Une gouache, conservée au musée du Louvre, montre le motif reconstitué de cette soierie fragmentaire. Le décor du samit était dessiné en bleu clair, ocre, vert clair et bleu foncé sur un fond ivoire. Il présente une succession d’arcs de cercle outrepassés, ocre et bleu clair, disposés en quinconce, qui s’interpénètrent pour former, à l’intérieur de chaque arc, des médaillons ovales contenant une rosette à huit pétales et une conque ornée d’une palmette. Le motif est répété au registre suivant, si bien que la courbe des arcs bleu clair est tangente à celle des arcs ocre. Dans l’espace ménagé entre les deux registres prennent place des médaillons bleu foncé, orné d’une rosette formée de quatre pétales cordiformes verts, autour d’un cœur beige.
Par son répertoire décoratif, la soierie a été attribuée « à un centre de production de l’Orient chrétien plutôt qu’à la Perse sassanide », voire même « à un atelier constantinopolitain du VIe ou du VIIe siècle ». Pourtant, l’étoffe présente les mêmes caractéristiques techniques que d’autres soieries découvertes à Antinoé, utilisées comme manchettes ou comme parements de manteaux, souvent attribuées à l’Orient sassanide en raison de leur iconographie(inv. MT 26812.8, MT 40310, MT 40311, MT 26812.24, MT 26812.9, MT 26812.3, MT 40316, MT 26812.16MT 26812.1, MT 26812.44, MT 26812.38, MT 2013.0.26.1 et MT 2013.0.26.2, MT 40315, MT 26818.18, MT 26812.12, MT 26812.15, MT 26812.6, MT 26812.37, MT 26812.7, MT 26812.32 et MT 40313). L’homogénéité du groupe paraît désigner plutôt une production locale. Toutes sont des samits façonnés qui relèvent, en effet, d’une tradition de tissage proprement méditerranéenne.
Jules-Paul Gérard avait obtenu un fragment de cette soierie. Il est aujourd’hui conservé à Los Angeles, dans la Llyod Cotsen Textile Traces Collection (inv. T 1376).
Maximilien Durand