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| - Cette laize de soierie pour siège à dossier droit est décorée de deux motifs complémentaires destinés respectivement à orner un fond et son dossier. Le dossier porte toujours le motif principal. Dans ce cas, il s’agit d’un paon déployant sa parure dans une couronne de fleurs de lys reposant sur un culot d’acanthe. Le fond est orné d’une rosace inscrite dans une roue de rosettes doublée de fleurs de lys. La laize a été exécutée selon la technique du lampas taille-douce qui produit, avec seulement deux couleurs, des effets de tons différents. Grâce à un système de croisures différenciées des fils de trame avec les fils de deux chaînes de liage (dont une nommée « taille-douce ») en fonction du dessin, il est possible d’imiter le jeu de la lumière sur les motifs et même de créer un effet ombré à l’arrière-plan. Grâce aux archives de la maison Dutillieu et Cie puis Dutillieu, Rey et Cie que la Chambre de Commerce a acquises en 1848, à la liquidation de l’entreprise, il est possible d’attribuer la laize à cette maison. En effet, le musée des Tissus conserve des patrons sur papier végétal de laizes tissées à disposition pour siège très comparables. Il est probable qu’elles aient d’ailleurs été réalisées à l’aide du régulateur. En effet, le fondateur de la maison, Gabriel Dutillieu (1757-1828), est l’inventeur, en 1809, de cette machine qui assure une hauteur parfaitement égale pour chaque dessin se répétant tout au long du tissage. Gabriel Dutillieu avait souhaité que son invention profite à la Fabrique, il ne l’a donc pas protégée par un brevet. Le tissu conservé au musée des Tissus et intitulé Le Génie de la Fabrique (inv. MT 2837) est la première étoffe tissée au moyen du régulateur, sans doute pour convaincre les pairs de Gabriel Dutillieu de l'efficacité de l'invention.
La laize pour fond de siège a été réalisée entre 1815 et 1825. Sous les règnes de Louis XVIII et de Charles X, la Fabrique lyonnaise qui s’était déshabituée des formules qui firent la gloire des XVIIe et XVIIIe siècles, poursuit un style décoratif et ornemental hérité de l’Empire en prenant soin toutefois d’intégrer les symboles de la monarchie. En 1823, à l'Exposition des produits de l'industrie française, Dutillieu obtenait une médaille d'or pour « des veloutés, des satins gaufrés, des étoffes figurées d'un goût très pur et d'une exécution parfaite » et l'on rappelait qu'il avait « inventé un mécanisme auquel, entre autres avantages, on doit l'extrême régularité qu'on remarque dans le crêpe. » Le 30 novembre de la même année, il s'associait avec Philibert Rey, Albert Dutillieu, son neveu, et Joseph-Valéry Dutillieu, son fils, sous la raison sociale Dutillieu, Rey et Cie. Gabriel Dutillieu mourut à Lyon le 7 novembre 1828.Claire Berthommier (fr)
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