombreuses d\u00E9couvertes. La manufacture des fr\u00E8res Haussmann jouit, depuis nombre d'ann\u00E9es, d'une r\u00E9putation justement m\u00E9rit\u00E9e ; elle a obtenu une m\u00E9daille d'argent, \u00E0 l'Exposition de 1806, et une m\u00E9daille d'or \u00E0 celle de 1819 ; on y a vu des impressions sur soie, laine et toiles de coton, produites par le moyen de la lithographie, d'apr\u00E8s des proc\u00E9d\u00E9s inconnus jusqu'alors, et invent\u00E9s par eux. Leurs magasins, \u00E0 Paris, offrent \u00E0 l'acheteur des assortiments de tr\u00E8s riches marchandises, rivalisant avec tout ce qui se fait de mieux, et notamment plusieurs articles remarquables par une perfection \u00E0 laquelle aucune autre manufacture n'a encore pu atteindre. \u00BB\nC'est aussi ce que sugg\u00E8re, en 1835, Godefroy Engelmann, dessinateur, lithographe et l'un des inspirateurs de la Soci\u00E9t\u00E9 industrielle de Mulhouse, dans son Trait\u00E9 th\u00E9orique et pratique de lithographie publi\u00E9 \u00E0 Mulhouse, lorsqu'il d\u00E9plore l'abandon total de la lithographie sur \u00E9toffe invent\u00E9e par les fr\u00E8res Haussmann (p. 41) : \u00AB Vers l'ann\u00E9e 1818, l'art de l'impression sur pierre, non content de s'\u00EAtre empar\u00E9 des ouvrages de tout genre sur papier, essaya d'accro\u00EEtre encore ses moyens de production. MM. Hausmann (sic) fr\u00E8res, fabricans de toiles peintes \u00E0 Colmar, et d\u00E9j\u00E0 avantageusement connus par de nombreux perfectionnements apport\u00E9s dans leur industrie, eurent l'id\u00E9e ing\u00E9nieuse d'employer la lithographie \u00E0 l'application sur mouchoirs de soie, de sujets militaires, qu'ils coloriaient ensuite au moyen de planches de bois. Ces mouchoirs, d'une belle ex\u00E9cution, eurent une grande vogue, et j'ignore quel motif assez puissant a pu faire abandonner cette industrie nouvelle, apr\u00E8s un aussi heureux essai. \u00BB\nJules Persoz, dans son Trait\u00E9 th\u00E9orique et pratique de l'impression des tissus, dans le quatri\u00E8me volume publi\u00E9 \u00E0 Paris en 1846 (p. 180), indique que les dessins de ces impressions lithographiques sont dus \u00E0 Jean-Georges Hirn,\u00A0second\u00E9, pour le fonctionnement des machines, par le plus jeune fils de Jean-Michel Haussmann, Balthasar\u00A0: \u00AB Les impressions par les encres grasses, qui furent presque abandonn\u00E9es durant une assez longue p\u00E9riode, ont \u00E9t\u00E9 reprises \u00E0 l'\u00E9poque de l'invention de la lithographie ; la maison Haussmann a \u00E9t\u00E9 une des premi\u00E8res \u00E0 faire une heureuse application de cette belle d\u00E9couverte \u00E0 l'impression des tissus. Qui ne se rappelle les sujets palpitants de nationalit\u00E9 qu'elle imprima de cette mani\u00E8re, avec le concours \u00E9clair\u00E9 de M. Hirn pour les dessins, et de M. B. Haussmann pour la partie m\u00E9canique ? \u00BB\nOn apprend aussi, de ces deux auteurs, que la production des impressions lithographiques enlumin\u00E9es sur soie de la maison Haussmann fr\u00E8res n'ont \u00E9t\u00E9 produites que durant une p\u00E9riode br\u00E8ve.\nDeux autres exemplaires d'\u00E9crans de chemin\u00E9e imprim\u00E9s \u00E0 la lithographie pour les noirs et \u00E0 la planche pour les couleurs, issus de la manufacture de Logelbach, semblent d'ailleurs avoir \u00E9t\u00E9 pr\u00E9serv\u00E9s. Le premier est conserv\u00E9 au mus\u00E9e des Tissus (inv. MT 25840).\u00A0Le second\u00A0a \u00E9t\u00E9 acquis par le mus\u00E9e de l'Impression sur \u00E9toffe de Mulhouse en 1993 et conserve encore son bo\u00EEtier en acajou (inv. 993.7.4). Il est lui aussi orn\u00E9 d'un encadrement en trompe-l'\u0153il au milieu duquel est un m\u00E9daillon enfermant un paysage. Le m\u00E9daillon est cantonn\u00E9 par des sphinx et des perroquets. L'impression, sur cet exemplaire, comporte quatorze couleurs. Comme les deux exemplaires lyonnais, il t\u00E9moigne de la virtuosit\u00E9 d'une technique \u00E9ph\u00E9m\u00E8re et particuli\u00E8rement ma\u00EEtris\u00E9e. Les\u00A0trois \u00E9crans ont \u00E9t\u00E9 produits par la manufacture de Logelbach entre 1819 et 1827, probablement, ces ann\u00E9es correspondant au plus grands succ\u00E8s de la manufacture. \nEn 1819, le duc d'Angoul\u00EAme visita Logelbach. Charles X, en visite \u00E0 Colmar,\u00A0y envoya son ministre de l'Int\u00E9rieur, Jean-Baptiste-Sylv\u00E8re Gaye, vicomte de Martignac, en 1828, et\u00A0Louis-Philippe vint la voir avec les ducs d'Orl\u00E9ans et de Nemours\u00A0lors de son passage en Alsace en 1831. Pour f\u00EAter l'arriv\u00E9e du roi, on fit porter ce jour-l\u00E0 des gants blancs \u00E0 tous les ouvriers.\nUn rappel de m\u00E9daille d'or leur fut attribu\u00E9 \u00E0 l'Exposition des produits de l'industrie fran\u00E7aise de 1823 : \u00AB MM. Haussmann fr\u00E8res, \u00E0 Logelbach (Haut-Rhin), qui obtinrent une m\u00E9daille d'or \u00E0 l'exposition de 1819, ont expos\u00E9 des mousselines, des toiles de coton et des \u00E9toffes en lin imprim\u00E9es, qui soutiennent l'excellente r\u00E9putation de leur maison. Ces fabricants occupent 1800 ouvriers, et font un commerce d'exportation consid\u00E9rable. Le jury a reconnu avec satisfaction qu'ils \u00E9taient de plus en plus dignes de la distinction qui leur a \u00E9t\u00E9 pr\u00E9c\u00E9demment accord\u00E9e. \u00BB\nLa soci\u00E9t\u00E9, toujours sous la raison commerciale Haussmann fr\u00E8res, se renouvela en 1820 et l'acte sp\u00E9cifie les attributions de chacun :\u00A0\u00C9douard Jordan, fils du banquier berlinois associ\u00E9 aux Haussmann d\u00E8s 1777 et gendre de Jean-Michel Haussmann, assure \u00AB la direction mercantile de toutes les affaires, achats et banque, consignations, appointements de commis \u00BB ; Chr\u00E9tien Haussmann, second fils de Jean-Michel Haussmann, assure \u00AB la direction en chef des travaux de la fabrique et la fixation des salaires des ouvriers \u00BB ; Jean-Georges Hirn, dessinateur dans l'entreprise depuis 1792, beau-fr\u00E8re des Haussmann depuis 1807, int\u00E9ress\u00E9 pour un quinzi\u00E8me en 1817 et associ\u00E9 pour deux septi\u00E8mes, assure \u00AB la direction du dessin et de la gravure, l'inspection des imprimeries, la fixation du salaire des graveurs \u00BB ; Balthasar Haussmann, dernier fils de Jean-Michel; int\u00E9ress\u00E9 pour un douzi\u00E8me en 1817, associ\u00E9 pour un septi\u00E8me tant qu'il n'est pas mari\u00E9 (ce qui se produit en 1822), assure \u00AB la direction de toutes les imprimeries au rouleau et l'inspection de tous les ouvrages en m\u00E9canique. \u00BB\u00A0En 1825, un acte de renouvellement de la soci\u00E9t\u00E9 conserve les m\u00EAmes fonctions aux m\u00EAmes personnes, mais int\u00E8gre un associ\u00E9 suppl\u00E9mentaire, Jacques Haussmann (1783-1832), autre fils de Jean-Michel Haussmann.\u00A0\nEn juillet 1822, l'explosion de la poudrerie de la manufacture permit l'\u00E9tablissement, au m\u00EAme endroit,\u00A0d'une filature moderne, actionn\u00E9e par le mouvement de l'eau, \u00E9rig\u00E9e de 1822 \u00E0 1824. \u00C0 l'Exposition des produits de l'industrie fran\u00E7aise de 1827, \u00AB MM. Haussmann fr\u00E8res, \u00E0 Logelbach (Haut-Rhin), ont expos\u00E9 des cotons fil\u00E9s pour cha\u00EEne, dans les num\u00E9ros 33 \u00E0 91, et pour trame dans les num\u00E9ros 44 \u00E0 65. Ces fil\u00E9s proviennent d'une filature qui a \u00E9t\u00E9 \u00E9lev\u00E9e r\u00E9cemment, et qui est dispos\u00E9e sur une tr\u00E8s grande \u00E9chelle \u00BB dans la section I, Filage du\u00A0coton, et dans la section III, Impressions sur \u00E9toffes de coton, \u00AB des mousselines imprim\u00E9es. \u00BB Le jury consid\u00E9rant qu'ils \u00AB ont encore accru l'ancienne r\u00E9putation de leur maison par l'importance de leur fabrication, la perfection et la vari\u00E9t\u00E9 de leurs produits \u00BB leur rappela la m\u00E9daille d'or obtenue en 1819 et confirm\u00E9e en 1823. Ils occupaient alors \u00A0deux mille huit cent soixante ouvriers, dont neuf cents pour les indiennes seulement. Il n'est alors d\u00E9j\u00E0 plus question des impressions lithographiques enlumin\u00E9es.\nFran\u00E7ois-Pierre-Charles, baron Dupin, dans son ouvrage\u00A0Forces productives et commerciales de la France, au tome premier, paru \u00E0 Paris en\u00A01827, rappelle l'\u00E9tonnante prosp\u00E9rit\u00E9 de la maison Haussmann fr\u00E8res\u00A0(note 1, p. 259-260) : \u00AB Cette fabrique, fond\u00E9e depuis cinquante ans, a d\u00FB sa prosp\u00E9rit\u00E9 premi\u00E8re \u00E0 M. J. Michel Haussmann, l'un des savants artistes qui ont le plus contribu\u00E9 au progr\u00E8s de l'industrie alsacienne. Il r\u00E9forma les id\u00E9es sur la combinaison et la composition des mordants ; fixa le premier avec succ\u00E8s, sur les toiles de coton, le rouge de cochenille et le prussiate de fer ou bleu de Berlin ; cr\u00E9a beaucoup de nuances nouvelles, en teinture ; employa le premier chez nous, en 1800, l'acide oxalique pour produire le blanc dans les indiennes, en enlevant par l'impression de cet acide, le mordant qui sert de base aux fonds de couleur, ce qui permit de donner plus de d\u00E9licatesse aux parties blanches des dessins sur indiennes, parties qu'on ne produisait que par une d\u00E9coupure assez grossi\u00E8re des planches qui servaient pour imprimer le mordage du fond. Les fils et les gendres de Michel Haussmann ont \u00E9tabli successivement le filage et le tissage des toiles de coton, sur lesquelles ils font leurs impressions ; ils fabriquent des robes, des mouchoirs, des cravates et des ch\u00E2les, \u00E0 tous les degr\u00E9s de finesse. En 1815, ils avaient cinq cents ouvriers, occup\u00E9s seulement aux impressions sur coton ; en 1817, ils commenc\u00E8rent l'impression sur la laine et sur la soie, et produisirent de superbes foulards en soie. La lithographie leur servit pour imprimer le premier trait des grands dessins \u00E0 sujets. En 1826, ils occupaient, pour leur manufacture d'indiennes du Logelbach, 900 ouvriers, dans leurs ateliers de tissage ; aux environs, 530 ; chez des entrepreneurs de tissage, 590 ; dans leur nouvelle filature construite d'apr\u00E8s le plus nouveau syst\u00E8me, mise en mouvement par la force de l'eau, 460 ; total 2480 : ils comptent sur 2900 en 1827. D\u00E9penses annuelles : coton brut, 165 000 kilogrammes, valant 450 000 francs. Filage, main-d'\u0153uvre seulement, 160 000 francs, pour produire 142 500 kilogrammes de fils en divers num\u00E9ros, estim\u00E9s 886 000 francs. Leur tissage donne 48 000 pi\u00E8ces, estim\u00E9es 1 536 000 francs. Main-d'\u0153uvre de tissage, sans compter les faux-frais, les frais de surveillance, etc., 500 000 francs ; 28 \u00E0 30 0000 pi\u00E8ces seulement sont imprim\u00E9es, avec les toiles larges pour ch\u00E2les et les mousselines pour robes, valant un million. Frais de teinture, mat\u00E9riaux et combustible, 450 000 francs ; main-d'\u0153uvre de 900 ouvriers, 300 000 francs : on ne compte pas les frais de direction, l'int\u00E9r\u00EAt du mat\u00E9riel des \u00E9tablissements, etc. Vente d\u00E9finitive : 28 000 pi\u00E8ces teintes, 2 400 000 francs ; 20 000 pi\u00E8ces blanches, 650 000 francs ; total, au prix actuel, 5 050 000 francs. Ces r\u00E9sultats sont du plus haut int\u00E9r\u00EAt, et nous serions trop heureux si nous avions pu nous en procurer de pareils pour les autres fabriques du Haut-Rhin, dont ils serviront du moins \u00E0 mesurer la grandeur et l'opulence. On \u00E9value \u00E0 plus de 500 000 kilogrammes le coton brut fil\u00E9 par les manufactures de ce d\u00E9partement. \u00BB\nLa crise alsacienne de 1827-1828 marqua le commencement d'une s\u00E9rie de difficult\u00E9s, qui \u00E9taient \u00E0 peine conjur\u00E9es quand\u00A0\u00E9clata la R\u00E9volution de 1830, cause de grandes perturbations commerciales. Les pertes furent consid\u00E9rables et on se vit dans la n\u00E9cessit\u00E9 de recourir \u00E0 la formation d'une soci\u00E9t\u00E9 en commandite et par actions, sous la raison commerciale Haussmann fr\u00E8res et Cie.\u00A0L'entreprise surmonta les difficult\u00E9s, comme en t\u00E9moigne le Rapport du jury central sur les produits de l'industrie fran\u00E7aise en 1834, publi\u00E9 par Fran\u00E7ois-Pierre-Charles, baron Dupin, \u00E0 Paris, en\u00A01836 (tome II, p. 249) : \u00AB MM. Haussmann fr\u00E8res, \u00E0 Logelbach (Haut-Rhin). D\u00E9j\u00E0, nous avons signal\u00E9 l'\u00E9minence du m\u00E9rite industriel de MM. Haussmann, lorsque nous avons proclam\u00E9 les titres des fabricants, pour le filage et le tissage du coton ; comme imprimeurs, ils ne sont pas au-dessous du rang qu'ils ont conquis sous ces premiers rapports. Ils ont continu\u00E9 d'imprimer avec succ\u00E8s les fichus et le genre riche en aunage ; mais ils excellent surtout dans l'impression \u00E0 double-rouleau. Nul fabricant ne r\u00E9ussit aussi bien qu'eux \u00E0 produire de l'effet, par la combinaison de deux couleurs et de leurs d\u00E9gradations. Au m\u00E9rite d'un beau travail, MM. Haussmann joignent celui du bon march\u00E9, ce qui compl\u00E8te la solution du probl\u00E8me que se propose l'industrie. Le jury confirme de nouveau, pour 1834, la m\u00E9daille d'or obtenue d\u00E8s 1819, par MM. Haussmann, et deux fois confirm\u00E9e aux expositions de 1823 et 1827. \u00BB\nEn 1838, la raison commerciale devint Haussmann, Jordan, Hirn et Cie, et l'industrie de l'impression fut supprim\u00E9e en 1842, l'entreprise ne conservant plus que la filature et le tissage. En 1880, la fabrique passa en des mains \u00E9trang\u00E8res \u00E0 la famille des fondateurs sous la raison commerciale Filature et Tissages Haussmann.\nMaximilien Durand"@fr .