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  • Insigne de rang de fonctionnaire chinois ou « carré de mandarin », dit aussi buzi, en deux parties, représentant une caille (fr)
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  • Cet insigne de rang de fonctionnaire civil Qing se compose de deux éléments cousus ensemble. Il définit une partie centrale ainsi qu’une bordure décorative. La première figure une caille debout se détachant sur un fond bleu foncé décoré de volutes et de végétaux dorés. La caille est tournée vers la droite et repose sur sa patte droite, les ailes déployées, contrairement à l’oiseau en vol en usage sous les Ming. Cet oiseau se situe sur un promontoire rocheux au centre d’un paysage composé en partie inférieure d’une mer agitée ainsi que de nuages chi, au centre de trois massifs rocheux séparés les uns des autres par des vagues stylisées et en partie supérieure de nuages chi ainsi que d’un soleil rouge. Ce carré de mandarin comprend une pluralité de symboles ayant une vocation à la fois bénéfique pour le propriétaire et représentative des qualités de celui-ci. Ainsi, divers objets flottent sur l’étendue aquatique ou dans les airs, et relèvent alternativement d’une iconographie bouddhique, confucianiste ou taoïste. En ce sens, les huit symboles de bonne fortune du bouddhisme sont à signaler de gauche à droite sur les flots : le vase (symbolisant l’intelligence), le poisson (l’abondance), la roue de la Loi (le cycle d’existences) et la fleur de lotus (la pureté de l’esprit). Viennent ensuite le dais (la réussite dans les entreprises), la conque (la voix), le nœud sans fin (la longévité) et l’ombrelle (la dignité). Concernant les huit objets précieux du confucianisme, il convient de noter la présence certaine de cinq d’entre eux, alignés à la hauteur de la tête de la caille. À l’extrémité droite, le corail et la feuille d’achillée (symbole de félicité) ou bien la corne de rhinocéros. Sur la gauche de la caille, la paire de sapèques (caractérisant la richesse) et le parchemin (l’érudition) ainsi que la paire d’ornements rectangulaires, près de la bordure. Enfin, l’ensemble des huit symboles du taoïsme apparaît dans la partie supérieure du paysage et commémorent les huit immortels. Ainsi, de la gauche vers la droite se trouvent l’éventail de Zhongli Quan et le tube musical en bambou, yugu, de Zhang Guolao, la corbeille de fleurs de Lan Caihe ainsi que les castagnettes de Cao Guojiu, la flûte de Han Xiangzi et la calebasse de Tieguai Li. La série prend fin sur l’extrémité droite de la composition avec l’épée de Lu Dongbin et le lotus de He Xiangu. Certains éléments du paysage sont aussi porteurs d’un sens métaphorique. À partir des massifs rocheux latéraux s’épanouissent en effet plusieurs variétés notables de plantes : la pivoine arbustive (caractérisant l’honneur, la noblesse et la santé), le pêcher (l’immortalité) et le lingzhi (l’immortalité et la longévité, émergeant des nuages), le narcisse (symbole d’immortalité ou de bonheur) se situant à gauche. Diverses fleurs difficilement identifiables jalonnent également le paysage. Cette division botanique entre le narcisse et la pivoine au sein du carré est de mise depuis la fin du XVIIe siècle. D’autres iconographies chinoises sont décryptables au sein de la composition : deux chauves-souris, dont la traduction, fu, en chinois est homophone de « bonheur », semblent émerger du bord supérieur de l’insigne. Le caractère wan (signifiant 10 000, ou éternité) de couleur dorée ou vert clair, assimilé au svastika, est présent à la fois en frise sur la bordure et sur la droite de la caille. L’environnement dans lequel évolue la caille est lui aussi significatif, et particulièrement fréquent durant le XIXe siècle dans la composition des paysages des carrés de mandarins. Cet ensemble comprend ainsi les flots en partie inférieure, puis trois rocs avec l’oiseau et les cieux évoqués par les nuages de couleur bleue. En partie supérieure droite, le soleil rouge symbolise l’Empereur et domine les éléments : l’eau, la terre et les cieux. Par ailleurs, la caille se tourne vers l’astre solaire, ceci illustrant l’allégeance que le fonctionnaire prête à l’Empereur. Cette orientation de l’oiseau se retrouve en outre sur la quasi-totalité des carrés de mandarins du musée des Tissus.  Ce carré de mandarin constitue un témoignage du rang atteint par un fonctionnaire de la Chine des Qing au XIXe siècle. Bien avant cette période, la Chine a connu un fonctionnement politique différent de celui de l’Occident, notamment par le biais de sa bureaucratie extrêmement hiérarchisée, remontant au plus tard à la dynastie Qin (221-207 av. J.-C.). Les fonctionnaires, appelés plus communément « mandarins » composant cette dernière se trouvaient sous l’égide de l’Empereur et étaient en charge des affaires d’État. Si la sélection des fonctionnaires du pays a connu quelques changements, elle garde tout de même un caractère continu pendant 1300 ans, de 605 à 1905, par le truchement de l’institutionnalisation de l’examen. Celui-ci se fonde sur les connaissances détenues par les candidats à propos des Classiques de Confucius (551-479 av. J.-C., dates incertaines), entre autres lors de dissertations. Selon le résultat obtenu à l’examen, un rang particulier est attribué au candidat. Le niveau atteint par le fonctionnaire néophyte est signalé par plusieurs indicateurs de rangs, dont participe le « carré de mandarin » ou insigne de rang. L’origine de la forme carrée de l’insigne de rang serait à attribuer aux Yuan (1279-1368). Ces derniers auraient effectivement importé la coutume du port d’un empiècement carré formulant alors l’indication du statut social. Plusieurs sources conduisent à cette hypothèse : d’une part, une illustration du texte Shilin Guangji permet d’identifier un fonctionnaire mongol portant un tissu carré sur la partie postérieure de sa toge. D’autres exemples matériels existent : la Plum Blossoms Gallery de Hong Kong a pu conserver un badge de vingt-neuf centimètres sur trente figurant un cerf et datant du XIIIe siècle. Au-delà des pièces retrouvées au sein de sites funéraires, une sculpture retrouvée à Yangqunmiao constitue l’attestation tridimensionnelle du port de l’insigne carré. L’utilisation de la forme carrée de l’insigne de rang des fonctionnaires pourrait également être justifiée par la distinction de forme opérée entre les terrasses circulaires des autels dédiés aux déités supérieures - Shang Di notamment – et les plateformes carrées des autels consacrés aux déités d’importance moindre. Les sites sacrificiels de Pékin, reconstruits sous Yongle entre 1403 et 1424 ont conservé cette distinction formelle entre certaines terrasses de la partie Sud de la Cité Interdite ; le temple du paradis, avec ses terrasses circulaires contraste avec son équivalent, l’autel de l’agriculture, de forme carrée. Parallèlement à la très probable origine Yuan de la forme carrée de l’insigne, la technique de réalisation du badge conservé dans les collections du musée des Tissus, la tapisserie de type kesi, aurait également été importée par les populations du Nord. Les tisserands Liao et Jin ont en effet permis un transfert de cette technique aux Song du Nord qui lui donnèrent une prospérité avérée grâce au patronage de la cour impériale. Sous les Ming (1368-1644), la pièce de tissu est le plus souvent cousue en paire sur l’avers et le revers de la robe du mandarin, tandis qu’elle prend place sur un sur-manteau de cour (ou surplis), bufu, durant la dynastie Qing. Ce changement de support explique notamment qu’à partir de la dernière dynastie impériale chinoise les insignes composant la paire ne sont pas tout à fait semblables. L’insigne porté sur le devant est divisé en deux parties en son centre du fait de l’ouverture du surplis (comme dans l'exemplaire du musée des Tissus), alors que celui sur l'arrière est d'un seul tenant (comme sur son pendant inv. MT 31806.7). L’identification du rang du mandarin propriétaire de ce carré est permise par une règlementation progressive de l’iconographie des insignes d’État. Sous le règne de l’Empereur Hongwu, en 1391, il fut défini que les fonctionnaires, selon qu’ils fussent civils ou militaires, devaient porter sur leur pièce de tissu une espèce animalière précise. Les oiseaux, symboles d’élégance et de raffinement, étaient l’apanage des fonctionnaires civils, alors que les insignes de militaires étaient ornés d’animaux féroces. Neuf rangs furent mis en place pour chaque catégorie de manière stricte à partir de 1527, ceci permettant de connaître l’importance du personnage concerné. L’exemplaire du musée des Tissus présente en son centre une caille tournée vers l’épaule gauche du propriétaire, ceci impliquant que son pendant postérieur illustre une caille tournée vers l’épaule droite. Cette information permet d’affirmer qu’il appartenait à l’épouse d’un fonctionnaire civil de huitième rang. Les épouses de mandarins avaient en effet le droit de porter l’insigne, mais le regard de l’oiseau était dirigé vers l’autre épaule, de sorte que lorsque les époux étaient assis l’un à côté de l’autre, leurs oiseaux se fissent face. Les deux portraits d’ancêtres réalisés durant la seconde moitié du XIXe siècle (D979-3-2162 et D979-3-1563) conservés au musée des Confluences, à Lyon, illustrent assez bien ce positionnement des oiseaux.  Durant les dernières décennies de la dynastie Qing, de nombreux événements politiques sont intervenus et ont été vecteurs de changement à propos des insignes de rangs. Suite à la première Guerre de l’opium (entre 1839 et 1842) et parallèlement à une croissance démographique importante ainsi qu’à une ascension économique et sociale des marchands, la production des insignes de rangs se fait de manière quasi-industrielle. Le gouvernement chinois met notamment en vente les charges de fonctionnaires afin de créer une rentrée d’argent. Les décors sont préparés en amont puis le motif central est apposé en fonction de la personne recevant la charge. Cette pratique est attestée grâce à la conservation dans certaines collections d’exemplaires ne comprenant pas en leur sein d’oiseau ou d’animal féroce (voir en ce sens le 30.75.903 au Metropolitan Museum de New York). Postérieurement à la seconde Guerre de l’opium (entre 1856 et 1860) et à la révolte des Taiping (entre 1851 et 1864), un double effet est notable concernant les carrés de mandarins : beaucoup de Chinois perdent foi en ce système de rangs, alors que l’iconographie des carrés comprend de plus en plus de signes de chance et de plantes de bon augure. Ce phénomène de production massive a causé une lecture difficile des iconographies ainsi qu’une compréhension altérée des rangs dans la seconde moitié du XIXe siècle.  L’insigne conservé au musée des Tissus présentant une caille en son sein participe de cette période, notamment par la multiplication des symboles de chance, et constitue un des derniers témoignages d’une production de carrés de mandarins sous la dynastie Qing. Il s’agit, par son accumulation iconographique, d’un exemple caractéristique du dernier tiers du XIXe siècle pouvant être comparé au T.55-1968 du Victoria & Albert Museum de Londres à la fois par l’iconographie et la composition. L’intérêt croissant de l’Occident et les premiers développements du tourisme en Chine ont permis la collecte ou l’achat d’insignes de rang. L’exemplaire du musée des Tissus a été l’objet d’une collecte en Chine, tout comme les vingt-huit autres carrés de la série dont il participe, notamment du fait de la réalisation de la doublure d’artisanat chinois. Contrairement à la plupart des insignes conservés au musée des Tissus, certains carrés ont été produits à destination des touristes et ont été dès lors employés dans une visée purement décorative et occidentale, dans l’ornement de sacs ou de coussins par exemple. Nicolas Lor (fr)
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  • Cet insigne de rang de fonctionnaire civil Qing se compose de deux éléments cousus ensemble. Il définit une partie centrale ainsi qu’une bordure décorative. La première figure une caille debout se détachant sur un fond bleu foncé décoré de volutes et de végétaux dorés. La caille est tournée vers la droite et repose sur sa patte droite, les ailes déployées, contrairement à l’oiseau en vol en usage sous les Ming. Cet oiseau se situe sur un promontoire rocheux au centre d’un paysage composé en partie inférieure d’une mer agitée ainsi que de nuages chi, au centre de trois massifs rocheux séparés les uns des autres par des vagues stylisées et en partie supérieure de nuages chi ainsi que d’un soleil rouge. Ce carré de mandarin comprend une pluralité de symboles ayant une vocation à la fois bénéfique pour le propriétaire et représentative des qualités de celui-ci. Ainsi, divers objets flottent sur l’étendue aquatique ou dans les airs, et relèvent alternativement d’une iconographie bouddhique, confucianiste ou taoïste. En ce sens, les huit symboles de bonne fortune du bouddhisme sont à signaler de gauche à droite sur les flots : le vase (symbolisant l’intelligence), le poisson (l’abondance), la roue de la Loi (le cycle d’existences) et la fleur de lotus (la pureté de l’esprit). Viennent ensuite le dais (la réussite dans les entreprises), la conque (la voix), le nœud sans fin (la longévité) et l’ombrelle (la dignité). Concernant les huit objets précieux du confucianisme, il convient de noter la présence certaine de cinq d’entre eux, alignés à la hauteur de la tête de la caille. À l’extrémité droite, le corail et la feuille d’achillée (symbole de félicité) ou bien la corne de rhinocéros. Sur la gauche de la caille, la paire de sapèques (caractérisant la richesse) et le parchemin (l’érudition) ainsi que la paire d’ornements rectangulaires, près de la bordure. Enfin, l’ensemble des huit symboles du taoïsme apparaît dans la partie supérieure du paysage et commémorent les huit immortels. Ainsi, de la gauche vers la droite se trouvent l’éventail de Zhongli Quan et le tube musical en bambou, yugu, de Zhang Guolao, la corbeille de fleurs de Lan Caihe ainsi que les castagnettes de Cao Guojiu, la flûte de Han Xiangzi et la calebasse de Tieguai Li. La série prend fin sur l’extrémité droite de la composition avec l’épée de Lu Dongbin et le lotus de He Xiangu. Certains éléments du paysage sont aussi porteurs d’un sens métaphorique. À partir des massifs rocheux latéraux s’épanouissent en effet plusieurs variétés notables de plantes : la pivoine arbustive (caractérisant l’honneur, la noblesse et la santé), le pêcher (l’immortalité) et le lingzhi (l’immortalité et la longévité, émergeant des nuages), le narcisse (symbole d’immortalité ou de bonheur) se situant à gauche. Diverses fleurs difficilement identifiables jalonnent également le paysage. Cette division botanique entre le narcisse et la pivoine au sein du carré est de mise depuis la fin du XVIIe siècle. D’autres iconographies chinoises sont décryptables au sein de la composition : deux chauves-souris, dont la traduction, fu, en chinois est homophone de « bonheur », semblent émerger du bord supérieur de l’insigne. Le caractère wan (signifiant 10 000, ou éternité) de couleur dorée ou vert clair, assimilé au svastika, est présent à la fois en frise sur la bordure et sur la droite de la caille. L’environnement dans lequel évolue la caille est lui aussi significatif, et particulièrement fréquent durant le XIXe siècle dans la composition des paysages des carrés de mandarins. Cet ensemble comprend ainsi les flots en partie inférieure, puis trois rocs avec l’oiseau et les cieux évoqués par les nuages de couleur bleue. En partie supérieure droite, le soleil rouge symbolise l’Empereur et domine les éléments : l’eau, la terre et les cieux. Par ailleurs, la caille se tourne vers l’astre solaire, ceci illustrant l’allégeance que le fonctionnaire prête à l’Empereur. Cette orientation de l’oiseau se retrouve en outre sur la quasi-totalité des carrés de mandarins du musée des Tissus.  Ce carré de mandarin constitue un témoignage du rang atteint par un fonctionnaire de la Chine des Qing au XIXe siècle. Bien avant cette période, la Chine a connu un fonctionnement politique différent de celui de l’Occident, notamment par le biais de sa bureaucratie extrêmement hiérarchisée, remontant au plus tard à la dynastie Qin (221-207 av. J.-C.). Les fonctionnaires, appelés plus communément « mandarins » composant cette dernière se trouvaient sous l’égide de l’Empereur et étaient en charge des affaires d’État. Si la sélection des fonctionnaires du pays a connu quelques changements, elle garde tout de même un caractère continu pendant 1300 ans, de 605 à 1905, par le truchement de l’institutionnalisation de l’examen. Celui-ci se fonde sur les connaissances détenues par les candidats à propos des Classiques de Confucius (551-479 av. J.-C., dates incertaines), entre autres lors de dissertations. Selon le résultat obtenu à l’examen, un rang particulier est attribué au candidat. Le niveau atteint par le fonctionnaire néophyte est signalé par plusieurs indicateurs de rangs, dont participe le « carré de mandarin » ou insigne de rang. L’origine de la forme carrée de l’insigne de rang serait à attribuer aux Yuan (1279-1368). Ces derniers auraient effectivement importé la coutume du port d’un empiècement carré formulant alors l’indication du statut social. Plusieurs sources conduisent à cette hypothèse : d’une part, une illustration du texte Shilin Guangji permet d’identifier un fonctionnaire mongol portant un tissu carré sur la partie postérieure de sa toge. D’autres exemples matériels existent : la Plum Blossoms Gallery de Hong Kong a pu conserver un badge de vingt-neuf centimètres sur trente figurant un cerf et datant du XIIIe siècle. Au-delà des pièces retrouvées au sein de sites funéraires, une sculpture retrouvée à Yangqunmiao constitue l’attestation tridimensionnelle du port de l’insigne carré. L’utilisation de la forme carrée de l’insigne de rang des fonctionnaires pourrait également être justifiée par la distinction de forme opérée entre les terrasses circulaires des autels dédiés aux déités supérieures - Shang Di notamment – et les plateformes carrées des autels consacrés aux déités d’importance moindre. Les sites sacrificiels de Pékin, reconstruits sous Yongle entre 1403 et 1424 ont conservé cette distinction formelle entre certaines terrasses de la partie Sud de la Cité Interdite ; le temple du paradis, avec ses terrasses circulaires contraste avec son équivalent, l’autel de l’agriculture, de forme carrée. Parallèlement à la très probable origine Yuan de la forme carrée de l’insigne, la technique de réalisation du badge conservé dans les collections du musée des Tissus, la tapisserie de type kesi, aurait également été importée par les populations du Nord. Les tisserands Liao et Jin ont en effet permis un transfert de cette technique aux Song du Nord qui lui donnèrent une prospérité avérée grâce au patronage de la cour impériale. Sous les Ming (1368-1644), la pièce de tissu est le plus souvent cousue en paire sur l’avers et le revers de la robe du mandarin, tandis qu’elle prend place sur un sur-manteau de cour (ou surplis), bufu, durant la dynastie Qing. Ce changement de support explique notamment qu’à partir de la dernière dynastie impériale chinoise les insignes composant la paire ne sont pas tout à fait semblables. L’insigne porté sur le devant est divisé en deux parties en son centre du fait de l’ouverture du surplis (comme dans l'exemplaire du musée des Tissus), alors que celui sur l'arrière est d'un seul tenant (comme sur son pendant inv. MT 31806.7). L’identification du rang du mandarin propriétaire de ce carré est permise par une règlementation progressive de l’iconographie des insignes d’État. Sous le règne de l’Empereur Hongwu, en 1391, il fut défini que les fonctionnaires, selon qu’ils fussent civils ou militaires, devaient porter sur leur pièce de tissu une espèce animalière précise. Les oiseaux, symboles d’élégance et de raffinement, étaient l’apanage des fonctionnaires civils, alors que les insignes de militaires étaient ornés d’animaux féroces. Neuf rangs furent mis en place pour chaque catégorie de manière stricte à partir de 1527, ceci permettant de connaître l’importance du personnage concerné. L’exemplaire du musée des Tissus présente en son centre une caille tournée vers l’épaule gauche du propriétaire, ceci impliquant que son pendant postérieur illustre une caille tournée vers l’épaule droite. Cette information permet d’affirmer qu’il appartenait à l’épouse d’un fonctionnaire civil de huitième rang. Les épouses de mandarins avaient en effet le droit de porter l’insigne, mais le regard de l’oiseau était dirigé vers l’autre épaule, de sorte que lorsque les époux étaient assis l’un à côté de l’autre, leurs oiseaux se fissent face. Les deux portraits d’ancêtres réalisés durant la seconde moitié du XIXe siècle (D979-3-2162 et D979-3-1563) conservés au musée des Confluences, à Lyon, illustrent assez bien ce positionnement des oiseaux.  Durant les dernières décennies de la dynastie Qing, de nombreux événements politiques sont intervenus et ont été vecteurs de changement à propos des insignes de rangs. Suite à la première Guerre de l’opium (entre 1839 et 1842) et parallèlement à une croissance démographique importante ainsi qu’à une ascension économique et sociale des marchands, la production des insignes de rangs se fait de manière quasi-industrielle. Le gouvernement chinois met notamment en vente les charges de fonctionnaires afin de créer une rentrée d’argent. Les décors sont préparés en amont puis le motif central est apposé en fonction de la personne recevant la charge. Cette pratique est attestée grâce à la conservation dans certaines collections d’exemplaires ne comprenant pas en leur sein d’oiseau ou d’animal féroce (voir en ce sens le 30.75.903 au Metropolitan Museum de New York). Postérieurement à la seconde Guerre de l’opium (entre 1856 et 1860) et à la révolte des Taiping (entre 1851 et 1864), un double effet est notable concernant les carrés de mandarins : beaucoup de Chinois perdent foi en ce système de rangs, alors que l’iconographie des carrés comprend de plus en plus de signes de chance et de plantes de bon augure. Ce phénomène de production massive a causé une lecture difficile des iconographies ainsi qu’une compréhension altérée des rangs dans la seconde moitié du XIXe siècle.  L’insigne conservé au musée des Tissus présentant une caille en son sein participe de cette période, notamment par la multiplication des symboles de chance, et constitue un des derniers témoignages d’une production de carrés de mandarins sous la dynastie Qing. Il s’agit, par son accumulation iconographique, d’un exemple caractéristique du dernier tiers du XIXe siècle pouvant être comparé au T.55-1968 du Victoria & Albert Museum de Londres à la fois par l’iconographie et la composition. L’intérêt croissant de l’Occident et les premiers développements du tourisme en Chine ont permis la collecte ou l’achat d’insignes de rang. L’exemplaire du musée des Tissus a été l’objet d’une collecte en Chine, tout comme les vingt-huit autres carrés de la série dont il participe, notamment du fait de la réalisation de la doublure d’artisanat chinois. Contrairement à la plupart des insignes conservés au musée des Tissus, certains carrés ont été produits à destination des touristes et ont été dès lors employés dans une visée purement décorative et occidentale, dans l’ornement de sacs ou de coussins par exemple. Nicolas Lor (fr)
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