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  • Chasuble « française » brodée appartenant à l'ornement angélique (fr)
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  • La chasuble dite angélique, est une rare variante brodée de l'ornement extraordinaire, tissé, conçu par Joseph-Alphonse Henry (1836-1913) dès 1888-1889, et réalisé entre 1891 et 1906 pour l'ensemble des pièces qui le composent. Cet ornement a été commercialisé par la maison Henry J.-A., puis par ses successeurs, Truchot J. et Grassis (1908-1919) puis Truchot J. et Cie jusqu'au Concile de Vatican II probablement. La société a cessé son activité en 1977. Les héritiers de cette société ont fait don de cette chasuble et d'un ensemble de pièces remarquables constituant le fonds d'archive de la maison Henry-Truchot au musée des Tissus. Les éléments principaux de cet ornement, chasuble, dalmatiques et chape, déclinent un programme iconographique particulièrement soigné. Celui-ci a été commandé en 1888-1889 par Joseph-Alphonse Henry au peintre Gaspard Poncet (1820-1892), artiste religieux qui a fourni de nombreux modèles de verrières, de mosaïques, de peintures (église Saint-Nizier, basilique Notre-Dame de Fourvière, caveau de saint Pothin à l'hôpital de l'Antiquaille, par exemple) ou des programmes pour l'orfèvrerie (pour Armand-Calliat, notamment). La maison Henry J.-A., qui avait succédé en 1867 à la maison Henry Frères (Alphonse et Charles) et Jouve (Hippolyte), spécialisée dans les ornements d'églises, dorure et soieries pour ameublement, avait été distinguée d'une médaille d'argent à l'Exposition universelle de Paris en 1867, d'une médaille d'or à l'Exposition maritime internationale du Havre en 1868, d'une médaille d'honneur à l'Exposition religieuse de Rome en 1870 et d'un diplôme d'honneur à l'Exposition internationale de Lyon en 1872, d'une médaille de progrès et d'une médaille de mérite à l'Exposition universelle de Vienne en 1873 et d'une médaille d'or à l'Exposition universelle de Paris de 1878. Le musée des Tissus conserve cinq dessins préparatoires de la chasuble appartenant à l'ornement dit angélique ou aux anges (inv. MT 49282, MT 49283.1, MT 49283.2, MT 49283.3 et MT 49284). Trois dessins (inv. MT 49283.1, MT 49283.2 et MT 49283.3) figurent le devant de la chasuble, dans sa forme « française », c'est-à-dire avec encolure trapézoïdale et galons verticaux divisant la composition en trois zones. Un dessin représente le haut du dos de la chasuble de forme « française », c'est-à-dire avec croix dans le dos (inv. MT 49282). Le musée des Tissus conserve par ailleurs un exemplaire de l'ornement angélique avec chasuble de forme « française » (inv. MT 36332), bourse (inv. MT 36331), voile de calice (inv. MT 36333), manipule (inv. MT 36334) et étole (inv. MT 36335). Le quatrième dessin préparatoire de Gaspard Poncet (inv. MT 49284) prévoit une variante pour une encolure de chasuble de type « espagnol » (devant de la chasuble) nécessitant une autre mise en carte. Le musée des Tissus conserve un exemplaire de chasuble de type « espagnol » (inv. MT 51441.2) qui fait partie d'un ornement complet, comprenant une chape (inv. MT 51441.1), deux dalmatiques avec leur collet (inv. MT 51441.3.1 avec MT 51441.3.2, et MT 51441.4.1 avec MT 51441.4.2), trois manipules (inv. MT 51441.5.1, MT 51441.5.2 et MT 51441.5.3), une étole (inv. MT 51441.7) et deux étoles diaconales (inv. MT 51441.6.1 et MT 51441.6.2), un voile huméral (inv. MT 51441.8) et un voile de calice (inv. MT 51441.9). Tous ces exemplaires sont exécutés en lampas fond satin, deux lats de lancé (et trame d’accompagnement), liés en sergé et à plusieurs effets, au moyen de soie, de filé et de lame métalliques dorés, de filé, de lame et de frisé métalliques argentés. La dominante or de l'ornement angélique a contribué à assurer son succès. La transcription des dessins en mise en carte, sur papier réglé de dix en dix, a été confiée à Christophe Gerbaud pour être exécutés au moyen d'un métier équipé de mécanique Verdol. Le livre de cartons de la maison Henry, conservé dans les archives de la maison Prelle, à Lyon, indique sous le numéro de patron 2327 que les premières tirelles d'échantillon pour le devant de la « chasuble aux anges » datent du 26 mars 1889 (pour le dos) et du 31 août 1889 (pour le devant). Lors de l'Exposition universelle de Paris, en 1889, la maison J.-A. Henry est gratifiée d'un Grand prix, mais la chasuble angélique n'est pas présentée à cette occasion. Elle sera révélée en 1891, avec son étole, son manipule, son voile de calice et sa bourse. Le premier exemplaire a été porté par Joseph-Alfred, cardinal Foulon (1823-1893), archevêque de Lyon, pour la cérémonie du jour de Pâques à la primatiale Saint-Jean. Elle est décrite par James Condamin dans un article intitulé « La Chasuble angélique », publié dans la Revue hebdomadaire du diocèse de Lyon, le 5 juin 1891 (p. 794-796) : « La Chasuble angélique, ainsi appelée parce que des groupes d'anges y forment tous les motifs de décoration qui accompagnent le sujet principal, n'est rien moins dans son ensemble qu'une magnifique page de peinture, où le tissage en brocart d'or a remplacé le travail du pinceau. Imaginez une toile de l'École de Sienne ou des primitifs de Florence détachée de son cadre et transposée sur une riche étoffe de soie. D'une part, au dos de la chasuble, l'artiste a esquissé une de ces scènes évangéliques si familières aux maîtres de la Renaissance. Au bas du tableau, en effet, sur la sainte montagne, les apôtres entourent la Vierge, les yeux fixés sur Notre Seigneur qui monte vers les cieux. À la partie supérieure, le Maître ouvre les bras pour bénir, sa physionomie s'élève sur un nimbe de gloire, et il occupe le centre d'un second groupe où plane le Saint-Esprit surmonté de la figure symbolique de Dieu le Père. Entre les deux sujets, des anges, aux ailes déployées et aux robes flottantes, portent une banderole où se lisent les mots Gloria in excelsis Deo, pendant que de toutes parts accourent, en rangs serrés, des phalanges de chérubins, de séraphins et d'esprits célestes pour adorer le Fils de Dieu et célébrer sa gloire sur divers instruments de musique. D'autre part, le devant de la chasuble est consacré à chanter le poème de Marie. C'est la Vierge ici qui triomphe : l'Enfant Jésus entre les bras, elle se détache d'un nimbe d'argent, sur un fond d'or plus pâle ; tout autour s'échelonnent de nouveaux groupes d'anges qui préludent à leur concert à la Mère du Sauveur : Mater Salvatoris, tel est, en effet, le thème du motif harmonieux que deux d'entre eux, portant des banderoles, indiquent à leurs frères. Enfin, aux entournures des épaules, pour relier les deux grandes scènes déjà indiquées, des myriades d'anges, j'allais dire des "semis" de têtes angéliques comme perdues et noyées dans l'infini de l'espace, ménagent heureusement la transition, et sauvegardent à la fois les exigences du goût et les droits de la perspective. L'étole, le manipule, le voile et la bourse sont traités de la même manière : partout des anges qui adorent et qui chantent ; partout des inscriptions succinctes et suggestives, empruntées aux cantiques de la céleste Jérusalem et qui s'enroulent aux spirales des banderoles ; partout, en un mot, l'idée de la Rédemption et du sacrifice, comme, par exemple, dans cette représentation de l'Agneau sans tache, au centre de l'hostie qui occupe le milieu du voile du calice. Voilà pour la description sommaire des sujets, et en quelque sorte, pour la genèse même de l'œuvre. Voici maintenant pour son exécution. Dans un travail aussi complexe et où concourent un grand nombre de personnages, ce n'est pas un facile problème à résoudre que de bien ménager les effets de perspective, de donner à chaque scène sa valeur réelle et d'harmoniser l'ensemble de manière à ce que tout s'y détache sans confusion. D'ordinaire, pour atteindre ce résultat, on s'aide principalement du bosselage et l'on arrive, avec des oppositions de creux et de reliefs, à mettre en saillie les parties du dessin qu'on veut accentuer. Dans la Chasuble angélique, comme dans toute œuvre d'art indiscutablement belle, le moyen employé a été plus sobre : c'est avec de simples traits de soie brune, à l'imitation du travail des médaillons et des ciselures à petit relief, que les reliefs ont été obtenus ; l'art ici s'est donc moqué de l'art et, comme chez le vieil Homère, où, avec cette naïveté charmante, les costumes et les armures suffisent à représenter l'histoire des héros et des dieux, l'auteur a réussi, avec le minimum de procédés, à "brocateler" ses tableaux et à leur donner le maximum de vérité et de vie. Si j'ajoute que la contexture de cette chasuble est un brocart d'or fin, j'en aurai vraisemblablement assez dit pour faire comprendre que la richesse du fond répond aux magnificences de la forme et que, dans la Chasuble angélique, tout concourt à faire, selon la très juste remarque d'un critique anglais, une œuvre unique et exquise : This unique and exquisite specimen of rich Gold Brocade ! La soierie lyonnaise, chacun le sait, n'en est plus, en l'espèce, à compter ses triomphes : la supériorité de ses produits, célèbre dans tout l'univers, est partout incontestée, et il y aurait un volume à écrire sur les généreux efforts tentés par nos fabricants et sur les merveilleux résultats qu'ils ont obtenus. Ce n'est donc, en réalité, qu'un nouveau chef-d'œuvre, ajouté à tant d'autres, dont M. J.-A. Henry vient d'enrichir notre manufacture d'étoffes religieuses ; mais encore fallait-il l'en féliciter hautement et l'en remercier. Si j'excepte le don d'un de ces beaux calices signés d'Armand-Caillat — car ici encore la signature dit tout —, je ne vois pas vraiment quel plus royal cadeau que la Chasuble angélique l'on pourrait offrir à un jeune prêtre, pour son ordination, ou encore à un vétéran du sacerdoce, pour ses noces d'or. Peut-être y songera-t-on désormais, dans les familles et dans les paroisses, maintenant qu'on sera édifié sur l'existence de cet admirable travail, et sur sa valeur intrinsèque. Les paroisses auront d'ailleurs d'autant plus de raisons d'y penser que M. J.-A. Henry se préoccupe, en ce moment, de compléter bientôt son ornement par la création d'une chape, de dalmatiques, d'une étole pastorale et d'un huméral qui seront exécutés dans le même goût et avec le même perfection. Tout le monde souhaiterait, comme l'auteur de ce rapide aperçu, qu'il ne nous les fasse point trop attendre. » À l'Exposition universelle, internationale et coloniale  de Lyon, en 1894, Joseph-Alphonse Henry expose l'exemplaire de la chasuble angélique non pas tissé en soie, or et argent, mais brodé. De forme « française », cette chasuble, dont le décor est exécuté par Marie-Anne Leroudier (1838-1908), a été conservée par le fabricant, puis par ses successeurs et leurs descendants, avant de rejoindre récemment, grâce à la générosité de la famille Truchot, la collection du musée des Tissus, avec son étole (inv. MT 2015.5.2) et sa bourse (inv. MT 2015.5.3), également brodées. Elle rencontre un vif succès à l'Exposition de 1894. Quatre ans plus tard, un ornement brodé (comprenant une Chasuble angélique, une étole, un manipule, un voile de calice, une bourse, une chape, un grémial, une pale, une mitre et un agenouilloir) est d'ailleurs commandé à l'occasion de la nomination de monseigneur Joseph Rumeau (1849-1940) au siège épiscopal d'Angers. L'ornement, exécuté dans l'atelier de broderie de Marie-Anne Leroudier, est livré au début de l'année 1899, pour un montant total de plus de trente mille francs or. Propriété de l'Association diocésaine, il est aujourd'hui conservé au Palais épiscopal d'Angers. Avec la chasuble du musée des Tissus, présentée en 1894, c'est le seul exemplaire brodé du modèle angélique. Marie-Anne Haug est née à Belfort en 1838. Ses parents s'établirent à Lyon alors qu'elle était encore enfant. Elle fut envoyée à l'école des Sœurs Saint-Charles des Brotteaux, où elle se fit remarquer pour son intelligence vive et son aptitude aux travaux d'aiguille. Elle compléta son apprentissage chez une brodeuse. En 1862, elle épousait le dessinateur Jean Leroudier, collaborateur régulier de Joseph-Alphonse Henry. Grâce à lui, elle commença à réunir une belle collection d'étoffes anciennes qui servirent son inspiration. Elle se fit inscrire au cours municipal de dessin dirigé par Clotilde Ailliod. Deux ans après son mariage, elle monta un atelier de broderie, spécialisé, entre autres, dans la restauration des pièces anciennes, assurant sa réputation auprès des collectionneurs de Lyon, de Paris et de l'étranger. Mais sa nature la poussait à créer elle-même. L'une de ses premières œuvres fut un portrait de son époux Jean Leroudier, en médaillon. Dès 1867, elle participe à toutes les grandes manifestations internationales. Cette année-là, à l'Exposition universelle de Paris, Marie-Anne Leroudier est gratifiée d'une Mention honorable comme collaborateur de la maison Lamy et Giraud. À l'Exposition universelle de Lyon, en 1872, elle obtient une Médaille de bronze comme collaborateur de la maison Henry J.-A., et deux autres Médailles de bronze à Paris, en 1878, la première comme exposante et la seconde comme collaborateur de la maison Chatel et Tassinari. À l'Exposition des Arts décoratifs de Lyon, en 1884, elle obtient une Médaille d'or. L'année suivante, c'est une autre Médaille d'or, qui fut la plus haute récompense accordée à la broderie, qui lui est décernée à l'Exposition universelle d'Anvers. En 1887, à la neuvième Exposition de l'Union centrale des Arts décoratifs, à Paris, elle obtient une Médaille d'excellence, seule médaille accordée pour le groupe « Broderies, dentelles et passementeries ». Elle triomphe à nouveau à l'Exposition universelle de Paris en 1889 avec la série des panneaux inspirés par Les douze mois grotesques de Claude III Audran, pour lesquels elle obtient une Médaille d'or dans la section des Arts libéraux. La série complète est aujourd'hui conservée au musée des Tissus (inv. MT 31206.1 à MT 31206.12). L'auteur du compte rendu de l'Exposition universelle de 1889 publié par Adrien Storck et Henri Martin décrit ainsi l'artiste : « Toute menue, figure expressive éclairée par des yeux vifs qui pétillent lorsqu'on parle avec elle de son art, sourcils noirs et cheveux légers que semble recouvrir la poudre du XIXe siècle, voilà notre brodeuse au physique. Une femme vaillante, la voilà au moral. » En 1892, elle faisait partie du comité d'organisation de l'Exposition des Arts de la femme qui se tint au Palais de l'Industrie. Elle fut aussi membre des comités d'admission à l'Exposition universelle de 1900. En 1888, la municipalité lyonnaise décidait de créer un cours municipal de broderie. La direction en fut confiée à Marie-Anne Leroudier, à laquelle fut adjointe sa fille aînée, Jeanne-Marie-Catherine, épouse Guillermet. Parmi les productions les plus remarquables de Marie-Anne Leroudier, on compte, en ameublement, les tentures de l'Opéra de Paris et différents ameublements très riches pour les maisons de Paris — Fourdinois ou Krieger, par exemple — ou de Marseille — Blanqui — ; en vêtement, des costumes artistiques et archéologiques pour la maison Worth, et des robes et manteaux de cour pour la reine de Grèce et l'impératrice de Russie ; en ornements d'église, la chasuble offerte par les Lyonnais au pape Pie IX, en 1869, la bannière des députés pour Paray-le-Monial, un ornement complet pour Notre-Dame-de-la-Délivrande à Douvres-la-Délivrande, une bannière pour l'archevêché de Lyon, la chasuble offerte par les catholiques de Lyon pour le jubilé du pape Léon XIII, un devant d'autel pour la métropole de Iași (ou Jassy) en Roumanie ; plusieurs tableaux brodés reproduisant des peintures célèbres, dont un Christ en croix d'après Van Dyck acheté par la Chambre de Commerce pour son musée (inv. MT 23954) ; et bien sûr, la version brodée, exceptionnelle, de l'ornement angélique. Quand se tient l'Exposition de 1894, Joseph-Alphonse Henry n'a pas encore réalisé les éléments qui devaient compléter la chasuble angélique et ses accessoires, à savoir les dalmatiques et la chape annoncées dès 1891. Outre l'exemplaire brodé de la chasuble angélique, la vitrine de la maison Henry présente alors : une chasuble en velours cramoisi, brodé au point de Venise, sur la croix de laquelle se détache la croix du milieu contenant un médaillon avec la Communion de saint Jean, aussi brodée par Marie-Anne Leroudier sur un dessin de son époux, Jean Leroudier ; une mitre de style gothique, sur fond cul de dé d'or fin, avec personnages brodés au petit point (les Sept dons du Saint-Esprit figurés par sept séraphins, les mêmes séraphins ornant également le bord inférieur de la mitre ; c'est le modèle exécuté pour l'ornement brodé de monseigneur Rumeau à Angers, conservé au Palais épiscopal de cette ville) ; une chape, à fond brocart d'or fin, à médaillons représentant le concert des anges (le musée des Tissus en conserve un exemplaire, inv. MT 38673), aux orfrois et au chaperon en couchure relevée, identiques à ceux de grand pontifical de Lourdes (le chaperon orné de la scène de la Nativité) ; un panneau brodé au point tremblé formant le fond de la vitrine représentant la Vierge à l'Enfant entre sainte Marie-Madeleine, sainte Agnès, sainte Marguerite, sainte Brigitte, sainte Catherine de Sienne, sainte Marie-Madeleine de'Pazzi, sainte Thérèse d'Avila et sainte Élisabeth de Hongrie ; le drapeau offert par le comité de la presse de Lyon et de la région à l'empereur de Russie, à l'occasion du passage des marins russes à Lyon, avant son envoi au tsar ; un panneau fond velours cramoisi, brodé au point bouclé, reproduisant une étoffe trouvée à Aix-la-Chapelle ; un brocart à anges, fond azur, semé d'étoiles d'argent, avec des médaillons gothiques où se détachent des groupes de trois anges chantant et s'accompagnant sur des instruments divers, en soie nuancée ; une étoffe pour meuble, fond crème, traversé par une dentelle d'or, sur lequelle se détache des bouquets d'orchidées ; une étoffe avec décor d'orchidées ; et des étoffes pour meubles et pour robes à décor Louis XV et Louis XVI. En 1897, Joseph-Alphonse Henry complète la chasuble angélique par les dalmatiques annoncées, avec leurs accessoires. Elles sont tissées sur le modèle fourni par Gaspard Poncet dès 1888-1889. Le musée des Tissus conserve également les dessins préparatoires pour le devant de la dalmatique avec la Nativité (inv. MT 49285.1) et pour le dos avec la scène montrant Jésus parmi les docteurs (inv. MT 49285.2), ainsi que pour le devant de la tunique avec la scène de la Remise des clefs à saint Pierre (inv. MT 49286.2 et MT 49286.3) et du dos avec l'Entrée à Jérusalem (inv. MT 49286.1). La date de leur exécution, qui était restée incertaine, est aujourd'hui connue avec certitude grâce au chef de pièce signé et daté conservé sur les laizes des deux dalmatiques non montées récemment entrées dans les collections du musée des Tissus (inv. MT 2015.5.4 et MT 2015.5.5) avec le don de la famille Truchot. Il n'existe aucune version brodée de ces dalmatiques, puisque le pontifical de monseigneur Rumeau, à Angers, ne les avait pas intégrées. Dès 1898, le modèle de la chape est déjà élaboré, toujours sur des dessins de Gaspard Poncet, même si aucun croquis préparatoire n'a été conservé. En effet, un exemplaire brodé de la chape fait partie de l'ornement commandé pour monseigneur Joseph Rumeau, livré en 1899. À l'Exposition universelle de 1900, Joseph-Alphonse Henry est gratifié d'un Grand prix pour la qualité des étoffes qu'il présente. L'inscription tissée sous le chaperon des exemplaires conservés de la chape angélique, « GRAND PRIX/ E . U . PARIS 1900 », indique qu'elle a été présentée à cette occasion et admirée par le jury. James Condamin, qui avait consacré déjà un article à la chasuble angélique en 1891, publie un autre texte sur la chape angélique, cette fois, dans la Semaine religieuse du diocèse de Lyon de 1906 (p. 472-475). Cet article a été rédigé à l'occasion du sacre de monseigneur Louis-Jean Déchelette (1848-1920), évêque auxiliaire de Lyon, pour lequel les anciens élèves du collège Sainte-Marie de Saint-Chamond lui ont offert un exemplaire de la Chape angélique. Monseigneur Déchelette l'a ensuite laissé à la sacristie de la primatiale, où il est toujours conservé, avec la Chasuble angélique de monseigneur Foulon. L'ornement angélique complet comprend alors, en 1900, une chasuble, de forme « française » ou « espagnole », ses accessoires, étole, manipule, voile de calice et bourse, deux dalmatiques (en réalité, une dalmatique et une tunique), avec leurs accessoires, et une chape avec son chaperon et ses orfrois. En 1906, l'ornement angélique a été encore enrichi d'un antependium, orné de la Mission des Apôtres. Le musée des Tissus en conserve deux exemplaires (inv. MT 28297, acquis de Joseph-Alphonse Henry lui-même, et inv. MT 2015.5.6, donné par la famille Truchot). C'est le seul élément de l'ensemble angélique qui n'a pas été réalisé sur un dessin de Gaspard Poncet. Joseph-Alphonse Henry reproduit ici une gravure de l'artiste Johann Evangelist Klein (1823-1883) publié dans l'édition du Missale Romanum de Friedrich Pustet (1798-1882) de Ratisbonne, datant de 1884. L'exemplaire brodé de la chasuble angélique, particulièrement précieux, est sans aucun doute le témoignage le plus éclatant de la collaboration de Joseph-Alphonse Henry avec les meilleurs artistes, Gaspard Poncet pour le dessin et MArie-Anne Leroudier pour la broderie. Maximilien Durand (fr)
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  • 76534
P3 has note
  • La chasuble dite angélique, est une rare variante brodée de l'ornement extraordinaire, tissé, conçu par Joseph-Alphonse Henry (1836-1913) dès 1888-1889, et réalisé entre 1891 et 1906 pour l'ensemble des pièces qui le composent. Cet ornement a été commercialisé par la maison Henry J.-A., puis par ses successeurs, Truchot J. et Grassis (1908-1919) puis Truchot J. et Cie jusqu'au Concile de Vatican II probablement. La société a cessé son activité en 1977. Les héritiers de cette société ont fait don de cette chasuble et d'un ensemble de pièces remarquables constituant le fonds d'archive de la maison Henry-Truchot au musée des Tissus. Les éléments principaux de cet ornement, chasuble, dalmatiques et chape, déclinent un programme iconographique particulièrement soigné. Celui-ci a été commandé en 1888-1889 par Joseph-Alphonse Henry au peintre Gaspard Poncet (1820-1892), artiste religieux qui a fourni de nombreux modèles de verrières, de mosaïques, de peintures (église Saint-Nizier, basilique Notre-Dame de Fourvière, caveau de saint Pothin à l'hôpital de l'Antiquaille, par exemple) ou des programmes pour l'orfèvrerie (pour Armand-Calliat, notamment). La maison Henry J.-A., qui avait succédé en 1867 à la maison Henry Frères (Alphonse et Charles) et Jouve (Hippolyte), spécialisée dans les ornements d'églises, dorure et soieries pour ameublement, avait été distinguée d'une médaille d'argent à l'Exposition universelle de Paris en 1867, d'une médaille d'or à l'Exposition maritime internationale du Havre en 1868, d'une médaille d'honneur à l'Exposition religieuse de Rome en 1870 et d'un diplôme d'honneur à l'Exposition internationale de Lyon en 1872, d'une médaille de progrès et d'une médaille de mérite à l'Exposition universelle de Vienne en 1873 et d'une médaille d'or à l'Exposition universelle de Paris de 1878. Le musée des Tissus conserve cinq dessins préparatoires de la chasuble appartenant à l'ornement dit angélique ou aux anges (inv. MT 49282, MT 49283.1, MT 49283.2, MT 49283.3 et MT 49284). Trois dessins (inv. MT 49283.1, MT 49283.2 et MT 49283.3) figurent le devant de la chasuble, dans sa forme « française », c'est-à-dire avec encolure trapézoïdale et galons verticaux divisant la composition en trois zones. Un dessin représente le haut du dos de la chasuble de forme « française », c'est-à-dire avec croix dans le dos (inv. MT 49282). Le musée des Tissus conserve par ailleurs un exemplaire de l'ornement angélique avec chasuble de forme « française » (inv. MT 36332), bourse (inv. MT 36331), voile de calice (inv. MT 36333), manipule (inv. MT 36334) et étole (inv. MT 36335). Le quatrième dessin préparatoire de Gaspard Poncet (inv. MT 49284) prévoit une variante pour une encolure de chasuble de type « espagnol » (devant de la chasuble) nécessitant une autre mise en carte. Le musée des Tissus conserve un exemplaire de chasuble de type « espagnol » (inv. MT 51441.2) qui fait partie d'un ornement complet, comprenant une chape (inv. MT 51441.1), deux dalmatiques avec leur collet (inv. MT 51441.3.1 avec MT 51441.3.2, et MT 51441.4.1 avec MT 51441.4.2), trois manipules (inv. MT 51441.5.1, MT 51441.5.2 et MT 51441.5.3), une étole (inv. MT 51441.7) et deux étoles diaconales (inv. MT 51441.6.1 et MT 51441.6.2), un voile huméral (inv. MT 51441.8) et un voile de calice (inv. MT 51441.9). Tous ces exemplaires sont exécutés en lampas fond satin, deux lats de lancé (et trame d’accompagnement), liés en sergé et à plusieurs effets, au moyen de soie, de filé et de lame métalliques dorés, de filé, de lame et de frisé métalliques argentés. La dominante or de l'ornement angélique a contribué à assurer son succès. La transcription des dessins en mise en carte, sur papier réglé de dix en dix, a été confiée à Christophe Gerbaud pour être exécutés au moyen d'un métier équipé de mécanique Verdol. Le livre de cartons de la maison Henry, conservé dans les archives de la maison Prelle, à Lyon, indique sous le numéro de patron 2327 que les premières tirelles d'échantillon pour le devant de la « chasuble aux anges » datent du 26 mars 1889 (pour le dos) et du 31 août 1889 (pour le devant). Lors de l'Exposition universelle de Paris, en 1889, la maison J.-A. Henry est gratifiée d'un Grand prix, mais la chasuble angélique n'est pas présentée à cette occasion. Elle sera révélée en 1891, avec son étole, son manipule, son voile de calice et sa bourse. Le premier exemplaire a été porté par Joseph-Alfred, cardinal Foulon (1823-1893), archevêque de Lyon, pour la cérémonie du jour de Pâques à la primatiale Saint-Jean. Elle est décrite par James Condamin dans un article intitulé « La Chasuble angélique », publié dans la Revue hebdomadaire du diocèse de Lyon, le 5 juin 1891 (p. 794-796) : « La Chasuble angélique, ainsi appelée parce que des groupes d'anges y forment tous les motifs de décoration qui accompagnent le sujet principal, n'est rien moins dans son ensemble qu'une magnifique page de peinture, où le tissage en brocart d'or a remplacé le travail du pinceau. Imaginez une toile de l'École de Sienne ou des primitifs de Florence détachée de son cadre et transposée sur une riche étoffe de soie. D'une part, au dos de la chasuble, l'artiste a esquissé une de ces scènes évangéliques si familières aux maîtres de la Renaissance. Au bas du tableau, en effet, sur la sainte montagne, les apôtres entourent la Vierge, les yeux fixés sur Notre Seigneur qui monte vers les cieux. À la partie supérieure, le Maître ouvre les bras pour bénir, sa physionomie s'élève sur un nimbe de gloire, et il occupe le centre d'un second groupe où plane le Saint-Esprit surmonté de la figure symbolique de Dieu le Père. Entre les deux sujets, des anges, aux ailes déployées et aux robes flottantes, portent une banderole où se lisent les mots Gloria in excelsis Deo, pendant que de toutes parts accourent, en rangs serrés, des phalanges de chérubins, de séraphins et d'esprits célestes pour adorer le Fils de Dieu et célébrer sa gloire sur divers instruments de musique. D'autre part, le devant de la chasuble est consacré à chanter le poème de Marie. C'est la Vierge ici qui triomphe : l'Enfant Jésus entre les bras, elle se détache d'un nimbe d'argent, sur un fond d'or plus pâle ; tout autour s'échelonnent de nouveaux groupes d'anges qui préludent à leur concert à la Mère du Sauveur : Mater Salvatoris, tel est, en effet, le thème du motif harmonieux que deux d'entre eux, portant des banderoles, indiquent à leurs frères. Enfin, aux entournures des épaules, pour relier les deux grandes scènes déjà indiquées, des myriades d'anges, j'allais dire des "semis" de têtes angéliques comme perdues et noyées dans l'infini de l'espace, ménagent heureusement la transition, et sauvegardent à la fois les exigences du goût et les droits de la perspective. L'étole, le manipule, le voile et la bourse sont traités de la même manière : partout des anges qui adorent et qui chantent ; partout des inscriptions succinctes et suggestives, empruntées aux cantiques de la céleste Jérusalem et qui s'enroulent aux spirales des banderoles ; partout, en un mot, l'idée de la Rédemption et du sacrifice, comme, par exemple, dans cette représentation de l'Agneau sans tache, au centre de l'hostie qui occupe le milieu du voile du calice. Voilà pour la description sommaire des sujets, et en quelque sorte, pour la genèse même de l'œuvre. Voici maintenant pour son exécution. Dans un travail aussi complexe et où concourent un grand nombre de personnages, ce n'est pas un facile problème à résoudre que de bien ménager les effets de perspective, de donner à chaque scène sa valeur réelle et d'harmoniser l'ensemble de manière à ce que tout s'y détache sans confusion. D'ordinaire, pour atteindre ce résultat, on s'aide principalement du bosselage et l'on arrive, avec des oppositions de creux et de reliefs, à mettre en saillie les parties du dessin qu'on veut accentuer. Dans la Chasuble angélique, comme dans toute œuvre d'art indiscutablement belle, le moyen employé a été plus sobre : c'est avec de simples traits de soie brune, à l'imitation du travail des médaillons et des ciselures à petit relief, que les reliefs ont été obtenus ; l'art ici s'est donc moqué de l'art et, comme chez le vieil Homère, où, avec cette naïveté charmante, les costumes et les armures suffisent à représenter l'histoire des héros et des dieux, l'auteur a réussi, avec le minimum de procédés, à "brocateler" ses tableaux et à leur donner le maximum de vérité et de vie. Si j'ajoute que la contexture de cette chasuble est un brocart d'or fin, j'en aurai vraisemblablement assez dit pour faire comprendre que la richesse du fond répond aux magnificences de la forme et que, dans la Chasuble angélique, tout concourt à faire, selon la très juste remarque d'un critique anglais, une œuvre unique et exquise : This unique and exquisite specimen of rich Gold Brocade ! La soierie lyonnaise, chacun le sait, n'en est plus, en l'espèce, à compter ses triomphes : la supériorité de ses produits, célèbre dans tout l'univers, est partout incontestée, et il y aurait un volume à écrire sur les généreux efforts tentés par nos fabricants et sur les merveilleux résultats qu'ils ont obtenus. Ce n'est donc, en réalité, qu'un nouveau chef-d'œuvre, ajouté à tant d'autres, dont M. J.-A. Henry vient d'enrichir notre manufacture d'étoffes religieuses ; mais encore fallait-il l'en féliciter hautement et l'en remercier. Si j'excepte le don d'un de ces beaux calices signés d'Armand-Caillat — car ici encore la signature dit tout —, je ne vois pas vraiment quel plus royal cadeau que la Chasuble angélique l'on pourrait offrir à un jeune prêtre, pour son ordination, ou encore à un vétéran du sacerdoce, pour ses noces d'or. Peut-être y songera-t-on désormais, dans les familles et dans les paroisses, maintenant qu'on sera édifié sur l'existence de cet admirable travail, et sur sa valeur intrinsèque. Les paroisses auront d'ailleurs d'autant plus de raisons d'y penser que M. J.-A. Henry se préoccupe, en ce moment, de compléter bientôt son ornement par la création d'une chape, de dalmatiques, d'une étole pastorale et d'un huméral qui seront exécutés dans le même goût et avec le même perfection. Tout le monde souhaiterait, comme l'auteur de ce rapide aperçu, qu'il ne nous les fasse point trop attendre. » À l'Exposition universelle, internationale et coloniale  de Lyon, en 1894, Joseph-Alphonse Henry expose l'exemplaire de la chasuble angélique non pas tissé en soie, or et argent, mais brodé. De forme « française », cette chasuble, dont le décor est exécuté par Marie-Anne Leroudier (1838-1908), a été conservée par le fabricant, puis par ses successeurs et leurs descendants, avant de rejoindre récemment, grâce à la générosité de la famille Truchot, la collection du musée des Tissus, avec son étole (inv. MT 2015.5.2) et sa bourse (inv. MT 2015.5.3), également brodées. Elle rencontre un vif succès à l'Exposition de 1894. Quatre ans plus tard, un ornement brodé (comprenant une Chasuble angélique, une étole, un manipule, un voile de calice, une bourse, une chape, un grémial, une pale, une mitre et un agenouilloir) est d'ailleurs commandé à l'occasion de la nomination de monseigneur Joseph Rumeau (1849-1940) au siège épiscopal d'Angers. L'ornement, exécuté dans l'atelier de broderie de Marie-Anne Leroudier, est livré au début de l'année 1899, pour un montant total de plus de trente mille francs or. Propriété de l'Association diocésaine, il est aujourd'hui conservé au Palais épiscopal d'Angers. Avec la chasuble du musée des Tissus, présentée en 1894, c'est le seul exemplaire brodé du modèle angélique. Marie-Anne Haug est née à Belfort en 1838. Ses parents s'établirent à Lyon alors qu'elle était encore enfant. Elle fut envoyée à l'école des Sœurs Saint-Charles des Brotteaux, où elle se fit remarquer pour son intelligence vive et son aptitude aux travaux d'aiguille. Elle compléta son apprentissage chez une brodeuse. En 1862, elle épousait le dessinateur Jean Leroudier, collaborateur régulier de Joseph-Alphonse Henry. Grâce à lui, elle commença à réunir une belle collection d'étoffes anciennes qui servirent son inspiration. Elle se fit inscrire au cours municipal de dessin dirigé par Clotilde Ailliod. Deux ans après son mariage, elle monta un atelier de broderie, spécialisé, entre autres, dans la restauration des pièces anciennes, assurant sa réputation auprès des collectionneurs de Lyon, de Paris et de l'étranger. Mais sa nature la poussait à créer elle-même. L'une de ses premières œuvres fut un portrait de son époux Jean Leroudier, en médaillon. Dès 1867, elle participe à toutes les grandes manifestations internationales. Cette année-là, à l'Exposition universelle de Paris, Marie-Anne Leroudier est gratifiée d'une Mention honorable comme collaborateur de la maison Lamy et Giraud. À l'Exposition universelle de Lyon, en 1872, elle obtient une Médaille de bronze comme collaborateur de la maison Henry J.-A., et deux autres Médailles de bronze à Paris, en 1878, la première comme exposante et la seconde comme collaborateur de la maison Chatel et Tassinari. À l'Exposition des Arts décoratifs de Lyon, en 1884, elle obtient une Médaille d'or. L'année suivante, c'est une autre Médaille d'or, qui fut la plus haute récompense accordée à la broderie, qui lui est décernée à l'Exposition universelle d'Anvers. En 1887, à la neuvième Exposition de l'Union centrale des Arts décoratifs, à Paris, elle obtient une Médaille d'excellence, seule médaille accordée pour le groupe « Broderies, dentelles et passementeries ». Elle triomphe à nouveau à l'Exposition universelle de Paris en 1889 avec la série des panneaux inspirés par Les douze mois grotesques de Claude III Audran, pour lesquels elle obtient une Médaille d'or dans la section des Arts libéraux. La série complète est aujourd'hui conservée au musée des Tissus (inv. MT 31206.1 à MT 31206.12). L'auteur du compte rendu de l'Exposition universelle de 1889 publié par Adrien Storck et Henri Martin décrit ainsi l'artiste : « Toute menue, figure expressive éclairée par des yeux vifs qui pétillent lorsqu'on parle avec elle de son art, sourcils noirs et cheveux légers que semble recouvrir la poudre du XIXe siècle, voilà notre brodeuse au physique. Une femme vaillante, la voilà au moral. » En 1892, elle faisait partie du comité d'organisation de l'Exposition des Arts de la femme qui se tint au Palais de l'Industrie. Elle fut aussi membre des comités d'admission à l'Exposition universelle de 1900. En 1888, la municipalité lyonnaise décidait de créer un cours municipal de broderie. La direction en fut confiée à Marie-Anne Leroudier, à laquelle fut adjointe sa fille aînée, Jeanne-Marie-Catherine, épouse Guillermet. Parmi les productions les plus remarquables de Marie-Anne Leroudier, on compte, en ameublement, les tentures de l'Opéra de Paris et différents ameublements très riches pour les maisons de Paris — Fourdinois ou Krieger, par exemple — ou de Marseille — Blanqui — ; en vêtement, des costumes artistiques et archéologiques pour la maison Worth, et des robes et manteaux de cour pour la reine de Grèce et l'impératrice de Russie ; en ornements d'église, la chasuble offerte par les Lyonnais au pape Pie IX, en 1869, la bannière des députés pour Paray-le-Monial, un ornement complet pour Notre-Dame-de-la-Délivrande à Douvres-la-Délivrande, une bannière pour l'archevêché de Lyon, la chasuble offerte par les catholiques de Lyon pour le jubilé du pape Léon XIII, un devant d'autel pour la métropole de Iași (ou Jassy) en Roumanie ; plusieurs tableaux brodés reproduisant des peintures célèbres, dont un Christ en croix d'après Van Dyck acheté par la Chambre de Commerce pour son musée (inv. MT 23954) ; et bien sûr, la version brodée, exceptionnelle, de l'ornement angélique. Quand se tient l'Exposition de 1894, Joseph-Alphonse Henry n'a pas encore réalisé les éléments qui devaient compléter la chasuble angélique et ses accessoires, à savoir les dalmatiques et la chape annoncées dès 1891. Outre l'exemplaire brodé de la chasuble angélique, la vitrine de la maison Henry présente alors : une chasuble en velours cramoisi, brodé au point de Venise, sur la croix de laquelle se détache la croix du milieu contenant un médaillon avec la Communion de saint Jean, aussi brodée par Marie-Anne Leroudier sur un dessin de son époux, Jean Leroudier ; une mitre de style gothique, sur fond cul de dé d'or fin, avec personnages brodés au petit point (les Sept dons du Saint-Esprit figurés par sept séraphins, les mêmes séraphins ornant également le bord inférieur de la mitre ; c'est le modèle exécuté pour l'ornement brodé de monseigneur Rumeau à Angers, conservé au Palais épiscopal de cette ville) ; une chape, à fond brocart d'or fin, à médaillons représentant le concert des anges (le musée des Tissus en conserve un exemplaire, inv. MT 38673), aux orfrois et au chaperon en couchure relevée, identiques à ceux de grand pontifical de Lourdes (le chaperon orné de la scène de la Nativité) ; un panneau brodé au point tremblé formant le fond de la vitrine représentant la Vierge à l'Enfant entre sainte Marie-Madeleine, sainte Agnès, sainte Marguerite, sainte Brigitte, sainte Catherine de Sienne, sainte Marie-Madeleine de'Pazzi, sainte Thérèse d'Avila et sainte Élisabeth de Hongrie ; le drapeau offert par le comité de la presse de Lyon et de la région à l'empereur de Russie, à l'occasion du passage des marins russes à Lyon, avant son envoi au tsar ; un panneau fond velours cramoisi, brodé au point bouclé, reproduisant une étoffe trouvée à Aix-la-Chapelle ; un brocart à anges, fond azur, semé d'étoiles d'argent, avec des médaillons gothiques où se détachent des groupes de trois anges chantant et s'accompagnant sur des instruments divers, en soie nuancée ; une étoffe pour meuble, fond crème, traversé par une dentelle d'or, sur lequelle se détache des bouquets d'orchidées ; une étoffe avec décor d'orchidées ; et des étoffes pour meubles et pour robes à décor Louis XV et Louis XVI. En 1897, Joseph-Alphonse Henry complète la chasuble angélique par les dalmatiques annoncées, avec leurs accessoires. Elles sont tissées sur le modèle fourni par Gaspard Poncet dès 1888-1889. Le musée des Tissus conserve également les dessins préparatoires pour le devant de la dalmatique avec la Nativité (inv. MT 49285.1) et pour le dos avec la scène montrant Jésus parmi les docteurs (inv. MT 49285.2), ainsi que pour le devant de la tunique avec la scène de la Remise des clefs à saint Pierre (inv. MT 49286.2 et MT 49286.3) et du dos avec l'Entrée à Jérusalem (inv. MT 49286.1). La date de leur exécution, qui était restée incertaine, est aujourd'hui connue avec certitude grâce au chef de pièce signé et daté conservé sur les laizes des deux dalmatiques non montées récemment entrées dans les collections du musée des Tissus (inv. MT 2015.5.4 et MT 2015.5.5) avec le don de la famille Truchot. Il n'existe aucune version brodée de ces dalmatiques, puisque le pontifical de monseigneur Rumeau, à Angers, ne les avait pas intégrées. Dès 1898, le modèle de la chape est déjà élaboré, toujours sur des dessins de Gaspard Poncet, même si aucun croquis préparatoire n'a été conservé. En effet, un exemplaire brodé de la chape fait partie de l'ornement commandé pour monseigneur Joseph Rumeau, livré en 1899. À l'Exposition universelle de 1900, Joseph-Alphonse Henry est gratifié d'un Grand prix pour la qualité des étoffes qu'il présente. L'inscription tissée sous le chaperon des exemplaires conservés de la chape angélique, « GRAND PRIX/ E . U . PARIS 1900 », indique qu'elle a été présentée à cette occasion et admirée par le jury. James Condamin, qui avait consacré déjà un article à la chasuble angélique en 1891, publie un autre texte sur la chape angélique, cette fois, dans la Semaine religieuse du diocèse de Lyon de 1906 (p. 472-475). Cet article a été rédigé à l'occasion du sacre de monseigneur Louis-Jean Déchelette (1848-1920), évêque auxiliaire de Lyon, pour lequel les anciens élèves du collège Sainte-Marie de Saint-Chamond lui ont offert un exemplaire de la Chape angélique. Monseigneur Déchelette l'a ensuite laissé à la sacristie de la primatiale, où il est toujours conservé, avec la Chasuble angélique de monseigneur Foulon. L'ornement angélique complet comprend alors, en 1900, une chasuble, de forme « française » ou « espagnole », ses accessoires, étole, manipule, voile de calice et bourse, deux dalmatiques (en réalité, une dalmatique et une tunique), avec leurs accessoires, et une chape avec son chaperon et ses orfrois. En 1906, l'ornement angélique a été encore enrichi d'un antependium, orné de la Mission des Apôtres. Le musée des Tissus en conserve deux exemplaires (inv. MT 28297, acquis de Joseph-Alphonse Henry lui-même, et inv. MT 2015.5.6, donné par la famille Truchot). C'est le seul élément de l'ensemble angélique qui n'a pas été réalisé sur un dessin de Gaspard Poncet. Joseph-Alphonse Henry reproduit ici une gravure de l'artiste Johann Evangelist Klein (1823-1883) publié dans l'édition du Missale Romanum de Friedrich Pustet (1798-1882) de Ratisbonne, datant de 1884. L'exemplaire brodé de la chasuble angélique, particulièrement précieux, est sans aucun doute le témoignage le plus éclatant de la collaboration de Joseph-Alphonse Henry avec les meilleurs artistes, Gaspard Poncet pour le dessin et MArie-Anne Leroudier pour la broderie. Maximilien Durand (fr)
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  • Chasuble « française » brodée appartenant à l'ornement angélique (fr)
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