"2021-02-10T00:00:00"^^ . . . "Au cours de la neuvi\u00E8me campagne, men\u00E9e de janvier \u00E0 avril 1904, subventionn\u00E9e par la Soci\u00E9t\u00E9 fran\u00E7aise de fouilles arch\u00E9ologiques nouvellement cr\u00E9\u00E9e, Albert Gayet met au jour, dans les contreforts de la montagne, des tombes ma\u00E7onn\u00E9es dont le mat\u00E9riel lui permet de reconna\u00EEtre une division r\u00E9serv\u00E9e aux acteurs des Jeux olympiques d'Antino\u00E9. Il exhume, par exemple, la d\u00E9pouille d'un \u00AB gladiateur \u00BB, de la \u00AB pr\u00E9cieuse chanteuse de l'Osiris-Antino\u00FCs \u00BB Khelmis et d'un \u00AB conducteur de char \u00BB, enterr\u00E9 avec ses guides et ses fouets. Ce dernier fut expos\u00E9 pour la premi\u00E8re fois au Petit Palais, en 1905, en position centrale dans la quatri\u00E8me vitrine de la galerie ouest. Dans le bref catalogue de l'exposition, le d\u00E9funt est ainsi d\u00E9crit : \u00AB le corps est v\u00EAtu d'une simarre de bourre de soie verte, garnie de soieries broch\u00E9es rouges et d'un manteau tiss\u00E9 de lin, \u00E0 dessins bruns et noirs. Aupr\u00E8s du mort \u00E9taient d\u00E9pos\u00E9s des fouets, des guides roul\u00E9es et des pi\u00E8ces de harnachement. Une figurine peinte, dont il ne reste que la base ; une terre-cuite de laraire, image de Jupiter, deux lampes de terre-cuite et des poteries en quantit\u00E9 \u00BB (Albert Gayet, Petit Palais des Champs-\u00C9lys\u00E9es, Soci\u00E9t\u00E9 fran\u00E7aise des fouilles arch\u00E9ologiques. Premi\u00E8re exposition, juin-juillet 1905. Catalogue sommaire, 1905, p. 20). La d\u00E9pouille, donn\u00E9e \u00E0 l'un des souscripteurs de la Soci\u00E9t\u00E9 fran\u00E7aise de fouilles arch\u00E9ologiques, un certain M. Eeckman, fut conc\u00E9d\u00E9e par ce dernier au Palais des Beaux-Arts de Lille ou elle est toujours conserv\u00E9e (inv. D. 2011.0.3). La Chambre de Commerce de Lyon, \u00E9galement souscripteur de la campagne, re\u00E7ut de grands fragments du parement de son manteau pour le mus\u00E9e des Tissus. Ce manteau, jet\u00E9 sur les \u00E9paules de la d\u00E9pouilles, est comparable, par sa typologie, aux v\u00EAtements extraits des tombes B\u00A0139 et B 288 durant la troisi\u00E8me campagne, en 1898, eux aussi conserv\u00E9s au mus\u00E9e des Tissus (inv. MT 2013.0.6 et MT 47554). Comme eux, il a \u00E9t\u00E9 confectionn\u00E9 dans une laize de toile de laine, tiss\u00E9e sur une cha\u00EEne non teinte, de forte torsion Z, au moyen de fils de trame doubles en laine de couleur turquoise, de torsion Z \u00E9galement. La toile a \u00E9t\u00E9 gratt\u00E9e apr\u00E8s tissage, sur les deux faces, de mani\u00E8re \u00E0 produire de longues m\u00E8ches, peign\u00E9es en ondulations r\u00E9guli\u00E8res qui dissimulent totalement le tissage. Le manteau poss\u00E9dait de longues manches, mais pas de col. Son revers gauche et son grand revers droit \u00E9taient garnis d'applications. Des s\u00E9ries de trois cordelettes de lin, recouvertes d'une toile fine de laine beige, longent les bords des revers. Elles assuraient la tenue et l'aplomb de ces parties du v\u00EAtement. Le grand revers droit, notamment, destin\u00E9 \u00E0 se rabattre naturellement vers l'\u00E9paule, est garni de larges applications de samit, sur ses faces externe et interne. C'est de l\u00E0 que proviennent les fragments du mus\u00E9e des Tissus. La m\u00EAme soierie est cousue en miroir sur la partie externe du revers gauche. Les soies d\u00E9coup\u00E9es, ourl\u00E9es d'un simple repli de couture, \u00E9taient appliqu\u00E9es au point de surjet sur la toile de laine gratt\u00E9e. Il s'agit d'un samit fa\u00E7onn\u00E9 dit \u00AB mi-soie \u00BB, tiss\u00E9 sur une cha\u00EEne en soie de couleur beige ros\u00E9, au moyen de deux lats, le premier en soie rose, le second en laine rouge, fortement tordue en Z. Le d\u00E9cor est compos\u00E9 d'un r\u00E9seau d'octogones, dispos\u00E9s en quinconce, entre lesquels s'inscrivent des croix \u00E0 branches \u00E9gales, timbr\u00E9es d'un losange, et des hexagones. Les octogones enferment, d'un registre \u00E0 l'autre, une rosette \u00E0 quatre p\u00E9tales cordiformes ou un quatre-feuilles tr\u00E9fl\u00E9. Des bandes de la m\u00EAme soierie, plus \u00E9troites, galonnaient les bords du manteau. Une datation au radiocarbone des cheveux du \u00AB conducteur de char \u00BB situe son inhumation au cours du VIIe si\u00E8cle, entre 611 et 690. Cette fourchette chronologique co\u00EFncide avec les indications techniques fournies par les \u00E9toffes qui constituent g\u00E9n\u00E9ralement les manteaux \u00E0 longues manches, en laine gratt\u00E9e de couleur turquoise ou carmin, dont la production est majoritairement situ\u00E9e entre le VIe et le VIIe si\u00E8cle. \nMaximilien Durand"@fr .