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| - L'échantillon de broderie pour bas de robe a été réalisé sur une laize de soie, en sergé de 2 lie 2, direction S, de couleur blanche. La partie inférieure de la robe comporte un volant de tulle double, fond dentelle, à mailles fixes, découpé en festons soulignés par un galon de passementerie blanche et des paillettes cousues en rivière. Une autre série de paillettes en rivière forme une rangée d'arcatures au-dessus des festons.
La jonction entre le fond en sergé et le volant de tulle est ornée d'un courant de roses, épanouies ou en boutons, brodé majoritairement au point lancé et au passé plat, et plus ponctuellement au point de tige et au point de nœud, en soie nuancée. Les parties qui empiètent sur le volant de tulle sont exécutées sur un fond de taffetas de soie, appliqué sur l'envers de la pièce. Des vrilles de lierres et des plumes stylisées, traitées en soie blanche et en chenille de soie crème et rehaussées de paillettes, forment des chutes sur le fond de tulle et simulent un effet de draperie sur le volant.
Le dessin du courant de roses, les points de broderie utilisés et les couleurs employées (différents tons de rose, de jaune, de mordoré, de marron et de vert) sont très proches de ceux qui peuvent être observés sur une bordure pour une tenture brodée conservée au musée des Tissus (inv. MT 1294). Cette dernière est une des premières œuvres de Jean-François Bony (1754-1825), célèbre dessinateur de fabrique, brodeur, fabricant et occasionnellement peintre de fleurs, à avoir rejoint les collections, avec l'ensemble du cabinet constitué par Jules Reybaud (1807-1872), lui aussi dessinateur de fabrique. La collection réunie par Jules Reybaud a été acquise par la Chambre de Commerce de Lyon en 1862 pour son jeune musée, avant même son ouverture au public. Plusieurs autres œuvres de la main de Jean-François Bony, issues de ses ateliers ou réalisées sur ses dessins, figuraient par ailleurs dans ce cabinet, comme un grand projet de tenture à la gouache pour un salon des petits appartements de l'impératrice Marie-Louise à Versailles (inv. MT 1125), une bordure fond carrelé vert pomme à décor de roses et de lilas commandée pour le meuble d'été de la chambre de Marie-Antoinette à Versailles, exécutée par Marie-Olivier Desfarges (inv. MT 1404), un lampas, fond cannetillé, broché à plusieurs lats, à dessin de branches de roses (inv. MT 1391) ou encore un taffetas moiré à fond blanc, ombré le long des lisières, avec un décor broché à liages repris de branches de prunier dans le goût chinois (inv. MT 1403).
La même année 1862, la Chambre de Commerce faisait aussi l'acquisition d'une grande partie du cabinet réuni par François Bert, professeur de théorie, qui comprenait aussi plusieurs œuvres de Jean-François Bony, parmi lesquelles de nombreuses broderies sortant de ses ateliers, tentures (inv. MT 2828, MT 2829, MT 2830 et MT 2832), tableaux (inv. MT 3019 et MT 3020) ou échantillons pour gilets ou pour bas de robes (inv. MT 2831, MT 2948, MT 2949, MT 2950, MT 2952, MT 2953, MT 2955, MT 2956, MT 2957, MT 2959, MT 2960, MT 2961, MT 2962, MT 2964, MT 2965, MT 2966, MT 2967, MT 2969, MT 2999, MT 3000, MT 3001, MT 3002, MT 3003, MT 3006, MT 3007, MT 3008, MT 3009, MT 3023, MT 3024, MT 3025, MT 3026, MT 3027, MT 3030 et MT 3031). Elles montrent un goût certain pour les décors en application, de tulle, de dentelle, de satin ou de velours peint, pour le trompe-l'œil, l'usage conjoint de lames, de filés ou de cannetilles métalliques, de paillettes et de paillons, de cabochons de verre, de soie nuancée et de chenille, brodées au passé plat, au passé empiétant, au point lancé, au point de tige ou au point de nœud, ainsi que la juxtaposition de certaines couleurs pour rendre le volume des feuilles ou les coloris des pétales des fleurs, et même l'usage de peinture, appliquée sur l'étoffe ou sur les cannetilles.
À partir de 1866, de nombreux autres échantillons de broderie pour vêtements, issus des ateliers de Bony ou attribuables à ces derniers, ont encore rejoint les collections, ainsi que des projets de robes à la mine de plomb et à la gouache (inv. MT 18794 à 18812, MT 23336.1 à MT 23336.29 et MT 2014.0.7 à MT 2014.0.20) permettant de mieux cerner l'activité de brodeur que Jean-François Bony a exercée toute sa vie, parallèlement à ses autres activités dans la Fabrique.
Quelques-uns des projets de robes à la mine de plombe et à la gouache conservés au musée des Tissus présentent d'ailleurs de grandes analogies avec l'échantillon de broderie orné d'un courant de roses. Sur l'un de ces projets (inv. MT 23336.28) une figure féminine en pied porte une robe sans manches, décolletée en carré, serrée sous la poitrine, brodée d'un semé de fleurettes orange et de courants de lierre blancs. Un volant de tulle festonné forme la partie inférieure de la robe, marquée par un courant de roses brodé à la jonction des deux étoffes. Le volant de tulle est par ailleurs décoré de chutes de draperies en trompe-l'œil, en application. Sur le projet qui porte le prénom féminin « Symphie » (inv. MT 23336.8), la figure féminine porte, par dessus sa robe violette décorée de broderies, un tablier jonquille, garni d'un volant de tulle brodé en partie inférieure et d'un courant de fleurs de couleur orange.
L'échantillon a été réinventorié en 1970. Il faisait partie d'un des ensembles de broderies pour gilets d'homme ou robes de Jean-François Bony acquis pour le musée d'Art et d'Industrie à partir de 1866, notamment à l'antiquaire Gallot, passage des Terreaux.
Maximilien Durand (fr)
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