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  • Échantillon de broderie pour bas de robe de cour (fr)
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  • Le goût de la cour de Louis XVI pour les vêtements brodés avait considérablement développé cette branche de l'industrie lyonnaise, au détriment des manufactures d'étoffes riches. En 1779, les syndics et maîtres gardes des marchands et maîtres fabricants de Lyon présentent un Mémoire au Roi et au conseil du Commerce dans lequel ils rappellent que « tant que la France et plutôt la Cour et les Seigneurs ont consommé les Etoffes riches en soye et Dorures de la fabrique de Lyon, l'Etranger fidèle imitateur de nos goûts, y a conformé le Sien. Nous consommions à peine la dixième partie de nos manufactures et le danger imperceptible de ce luxe nécessaire était abondamment compensé par l'exportation du reste. La France a renoncé volontairement à cet Empire du goût si avantageux au Commerce (...). On a substitué la Broderie et le pomponage des modes aux belles étoffes de Lyon, et dès lors ces productions prétieuses dédaignées par ceux même qui les possédaient, ont été méprisées chés l'Etranger, il s'est affranchi du tribut qu'il payait à notre industrie, parce qu'on brode partout. » Rappelant qu'il s'agit « du sort de la seconde ville du Royaume, de l'existence d'un peuple immense », les syndics demandent que le Roi et la Reine « daignent honorer les travaux de leurs Sujets, de leurs Enfants, en les employant à leur usage. Cet exemple imité par la Cour sera bientôt suivi par l'Etranger. » En décembre 1779, les syndics de Lyon s'adressent directement à Marie-Antoinette pour l'avertir de la situation : « Placée sur le premier trône du monde, Votre Majesté réunit l'Empire des Vertus, de la Beauté et du goût. (...) Tant qu'elle a honoré les travaux de la manufacture de Lyon en les employant à son usage, le goût des belles Etoffes s'est soutenu dans toutes les Cours. Les princesses étrangères se sont efforcées de se rapprocher de Votre Majesté au moins par la ressemblance de la parure. (...) La Broderie et les modes ont remplacé les Etoffes brochées de Lyon. Il est résulté de ce changement la perte d'un commerce avantageux avec l'étranger. (...) Qu'il plaise à Votre Majesté d'observer que l'on Brode parfaitement chés l'Etranger ; qu'on ne fabrique les belles étoffes que dans la seule ville de Lyon. » En novembre 1781, à l'occasion des fêtes pour la naissance du Dauphin, le Roi et la Reine prennent la résolution d'employer à l'avenir des étoffes riches des fabriques de Lyon. Cette résolution semble avoir été partiellement suffisante, puisqu'un nouveau Mémoire, en 1783, déplore une fois encore l'abandon des étoffes brochées et demande « que la Cour en reprenne l'usage. Elle le fera si la Reine veut en donner l'exemple. Tout tient à celà. Versailles s'empressera d'imiter la Souveraine ; Paris d'imiter Versailles ; l'Europe ne tardera pas à suivre celle-ci ; et la ville de Lyon devra à un simple acte de complaisance de son Auguste Maîtresse le rétablissement de son ancienne splendeur. » En janvier 1790, c'est à l'Assemblée nationale que la Société philanthropique de Lyon expose le « triste état » de la fabrique. Plusieurs facteurs anéantissent le commerce de Lyon, mais on déplore aussi que « l'Etiquette comme un fléau suspendu sur nos têtes vienne encore nous frapper et mettre le comble à notre détresse. Les Deuils de la Cour occasionnent fréquemment des suspensions calamiteuses. Dès que la destinée termine ou menace les jours d'un Prince en Europe le travail est arrêté, les commissions deviennent rares ; les expéditions sont suspendues. (...) La mémoire des grands de la terre peut elle être honorée des souffrances du peuple ? (...) Veuillez, Messieurs, représenter au Roi les inconvénients de l'usage établi. Sa Majesté, toujours empressée d'adoucir et d'améliorer l'état de son peuple, agréera nos réclamations. » Les résolutions prises par les souverains en 1781 semblent cependant avoir eu des conséquences sur la production de broderies à Lyon jusqu'à la Révolution, si l'on en croit l'état dressé en l'an IX (1800) de cette branche de l'industrie par le premier préfet du département du Rhône, Raymond de Verninac de Saint-Maur (1762-1822), dans sa Description physique et politique du département du Rhône, publiée à Lyon (p. 72-73) : « La broderie occupait dans Lyon, au moment de la Révolution, 6000 individus. Depuis 1782 jusqu'à 1791, cette partie du commerce de cette ville avait baissé de près de moitié. » La Révolution, on le sait, a été particulièrement éprouvante pour les manufactures et l'industrie textile en général à Lyon, surtout après le Siège de la ville en 1793. Plusieurs dessinateurs, fabricants, ouvriers ou mécaniciens trouvèrent la mort entre 1793 et 1794 ou émigrèrent. Parmi les victimes lyonnaises de la Révolution, on compte quelques brodeurs : le 15 frimaire an II (5 décembre 1793), Claude Mariotte, natif de Saint-Léger (Côte-d'Or), demeurant rue du Buisson, marchand brodeur âgé de trente-huit ans ; le 21 frimaire an II (11 décembre 1793), Jean-Baptiste Bernard, natif de Lyon, demeurant rue de la Vieille-Monnaie, brodeur, âgé de quarante-quatre ans ; le 25 frimaire an II (15 décembre 1793), Claude Bernard, natif de Lyon, demeurant quai Saint-Clair, marchand brodeur, âgé de cinquante-trois ans ; le 28 frimaire an II (18 décembre 1793), Benoît Lacroze, natif de Lyon, demeurant rue Longue, brodeur, âgé de trente-deux ans ; le 5 nivôse an II (25 décembre 1793), Jean-Baptiste Boudet, natif de Montpellier, demeurant rue Pizay, marchand brodeur, âgé de cinquante-six ans ; le 18 nivôse an II (7 janvier 1794), André Debilly, natif de Lentilly, demeurant place Saint-Vincent, brodeur, âgé de cinquante ans ; le 20 nivôse an II (9 janvier 1794), Jacques Hodieu, natif de Lyon, brodeur ; le 23 nivôse an II (12 janvier 1794), Adrien-Antoine Sonel, natif de Paris, demeurant rue Longue, brodeur, âgé de trente-quatre ans ; en nivôse an II, également, Jean-Marie Gaugelin, natif de Lyon, demeurant Grande-Côte, brodeur, âgé de cinquante-et-un ans ; le 23 pluviôse an II (11 février 1794), Henri Prost, natif de Lyon, rue Belle-Cordière, commis-brodeur, âgé de vingt-deux ans ; le 29 pluviôse an II (17 février 1794), Jean-Baptiste Guichard, natif de Lyon, demeurant rue du Puits-du-Sel, brodeur, âgé de cinquante-huit ans ; le 16 germinal an II (5 avril 1794), Étiennette dite « Tiénon » Myotte, native de Tarare, demeurant rue de la ci-devant Douane, brodeuse, âgée de trente-six ans. Jean-François Dufour, natif de Chambéry, demeurant faubourg Saint-Clair, marchand brodeur âgé de cinquante-cinq ans, fut enfin condamné par contumace puisqu'il s'était évadé de sa prison. Raymond de Verninac de Saint-Maur indique, à propos de la broderie : « Aucune autre branche de l'industrie lyonnaise n'a autant souffert de la Révolution. Le luxe des cérémonies religieuses, le faste de la Cour, l'orgueil des grandes fortunes, tout lui a manqué à la fois. L'interruption de nos rapports avec l'étranger, suite de la guerre, a achevé sa ruine. » Il ajoute : « Elle occupe aujourd'hui 600 personnes » et voit dans cette branche du commerce de grandes perspectives. « Rien ne serait plus convenable que de lui rendre la vie. En ouvrage de broderie, presque tout est bénéfice ; c'est le triomphe de l'industrie. Elle offre aux femmes, pour lesquelles il existe si peu de ressources, un travail parfaitement relatif à leur faiblesse, à leur goût et à leur sexe. Le moyen de relever le commerce de broderie étant de rétablir la consommation, c'est aux premiers cercles de la République à donner le mouvement. Il faut observer cependant que Lyon trouvera dans la ville de Paris une concurrence très dangereuse en ce qui concerne la broderie en métal. L'art, sur ce point, est très parfait dans la capitale, qui d'ailleurs emploie des matières fort brillantes. »   À l'Exposition des produits de l'industrie française de l'an X qui se tient au Louvre durant six jours dont les complémentaires (16-21 septembre 1802) et qui réunit cinq cent quarante exposants, le jury décerne une médaille d'or à Camille Pernon (1753-1808) « fabricant à Lyon, ayant un dépôt à Paris, rue de Cléry, chez M. Grognard. A exposé des étoffes de la plus grande magnificence, et dignes de la haute réputation de la ville de Lyon, pour les soieries et les broderies ; on y remarquait : 1 - une robe de mousseline française, brodée en soie et dorure, sans envers, imitant parfaitement les belles broderies des Indes ; elle a été exécutée dans les ateliers de M. Rivet, brodeur à Lyon ; 2 - un velours soie, teint en écarlate, nuance qu'on n'avait pu obtenir jusqu'ici sur cette matière, et un damas apprêté en un blanc qui ne coule jamais : ces deux chefs-d'œuvre ont été exécutés par les procédés de M. Gonin fils, teinturier à Lyon ; 3 - des satins et des taffetas grande largeur, sans envers. Le Jury a remarqué dans les broderies et les brochés une grande variété et un bon choix de dessin. La broderie brochée est si bien exécutée qu'elle imite la broderie à l'aiguille. Le jury a décerné à M. Pernon une médaille d'or » (Procès verbal des opérations du jury nommé par le ministre de l'Intérieur pour examiner les produits de l'industrie française mis à l'exposition des jours complémentaires de la dixième année de la République, Paris, 1802, p. 20-21). Après le séjour effectué à Lyon par le Premier Consul en compagnie de son épouse entre le 21 nivôse (11 janvier) et le 8 pluviôse an X (28 janvier 1802), le Conseil municipal, dans sa séance du 22 pluviôse (11 février 1802) suivant, décide de faire exécuter pour Joséphine Bonaparte « par les citoyens Rivet et Cie, marchand brodeur de cette ville [celui-là même qui travaille pour Camille Pernon], une robe sur mousseline brodée à deux faces, un dolman aussi brodé, un fichu et un demi-fichu », le tout pour un montant de trois mille francs. À l'Exposition des produits de l'industrie française suivante, en 1806, qui dure vingt-quatre jours au Louvre et réunit mille quatre cent vingt-deux exposants, les fabricants d'étoffe de Lyon sont particulièrement bien représentés. Une section réunit la « Broderie et Passementerie » : François Bal expose « des échantillons d'habits brodés », Placy et Cie, « des échantillons d'habits brodés, et un échantillon de robe sur satin blanc brodée, soie nuée », Favre, « un cadre représentant une plante impériale, un aigle et divers ornements en application », Madame Veuve Chevron (Étiennette Rivet), « un mouchoir grande largeur, perkale blanc, brodé en laine », Duperret, « un schal grande largeur, madras, brodé en laine », Fabry et Cie, « des échantillons d'habits brodés en soie, or fin et pierres », Lequin l'aîné, « des échantillons de velours brodés », Edme Martin, « un cadre représentant différentes allégories en ornements et applications », Hodieu et Cie, « un écran brodé en soie », Madame Joly, Mademoiselle Devun, demeurant chez Madame Cosway, « deux cadres sous glace renfermant, en broderie de soie, nuancée au passé, l'un, deux roses liées par une pensée, fond gros de Tours blanc, et l'autre, deux arbrisseaux au milieu desquels se trouve un coq ayant une perle à ses pieds », Madame Belliscer, « un écran en satin et velours, appliqué sur un fond de tulle, et contenant un bouquet de fleurs, surmonté par un aigle. Ce dernier ouvrage est exécuté avec un soin extrême et Madame Belliscer désire qu'après l'exposition, il soit offert en hommage à Sa Majesté l'Impératrice. » Le Bulletin de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale n° XXXVIII (sixième année, août 1807), dans son compte rendu de la production textile présentée à l'Exposition de 1806, indique : « De toutes les fabrications qui ont rendu célèbre l'industrie des habitants de Lyon, la plus importante est celle qui s'exerce sur la soie. Les tissus formés de cette précieuse matière, unis, brochés, façonnés, mélangés d'or ou d'argent, ornés de broderie, etc., appropriés au goût des consommateurs nationaux et étrangers, et à tous les besoins du vêtement et de l'ameublement, se distinguent tantôt par la richesse et la magnificence, tantôt par des formes neuves, élégantes et variées, et toujours par le goût qui en dirige l'exécution. M. Camille Pernon, fabricant à Lyon, fut jugé digne, en l'an X, de la médaille d'or, pour des étoffes de soie brodées en or et en argent, des velours de soie et des satins qu'il avait présentés ; ces étoffes se recommandent par la richesse et la perfection du travail. Le jury a décerné à M. Joseph Malié, de Lyon, une médaille d'or, pour du satin remarquable par son éclat et sa souplesse ; du taffetas de qualité supérieure ; des velours trois poils et des velours légers, très bons et très beaux. Il a accordé des médailles d'argent de première classe à M. Beauvais, de Lyon, pour des velours, des veloutés, et autres étoffes de très belle qualité ; (...) à M. Bissardon, de Lyon, pour ses étoffes soie et or de toute espèce, de soie mélangée de coton, des velours ciselés en dorure, bien fabriqués ; à MM. Debarre, Théoleyre et Dutilleul, aussi de Lyon, pour des étoffes façonnées, d'excellente fabrication ; à Madame veuve Jacob, de la même ville, pour des satins liserés et des taffetas ; à M. Lagrive, de Lyon, pour la beauté de ses satins et de ses étoffes unies ; à MM. Séguin et Pujol, de la même ville, pour leurs brocarts, leurs lustrines, et leurs gazes brochées or et argent ; à MM. Sériziat et Aymar, pour leurs satins et leurs étoffes façonnées ; enfin, à M. Terret, pour des schals, des étoffes façonnées et chinées, de qualités très variées et excellentes. (...) La broderie en soie, en or et en argent sur toutes sortes d'étoffes est portée à Lyon au plus haut degré de perfection. Les dessins sont de bon goût et très bien exécutés. On a vu à la dernière exposition plusieurs tableaux brodés en soie, en or et en argent, qui offrent une réunion de talents rares et qui ont fait l'admiration des connaisseurs. Le jury a distingué par des médailles d'argent de deuxième classe les broderies imitant le velours de M. Fleury Delorme, de Paris, et celles de Madame veuve Vitte, et de M. Bony, de Lyon, qui sont très belles. »  Sur les trois médailles d'argent de deuxième classe accordées dans la section « Broderie et Passementerie », un seul Parisien est récompensé, Fleury Delorme, pour avoir « présenté un nouveau genre de broderie imitant le velours, dont le commerce des modes peut tirer un parti avantageux. » Le musée des Tissus conserve un exemplaire de ce type de broderie inventé par Fleury Delorme (inv. MT 26321). Les deux autres exposants sont des Lyonnais, la veuve Vitte, qui « a imaginé un nouveau point de broderie propre à donner plus de correction à ce genre de travail » et le fameux Jean-François Bony (1754-1825), qui « a exposé des broderies remarquables par leur beauté. » Les prescriptions du Premier Consul, puis de l'Empereur, concernant le costume officiel et les vêtements de cour ont fortement contribué à développer la branche de la broderie à Lyon, tout comme l'évolution de la mode elle-même et le goût des élégantes pour les robes, les dolmans, les châles, fichus ou demi-fichus brodés. L'année même de l'Exposition des produits de l'industrie française de 1806, Claude Bonnard, fabricant de tulles, adresse un Mémoire au ministre de l'Intérieur, dans lequel il précise que la broderie « occupe à Lyon plusieurs milliers de bras. » Il accompagne ce mémoire d'un Acte de notoriété publique en faveur de ses tulles enregistré devant le notaire Jean-Baptiste Masson le 26 avril 1806 et au Tribunal civil de Lyon le 3 mai suivant, qui donne la liste des principaux marchands brodeurs de la ville à cette date, à savoir : Gaspard Fabry, rue du Griffon ; Jacques Bernard, rue Sainte-Catherine, Benoît Montalan, rue Royale ; Pierre Ferrand, rue Désirée ; Matthias Picard, place Croix-Paquet ; Antoine Saint-Didier, rue Royale ; Étienne Mathé, montée de la Glacière ; Claude-Philippe-Bernard Vette, rue Royale ; Pierre Fournereau, rue Désirée ; Philippe Montalan, rue du Griffon ; Chaudon et Cie, place de la Boucherie des Terreaux ; Antoine Villoud, chemin de Saint-Clair ; Claude Hodieu, rue Neuve des Ursulines ; François-Claude Forest, rue de la Vieille-Monnaie ; Matthieu Furnion, rue Puits-Gaillot ; Claude-Barthélémy George, rue Basse-Ville ; Veuve Boulard et Cie, rue Royale ; Marie Jaunant, femme Navier, rue des Deux-Angles ; Étiennette Rivet, veuve Neyret-Chevron, quai Saint-Clair ; Aline Alexandrin, veuve de Jean-Jacques Deaux, rue Clermont. Sont aussi mentionnés des négociants : Placy et Cie, rue Royale ; Roux père et fils, rue Clermont ; François Bal, rue Pizay. Beaucoup ont participé à l'Exposition des produits de l'industrie française, tout comme Claude Bonnard, d'ailleurs. Dans cette liste pourtant n'apparaisent ni Jean-François Bony ni la veuve Vitte. L'Almanach du commerce de Paris, départemens de l'Empire français et des principales villes du monde publié par Jean de la Tynna, membre de la Société d'encouragement pour l'Industrie nationale, pour l'année 1809, mentionne comme brodeurs à Lyon : Artant et Cie [Artaud et Cie], rue des Feuillants ; Chevreau, quai Saint-Clair ; Durand et Mattet [Mathé], à la Glacière ; Fillon et Cie, petite rue des Feuillants ; Fournereau, rue Désirée ; Furnion et Cie, à la Glacière ; Garcin, rue Désirée ; Montalant frères, montée du Griffon ; Perrin et Boni (Bony), quai de Retz ; Picard, place du Séminaire ; Placi (Placy), quai Saint-Clair ; Roux et Vertier, rue des Feuillants.  L'année suivante, L'Indicateur de Lyon mentionne près de cinquante marchands brodeurs à Lyon, indiquant la vitalité de cette activité en 1810. Sont recensés : Artaud et Cie, rue des Feuillants ; Jacques Bellacla, 23, rue des Deux-Angles ; Léon Bertrand, 122, quai Saint-Clair ; Demoiselle Boissard, rue Vieille-Monnaie, maison Bertheon ; Gabriel Bonnot et Cie, 128, rue Royale ; Jean-François Bony, 64, quai de Retz ; Léon Cailhava, angle des rues Royale et des Deux-Angles, n° 109 ; Veuve Chedel, 117, rue Royale ; Aimé Danguin, 121, quai Saint-Clair ; Veuve Deaux, 21, rue Clermont ; Veuve Desolme, marchande de modes et brodeuse, angle de grande et petite rue des Feuillants, n° 104 ; Claude Despagnes, 56, rue des Bouchers ; Veuve Dupont, 15, place du Lycée ; Albert Eymard, 143, quai du Rhône ; Gaspard Fabry, 77, rue du Griffon ; Demoiselle Fayolle, rue Basse-Ville et du Garet, n° 142 ; Jacques Ferlay, angle des rues Lanterne et de la Cage, 13 ; Pierre Ferrière, grande rue Longue, 126 ; Claude Forest, 51, rue de la Vieille-Monnaie ; Pierre Fournereau, 103 bis, place de la Croix-Paquet ; Benoît Froment, 108, rue des Deux-Angles ; Matthieu Furnion, 86, rue de la Glacière ; François Garcin, 33, rue Désirée ; Gervais sœurs, 163, rue Lafont ; Jacques Gubian, place des Capucins, maison Aimard ; Claude Hodieu, rue neuve des Capucins, maison Santonax ; Madame Joly, 119, quai Saint-Clair ; Michel Julien, 27, place de Saint-Clair ; Jean-Baptiste Maintigneux, rue neuve des Capucins, maison Thibière ; Edme Martin, 101, place des Carmes ; Matet (ou Mathet) [Étienne Mathé], marchand brodeur, au 4, montée de la Glacière ; Claude Mazoyer, rue neuve des Capucins, maison Santonax ; Jean-Baptiste Montaland, 21, rue des Deux-Angles ; Philippe Montaland aîné, 11, rue du Griffon ; François Navier, 22, rue des Deux-Angles et Royale ; Pierre Pavy, rue neuve des Capucins, maison Lebrument ; Veuve Perrein, brodeuse, 6, grand rue Sainte-Catherine ; Veuve Perrin et fils, 6, grande rue Sainte-Catherine ; Matthias Picard, 103, place Croix-Paquet ; Jean-Pierre Placy, 114, rue Royale ; Madame Prodon, 47, place du Concert ; Prost sœurs, brodeuses au petit point, 118, rue Royale ; Antoine Reydellet-Rolle, 110, rue des Deux-Angles ; Jean-Claude Roussy, quai Saint-Clair et 122, rue Royale ; Antoine Saint-Didier, 119, quai Saint-Clair ; Sauveur sœurs, marchandes de broderies et nouveauté, 17, petite rue Mercière ; Veuve Thomassin, 3 petite rue Mercière ; Tournachon et Barras, 46, rue Vieille-Monnaie ; Verthier, 104, grande rue des Feuillants ; et Pierre Vibert, 163, rue Lafont. Leurs boutiques se situent majoritairement dans un même quartier, entre le Rhône et la place Croix-Paquet, avec une forte concentration de maisons sur le quai Saint-Clair (actuel quai André Lassagne), dans les rues Royale, des Deux-Angles (actuelle rue d'Alsace-Lorraine) et place Croix-Paquet, et autour de la place des Terreaux, dans les rues des Feuillants, Vieille-Monnaie (actuelle rue René-Leyraud), montée de la Glacière (actuelle rue Romarin), rue du Griffon, rue Sainte-Catherine. Le recensement de la population de Lyon, effectué en 1810 (Archives municipales de Lyon, 0784 WP 011), compte également des brodeuses de bas, environ deux cents, établies autour de la place Confort (actuelle place des Jacobins), des rues des Cordeliers, Basse-Ville, Écorche-Bœuf, du Petit Soulier, Grenette, du Méridien, Paradis, de l'Hôpital et Raisin, et des brodeuses, environ trois cent quatre-vingt-dix, établies dans trois quartiers principalement : entre les rues Thomassin, de la Poulaillerie, Mercière, Tupin et Palais-Grillet, d'abord ; puis entre les rues Grenette, Pizay, le quai de la Pêcherie et la rue du Garet ; enfin, au pied de la Croix-Rousse, entre les rues Désirée, du Griffon, la montée de la Croix-Rousse et la rue Royale. Un petit nombre, également, est établi autour de la rue Saint-Jean, sans doute en raison de la proximité de la primatiale et des commandes du clergé. L'échantillon de broderie appartenait a un ensemble de « cent trente-trois échantillons de broderies soie nuancée, paillettes, dorures et pierreries pour vêtements (...) reliés en 1 vol. in folio » (inv. MT 18499 à MT 18631) acquis en 1866 de l'antiquaire Gallot, passage des Terreaux, à Lyon, qui provenait du fonds d'un des marchands brodeurs mentionnés par l'Almanach de 1810. Le décor, réalisé sur un sergé de soie blanc, a été brodé au point lancé, au point de chausson et au passé plat de lames, lames gaufrées et cannetilles métalliques dorées. Le semis d'étoiles et de pois, dans le fond, et le courant de graminées, soulignée par une frise en dents-de-scie enrichie de chutes de rosettes, alternant avec des feuilles, permet de reconnaître un projet pour bas de robe. Parmi les marchands brodeurs mentionnés dans l'Almanach de 1810, certains avaient acquis une notoriété plus importante dans le domaine de la broderie pour vêtements d'apparat, catégorie à laquelle appartient l'échantillon du musée des Tissus, en dorure sur fond blanc. En avril 1810, la maison Bony et Cie, par exemple, reçut du Conseil municipal de Lyon la commande d'un « manteau de satin blanc et (d')une robe ronde de tissu argent fin », les deux vêtements étant « brodés richement en superbe dorure fine » et de modèle exclusif pour un montant compris entre dix mille et douze mille francs afin d'être offerts à l'Impératrice Marie-Louise, pour commémorer ses noces avec l'Empereur. Le musée des Tissus conserve une gouache de Jean-François Bony, représentant la robe et le manteau (inv. MT 18797.1) et l'essai de broderie qui correspond au bas de la robe (inv. MT 18797.2), ainsi qu'un projet à la mine de plomb et la gouache pour cette même robe (inv. MT 2014.0.1), un projet à la mine de plomb pour les broderies du manteau (inv. MT 2014.0.2) et deux gouaches à l'échelle 1 sur papier argenté pour la broderie du bas de la robe (inv. MT 2014.0.3 et MT 2014.0.4). Quatre ans plus tard, à l'occasion de la réception à Lyon de la duchesse d'Angoulême, Jean-François Bony est honoré par Madame Royale d'une visite à son atelier. Il s'engage à lui remettre dans un délai de six semaines « une robe de cour à grande queue sur une belle Levantine rose brodée argent sur le dessin composé de fleurs naturelles liées par des ornements recherchés » et « une robe ronde sur tulle rayé dont le dessin sera composé de roses, de renoncules et autres fleurs exécutées dans les couleurs naturelles en soie unie, le fond de la robe sera à colonnes et petits bouquets brodés argent fin ; au bas de la robe sera un falbala brodé aussi en argent. Prix convenu : 3000 francs. » Enfin, lors du séjour à Lyon, en 1816, de Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, à l'occasion de son mariage avec Charles-Ferdinand d'Artois, duc de Berry, Jean-François Bony est encore sollicité puisqu'il réalise une « robe longue sur satin blanc, brodée richement en or fin », tandis que la maison Placy et Cie exécute deux robes qui sont remises à la duchesse avec la corbeille offerte par la Chambre de Commerce de la ville. La première est une « robe tulle, mailles fixes ; le fond de la robe glacé argent fin, la bordure formée d'une guirlande de roses, brodées soie avec feuillage ; au-dessous de la guirlande, une broderie en argent mate, le bas de la robe terminé par une frange nuancée, la ceinture assortie à la robe, la doublure est en satin blanc » ; la seconde, « une robe tulle, mailles fixes, brodée soie blanche, le dessin composé d'une plante de muguet et de petites cloches, le fond de la robe à colonnes se réunissant dans le haut, composé d'un courant de cloches se liant dans le bas à la plante de muguet. » La duchesse de Berry, invitée à assister à un spectacle le soir même au Grand-Théâtre, choisit la première des deux robes de Placy pour paraître en public. La maison de Jean-François Bony et la maison Placy et Cie sont alors les deux ateliers les plus susceptibles de réaliser des vêtements de luxe, comme en témoignent aussi, par exemple, deux œuvres de Placy et Cie conservées au musée des Tissus, « un morceau de bas d'une robe avec broderie, soie, chenille, dorure, etc., exécutée pour l'impératrice de Russie, 1801 » (inv. MT 20852) et un « autre morceau, bas d'une robe brodée pour la cour, 1807 » (inv. MT 20853). L'usage des différentes lames, lames gaufrées, cannetilles dorées sur l'échantillon de bas de robe, sont comparable aux effets mis en œuvre sur l'échantillon de la robe de Marie-Louise. Le musée des Tissus conserve aussi un carnet de dessins de Jean-François Bony, dans lequel figurent plusieurs projets de broderie ou de meubles façonnés des années 1802 à 1816 (inv. MT 27638), certains accompagnés de précieuses annotations manuscrites. Au folio 33, par exemple, un projet de broderie pour bas de robe est accompagné des indications « canetille », « filé » et « lame » pour décrire les différents effets voulu par le brodeur. Au folio 11 est esquissée à grands traits une robe de cour à traîne, avec décor de broderie en partie inférieure et sur un montant qui court jusqu'à la ceinture. Elle est accompagnée d'une autre esquisse des détails de la broderie, avec l'inscription « robe/ de Mme/ Murat. » Le décor or sur fond blanc de l'échantillon de broderie du musée des Tissus révèle qu'il est destiné, précisément, à la confection d'une robe de cour. Aux folios 2 et 3, des croquis rapides pour bordures de vêtements présentent la même feuille dentelée que la frise sur l'échantillon, et le folio 6 utilise le motif du panache de graminée pour un courant de bas de robe. Au folio 128, un projet montre des enroulements de feuilles et de fleurs aux inflorescences en grappes qui rappellent la composition de l'échantillon. Les analogies techniques et stylistiques entre les œuvres de la main de Jean-François Bony et l'échantillon de broderie du musée des Tissus autorisent l'attribution de ce dernier au célèbre brodeur. La plupart des échantillons acquis en 1866 à l'antiquaire Gallot sont d'ailleurs attribuables avec certitude à Jean-François Bony, puisqu'ils présentent de nombreuses analogies avec les esquisses à la gouache pour broderies conservées au musée des Tissus ou avec les croquis à la mine de plomb ou à l'encre de la main de l'artiste qui figurent dans le carnet de dessins également conservé au musée des Tissus ou dans un autre carnet de modèles de broderie, au musée des Arts décoratifs de Paris (inv. CD 2830). Maximilien Durand (fr)
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  • 15012
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  • Le goût de la cour de Louis XVI pour les vêtements brodés avait considérablement développé cette branche de l'industrie lyonnaise, au détriment des manufactures d'étoffes riches. En 1779, les syndics et maîtres gardes des marchands et maîtres fabricants de Lyon présentent un Mémoire au Roi et au conseil du Commerce dans lequel ils rappellent que « tant que la France et plutôt la Cour et les Seigneurs ont consommé les Etoffes riches en soye et Dorures de la fabrique de Lyon, l'Etranger fidèle imitateur de nos goûts, y a conformé le Sien. Nous consommions à peine la dixième partie de nos manufactures et le danger imperceptible de ce luxe nécessaire était abondamment compensé par l'exportation du reste. La France a renoncé volontairement à cet Empire du goût si avantageux au Commerce (...). On a substitué la Broderie et le pomponage des modes aux belles étoffes de Lyon, et dès lors ces productions prétieuses dédaignées par ceux même qui les possédaient, ont été méprisées chés l'Etranger, il s'est affranchi du tribut qu'il payait à notre industrie, parce qu'on brode partout. » Rappelant qu'il s'agit « du sort de la seconde ville du Royaume, de l'existence d'un peuple immense », les syndics demandent que le Roi et la Reine « daignent honorer les travaux de leurs Sujets, de leurs Enfants, en les employant à leur usage. Cet exemple imité par la Cour sera bientôt suivi par l'Etranger. » En décembre 1779, les syndics de Lyon s'adressent directement à Marie-Antoinette pour l'avertir de la situation : « Placée sur le premier trône du monde, Votre Majesté réunit l'Empire des Vertus, de la Beauté et du goût. (...) Tant qu'elle a honoré les travaux de la manufacture de Lyon en les employant à son usage, le goût des belles Etoffes s'est soutenu dans toutes les Cours. Les princesses étrangères se sont efforcées de se rapprocher de Votre Majesté au moins par la ressemblance de la parure. (...) La Broderie et les modes ont remplacé les Etoffes brochées de Lyon. Il est résulté de ce changement la perte d'un commerce avantageux avec l'étranger. (...) Qu'il plaise à Votre Majesté d'observer que l'on Brode parfaitement chés l'Etranger ; qu'on ne fabrique les belles étoffes que dans la seule ville de Lyon. » En novembre 1781, à l'occasion des fêtes pour la naissance du Dauphin, le Roi et la Reine prennent la résolution d'employer à l'avenir des étoffes riches des fabriques de Lyon. Cette résolution semble avoir été partiellement suffisante, puisqu'un nouveau Mémoire, en 1783, déplore une fois encore l'abandon des étoffes brochées et demande « que la Cour en reprenne l'usage. Elle le fera si la Reine veut en donner l'exemple. Tout tient à celà. Versailles s'empressera d'imiter la Souveraine ; Paris d'imiter Versailles ; l'Europe ne tardera pas à suivre celle-ci ; et la ville de Lyon devra à un simple acte de complaisance de son Auguste Maîtresse le rétablissement de son ancienne splendeur. » En janvier 1790, c'est à l'Assemblée nationale que la Société philanthropique de Lyon expose le « triste état » de la fabrique. Plusieurs facteurs anéantissent le commerce de Lyon, mais on déplore aussi que « l'Etiquette comme un fléau suspendu sur nos têtes vienne encore nous frapper et mettre le comble à notre détresse. Les Deuils de la Cour occasionnent fréquemment des suspensions calamiteuses. Dès que la destinée termine ou menace les jours d'un Prince en Europe le travail est arrêté, les commissions deviennent rares ; les expéditions sont suspendues. (...) La mémoire des grands de la terre peut elle être honorée des souffrances du peuple ? (...) Veuillez, Messieurs, représenter au Roi les inconvénients de l'usage établi. Sa Majesté, toujours empressée d'adoucir et d'améliorer l'état de son peuple, agréera nos réclamations. » Les résolutions prises par les souverains en 1781 semblent cependant avoir eu des conséquences sur la production de broderies à Lyon jusqu'à la Révolution, si l'on en croit l'état dressé en l'an IX (1800) de cette branche de l'industrie par le premier préfet du département du Rhône, Raymond de Verninac de Saint-Maur (1762-1822), dans sa Description physique et politique du département du Rhône, publiée à Lyon (p. 72-73) : « La broderie occupait dans Lyon, au moment de la Révolution, 6000 individus. Depuis 1782 jusqu'à 1791, cette partie du commerce de cette ville avait baissé de près de moitié. » La Révolution, on le sait, a été particulièrement éprouvante pour les manufactures et l'industrie textile en général à Lyon, surtout après le Siège de la ville en 1793. Plusieurs dessinateurs, fabricants, ouvriers ou mécaniciens trouvèrent la mort entre 1793 et 1794 ou émigrèrent. Parmi les victimes lyonnaises de la Révolution, on compte quelques brodeurs : le 15 frimaire an II (5 décembre 1793), Claude Mariotte, natif de Saint-Léger (Côte-d'Or), demeurant rue du Buisson, marchand brodeur âgé de trente-huit ans ; le 21 frimaire an II (11 décembre 1793), Jean-Baptiste Bernard, natif de Lyon, demeurant rue de la Vieille-Monnaie, brodeur, âgé de quarante-quatre ans ; le 25 frimaire an II (15 décembre 1793), Claude Bernard, natif de Lyon, demeurant quai Saint-Clair, marchand brodeur, âgé de cinquante-trois ans ; le 28 frimaire an II (18 décembre 1793), Benoît Lacroze, natif de Lyon, demeurant rue Longue, brodeur, âgé de trente-deux ans ; le 5 nivôse an II (25 décembre 1793), Jean-Baptiste Boudet, natif de Montpellier, demeurant rue Pizay, marchand brodeur, âgé de cinquante-six ans ; le 18 nivôse an II (7 janvier 1794), André Debilly, natif de Lentilly, demeurant place Saint-Vincent, brodeur, âgé de cinquante ans ; le 20 nivôse an II (9 janvier 1794), Jacques Hodieu, natif de Lyon, brodeur ; le 23 nivôse an II (12 janvier 1794), Adrien-Antoine Sonel, natif de Paris, demeurant rue Longue, brodeur, âgé de trente-quatre ans ; en nivôse an II, également, Jean-Marie Gaugelin, natif de Lyon, demeurant Grande-Côte, brodeur, âgé de cinquante-et-un ans ; le 23 pluviôse an II (11 février 1794), Henri Prost, natif de Lyon, rue Belle-Cordière, commis-brodeur, âgé de vingt-deux ans ; le 29 pluviôse an II (17 février 1794), Jean-Baptiste Guichard, natif de Lyon, demeurant rue du Puits-du-Sel, brodeur, âgé de cinquante-huit ans ; le 16 germinal an II (5 avril 1794), Étiennette dite « Tiénon » Myotte, native de Tarare, demeurant rue de la ci-devant Douane, brodeuse, âgée de trente-six ans. Jean-François Dufour, natif de Chambéry, demeurant faubourg Saint-Clair, marchand brodeur âgé de cinquante-cinq ans, fut enfin condamné par contumace puisqu'il s'était évadé de sa prison. Raymond de Verninac de Saint-Maur indique, à propos de la broderie : « Aucune autre branche de l'industrie lyonnaise n'a autant souffert de la Révolution. Le luxe des cérémonies religieuses, le faste de la Cour, l'orgueil des grandes fortunes, tout lui a manqué à la fois. L'interruption de nos rapports avec l'étranger, suite de la guerre, a achevé sa ruine. » Il ajoute : « Elle occupe aujourd'hui 600 personnes » et voit dans cette branche du commerce de grandes perspectives. « Rien ne serait plus convenable que de lui rendre la vie. En ouvrage de broderie, presque tout est bénéfice ; c'est le triomphe de l'industrie. Elle offre aux femmes, pour lesquelles il existe si peu de ressources, un travail parfaitement relatif à leur faiblesse, à leur goût et à leur sexe. Le moyen de relever le commerce de broderie étant de rétablir la consommation, c'est aux premiers cercles de la République à donner le mouvement. Il faut observer cependant que Lyon trouvera dans la ville de Paris une concurrence très dangereuse en ce qui concerne la broderie en métal. L'art, sur ce point, est très parfait dans la capitale, qui d'ailleurs emploie des matières fort brillantes. »   À l'Exposition des produits de l'industrie française de l'an X qui se tient au Louvre durant six jours dont les complémentaires (16-21 septembre 1802) et qui réunit cinq cent quarante exposants, le jury décerne une médaille d'or à Camille Pernon (1753-1808) « fabricant à Lyon, ayant un dépôt à Paris, rue de Cléry, chez M. Grognard. A exposé des étoffes de la plus grande magnificence, et dignes de la haute réputation de la ville de Lyon, pour les soieries et les broderies ; on y remarquait : 1 - une robe de mousseline française, brodée en soie et dorure, sans envers, imitant parfaitement les belles broderies des Indes ; elle a été exécutée dans les ateliers de M. Rivet, brodeur à Lyon ; 2 - un velours soie, teint en écarlate, nuance qu'on n'avait pu obtenir jusqu'ici sur cette matière, et un damas apprêté en un blanc qui ne coule jamais : ces deux chefs-d'œuvre ont été exécutés par les procédés de M. Gonin fils, teinturier à Lyon ; 3 - des satins et des taffetas grande largeur, sans envers. Le Jury a remarqué dans les broderies et les brochés une grande variété et un bon choix de dessin. La broderie brochée est si bien exécutée qu'elle imite la broderie à l'aiguille. Le jury a décerné à M. Pernon une médaille d'or » (Procès verbal des opérations du jury nommé par le ministre de l'Intérieur pour examiner les produits de l'industrie française mis à l'exposition des jours complémentaires de la dixième année de la République, Paris, 1802, p. 20-21). Après le séjour effectué à Lyon par le Premier Consul en compagnie de son épouse entre le 21 nivôse (11 janvier) et le 8 pluviôse an X (28 janvier 1802), le Conseil municipal, dans sa séance du 22 pluviôse (11 février 1802) suivant, décide de faire exécuter pour Joséphine Bonaparte « par les citoyens Rivet et Cie, marchand brodeur de cette ville [celui-là même qui travaille pour Camille Pernon], une robe sur mousseline brodée à deux faces, un dolman aussi brodé, un fichu et un demi-fichu », le tout pour un montant de trois mille francs. À l'Exposition des produits de l'industrie française suivante, en 1806, qui dure vingt-quatre jours au Louvre et réunit mille quatre cent vingt-deux exposants, les fabricants d'étoffe de Lyon sont particulièrement bien représentés. Une section réunit la « Broderie et Passementerie » : François Bal expose « des échantillons d'habits brodés », Placy et Cie, « des échantillons d'habits brodés, et un échantillon de robe sur satin blanc brodée, soie nuée », Favre, « un cadre représentant une plante impériale, un aigle et divers ornements en application », Madame Veuve Chevron (Étiennette Rivet), « un mouchoir grande largeur, perkale blanc, brodé en laine », Duperret, « un schal grande largeur, madras, brodé en laine », Fabry et Cie, « des échantillons d'habits brodés en soie, or fin et pierres », Lequin l'aîné, « des échantillons de velours brodés », Edme Martin, « un cadre représentant différentes allégories en ornements et applications », Hodieu et Cie, « un écran brodé en soie », Madame Joly, Mademoiselle Devun, demeurant chez Madame Cosway, « deux cadres sous glace renfermant, en broderie de soie, nuancée au passé, l'un, deux roses liées par une pensée, fond gros de Tours blanc, et l'autre, deux arbrisseaux au milieu desquels se trouve un coq ayant une perle à ses pieds », Madame Belliscer, « un écran en satin et velours, appliqué sur un fond de tulle, et contenant un bouquet de fleurs, surmonté par un aigle. Ce dernier ouvrage est exécuté avec un soin extrême et Madame Belliscer désire qu'après l'exposition, il soit offert en hommage à Sa Majesté l'Impératrice. » Le Bulletin de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale n° XXXVIII (sixième année, août 1807), dans son compte rendu de la production textile présentée à l'Exposition de 1806, indique : « De toutes les fabrications qui ont rendu célèbre l'industrie des habitants de Lyon, la plus importante est celle qui s'exerce sur la soie. Les tissus formés de cette précieuse matière, unis, brochés, façonnés, mélangés d'or ou d'argent, ornés de broderie, etc., appropriés au goût des consommateurs nationaux et étrangers, et à tous les besoins du vêtement et de l'ameublement, se distinguent tantôt par la richesse et la magnificence, tantôt par des formes neuves, élégantes et variées, et toujours par le goût qui en dirige l'exécution. M. Camille Pernon, fabricant à Lyon, fut jugé digne, en l'an X, de la médaille d'or, pour des étoffes de soie brodées en or et en argent, des velours de soie et des satins qu'il avait présentés ; ces étoffes se recommandent par la richesse et la perfection du travail. Le jury a décerné à M. Joseph Malié, de Lyon, une médaille d'or, pour du satin remarquable par son éclat et sa souplesse ; du taffetas de qualité supérieure ; des velours trois poils et des velours légers, très bons et très beaux. Il a accordé des médailles d'argent de première classe à M. Beauvais, de Lyon, pour des velours, des veloutés, et autres étoffes de très belle qualité ; (...) à M. Bissardon, de Lyon, pour ses étoffes soie et or de toute espèce, de soie mélangée de coton, des velours ciselés en dorure, bien fabriqués ; à MM. Debarre, Théoleyre et Dutilleul, aussi de Lyon, pour des étoffes façonnées, d'excellente fabrication ; à Madame veuve Jacob, de la même ville, pour des satins liserés et des taffetas ; à M. Lagrive, de Lyon, pour la beauté de ses satins et de ses étoffes unies ; à MM. Séguin et Pujol, de la même ville, pour leurs brocarts, leurs lustrines, et leurs gazes brochées or et argent ; à MM. Sériziat et Aymar, pour leurs satins et leurs étoffes façonnées ; enfin, à M. Terret, pour des schals, des étoffes façonnées et chinées, de qualités très variées et excellentes. (...) La broderie en soie, en or et en argent sur toutes sortes d'étoffes est portée à Lyon au plus haut degré de perfection. Les dessins sont de bon goût et très bien exécutés. On a vu à la dernière exposition plusieurs tableaux brodés en soie, en or et en argent, qui offrent une réunion de talents rares et qui ont fait l'admiration des connaisseurs. Le jury a distingué par des médailles d'argent de deuxième classe les broderies imitant le velours de M. Fleury Delorme, de Paris, et celles de Madame veuve Vitte, et de M. Bony, de Lyon, qui sont très belles. »  Sur les trois médailles d'argent de deuxième classe accordées dans la section « Broderie et Passementerie », un seul Parisien est récompensé, Fleury Delorme, pour avoir « présenté un nouveau genre de broderie imitant le velours, dont le commerce des modes peut tirer un parti avantageux. » Le musée des Tissus conserve un exemplaire de ce type de broderie inventé par Fleury Delorme (inv. MT 26321). Les deux autres exposants sont des Lyonnais, la veuve Vitte, qui « a imaginé un nouveau point de broderie propre à donner plus de correction à ce genre de travail » et le fameux Jean-François Bony (1754-1825), qui « a exposé des broderies remarquables par leur beauté. » Les prescriptions du Premier Consul, puis de l'Empereur, concernant le costume officiel et les vêtements de cour ont fortement contribué à développer la branche de la broderie à Lyon, tout comme l'évolution de la mode elle-même et le goût des élégantes pour les robes, les dolmans, les châles, fichus ou demi-fichus brodés. L'année même de l'Exposition des produits de l'industrie française de 1806, Claude Bonnard, fabricant de tulles, adresse un Mémoire au ministre de l'Intérieur, dans lequel il précise que la broderie « occupe à Lyon plusieurs milliers de bras. » Il accompagne ce mémoire d'un Acte de notoriété publique en faveur de ses tulles enregistré devant le notaire Jean-Baptiste Masson le 26 avril 1806 et au Tribunal civil de Lyon le 3 mai suivant, qui donne la liste des principaux marchands brodeurs de la ville à cette date, à savoir : Gaspard Fabry, rue du Griffon ; Jacques Bernard, rue Sainte-Catherine, Benoît Montalan, rue Royale ; Pierre Ferrand, rue Désirée ; Matthias Picard, place Croix-Paquet ; Antoine Saint-Didier, rue Royale ; Étienne Mathé, montée de la Glacière ; Claude-Philippe-Bernard Vette, rue Royale ; Pierre Fournereau, rue Désirée ; Philippe Montalan, rue du Griffon ; Chaudon et Cie, place de la Boucherie des Terreaux ; Antoine Villoud, chemin de Saint-Clair ; Claude Hodieu, rue Neuve des Ursulines ; François-Claude Forest, rue de la Vieille-Monnaie ; Matthieu Furnion, rue Puits-Gaillot ; Claude-Barthélémy George, rue Basse-Ville ; Veuve Boulard et Cie, rue Royale ; Marie Jaunant, femme Navier, rue des Deux-Angles ; Étiennette Rivet, veuve Neyret-Chevron, quai Saint-Clair ; Aline Alexandrin, veuve de Jean-Jacques Deaux, rue Clermont. Sont aussi mentionnés des négociants : Placy et Cie, rue Royale ; Roux père et fils, rue Clermont ; François Bal, rue Pizay. Beaucoup ont participé à l'Exposition des produits de l'industrie française, tout comme Claude Bonnard, d'ailleurs. Dans cette liste pourtant n'apparaisent ni Jean-François Bony ni la veuve Vitte. L'Almanach du commerce de Paris, départemens de l'Empire français et des principales villes du monde publié par Jean de la Tynna, membre de la Société d'encouragement pour l'Industrie nationale, pour l'année 1809, mentionne comme brodeurs à Lyon : Artant et Cie [Artaud et Cie], rue des Feuillants ; Chevreau, quai Saint-Clair ; Durand et Mattet [Mathé], à la Glacière ; Fillon et Cie, petite rue des Feuillants ; Fournereau, rue Désirée ; Furnion et Cie, à la Glacière ; Garcin, rue Désirée ; Montalant frères, montée du Griffon ; Perrin et Boni (Bony), quai de Retz ; Picard, place du Séminaire ; Placi (Placy), quai Saint-Clair ; Roux et Vertier, rue des Feuillants.  L'année suivante, L'Indicateur de Lyon mentionne près de cinquante marchands brodeurs à Lyon, indiquant la vitalité de cette activité en 1810. Sont recensés : Artaud et Cie, rue des Feuillants ; Jacques Bellacla, 23, rue des Deux-Angles ; Léon Bertrand, 122, quai Saint-Clair ; Demoiselle Boissard, rue Vieille-Monnaie, maison Bertheon ; Gabriel Bonnot et Cie, 128, rue Royale ; Jean-François Bony, 64, quai de Retz ; Léon Cailhava, angle des rues Royale et des Deux-Angles, n° 109 ; Veuve Chedel, 117, rue Royale ; Aimé Danguin, 121, quai Saint-Clair ; Veuve Deaux, 21, rue Clermont ; Veuve Desolme, marchande de modes et brodeuse, angle de grande et petite rue des Feuillants, n° 104 ; Claude Despagnes, 56, rue des Bouchers ; Veuve Dupont, 15, place du Lycée ; Albert Eymard, 143, quai du Rhône ; Gaspard Fabry, 77, rue du Griffon ; Demoiselle Fayolle, rue Basse-Ville et du Garet, n° 142 ; Jacques Ferlay, angle des rues Lanterne et de la Cage, 13 ; Pierre Ferrière, grande rue Longue, 126 ; Claude Forest, 51, rue de la Vieille-Monnaie ; Pierre Fournereau, 103 bis, place de la Croix-Paquet ; Benoît Froment, 108, rue des Deux-Angles ; Matthieu Furnion, 86, rue de la Glacière ; François Garcin, 33, rue Désirée ; Gervais sœurs, 163, rue Lafont ; Jacques Gubian, place des Capucins, maison Aimard ; Claude Hodieu, rue neuve des Capucins, maison Santonax ; Madame Joly, 119, quai Saint-Clair ; Michel Julien, 27, place de Saint-Clair ; Jean-Baptiste Maintigneux, rue neuve des Capucins, maison Thibière ; Edme Martin, 101, place des Carmes ; Matet (ou Mathet) [Étienne Mathé], marchand brodeur, au 4, montée de la Glacière ; Claude Mazoyer, rue neuve des Capucins, maison Santonax ; Jean-Baptiste Montaland, 21, rue des Deux-Angles ; Philippe Montaland aîné, 11, rue du Griffon ; François Navier, 22, rue des Deux-Angles et Royale ; Pierre Pavy, rue neuve des Capucins, maison Lebrument ; Veuve Perrein, brodeuse, 6, grand rue Sainte-Catherine ; Veuve Perrin et fils, 6, grande rue Sainte-Catherine ; Matthias Picard, 103, place Croix-Paquet ; Jean-Pierre Placy, 114, rue Royale ; Madame Prodon, 47, place du Concert ; Prost sœurs, brodeuses au petit point, 118, rue Royale ; Antoine Reydellet-Rolle, 110, rue des Deux-Angles ; Jean-Claude Roussy, quai Saint-Clair et 122, rue Royale ; Antoine Saint-Didier, 119, quai Saint-Clair ; Sauveur sœurs, marchandes de broderies et nouveauté, 17, petite rue Mercière ; Veuve Thomassin, 3 petite rue Mercière ; Tournachon et Barras, 46, rue Vieille-Monnaie ; Verthier, 104, grande rue des Feuillants ; et Pierre Vibert, 163, rue Lafont. Leurs boutiques se situent majoritairement dans un même quartier, entre le Rhône et la place Croix-Paquet, avec une forte concentration de maisons sur le quai Saint-Clair (actuel quai André Lassagne), dans les rues Royale, des Deux-Angles (actuelle rue d'Alsace-Lorraine) et place Croix-Paquet, et autour de la place des Terreaux, dans les rues des Feuillants, Vieille-Monnaie (actuelle rue René-Leyraud), montée de la Glacière (actuelle rue Romarin), rue du Griffon, rue Sainte-Catherine. Le recensement de la population de Lyon, effectué en 1810 (Archives municipales de Lyon, 0784 WP 011), compte également des brodeuses de bas, environ deux cents, établies autour de la place Confort (actuelle place des Jacobins), des rues des Cordeliers, Basse-Ville, Écorche-Bœuf, du Petit Soulier, Grenette, du Méridien, Paradis, de l'Hôpital et Raisin, et des brodeuses, environ trois cent quatre-vingt-dix, établies dans trois quartiers principalement : entre les rues Thomassin, de la Poulaillerie, Mercière, Tupin et Palais-Grillet, d'abord ; puis entre les rues Grenette, Pizay, le quai de la Pêcherie et la rue du Garet ; enfin, au pied de la Croix-Rousse, entre les rues Désirée, du Griffon, la montée de la Croix-Rousse et la rue Royale. Un petit nombre, également, est établi autour de la rue Saint-Jean, sans doute en raison de la proximité de la primatiale et des commandes du clergé. L'échantillon de broderie appartenait a un ensemble de « cent trente-trois échantillons de broderies soie nuancée, paillettes, dorures et pierreries pour vêtements (...) reliés en 1 vol. in folio » (inv. MT 18499 à MT 18631) acquis en 1866 de l'antiquaire Gallot, passage des Terreaux, à Lyon, qui provenait du fonds d'un des marchands brodeurs mentionnés par l'Almanach de 1810. Le décor, réalisé sur un sergé de soie blanc, a été brodé au point lancé, au point de chausson et au passé plat de lames, lames gaufrées et cannetilles métalliques dorées. Le semis d'étoiles et de pois, dans le fond, et le courant de graminées, soulignée par une frise en dents-de-scie enrichie de chutes de rosettes, alternant avec des feuilles, permet de reconnaître un projet pour bas de robe. Parmi les marchands brodeurs mentionnés dans l'Almanach de 1810, certains avaient acquis une notoriété plus importante dans le domaine de la broderie pour vêtements d'apparat, catégorie à laquelle appartient l'échantillon du musée des Tissus, en dorure sur fond blanc. En avril 1810, la maison Bony et Cie, par exemple, reçut du Conseil municipal de Lyon la commande d'un « manteau de satin blanc et (d')une robe ronde de tissu argent fin », les deux vêtements étant « brodés richement en superbe dorure fine » et de modèle exclusif pour un montant compris entre dix mille et douze mille francs afin d'être offerts à l'Impératrice Marie-Louise, pour commémorer ses noces avec l'Empereur. Le musée des Tissus conserve une gouache de Jean-François Bony, représentant la robe et le manteau (inv. MT 18797.1) et l'essai de broderie qui correspond au bas de la robe (inv. MT 18797.2), ainsi qu'un projet à la mine de plomb et la gouache pour cette même robe (inv. MT 2014.0.1), un projet à la mine de plomb pour les broderies du manteau (inv. MT 2014.0.2) et deux gouaches à l'échelle 1 sur papier argenté pour la broderie du bas de la robe (inv. MT 2014.0.3 et MT 2014.0.4). Quatre ans plus tard, à l'occasion de la réception à Lyon de la duchesse d'Angoulême, Jean-François Bony est honoré par Madame Royale d'une visite à son atelier. Il s'engage à lui remettre dans un délai de six semaines « une robe de cour à grande queue sur une belle Levantine rose brodée argent sur le dessin composé de fleurs naturelles liées par des ornements recherchés » et « une robe ronde sur tulle rayé dont le dessin sera composé de roses, de renoncules et autres fleurs exécutées dans les couleurs naturelles en soie unie, le fond de la robe sera à colonnes et petits bouquets brodés argent fin ; au bas de la robe sera un falbala brodé aussi en argent. Prix convenu : 3000 francs. » Enfin, lors du séjour à Lyon, en 1816, de Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, à l'occasion de son mariage avec Charles-Ferdinand d'Artois, duc de Berry, Jean-François Bony est encore sollicité puisqu'il réalise une « robe longue sur satin blanc, brodée richement en or fin », tandis que la maison Placy et Cie exécute deux robes qui sont remises à la duchesse avec la corbeille offerte par la Chambre de Commerce de la ville. La première est une « robe tulle, mailles fixes ; le fond de la robe glacé argent fin, la bordure formée d'une guirlande de roses, brodées soie avec feuillage ; au-dessous de la guirlande, une broderie en argent mate, le bas de la robe terminé par une frange nuancée, la ceinture assortie à la robe, la doublure est en satin blanc » ; la seconde, « une robe tulle, mailles fixes, brodée soie blanche, le dessin composé d'une plante de muguet et de petites cloches, le fond de la robe à colonnes se réunissant dans le haut, composé d'un courant de cloches se liant dans le bas à la plante de muguet. » La duchesse de Berry, invitée à assister à un spectacle le soir même au Grand-Théâtre, choisit la première des deux robes de Placy pour paraître en public. La maison de Jean-François Bony et la maison Placy et Cie sont alors les deux ateliers les plus susceptibles de réaliser des vêtements de luxe, comme en témoignent aussi, par exemple, deux œuvres de Placy et Cie conservées au musée des Tissus, « un morceau de bas d'une robe avec broderie, soie, chenille, dorure, etc., exécutée pour l'impératrice de Russie, 1801 » (inv. MT 20852) et un « autre morceau, bas d'une robe brodée pour la cour, 1807 » (inv. MT 20853). L'usage des différentes lames, lames gaufrées, cannetilles dorées sur l'échantillon de bas de robe, sont comparable aux effets mis en œuvre sur l'échantillon de la robe de Marie-Louise. Le musée des Tissus conserve aussi un carnet de dessins de Jean-François Bony, dans lequel figurent plusieurs projets de broderie ou de meubles façonnés des années 1802 à 1816 (inv. MT 27638), certains accompagnés de précieuses annotations manuscrites. Au folio 33, par exemple, un projet de broderie pour bas de robe est accompagné des indications « canetille », « filé » et « lame » pour décrire les différents effets voulu par le brodeur. Au folio 11 est esquissée à grands traits une robe de cour à traîne, avec décor de broderie en partie inférieure et sur un montant qui court jusqu'à la ceinture. Elle est accompagnée d'une autre esquisse des détails de la broderie, avec l'inscription « robe/ de Mme/ Murat. » Le décor or sur fond blanc de l'échantillon de broderie du musée des Tissus révèle qu'il est destiné, précisément, à la confection d'une robe de cour. Aux folios 2 et 3, des croquis rapides pour bordures de vêtements présentent la même feuille dentelée que la frise sur l'échantillon, et le folio 6 utilise le motif du panache de graminée pour un courant de bas de robe. Au folio 128, un projet montre des enroulements de feuilles et de fleurs aux inflorescences en grappes qui rappellent la composition de l'échantillon. Les analogies techniques et stylistiques entre les œuvres de la main de Jean-François Bony et l'échantillon de broderie du musée des Tissus autorisent l'attribution de ce dernier au célèbre brodeur. La plupart des échantillons acquis en 1866 à l'antiquaire Gallot sont d'ailleurs attribuables avec certitude à Jean-François Bony, puisqu'ils présentent de nombreuses analogies avec les esquisses à la gouache pour broderies conservées au musée des Tissus ou avec les croquis à la mine de plomb ou à l'encre de la main de l'artiste qui figurent dans le carnet de dessins également conservé au musée des Tissus ou dans un autre carnet de modèles de broderie, au musée des Arts décoratifs de Paris (inv. CD 2830). Maximilien Durand (fr)
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  • Échantillon de broderie pour bas de robe de cour (fr)
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