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| - Ces fragments, avec de nombreux autres conservés au musée du Louvre (inv. E 29212), sont tout ce qui subsiste du costume d'un « officier, vêtu du [...] manteau de drap [...] garni de soieries [...]. Des jambières de drap semblables, semblablement ornées vers le bas, retombaient sur des brodequins bruns, maintenus par un lien de cuir. » Les larges bandes de soie qui subsistent étaient appliquées en parements de l’ouverture frontale et du bas des manches et les plus fines, aux bords repliés, servaient de « cache-coutures », comme le montrent les exemplaires presque complets de manteaux du musée des Tissus (inv. 34872, MT 2013.0.6 et MT 34872 bis). Dans le montage réalisé au Louvre pour la présentation au public (52 x 66 cm), les bandes ont été disposées parallèlement et leur alignement évoque la composition du lé d’étoffe tel qu’il a été tissé avant d’être découpé. Au musée des Tissus, seuls subsistent trois fragments de la soierie.
Les décors sont très couvrants et leurs couleurs se détachent sur un fond bleu indigo. Ils consistent en deux motifs complexes qui se répètent le long de registres horizontaux et alternent d’une ligne à l’autre dans leur répétition verticale. Les fragments du Louvre montrent la succession d’au moins quatre registres. Chaque motif est formé d’un socle semi-circulaire (amande fleuronnée entre deux appendices ou portion de disque rayé d’où partent des languettes verticales), sur lequel sont posées deux têtes d’oiseaux se tournant le dos. Leurs crêtes ont parfois été prises pour celles de coqs ou de perroquets mais il doit s’agir de griffons aux cornes rouges et aux becs crochus et de paons aux aigrettes blanches. Ces derniers portent un collier à médaillon et se détachent sur une auréole festonnée, sans doute la queue faisant la roue. Quant aux premiers, ils sont surmontés d’une paire d’ailes recourbées autour d’une plante à trois lobes. Bien que les fils de soie aux diverses teintes aient produit ce décor coloré, certaines parties ont été complétées au pinceau : les têtes des griffons sont reprises à la peinture blanche, posée sur une préparation rouge, tandis que leur support est rehaussé d’une couche jaune assez épaisse contenant de la cire. Le procédé, inhabituel, a été identifié seulement sur cette étoffe. Il témoigne de sa grande qualité et de sa valeur inestimable. Albert Gayet l’a découverte dans une tombe d’époque romaine. La datation au radiocarbone d’un fragment du Louvre est compatible avec cette assertion (IVe siècle) mais laisse aussi la possibilité d’une exécution plus tardive, jusque dans les trois premiers tiers du VIe siècle.
Dominique Bénazeth (fr)
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