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  • Bordure montante neuf pouces, fond ponceau, dessin couleur d'or à feuilles et fleurs de lauriers, rinceaux et culots dans le talon, pour la Salle de la Bibliothèque du Premier Consul au Palais de Saint-Cloud (numéro de patron 1597) (fr)
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  • La première commande de soieries passée à Lyon sur les ordres du Premier Consul date de l'an X (1802). Elle est alors exclusivement réservée au Palais de Saint-Cloud, et elle est engagée par Michel Duroc, à qui avait été confiée la responsabilité « de l'administration et de la police intérieure et extérieure du palais des Tuileries et du château de Saint-Cloud » depuis le 21 brumaire an X (12 novembre 1801). Camille Pernon (1753-1808), ancien fournisseur du Garde-Meuble royal, en fut le seul bénéficiaire. Pour la Salle de la Bibliothèque du Premier Consul (futur Grand Cabinet de l'Empereur, servant de Salle du Conseil), au premier étage des grands appartements, dans la partie centrale sur la cour d'honneur, on commande une tenture en damas vert en gros de Tours et satin, à dessin de palmes, couronnes de lierre et d'olivier en largeur vingt pouces ou 11/24 (Paris, Mobilier national, inv. GMMP 1739/4), des bordures transversales en brocart or, fond ponceau, dessin à feuilles et fleurs de laurier, rinceaux et culots dans le talon en largeur dix-huit pouces (Paris, Mobilier national, inv. GMMP 246/1), des bordures montantes en dix-huit pouces (Paris, Mobilier national, inv. GMMP 246/2) et neuf pouces (n'existe plus dans les collections du Mobilier national ; Lyon, musée des Tissus, inv. MT 3087), dessin pareil, des bordures pour rideaux et portières, largeur neuf pouces, six lignes, dessin pareil (n'existe plus dans les collections du Mobilier national), des bordures pour sièges, en largeur trois pouces, dessin de rinceaux (inv. GMMP 246/3), un pouce neuf lignes, dessin à suite de culots et de rosettes (inv. GMMP 246/4) et dix lignes (n'existent plus dans les collections du Mobilier national), en brocart or, fond ponceau, et des écussons dix pouces (inv. GMMP 247) et six pouces (inv. GMMP 248), brocart or, fond ponceau, à dessin de couronnes d'olivier. Les premières livraisons eurent lieu entre le 29 floréal an XII et le 29 germinal an XIII (19 mai 1804-19 avril 1805). La totalité de la commande fut inscrite à l'inventaire des étoffes existant au Garde-Meuble en 1806. Par soumission du 11 novembre 1806, approuvée le 26 décembre suivant et ordre du 20 janvier 1807, une commande complémentaire fut adressée à Camille Pernon qui livra le seize février suivant.  Les étoffes furent remises à Terrier, tapissier du Mobilier impérial, en ventôse an XIII (février-mars 1805). Elles servirent à confectionner une tenture en huit parties, encadrée de bordure et bordée au pourtour d'un câblé en soie cerise, vert et or. Le mobilier du Grand Cabinet de l'Empereur se composait alors de deux canapés, quatre fauteuils, huit tabourets, en bois sculpté et doré, couverts en brocart vert et or, auxquels avaient été ajoutées seize chaises, également en bois doré, mais couvertes en étoffe de soie orange et verte.  Canapés et fauteuils furent renvoyés au Garde-Meuble en 1807. En avril 1806, on confia à Pierre-Jean-François Susse, tapissier établi au 274, rue Saint-Honoré, des étoffes pour couvrir en damas semblable à la tenture quatre fauteuils en bois de hêtre richement sculpté et doré ainsi que trente ployants en bois doré à griffes et têtes de lion. Ce décor resta dans le Grand Cabinet de l'Empereur jusqu'au 15 avril 1813, date à laquelle il fut remplacé par le velours chiné fond pourpre à couronnes et étoiles également réalisé par Camille Pernon (inv. MT 24805). Bien qu'étant restés en place de 1805 à 1813, le damas vert et ses bordures du Grand Cabinet de l'Empereur avaient suscité très rapidement des problèmes. Dès le 2 septembre 1807, en effet, l'Empereur envoyait à Emmanuel Crétet, ministre de l'Intérieur, une note sévère signalant que « la tenture verte avec les bordures roses tissues en or, qui a été placée dans le Cabinet de Sa Majesté à Saint-Cloud il n'y a pas beaucoup plus d'un an est déjà passée ». Napoléon invitait Crétet « à écrire aux syndics de Lyon que la fabrique de cette ville ne fabrique pas de manière à conserver sa réputation [...]. Les syndics se transporteront chez le fabricant, examineront d'où provient le vice de fabrication et rendront un compte qui sera mis sous les yeux de Sa Majesté. Les étrangers qui voient dans un tel état des ameublements aussi modernes ne peuvent que prendre une très mauvaise idée de la fabrique de Lyon. » Le 7 septembre 1807, Crétet écrivait aux membres de la Chambre de Commerce de Lyon pour les informer du problème posé par « une tenture verte qui décore un des salons de St Cloud, dont la teinture était si faible qu'elle a été altérée en moins de deux ans [...]. La bordure brochée en or fond cramoisi est totalement décolorée. » Le 11 septembre, depuis Berlin, Pierre Daru ordonne à Alexandre Desmazis, administrateur du Mobilier impérial, de « témoigner le mécontentement de l'Empereur à Mr Pernon, pour ses mauvaises fournitures, et le prévenir que non seulement on lui fera éprouver des déductions, mais qu'aussi on s'adressera à d'autres ». On demande à Claude-Louis Berthollet, chimiste, directeur des teintures des Gobelins, et Jean-Louis Roard, directeur des teintures des Manufactures impériales, de rédiger des rapports sur la solidité des couleurs des soieries livrées par Pernon. Dans le rapport qu'il remet à Duroc le 1er avril 1808, Berthollet rappelle d'abord que le Conseil des Prud'hommes était arrivé à la conclusion « qu'il n'y a pas eu de vices dans la teinture des soies employées à la fabrication de ces étoffes. » Pour expliquer l'altération des couleurs, les membres du Conseil l'attribuent « soit à l'humidité des murs sur lesquels le meuble a été tendu et à l'action de la chaux ou du plâtre dont ils étaient fraîchement enduits, soit à l'action du soleil pénétrant à travers des vitraux, qui, en concentrant les rayons, dévorent les nuances, soit enfin aux brouillards qui règnent fréquemment à St Cloud. » Berthollet avait donc demandé à Roard de préparer « différens échantillons de soie en étoffe et en fil, d'une couleur autant pareille qu'on le pourrait à celle des étoffes des meubles de St Cloud, en insistant particulièrement sur le ponceau. » Ces échantillons avec « un morceau de chacune des deux étoffes employées à St Cloud » furent fixés sur un carton et exposés pendant un mois à l'action de la lumière derrière un carreau de vitre. Berthollet put constater que le meuble ponceau « était déjà fort altéré après deux ou trois jours d'exposition. » L'étoffe « avait reçu le plus mauvais teint qu'on puisse imaginer [...]. Le ponceau fin, qui doit sa couleur au Carthame et que l'on peut sans scrupule employer pour des étoffes destinées à un usage passager, a promptement perdu son éclat et s'est comporté comme l'étoffe du meuble ; mais on n'imaginerait pas de faire un meuble précieux avec une couleur si fugitive. » Pour le meuble vert, le jaune dont il était composé « a été promptement altéré et l'échantillon est passé au bleu. » Berthollet attribuait ces dégradations « non aux causes locales que l'on a indiquées mais [...] à la mauvaise qualité des teintures. Il est indubitable que l'on a point employé la cochenille pour le ponceau, mais quon s'est servi de quelque mauvais procédé. [...] On a employé pour faire le vert quelque mauvais jaune, tel que le Curcuma, en sorte qu'il a été détruit promptement et que le bleu seul est resté. » Berthollet concluait que « la fabrique de Lyon s'expose à perdre sa réputation et son crédit si elle n'établit pas une surveillance sévère sur les teintures des étoffes qui sont destinées à un si long usage. » Le 10 avril 1808, Duroc transmit à Daru la réponse de Berthollet. Le Grand Maréchal précisait que « l'intention de S. M. est que l'on fasse la retenue des dommages que (Pernon) fait éprouver à la Couronne et qu'on lui rende et sans les payer les étoffes reconnues comme mauvaises. » Le 16 mai 1808, Camille Pernon fit part à Daru de son « étonnement » et de son « chagrin », protestant que les rapports demandés par l'Empereur montraient sa bonne foi : il était « bien loing d'avoir mis de la négligence ou une cupidité mal entendue dans l'ordonnance des étoffes dont on se plaint, les couleurs qui y ont été employées étaient alors réputées les plus solides, [...] je les ai payées le prix le plus haut. » Le 19 mai 1808, Crétet, qui venait de recevoir de la Chambre de Commerce et du Conseil des Prud'hommes de Lyon le résultat de l'enquête faite sur place sur ordre de l'Empereur, prévenait Desmazis que cet élément pouvait être « de nature à changer la direction de cette affaire. » Il proposait à Desmazis, s'il était besoin de désigner des experts, de nommer « M. Bardel, père, ancien fabricant, Commissaire expert du Gouvernement et membre du Conseil des Arts et Manufactures. » Le 27 mai, de Bayonne, l'Empereur remerciait Crétet du compte rendu qu'il lui avait dressé « sur les teintures des étoffes de Lyon ». Il annonçait également : « Portez la plus grande attention sur les Teintures de Lyon ; vous savez que c'est une grande partie de nos richesses. Je voudrais établir une chaire de chimie à Lyon ; le chimiste qui y est médiocre, occupez-vous d'y en envoyer un très bon. Présentez-moi un projet pour former là un établissement de chimie qui ait quelque valeur. » Le 12 septembre, Bardel remettait à Desmazis son Rapport [...] sur le rabais que doivent supporter les étoffes fournies par la manufacture de Lyon, pour cause de mauvaise teinture. L'expert y constatait que les teintures étaient de mauvaise qualité, mais, séparant le fabricant du teinturier, il affirmait que le premier avait parfaitement rempli sa tâche et livré des étoffes d'une perfection de goût et de fabrication telles qu'on pouvait l'attendre de la première manufacture d'Europe ; que le seul reproche à lui faire était d'avoir eu trop de confiance dans le teinturier qu'il avait employé ; et que toute la responsabilité du dommage incombait au teinturier. Le 16 septembre, Desmazis transmettait à Daru le rapport de Bardel et celui de Roard. Le 18 novembre, Daru adressait à l'Empereur un très long rapport sur le dossier Pernon. Bardel estimait que les retenues qui devaient être appliquées aux paiements dus à Pernon devaient s'élever à quarante-deux mille neuf cent neuf francs soixante-dix-sept centimes sur un total de quatre-vingt cinq mille sept cent quatre-vingt-six francs quarante-trois centimes. Daru préconisait que l'on ne nuise pas « d'une manière sensible aux fabriques de Lyon si cette circonstance devait les discréditer à l'étranger, par l'éclat qu'elle pourrait produire, dans ce moment surtout où les fabriques d'Allemagne cherchent à rivaliser avec les nôtres. » Les vrais coupables étaient les teinturiers. Ceux-ci étant sans fortune, tout recours de Pernon contre eux serait illusoire. Le 10 décembre, de Madrid, l'Empereur répondait à Daru : « mon intention est que le rabais fixé par l'estimation ait lieu ; mais je ne veux pas que cette somme de 42,909 f 77 c profite au Trésor de la Couronne. Je désire qu'elle soit versée dans une caisse, à Lyon, et destinée à encourager les perfectionnements des couleurs, conformément aux dispositions qui seront arrêtées par le Ministre de l'Intérieur. » Camille Pernon, terriblement affecté par cette affaire, mourut le 14 décembre, laissant sa maison à son associé, Henry Ravy et à Jean-François-Zacharie Grand. Ses sœurs et héritières, Joséphine et Éléonore Pernon, adressèrent le 8 janvier 1809 une demande à l'Empereur pour obtenir la remise de la retenue. La demande fut appuyée par Daru lui-même. Le 11 juin 1809, Napoléon faisait savoir, depuis le Camp impérial de Schönbrunn, qu'il accordait la remise. Louis-Furcy Grognier, en 1825, rapporte ainsi l'affaire dans les Archives historiques et statistiques du département du Rhône : « M. Camille Pernon, célèbre fabricant de notre ville, avait été chargé de tout l'ameublement du château de Saint-Cloud. Il tenait à l'honneur d'étaler dans cette belle résidence tout ce que l'industrie pouvait offrir de plus riche, de plus élégant, de plus somptueux, et il donna tous ses soins pour fabriquer les plus belles étoffes qui fussent sorties des ateliers de Lyon. Mais quel fut son chagrin, lorsqu'il vit par lui-même que presque toutes les couleurs avaient été flétries et fanées dans un an ! Cet habile fabricant s'en trouva si profondément affligé qu'il succomba bientôt à une maladie dont la seule cause fut l'infidélité d'un teinturier en qui il avait eu trop confiance. » Henry Ravy quitta assez vite Zacharie Grand, qui s'associa à son frère Jean-Étienne (dit parfois Jean-Baptiste). Le premier patron répertorié sous le nom de « Grand frères » est une moire noisette à couronne de roses et étoiles commandée à Camille Pernon en 1807 et livrée en 1808. Grâce à un important document conservé au musée des Tissus, on peut désormais attribuer avec certitude le dessin du damas vert à palmes ainsi que celui de ses bordures à Jean-François Bony (1754-1825), célèbre dessinateur de fabrique, brodeur, fabricant et occasionnellement peintre de fleurs. Il s'agit d'un carnet de dessins (inv. MT 27638), que l'artiste a sans doute utilisé entre les années 1802 et 1816. Plusieurs projets contenus dans le carnet sont liés à l'activité de Jean-François Bony au sein de la manufacture de Camille Pernon, entre 1802 et 1808. Les plus anciens concernent justement la grande commande de l'an X pour l'ameublement du Palais de Saint-Cloud. Au folio 13, deux projets relatifs à cette commande sont parfaitement identifiables. Le premier occupe l'angle inférieur droit de la feuille, où se déploient trois branches de chêne sinueuses, chargées de feuilles et de glands. Une inscription indique : « Large feuille de chaîne (sic)/ cramoisi, couleur sur/ couleur et ombré noir. » Il s'agit du projet pour la première étoffe de la première commande de soieries adressée à Camille Pernon par le général Michel Duroc, d'après les ordres du Premier Consul, un damas cramoisi liseré, dessin de feuilles de chêne, pour tenture, portières, rideaux et draperies, destiné à la Salle du Conseil d'État au Palais de Saint-Cloud, future Salle du Trône (Paris, Mobilier national, inv. GMMP 1766/1). Deux autres croquis sur cette même page sont des études pour les motifs de la bordure transversale (Paris, Mobilier national, inv. GMMP 246/1) et de la bordure montante (Paris, Mobilier national, inv. GMMP 246/2 et Lyon, musée des Tissus, MT 3087) en brocart or fond ponceau, dessin à feuilles et fleurs de laurier, rinceaux et culots dans le talon employées pour la Salle de la Bibliothèque du Premier Consul au Palais de Saint-Cloud, devenue ensuite Grand Cabinet de l'Empereur. Par ailleurs, la bordure conservée au musée des Tissus est le seul témoin de la bordure montante en largeur neuf pouces conservé dans les collections publiques. Notons cependant que sur cet exemplaire l'or broché du meuble impérial a été remplacé par de la soie jaune. S'agit-il d'un essai de tissage du meuble définitif ? En tout cas, son caractère exceptionnel avait bien été identifié par son précédent propriétaire, François Bert, professeur de théorie, qui avait réuni un cabinet remarquable, dont une grande partie a été acquise par la Chambre de Commerce de Lyon pour son jeune musée d'Art et d'Industrie en 1862. En 1889, la Chambre de Commerce achetait également à la maison Tassinari et Chatel, qui avait fait l'acquisition du fonds historique de la maison Grands frères, successeurs de Camille Pernon, un damas vert exécuté pour les rideaux et portières de la Salle de la Bibliothèque du Premier Consul au Palais de Saint-Cloud (inv. MT 24818). Maximilien Durand (fr)
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  • 27832
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  • La première commande de soieries passée à Lyon sur les ordres du Premier Consul date de l'an X (1802). Elle est alors exclusivement réservée au Palais de Saint-Cloud, et elle est engagée par Michel Duroc, à qui avait été confiée la responsabilité « de l'administration et de la police intérieure et extérieure du palais des Tuileries et du château de Saint-Cloud » depuis le 21 brumaire an X (12 novembre 1801). Camille Pernon (1753-1808), ancien fournisseur du Garde-Meuble royal, en fut le seul bénéficiaire. Pour la Salle de la Bibliothèque du Premier Consul (futur Grand Cabinet de l'Empereur, servant de Salle du Conseil), au premier étage des grands appartements, dans la partie centrale sur la cour d'honneur, on commande une tenture en damas vert en gros de Tours et satin, à dessin de palmes, couronnes de lierre et d'olivier en largeur vingt pouces ou 11/24 (Paris, Mobilier national, inv. GMMP 1739/4), des bordures transversales en brocart or, fond ponceau, dessin à feuilles et fleurs de laurier, rinceaux et culots dans le talon en largeur dix-huit pouces (Paris, Mobilier national, inv. GMMP 246/1), des bordures montantes en dix-huit pouces (Paris, Mobilier national, inv. GMMP 246/2) et neuf pouces (n'existe plus dans les collections du Mobilier national ; Lyon, musée des Tissus, inv. MT 3087), dessin pareil, des bordures pour rideaux et portières, largeur neuf pouces, six lignes, dessin pareil (n'existe plus dans les collections du Mobilier national), des bordures pour sièges, en largeur trois pouces, dessin de rinceaux (inv. GMMP 246/3), un pouce neuf lignes, dessin à suite de culots et de rosettes (inv. GMMP 246/4) et dix lignes (n'existent plus dans les collections du Mobilier national), en brocart or, fond ponceau, et des écussons dix pouces (inv. GMMP 247) et six pouces (inv. GMMP 248), brocart or, fond ponceau, à dessin de couronnes d'olivier. Les premières livraisons eurent lieu entre le 29 floréal an XII et le 29 germinal an XIII (19 mai 1804-19 avril 1805). La totalité de la commande fut inscrite à l'inventaire des étoffes existant au Garde-Meuble en 1806. Par soumission du 11 novembre 1806, approuvée le 26 décembre suivant et ordre du 20 janvier 1807, une commande complémentaire fut adressée à Camille Pernon qui livra le seize février suivant.  Les étoffes furent remises à Terrier, tapissier du Mobilier impérial, en ventôse an XIII (février-mars 1805). Elles servirent à confectionner une tenture en huit parties, encadrée de bordure et bordée au pourtour d'un câblé en soie cerise, vert et or. Le mobilier du Grand Cabinet de l'Empereur se composait alors de deux canapés, quatre fauteuils, huit tabourets, en bois sculpté et doré, couverts en brocart vert et or, auxquels avaient été ajoutées seize chaises, également en bois doré, mais couvertes en étoffe de soie orange et verte.  Canapés et fauteuils furent renvoyés au Garde-Meuble en 1807. En avril 1806, on confia à Pierre-Jean-François Susse, tapissier établi au 274, rue Saint-Honoré, des étoffes pour couvrir en damas semblable à la tenture quatre fauteuils en bois de hêtre richement sculpté et doré ainsi que trente ployants en bois doré à griffes et têtes de lion. Ce décor resta dans le Grand Cabinet de l'Empereur jusqu'au 15 avril 1813, date à laquelle il fut remplacé par le velours chiné fond pourpre à couronnes et étoiles également réalisé par Camille Pernon (inv. MT 24805). Bien qu'étant restés en place de 1805 à 1813, le damas vert et ses bordures du Grand Cabinet de l'Empereur avaient suscité très rapidement des problèmes. Dès le 2 septembre 1807, en effet, l'Empereur envoyait à Emmanuel Crétet, ministre de l'Intérieur, une note sévère signalant que « la tenture verte avec les bordures roses tissues en or, qui a été placée dans le Cabinet de Sa Majesté à Saint-Cloud il n'y a pas beaucoup plus d'un an est déjà passée ». Napoléon invitait Crétet « à écrire aux syndics de Lyon que la fabrique de cette ville ne fabrique pas de manière à conserver sa réputation [...]. Les syndics se transporteront chez le fabricant, examineront d'où provient le vice de fabrication et rendront un compte qui sera mis sous les yeux de Sa Majesté. Les étrangers qui voient dans un tel état des ameublements aussi modernes ne peuvent que prendre une très mauvaise idée de la fabrique de Lyon. » Le 7 septembre 1807, Crétet écrivait aux membres de la Chambre de Commerce de Lyon pour les informer du problème posé par « une tenture verte qui décore un des salons de St Cloud, dont la teinture était si faible qu'elle a été altérée en moins de deux ans [...]. La bordure brochée en or fond cramoisi est totalement décolorée. » Le 11 septembre, depuis Berlin, Pierre Daru ordonne à Alexandre Desmazis, administrateur du Mobilier impérial, de « témoigner le mécontentement de l'Empereur à Mr Pernon, pour ses mauvaises fournitures, et le prévenir que non seulement on lui fera éprouver des déductions, mais qu'aussi on s'adressera à d'autres ». On demande à Claude-Louis Berthollet, chimiste, directeur des teintures des Gobelins, et Jean-Louis Roard, directeur des teintures des Manufactures impériales, de rédiger des rapports sur la solidité des couleurs des soieries livrées par Pernon. Dans le rapport qu'il remet à Duroc le 1er avril 1808, Berthollet rappelle d'abord que le Conseil des Prud'hommes était arrivé à la conclusion « qu'il n'y a pas eu de vices dans la teinture des soies employées à la fabrication de ces étoffes. » Pour expliquer l'altération des couleurs, les membres du Conseil l'attribuent « soit à l'humidité des murs sur lesquels le meuble a été tendu et à l'action de la chaux ou du plâtre dont ils étaient fraîchement enduits, soit à l'action du soleil pénétrant à travers des vitraux, qui, en concentrant les rayons, dévorent les nuances, soit enfin aux brouillards qui règnent fréquemment à St Cloud. » Berthollet avait donc demandé à Roard de préparer « différens échantillons de soie en étoffe et en fil, d'une couleur autant pareille qu'on le pourrait à celle des étoffes des meubles de St Cloud, en insistant particulièrement sur le ponceau. » Ces échantillons avec « un morceau de chacune des deux étoffes employées à St Cloud » furent fixés sur un carton et exposés pendant un mois à l'action de la lumière derrière un carreau de vitre. Berthollet put constater que le meuble ponceau « était déjà fort altéré après deux ou trois jours d'exposition. » L'étoffe « avait reçu le plus mauvais teint qu'on puisse imaginer [...]. Le ponceau fin, qui doit sa couleur au Carthame et que l'on peut sans scrupule employer pour des étoffes destinées à un usage passager, a promptement perdu son éclat et s'est comporté comme l'étoffe du meuble ; mais on n'imaginerait pas de faire un meuble précieux avec une couleur si fugitive. » Pour le meuble vert, le jaune dont il était composé « a été promptement altéré et l'échantillon est passé au bleu. » Berthollet attribuait ces dégradations « non aux causes locales que l'on a indiquées mais [...] à la mauvaise qualité des teintures. Il est indubitable que l'on a point employé la cochenille pour le ponceau, mais quon s'est servi de quelque mauvais procédé. [...] On a employé pour faire le vert quelque mauvais jaune, tel que le Curcuma, en sorte qu'il a été détruit promptement et que le bleu seul est resté. » Berthollet concluait que « la fabrique de Lyon s'expose à perdre sa réputation et son crédit si elle n'établit pas une surveillance sévère sur les teintures des étoffes qui sont destinées à un si long usage. » Le 10 avril 1808, Duroc transmit à Daru la réponse de Berthollet. Le Grand Maréchal précisait que « l'intention de S. M. est que l'on fasse la retenue des dommages que (Pernon) fait éprouver à la Couronne et qu'on lui rende et sans les payer les étoffes reconnues comme mauvaises. » Le 16 mai 1808, Camille Pernon fit part à Daru de son « étonnement » et de son « chagrin », protestant que les rapports demandés par l'Empereur montraient sa bonne foi : il était « bien loing d'avoir mis de la négligence ou une cupidité mal entendue dans l'ordonnance des étoffes dont on se plaint, les couleurs qui y ont été employées étaient alors réputées les plus solides, [...] je les ai payées le prix le plus haut. » Le 19 mai 1808, Crétet, qui venait de recevoir de la Chambre de Commerce et du Conseil des Prud'hommes de Lyon le résultat de l'enquête faite sur place sur ordre de l'Empereur, prévenait Desmazis que cet élément pouvait être « de nature à changer la direction de cette affaire. » Il proposait à Desmazis, s'il était besoin de désigner des experts, de nommer « M. Bardel, père, ancien fabricant, Commissaire expert du Gouvernement et membre du Conseil des Arts et Manufactures. » Le 27 mai, de Bayonne, l'Empereur remerciait Crétet du compte rendu qu'il lui avait dressé « sur les teintures des étoffes de Lyon ». Il annonçait également : « Portez la plus grande attention sur les Teintures de Lyon ; vous savez que c'est une grande partie de nos richesses. Je voudrais établir une chaire de chimie à Lyon ; le chimiste qui y est médiocre, occupez-vous d'y en envoyer un très bon. Présentez-moi un projet pour former là un établissement de chimie qui ait quelque valeur. » Le 12 septembre, Bardel remettait à Desmazis son Rapport [...] sur le rabais que doivent supporter les étoffes fournies par la manufacture de Lyon, pour cause de mauvaise teinture. L'expert y constatait que les teintures étaient de mauvaise qualité, mais, séparant le fabricant du teinturier, il affirmait que le premier avait parfaitement rempli sa tâche et livré des étoffes d'une perfection de goût et de fabrication telles qu'on pouvait l'attendre de la première manufacture d'Europe ; que le seul reproche à lui faire était d'avoir eu trop de confiance dans le teinturier qu'il avait employé ; et que toute la responsabilité du dommage incombait au teinturier. Le 16 septembre, Desmazis transmettait à Daru le rapport de Bardel et celui de Roard. Le 18 novembre, Daru adressait à l'Empereur un très long rapport sur le dossier Pernon. Bardel estimait que les retenues qui devaient être appliquées aux paiements dus à Pernon devaient s'élever à quarante-deux mille neuf cent neuf francs soixante-dix-sept centimes sur un total de quatre-vingt cinq mille sept cent quatre-vingt-six francs quarante-trois centimes. Daru préconisait que l'on ne nuise pas « d'une manière sensible aux fabriques de Lyon si cette circonstance devait les discréditer à l'étranger, par l'éclat qu'elle pourrait produire, dans ce moment surtout où les fabriques d'Allemagne cherchent à rivaliser avec les nôtres. » Les vrais coupables étaient les teinturiers. Ceux-ci étant sans fortune, tout recours de Pernon contre eux serait illusoire. Le 10 décembre, de Madrid, l'Empereur répondait à Daru : « mon intention est que le rabais fixé par l'estimation ait lieu ; mais je ne veux pas que cette somme de 42,909 f 77 c profite au Trésor de la Couronne. Je désire qu'elle soit versée dans une caisse, à Lyon, et destinée à encourager les perfectionnements des couleurs, conformément aux dispositions qui seront arrêtées par le Ministre de l'Intérieur. » Camille Pernon, terriblement affecté par cette affaire, mourut le 14 décembre, laissant sa maison à son associé, Henry Ravy et à Jean-François-Zacharie Grand. Ses sœurs et héritières, Joséphine et Éléonore Pernon, adressèrent le 8 janvier 1809 une demande à l'Empereur pour obtenir la remise de la retenue. La demande fut appuyée par Daru lui-même. Le 11 juin 1809, Napoléon faisait savoir, depuis le Camp impérial de Schönbrunn, qu'il accordait la remise. Louis-Furcy Grognier, en 1825, rapporte ainsi l'affaire dans les Archives historiques et statistiques du département du Rhône : « M. Camille Pernon, célèbre fabricant de notre ville, avait été chargé de tout l'ameublement du château de Saint-Cloud. Il tenait à l'honneur d'étaler dans cette belle résidence tout ce que l'industrie pouvait offrir de plus riche, de plus élégant, de plus somptueux, et il donna tous ses soins pour fabriquer les plus belles étoffes qui fussent sorties des ateliers de Lyon. Mais quel fut son chagrin, lorsqu'il vit par lui-même que presque toutes les couleurs avaient été flétries et fanées dans un an ! Cet habile fabricant s'en trouva si profondément affligé qu'il succomba bientôt à une maladie dont la seule cause fut l'infidélité d'un teinturier en qui il avait eu trop confiance. » Henry Ravy quitta assez vite Zacharie Grand, qui s'associa à son frère Jean-Étienne (dit parfois Jean-Baptiste). Le premier patron répertorié sous le nom de « Grand frères » est une moire noisette à couronne de roses et étoiles commandée à Camille Pernon en 1807 et livrée en 1808. Grâce à un important document conservé au musée des Tissus, on peut désormais attribuer avec certitude le dessin du damas vert à palmes ainsi que celui de ses bordures à Jean-François Bony (1754-1825), célèbre dessinateur de fabrique, brodeur, fabricant et occasionnellement peintre de fleurs. Il s'agit d'un carnet de dessins (inv. MT 27638), que l'artiste a sans doute utilisé entre les années 1802 et 1816. Plusieurs projets contenus dans le carnet sont liés à l'activité de Jean-François Bony au sein de la manufacture de Camille Pernon, entre 1802 et 1808. Les plus anciens concernent justement la grande commande de l'an X pour l'ameublement du Palais de Saint-Cloud. Au folio 13, deux projets relatifs à cette commande sont parfaitement identifiables. Le premier occupe l'angle inférieur droit de la feuille, où se déploient trois branches de chêne sinueuses, chargées de feuilles et de glands. Une inscription indique : « Large feuille de chaîne (sic)/ cramoisi, couleur sur/ couleur et ombré noir. » Il s'agit du projet pour la première étoffe de la première commande de soieries adressée à Camille Pernon par le général Michel Duroc, d'après les ordres du Premier Consul, un damas cramoisi liseré, dessin de feuilles de chêne, pour tenture, portières, rideaux et draperies, destiné à la Salle du Conseil d'État au Palais de Saint-Cloud, future Salle du Trône (Paris, Mobilier national, inv. GMMP 1766/1). Deux autres croquis sur cette même page sont des études pour les motifs de la bordure transversale (Paris, Mobilier national, inv. GMMP 246/1) et de la bordure montante (Paris, Mobilier national, inv. GMMP 246/2 et Lyon, musée des Tissus, MT 3087) en brocart or fond ponceau, dessin à feuilles et fleurs de laurier, rinceaux et culots dans le talon employées pour la Salle de la Bibliothèque du Premier Consul au Palais de Saint-Cloud, devenue ensuite Grand Cabinet de l'Empereur. Par ailleurs, la bordure conservée au musée des Tissus est le seul témoin de la bordure montante en largeur neuf pouces conservé dans les collections publiques. Notons cependant que sur cet exemplaire l'or broché du meuble impérial a été remplacé par de la soie jaune. S'agit-il d'un essai de tissage du meuble définitif ? En tout cas, son caractère exceptionnel avait bien été identifié par son précédent propriétaire, François Bert, professeur de théorie, qui avait réuni un cabinet remarquable, dont une grande partie a été acquise par la Chambre de Commerce de Lyon pour son jeune musée d'Art et d'Industrie en 1862. En 1889, la Chambre de Commerce achetait également à la maison Tassinari et Chatel, qui avait fait l'acquisition du fonds historique de la maison Grands frères, successeurs de Camille Pernon, un damas vert exécuté pour les rideaux et portières de la Salle de la Bibliothèque du Premier Consul au Palais de Saint-Cloud (inv. MT 24818). Maximilien Durand (fr)
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  • Bordure montante neuf pouces, fond ponceau, dessin couleur d'or à feuilles et fleurs de lauriers, rinceaux et culots dans le talon, pour la Salle de la Bibliothèque du Premier Consul au Palais de Saint-Cloud (numéro de patron 1597) (fr)
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