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  • Sur un fond rouge vif s’enlève, en jaune et bleu-noir, un aigle bicéphale, le corps de face, les têtes de profil, dressé sur sa large queue en éventail et les ailes déployées. Dans chaque serre, il saisit par le cou un bouquetin cabré sur ses pattes arrière. Le corps de l’aigle, bordé à l’encolure et sur les côtés d’un ruban perlé, est décoré d’une mosaïque d’octogones tracés par la trame rouge et enfermant des carrés jaunes ornés de quatre pois bleus. Les cous, séparés des têtes par un ruban perlé, sont couverts de chevrons bleus, jaunes et rouges. Le haut des ailes est décoré d’hexagones imbriqués dans ces trois mêmes couleurs, et séparés des pennes verticales par un ruban de perles jaunes et rouges sur fond bleu. La queue est ornée de croissants et de chevrons dans les mêmes couleurs. Le corps des bouquetins est bleu serti de jaune. Une trame bleu pâle, très usée, rehaussait leurs sabots, le bec et la base du cou des aigles. Le fragment du musée des Tissus provient d’un « manteau » qui habillait la statue de Notre-Dame-de la- Victoire (Nostra Senyora de la Victoria) de Thuir (Pyrénées Orientales), le reste de l’étoffe qui composait ce vêtement étant toujours conservé dans le camaril (le « vestiaire ») de l’église paroissiale de cette ville. Le tissu constituait l’enveloppe extérieure d’un vêtement considéré comme une relique, réputée faciliter les accouchements. On en prélevait même des fragments pour satisfaire la dévotion de certains fidèles. Jusqu’à la fin du XVIe siècle, le manteau habillait la statue une fois par an, durant la messe de Noël. C’est l’évêque d’Elne Onuphre Réart (1599-1622) qui, pour le préserver de la destruction, le fit placer dans un reliquaire à côté de la statue de la Vierge. Le reliquaire était parfois porté au chevet des malades ou des femmes en couches, pour hâter leur délivrance. D’après la tradition, la statue de Notre-Dame-de-la-Victoire aurait accompagné l’armée de Charlemagne dans sa reconquête du Roussillon et lui aurait accordé la victoire contre les Sarrazins à Monastir del Camp, non loin de Thuir. Après la mort de l’Empereur, l’effigie aurait été enterrée pour être préservée des incursions maures. Ce n’est que bien plus tard qu’elle aurait été miraculeusement redécouverte par un berger parti à la recherche d’une brebis. En réalité, l’effigie est attribuable à la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe siècle. Le manteau de la statue a été démonté en 1955, à l’occasion d’une restauration. Le tissu, séparé de sa doublure, a été encadré sur deux montages : dans le premier cadre, un fragment cohérent, quoique très déchiré, avec deux autres morceaux ; dans le second, les fragments dissociés. Le fragment du musée des Tissus de Lyon avait été prélevé plusieurs décennies auparavant, dans des circonstances qu’on ignore. En 1893, dans Notes sur l’art religieux du Roussillon, Extrait du Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, Jean-Auguste Brutails a laissé une description du manteau. Le vêtement appartenait à une typologie relativement inhabituelle dans le corpus des habits de statues : « En fait de vêtements sacerdotaux antérieurs au XVIe siècle, je ne connais que la chasuble de Thuir. Cette chasuble est très échancrée sur les côtés ; le devant, beaucoup plus court que la partie postérieure, se termine en pointe ; l’ouverture qui sert à passer la tête est, de même, taillée en pointe par devant et munie par derrière d’un capuchon qui a été cousu après coup. La soie a presque disparu : c’est un tissu rouge sombre, à dessins noirs et jaunes, qui pourrait être d’origine orientale ; il ne reste guère que les doublures, elles-mêmes en fort mauvais état, à cause de l’habitude où l’on était jadis de distribuer des fragments de cette chasuble aux femmes en couches. » (p. 378) Il s’agissait donc d’une sorte de robe de fête dont on enveloppait la statue pour les grandes solennités. Si l’iconographie de l’aigle bicéphale rappelle les décors héraldiques des soieries byzantines, le samit appartient à un groupe d’étoffes hispano-mauresques figurant des animaux traités en bleu et jaune sur fond rouge, au corps décomposé en motifs géométriques, au cou orné de bandes perlées et de chevrons. Les exemplaires les plus célèbres sont ornés de lions ailés ou pris dans les serres d’un aigle et de griffons adossés. La couleur rouge particulièrement remarquable de ce tissu est due à l’emploi abondant du kermès pur. Cette teinture caractérise les soieries médiévales les plus précieuses, notamment celles qu’on attribue à la production hispano-mauresque. Elle indique d’ailleurs peut-être le centre de production de l’étoffe de Thuir, puisque l’Andalousie se distingua, durant tout le Moyen Âge, comme l’un des principaux centres de récolte de cet insecte rare, réquisitionné chaque année pour les ateliers sous contrôle califal ou tirâz de Cordoue. On ignore à quelle période cette exceptionnelle soierie a servi à constituer le manteau de Notre- Dame-de-la-Victoire. Mais il s’agit probablement du plus ancien textile conservé dévolu à l’habillage d’une statue. Maximilien Durand (fr)
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