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Portrait de Joseph-Marie Jacquard d'après Jean-Claude Bonnefond
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Henri Algoud, dans sa monographie sur les velours peints sur chaîne inventés par Gaspard Grégoire, parue en 1908, mentionne quelques tentatives d'imitations de cette technique particulièrement difficile à mettre en œuvre et à maîtriser. En premier lieu, il cite les expériences d'Hippolyte Erguez, « vieux dessinateur de fabrique », qui, vers 1850, réalisa « paraît-il, un saint Jean-Baptiste, médaillon ovale, et un portrait de femme ; ces deux essais ne sortant pas de la médiocrité ». Le médaillon avec saint Jean-Baptiste (en réalité, la reproduction du tableau Innocence de Jean-Baptiste Greuze, conservé à la Wallace Collection, à Londres, inv. P384), qu'Algoud ne semble pas avoir connu, est aujourd'hui conservé au musée des Tissus, en deux exemplaires(inv. MT 24595 et MT 24595.2) et un Portrait de Joseph-Marie Jacquard d'après le tableau de Jean-Claude Bonnefond révélé en 1834 (inv. MT 2014.0.27). Le Portrait de Joseph-Marie Jacquard par Jean-Claude Bonnefond avait été rendu très populaire, chez les fabricants lyonnais, par le tableau tissé en imitation de gravure en taille-douce présenté par la maison Didier-Petit et Cie à l'Exposition des produits de l'industrie française de 1839. Le musée des Tissus conserve deux exemplaires originaux de ce portrait (inv. MT 2264 et MT 42157). Après la faillite de la maison en 1843, Michel-Marie Carquillat, qui avait tissé le portrait pour le compte de la maison Didier-Petit et Cie et qui avait conservé la mise en carte, continua à produire le fameux tableau tissé (inv. MT 49086). Il en proposa aussi des versions réduites au seul buste de l'inventeur, plus petites et donc moins coûteuses, après le milieu du siècle (inv. MT 28362.6 et MT 33396). En 1855, l'édition de la gravure du tableau par Joseph-Victor Vibert (1799-1860) donna une nouvelle actualité à l'image de l'inventeur (inv. MT 7917). La même année, d'ailleurs, la maison Furnion père et fils aîné présentait à l'Exposition universelle de Paris un chef-d'œuvre d'exposition, le Portrait de Joseph-Marie Jacquard d'après Bonnefond tissé en velours triple corps ciselé (inv. MT 34320). C'est probablement dans le même temps que se situe l'expérience d'Hippolyte Erguez. Pour reproduire la technique mise au point par Gaspard Grégoire, le dessinateur de fabrique choisit les images créées par Greuze, qui avaient inspiré déjà son illustre prédécesseur, et le célèbre portrait. Gaspard Grégoire, déjà, avait transcrit en velours des portraits peints du Premier Consul, de l'Empereur ou des figures de la famille royale, sous la Restauration. Ici, le choix qui est fait de reproduire le tableau de Bonnefond est probablement justifié par la nature même de l'expérience et son caractère technique remarquable : comme la maison Didier-Petit et Cie avait choisi l'imitation de taille-douce exécutée selon le procédé Maisiat, comme la maison Furnion père et fils aîné avait exécuté la même image en velours ciselé triple corps, Hippolyte Erguez, en tentant de retrouver le secret de Gaspard Grégoire, choisi lui aussi cette icône de la Fabrique lyonnaise pour mettre en image sa prouesse. Le caractère technique de l'expérience est d'ailleurs bien visible, puisque Erguez a pris soin de faire figurer, dans les quatre angles, son « nuancier », c'est-à-dire les teintes qui lui ont servi à élaborer son camaïeu de gris et de brun. Henri Algoud indique encore quelques autres essais d'imitation de la technique de Gaspard Grégoire, ceux de Garin, notamment, « ancien dessinateur de fabrique, qui a exécuté d'abord dans la manière noire, imitation de gravure, de petits sujets : portrait de la princesse de Lamballe, portrait de femme du Second Empire, etc., qui ne sont pas dénués de mérite sous le rapport composition et exécution. » Le musée des Tissus conserve le Portrait de Marie-Thérèse-Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe (inv. CAT F 2724) et sa mise en carte (inv. CAT F 2708), ainsi que deux autres pièces également mentionnées par Algoud : « Il a fait beaucoup mieux encore avec les deux petits tableaux de fleurs qui sont au Musée de Lyon, celui surtout du verre d'eau avec les roses ; ces deux compositions sont assez parfaitement réussies et proportionnées comme étoffe, peinture, etc., pour qu'on puisse les considérer comme se rapprochant de près des velours authentiques de Grégoire, quoique, à l'examen, le type de leur dessin et leur coloris les classent indubitablement en dehors et à l'époque bien postérieure de leur production. » Les deux compositions sont toujours conservées au musée des Tissus (inv. MT 20810 et MT 25839). Algoud évoque encore l'essai réalisé pour Joseph-Alphonse Henry par Camille Détanger, qui reproduisit une Heure d'après Raphaël, présentée en 1906 au musée Galliéra, à Paris. Il décrit surtout les expériences d'Albert Martin, le fabricant de soieries, qui furent présentées à l'Exposition universelle internationale et coloniale de Lyon en 1894. « En 1894, lors de l'Exposition de Lyon, M. Martin, alors plieur pour la fabrique, tira parti de ses connaissances techniques, avec le concours de dessinateurs expérimentés, pour un nouvel essai dont les résultats parurent à cette Exposition ; il avait fait : un Amour d'après Boucher, dont un exemplaire se trouve au musée des Tissus de Lyon ; une Bergère Louis XV ; un Christ d'après Flandrin. Il nous a confirmé lui-même, en nous donnant fort obligeamment des détails sur la marche suivie par lui pour la peinture et le tissage, identique à celle que nous avons exposée, combien il est peu facile d'obtenir un bon résultat et l'ingratitude de ce travail. » Le velours Grégoire réalisé par Martin, acquis par le musée des Tissus, y est toujours conservé (inv. MT 25650). En revanche, Algoud ne parle pas d'une autre expérience, tout à fait remarquable, qui a été menée au sein même de l'Exposition de 1894, où un métier à velours Grégoire avait été monté par la maison J. Bachelard et Cie pour réaliser une grande pièce, Diane chasseresse, elle aussi conservée au musée des Tissus (inv. MT 29117), qui reste la plus extraordinaire imitation de velours Grégoire jamais entreprise, avec le Portrait de Cleto Tassinari et le Portrait d'Hélène de Monténégro, reine d'Italie, réalisés par Louis Tassinari en 1910 et 1911. Le musée des Tissus conserve un exemplaire de chaque (inv. MT 29577 et SN 5950), ainsi que la mise en carte du Portrait de Cleto Tassinari (inv. MT 2012.1.8). Maximilien Durand
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Henri Algoud, dans sa monographie sur les velours peints sur chaîne inventés par Gaspard Grégoire, parue en 1908, mentionne quelques tentatives d'imitations de cette technique particulièrement difficile à mettre en œuvre et à maîtriser. En premier lieu, il cite les expériences d'Hippolyte Erguez, « vieux dessinateur de fabrique », qui, vers 1850, réalisa « paraît-il, un saint Jean-Baptiste, médaillon ovale, et un portrait de femme ; ces deux essais ne sortant pas de la médiocrité ». Le médaillon avec saint Jean-Baptiste (en réalité, la reproduction du tableau Innocence de Jean-Baptiste Greuze, conservé à la Wallace Collection, à Londres, inv. P384), qu'Algoud ne semble pas avoir connu, est aujourd'hui conservé au musée des Tissus, en deux exemplaires(inv. MT 24595 et MT 24595.2) et un Portrait de Joseph-Marie Jacquard d'après le tableau de Jean-Claude Bonnefond révélé en 1834 (inv. MT 2014.0.27). Le Portrait de Joseph-Marie Jacquard par Jean-Claude Bonnefond avait été rendu très populaire, chez les fabricants lyonnais, par le tableau tissé en imitation de gravure en taille-douce présenté par la maison Didier-Petit et Cie à l'Exposition des produits de l'industrie française de 1839. Le musée des Tissus conserve deux exemplaires originaux de ce portrait (inv. MT 2264 et MT 42157). Après la faillite de la maison en 1843, Michel-Marie Carquillat, qui avait tissé le portrait pour le compte de la maison Didier-Petit et Cie et qui avait conservé la mise en carte, continua à produire le fameux tableau tissé (inv. MT 49086). Il en proposa aussi des versions réduites au seul buste de l'inventeur, plus petites et donc moins coûteuses, après le milieu du siècle (inv. MT 28362.6 et MT 33396). En 1855, l'édition de la gravure du tableau par Joseph-Victor Vibert (1799-1860) donna une nouvelle actualité à l'image de l'inventeur (inv. MT 7917). La même année, d'ailleurs, la maison Furnion père et fils aîné présentait à l'Exposition universelle de Paris un chef-d'œuvre d'exposition, le Portrait de Joseph-Marie Jacquard d'après Bonnefond tissé en velours triple corps ciselé (inv. MT 34320). C'est probablement dans le même temps que se situe l'expérience d'Hippolyte Erguez. Pour reproduire la technique mise au point par Gaspard Grégoire, le dessinateur de fabrique choisit les images créées par Greuze, qui avaient inspiré déjà son illustre prédécesseur, et le célèbre portrait. Gaspard Grégoire, déjà, avait transcrit en velours des portraits peints du Premier Consul, de l'Empereur ou des figures de la famille royale, sous la Restauration. 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