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  • Cet insigne de rang de fonctionnaire civil Qing se compose d’une partie centrale et d’une bordure à décor géométrique doré. La première figure un faisan argenté en vol se détachant sur un fond beige à décor de nuages chi de couleur bleue. Le faisan est tourné vers la gauche et dirige son regard vers le soleil rouge en partie supérieure. L’oiseau se trouve au centre des huit symboles du taoïsme ayant une vocation à la fois bénéfique pour le propriétaire et représentative des qualités de celui-ci. Ainsi, dans le sens de rotation horaire se trouvent la corbeille de fleurs de Lan Caihe, l’éventail de Zhongli Quan, la flûte de Han Xiangzi, les castagnettes de Cao Guojiu, le tube musical en bambou, yugu, de Zhang Guolao, l’épée de Lu Dongbin, le lotus de He Xiangu et la calebasse de Tieguai Li. Une autres iconographie chinoise est décryptable au sein de la composition : le caractère wan (signifiant 10 000, ou éternité) de couleur dorée, assimilé au svastika, est présent en frise sur la bordure. L’environnement traditionnel qu’il est possible de retrouver dans la majorité des carrés de mandarins (flots, trois promontoires rocheux et cieux avec les nuages chi et le soleil rouge) est ici absent. Toutefois, le soleil rouge est présent en partie supérieure gauche et symbolise l’Empereur dominant les éléments : l’eau, la terre et les cieux. Par ailleurs, le faisan argenté se tourne vers l’astre solaire, ceci illustrant l’allégeance que le fonctionnaire prête à l’Empereur. Cette orientation de l’oiseau se retrouve en outre sur la quasi-totalité des carrés de mandarins. Ce carré de mandarin constitue un témoignage du rang atteint par un fonctionnaire de la Chine des Qing au XIXe siècle. Bien avant cette période, la Chine a connu un fonctionnement politique différent de celui de l’Occident, notamment par le biais de sa bureaucratie extrêmement hiérarchisée, remontant au plus tard à la dynastie Qin (221-207 av. J.-C.). Les fonctionnaires, appelés plus communément « mandarins » composant cette dernière se trouvaient sous l’égide de l’Empereur et étaient en charge des affaires d’État. Si la sélection des fonctionnaires du pays a connu quelques changements, elle garde tout de même un caractère continu pendant 1300 ans, de 605 à 1905, par le truchement de l’institutionnalisation de l’examen. Celui-ci se fonde sur les connaissances détenues par les candidats à propos des Classiques de Confucius (551-479 av. J.-C., dates incertaines), entre autres lors de dissertations. Selon le résultat obtenu à l’examen, un rang particulier est attribué au candidat. Le niveau atteint par le fonctionnaire néophyte est signalé par plusieurs indicateurs de rangs, dont participe le « carré de mandarin » ou insigne de rang. L’origine de la forme carrée de l’insigne de rang serait à attribuer aux Yuan (1279-1368). Ces derniers auraient effectivement importé la coutume du port d’un empiècement carré formulant alors l’indication du statut social. Plusieurs sources conduisent à cette hypothèse : d’une part, une illustration du texte Shilin Guangji permet d’identifier un fonctionnaire mongol portant un tissu carré sur la partie postérieure de sa toge. D’autres exemples matériels existent : la Plum Blossoms Gallery de Hong Kong a pu conserver un badge de vingt-neuf centimètres sur trente figurant un cerf et datant du XIIIe siècle. Au-delà des pièces retrouvées au sein de sites funéraires, une sculpture retrouvée à Yangqunmiao constitue l’attestation tridimensionnelle du port de l’insigne carré. L’utilisation de la forme carrée de l’insigne de rang des fonctionnaires pourrait également être justifiée par la distinction de forme opérée entre les terrasses circulaires des autels dédiés aux déités supérieures - Shang Di notamment – et les plateformes carrées des autels consacrés aux déités d’importance moindre. Les sites sacrificiels de Pékin, reconstruits sous Yongle entre 1403 et 1424 ont conservé cette distinction formelle entre certaines terrasses de la partie Sud de la Cité Interdite ; le temple du paradis, avec ses terrasses circulaires contraste avec son équivalent, l’autel de l’agriculture, de forme carrée. Parallèlement à la très probable origine Yuan de la forme carrée de l’insigne, la technique de réalisation du badge conservé dans les collections du musée des Tissus, la tapisserie de type kesi, aurait également été importée par les populations du Nord. Les tisserands Liao et Jin ont en effet permis un transfert de cette technique aux Song du Nord qui lui donnèrent une prospérité avérée grâce au patronage de la cour impériale. Sous les Ming (1368-1644), la pièce de tissu est le plus souvent cousue en paire sur l’avers et le revers de la robe du mandarin, tandis qu’elle prend place sur un sur-manteau de cour (ou surplis), bufu, durant la dynastie Qing. Ce changement de support explique notamment qu’à partir de la dernière dynastie impériale chinoise les insignes composant la paire ne sont pas tout à fait semblables. L’insigne porté sur le devant est divisé en deux parties en son centre du fait de l’ouverture du surplis, alors que celui sur l'arrière est d'un seul tenant (c'est le cas de l'exemplaire du musée des Tissus, qui ne conserve pas son pendant antérieur).  L’identification du rang du mandarin propriétaire de ce carré est permise par une règlementation progressive de l’iconographie des insignes d’État. Sous le règne de l’Empereur Hongwu, en 1391, il fut défini que les fonctionnaires, selon qu’ils fussent civils ou militaires, devaient porter sur leur pièce de tissu une espèce animalière précise. Les oiseaux, symboles d’élégance et de raffinement, étaient l’apanage des fonctionnaires civils, alors que les insignes de militaires étaient ornés d’animaux féroces. Neuf rangs furent mis en place pour chaque catégorie de manière stricte à partir de 1527, ceci permettant de connaître l’importance du personnage concerné. L’exemplaire du musée des Tissus présente en son centre un faisan argenté tourné vers l’épaule gauche du propriétaire, ceci impliquant que son pendant antérieur illustrait un faisan argenté tourné vers l’épaule droite. Cette information permet d’affirmer qu’il appartenait à un fonctionnaire civil de cinquième rang. Les épouses de mandarins avaient également le droit de porter l’insigne, mais le regard de l’oiseau était dirigé vers l’autre épaule, de sorte que lorsque les époux étaient assis l’un à côté de l’autre, leurs oiseaux se fissent face. Les deux portraits d’ancêtres réalisés durant la seconde moitié du XIXe siècle (D979-3-2162 et D979-3-1563) conservés au musée des Confluences, à Lyon, illustrent assez bien ce positionnement des oiseaux.  Durant les dernières décennies de la dynastie Qing, de nombreux événements politiques sont intervenus et ont été vecteurs de changement à propos des insignes de rangs. Suite à la première Guerre de l’opium (entre 1839 et 1842) et parallèlement à une croissance démographique importante ainsi qu’à une ascension économique et sociale des marchands, la production des insignes de rangs se fait de manière quasi-industrielle. Le gouvernement chinois met notamment en vente les charges de fonctionnaires afin de créer une rentrée d’argent. Les décors sont préparés en amont puis le motif central est apposé en fonction de la personne recevant la charge. Cette pratique est attestée grâce à la conservation dans certaines collections d’exemplaires ne comprenant pas en leur sein d’oiseau ou d’animal féroce (voir en ce sens le 30.75.903 au Metropolitan Museum de New York). Postérieurement à la seconde Guerre de l’opium (entre 1856 et 1860) et à la révolte des Taiping (entre 1851 et 1864), un double effet est notable concernant les carrés de mandarins : beaucoup de Chinois perdent foi en ce système de rangs, alors que l’iconographie des carrés comprend de plus en plus de signes de chance et de plantes de bon augure. Ce phénomène de production massive a causé une lecture difficile des iconographies ainsi qu’une compréhension altérée des rangs dans la seconde moitié du XIXe siècle.  L’insigne conservé au musée des Tissus présentant un faisan argenté participe de cette période, notamment par l'agencement davantage décoratif que significatif des symboles taoïstes et leur accumulation. Il constitue un des derniers témoignages d’une production de carrés de mandarins sous la dynastie Qing. La composition, et plus précisément le faisan argenté en vol au centre, ne correspond pas à un trait caractéristique des carrés traditionnels Qing. En effet, il est davantage possible de le trouver sous les Ming. Même si certains exemples produits au XIXe siècle présentent un oiseau en vol (voir, par exemple, au Victoria & Albert Museum de Londres, inv. T.140-1948), ils n'usent pas d'une accumulation iconographique, ceci confirmant leur vocation première d'identification du rang du fonctionnaire. Le carré du musée des Tissus pourrait alors être un exemple de production d'insigne dans une visée décorative, et non purement d'identification d'un rang de fonctionnaire : contrairement à la plupart des carrés conservés dans la collection du musée des Tissus, certains exemplaires ont été produits à destination des touristes et employés dans une visée purement décorative et occidentale, dans l’ornement de sacs ou de coussins par exemple. Nicolas Lor (fr)
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