Plusieurs fragments d'un même vêtement, dispersés dans la collection du musée des Tissus, ont pu être réunis. Ils appartenaient à une « tunique » singulière, dont l'état lacunaire ne dissimule pas la qualité. Il s'agissait d'un vêtement d'homme, taillé dans une toile de laine très fine, assemblé par couture. Le plus grand fragment conserve la partie latérale du vêtement, avec son triangle d'aisance. Dans la partie inférieure, des rangs de couture signalent la présence, à l'origine, d'un parement qui galonnait la tunique. Elle était, en effet, rehaussée de galons tissés avec des plaquettes à quatre trous. L'enfilage des chaînes, en laine rouge ou bleue et en soie jaune, a été déterminé par le décor lui-même, réalisé à la fois par la chaîne et par les trames brochées, en laine jaune clair, verte, bleu clair, ocre, et en lin blanchi. Le décor est particulièrement raffiné. Des paons s'affrontent de part et d'autre d'un arbuste. Leurs plumes dessinent des motifs losangiques. Chaque couple d'oiseaux est séparé du suivant par une succession de petits losanges divisés en quatre. Un long fragment du même galon, formant bordure sur le fond de toile en laine grattée, est conservé au musée Pincé d'Angers (inv. MTC 988.93).
La campagne de 1898 a livré deux autres exemples de vêtements masculins en toile de laine grattée après tissage, rehaussée d'applications. Le premier était une chemise, extraite de la tombe C 697 (Paris, musée du Louvre, inv. E 29569 et E 29570). Le second est un fragment de « robe », découvert dans la tombe B 281 où reposait le « haut dignitaire » Achille (Lyon, musée des Tissus, inv. MT 28520.37). Il était présenté dans le meuble à volets de l'exposition au musée Guimet de Paris, organisée à l'issue de la campagne de fouilles de 1898. L'ensemble du matériel provenant de cette sépulture a été daté de la fin du VIe siècle ou des premières décennies du VIIe siècle.
Maximilien Durand