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  • Dans la neuvième vitrine de l'exposition organisée au musée Guimet entre mai et juin 1898 pour présenter le produit de la troisième campagne de fouilles à Antinoé, Albert Gayet exposa un « manteau d'homme, à longues manches, en bourre de soie pourpre d'Orient. Revers garnis de soie bleue, brochée de losanges, médaillons quadrilobés, pois et carrés ornemanés. » L'archéologue précise que « le linceul a laissé une trace sur ce manteau. » Le vêtement était accompagné de « galons de devant de chemise et de poignets gris-jaune, losanges jaunes et verts, motifs ornementaux verts et roses », présentés dans la même vitrine, et d'une « fleur polychrome, applique du linceul. » À l'issue de l'événement parisien, conformément aux accords passés entre la Chambre de Commerce de Lyon qui finançait une partie des fouilles et Émile Guimet, le commanditaire de la campagne archéologique, le manteau a été envoyé à Lyon avec les galons de la chemise (inv. MT 2013.0.19) et probablement la fleur du linceul. Seule cette dernière, dont la description est trop imprécise, n'a pas pu être identifiée formellement dans la collection du musée des Tissus. En janvier 1902, le manteau était présenté dans la galerie consacrée à la « période dite byzantine » au second étage du Palais de la Bourse et du Commerce, puisqu'il est mentionné dans le premier guide de la collection du musée des Tissus publié par Raymond Cox : « N° 126 - Manteau bourre de soie pourpre avec bande de soie à semis de figures géométriques décorées, art byzantin, Antinoé, VIIe siècle. » En 1929, il n'apparaît déjà plus dans le Catalogue des principales pièces exposées publié par Henri d'Hennezel. Seuls quelques fragments de la soierie semblaient avoir été préservés (inv. MT 2013.0.18 et MT 26812.38, ce dernier déposé au musée du Louvre). Ils ont, par erreur, été publiés comme provenant de la tombe B 106, où reposait l'« Amazone païenne » dont le costume complet, à l'exception du bonnet (Paris, musée du Louvre, inv. E 29498) et des bottes (non localisées), est aussi parvenu au musée des Tissus (manteau : inv. MT 2013.0.35 ; bourrelet : inv. MT 47556 ; robe : inv. MT 28520.43 ; ceinture : inv. MT 2013.0.36 ; chemise : inv. MT 24400.615.1 et MT 24400.615.2). D'autres vestiges de cette soierie ont aussi été dispersés, sans doute dès la fin de l'exposition de 1898, et sont aujourd'hui conservés au musée du Louvre (inv. E 29225) et au musée des Arts décoratifs à Paris (inv. D 15367). La découverte et la publication d'un dessin inédit de Jules-Paul Gérard (1874-1953) conservé dans une collection privée ont permis de lever tout doute sur l'attribution des soieries à la tombe B 114. Jules-Paul Gérard reproduit fidèlement deux détails des ornements, le premier concernant l'organisation losangée du décor, le second, les éléments distincts qui le composent. Des quadrilobes, timbrés d'une fleur de marguerite à huit pétales, sont disposés entre quatre losanges posés sur la pointe, disposés en carré. Au cœur des losanges apparaît un médaillon contenant une rosette à quatre pétales. Tout autour du quadrilobe, à l'intérieur du cadre défini par les côtés des losanges, apparaît un autre losange, formé par des petits médaillons inscrivant une étoile à huit branches et des carrés contenant une svastika. Du manteau, en revanche, il ne semblait plus exister aucun vestige. Pourtant, la description d'Albert Gayet, le dessin de Jules-Paul Gérard et la mention de Raymond Cox montrent qu'il était bien préservé, au moment de sa mise au jour, de son exposition à Paris et de son arrivée dans les collections lyonnaises. Malgré la rapidité de son croquis, Jules-Paul Gérard donne des indications précieuses sur l'aspect de ce large manteau, à l'encolure arrondie, garni de parement de soieries sur toutes ses bordures. Une indication manuscrite sur le dessin précise qu'« un ourlet borde les parties assemblées par les coutures. Les 2 ourlets sont cousus face à face. » À l'occasion de l'exposition Antinoé, à la vie, à la mode. Visions d'élégnace dans les solitudes, qui s'est tenue au musée des Tissus à partir de septembre 2013, trois fragments de ce manteau, un grand et deux petits (inv. MT 2013.0.17) ont été redécouverts et identifiés avec certitude. Le plus grand fragment correspond à la partie supérieure de la manche gauche, sur laquelle des macules blanches confirment que « le linceul a laissé une trace sur ce manteau », comme le précisait Albert Gayet. Les deux petits fragments, malheureusement, sont trop infimes pour pouvoir être localisés avec certitude. Après l'exposition, d'autres éléments importants du manteau ont encore été identifiés. Ils avaient été déposés à Stockholm quelques décennies auparavant, et y demeuraient toujours. En 1965, en effet, Agnès Geijer, qui s'intéressait aux vêtements en laine grattée découverts à Antinoé, consulta les nombreux fragments du musée des Tissus et convainquit l'institution de les déposer, pour étude et restauration, à l'atelier du Riksantikvarieämbetet och Statens historiska museet de Stockholm. L'opération s'est faite sans inventaire préalable des fragments ni identification des vestiges. Les manteaux du « haut dignitaire » Achille (tombe B 281 ; inv. MT 34872) et du « scribe » Pamias (tombe C 395 ; inv. MT 34872 bis) purent être isolés de ce lot. Ils firent l'objet d'une remarquable restauration. Le premier revint au musée des Tissus en 1968, le second resta en dépôt à Stockholm, en dédommagement de la restauration, jusqu'en 1993. Lors de la restauration, en 1989, du manteau de couleur turquoise de l'occupant de la tombe B 288 (inv. MT 47554), d'autres fragments turquoise et carmin furent restitués par le musée de Stockholm au musée des Tissus. Parmi eux se trouvait le grand revers droit du manteau du « haut fonctionnaire » de la tombe B 148 (inv. MT 2013.0.33), identifiable grâce à ses parements appliqués et aux restes de la soierie qui le garnissait, identique aux fragments qui étaient conservés séparément du vêtement (inv. MT 40315). Le manteau complet de ce « haut fonctionnaire » (inv. MT 2014.0.22), celui du défunt de la tombe B 114 (2014.0.23), des fragments du manteau de la tombe C 322 (inv. MT 2014.0.24) et la jambière droite du « scribe » Pamias (inv. MT 2014.0.21) ont naguère été redécouverts à Stockholm, où ils étaient restés, sans qu'aucun acte de dépôt ne signale leur présence. Ils avaient donc totalement échappé à l'attention des chercheurs. Ils ont heureusement pu rejoindre les collections du musée des Tissus en 2014, qui est ainsi rentré en possession de l'ensemble des vestiges antinoïtes déposés à Stockholm. Du manteau de l'occupant de la tombe B 114 ont ainsi pu être identifiés la manche droite complète, en trois fragments, et son emmanchure, un fragment de l'encolure, située en partie supérieure du grand revers droit, avec l'amorce du col, un fragment du pan droit avant, le pan avant gauche presque complet, deux fragments conséquents de la manche gauche et plusieurs petits fragments non localisés avec certitude sur le vêtement. Beaucoup de ces fragments comportent encore des traces de soierie, plus ou moins conséquentes. Lorsqu'elle a disparu, les piqûres de la couture et l'état de conservation des poils de la laine grattée indiquent sans conteste l'emplacement original des parements. Après les manteaux du « haut dignitaire » Achille (B 281), du « scribe » Pamias (tombe C 395), du « haut fonctionnaire » (B 148) et les deux exemplaires qui revêtent encore la dépouille du « Patricien » du musée de l'Hôtel Bertrand de Châteauroux (inv. D 1218) et celle du « fonctionnaire à la pourpre » du Palais des Beaux-Arts de Lille (inv. D.2011.0.2), c'est le vêtement de ce type, en laine grattée de couleur carmin, à longues manches et parements de soie, le mieux conservé. Outre les quatre exemplaires déjà mentionnés, le musée des Tissus conserve également d'importants fragments du manteau C 322 (inv. MT 44321 et MT 2014.0.24), carmin, et deux autres manteaux complets de même typologie, mais de couleur bleu turquoise, provenant des tombes B 139 (inv. MT 2013.0.6) et B 288 (inv. MT 47554). Le manteau de l'occupant de la tombe B 114 présente plusieurs particularités par rapport à ceux exhumés des tombes B 281 (Achille) et C 395 (Pamias). Tout d'abord, la stature de son propriétaire était nettement plus imposante que celle de ses concitoyens. Le tisserand et le tailleur ont donc adapté le patron du vêtement à l'embonpoint du commanditaire. La laize dans laquelle le manteau a été découpé mesurait, en effet, environ cent cinquante centimètres de large. Le manteau d'Achille a été taillé dans une laize de cent vingt-sept centimètres de large, celui de Pamias, dans une laize d'environ cent trente centimètres, pour une hauteur comprise entre deux cent soixante et deux cent soixante-dix centimètres. La hauteur de la laize utilisée pour le manteau de l'occupant de la tombe B 114, en revanche, devait être conforme à celle des autres exemplaires. Le manteau récemment redécouvert à Stockholm introduit donc un élément nouveau dans la connaissance que nous avons de ces vêtements exceptionnels : la notion de « sur mesure », dès le tissage de la laize nécessaire à la confection du vêtement, qui apporte un argument supplémentaire à l'hypothèse d'une production totalement locale de ces manteaux. Par ailleurs, le vêtement présente une autre particularité que suggère le dessin de Jules-Paul Gérard et les vestiges conservés : l'encolure n'était pas taillée en carré, comme pour les exemplaires d'Achille et de Pamias, mais en arrondi. Elle était complétée par un mince col, cousu bord à bord, dont subsiste un infime fragment qui a pu être identifié comme tel sans doute possible grâce aux directions contradictoires de la chaîne sur le morceau provenant du manteau et sur celui correspondant au col rapporté, et grâce à la présence de soie couvrant les deux parties. Ce col, probablement haut de quelques centimètres seulement, par comparaison avec celui d'Achille, devait tourner autour de l'encolure puis venir mourir, du côté droit, à l'endroit où le grand revers, en se rabattant vers l'épaule, formait un pli pour découvrir sa partie interne, et, du côté gauche, à la naissance du petit revers. Pour le reste, les modes de patronage, de découpe, de confection et de décoration du manteau sont conformes à ce qui a pu être observé sur les exemplaires les plus complets. Lui aussi a été taillé dans une toile fine (7-8 fils au centimètre pour 30-32 coups au centimètre). Les manteaux d'Achille et de Pamias sont taillés dans des toiles encore plus fines (Achille : 11-14 fils au centimètre, 30-40 coups au centimètre ; Pamias : 13-16 fils au centimètre, 26-30 coups au centimètre). Seul le manteau de l'occupante de la tombe B 417 (inv. MT 2013.0.22) présente une qualité encore supérieure (18-19 fils au centimètre, 48 coups au centimètre). La laize a été teinte en pièce, et grattée sur les deux faces, probablement à l'aide de chardons. Les longues manches, qui pendaient de part et d'autre du corps une fois le manteau posé sur les épaules, ont été taillées dans le droit fil de l'étoffe. En réalisant son plan de découpe, le tailleur les a situées dans la place libérée par les échancrures concaves du dos, afin d'économiser les chutes de tissu. Il a placé les emmanchures le long des lisières, en centrant l'encolure au milieu de la laize. Il a tracé le patron du manteau, en trois pièces principales, la première comprenant l'avant, l'épaulement et l'arrière du manteau, les deux autres constituant les manches. Les deux pans avant du manteau, sous l'emmanchure, présentent une échancrure convexe qui était destinée à se rabattre sur les échancrures concaves du dos. Ainsi, le manteau était-il ajusté aux épaules, cintré à la taille et évasé dans le bas. Le tailleur procédait alors à la découpe de ce patron. L'ouverture avant et l'encolure, en revanche, n'étaient pas encore découpées, afin de faciliter l'assemblage des différentes parties du vêtement. Un repli de couture de quelques millimètres permettait d'ourler les parties destinées à être assemblées. Sur la courbe convexe des pans avant, il est tourné vers l'intérieur, tandis qu'il devait être tourné vers l'extérieur sur la courbe concave des pans arrière. L'assemblage était réalisé étoffe contre étoffe, au moyen d'un point de surjet, au fil de lin retors Z de deux bouts S. Les assemblages, volumineux du fait des replis de couture, étaient dissimulés par l'application de bandes de soieries que l'archéologue appelle « cache-coutures » dans ses publications. Le grand pan avant gauche du manteau en a conservé des traces importantes. Une fois le vêtement assemblé dans le dos, les manches pouvaient être montées. Les tubes des manches étaient refermés par une couture étoffe contre étoffe, dissimulant dans l'assemblage le rentré tourné vers l'extérieur d'un côté, vers l'intérieur de l'autre. Le tube des emmanchures, également était refermé de la même manière, afin de permettre l'ajustement des manches. Ces dernières comportaient, sur le bord qui se fixait à l'emmanchure, un repli plus large. Les emmanchures, elles, ne possédaient pas de repli, puisqu'elles intégraient les lisières renforcées de la laize, composées de deux cordelines. Les manches étaient cousues aux emmanchures, bord à bord, au moyen d'un point de surjet. C'est ce que tente de décrire Jules-Paul Gérard par l'indication « un ourlet borde les parties assemblées par les coutures. Les 2 ourlets sont cousus face à face. » Le tailleur procédait alors à la grande découpe avant, le pan gauche ne comportant pas de revers, celui de droite, un grand revers destiné à s'ouvrir naturellement quand le manteau était porté. Il terminait par l'encolure arrondie. Les bords de cette découpe avant étaient ourlés d'un repli tourné vers l'extérieur. Le col, une languette découpée dans les chutes de la laize, était cousu bord à bord le long de l'ouverture circulaire de l'encolure. La dernière opération consistait à appliquer les soieries sur le manteau. Elles étaient découpées en bandes plus ou moins larges, en fonction de leur emplacement. Le long des bords du manteau, les bandes mesuraient environ huit centimètres de large. Elles étaient montées à cheval, emprisonnant le repli de couture. La partie la plus large était située à l'extérieur (cinq centimètres environ), le reste (trois centimètres environ), vers l'intérieur. Sur le pan gauche, au niveau du buste, une large application de soierie dessinait sur la poitrine, en miroir, la forme du revers opposé quand il était ouvert. La bande de soierie mesurait alors environ onze centimètres de large, dix centimètres étant appliqués sur la partie externe du manteau, un centimètre, en retour, sur la partie interne, qui n'avait pas vocation à s'ouvrir et n'était donc pas visible. Sur la partie droite du vêtement, une bande de soierie galonnait à l'extérieur toute l'ouverture, y compris le grand revers dont elle suivait la découpe, avec environ dix centimètres de soie visible sous la découpe du revers et cinq centimètre le long de ce dernier et jusqu'au départ de l'encolure. Mais ce revers devait s'ouvrir quand le manteau était porté, en se rabattant vers l'épaule. C'est donc sa face interne qui comportait la plus large application de soierie. On trouvait également de larges applications de soierie en bas des manches (environ dix centimètres), montée elle aussi à cheval, et autour de l'encolure (environ quatre centimètres). Des bandes plus étroites, enfin, étaient cousues sur les coutures du dos et des manches, pour les dissimuler.  Comme sur les deux autres manteaux d'hommes taillés dans des toiles fines (Achille et Pamias), la souplesse de la toile ne nécessitait pas de lester les bords du grand revers droit de cordelettes de lin. Les exemplaires en toile plus épaisse, en laine grattée carmin (inv. MT 2013.0.33 et MT 2014.0.22), issu de la tombe B 148, ou en laine grattée turquoise, issus des tombes B 139 (inv. MT 2013.0.6) et B 288 (inv. MT 47554), en comportent. Albert Gayet précise alors que les manteaux ont un col et des revers « gansés et coulissés. » Sur le manteau de l'occupant de la tombe B 114, la soierie était simplement appliquée par couture, au moyen d'un fil de lin retors Z de 2 bouts, au point de surjet, essentiellement. La datation au radiocarbone de la soierie conservée au musée du Louvre (E 29225 et MT 26812.38, cette dernière déposée par le musée des Tissus) a donné un âge compris entre 420 et 580. La production des manteaux en laine grattée s'échelonne, en effet, majoritairement ente le Ve siècle et le milieu du VIIe siècle. C'est ce qu'ont révélé les datations au radiocarbone réalisées sur la toile du manteau d'Achille et sur les soieries qui le garnissaient ou sur les dépouilles du « Patricien » de Châteauroux et du « fonctionnaire à la pourpre » du Palais des Beaux-Arts de Lille. Maximilien Durand (fr)
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