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  • Portrait de Jacquard (fr)
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  • Le Portrait tissé de Jacquard est assurément l'une des œuvres de la Fabrique lyonnaise les plus célèbres, et l'un des plus grands succès de l'Exposition des produits de l'industrie française de 1839 où il fut présenté par la maison Didier-Petit et Cie. Le jury fut particulièrement sensible à l'idée consistant à exécuter le portrait du grand homme sur le métier dont il était l'inventeur. Par ce chef-d'œuvre d'exposition, la maison Didier-Petit et Cie commémorait par ailleurs le cinquième anniversaire de la mort de Joseph-Marie Jacquard (1752-1834) et de la présentation au public, lors du Salon parisien, de son portrait peint d'après nature par Jean-Claude Bonnefond (1796-1860), directeur de l'École des Beaux-Arts de Lyon, qui servit de modèle au tableau tissé en trompe-l'œil de gravure. Le musée des Tissus conserve deux tissages originaux de ce Portrait de Jacquard (inv. MT 2264 et MT 42157). Un troisième exemplaire, presque identique en tous points aux deux précédents, présente cependant une différence majeure. En plus des inscriptions qui accompagnent l'image sur les originaux apparaît ici, en partie inférieure, au centre, la mention : « Tissé par M. M. Carquillat. » Michel-Marie Carquillat (1803-1884), fils de cultivateurs au Petit-Bornand devenu orphelin, arriva à Lyon vers l'âge de douze ans « avec trente centimes en poche. » D'abord apprenti tisseur, puis compagnon, il devint maître-tisseur et dirigeait un atelier de quelques métiers. Il y réalisait le travail que lui confiaient les fabricants comme Didier-Petit et Cie, Verzier-Bonnat ou Mathevon et Bouvard frères. C'est à lui que revint le soin de tisser le Portrait de Jacquard pour le compte de la maison Didier-Petit et Cie, en 1839. La mise en carte avait été réalisée par J.-L. (Jean-Louis ?) Moulin d'après le tableau original du Palais Saint-Pierre, sous le contrôle de Jean-Claude Bonnefond lui-même et avec les conseils de Joseph-Victor Vibert (1799-1860), professeur de gravure à l'École des Beaux-Arts de Lyon. Une relation rédigée en 1895 par J.-L. Moulin, à l'attention d'Antonin Terme, conservateur du musée des Tissus, révèle que c'est lui qui eut l'idée de tisser le portrait de Jacquard sur la mécanique qu'il avait inventée. Quand il demanda à François Didier-Petit (François-Didier Petit de Meurville, 1793-1873) l'autorisation de faire figurer son nom et celui du tisseur Carquillat sur le chef-d'œuvre, cela lui fut refusé. Seuls apparaissent, en effet, sur les originaux, les noms du peintre (« D'après le tableau de C. Bonnefond ») et du fabricant (« Exécuté par Didier Petit et Cie »). Après le succès du Portrait de Jacquard à l'Exposition des produits de l'industrie française, Moulin quitta la maison Didier-Petit et Cie. Carquillat, lui, décida d'assurer autrement son autopromotion, et de faire savoir qu'il était l'auteur du fameux tableau tissé présenté par François-Didier Petit. François-Didier Petit de Meurville est né le 10 décembre 1793 à Fonds-des-Nègres, à Saint-Domingue, où son père, François-Ignace-Nicolas Petit, baron de Meurville, avait été envoyé comme consul de France. Ce dernier fut assassiné en 1795, pendant la révolte des esclaves d'Haïti. Sa veuve, dame Benoîte-Victoire-Marine Lemau de la Barre (1766-1839), ruinée, avait fui la révolution de Toussaint Louverture en Haïti, en 1794, avec ses deux fils en bas âge et sa sœur, dame Charlotte-Françoise Lemau de la Barre, veuve Hue Duquesnay (1772-1828), en se réfugiant à Baltimore. Elle se lia dans cette ville avec la Société des prêtres de Saint-Sulpice, et notamment Louis-Guillaume-Valentin Dubourg (1766-1833), futur administrateur apostolique puis évêque de Louisiane, avant d'être nommé évêque de Montauban puis archevêque de Besançon. Avec l'aide des Sulpiciens, la veuve Petit, originaire de Villefranche-sur-Saône, put regagner la France avec sa famille, alors que François-Didier avait dix ans. Il fréquenta le collège des Jésuites de Roanne. En août 1823, c'est comme dessinateur de fabrique qu'il est nommé membre du jury chargé d'examiner les productions des élèves admis au concours de l'École royale de dessin et des beaux-arts, aux côtés des peintres Michel-Philibert Genod (1796-1862) et Anthelme Trimolet (1798-1866), des architectes Pierre Denave (1759-1842) et Claude Catelin (1784-1844) et du marchand-fabricant Nicolas Yéméniz (1783-1871). Il crée sa propre maison sous la raison commerciale Didier-Petit et Cie, sise 29, quai de Retz, spécialisée dans les ornements d'église. Par sa mère, en effet, et par conviction personnelle, il est très impliqué dans le renouveau catholique de la France et dans le soutien aux missions américaines. Avec l'aide de Monseigneur Dubourg, alors évêque de Louisiane, il forme une association pour récolter des aumônes pour les prêtres d'Amérique du Nord. Avec d'autres catholiques fervents, et notamment le banquier Benoît Coste (1781-1845), il fonde finalement en 1822 l'Œuvre de la propagation de la foi, pour soutenir l'ensemble des missions, incitant la vénérable Pauline-Marie Jaricot à fusionner son œuvre, fondée pour les missions asiatiques du Séminaire des Missions étrangères de la rue du Bac, à Paris, avec la nouvelle société. Son implication dans le mouvement le met en relation avec un grand nombre de personnalités catholiques de la Restauration, comme le bienheureux Frédéric Ozanam ou le père Henri-Dominique Lacordaire. Pour son action engagée en faveur des missions, il est décoré par le pape, au cours d'une audience, du titre de chevalier de l'Ordre de l'Éperon d'Or. C'est probablement aussi les relations de François-Didier Petit dans le milieu catholique et royaliste qui expliquent la grande commande que reçoit sa très jeune maison, en 1825, puisqu'elle est chargée, avec Devilleneuve et Mathieu ou Mathevon et Bouvard, de tisser les ornements de la cathédrale de Reims pour le sacre de Charles X, tandis que les broderies sont exécutées chez Mademoiselle Quinet, 40, rue du Four, à Paris. Le Journal de l'Ain, au 28 avril 1825, fait cette relation de l'exposition organisée par la maison de ces ornements (p. 3) : « Avant-hier (25 avril), MM. Didier-Petit, fabricans (sic) d'étoffes de soie, ont exposé dans leurs magasins, rue St.-Polycarpe, les étoffes destinées au sacre de S. M. Charles X, et à l'ameublement de divers ministres. Rien de plus riche et d'un dessin plus élégant à la fois et plus correct n'est sorti des manufactures de Lyon. La chasuble, dont sera revêtu l'officiant, est un fond sablédor (sic) avec des dessins relevés imitant la broderie ; sur le devant est un magnifique diamant fin, de la grosseur d'une aveline. Au centre de la croix qui est derrière se trouve, au milieu d'une auréole éclatante, le monogramme I. H. S. en beaux diamans (sic). L'étole, le manipule, la pale, le voile du calice sont également en dorure, et chaque croix est garnie d'un gros diamant. Sur une draperie de velours pourpre le plus riche, et au milieu d'une auréole d'or, est brodé d'une manière exquise un St.-Esprit en paillettes et cannetilles d'argent. L'œil est en rubis. Les étoffes pour ameublement sont du tissu le plus égal, et des dessins d'une netteté, d'une élégance et d'un fini achevé. On ne peut rien produire d'un meilleur goût. On admirait aussi un rideau en satin blanc à dessins transparens (sic), sortant des magasins de M. Revillot. Ces dessins en sont charmans (sic), et cette étoffe d'un genre absolument nouveau fait le plus grand honneur à notre Fabrique. Cette exposition, et celle des étoffes destinées aussi pour le sacre, fabriquées par MM. Mathevon et Bouvard, prouvent la supériorité de nos manufactures pour la qualité des étoffes, la pureté du dessin, le goût et la richesse sur celles des étrangers, qui sont encore bien loin de nous sur ce point. » Le 30 avril, le Journal de l'Ain revient sur cette exposition (p. 3-4) : « La maison Didier-Petit a fait lundi dernier, dans ses magasins, une exposition générale de toutes les étoffes qu'elle a fabriquées pour le sacre. Nous avons déjà donné une description de ces magnifiques étoffes, dont l'industrie lyonnaise peut à juste titre se glorifier : nous ne parlerons que de la chasuble destinée à l'archevêque de Reims, qui doit sacrer le Roi. Le goût exquis du dessin, la richesse de la matière, la perfection du travail font de cette chasuble un ornement d'église unique dans son genre. Le dessin, imitant la broderie relevée en bosse sur un fond sable-d'or, est composée d'une tête de Chérubin, au-dessus de laquelle sont des pampres de vignes. Dans le milieu est une gloire formée d'épis de blés, au centre de laquelle le monogramme I. H. S. est tracé en diamans (sic). Cette superbe chasuble a été faite entièrement sur le métier avec toutes ses dépendances ; on n'y remarque ni broderie, ni couture, comme cela se pratiquait auparavant. Ce magnifique ouvrage sort de l'atelier du sieur Ratton, et a été exécuté par lui-même. Ce travail lui fait le plus grand honneur, en ce qu'il a très habilement surmonté plusieurs difficultés : la principale était que les découpures de la face de la tête du Chérubin, et les boucles de cheveux, ne fussent que figurées sur la surface. L'étole, la pale, le voile du calice, également en dorure, sont fabriqués avec la même perfection, un beau diamant brille au milieu de chaque croix. Les personnes les plus distinguées de la ville ont honoré cette exposition de leur présence. Le prince Metternich, accompagné du prince d'Aremberg et du marquis de Caraman, a visité les magasins de la maison Didier-Petit ; il a témoigné au chef de cette maison toute sa satisfaction dans les termes les plus flatteurs. » En juillet 1826, lorsque le duc, la duchesse d'Orléans et Mademoiselle, en compagnie du duc de Chartres et de ses jeunes sœurs, séjournent à Lyon, ils sont conduits dans les ateliers de la maison Didier-Petit et Cie ainsi que dans son magasin où leur furent montrées des étoffes comparables à celles qui furent livrées pour le sacre de Charles X.  À l'Exposition des produits de l'industrie française de 1827, la maison reçoit une médaille d'argent dans sa spécialité, les étoffes pour meubles et ornements d'église. À cette même Exposition, Étienne Maisiat (1794-1848) présente deux tableaux tissés qui sont unanimement admirés : le Testament de Louis XVI (inv. MT 7915) et la Lettre de Marie-Antoinette à Madame Élisabeth. Véritable tour de force technique, qui emploie de fines découpures et des liages presque invisibles et nécessite une extrême régularité de battage, ces tableaux imitent à la perfection la gravure en taille-douce. Étienne Maisiat obtient une médaille d'or pour ces tissages. C'est selon son procédé que la maison Didier-Petit et Cie fera tisser le Portrait de Jacquard par Michel-Marie Carquillat. La médaille d'argent de la maison Didier-Petit et Cie est confirmée en 1834, alors que François-Didier Petit développe parallèlement à la branche ornements d'église la production de tissus pour l'exportation. Finalement, la maison obtient en 1839 un nouveau rappel de médaille d'argent pour les mêmes raisons, mais le rapport précise : « Ces fabricants ont aussi exposé un portrait de M. Jacquard d'une grande perfection de tissu. C'est une idée fort heureuse qu'ils ont eue de reproduire son image avec l'ingénieux métier dont il est l'inventeur. Ce portrait, d'une exécution parfaite, fait grand honneur à ces habiles manufacturiers. » Le succès de ce tableau tissé n'a cependant pas suffi à rétablir la prospérité des affaires de François-Didier Petit. Dès 1837, il doit consentir une obligation à son ami Benoît Coste, agent de change, de cent quatre vingt mille francs dont il prend l'inscription sur sa demeure de La Sablière, sise dans le clos Bissardon, à Caluire-et-Cuire. Cette obligation arrivant à son terme en 1843 mais les affaires de son entreprise étant fragiles, François-Didier Petit doit à cette date vendre son patrimoine, et notamment son exceptionnelle collection d'objets d'art (émaux, faïences, verres de Venise, vitraux, peintures, manuscrits, ivoires, mobilier, médailles, antiquités...) dispersée à Paris. Grand amateur d'art, il avait par trois fois présidé l'assemblée générale de la Société des Amis des Arts de Lyon, en 1837, 1838 et 1839, dont il était le vice-président. Il est finalement exproprié de sa demeure de La Sablière en 1847 et habite quelque temps chez sa mère, rue Saint-Joseph. Dès 1840, François-Didier Petit soutient Charles de Bourbon, prétendant au trône d'Espagne contre la très jeune reine Isabelle II et il accueille chez lui les carlistes. Il est aussi un fervent légitimiste, soutenant Henri d'Artois, comte de Chambord. Charles V et le comte de Chambord parrainent l'un et l'autre un enfant de François-Didier Petit. En 1848, le ministre des Affaires étrangères, Alphonse de Lamartine, le nomme vice-consul de France à Alicante. À partir du mois de juin 1857, il est consul de France à San Sebastián. Il exerce ses fonctions jusqu'à sa retraite, en 1872, menant parallèlement une carrière d'artiste et réalisant des peintures de paysages. Il se passionne aussi pour la flore de la province de Guipuscoa et publie trois albums de botanique. Il est décoré de l'Ordre de Charles III d'Espagne et de celui de la Légion d'honneur. Il meurt le 27 avril 1873 à Biarritz, dernier survivant parmi les fondateurs de l'Œuvre de la propagation de la foi. Grâce à la relation rédigée par Moulin et conservée dans les archives du musée des Tissus, on sait que Michel-Marie Carquillat avait conservé la mise en carte du Portrait de Jacquard. Le tisseur la prêta quelques années après l'exécution du fameux tableau tissé au metteur en carte qui souhaitait en réaliser une copie. La mise en carte elle-même a disparu, mais la copie faite par Moulin lui-même a été donnée par son auteur au musée des Tissus (inv. MT 25800). Le dessinateur n'eut le temps que de reproduire la partie supérieure de l'image, car Carquillat souhaitait recouvrer rapidement la mise en carte. C'est qu'il avait le projet, certainement, de retisser le chef-d'œuvre, et de corriger l'anonymat auquel François-Didier Petit l'avait condamné ! La maison Didier-Petit et Cie ayant fait faillite en 1843, plus rien ne s'opposait à ce que Michel-Marie Carquillat réparât, pour son propre compte, le fâcheux oubli. Il fit donc retisser le Portrait de Jacquard, à l'identique de l'original et d'après la même mise en carte. Mais en partie inférieure de la laize, sous l'image et bien visible, il fit ajouter l'inscription : « Tissé par M. M. Carquillat. » Pour être bien sûr qu'on n'omettrait plus de lui attribuer le chef-d'œuvre, Carquillat conçut aussi le projet d'un singulier tableau qu'il espérait présenter à l'Exposition des produits de l'industrie française de 1844. Il en avait commandé pour cinq cents francs le dessin à Jean-Claude Bonnefond. Le sujet était la visite que le duc d'Aumale avait faite à son atelier, le 24 août 1841. André Manin (vers 1817-1885), ancien élève de l'École des Beaux-Arts, établi dessinateur à Lyon, fut chargé de la mise en carte. Carquillat réalise-là une opération d'autopromotion sans précédent. En sollicitant Bonnefond, il choisit un peintre reconnu, qui a déjà garanti le succès du tableau tissé pour la maison Didier-Petit et Cie, réputé, de surcroît, pour être un « orléaniste bon teint. » Le musée des Tissus conserve à la fois les dessins préparatoires à la composition d'ensemble et aux différents personnages de la scène (inv. MT 26506.1 à MT 26506.8 et MAD 3090), la mise en carte originale (inv. MT 37281) et le tableau tissé (inv. MT 24735). Au centre de la composition se tient le duc d'Aumale. Mathevon, à droite, son chapeau haut-de-forme à la main, introduit Carquillat qui déploie le Portrait de Jacquard. Le groupe à gauche est composé du lieutenant-général baron Aymard, du préfet Jayr, du président Riboud et du maire Cabias. Dans le fond un ouvrier travaille au métier. À l'extrême droite, Geneviève Pernollet-Carquillat a fait chercher sa fille qui jouait au cerceau. Un jeune rondier, entré incidamment dans l'atelier, s'arrête et soulève son chapeau avec respect. Tous les détails de l'atelier ont été représentés, la suspente où dort le jeune ouvrier, la mécanique à dévider et l'horloge, qui marque trois heures moins le quart, le métier et sa mécanique Jacquard, la lanterne, le chelut et, à terre, des roquets, des cartons Jacquard et des poulies témoignant que la visite a eu lieu à l'improviste. Des inscriptions sous l'image en identifient l'auteur — « Peint par C. Bonnefond », à gauche —, le tisseur — « Tissé par Carquillat », au centre — et le metteur en carte — « Dessiné et mis en carte par A. Manin », à droite —, informations qui faisaient défaut sur le Portrait de Jacquard, où seuls étaient cités Bonnefond et la maison Didier-Petit et Cie. Toujours dans la partie inférieure, la ville de Lyon est symbolisée par son emblème, le lion, au-dessus duquel se déploie le titre de la scène : « Visite de Mgr le Duc d'Aumale a la Croix-Rousse, dans l'atelier de M. Carquillat,/ le 24 août 1841 ». À gauche, on lit : « Le général baron AYMARD, commandant de la 7e Don militaire./ M. JAYR Conseiller-d'Etat, Prefet du Rhône./ M. CABIAS, Maire de la Croix-Rousse. », et, à droite, « M. RIBOUD, président du Conseil des Prud'hommes./ M. MATHEVON, membre de la Chambre/ de Commerce de Lyon. » ; en bas, cette instructive dédicace : « Dédié au Roi/ Par Mel Carquillat, en 1844. » Le nom de Carquillat n'apparaît pas moins de trois fois sur ce tableau tissé ! Et pour rappeler qu'il a exécuté le Portrait de Jacquard, Carquillat fait de son premier portrait tissé le sujet principal du tableau, déployé au centre de la composition comme une nouvelle Véronique. L'employé dans le fond suspendant son battant pour se tourner vers l'illustre groupe, travaille sur le métier même qui a réalisé le chef-d'œuvre. L'horloge, à l'arrière-plan, marque la minute solennelle qui a vu s'accomplir un événement aussi notable. La commande passée à Bonnefond relève de la peinture d'histoire. Carquillat n'hésite pas à intervenir lui-même dans le portrait collectif. La Visite du duc d'Aumale est le seul autoportrait jamais produit par la Fabrique lyonnaise. Le maître-ouvrier dédie son tableau au roi, comme le font les auteurs ou les graveurs. C'est un autre fait inédit dans l'histoire du portrait tissé. De Moulin, en revanche, il n'est jamais fait mention. Seul le don qu'il a concédé au musée des Tissus de la copie de sa mise en carte permet aujourd'hui de témoigner qu'il a été, plus que tous les autres, l'artisan du succès du Portrait de Jacquard de la maison Didier-Petit et Cie.  Maximilien Durand (fr)
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  • Le Portrait tissé de Jacquard est assurément l'une des œuvres de la Fabrique lyonnaise les plus célèbres, et l'un des plus grands succès de l'Exposition des produits de l'industrie française de 1839 où il fut présenté par la maison Didier-Petit et Cie. Le jury fut particulièrement sensible à l'idée consistant à exécuter le portrait du grand homme sur le métier dont il était l'inventeur. Par ce chef-d'œuvre d'exposition, la maison Didier-Petit et Cie commémorait par ailleurs le cinquième anniversaire de la mort de Joseph-Marie Jacquard (1752-1834) et de la présentation au public, lors du Salon parisien, de son portrait peint d'après nature par Jean-Claude Bonnefond (1796-1860), directeur de l'École des Beaux-Arts de Lyon, qui servit de modèle au tableau tissé en trompe-l'œil de gravure. Le musée des Tissus conserve deux tissages originaux de ce Portrait de Jacquard (inv. MT 2264 et MT 42157). Un troisième exemplaire, presque identique en tous points aux deux précédents, présente cependant une différence majeure. En plus des inscriptions qui accompagnent l'image sur les originaux apparaît ici, en partie inférieure, au centre, la mention : « Tissé par M. M. Carquillat. » Michel-Marie Carquillat (1803-1884), fils de cultivateurs au Petit-Bornand devenu orphelin, arriva à Lyon vers l'âge de douze ans « avec trente centimes en poche. » D'abord apprenti tisseur, puis compagnon, il devint maître-tisseur et dirigeait un atelier de quelques métiers. Il y réalisait le travail que lui confiaient les fabricants comme Didier-Petit et Cie, Verzier-Bonnat ou Mathevon et Bouvard frères. C'est à lui que revint le soin de tisser le Portrait de Jacquard pour le compte de la maison Didier-Petit et Cie, en 1839. La mise en carte avait été réalisée par J.-L. (Jean-Louis ?) Moulin d'après le tableau original du Palais Saint-Pierre, sous le contrôle de Jean-Claude Bonnefond lui-même et avec les conseils de Joseph-Victor Vibert (1799-1860), professeur de gravure à l'École des Beaux-Arts de Lyon. Une relation rédigée en 1895 par J.-L. Moulin, à l'attention d'Antonin Terme, conservateur du musée des Tissus, révèle que c'est lui qui eut l'idée de tisser le portrait de Jacquard sur la mécanique qu'il avait inventée. Quand il demanda à François Didier-Petit (François-Didier Petit de Meurville, 1793-1873) l'autorisation de faire figurer son nom et celui du tisseur Carquillat sur le chef-d'œuvre, cela lui fut refusé. Seuls apparaissent, en effet, sur les originaux, les noms du peintre (« D'après le tableau de C. Bonnefond ») et du fabricant (« Exécuté par Didier Petit et Cie »). Après le succès du Portrait de Jacquard à l'Exposition des produits de l'industrie française, Moulin quitta la maison Didier-Petit et Cie. Carquillat, lui, décida d'assurer autrement son autopromotion, et de faire savoir qu'il était l'auteur du fameux tableau tissé présenté par François-Didier Petit. François-Didier Petit de Meurville est né le 10 décembre 1793 à Fonds-des-Nègres, à Saint-Domingue, où son père, François-Ignace-Nicolas Petit, baron de Meurville, avait été envoyé comme consul de France. Ce dernier fut assassiné en 1795, pendant la révolte des esclaves d'Haïti. Sa veuve, dame Benoîte-Victoire-Marine Lemau de la Barre (1766-1839), ruinée, avait fui la révolution de Toussaint Louverture en Haïti, en 1794, avec ses deux fils en bas âge et sa sœur, dame Charlotte-Françoise Lemau de la Barre, veuve Hue Duquesnay (1772-1828), en se réfugiant à Baltimore. Elle se lia dans cette ville avec la Société des prêtres de Saint-Sulpice, et notamment Louis-Guillaume-Valentin Dubourg (1766-1833), futur administrateur apostolique puis évêque de Louisiane, avant d'être nommé évêque de Montauban puis archevêque de Besançon. Avec l'aide des Sulpiciens, la veuve Petit, originaire de Villefranche-sur-Saône, put regagner la France avec sa famille, alors que François-Didier avait dix ans. Il fréquenta le collège des Jésuites de Roanne. En août 1823, c'est comme dessinateur de fabrique qu'il est nommé membre du jury chargé d'examiner les productions des élèves admis au concours de l'École royale de dessin et des beaux-arts, aux côtés des peintres Michel-Philibert Genod (1796-1862) et Anthelme Trimolet (1798-1866), des architectes Pierre Denave (1759-1842) et Claude Catelin (1784-1844) et du marchand-fabricant Nicolas Yéméniz (1783-1871). Il crée sa propre maison sous la raison commerciale Didier-Petit et Cie, sise 29, quai de Retz, spécialisée dans les ornements d'église. Par sa mère, en effet, et par conviction personnelle, il est très impliqué dans le renouveau catholique de la France et dans le soutien aux missions américaines. Avec l'aide de Monseigneur Dubourg, alors évêque de Louisiane, il forme une association pour récolter des aumônes pour les prêtres d'Amérique du Nord. Avec d'autres catholiques fervents, et notamment le banquier Benoît Coste (1781-1845), il fonde finalement en 1822 l'Œuvre de la propagation de la foi, pour soutenir l'ensemble des missions, incitant la vénérable Pauline-Marie Jaricot à fusionner son œuvre, fondée pour les missions asiatiques du Séminaire des Missions étrangères de la rue du Bac, à Paris, avec la nouvelle société. Son implication dans le mouvement le met en relation avec un grand nombre de personnalités catholiques de la Restauration, comme le bienheureux Frédéric Ozanam ou le père Henri-Dominique Lacordaire. Pour son action engagée en faveur des missions, il est décoré par le pape, au cours d'une audience, du titre de chevalier de l'Ordre de l'Éperon d'Or. C'est probablement aussi les relations de François-Didier Petit dans le milieu catholique et royaliste qui expliquent la grande commande que reçoit sa très jeune maison, en 1825, puisqu'elle est chargée, avec Devilleneuve et Mathieu ou Mathevon et Bouvard, de tisser les ornements de la cathédrale de Reims pour le sacre de Charles X, tandis que les broderies sont exécutées chez Mademoiselle Quinet, 40, rue du Four, à Paris. Le Journal de l'Ain, au 28 avril 1825, fait cette relation de l'exposition organisée par la maison de ces ornements (p. 3) : « Avant-hier (25 avril), MM. Didier-Petit, fabricans (sic) d'étoffes de soie, ont exposé dans leurs magasins, rue St.-Polycarpe, les étoffes destinées au sacre de S. M. Charles X, et à l'ameublement de divers ministres. Rien de plus riche et d'un dessin plus élégant à la fois et plus correct n'est sorti des manufactures de Lyon. La chasuble, dont sera revêtu l'officiant, est un fond sablédor (sic) avec des dessins relevés imitant la broderie ; sur le devant est un magnifique diamant fin, de la grosseur d'une aveline. Au centre de la croix qui est derrière se trouve, au milieu d'une auréole éclatante, le monogramme I. H. S. en beaux diamans (sic). L'étole, le manipule, la pale, le voile du calice sont également en dorure, et chaque croix est garnie d'un gros diamant. Sur une draperie de velours pourpre le plus riche, et au milieu d'une auréole d'or, est brodé d'une manière exquise un St.-Esprit en paillettes et cannetilles d'argent. L'œil est en rubis. Les étoffes pour ameublement sont du tissu le plus égal, et des dessins d'une netteté, d'une élégance et d'un fini achevé. On ne peut rien produire d'un meilleur goût. On admirait aussi un rideau en satin blanc à dessins transparens (sic), sortant des magasins de M. Revillot. Ces dessins en sont charmans (sic), et cette étoffe d'un genre absolument nouveau fait le plus grand honneur à notre Fabrique. Cette exposition, et celle des étoffes destinées aussi pour le sacre, fabriquées par MM. Mathevon et Bouvard, prouvent la supériorité de nos manufactures pour la qualité des étoffes, la pureté du dessin, le goût et la richesse sur celles des étrangers, qui sont encore bien loin de nous sur ce point. » Le 30 avril, le Journal de l'Ain revient sur cette exposition (p. 3-4) : « La maison Didier-Petit a fait lundi dernier, dans ses magasins, une exposition générale de toutes les étoffes qu'elle a fabriquées pour le sacre. Nous avons déjà donné une description de ces magnifiques étoffes, dont l'industrie lyonnaise peut à juste titre se glorifier : nous ne parlerons que de la chasuble destinée à l'archevêque de Reims, qui doit sacrer le Roi. Le goût exquis du dessin, la richesse de la matière, la perfection du travail font de cette chasuble un ornement d'église unique dans son genre. Le dessin, imitant la broderie relevée en bosse sur un fond sable-d'or, est composée d'une tête de Chérubin, au-dessus de laquelle sont des pampres de vignes. Dans le milieu est une gloire formée d'épis de blés, au centre de laquelle le monogramme I. H. S. est tracé en diamans (sic). Cette superbe chasuble a été faite entièrement sur le métier avec toutes ses dépendances ; on n'y remarque ni broderie, ni couture, comme cela se pratiquait auparavant. Ce magnifique ouvrage sort de l'atelier du sieur Ratton, et a été exécuté par lui-même. Ce travail lui fait le plus grand honneur, en ce qu'il a très habilement surmonté plusieurs difficultés : la principale était que les découpures de la face de la tête du Chérubin, et les boucles de cheveux, ne fussent que figurées sur la surface. L'étole, la pale, le voile du calice, également en dorure, sont fabriqués avec la même perfection, un beau diamant brille au milieu de chaque croix. Les personnes les plus distinguées de la ville ont honoré cette exposition de leur présence. Le prince Metternich, accompagné du prince d'Aremberg et du marquis de Caraman, a visité les magasins de la maison Didier-Petit ; il a témoigné au chef de cette maison toute sa satisfaction dans les termes les plus flatteurs. » En juillet 1826, lorsque le duc, la duchesse d'Orléans et Mademoiselle, en compagnie du duc de Chartres et de ses jeunes sœurs, séjournent à Lyon, ils sont conduits dans les ateliers de la maison Didier-Petit et Cie ainsi que dans son magasin où leur furent montrées des étoffes comparables à celles qui furent livrées pour le sacre de Charles X.  À l'Exposition des produits de l'industrie française de 1827, la maison reçoit une médaille d'argent dans sa spécialité, les étoffes pour meubles et ornements d'église. À cette même Exposition, Étienne Maisiat (1794-1848) présente deux tableaux tissés qui sont unanimement admirés : le Testament de Louis XVI (inv. MT 7915) et la Lettre de Marie-Antoinette à Madame Élisabeth. Véritable tour de force technique, qui emploie de fines découpures et des liages presque invisibles et nécessite une extrême régularité de battage, ces tableaux imitent à la perfection la gravure en taille-douce. Étienne Maisiat obtient une médaille d'or pour ces tissages. C'est selon son procédé que la maison Didier-Petit et Cie fera tisser le Portrait de Jacquard par Michel-Marie Carquillat. La médaille d'argent de la maison Didier-Petit et Cie est confirmée en 1834, alors que François-Didier Petit développe parallèlement à la branche ornements d'église la production de tissus pour l'exportation. Finalement, la maison obtient en 1839 un nouveau rappel de médaille d'argent pour les mêmes raisons, mais le rapport précise : « Ces fabricants ont aussi exposé un portrait de M. Jacquard d'une grande perfection de tissu. C'est une idée fort heureuse qu'ils ont eue de reproduire son image avec l'ingénieux métier dont il est l'inventeur. Ce portrait, d'une exécution parfaite, fait grand honneur à ces habiles manufacturiers. » Le succès de ce tableau tissé n'a cependant pas suffi à rétablir la prospérité des affaires de François-Didier Petit. Dès 1837, il doit consentir une obligation à son ami Benoît Coste, agent de change, de cent quatre vingt mille francs dont il prend l'inscription sur sa demeure de La Sablière, sise dans le clos Bissardon, à Caluire-et-Cuire. Cette obligation arrivant à son terme en 1843 mais les affaires de son entreprise étant fragiles, François-Didier Petit doit à cette date vendre son patrimoine, et notamment son exceptionnelle collection d'objets d'art (émaux, faïences, verres de Venise, vitraux, peintures, manuscrits, ivoires, mobilier, médailles, antiquités...) dispersée à Paris. Grand amateur d'art, il avait par trois fois présidé l'assemblée générale de la Société des Amis des Arts de Lyon, en 1837, 1838 et 1839, dont il était le vice-président. Il est finalement exproprié de sa demeure de La Sablière en 1847 et habite quelque temps chez sa mère, rue Saint-Joseph. Dès 1840, François-Didier Petit soutient Charles de Bourbon, prétendant au trône d'Espagne contre la très jeune reine Isabelle II et il accueille chez lui les carlistes. Il est aussi un fervent légitimiste, soutenant Henri d'Artois, comte de Chambord. Charles V et le comte de Chambord parrainent l'un et l'autre un enfant de François-Didier Petit. En 1848, le ministre des Affaires étrangères, Alphonse de Lamartine, le nomme vice-consul de France à Alicante. À partir du mois de juin 1857, il est consul de France à San Sebastián. Il exerce ses fonctions jusqu'à sa retraite, en 1872, menant parallèlement une carrière d'artiste et réalisant des peintures de paysages. Il se passionne aussi pour la flore de la province de Guipuscoa et publie trois albums de botanique. Il est décoré de l'Ordre de Charles III d'Espagne et de celui de la Légion d'honneur. Il meurt le 27 avril 1873 à Biarritz, dernier survivant parmi les fondateurs de l'Œuvre de la propagation de la foi. Grâce à la relation rédigée par Moulin et conservée dans les archives du musée des Tissus, on sait que Michel-Marie Carquillat avait conservé la mise en carte du Portrait de Jacquard. Le tisseur la prêta quelques années après l'exécution du fameux tableau tissé au metteur en carte qui souhaitait en réaliser une copie. La mise en carte elle-même a disparu, mais la copie faite par Moulin lui-même a été donnée par son auteur au musée des Tissus (inv. MT 25800). Le dessinateur n'eut le temps que de reproduire la partie supérieure de l'image, car Carquillat souhaitait recouvrer rapidement la mise en carte. C'est qu'il avait le projet, certainement, de retisser le chef-d'œuvre, et de corriger l'anonymat auquel François-Didier Petit l'avait condamné ! La maison Didier-Petit et Cie ayant fait faillite en 1843, plus rien ne s'opposait à ce que Michel-Marie Carquillat réparât, pour son propre compte, le fâcheux oubli. Il fit donc retisser le Portrait de Jacquard, à l'identique de l'original et d'après la même mise en carte. Mais en partie inférieure de la laize, sous l'image et bien visible, il fit ajouter l'inscription : « Tissé par M. M. Carquillat. » Pour être bien sûr qu'on n'omettrait plus de lui attribuer le chef-d'œuvre, Carquillat conçut aussi le projet d'un singulier tableau qu'il espérait présenter à l'Exposition des produits de l'industrie française de 1844. Il en avait commandé pour cinq cents francs le dessin à Jean-Claude Bonnefond. Le sujet était la visite que le duc d'Aumale avait faite à son atelier, le 24 août 1841. André Manin (vers 1817-1885), ancien élève de l'École des Beaux-Arts, établi dessinateur à Lyon, fut chargé de la mise en carte. Carquillat réalise-là une opération d'autopromotion sans précédent. En sollicitant Bonnefond, il choisit un peintre reconnu, qui a déjà garanti le succès du tableau tissé pour la maison Didier-Petit et Cie, réputé, de surcroît, pour être un « orléaniste bon teint. » Le musée des Tissus conserve à la fois les dessins préparatoires à la composition d'ensemble et aux différents personnages de la scène (inv. MT 26506.1 à MT 26506.8 et MAD 3090), la mise en carte originale (inv. MT 37281) et le tableau tissé (inv. MT 24735). Au centre de la composition se tient le duc d'Aumale. Mathevon, à droite, son chapeau haut-de-forme à la main, introduit Carquillat qui déploie le Portrait de Jacquard. Le groupe à gauche est composé du lieutenant-général baron Aymard, du préfet Jayr, du président Riboud et du maire Cabias. Dans le fond un ouvrier travaille au métier. À l'extrême droite, Geneviève Pernollet-Carquillat a fait chercher sa fille qui jouait au cerceau. Un jeune rondier, entré incidamment dans l'atelier, s'arrête et soulève son chapeau avec respect. Tous les détails de l'atelier ont été représentés, la suspente où dort le jeune ouvrier, la mécanique à dévider et l'horloge, qui marque trois heures moins le quart, le métier et sa mécanique Jacquard, la lanterne, le chelut et, à terre, des roquets, des cartons Jacquard et des poulies témoignant que la visite a eu lieu à l'improviste. Des inscriptions sous l'image en identifient l'auteur — « Peint par C. Bonnefond », à gauche —, le tisseur — « Tissé par Carquillat », au centre — et le metteur en carte — « Dessiné et mis en carte par A. Manin », à droite —, informations qui faisaient défaut sur le Portrait de Jacquard, où seuls étaient cités Bonnefond et la maison Didier-Petit et Cie. Toujours dans la partie inférieure, la ville de Lyon est symbolisée par son emblème, le lion, au-dessus duquel se déploie le titre de la scène : « Visite de Mgr le Duc d'Aumale a la Croix-Rousse, dans l'atelier de M. Carquillat,/ le 24 août 1841 ». À gauche, on lit : « Le général baron AYMARD, commandant de la 7e Don militaire./ M. JAYR Conseiller-d'Etat, Prefet du Rhône./ M. CABIAS, Maire de la Croix-Rousse. », et, à droite, « M. RIBOUD, président du Conseil des Prud'hommes./ M. MATHEVON, membre de la Chambre/ de Commerce de Lyon. » ; en bas, cette instructive dédicace : « Dédié au Roi/ Par Mel Carquillat, en 1844. » Le nom de Carquillat n'apparaît pas moins de trois fois sur ce tableau tissé ! Et pour rappeler qu'il a exécuté le Portrait de Jacquard, Carquillat fait de son premier portrait tissé le sujet principal du tableau, déployé au centre de la composition comme une nouvelle Véronique. L'employé dans le fond suspendant son battant pour se tourner vers l'illustre groupe, travaille sur le métier même qui a réalisé le chef-d'œuvre. L'horloge, à l'arrière-plan, marque la minute solennelle qui a vu s'accomplir un événement aussi notable. La commande passée à Bonnefond relève de la peinture d'histoire. Carquillat n'hésite pas à intervenir lui-même dans le portrait collectif. La Visite du duc d'Aumale est le seul autoportrait jamais produit par la Fabrique lyonnaise. Le maître-ouvrier dédie son tableau au roi, comme le font les auteurs ou les graveurs. C'est un autre fait inédit dans l'histoire du portrait tissé. De Moulin, en revanche, il n'est jamais fait mention. Seul le don qu'il a concédé au musée des Tissus de la copie de sa mise en carte permet aujourd'hui de témoigner qu'il a été, plus que tous les autres, l'artisan du succès du Portrait de Jacquard de la maison Didier-Petit et Cie.  Maximilien Durand (fr)
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