La représentation de ce geai des chênes (Garrulus glandarius) sur fond crème fait pendant à celle d'un chardonneret élégant, également conservé au musée des Tissus (inv. MT 26813.1). L'oiseau, un passereau comme le chardonneret, est reconnaissable à son plumage coloré sur le corps, brun rosé sur le dessus et brun plus clair sur le ventre, la queue foncée et surtout les rémiges primaires des ailes bleu vif et noir. Les deux tableautins ont été donnés au musée des Tissus en 1901 par son directeur, Antonin Terme. Par leur fond crème et surtout par leur sujet, ces velours sont relativement originaux dans la production de Gaspard Grégoire (1751-1846). Ils s'inspirent des planches d'ornithologie qui furent diffusées dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Gaspard Grégoire naquit dans une famille de marchands et de fabricants d'étoffes de soie d'Aix-en-Provence. Le dessin et la gravure constituent ses premières activités artistiques connues, puisqu'il réalise un portrait du roi René destiné au frontispice de l'ouvrage rédigé par Gaspard Grégoire père, intitulé Explication des cérémonies de la Fête-Dieu d'Aix-en-Provence, publié en 1777. Il grave au burin treize planches d'illustrations pour ce même ouvrage, d'après les dessins de son frère Paul, tandis que son autre frère Louis-Denis transcrit les airs joués et chantés. Le 4 juin 1777, il est admis avec deux de ses frères, Louis-Denis et Dominique-Alexandre, comme maître, en qualité de fils de maître, dans la corporation des marchands d'Aix, et signe parfois « Grégoire cadet » comme mandataire de la raison sociale de la maison Grégoire père et fils sur les registres de délibération du corps des marchands.
C'est vers 1782 qu'il a l'idée de proposer des petits tableaux de velours. Il se rend à Lyon, vraisemblablement, pour initier les essais de son invention, consistant à peindre sur les fils de chaîne avant le tissage afin de rendre parfaitement le modelé et les nuances du modèle, ce que les procédés de tissage ne permettaient pas d'obtenir. L'application de peinture sur les fils servant à réaliser le tissu lui a été suggérée par le procédé du chinage. Elle représente un exploit technique. Elle nécessita de nombreuses tentatives avant d'atteindre la perfection qu'on lui connaît. Grégoire gagne donc Paris en 1785, aidé dans ses démarches par son ami Toussaint-Bernard Émeric-David (1755-1839), juriste, homme politique et critique d'art aixois. Ce dernier avait déjà accueilli en 1776 le frère de Gaspard, Paul Grégoire (1755-1842), jeune dessinateur et peintre sourd-muet.
Du comte d'Angiviller, directeur et ordonnateur général des bâtiments de Sa Majesté, jardins, arts, académies et manufactures royales, Gaspard Grégoire obtient une pension et un logement dans la Galerie du Louvre. La nouveauté et la qualité des premiers velours avaient bien su convaincre le comte d'Angiviller d'encourager leur perfectionnement. Aucune autre forme de textile n'était parvenue à imiter aussi parfaitement la peinture.
Mais d'Angiviller avait imposé une condition à son soutien : que les tableaux fussent exécutés en grande taille. Gaspard Grégoire fait venir des ouvriers de Lyon pour réaliser le portrait de Marie-Antoinette et le tableau de fleurs qu'il s'est engagé à fournir. Le 22 août 1786, Grégoire adresse un mémoire à d'Angiviller dans lequel il révèle que le portrait de la reine « a mal réussi », et que les fleurs qui devaient suivre n'ont pas été exécutées. Il s'en excuse, en expliquant les difficultés techniques et financières qui ont empêché le succès de l'expérience. Il a alors abandonné le commerce familial pour se consacrer uniquement à ce projet, et il doit rémunérer les ouvriers qui travaillent pour lui, payer les soies qui viennent de Lyon et du Piémont, les métiers et leur entretien. Il sollicite une somme de trois mille livres pour poursuivre ses expériences, qui furent infructueuses pour les tableaux en grand. Le logement dont il avait été gratifié au Louvre lui est cependant retiré en 1787 au profit du peintre Louis-Jean-François Lagrenée.
C'est à Jean-François de Tolozan, intendant du Commerce, que Grégoire s'adresse désormais. Dans la séance du 28 février 1788 des délibérations du Bureau du Commerce, Tolozan indique que le sieur Grégoire a demandé « une autorisation et des encouragements pour exercer l'art de faire en velours de petits tableaux, représentant des fleurs, des paysages, des animaux et des figures », soit, « en dédommagement de ses dépenses considérables, un privilège exclusif de quinze années pour la fabrication de ses tableaux et une somme de trente mille livres, avec en plus l'exemption de droits, tant à la sortie qu'à la circulation des tableaux en velours qu'il fabriquera. » Nicolas Desmarets, de l'Académie royale des Sciences, et le sieur de Lausel, inspecteur ambulant des manufactures, chargés d'examiner la nature du travail et des procédés de Grégoire, ont déposé un rapport favorable, disant « que par la correction des contours et l'insensible dégradation des nuances, le travail du sieur Grégoire était, sans aucune proportion, supérieur à tout ce que les fabricants de Lyon avaient fabriqué jusqu'à présent pour exécuter des fleurs et des figures en velours à trois et quatre couleurs. »
Un autre expert, le sieur Mathurin-Jacques Brisson, lui aussi inspecteur ambulant des manufactures, émet au contraire un rapport défavorable. L'assemblée soumet les divers rapports aux députés du Commerce. Ceux-ci font connaître leur avis le 27 mai 1788, avis rappelé à la séance du 26 juin du Bureau présidé par Tolozan. Les députés ne se prononcent pas affirmativement sur les procédés qu'emploie Grégoire, et pensent que son invention « tient absolument aux Arts comme la gravure et la peinture et ne peut faire article de commerce, ni être d'aucun secours à nos manufactures ; qu'on ne peut accorder ce privilège pour neuf ans seulement, et qu'à l'égard des trente mille livres que demande le sieur Grégoire, ils ne sont point d'avis de les lui accorder. »
Dans cette même séance, Desmarets soutient que ce procédé : « 1 - N'est pas le chiné, puisqu'on nue. 2 - Ce n'est pas la tire, puisque l'envers présente des couleurs pareilles. 3 - Ce n'est pas un simple dessin, puisqu'il ne faut que le temps de fabriquer le velours pour passer d'une grandeur à une autre. 4 - Ce n'est pas impression, car pour imprimer il faut des couleurs empâtées qui arrêteraient l'exécution des tissus. Ce n'est donc pas ce qu'on connaît déjà, mais une invention heureuse, à en juger par les résultats. » L'Assemblée décide donc d'accorder le privilège de quinze ans et douze mille livres, sous condition pour Grégoire de faire la preuve qu'il n'emploie ni la tire ni le chiné, à l'effet de quoi il sera tenu d'exécuter en présence des sieurs Desmarets et Abeille, inspecteurs généraux du Commerce et des Manufactures, la fabrication de ses ouvrages et de donner par écrit son procédé, pour « ledit procédé être rendu public à l'expiration des quinze années. » Le 12 juillet 1788 est rendu en sa faveur l'arrêt définitif lui accordant le privilège et les douze mille livres.
Grégoire, parallèlement à sa production de velours, mène des recherches sur les couleurs, dont les premiers résultats sont publiés dans un opuscule intitulé Mémoire sur la couleur des bulles de savon suivi de quelques observations particulières sur l'évaporation de l'eau et sur les propriétés des couleurs, qui concourut pour le prix proposé par l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, publié à Londres et Paris en janvier 1789. Pour donner plus de diffusion à ses velours peints et en tirer quelque bénéfice, il fait paraître quelques encarts publicitaires dans le Journal de Paris et la Gazette de France en janvier 1790. Les velours ornent alors le couvercle de bibelots, boîtes ou bonbonnières, ou sont montés en médaillons. La Gazette de France du 5 janvier 1790 indique, par exemple : « Nous nous empressons d'annoncer une découverte très intéressante du sieur Grégoire ; elle consiste à exécuter, sur les métiers, des tableaux en velours de soie dont le fini égale celui des peintures les plus soignées. La perfection de ce nouveau genre est faite pour surprendre également les amateurs de mécanique et de peinture. On observera aisément que les sujets de ces tableaux sont exécutés en même temps que l'étoffe ; les couleurs en sont très solides, elles craindraient seulement d'être mouillées, mais elles supportent le frottement même très fort d'un linge sur l'étoffe sans être enlevées. Le sieur Grégoire a été admis à faire hommage à Leurs Majestés des premiers ouvrages qu'il a perfectionnés depuis l'époque où il a reçu du Roi et du Gouvernement des faveurs qui l'ont encouragé. Ces nouveaux objets seront vendus au Palais-Royal, au prix fixe n° 9, où on les verra. Ils sont montés en boîtes, bonbonnières et médaillons. »
En août 1790, Gaspard Grégoire fait partie du groupe d'artistes et d'inventeurs qui se réunissent pour solliciter de l'Assemblée nationale quelque décret favorable aux propriétés industrielles, et une législation à peu près conforme à celle des patentes anglaises. Ils adressent une pétition au Comité d'agriculture et de commerce de la Constituante, qui déboucha sur l'adoption par l'Assemblée d'un décret, le 30 décembre 1790, consacrant la propriété des inventeurs et promulgué le 7 janvier 1791 comme « loi relative aux découvertes utiles et aux moyens d'en assurer la propriété à ceux qui seront reconnus en être les auteurs. » Le même jour, avec quarante-six autres, Gaspard Grégoire est signataire de l'acte de constitution de la Société nationale des inventions et découvertes. La Société, à la fin de l'année 1793, répond à la circulaire du Comité de Salut public du 23 brumaire an II (13 novembre 1793) qui demandait aux sociétés populaires d'indiquer « la liste des citoyens qui sont les plus propres à remplir les fonctions publiques dans tous les genres. » Gaspard Grégoire, alors domicilié au 33, rue Grenelle Saint-Honoré, « méchanicien » de son état, « inventeur des tableaux en velours ; auteur d'un mémoire imprimé sur les couleurs des bulles de savon », se déclare « propre à la fabrication des étoffes de soye, ou à des parties d'administration relatives à la comptabilité. »
Cette même année 1793, il fait paraître une réclame pour ses velours dans L'Almanach sous verre. En 1798, il se présente comme « fabricant de portraits en velours », et il est domicilié 12, rue Neuve-des-Petits-Champs. Pendant le Directoire et le Consulat, la famille Grégoire ayant vu sa fortune très ébranlée par la Révolution — la maison de commerce n'existait plus, la famille était dispersée et Gaspard Grégoire père était mort en 1795 —, Gaspard Grégoire s'associe à son frère Dominique pour des affaires financières, menées en collaboration avec leur ami Émeric-David. Mais il n'abandonne pas ses recherches et dépose en 1800 une demande de brevet de quinze ans pour une nouvelle découverte « d'étoffes ou tissus circulaires, plans et autres formes à lisières ou à fonds inégaux, qu'il nomme tournoises. Lesdites étoffes applicables à beaucoup d'objets, principalement de parures et ornements pour hommes et pour femmes, de même que pour meubles. » Le brevet en règle lui est délivré en 1801 (le 2 nivôse an IX ; il est proclamé à la date du 23 prairial an IX). Grégoire dépose en 1802 une demande de certificat d'addition et de perfectionnement (le 22 ventôse an X), et un second brevet de quinze ans en 1806 pour la fabrication des tournoises, accordé également (le 2 nivôse an XIV). En 1802, il fonde la société Grégoire et Cie avec les consorts Huard, qui exploite la fabrication des tournoises, dont un exemplaire, seulement, semble avoir été identifié. Il est conservé au musée des Tissus (inv. MT 37125).
Les créations de Grégoire intéressent le gouvernement impérial. À partir de 1804, Gaspard Grégoire obtient de Jean-Antoine Chaptal, ministre de l'Intérieur, un logement qu'il occupera jusqu'à la fin de ses jours à l'Hôtel de Mortagne au 47, rue de Charonne, annexe du Conservatoire des Arts et Métiers. Il le partage avec le fileur John Milne. À partir de 1806, Gaspard Grégoire obtient les distinctions qu'il avait tant espérées. Ses velours, présentés à la Société d'encouragement pour l'industrie nationale, font l'objet d'un rapport élogieux. « Pour tenter une pareille entreprise, il ne suffisait pas de connaître à fond les divers systèmes des machines à tisser, il fallait encore être instruit des procédés de la teinture et pouvoir assez bien peindre pour juger de l'exactitude d'une imitation ; M. Grégoire possède ces divers talents, et ses succès prouvent combien la réunion des arts et des sciences exactes est favorable aux progrès de l'industrie. » S'ensuit une lettre flatteuse du ministre de l'Intérieur, qui lui fait part de son intérêt pour ses inventions. En juillet 1807, la Société d'encouragement pour l'industrie nationale décerne une médaille d'argent de première classe à « Monsieur Grégoire, à Paris, (qui) est parvenu à tisser des tableaux en velours avec une correction et une perfection qu'il ne paraissait pas possible d'atteindre ; l'imitation est plus parfaite que dans aucun autre tissu. » Mais Grégoire ne fut jamais honoré que d'une seule commande du Garde-Meuble, passée en 1813 : il s'agit de velours pour une garniture de siège prévue pour le Roi de Rome — de petites dimensions, donc — à Rambouillet. Livrés après la chute de l'Empire, en 1816, ils ne furent jamais utilisés. Ils sont conservés au Mobilier national et au musée des Tissus (inv. GMMP 773).
En 1813, également, la Société d'encouragement pour l'industrie nationale salue le travail qu'il a accompli en publiant, en 1812, une Table des Couleurs qui présente mille trois cent cinquante teintes graduées disposées en cercle chromatique et obtenues par le mélange et la combinaison des couleurs « primitives » ou « franches. » La Société souligne aussi la qualité d'un « portrait de Sa Majesté l'Empereur exécuté en velours, un des ouvrages les plus remarquables qui soient sortis des ateliers de ce fabricant ; on ne sait ce que l'on doit le plus admirer dans ce portrait, ou de la parfaite ressemblance, ou de la manière ingénieuse dont les couleurs y sont mélangées. »
À l'Exposition des produits de l'industrie française de 1819, il obtient une médaille d'argent pour la reproduction en velours de la nature morte de Jan Van Huysum Corbeille de fleurs sur une table de marbre (inv. MT 1146). La Société pour l'encouragement de l'industrie nationale, le 18 avril 1821, trouve le tableau de fleurs « d'une rare perfection. » Grégoire le présente donc à l'Exposition de 1823. Il obtient un rappel de médaille d'argent. En 1839, Grégoire publie ou réédite plusieurs ouvrages sur les couleurs. Il meurt en 1846, âgé de quatre-vingt-quinze ans. La légende veut qu'il ait brûlé, quelques jours avant de mourir, tous les documents relatifs à son procédé de fabrication des velours.
En 1908, l'étude d'Henri Algoud sur les velours Grégoire a permis de lever une partie du mystère qui entourait leur mise en œuvre. On sait grâce à elle comment l'inventeur intégrait la notion de production de petite série pour assurer la diffusion de ses pièces. L'étude systématique de l'importante collection du musée des Tissus a permis de préciser encore les étapes de la fabrication de ces velours.
Il s'agit de velours unis simple corps. C'est la chaîne poil qui porte la couleur. La préparation de cette chaîne avant le tissage exige plusieurs étapes longues et minutieuses. Tout d'abord, on exécute un « premier tissé », soit un taffetas très peu serré en trame, avec la chaîne poil d'une très forte densité et une trame de fond non définitive (de cinq à six coups au centimètre). La chaîne poil mesure cinq à sept fois plus que le tissu définitif, puisqu'elle sera diminuée, au cours du tissage, par l'introduction des fers qui constituent le velours. Afin d'éviter de peindre un motif trop anamorphosé, Gaspard Grégoire a l'idée de multiplier le nombre de fils de chaîne en largeur en les groupant par quatre à six. Ainsi prépare-t-il en une fois les chaînes de quatre à six tableaux identiques.
Le premier tissé est ensuite tendu sur un châssis. Le peintre fait ensuite des repérages du contour du dessin sur les fils de chaîne en plaçant son esquisse initiale derrière, comme pour un carton de tapisserie. L'image est peinte, en partant des tons les plus foncés vers les tons les plus clairs. Le pinceau doit être assez mouillé pour bien faire pénétrer la couleur. En effet, une fois le velours coupé, c'est la coupe transversale de la fibre qui va apparaître à la surface du tissu. Elle doit être régulièrement colorée pour éviter l'effet de blanchiment. Les fils de soie devaient être préparés pour s'imprégner plus facilement de la couleur. De la même manière, la peinture devait ensuite être fixée, mais on ignore les recettes du fabricant. Le musée des Tissus conserve un « premier tissé » de la main de Grégoire (inv. MT 1150), qui montre une partie de ces étapes préparatoires.
Le « premier tissé » était ensuite détissé pour permettre le montage de la chaîne poil sur le métier à velours. La plupart des velours de Gaspard Grégoire sont tissés en sergé de 3 lie 1, chaîne, direction Z, par un et deux coups, mais quelques-uns présentent également un fond taffetas. La proportion des chaînes est généralement de deux à quatre fils pièces pour un fil poil multiple. On ne connaît qu'un seul exemplaire de velours frisé (inv. MT 25424), tous les autres sont des velours coupés, qui se distinguent par une très forte densité de poil, puisqu'on compte dix-huit à vingt-et-un fers velours au centimètre, ce qui est considérable. Les plus denses sont des portraits, celui de Napoléon Ier en uniforme de colonel des chasseurs à cheval de la Garde impériale (inv. MT 25713 et MT 30978) et celui du duc d'Angoulême (inv. MT 26983). Grégoire devait utiliser des fers particulièrement fins pour être insérés en si grand nombre. Ils étaient aussi peu élevés pour éviter un trop grand embuvage de la chaîne poil.
Le choix des sujets traités par Gaspard Grégoire révèle surtout la volonté de séduire une clientèle. Les inspirations du fabricant se laissent facilement cerner : elles correspondent aux images en vogue sous l'Empire et la Restauration, surtout. Elles étaient toutes largement connues par le biais de la gravure. Les dimensions des velours cantonnaient le fabricant à des sujets anecdotiques, empruntés à Greuze (inv. MT 1145, SN Ua 18, MT 44237 et MT 44238), à de petits tableaux religieux d'après Raphaël (inv. MT 1142, MT 27114 et MT 30221), Giovanni Battista Salvi (Il Sassoferrato) (inv. MT 1141) ou Philippe de Champaigne (inv. MT 27095 et MT 30021), ou à des natures mortes d'après Jan Van Huysum ou Antoine Berjon (inv. MT 2899). Grégoire traita aussi de nombreux sujets dans le goût pompéien (inv. MT 14601, MT 14602, MT 30220 et MT 50694). La Marchande d'Amours (inv. MT 1147 et MT 30979) fut exécutée d'après une fresque découverte à Stabies en 1759, qui inspira le célèbre tableau de Joseph-Marie Vien en 1763. La gracieuse série des Heures d'après Raphaël (inv. MT 27392, MT 26270.2, MT 26270.1, MT 1144, MAD 2303.2, MT 1143, MT 30004, MAD 2303.1, MT 30219 et MT 29981), pastiche néoclassique des compositions de Raphaël ou de son école et de motifs archéologiques, a probablement été exécutée d'après les gravures en couleur de Philibert-Louis Debucourt, publiées en 1804.
Enfin, il s'illustre tout particulièrement dans le genre du portrait, et il s'adapte à l'actualité politique. S'il est aisé de reconnaître les modèles traités par Grégoire, il est plus difficile d'établir avec certitude la chronologie des velours. Seules la commande pour Rambouillet, passée en 1813 et livrée en 1816, et la Corbeille de fleurs présentée à l'Exposition de 1819 sont précisément datées. La série des portraits — Louis XVI (inv. MT 24584), Napoléon Bonaparte puis Napoléon Ier (inv. MT 27993, MT 25713, MT 30978, MT 23189 et MT 26982), Pie VII (inv. MT 26623), la duchesse (inv. MT 2074) et le duc d'Angoulême (inv. MT 26983), Louis XVIII (inv. MT 25687) — fournit pourtant quelques jalons dans sa production.
Gaspard Grégoire employa une grande partie de son existence à perfectionner et à promouvoir son procédé. Paradoxalement, on reprocha tout à la fois à ses velours de ne pouvoir s'inscrire dans le champ de la production artistique, à cause de leurs dimensions, et de tenir « absolument aux Arts comme la gravure et la peinture et (de) ne (pouvoir) faire article de commerce, ni d'être d'aucun secours à nos manufactures. »
Maximilien Durand