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  • Le musée des Tissus conserve quatre fragments d'une même étoffe, appartenant au fonds ancien du musée et réinventoriés en 1965, qui illustrent des scènes présentant les allégories des quatre continents connus au XVIIIe siècle. Il s'agit d'un lampas liseré deux lats, blanc et jaune, fond satin bleu. L’Europe (inv. MT 33807.3) en Minerve coiffée d’un casque orné est représentée triomphante sur un socle quadrangulaire à la façade enrichie d’entrelacs. Elle tient une lance et s’appuie sur son bouclier à tête de cheval. Entourée de deux rameaux d’olivier symbolisant la paix, la déesse de la guerre et de la sagesse est assise sur les trophées de deux drapeaux et d’une trompette. Parmi ces butins, une ancre, un caducée et une corne d’abondance présagent une économie prospère grâce à la navigation, au commerce et à l’agriculture. L’Europe construite par la paix et la prospérité semble être présentée comme le centre « des quatre parties du monde ». Autour de cette Europe rayonnante se déploie un décor enrichi de guirlandes fleuries et de cordons de perles suspendus par des papillons. Près des lisières, de chaque côté, un amour porte une corbeille de fleurs. L’Asie (inv. MT 33807.1), sur un socle semblable, est personnifiée par un Indien portant un turban avec une aigrette, enturbanné à la manière d’un maharaja. La scène narre la promenade de ce dernier qui avance sur le dos d’un chameau. Se protégeant du soleil, l’homme tient dans sa main gauche une ombrelle. Derrière lui, un petit singe l’accompagne et joue avec un papillon. Les pieds dans le sable, un second homme enturbanné à la tenue modeste, dirige l’animal dans le désert. On retrouve les mêmes motifs ornementaux déjà présents autour de Minerve ; des rangs de perles suspendus par des insectes et un amour, de chaque côté, portant une corbeille de fleurs. L’Afrique (inv. MT 33807.4) est aussi représentée sur un piédestal quadrangulaire. Près des lisières, un chasseur coiffé d’un turban est en train de tuer un lion qu’il enjambe avec une lance. La symétrie du dessin sur la tenture donne l’illusion que deux chasseurs se font face. En réalité, lorsque les laizes étaient raccordées, le médaillon contenant l'allégorie de l'Afrique comprenait bien deux chasseurs, mais dos à dos, chacun faisant face à un autre chasseur dans le médaillon adjacent. Au centre, deux amours sur une terrasse en forme d’amande soutiennent une corbeille garnie de fleurs. De cette corbeille sont issus deux rameaux qui rejoignent le sujet supérieur. Le dernier continent, l’Amérique (inv. MT 33807.2), est figuré par un indigène assis de profil sur un rocher et tenant un arc dans sa main gauche. Il est représenté lui aussi sur une base quadrangulaire, porte une coiffe de plumes et un pagne de feuilles. Un perroquet est perché sur ses genoux. La symétrie maîtrisée du dessin donne comme pour l’allégorie précédente l’impression que deux indiens sont sur le point de se défier. Au centre, le même couple d’amours porte une corbeille fleurie. Un meuble au dessin similaire mais dans un coloris différent, bleu et blanc, a fait l'objet d'une acquisition, en 1784, par le Garde-Meuble de la Couronne auprès du marchand d'étoffes de soie parisien Michel et Cie. Il est utilisé cette même année pour le Grand Cabinet de la Reine Marie-Antoinette à Rambouillet, et le reste de l'étoffe est employé deux ans plus tard pour le Cabinet des Bains des appartements de Louis XVI au château de Compiègne. L'acquisition de l'étoffe est menée en grande hâte pour l'ameublement du nouveau relais de chasse du Roi. Louis XVI multiplie les commandes pour rendre plus agréable la vie de la reine dans ce château. Le « meuble de lampas bleu et blanc » est utilisé pour « I ecran (...). Un canapé de 6 pds, avec matelas, rondin et 2 carreaux. Une bergere. Six fauteuils. Quatre chaises. Un paravent de six feuilles sur 4 pds. Un bout de pied. Un tabouret. Le tout couvert du même lampas avec housses de toile à carreaux, les bois sculptés et peints en blanc. » Le mobilier est exécuté par les frères Toussaint Foliot et François II Foliot, et la garniture est réalisée par Claude-François Capin, tapissier ordinaire du Roi, au Garde-Meuble de la Couronne. En mai 1786, on prévoit d'aménager à Compiègne un cabinet dans l'ancienne Chambre à coucher des Bains du Roi. Un mobilier existait, tout récent, dans les cabinets entresolés. On décida de la compléter. Grâce aux trois aunes et demie de « damas restant en magasin, dessein (sic) chinois bleu et blanc », dont on précise ailleurs que c'est un « damas lampas dessin chinois à parasol restant du meuble de la Reine à Rambouillet », Claude-François Capin put réaliser « deux croisées de rideaux » et garnir « un canapé de 4 pds 1/2 de long (...). Deux bergeres, six fauteuils à carreaux de plume, deux chaises à carreaux de crin, un ecran, le tout couvert en lampas dessin chinois, exceptées les deux chaises dont l'étoffe est à ramage de fleurs, les bois sculptés peints en blanc. » Les fragments conservés à Lyon ne nous donnent qu’une vision incomplète du dessin d’origine. Les exemplaires encore conservés au Mobilier national (inv. GMMP 1657), dans la couleur choisie par le Garde-Meuble de la Couronne, ou acquis par la Fondation Abegg, à Riggisberg (inv. Nr. 2757), un lampas fond satin vert, liseré blanc et crème, permettent d'apprécier le rapport de dessin dans sa globalité. Le dessin est conçu en « raccord droit ». Le décor s’organise dans un réseau de médaillons en mandorle disposés en quinconce, formés par des rinceaux de feuilles de chêne jaillissant de corbeilles de fleurs portées par deux Amours. L’Europe et l’Asie sont tissées en figure unique « à disposition » tandis que l’Afrique et l’Amérique, en deux figures symétriques, sont exécutées selon un tissage « à pointe » sur les côtés de la laize. C’est ici que le tapissier peut assurer le raccord des différents panneaux de la tenture. Ce raccord une fois réalisé, les médaillons de l’Afrique et de l’Amérique comportent donc deux figures, symétriquement affrontées, l'Amérique prenant place entre l'Asie et l'Europe, l'Afrique entre l'Europe et, de nouveau, l'Asie. On ne connaît pas, malheureusement, le nom du fabricant qui exécuta cette étoffe, mais seulement celui du marchand qui fournit le Garde-Meuble, Michel et Cie. Sous le règne de Louis XVI, le rôle des marchands-fabricants est important. Ils représentent les manufactures à Paris, emploient eux-mêmes des ouvriers, répondent aux commandes officielles ou soumettent des étoffes déjà exécutées, disponibles dans leurs boutiques. Une note du Garde-Meuble de la Couronne, datée du 11 mai 1784, indique : « M. le Commissaire général a choisi le damas lampas bleu et blanc que M. Michel peut fournir sur le champ l’ayant en pièce et choisissant le bleu le moins foncé ». Ce lampas a été acheté au prix de vingt-deux livres l’aune. Manifestement l’étoffe était disponible en plusieurs couleurs puisqu’on choisit le « bleu le moins foncé ». Cette étoffe est d’ailleurs différente des fragments que le musée des Tissus de Lyon conserve et qui sont bien des tissages anciens. Les fragments de Lyon proviennent d’une étoffe exécutée probablement au même moment mais liserée de blanc et de jaune. La laize conservée à la Fondation Abegg montre une troisième variante de ce meuble. Ernest Dumonthier, lorsqu'il publie en 1910 son ouvrage Étoffes et tapisseries d'ameublement des XVIIe et XVIIIe siècles, attribue l'étoffe à la manufacture de Camille Pernon. Plus récemment, une autre attribution a été proposée. Sur la base de critères techniques, stylistiques et iconographiques, plusieurs lampas à décors en arabesque ont en effet été rapprochés, parce qu'ils semblent former un groupe relativement homogène, attribuable à une même fabrique. Ces lampas se distinguent par un rapport de dessin important, comportant plusieurs sujets superposés, le plus souvent quatre ; la plupart du temps aussi, les dessins ne comportent ni raccords sautés ni raccord droit, à l'exception, précisément, du « damas lampas bleu et blanc, dessin chinois à parasol » dit « des quatre parties du monde ». Les étoffes étaient destinées au meuble, pour garnir la paroi au-dessus d'un bas lambris, former des rideaux de croisées ou être utilisées, découpées, comme garniture d'écran, de paravent et même de sièges. Il s'agit toujours de dessins à pointe, qui peuvent inclure des sujets en médaillon central, bien souvent des figures mythologiques ou allégoriques. Toutes ces tentures sont des lampas, fond satin, à deux lats de liseré, le plus souvent liés en taffetas. Quand les lisières sont conservées, elles sont généralement rayées. Le fond satin est fréquemment bleu clair ou vert, tramé blanc et gris effet argent. Les commandes du Garde-Meuble indiquent qu'il pouvait être enrichi d'un filé métallique argent, sur certains exemplaires, dont un unique fragment semble avoir subsisté au Victoria & Albert Museum, à Londres (inv. T. 265-1958). Dans ce groupe figure un « damas lampas bleu et blanc ombré gris » à « dessein (sic) arabesque à figures ciclopes (sic) et autres animaux » commandé en 1785 à Louis Reboul, Fontebrune et Cie pour le Salon des Jeux du Roi au château de Fontainebleau. Des échantillons de la même tenture en « lampas fond vert lilas et argent, lampas idem broché argent, lampas idem bleu et argent » ont été proposés à Thierry de Ville d'Avray, qui ne les retint pas. Le lampas fut utilisé par Claude-François Capin en 1787 pour la confection des rideaux de croisées et la garniture des sièges, du paravent et de l'écran du Salon des Jeux pour lequel il était prévu. En 1787, la même étoffe avait servi pour la chambre de Thierry de Ville d'Avray au Garde-Meuble, place Louis XV, pour un meuble composé de la tenture, des portières, du lit, des sièges, d'un paravent et d'un écran. L'année suivante, le même lampas était remis à Claude-François Capin pour le service de Madame Élisabeth à Versailles. Le tapissier confectionna un lit de repos et le décor de la niche, ainsi que la garniture des sièges. Pour cette même princesse, l'étoffe « à figures de ciclopes (sic), fleuves et autres attributs, fond bleu, dessin blanc et gris » est encore employée en 1789 pour la tenture, les rideaux de croisées, les sièges, l'écran et le paravent de son Salon de compagnie à Montreuil. Enfin, en 1791, le nouveau meuble du Salon de Marie-Antoinette aux Tuileries comprenant la tenture en dix pièces, les portières et la garniture des sièges et paravent. Le musée des Tissus conserve un exemplaire de ce meuble (inv. MT 24572.1). L'indicateur alphabétique de Lyon pour l'année 1788 mentionne ainsi les fabricants qui ont livré ce meuble : « Reboul (L.), Fontebrune, Beraye et Picard, marchands fabricants rue Royale ». Parmi les noms des associés qui travaillent dans cette manufacture apparaît donc celui d'un certain Picard, dans lequel il convient de reconnaître Joseph-Gaspard Picard (1748-1818), qui pourrait être le dessinateur des étoffes constituant le groupe ainsi identifié, et donc l'auteur des mises en carte du lampas « des quatre parties du monde ». On sait peu de choses de Joseph-Gaspard Picard, sinon les rares détails de sa biographie conservés par les archives et les sources ou les informations qui sont fournies par les auteurs de ses éloges funèbres aux Académie de Lyon et de Dijon. Il naquit à Louhans, en 1748. Destiné au barreau par son père, il choisit de suivre son goût pour le dessin et d'embrasser une autre carrière au sein de la Fabrique lyonnaise. Il fut l'élève de Joseph Bourne et Philippe de Lasalle. Il ouvrit un cabinet et fut associé aux principaux fabricants. Il acquit ainsi une solide réputation, jusqu'en Angleterre où l'on désira l'attirer. Il reçut dans son cabinet le Comte du Nord, futur tsar Paul Ier de Russie, et l'empereur Joseph II, auxquels il expliqua les procédés industriels des manufactures : « Laissez, disait l'Empereur à ceux qui l'entouraient, laissez parler ce petit monsieur, il sait mieux que personne se faire comprendre de moi et m'expliquer ce que je désire apprendre. » Le Rapport fait au Conseil du Commerce de Lyon, sur les machines et inventions du citoyen de la Salle pour le perfectionnement des métiers de tire, adressé au ministre de l'Intérieur le 6 germinal an X (27 mars 1802) rappelle que Picard excellait dans les compositions avec de grands rapports de dessin : « (...) le citoyen Picard dont les talents sont propres au grand dessin de la tire et se sont exercés avec succès sur ceux des étoffes pour meuble, à témoigner sa vive satisfaction pour les secours que pourront tirer de ces favorables inventions, les articles dont le genre sera propre aux grandes compositions (...) » (Archives nationales, F12 2199). Joseph-Gaspard Picard devint membre de l'Athénée (Académie de Lyon) après la Révolution et il fut reçu à l'Académie de Dijon le 27 brumaire an XI (17 novembre 1802). C'est à son initiative que l'Académie de Lyon, en 1817, avait entrepris une démarche auprès du maire pour qu'il sollicitât la restitution du Saint Thomas de Salviati, conservé dans l'ancienne église des Jacobins avant la Révolution et transporté à Paris par les agents de la Convention. Une attaque d'apoplexie foudroyante l'emporta. Il est appelé « dessinateur renommé de la Ville » dans le récit qui est fait de sa rencontre avec le Premier Consul, à l'occasion de laquelle il lui offrit un tableau allégorique, un lampas fond satin, deux lats de liserés, dont le musée des Tissus conserve deux exemplaires, le premier acquis lors de la vente de la collection Bert (inv. MT 2846), le second, en vente publique, lors de la dispersion du fonds de la maison Hamot (inv. MT 51248). C'est la seule œuvre signée de Joseph-Gaspard Picard qui a pris soin de faire tisser les lettres I. D. P. dans l'étoffe — Inventor delineavit Picard, comme l'indique l'inscription à l'encre ajoutée sous les lettres tissées sur un troisième exemplaire du tableau allégorique conservé à l'Académie de Lyon — et c'est elle qui a permis d'attribuer les autres lampas à ce dessinateur. Le « damas lampas bleu et blanc, dessin chinois à parasol » dit « des quatre parties du monde » répondait parfaitement aux modèles de tentures à fond bleu pâle ou vert d’eau déployant des guirlandes fleuries, des cordons de perles autour de compositions allégoriques dans des médaillons qui caractérisent les panneaux dits en « en arabesque », où le goût Rocaille pour la « chinoiserie » laisse progressivement place aux nouveaux modèles de l'Antiquité. Le succès du dessin est attesté par les retissages précoces de ce meuble (Paris, musée de la Mode et du Textile, Les Arts décoratifs, inv. Pr. 2002.20.16 ; Lyon, maison Prelle, inv. n° ancien LG 1615 ; Côme, Fondation Antonio Ratti, inv. 93 ; Hartford, Wadsworth Athenaeum, inv. 1982.9), auxquels appartient l'exemplaire en bleu pour le Salon des Glaces de Madame Mère, Letizia Bonaparte, à Trianon, ou plus récents, réalisés par les maisons Tassinari et Chatel ou Prelle (Riggisberg, Fondation Abegg, inv. Nr. 1641, 2793 a-b, 2794), comme en témoigne notamment le retissage en rouge pour le Grand Trianon en 1964. Guillaume Caër et Maximilien Durand (fr)
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