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  • À la suite de la cérémonie du mariage de Napoléon III avec l'impératrice Eugénie, le 29 janvier 1853, une commission mixte, composée de représentants de la Ville de Lyon (Jacques Mathevon père, Adolphe Brisson, Thierry Bröleman, eux-mêmes fabricants) et de membres de la Chambre de Commerce (Joseph Brosset, président, Prosper Meynier et Adolphe Girodon, tous fabricants) décide d'offrir à l'impératrice une « corbeille » d'étoffes pour robes afin de lui rendre hommage tout en affirmant la supériorité de la production lyonnaise (Procès-verbaux et délibérations de la Chambre de Commerce de Lyon, Registre n° 14, 1853-1854, F° 21-23 : 3 mars 1853 ; 63 : 14 avril 1853 ; 180-181 : 12 novembre 1853 ; 191 : 17 novembre 1853 ; 205 : 22 décembre 1853). La Ville et la Chambre avaient chacune pour leur part voté un crédit de vingt-cinq mille francs pour ce présent. Une liste de fabricants fut établie, auxquels on demanda un devis qui devait être approuvé avant exécution (Archives de la Chambre de Commerce, cote F 2100, 1853). Les pièces les plus coûteuses ont été commandées à l'un des principaux fabricants de Lyon, la maison Schulz frères et Béraud, qui propose une robe traîne de 11, 75 mètres en 72 centimètres de large, en fond velours épinglé blanc avec contrefond en gros de Tours blanc et dessin velours ciselé rose (pour 5674 francs) ; une robe volants de 19 mètres en 70 centimètres de large, fond gaze argent avec dessin velours ciselé ciel (pour 1500 francs) ; et un manteau de cour, de 3,5 mètres de long sur 1,90 mètres de large (avec la robe de dessous de 10 mètres en 72 centimètres de large), en velours ciselé cerise sur fond or, avec des légèretés en satin blanc (pour 12094 francs). La maison Champagne et Rougier est chargée de tisser deux étoffes pour robe, un reps fond blanc, dessin broché camaïeu vert (10 mètres en 80 centimètres de large, pour 1625 francs), et une soierie vert Isly « en disposition » pour une robe à deux volants, en imitation de broderie à l'aiguille (10 mètres en 40 centimètres, pour 1400 francs) ; la maison Mathevon et Bouvard, une étoffe en poult de soie blanc broché soie, nuances et dorures fines, avec effet de taille-douce, dessin « composé de diverses branches de roses et de bruyères de Paris faisant guirlandes avec des abeilles butinant les fleurs » (12 mètres en 90 centimètres de large, pour 1499 francs), et une étoffe grise à ramages (pour le même prix) ; la maison Caquet-Vauzelle, Neyme et Côte, un velours « gandin » rose fond gros de Tours, devant être utilisé pour un grand volant, se détachant sur un décor de guirlandes façonnées (15 mètres, pour 1124 francs) ; la maison Tolozan et Cie, une étoffe pour robe à deux volants sur fond de poult de soie blanc, lancé nué et lamé (18 mètres en 75 centimètres de large, pour un prix de 900 francs), et une autre pour robe à pente sur fond noir lancé violet, à guirlandes de pensées (10,8 mètres en 80 centimètres de large, pour le même prix). Le 3 mars 1853, la Chambre de Commerce avait délibéré pour voter le crédit nécessaire, à prendre sur le fonds de réserve de la Condition des Soies, délibération appouvée le 2 avril suivant par le conseiller d'État Claude-Marius Vaïsse, chargé de l'administration du Département du Rhône. Une nouvelle séance de la « commission des robes », tenue le 5 avril 1853, ajouta quelques noms à la première liste, comme Godemard et Meynier pour une robe à guirlandes pendantes brochées or ou argent fin avec un fond broché soie paraissant dessous les guirlandes, à cinq couleurs (pour un prix de 3920 francs), une étoffe dessin fond dorure fin avec dessin liseré (pour 1800 francs) et une étoffe pour une robe à volants brochés or ou argent (les aigles changés en lilas précise la soumission, pour un prix de 1110 francs) ; Maximilien Valansot pour trois pièces de « velours impérial » blanc, rose et bleu (de 18 mètres chacune, pour un prix de 849,95 francs) ; Heckel Aîné et Cie pour des métrages de satin uni lilas, blanc, gris pour trois robes (pour un prix de 486,35 francs) ; et C. Ponson pour une robe en satin gris et cannelé à carreaux, en disposition, avec du taffetas glacé (pour 985,05 francs). Tous les fabricants s'engageaient à réserver pendant un an les nouveaux dessins composés pour ce présent, avant de les faire entrer dans la consommation, et à livrer leur commande à l'automne. Le 15 novembre 1853, Claude-Marius Vaïsse faisait savoir au président de la Chambre de Commerce quele Ministre d'État lui avait communiqué que, l'Impératrice étant profondément touchée de l'hommage, elle serait charmée de recevoir une députation pour lui remettre. Mais il fallait attendre décembre, la cour résidant à Fontainebleau jusque-là. Un local serait préparé tout exprès aux Tuileries pour « favoriser l'exhibition des étoffes. » Le président Joseph Brosset et cinq délégués membres de la Chambre, François-Barthélémy Arlès-Dufour, Georges Joannin, Oscar Galline, Hippolyte-François Jame et Prosper Meynier, se rendirent à l'audience de décembre 1853, avec deux caisses, l'une contenant dans quatre cartons les articles produits par Schulz Frères et Béraud, l'autre, dans vingt-six cartons, le reste des étoffes. Un procès-verbal du 17 janvier 1854 note que la commission mixte a procédé au règlement des dépenses, pour un montant total de 46326,80 francs payé par moitié par la Ville et la Chambre de Commerce (23163,40 francs imputables sur le crédit de 25000 francs voté de part et d'autre). Les noms de certains fabricants qui ne figuraient pas sur les premières listes apparaissent dans ce document, mais on ignore quelles furent leurs livraisons : A. Girodon (pour 3200 francs), Girard et Gautier (pour 1192,90 francs) et C. M. Teillard (pour 288,90 francs). Le musée des Tissus possède le manteau de cour lamé or, orné d'une grande composition florale en velours ciselé double corps, nuancé, fond taffetas, lancé lamé lié en sergé et à plusieurs effets, avec fougères de Paris, roses, hortensias et fritillaires (inv. MT 51305), mais aussi la pente de la robe qui l'accompagnait, à courant de fougères et bouquets de fritillaires, d'hortensias et de roses, conservée dans le cinquième livre de patrons (inv. MT 48965.5) d'une série de vingt de la maison Schulz Frères et Béraud, sous le numéro de patron 4633/2, avec la mention du cadeau fait à l'Impératrice par la Ville et la Chambre de Commerce de Lyon. Plusieurs autres modèles livrés à Eugénie ou à la reine Victoria sont également conservés dans ces livres de patrons. Les collections du musée des Tissus possèdent aussi le velours « gandin » rose fond gros de Tours, devant être utilisé pour un grand volant, se détachant sur un décor de guirlandes façonnées de la maison Caquet-Vauzelle, Neyme et Côte (inv. MT 20696), qui faisait partie de la même « corbeille. » La pente en « fond velours épinglé blanc avec contrefond en gros de Tours blanc et dessin velours ciselé rose » fait également partie des collections du musée des Tissus. Son numéro d'inventaire lui a été concédé a posteriori (inv. MT 23838.1) et ne correspond pas à son mode d'acquisition (les numéros MT 23838, MT 23839 et MT 23840 renvoient à « trois grands échantillons de soieries façonnées donnés à la Chambre par la maison Schulz » et donnés par elle au musée d'Art et d'Industrie en 1882-1883 ; le numéro MT 23838 n'était pas décomposé, à l'origine, en MT 23838.1 et MT 23838.2 identifiant deux tissus différents). Il correspond bien, en revanche, à la description du fabricant lors de la soumission pour constituer la « corbeille de l'Impératrice » et présente, par ailleurs, de nombreuses affinités avec les pentes de robes conservées dans les livres de patrons des années 1851-1855 de la maison Schulz Frères et Béraud. La pente comporte un fond en velours épinglé (ou frisé) blanc, et un contrefond en taffetas de même couleur. Le décor, en velours ciselé (à la fois frisé et coupé) rose présente des chutes de guirlandes de roses, nouées par des rubans ou soutenues par des ornements, et des bouquets des mêmes fleurs. La largeur de tissage, sans les lisières, est de soixante-douze centimètres. On reconnaît bien la description des fabricants dans cette exceptionnelle pente pour robe-traîne. Maximilien Durand (fr)
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